Pius Marcum in collegia sacerdotum jubente senatu recepa (J. Capit., vita M. Ant., c. VI). On sait avec quel empressement les empereurs avaient réuni en leur personne toutes les hautes charges de la république. Armés de la puissance proconsulaire, de la puissance tribunitienne, de celle des censeurs, qui mettaient entre leurs mains l'administration et la justice ; imperatores, c'est-à-dire chefs de toutes les troupes, ils avaient jugé le mobile religieux trop puissant pour ne pas vouloir en diriger l'action à leur gré. En conséquence, le prince était non-seulement souverain pontife, mais agrégé à tous les grands sacerdoces, έν πάσαις ταΐς ίερωσύναις, d'après le témoignage de Dion Cassius (l. III, § 11). En effet, une inscription, mal reproduite par Muratori, mais corrigée par Henzen, nous montre déjà Auguste PONTIFex MAXimus AVGVR XVVIR Sacris Faciundis VII VIR EPULONum, c'est-à-dire appartenant aux quatre grands sacerdoces (voyez Orelli, 3° vol., p. 60, n° 645, 5). Tibère porte aussi, dans plusieurs monuments épigraphiques, les titres de souverain pontife, d'augure, de quindecemvir, de septemvir epulonum (voyez Grut. 235, 10 ; Maffei, mus. veron, 95, 4). Cependant, si les chefs de l'État réunissaient ainsi dès l'avènement de l'empire toutes les grandes dignités sacerdotales, les princes de la famille impériale se contentèrent tout d'abord d'exercer un, deux ou trois sacerdoces. Néron fut le premier qui, ayant été adopté par Claude et nommé César, fut bientôt après agrégé, par un sénatus-consulte, à tous les collèges, ainsi que le prouvent les médailles de l'an de Rome 804 (il avait quatorze ans), où on lit SACERDos COOPTatus IN OMNia CONLegia SVPRA NVMerum EX Senatus Consulto (Eckhel, D. N. V., t. VI, p. 261). Dès lors les fils des empereurs, héritiers présomptifs du pouvoir, participèrent à tous les honneurs qui appartenaient à la religion de l'État. Nous voyons Domitien désigné, sur une inscription qui date du règne de Vespasien, comme prince de la jeunesse et prêtre de tous les collèges, SACERDOS COLLEGIORUM OMNIUM (Marini, Fr. arv., p. 191). C'est également aux collèges des prêtres, in collegia sacerdotum, que Marc-Aurèle fut agrégé en 893 (de J.-C. 140), année de son premier consulat, d'après le témoignage de Capitolin confirmé par les médailles de cette même année, portant d'un côté AURELIUS.CÆSAR AUG.PII.F.COS., et au revers les insignes du culte (Eckhel, t. VII, p. 46). Nous devons faire observer, à cette occasion, que la nomination dans les collèges sacerdotaux n'était décidée par l'autorité du sénat, ex senatus consulto, que quand il s'agissait d'accorder cet honneur à l'empereur ou au César. Les chefs de l'État avaient eu la pudeur de ne pas vouloir se nommer eux-mêmes. Pour tout autre personnage, la nomination venait directement de l'empereur, qui non-seulement voulait avoir son rang dans les hautes congrégations religieuses, mais ne voulait y trouver que des collègues de son choix. Si l'action du sénat parait encore sous les premiers règnes, elle y est subordonnée à la volonté du prince, ainsi que nous l'apprennent ces paroles de Tacite : Tibère fit nommer pontifes par le sénat Vitellius, Véranius et Servæus, Cæsar auctor senatui fuit, Vitellio atque Feranio et Servæo sacerdotia tribuendi (Ann., l. III, 19). Dès le règne de Claude, c'est l'empereur qui nomme sans intermédiaire. Une inscription appartenant au collège des Frères Arvales nous montre Ti. Claude César Auguste Germanicus nommant directement un nouveau membre du collège en remplacement de celui dont la mort laisse une place vacante (Marini, Fr. arv., t. XII, etc., p. 84). Sous le règne d'Othon, nous voyons ce prince, d'après Tacite, mettre le comble aux honneurs qu'il rendait à des vieillards en les nommant augures ou pontifes, et rendre à de jeunes patriciens, à peine arrivés de l'exil, les sacerdoces de leurs pères ou de leurs aïeux (Hist., l. I, § 77). Sous le règne de Vespasien, Salvius Libéralis est inscrit dans le collège des Arvales EX TABELLA IMP. CÆSARIS VESPASIANI AUGusti (Matini, Fr. Arv., tab. XXII), et Pline écrit à l'empereur Trajan : Persuadé, seigneur, que les témoignages d'estime accordés par un si bon prince sont la plus haute récompense que puisse obtenir une conduite irréprochable, je viens vous supplier d'ajouter aux dignités dont votre faveur m'a comblé celle d'augure ou de septemvir, qui sont toutes deux vacantes. J'aurai, par le droit de sacerdoce, la satisfaction d'adresser aux dieux en public les vœux que je fais en particulier pour vous (l. X, lettre 8). Il n'y a donc aucun doute qu'au siècle des Antonins la nomination dans les collèges sacerdotaux n'appartint aux empereurs, qui n'avaient plus laissé d'autre droit au sénat que celui de les y inscrire eux-mêmes. |