La Lune
fut associée par les anciens Égyptiens au Soleil, dans l’administration universelle
du Monde ; et c’est elle qui joue le rôle d’Isis dans la fable sacrée, connue
sous le titre d’histoire d’Osiris et d’Isis. Les premiers hommes qui
habitèrent l’Égypte, nous dit Diodore de Sicile, frappés du spectacle des
cieux et de l’ordre admirable du Monde, crurent apercevoir dans le ciel deux
causes premières et éternelles, ou deux grandes divinités, et ils appelèrent
l’une d’elles, ou le Soleil, Osiris ; et l’autre, ou la Lune, Isis. La dénomination
d’Isis, donnée à la Lune,
est confirmée par Porphyre et par d’autres auteurs : d’où nous tirons une
conséquence nécessaire ; c’est que les courses d’Isis ne sont que les courses
de la Lune ;
et comme les champs de l’Olympe sont ceux qu’elle parcourt dans sa révolution
de chaque mois, c’est là que nous placerons la scène de ses aventures, et que
nous la ferons voyager. Cette conclusion est justifiée par le passage de
Chérémon, que nous avons cité plus haut, où ce savant égyptien nous dit que
les Égyptiens expliquaient la fable d’Osiris et d’Isis, ainsi que toutes les
fables sacrées, par les apparences célestes, par les phases de la lune, par
les accroissements et les diminutions de sa lumière, par les divisions du
temps et du ciel en deux parties, par les paranatellons ou par les astres qui
se lèvent ou se couchent en aspect avec les signes. C’est d’après ce principe
que nous avons expliqué le poème des douze travaux ; ce sont les mêmes
principes que nous suivrons dans l’explication de la légende d’Isis, dont
nous offrirons aussi le tableau comparatif, avec ceux que présente le Ciel
depuis le moment où le Soleil a quitté notre hémisphère, et laissé à la Lune alors pleine, l’empire
des longues nuits, jusqu’au moment où il repasse dans nos climats.
Prenons donc Isis à l’époque de la mort de son époux, et
suivons ses pas, depuis l’instant qu’elle en est privée, jusqu’à ce qu’il lui
soit rendu, et qu’il revienne des enfers, ou pour parler sans figure, depuis
le moment où le soleil a passé dans les régions australes ou inférieures du
Monde, jusqu’à ce qu’il repasse en vainqueur dans les régions boréales ou
dans l’hémisphère supérieur.
Plutarque suppose qu’Osiris, après ses voyages, étant de
retour en Égypte, fut invité à un repas par Typhon, son frère et son rival.
Celui-ci lui donna la mort et jeta son corps dans le Nil. Le Soleil, dit
Plutarque, occupait alors le signe du Scorpion, et la Lune était pleine ; elle
était donc dans le signe opposé au Scorpion, c’est-à-dire, au Taureau, qui
prêtait ses formes au soleil équinoxial printanier ou à Osiris ; car à cette
époque éloignée, le Taureau était le signe qui répondait à l’équinoxe du
printemps. Aussitôt qu’Isis fut informée de la mort de l’infortuné Osiris,
que tous les Anciens ont dit être le même dieu que le soleil, et qu’elle eut
appris que le génie des ténèbres l’avait enfermé dans un coffre, elle se mit
à la recherche de son corps. Incertaine sur la route qu’elle doit tenir,
inquiète, agitée, le cœur déchiré par la douleur, en habits de deuil, elle
interroge tous ceux qu’elle rencontre. De jeunes enfants lui apprennent que
le coffre qui contient le corps de son époux, a été porté par les eaux
jusqu’à la mer, et de là à Byblos, où il s’était arrêté : qu’il reposait
mollement sur une plante qui tout à coup avait poussé une superbe tige. Le
coffre en fut tellement enveloppé, qu’il semblait ne faire qu’un avec elle.
Le roi du pays, étonné de la beauté de l’arbuste, le fit couper, et en fit
une colonne pour son palais, sans s’apercevoir du coffre qui s’était uni et
incorporé avec le tronc. Isis, instruite par la renommée, et poussée comme
par un instinct divin, arrive à Byblos. Baignée de larmes, elle va s’asseoir
près d’une fontaine, où elle reste dans un état d’accablement, sans parler à
personne, jusqu’à ce qu’elle vit arriver les femmes de la reine. Elle les salue
honnêtement, et retrousse leur chevelure, de manière à y répandre, ainsi que
par tout leur corps, l’odeur d’un parfum exquis. La reine ayant appris de ses
femmes ce qui venait de se passer, et sentant l’odeur admirable de
l’ambroisie, voulut connaître cette étrangère. Elle invite Isis à venir dans
son palais, et s’attacher à sa personne ; elle en fait la nourrice de son
fils. Isis met le doigt, au lieu du bout de sa mamelle, dans la bouche de cet
enfant, et brûle pendant la nuit toutes les parties mortelles de son corps.
En même temps elle se métamorphose elle-même en hirondelle, voltige autour de
la colonne, et fait retentir l’air de ses cris plaintifs, jusqu’à ce que la
reine, qui l’avait observée, voyant brûler son fils, vint à pousser un cri
aigu. Ce cri rompit le charme qui devait donner à l’enfant l’immortalité. La
déesse alors se fit connaître, et demanda que la colonne précieuse lui fût
donnée. Elle en retira facilement le corps de son époux, en dégageant le
coffre du bois qui le recouvrait : elle le voila d’un léger tissu qu’elle
parfuma d’essences. Elle remit au roi et à la reine cette enveloppe de bois
étranger, qui fut déposée à Byblos dans le temple d’Isis. La déesse
s’approcha ensuite du coffre, le baigna de ses larmes, et poussa un cri si perçant,
que le plus jeune des fils du roi en mourut de frayeur. Isis emmena l’aîné
avec elle, et, emportant le coffre chéri, elle s’embarqua : mais un vent un
peu violent s’étant élevé sur le fleuve Phœdrus, vers le matin, elle le fit
tout à coup tarir. Elle se retire à l’écart : se croyant seule, elle ouvre le
coffre, et collant sa bouche sur celle de son époux, elle le baise et
l’arrose de ses larmes. Le jeune prince qu’elle avait emmené, s’étant avancé
par derrière à petit bruit, épiait sa conduite. La déesse s’en aperçoit, se
retourne brusquement, et lance sur lui un regard si terrible, qu’il en meurt
d’effroi. Elle se rembarque, et retourne en Égypte auprès d’Horus son fils,
qu’on élevait à Butos, et elle dépose le corps dans un lieu retiré. Typhon étant
allé la nuit à la chasse, trouve le coffre, reconnaît le cadavre, et le coupe
en quatorze morceaux, qu’il jette çà et là. La déesse l’ayant vu, vint
rassembler ces lambeaux épars ; elle les enterra chacun dans le lieu où elle
les trouva. De toutes les parties du corps d’Osiris, les parties de la
génération furent les seules qu’Isis ne put retrouver. Elle y substitua le Phallus, qui en fut l’image, et qui fut
consacré dans les mystères.
Peu de temps après, Osiris revint des enfers au secours
d’Horus son fils, et le mit en état de le venger. Il lui donna pour monture,
les uns disent le cheval, les autres le loup. Typhon fut vaincu ; Isis le
laissa échapper. Horus en fut indigné, et ôta à sa mère son diadème ; mais
Mercure lui donna en place un casque à forme de tête de taureau.
Voilà le précis de la légende égyptienne sur Isis, qui
n’est parvenue jusqu’à nous que très mutilée, et qui a dû faire partie d’un
poème sacré sur Osiris, Isis et Typhon leur ennemi. Malgré les lacunes
immenses qui se trouvent dans cette histoire allégorique, il ne nous sera pas
difficile de reconnaître une correspondance parfaite entre les traits
principaux qui nous restent de cette ancienne fable sacrée, et les tableaux
qu’offre le ciel dans les différentes époques du mouvement des deux grands
astres qui règlent le cours des saisons, la marche périodique de la
végétation et du temps, et la succession des jours et des nuits. Nous allons,
comme dans le poème sur Hercule, faire le rapprochement de ces divers
tableaux, tant de ceux que présente la fable, que de ceux qu’offre le ciel.
Nous les fixerons à douze.
TABLEAUX
COMPARATIFS
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Premier tableau
céleste.
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Premier tableau
de la légende.
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Le scorpion, signe qu’occupe le Soleil
au moment de la mort d’Osiris, a pour paranatellons on astres qui se lèvent
et se couchent en aspect avec lui, les serpents, qui fournissent à Typhon
ses attributs. A cette division céleste répond, par son coucher, Cassiopée,
reine d’Éthiopie, qui annonce en automne les vents impétueux.
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Osiris est mis à mort par Typhon, son
rival, génie ennemi de la lumière. Cet événement arrive sous le scorpion.
Typhon associe à sa conspiration une reine d’Éthiopie, laquelle nous dit
Plutarque, désigne les vents violents.
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Second tableau
céleste.
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Second tableau
de la légende.
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Le Soleil s’unit alors au serpentaire
qui, suivant tous les auteurs est le même qu’Esculape, et qui prête ses
formes à cet astre dans son passage aux signes inférieurs, où il devient
Sérapis et Pluton.
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Osiris descend au tombeau ou aux enfers.
C’est alors, suivant Plutarque, qu’il devient Sérapis, le même Dieu que
Pluton et qu’Esculape.
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Troisième
tableau céleste
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Troisième
tableau de la légende
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Au moment où le Soleil descend aux
signes inférieurs, et où il répond au dix-septième degré du scorpion,
époque à laquelle on fixe la mort d’Osiris, la Lune se trouve pleine eu
taureau céleste. C’est dans ce signe qu’elle s’unit au Soleil du printemps,
lorsque la Terre
reçoit du Ciel sa fécondité, et lorsque le jour reprend son empire sur les
longues nuits. Le taureau opposé au lieu du Soleil, entre dans le cône
d’ombre que projette la
Terre, et qui forme la nuit, avec laquelle monte et
descend le taureau, qu’elle couvre de son voile durant tout son séjour sur
l’horizon.
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Ce jour-là même Isis pleure la mort de
son époux, et, dans la cérémonie lugubre qui tous les ans retenait cet
événement tragique, on promenait en pompe un bœuf doré, couvert d’un crêpe
noir, et l’on disait que ce bœuf était l’image d’Osiris, c’est-à-dire Apis,
symbole du taureau céleste, suivant Lucien. On y exprimait le deuil de la
nature, que l’éloignement du Soleil privait de sa parure, ainsi que de la
beauté du jour qui allait céder sa place au dieu des ténèbres ou des
longues nuits. On y pleurait, ajoure Plutarque, la retraite des eaux du Nil
et la perte de tous les bienfaits du printemps et de l’été.
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Quatrième
tableau céleste
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Quatrième
tableau de la légende
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La
Lune va
régler désormais seule l’ordre de la nature. Tous les mois, son disque
plein et agrandi nous présente dans chacun des signes supérieurs une image
du Soleil qu’elle n’y trouve plus, et dont elle tient la place pendant la
nuit, sans avoir ni sa lumière ni sa chaleur féconde. Elle est pleine dans
le premier mois d’automne, au signe dans lequel, à l’équinoxe du printemps,
Osiris avait placé le siège de sa fécondité, signe consacré à la Terre, tandis que le
Soleil occupe le scorpion, signe consacré à l’élément de l’eau.
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Les Égyptiens, le premier jour qui
suivait cette mort, allaient à la mer pendant la nuit. Là ils fermaient,
avec de la terre de l’eau, une image de la Lune qu’ils paraient et ils criaient qu’ils avaient,
retrouvé Osiris. Ils disaient que la terre et l’eau dont ils composaient
cette image, représentaient ces deux divinités. Osiris et Isis, ou le
Soleil et la Lune,
allusion faite sans doute, à la nature des éléments qui présidaient aux
signes où ces deux serres sa trouvaient alors.
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Cinquième
tableau céleste
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Cinquième
tableau de la légende
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Le taureau, où répond le cône d’ombre de
la Terre,
désigné sous l’emblème d’un coffre ténébreux, et occupé par la Lune pleine, avait sous
lui le fleuve d’Orion, appelé le Nil, et au dessus Percée, dieu de Chemmis,
ainsi que la constellation du cocher, qui porte la chèvre et ses chevreaux.
Cette chèvre s’appelle la femme de Pan, et elle fournissait à ce dieu ses
attributs.
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Le coffre qui renferme Osiris est jeté
dans le Nil. Les Pans et les Satyres, qui habitaient aux environ de
Chemmis, s’aperçurent les premiers de cette mort ; ils l’annoncèrent
par leurs cris, et ils répandirent partout le deuil et l’effroi.
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Sixième tableau
céleste
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Sixième tableau
de la légende
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La pleine Lune suivante arrive dans le
signe des gémeaux, où sont peints deux enfants prédisent aux oracles de
Didyme, et dont l’un s’appelle Apollon, dieu de la divination.
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Isis, avertie de la mort de son époux,
voyage pour chercher le coffre qui renferme son corps. Elle rencontre
d’abord des enfants qui avaient vu le coffre ; elle les interroge ; elle en
reçoit des renseignements, et elle leur accorde le don de la divination.
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Septième
tableau céleste
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Septième
tableau de la légende
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La pleine Lune qui vient après, a lieu
au cancer, domicile de cette planète. Les constellations en aspect avec ce
signe, et pi se couchent à son lever, sont la couronne d’Ariane, princesse
avec laquelle couche Bacchus, l’0dris égyptien; le chien Procyon et le
grand chien, dont une étoile se nomme étoile d’Isis. Le grand chien
lui-même fut révéré en Egypte, sous le nom d’Anubis.
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Isis apprend qu’Osiris a, par erreur,
couché avec sa sœur. Elle en trouve la preuve dans une couronne qu’il a
laissée chez elle. Il en était né un enfant qu’elle cherche à l’aide de ses
chiens ; elle le trouve, l’élève et se l’attache : c’est Anubis son fidèle
gardien.
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Huitième
tableau céleste
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Huitième
tableau de la légende
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La
Lune du
mois suivante trouve pleine dans le signe du lion, domicile du Soleil ou
d’Adonis, dieu adoré à Byblos. Les astres en aspect avec ce signe sont le
fleuve du verseau et le Céphée, roi d’Éthiopie, appelé Régulus, ou simplement le roi. A sa suite se
lève Cassiopée, sa femme ou reine d’Éthiopie; Andromède, sa fille, et
Persée, son gendre.
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Isis se transporte à Byblos, et se place
près d’une fontaine, où elle est rencontrée par des femmes de la cour du
roi. La reine et le roi veulent la voir : elle est amenée à la cour, et on
lui propose l’emploi de nourrice du file du roi. Isis accepte la place.
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Neuvième
tableau céleste
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Neuvième
tableau de la légende
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La
Lune qui suit
est pleine au signe de la vierge, appelée aussi Isis par Frathosthène. On y
peignait une femme allaitant un enfant. En aspect avec ce signe se trouvent
le mât du vaisseau céleste et le poisson à tête d’hirondelle.
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Isis devenue nourrice allaite l’enfant
pendant la nuit ; elle brûle toutes les parties mortelles de son
corps, puis elle est métamorphosée en hirondelle. On
la voit s’envoler, et se placer près
d’une grande colonne qui s’était formée tout à coup d’une très petite tige,
à laquelle tenait le coffre qui renfermait son époux.
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Dixième tableau
céleste
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Dixième tableau
de la légende
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Sur les divisions qui réparent le signe
de la vierge, que quitte la
Lune, de celui de la balance, où elle va devenir pleine,
se trouvent placés le vaisseau, et le Bootés qu’on, dit avoir nourri,
Horus. Au couchant est le fils ou le gendre du Roi d’Éthiopie, Persée,
ainsi que le fleuve d’Orion. Les autres astres en aspect avec la balance,
et qui montent à sa suite, sont le porc d’Erymanthe ou l’ours céleste,
nommé le chien de Tython : le dragon du pille, le fameux Python, qui
fournit à Typhon ses attributs. Voilà le cortège dont se trouve entourée la
pleine Lune de la balance ou du dernier des signes supérieurs : elle va
précéder la
Néoménie du printemps, qui aura lieu au taureau, dans
lequel le Soleil ou Osiris doit se réunir à la Lune, ou à Isis, son
épouse.
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Isis ayant trouvé le coffre qui contient
le corps de son époux, quitte Byblos ; elle monte un vaisseau avec le
fils aîné du roi et dirige sa route vers Boutos, où était le nourricier
d’Horus. Elle dessèche le matin un fleuve d’où s’élevait un vent trop fort.
Elle dépose à l’écart le coffre précieux ; mais ce coffre est découvert par
Typhon, qui chassait au clair de la pleine Lune, et qui poursuivait un porc
ou un sanglier. Il reconnaît le cadavre de son rival, et il le coupe en
autant de parties qu’il y avait de jours depuis cette pleine Lune jusqu’à
la nouvelle ; cette circonstance, dit Plutarque, fait allusion à la
diminution au successive de la lumière lunaire, pendant les quatorze jours
qui suivent la pleine Lune.
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Onzième tableau
céleste
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Onzième tableau
de la légende
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La
Lune, au
bout de quatorze jours, arrive au taureau, et s’unit au Soleil, dont elle
va rassembler les feux sur son disque, pendant les autres quatorze jours
qui vont suivre. Elle se trouve alors en conjonction tous les mois avec lui
dans la partie supérieure des signes, c’est-à-dire dans l’hémisphère ou le
Soleil, vainqueur des ténèbres et de l’hiver, rapporte la lumière, l’ordre
et l’harmonie. Elle emprunte de lui la force qui va détruire les germes du
mal que Typhon, pendant l’absence d’Osiris ou dans l’hiver, a mis dans la
partie boréale de la
Terre. Ce passage du Soleil au taureau, lorsqu’il revient
des enfers ou de l’hémisphère inférieur, est marqué par le lever du soir,
du cheval, du centaure et du loup, et par le coucher d’Orion appelé astre
d’Horus. Ce dernier se trouve, dans les jours suivants, uni au Soleil
printanier, dans son triomphe sur les ténèbres et sur Typhon qui les
produit.
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Isis rassemble les quatorze morceaux du
corps de son époux ; elle leur donne la sépulture, et consacre le
Phallus, que l’on promenait en pompe aux fêtes du printemps, connues sous
le nom de Paamybes. C’était à cette époque que l’on célébrait l’entrée
d’Osiris dans la
Lune. Osiris alors était revenu des enfers au secours
d’Horus, son fils, et d’Isis son épouse, à qui il unit ses forces contre
Typhon ou contre le chef des ténèbres : la forme sous laquelle il apparaît
est le loup, suivant les uns, et le cheval suivant d’autres.
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Douzième
tableau céleste
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Douzième
tableau de la légende
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L’année
équinoxiale finit au moment où le Soleil et la Lune se trouvent réunis
avec Orion on, avec l’astre d’Horus constellation placée sous le taureau,
et qui s’unit à la Néoménie du printemps. La nouvelle Lune se
rajeunit dans le taureau, et peu de jours après elle se montre sous la
forme du croissant dans le signe suivant, ou aux gémeaux, domicile de
Mercure. Alors Orion, uni au Soleil, précipite le scorpion son rival dans
les ombres de la nuit ; car il se couche toutes les fois qu’Orion
dronte sur l’horizon. Le jour prolonge sa durée, et les germes de mal sont
peu à peu détruits. C’eut ainsi que le poète Nonnus nous peint Typhon
vaincu à la fin de l’hiver, lorsque le Soleil arrive au taureau, et
qu’Orion monte aux cieux avec lui, car ce sont ses expressions.
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Isis,
pendant l’absence de son époux, avait rejoint le terrible Typhon
lorsqu’elle déposa le coffre dans le lieu où se trouvait son ennemi. Ayant
enfin retrouvé Osiris dam le moment où celui-ci se disposait à combattre
Typhon, elle est privée de son ancien diadème par son fils, mais elle
reçoit de Mercure un casque en forme de tête de taureau. Alors Horus, sous
les traits et dans l’attitude d’un guerrier redoutable, tel qu’on peint
Orion ou l’astre d’Horus, combat et défait son ennemi, qui avait attaqué
son père sous la forme du dragon du pôle ou du fameux Python. Ainsi dans
Ovide, Apollon défait le même Python au moment où Io, devenue ensuite Isis,
reçoit les faveurs de Jupiter, qui la place ensuite au signe céleste du
taureau. Toutes ces fables se tiennent et ont le même objet.
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Une correspondance aussi complète, et qui porte sur tant
de points de ressemblance entre les tableaux de cette allégorie et ceux du
ciel, et qui se soutient d’un bout à l’autre, quelque mutilée que soit cette
légende ou cette histoire sacrée, ne permet pas de douter que le prêtre
astronome qui l’a composée, n’ait fait autre chose que décrire les courses de
la lune dans les cieux, sous le titre de courses d’Isis, surtout quand on
sait qu’Isis est le nom que l’on donnait à la lune en Égypte. En effet, il faudrait
soutenir qu’Isis n’est pas la lune, ce qu’on ne peut pas dire ; ou prétendre
qu’Isis étant la lune, les courses d’Isis ne sont pas celles de la lune, ce
qui impliquerait contradiction ; ou enfin suivre ailleurs qu’au ciel et que
parmi les constellations, les courses de cet astre. Nous n’avons fait, dans
notre explication, que mettre en usage la méthode que nous indique Chérémon,
pour décomposer les fables sacrées, et nommément celle d’Osiris et d’Isis,
qu’il dit être relative aux accroissements et aux diminutions de la lumière
de la lune, à l’hémisphère supérieur, et aux de la lune, à l’hémisphère
supérieur et inférieur, et aux astres en aspect avec les signes, autrement
appelés paranatellons. Ce sont les savants d’Égypte qui nous ont eux-mêmes
tracé la route que nous avons suivie dans notre explication. Voilà donc une
ancienne reine d’Égypte et un ancien roi, dont les aventures feintes ont été
décrites sous la forme d’histoire, et qui pourtant, comme l’Hercule des
Grecs, ne sont que des êtres physiques et les deux principaux agents de la Nature. On doit
juger, par ces exemples, du caractère allégorique de l’antiquité, et combien
on doit être en garde contre les traditions, qui mettent les êtres physiques
au nombre des êtres historiques.
Il est important de ne pas perdre de vue qu’on écrivait
autrefois l’histoire du ciel et du soleil principalement, sous la forme d’une
histoire d’hommes, et que le peuple, presque partout, l’a prise pour de
l’histoire, et le héros pour un homme. L’erreur fut d’autant plus facile à
accréditer, qu’en général les prêtres firent tout ce qui était en eux pour
persuader au peuple que les dieux qu’il adorait, avaient vécu, et avaient été
des princes, des législateurs, ou des hommes vertueux qui avaient bien mérité
de l’humanité, soit qu’on voulût par-là donner des leçons aux chefs des
peuples, en leur enseignant qu’ils ne pouvaient aspirer à la même gloire
qu’en imitant les anciens chefs des sociétés ; soit qu’on cherchât à donner
un encouragement à la vertu du peuple, en lui persuadant que le sceptre
autrefois avait été le prix des services rendus à la patrie, et non pas le
patrimoine de quelques familles. On montrait les tombeaux des dieux, comme
s’ils eussent existé réellement ; l’on célébrait des fêtes, dont le but
semblait être de renouveler tous les ans le deuil qu’avait occasionné leur
perte. Tel était le tombeau d’Osiris, couvert sous ces masses énormes,
connues sous le nom de pyramides, que les Égyptiens élevèrent à l’astre qui
nous dispense la lumière. Une d’elles a ses quatre faces qui regardent les
quatre points cardinaux du Monde. Chacune des faces a cent dix toises à la
base, et les quatre forment autant de triangles équilatéraux. La hauteur
perpendiculaire est de soixante-dix-sept toises, suivant les mesures données
par Chazelles, de l’Académie des sciences. Il résulte de ces dimensions, et
de la latitude sous laquelle cette pyramide est élevée, que quatorze jours
avant l’équinoxe de printemps, époque précise à laquelle les Perses
célébraient le renouvellement de la nature, elle devait cesser de rendre des
ombres à midi, et qu’elle
n’en projetait plus que quatorze jours après celui d’automne. Donc le jour ou
le Soleil se trouvait dans le parallèle ou dans le cercle de déclinaison
australe, qui répond à cinq degrés quinze minutes ; ce qui arrivait deux fois
l’an, une fois avant l’équinoxe de printemps, et l’autre après celui
d’automne ; cet astre paraissait exactement à midi, sur le sommet de la pyramide. Alors son disque
majestueux semblait quelques instants placé sur cet immense piédestal et s’y
reposer, tandis que ses adorateurs agenouillés au pied, prolongeant leur vue
le long du plan incliné de la face boréale de la pyramide, contemplaient le
grand Osiris, soit qu’il descendît dans l’ombre du tombeau, soit qu’il en sortît
triomphant. J’en dirai autant de la pleine lune des équinoxes, lorsqu’elle
avait lieu dans ce parallèle.
Il semblerait que les Égyptiens, toujours grands dans
leurs conceptions, eussent exécuté le projet le plus hardi qui fût jamais
imaginé, celui de donner un piédestal au Soleil et à la Lune, ou à Osiris et à
Isis, à midi pour l’un,
et à minuit pour l’autre,
lorsqu’ils arrivaient dan la partie du ciel, près de laquelle passe la ligne
qui sépare l’hémisphère boréal de l’hémisphère austral, l’empire du bien de
celui du mal, celui de la lumière de celui des ténèbres. Ils voulurent que
l’ombre disparût de dessus toutes les faces de la pyramide à midi, durant tout le temps que le
Soleil séjournerait dans l’hémisphère lumineux, et que la face boréale se
recouvrît d’ombre lorsque la nuit commencerait à reprendre son empire dans
notre hémisphère, c’est-à-dire, au moment où Osiris descendrait au tombeau et
aux enfers. Le tombeau d’Osiris était couvert d’ombres, à peu près six mois ;
après quoi la lumière l’investissait tout entier à midi, dès qu’Osiris, revenu des Enfers,
reprenait son empire en passant dans l’hémisphère lumineux. Alors il était
rendu à Isis et au dieu du printemps, Horus, qui avait enfin vaincu le génie
des ténèbres et des hivers ; quelle idée sublime ! Au centre de la pyramide
est un caveau qu’on dit être le tombeau d’un ancien roi. Ce roi, c’est
l’époux d’Isis, le fameux Osiris, ce roi bienfaisant que le peuple croyait
avoir régné autrefois sur l’Égypte, tandis que les prêtres et les savants voyaient
en lui l’astre puissant qui gouverne le Monde et l’enrichit de ses bienfaits.
Et en effet, eût-on jamais fait une aussi grande dépense si ce tombeau n’eût
pas été censé conserver les restes précieux d’Osiris, que son épouse avait
recueillis, et qu’elle confia, dit-on, aux prêtres, pour être enterrés en
même temps qu’ils lui décernèrent les honneurs divins ? Peut-on lui supposer
un autre objet chez un peuple qui n’épargnait rien pour donner de la pompe et
de la magnificence au culte, et dont le plus grand luxe était le luxe
religieux ? C’est ainsi que les Babyloniens, qui adoraient le soleil sous le
nom de Bélus, lui élevèrent aussi un tombeau que cachait une immense pyramide
car dès qu’on eut personnifié l’astre puissant qui anime la nature, et que
dans les fictions sacrées on l’eut fait naître, mourir et ressusciter, le
culte imitatif, qui cherchait à retracer ses aventures, plaça des tombeaux à
côté de ses temples. Ainsi, l’on montrait celui de Jupiter en Crète ; du
Soleil Christ, en Palestine ; de Mitra, en Perse ; d’Hercule, à Cadix ; du
Cocher, de l’Ourse céleste, de Méduse, des Pléiades, etc., en Grèce. Ces
différents tombeaux ne prouvent rien pour l’existence historique des
personnages feints auxquels l’esprit mystique des anciens les a consacrés. On
montrait aussi le lieu où Hercule s’était brûlé, et nous avons fait voir
qu’Hercule n’était que le soleil personnifié dans les allégories sacrées ; de
même que nous avons montré que les aventures de la reine Isis appartenaient à
la lune, chantée par ses adorateurs. Nous allons encore voir d’autres
exemples du génie allégorique des anciens, dans lesquels le soleil est
personnifié et chanté sous le nom d’un héros bienfaisant. Tel est le fameux
Bacchus des Grecs ou l’Osiris égyptien.
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