IV. — LE DÉPART DU GOUVERNEUR. François Jourde, délégué aux finances. — Son portrait, ses origines. — Très probe. — Eugène Varlin. — Relieur de livres de messe. — Commis-voyageur de la révolution. — La Marmite. — Très troublé après le 18 mars. - Ce qu'on trouve dans la caisse du Trésor. — Dans celle de l'Hôtel de Ville. — Nouvelle réquisition. — Le reçu des délégués. — Le conseil général de la Banque. — La conduite de M. Rouland est approuvée. — Il eût fallu continuer la solde de la garde nationale. — L'attentat de la rue de la Paix. — Des bataillons de Belleville et de la Villette veulent s'emparer de la Bourse. — Ils échouent dans leur tentative. — L'abnégation du parti conservateur. — M. Rouland reçoit l'ordre de se rendre à Versailles. — M. Thiers l'y retient.Le véritable délégué aux finances du Comité central et de la Commune fut François Jourde, qui, né le 4 juillet 1843, à Chassagne (Puy-de-Dôme), avait alors vingt-huit ans. C'était une sorte d'utopiste qui n'eût point recherché la violence, mais qui n'aurait peut-être pas refusé de s'y associer, s'il l'eût cru nécessaire à la réalisation de ses rêveries. Il était entré de plain-pied dans le Comité central, dont il était devenu le secrétaire. Sobre et laborieux, mais se faisant d'étranges illusions sur sa propre valeur, il se considérait comme un grand financier, parce qu'il était un bon comptable, semblable à un calligraphe qui se croirait poète parce qu'il a une belle écriture. De santé douteuse, chétif malgré sa haute taille, assez triste, volontiers emphatique, il avait la paupière lourde, la lèvre inférieure épaisse et le menton ravalé comme celui de presque tous les rêveurs. Sa personne était non pas débraillée, mais négligée ; il y avait en lui quelque chose du vieil étudiant qui a longtemps traîné sur le banc des écoles. M. Francisque Sarcey en a fait un portrait peu flatté. Ce Jourde, dit-il, était un grand blond, cheveux et barbe à tous crins, jamais peigné, horriblement sale et très fier. La silhouette me paraît exagérée ; il n'avait ni bonne ni mauvaise tenue, il n'en avait pas ; il s'abusait sur lui-même et s'estimait de force à diriger les finances d'un grand pays, lorsque, — au dire de ceux qui l'ont connu, — il était à peine capable de faire un employé de troisième catégorie. En 1868, il avait fondé une maison de commerce et avait subi une déconfiture qu'il attribua naturellement à ses adversaires politiques. Néanmoins, au milieu des gens de la Commune, il apparaît avec une physionomie spéciale : il était probe et, à cet égard, reste à l'abri de tout soupçon. Son associé aux finances jusqu'à la date du 22 avril, Eugène Varlin, était un autre homme. Relieur de son métier, ouvrier peu habile, car son outil l'humiliait, ayant la spécialité de relier les livres de messe, ce qui est singulier pour un libre penseur, rêvant tout éveillé d'économie sociale, au lieu de chercher à marcher sur la trace des Derôme, des Pasdeloup, des Bauzonnet, des Marius Michel ; il s'était affilié à l'Internationale, recrutait des adhérents, entretenait une correspondance active avec le prolétariat de France, de Portugal, d'Espagne, d'Allemagne, d'Amérique, et vivait on ne sait trop comment. C'était un sectaire socialiste dans toute la force du terme et sans aucune opinion politique bien arrêtée : il se fût accommodé de toute forme de gouvernement, pourvu que le prolétariat, devint une sorte d'aristocratie privilégiée et prédominante. Il fut le grand commis-voyageur de la revendication sociale ; à tous les congrès où l'on agite les questions redoutables, il fait acte de présence ; je le trouve à Bruxelles en 1803, à Londres en 1864, à Genève en 1866, à Lausanne en 1867, à Bâle en 1869 ; le 18 mars 1869 il constitue la fédération des sociétés ouvrières, point de départ lointain de la fédération de la garde nationale et du Comité central qu'il organise secrètement en février 1871, après s'être compromis dans la journée du 31 octobre 1870. En dernier lieu il avait été mêlé à une association appelé la Marmite, destinée à fournir la nourriture à prix réduit aux ouvriers ; il avait cru, et ses amis avaient cru avec lui, qu'il état capable de débrouiller un budget. C'était une erreur, dont Jourde revint tout le premier et dont Varlin dut convenir lui-même, car il fut bientôt, par la seule force des choses, réduit au rôle de satellite du délégué aux finances. Sa nature sombre, silencieuse, était capable de frénésie ; il se composait volontiers et semblait profond lorsqu'il n'était que vide. Dans son milieu révolutionnaire, il passait pour intelligent, un peu comme les mulâtres qui paraissent blancs parmi les nègres. En somme, c'était alors un garçon de trente-deux ans, assez en dessous, d'une ambition démesurée, se payant de phrases et haïssant une société où il ne trouvait pas la place qu'il n'avait rien fait pour mériter. Le 18 mars l'avait étonné et peu rassuré. Dès le principe, il avait compris que le triomphe ne serait qu'éphémère et que la défaite était inévitable. En qualité de membre du Comité central, il assista à plusieurs réunions dans lesquelles les maires de Paris essayaient de trouver une base de conciliation possible ; il s'y montra très troublé, très anxieux ; il se rapprochait volontiers de René Dubail, maire du Xe arrondissement, qui dans ces tristes circonstances fut d'une droiture et d'une énergie irréprochables ; il lui faisait part de ses craintes. Est-ce qu'on nous persécutera ? est-ce que l'on va nous mettre en prison ? lui disait-il ! René Dubail répondait : Non, le gouvernement s'est engagé à ne poursuivre que les assassins des généraux Lecomte et Clément Thomas ; soyez donc en paix ! Cela ne calmait pas Varlin, qui savait bien que, dans la journée du 18 mars, il avait été chargé de commander les forces insurrectionnelles du XVIIe arrondissement. C'était sur Jourde, c'était sur Varlin que retombait la charge de subvenir aux besoins du Comité central, dont chaque membre, sans se préoccuper des ressources disponibles, signait volontiers des mandats. Le peuple était le maître ; on eût été imprudent de rejeter ses demandes ; coûte que coûte, on payait les ordonnancements et l'argent fondait entre les mains inhabiles qui en avaient la garde. L'évacuation du gouvernement sur Versailles avait été si précipitée, que l'on n'avait pas eu le temps, dans plus d'une administration, de vider les caisses et d'en emporter le contenu. Le Comité central avait trouvé 4.638.112 francs au ministère des finances et l'Hôtel de Ville avait remis à Jourde 1.284.405 francs 35 centimes sur une somme de 1.700.000 francs que l'on y avait abandonnée[1]. Qu'était devenu le surplus ? Il est difficile de le dire, car il a été impossible de le savoir d'une manière positive. On a prononcé des noms que nul document ne nous permet de répéter. Il est probable toutefois que l'arrestation dont un membre du Comité central et de la Commune fut l'objet à la date du 1er avril se rattache à cette affaire, qui reste encore obscure. Ce que nous pouvons affirmer, c'est que la somme disparue n'a jamais été retrouvée. Malgré le million accordé par la Banque, malgré les
encaisses découvertes au ministère des finances et à l'Hôtel de Ville, le
Comité central était fort pauvre ; la bourse de l'insurrection était à sec ;
mais les fédérés exigeaient que la solde fût régulièrement fournie tous les
jours. Les délégués Jourde et Varlin résolurent d'aller faire une nouvelle
visite à la Banque de France. Ils y trouvèrent le gouverneur, qui, malgré les
appels réitérés de M. Thiers, ne s'était point encore rendu à Versailles.
C'était le 22 mars, dans la matinée. En voyant entrer les délégués du Comité
central, M. Rouland comprit de quoi il s'agissait ; cela le mit de méchante
humeur, et son premier mot fut : Je n'ai point
d'argent à vous donner ; du reste, je ne puis rien faire sans consulter le
conseil, qui se réunit aujourd'hui ; revenez demain, et je vous ferai
connaître ce que l'on aura décidé ! Jourde et Varlin ne l'entendaient
pas ainsi ; il y avait péril pour eux à s'en aller les mains vides ; ils
insistèrent. Ce fut Jourde qui parla. Ce que l'on demande à la Banque n'est qu'un simple prêt, car le pouvoir du Comité central, pouvoir essentiellement provisoire, va prendre fin, puisque les élections sont prochaines ; de ces élections sortira un gouvernement régulier qui assoira les bases d'un budget ; les recettes de la ville de Paris, l'octroi, les contributions, toutes les ressources, en un mot, vont être organisées, et si, dans l'avenir, on a recours à la Banque, ce ne sera plus que pour des opérations autorisées par les statuts. Aujourd'hui, pressé par la nécessité, on s'adresse encore une fois à elle ; il faut un million et on vient le chercher. — M. Rouland répliqua qu'en l'absence d'une décision approbative du conseil des régents, il lui était impossible de donner un million, et que cette somme du reste dépassait la paye quotidienne de la garde nationale. On discuta, on se fit des concessions de part et d'autre ; M. Rouland promit de provoquer la décision du conseil, et en attendant, comme il fallait faire face à des nécessités impérieuses, il se résigna à donner un mandat de 300.000 francs sur la caisse. Le libellé du reçu est intéressant à reproduire, car il délimite le terrain sur lequel la flanque comptait se tenir et se tint jusqu'au dernier jour : Nous, membres du Comité et
délégués au ministère des finances, déclarons à M. le gouverneur de la Banque
qu'une somme de cent cinquante mille francs est indispensable à l'instant
pour parfaire les indemnités dues aux gardes nationaux, à leurs femmes et
enfants, — que, faute de cette somme, il y aurait à craindre des conséquences
qu'il importe d'éviter dans l'intérêt de l'ordre public, — et nous requérons
donc la Banque d'avancer d'urgence cette somme pour et au compte de la Ville
de Paris. Paris, le 22 mars 1871. Les délégués du Comité central de la garde
nationale : Signé : JOURDE, E. VARLIN. Reçu la somme : Signé : JOURDE, E.
VARLIN. — Un second
reçu de 150.000 francs indique que les 300.000 francs concédés ont été
touchés le même jour. Lorsque les deux délégués sortirent de la caisse centrale et traversèrent la grande cour, ils furent accueillis par une bordée de huées et de sifflets. C'étaient les garçons de recette, les habits gris, qui s'empressaient de la sorte à ne point reconnaître le pouvoir insurrectionnel. Jourde et Varlin ne soufflèrent mot et hâtèrent le pas. Le même jour, à deux heures de l'après-midi, il y eut conseil général. Sept régents y assistaient : MM. Durand, Rothschild, Mallet, Pillet-Will, Denière, Siber, Millescamps ; M. Rouland présidait, ayant à ses côtés le marquis de Plœuc, sous-gouverneur. M. Rouland rendit compte de sa conduite, qui fut approuvée, quoiqu'un des membres du conseil ait cru devoir faire remarquer que solder les fédérés clans les circonstances qui opprimaient Paris, c'était soudoyer la révolte et lui fournir les moyens de se fortifier en se prolongeant. Un autre membre répondit : La Banque ne soudoie pas le désordre ; elle subit un état de choses qu'a établi le gouvernement de la défense nationale et qu'il nous a légué. Il est impossible de laisser ces masses armées venir prendre elles-mêmes ce que nous leur refuserions. C'était le vrai mot de la situation, il n'y en avait pas d'autre à dire ; mais l'on aurait pu ajouter que si le gouvernement, tenant compte de l'état des esprits, du chômage général, de l'absence du travail régulier, avait consenti à prolonger, pendant deux ou trois mois encore, l'indemnité de service accordée à la garde nationale, au lieu de la supprimer brusquement, il est probable que la honte du 18 mars nous eût été épargnée[2]. Le conseil fut unanime à reconnaître que le gouverneur avait bien agi et l'autorisa à livrer un nouveau million aux délégués du Comité, mais, autant que possible, par petites fractions, afin de gagner du temps et de donner à Versailles celui d'arriver au secours de Paris ; car on croyait encore à la possibilité d'une action prochaine du gouvernement régulier. Pendant que le conseil général délibérait et faisait de réels sacrifices pour éviter toute collision, le Comité central engageait la lutte et commettait quelques assassinats. Un groupe d'hommes appartenant à ce grand parti de la probité sociale qui, jusqu'à présent du moins, a toujours réussi à sauver notre pays, était parti du Grand-Hôtel et, marchant par la rue de la Paix, se dirigeait vers la place Vendôme, occupée par les fédérés, afin de ramener ceux-ci à des sentiments de conciliation et d'apaisement. Du Bisson estima qu'il y avait quelque gloire et peu de péril à commander le feu sur une foule désarmée. Les amis de l'ordre furent fusillés à bout portant par ceux qui ne l'aimaient pas. Le bruit de la détonation parvint jusqu'à la Banque et y retentit dans tous les cœurs. On expédia quelques hommes pour savoir les nouvelles. Celles que l'on rapporta furent bien mauvaises ; on citait le nom de plusieurs morts, et parmi ceux-ci M. Hottinguer, régent de la Banque de France, qui le matin même avait fait acte de sa fonction, en assistant avec M. Chazal, le contrôleur, à la déformation des clichés à billets hors de service. Heureusement la nouvelle était exagérée ; M. Hottinguer n'était que blessé ; il était tombé aux côtés de M. Henri de Pêne et près du colonel Tiby, qui ne devait plus se relever[3]. L'impression produite dans Paris, lorsqu'on apprit ce guet-apens, fut énorme ; on était exaspéré et prêt à se jeter dans une lutte sans merci contre cette bande de malfaiteurs qui se ruait sur la ville blessée par un long siège et affaiblie par sa défaite. La honte de ce que l'on supportait, l'horreur de ce qu'on aurait à supporter avaient exalté les esprits les plus calmes, et si, dans la soirée, Versailles eût expédié quelque mille hommes escortant un convoi de munitions, il est fort probable que le fœtus de la Commune eût été écrasé et ne fût jamais parvenu à terme. Ceci fut compris à la Banque, où l'on s'attendait à subir un assaut prochain. Le personnel inférieur surtout, celui des plantons, des garçons de recette, des garçons de bureau, était hors de lui et demandait à combattre. Il semblait dur à ces hommes de rester inutilisés, lorsque à leur porte même on commettait des meurtres. Il fallut calmer cette ardeur, et rappeler que la Banque de France, fermement décidée à se défendre, si on l'attaquait, ne devait, sous aucun prétexte, sortir de chez elle pour aller chercher des ennemis qui jusqu'à présent l'avaient respectée. Pendant la nuit il y eut une émotion dans le quartier et l'on crut bien, cette fois, que la fusillade allait s'engager. Les fédérés, enivrés de leur victoire du matin et contemplant avec orgueil la rue de la Paix trempée de sang, crurent qu'il leur suffisait maintenant de sonner du clairon et de se montrer pour s'installer en maîtres où bon leur semblerait. L'occupation de la place de la Bourse et des environs par les bataillons tricolores leur déplaisait et à ceux-ci ils voulurent substituer des bataillons rouges. La Villette et Belleville, les deux bourgs pourris de l'insurrection permanente, fournirent le contingent de l'expédition qui dans la soirée se présenta par la rue Vivienne et par la rue Notre-Dame-des-Victoires, pour gravir l'escalier du palais de la Bourse et établir son bivouac sous le péristyle. Les sentinelles avancées de l'ordre crièrent : Halte-là ! Les grand'gardes du désordre s'arrêtèrent ; un ban fut battu, les gardes nationaux réguliers se jetèrent sur leurs armes et l'on attendit. L'attitude des défenseurs de la légalité qui subsistait encore fit réfléchir les soldats de la sortie à outrance contre toute société constituée, et au lieu de désarmer la réaction, comme on en avait proclamé le dessein, on trouva moins imprudent de parlementer avec elle. La réaction, fort têtue ce jour-là, déclara qu'il lui plaisait de rester sur la place de la Bourse et qu'elle n'en bougerait. Quelques braillards poussèrent des cris injurieux, leurs officiers les firent taire et, après une conversation plus ou moins amicale qui dura environ une heure, les fédérés retournèrent chez eux en s'égaillant dans les cabarets ouverts sur leur route. Encore une fois la lutte était évitée. Le meurtre de Clément Thomas et du général Lecomte, l'incarcération des gendarmes et des sergents de ville, l'arrestation du président Bonjean, les réquisitions frappées sur la Banque, les assassinats commis rue de la Paix, prouvaient à l'insurrection et prouveront à l'histoire que le parti de l'ordre poussa la patience et l'abnégation jusqu'au martyre. Dès les premières heures du mardi 23 mars, M. Rouland avait reçu une nouvelle dépêche de M. Thiers, impérative cette fois ; ce n'était pas une invitation, c'était un ordre. Le gouverneur se décida à se rendre à Versailles ; il quitta la Banque ; il ne devait y rentrer que le 25 mai, à la suite de l'armée française, après avoir traversé Paris écroulé dans les flammes. Accompagné de M. Taschereau, administrateur de la Bibliothèque nationale, précédé de M. de la Rozerie, que l'on avait bourré de billets de banque réclamés par le gouvernement régulier, il gagna le chemin de fer de l'Ouest et sans encombre parvint à son but. Il croyait bien pou-. voir rentrer le soir à Paris, mais il avait compté sans les insistances qui l'accueillirent. M. Thiers fut très absolu : je vous tiens, je vous garde, parce que j'ai besoin de vous ; j'ai besoin de vous, parce que j'ai besoin d'argent. Nous sommes gueux comme des rats d'église ; nous avons fouillé dans toutes les poches et nous n'avons pu réunir que 10 millions ; or au bas mot, il m'en faut 200 ; installez-vous ici, écrivez à vos succursales, arrangez-vous comme vous voudrez, mais donnez-moi de l'argent et encore de l'argent, sans cela tout est perdu. M. Rouland voulut résister, mais, quoiqu'il eût été procureur général, il avait affaire à un avocat dont la voix fit taire la sienne. — Que ferez-vous à Paris ? reprit M. Thiers ; qu'y pouvez-vous faire ? Rien, sinon nous créer des embarras. Vous serez arrêté, et en votre lieu et place les gens de l'insurrection qui sont mieux armés que moi nommeront un gouverneur de la flanque de France. Nous aurons beau ne pas le reconnaître ; il sera le maître, le maître de la caisse, des dépôts, des comptes courants, et fera la ruine générale. Ne retournez pas à Paris, je vous le demande, au besoin je l'exige, et vous nous aurez aidés à débrouiller une situation qui fait perdre la tête à tout le monde. — M. Thiers avait raison ; M. Rouland le comprit et resta[4]. Mais ce jour-là même, la Banque eut à supporter une alerte qui faillit être sérieuse. |
[1] Voir Pièces justificatives, n° 5.
[2] Ceci avait été compris par un des candidats aux élections législatives du 8 février 1871. M. Brette, capitaine au 151e bataillon de la garde nationale pendant la période d'investissement, pose sa candidature dans une affiche intitulée : La guerre est finie, mais la misère va commencer. Il y propose expressément un projet de loi ainsi libellé : Art. 1er. Le gouvernement s'entendra avec les propriétaires et créanciers des gardes nationaux nécessiteux, afin que ces derniers ne puissent être inquiétés pour dettes contractées pendant le siège de Paris. Art. 2. Tout garde national nécessiteux conservera son allocation de 1 fr. 50 par jour, et sa femme, s'il est marié, ses 0,75 c., jusqu'à ce qu'il soit parvenu à retrouver le travail qui lui assurait avant la guerre le pain quotidien. M. Brette ajoute : C'est aussi une question d'ordre ; qu'on y réfléchisse ! — Il est regrettable que cette voix n'ait pas été entendue.
[3] Le 1er juin 1880, dans une réunion tenue à la salle Graffard pour une élection municipale au XXe arrondissement, un sieur Varennes, auquel on reprochait d'avoir abandonné son bataillon (80e) le 20 mars 1871, a répondu : Je n'ai pas donné ma démission le 20 mars, mais le 25. J'étais à la tête de mon bataillon à la place Vendôme le 22. J'ai entendu le citoyen Bergeret dire en parlant des manifestants : Je leur en tuerai 500 ou 600 et ils me f... la paix. C'est pour cela que j'ai juré de ne plus servir le Comité central. (Moniteur universel, 2 juin 1880.)
[4] La présence du gouverneur de la Banque auprès du chef de l'État était absolument indispensable, dit M. J. Simon. Voir Le gouvernement de M. Thiers, t. I, p. 236. Paris, 1878.