ESSAI SUR LA TOPOGRAPHIE DU LATIUM

SECONDE PARTIE.

CHAPITRE IV. — LES AQUEDUCS.

 

 

§ I. — MONUMENTS ANCIENS ET MODERNES.

Nous possédons sur les aqueducs de la campagne romaine : 1° les ouvrages de trois auteurs anciens : Frontin, Publius Victor et la NOTITIA DIGNITATUM IMPERII ROMANI ; 2° les ruines et les inscriptions que l’on a trouvées aux environs de Rome ; 3° enfin les travaux des savants modernes : Kircher, Holstenius, Nardini, Panciroli, Rondelet[1], Nibby et surtout Fabretti, dont le remarquable commentaire n’a point été surpassé.

Pour être assuré de ne rien omettre d’important, je procéderai par ordre de dates, et, commençant par Frontin, je chercherai à fixer la direction de tous les aqueducs qu’il a mentionnés ; j’observerai la même marche pour P. Victor et pour la NOTITIA ; enfin je dirai quelques mots des ruines que j’ai remarquées sur le sol du Latium et qui ne peuvent convenir à aucun des aqueducs cités dans les trois monuments écrits que je viens d’indiquer.

Les aqueducs dont Frontin a donné la description ou qu’il a seulement mentionnés sont :

1° L’APPIA,

2° L’ANIO VETUS,

3° La MARCIA,

4° La TEPULA,

5° La JULIA,

6° La CRABRA,

7° La VIRGO,

8° L’ALSIETINA OU AUGUSTA (TRANSTIBERINA),

9° L’AUGUSTA (CISTIBERINA),

10° L’AUGUSTA de l’Anio supérieur,

11° L’OCTAVIANA,

12° La CLAUDIA,

13° L’ANIO NOVUS.

 

§ II. — AQUEDUC DE L’APPIA.

Frontin[2], qui suit l’ordre du temps dans son énumération, commence par l’AQUA APPIA, comme étant la plus ancienne.

L’APPIA fut conduite à Rome sous le consulat de M. Valerius Maximus et de P. Decius Mus, c’est-à-dire : l’an 442 de Rome (312 avant J.-C.), par les censeurs C. Plautius Venox et Appius Claudius Crassus Cæcus. Le premier reçut son nom de ce travail, et le second lui donna le sien.

L’AQUA APPIA fut prise dans le champ de Lucullus entre le 7e et le 8e milliaire de la VIA PRÆNESTINA, en suivant un sentier à gauche dont la longueur était de 780 pas.

La direction de cet aqueduc était loin d’être aussi droite que la route, puisqu’il avait 11.190 pas, depuis son origine jusqu’aux réservoirs situés dans Rome, vers la porte TRIGEMINA, de l’enceinte de Servius. Cet aqueduc était souterrain dans tout son parcours, sauf 60 pas en arcades vers la porte CAPENA.

L’APPIA était, à l’époque de Frontin, la moins élevée de toutes les eaux de la rive gauche du Tibre[3].

Sous Auguste, l’APPIA fut grossie de l’eau à laquelle cet empereur donna son nom. Cette jonction avait lieu aux GEMELLÆ, à l’extrémité des HORTI TORQUATIANI vers la Vieille Espérance. J’en parlerai plus bas.

Dans les temps modernes, l’APPIA fut retrouvée par Fabretti : Alium infime latentem fossor quidam monstravit et me difficulter sane humi repentem ad illum perduxit.... Hunc esse rivum Aquæ Appiæ.... mihi certo persuasi... Libra ejus, atque, ut Frontinus vocat, pressura minime abnuit ; quia omnium cis Tiberim hanc aquam humillimam ex comparatione ad proximos ductus Marciæ et Anionis cognovi ; totis enim XXVIII pedibus sub Anione vetere excurrebat, quantum præ loci augustia et repetita per cavernam operatione deprehendere potui. Suo enim hucusque decursu situm quem Capenæ portæ dedimus, et VETERES prope eam ARCUS indicare cum Marcia videtur : altrorsus vero ad Aventinum flectitur, et post L circiter passus rursus ad dextram vergit... etc.[4] Fabretti donne le dessin du conduit souterrain de l’aqueduc[5]. Les substructions au-dessus du sol et les arcades étaient vers la porte CAPENA ; Fabretti prouve que ce n’était pas l’APPIA qui passait au-dessus de cette porte, puisque Frontin établit clairement que c’était la MARCIA. Il prouve également que ce n’est pas l’APPIA qui passe au-dessus de l’arc de Drusus, vers la porte S. Sebastiano. Elle passait entre les deux enceintes et les deux portes, coupait la VIA APPIA vers les thermes de Caracalla, berçait l’AVENTINUS au-dessous de l’église Ste Balbina, et gagnait les Salines sur les bords du Tibre, de l’autre côté de cette colline.

D’après ce qui précède, il est facile de tracer le parcours de l’APPIA : 1° Son origine est clairement indiquée par Frontin ; 2° La Vieille Espérance, les jardins Torquatiens, les GEMELLÆ sont connus. Ces trois points sont vers la basilique Ste Croce in Gerusalemme, à l’est de l’AMPHITHEATRUM CASTRENSE, en deçà du mur d’Honorius[6]. Le reste du tracé de cet aqueduc est marqué plus liant ; l’emplacement des salines vers la porte TRIGEMINA a été retrouvé ainsi que celui du château d’eau de l’APPIA[7].

 

§ III. — ANIO VETUS.

L’ANIO VETUS[8] fut conduit à Rome par le censeur M’. Curius Dentatus, sous le consulat de Sp. Corvilius et de L. Papirius, c’est-à-dire, l’an 481 de Rome (272 avant J.-C.). L’entreprise fut achevée deux ans après par Fulvius Flaccus.

L’eau de l’ANIO VETUS est prise au 20e milliaire d’une ancienne voie, au-delà de TIBUR. Une partie de ses eaux était distribuée aux Tiburtins.

La longueur de cet aqueduc est de 43.000 pas, dont 202 seulement en constructions au-dessus du sol.

Quant à l’élévation, Frontin place cet aqueduc au sixième rang : les niveaux de la VIRGO, de l’APPIA, de l’ALSIETINA sont encore moins élevés[9].

En deçà du 4e milliaire, l’ANIO VETUS traverse l’espace compris entre la VIA LATINA et la VIA LABICANA sur des arcades. Ses eaux sont reçues au 2e milliaire dans une piscine épuratoire : une partie est portée dans le canal OCTAVIANUS et parvient, auprès des jardins d’Asinius, au quartier de la VIA NOVA.

On trouve, près du mausolée attribué à tort à Alexandre Sévère et à Mammée, les ruines d’un aqueduc qui semble avoir été dirigé entre la VIA LATINA et la VIA LABICANA de manière à joindre et à couper les deux voies. C’est le seul vestige apparent de l’ANIO VETUS. Il n’en est point fait mention dans les auteurs anciens après Frontin. Il est donc fort difficile, d’après des indications aussi imparfaites, de tracer le parcours de cet aqueduc. On ne peut le faire qu’en tirant une ligne conjecturale de TIBUR à la porte ESQUILINA et en la faisant toucher aux lieux marqués par Frontin. J’ajouterai qu’elle devait passer aux piscines épuratoires du 7e mille. En effet, après avoir énuméré les aqueducs suivants : l’ANIO NOVUS, l’ANIO VETUS, la MARCIA, la CLAUDIA, la TEPULA, la JULIA, l’APPIA, la VIRGO, l’ALSIETINA, Frontin[10] dit que six de ces eaux se rendaient à cette grande piscine. Or l’APPIA et l’AQUA VIRGO avaient chacune leur direction fort éloignée du 7e mille de la VIA LATINA ; l’ALSIETINA était de l’autre côté du Tibre. Si donc, de l’énumération de Frontin, l’on retranche ces trois aqueducs, il n’en reste que six et l’ANIO VETUS est du nombre.

On pourra se demander comment cette eau était reçue dans une piscine au 2e mille après avoir été épurée au 7e. Mais nous allons voir plus bas que la grande piscine du 7e mille a été supprimée et remplacée par une autre qui ne servait qu’à deux de ces eaux.

L’ANIO VETUS entrait à Rome à gauche des portes LABICANA et PRÆNESTINA de l’enceinte d’Honorius. Ce conduit était enfermé dans le mur au-dessous de la JULIA, de la TEPULA et de la MARCIA. Jusqu’en 1834, on voyait encore l’ouverture de cet aqueduc inférieur : malheureusement, par l’ignorance de ceux qui président machinalement aux travaux de réparations de ces chemins, on a fait disparaître ces vénérables restes de l’histoire antique de la patrie ; perte d’autant plus regrettable que c’était le seul reste reconnu de cet aqueduc près de Rome[11].

Le parcours de l’ANIO VETUS m’a paru trop conjectural pour être tracé sur ma carte.

 

§ IV. — AQUA MARCIA.

Sous le consulat de Ser. Sulpicius Galba et de L. Aurelius Cotta, an 608 de Rome (145 av. J. C.), le préteur Marcius commença les travaux qui devaient amener l’eau MARCIA à Rome et jusqu’au Capitole[12].

Cette eau fut prise à l’extrémité d’un sentier de 3.000 pas à droite de la VIA VALERIA, au 36e milliaire, et à gauche de la VIA SUBLACENSIS également au 36e milliaire.

La longueur de cet aqueduc est de 61.710 pas dont 7.463 au-dessus du sol, et sur ce dernier nombre 6.935 pas en arcades, dont la plus grande partie se voit encore depuis le 7e milliaire jusqu’à la ville.

Pour le niveau de ses eaux, il occupait le cinquième rang[13].

Essayons maintenant d’indiquer avec le plus d’exactitude qu’il sera possible le parcours complet de la MARCIA.

Holstenius a cherché à fixer l’origine de cet aqueduc au ruisseau della Mola, un peu au delà du 39e milliaire de la VIA SUBLACENSIS, rive droite de l’Anio[14]. Mais Fabretti a démontré que c’était une erreur grave et qu’Holstenius n’avait même pas dû bien comprendre le texte de Frontin, parce qu’il ignorait la vraie direction de la VIA VALERIA. En effet, Frontin s’exprime ainsi : Concipitur Marcia via Valeria ad milliar. XXXVI, diverticulo euntibus ab urbe Roma dextrorsus millium passuum III. Sublacensi autem quæ sub Nerone principe primum strata est, ad milliar. XXXVI sinistrorsus intra [spacium] passuum 200....[15] Holstenius pensait que la VIA VALERIA, au lieu de continuer vers l’Orient dans une direction rectiligne, depuis Osteria Ferrata jusqu’à S. Giorgio, en passant par Summo Jugo et Rio-Freddo, suivait le cours de l’Anio jusqu’au delà du Ponte d’Anticoli et remontait vers le nord par Ste Maria in Arsulis et Arsoli pour atteindre S. Giorgio, ce qui faisait faire à la VIA VALERIA un coude considérable vers le sud. Il croyait que le DIVERTICULUM de Frontin abrégeait ce coude d’un mille environ en partant du Ponte d’Anticoli pour atteindre Ste Maria in Arsulis et en coupant un petit affluent de l’Anio au PONS SCUTONICUS ou STRATONICUS. Fabretti[16] établit au contraire que la VIA VALERIA allait directement de l’Osteria Ferrata à S. Giorgio ; que la VIA SUBLACENSIS commençait à cette même Osteria Ferrata et que le DIVERTICULUM qui joignait les deux voies partait du 36e milliaire, c’est-à-dire de S. Giorgio, et conduisait à la VIA SUBLACENSIS qu’elle atteignait au 36e milliaire de cette dernière voie, après un parcours de 3 milles ; de sorte que ce chemin de jonction formait avec les deux voies VALERIA et SUBLACENSIS un triangle ayant 3 milles sur chaque côté. Il existait bien un second DIVERTICULUM passant sur le PONS SCUTONICUS et coupant l’angle sud du triangle ; mais ce n’est pas celui dont parle Frontin. Cette topographie des voies romaines, rétablie et fixée par Fabretti, est démontrée par les bornes milliaires. Vers les Celle di Carseoli, on a trouvé la 41e pierre de la VIA VALERIA portant l’inscription suivante :

imp • neRVA

cæs • aug • pont • MAX

TR • P • COS • III

VIAM • VALERIAN

FACIENDAM • CVRAVIT

XXXXI

Or, l’on ne saurait compter 41 milles depuis Rome jusqu’à cet endroit, en suivant le parcours indiqué par Holstenius.

Dans le DIVERTICULUM de Frontin, l’on a retrouvé, entre Arsoli et Ste Maria in Arsulis, la 38e borne portant cette inscription :

XXXVIII

IMP • NERVA

CAESAR • AVGVSTVS

PONTIFEX • MAXIMVS

TRIBVNICIA

POTESTATE • COS • III

PATER • PATRIAE

FACIVNDAM • CVRAVIT[17]

Cette découverte fut faite en effet au 38e mille, en suivant la VIA VALERIA jusqu’à S. Giorgio et le DIVERTICULUM depuis ce dernier point jusqu’à l’endroit où la borne a été retrouvée.

Enfin l’on a découvert, à 3 milles au delà du Ponte d’Anticoli, la 38° borne milliaire de la VIA SUBLACENSIS[18].

Cette topographie ainsi rétablie, il est facile de retrouver l’origine de la MARCIA ; en effet, il y a une source très abondante au sud de l’église de Ste Maria in Arsulis, à 3 milles de S. Giorgio et à 200 pas à l’est du DIVERTICULUM.

Fabretti ne nous fournit que des renseignements très insuffisants sur le parcours de l’AQUA MARCIA ; mais avec les vestiges qui subsistent encore aujourd’hui, il n’est pas impossible d’en découvrir la direction. Il existe des ruines importantes d’aqueduc dans plusieurs endroits des rives de l’Anio ; 1° Au nord de cette rivière, vers l’Osteria Ferrata ; 2° près de l’Osteria Spiaggia ; 3° à l’est de Vicovaro ; 4° sur l’Anio même, au pont de Vicovaro. Il est vrai que l’on trouve d’autres ruines dans une direction plus méridionale : 1° Sur la rivière même, un peu au-dessous du pont d’Arcticoli ; 2° au sud de l’Anio, vis-à-vis de l’Osteria Spiaggia. Mais ces derniers vestiges me paraissent appartenir à la CLAUDIA, et les premiers me semblent faire partie de la MARCIA. L’origine de la CLAUDIA et celle de l’ANIO NOVUS sont, en effet, au sud de celle de la MARCIA ; il est donc plus naturel de chercher la direction de la MARCIA au nord de celle de la CLAUDIA.

A un mille et demi à l’est de TIBUR, au sud de l’Anio, on voit les importants vestiges de ces trois aqueducs à l’endroit où ils percent le Monte Affliano, sur la rive gauche du Fosso degli Archi, qui a pris son nom de ces mêmes ruines. A droite de ce ruisseau et du Rio di Ampiglione dont il est l’affluent, se trouvent des ruines considérables d’arcades inclinant vers le sud-ouest dans la direction du Monte Affliano. Les trois aqueducs, MARCIA, CLAUDIA et ANIO NOVUS, percent cette montagne et reparaissent sur le versant occidental, vers l’église de la Beata-Maria di Carciano. Le plus septentrional est la MARCIA. De là, les trois aqueducs se dirigent vers les piscines publiques qui sont au 7e mille de la VIA LATINA. Dans l’espace qui sépare le Monte Affliano des piscines, se rencontrent peu de vestiges. On trouve toutefois au Ponte-Lupo, à gauche du 18e mille de la VIA PRÆNESTINA, des ruines considérables. On observe à cet endroit deux conduits distincts dans le même aqueduc. Alberto Cassio[19] croit, avec beaucoup de vraisemblance, que ces deux conduits étaient ceux de la CLAUDIA et de l’ANIO NOVUS. C’est donc entre Carciano et Ponte-Lupo que s’opère la réunion des deux specus dans le même aqueduc. La MARCIA devait être à peu de distance de là, à l’ouest. Il est probable que les trois eaux étaient réunies dans un même aqueduc, un peu au sud de Ponte-Lupo, et qu’elles étaient conduites dans une seule et même direction jusqu’aux piscines du 7° mille. Pour ce qui concerne l’ANIO NOVUS et la CLAUDIA, il n’y a aucun doute, puisque le monument existe encore au 7e mille. La piscine dont on voit les ruines en cet endroit n’est plus celle dont parle Frontin : Fabretti l’a démontré[20] ; mais bien la piscine des deux aqueducs CLAUDIA et ANIO NOVUS ; elle n’a pu servir à d’autres eaux. Il est hors de doute que la MARCIA traversait cet endroit, quoiqu’elle n’y eût point conservé de piscine. On ne retrouve que peu ou point de vestiges entre Ponte-Lugo et la piscine, pour ces trois aqueducs. Ils devaient passer au pied de LABICUM, à l’ouest de Frascati.

C’est au 7e mille que l’AQUA MARCIA était reçue dans le même aqueduc que la JULIA et la TREBULA. Ces trois eaux étaient conduites à Rome ainsi disposées :

La plus élevée était la JULIA.

La seconde,      la TEPULA.

La troisième, la MARCIA.

Les ruines existent encore presque dans tout cet intervalle jusqu’à Rome. L’aqueduc de ces trois conduits coupe, au 5e mille, la VIA LATINA, et parcourt un pets plus d’un mille à gauche de cette voie.

Près de la 5e borne, vers les Sette Bassi, l’ancien aqueduc a été utilisé par le pape Sixte-Quint pour son Acqua Felice. La construction antique, d’une solidité admirable, semble justifier la prédiction de Properce :

..... Æternum Marcius humor opus[21].

Presque en face du 4e milliaire, se voit une piscine que Fabretti croit avec vraisemblance avoir été celle des eaux TEPULA et JULIA.

Une centaine de pas plus loin, se trouve une autre piscine que le même auteur croit être celle de la MARCIA, un peu avant le monument qui est regardé comme le temple de la FORTUNA MULIEBRIS[22]. Un peu en deçà du 4’ milliaire, l’aqueduc repasse à droite de la VIA LATINA ; presque aussitôt, il traverse de nouveau cette voie et se retrouve à gauche. Enfin il coupe la VIA PRÆNESTINA et la VIA LABICANA, et entre à Rome en suivant le mur d’Honorius, à gauche des deux voies que je viens de citer. On reconnaît parfaitement aujourd’hui cet aqueduc avec ses trois conduits. Il suit le mur d’enceinte jusqu’à la porte S. Lorenzo (TIBURTINA ou COLLATINA). C’est à cette porte que se trouve le monument de l’aqueduc portant les trois inscriptions suivantes. La plus élevée est celle d’Auguste :

IMP • CAESAR • DIVI • IVLI • F • AVGVSTVS

PONTIFEX • MAXIMVS • cos • XII

TRIBVNIC • POTESTAT • XIX • IMP • XIIII

RIVOS • AQVARVM • OMNIVM • REFECIT

La seconde inscription est celle de Caracalla :

IMP • CAES • M • AVRELIVS • ANTONINVS • PIVS FELIX • AVG • PARTH • MAXIM

BRIT • MAXIMVS • PONTIFEX • MAXIMVS

AQVAM MARCIAM • VARIIS • KASIBVS • IMPEDITAM • PVRGATO • FONTE • EXCISIS • ET • PERFORATIS

MONTIBVS • RESTITVTA • FORMA • ADQVISITO • ETIAM • FONTE • NOVO • ANTONINIANO

IN • SACRAM • VRBEM — SVAM • PERDVCENDAM • CVRAVIT

La troisième inscription est celle de Titus :

IMP • TITVS • CAESAR • DIVI • F — VESPASIANVS • AVG • PONTIF • MAX

TRIBVNICIAE • POTESTAT • IX • IMP • XV • CENS • COS • VII • DESIGN • VIII

RIVOM • AQVAE • MARCIAE • VETVSTATE • DILAPSVM • REFECIT

ET • AQVAM • QUE • IN • VSV • ESSE • DESIERAT • REDVXIT

Avant la porte S. Lorenzo, vers le temple de MINERVA MEDICA, dans les anciens jardins de PALLAS, la MARCIA, au temps de Frontin, était reçue dans le RIVUS HERCULANEUS, qui la conduisait au pied du versant oriental du CŒLIUS jusqu’au-dessus de la porte CAPENA. Sous Nerva, cet aqueduc fut prolongé jusque sur l’Aventin[23]. Mais c’était une partie de la MARCIA seulement qui dérivait aux jardins de PALLAS, car il est assuré, d’après les inscriptions, que l’AQUA MARCIA passait, à l’époque de Titus, comme à celle de Caracalla, sur la porte TIBURTINA. De là les eaux MARCIA, TEPULA et JULIA étaient conduites jusqu’à la porte dite VIMINALIS de l’enceinte de Servius Tullius. De ce point, elles se distribuaient dans la ville. Des ruines existent encore dans cette direction.

 

§ V. — AQUA TEPULA[24].

Sous le consulat de Plotius Hypsæus et de Fulvius Flaccus, l’an 627 de Rome (126 av. J.-C.), les censeurs Cn. Servilius Cæpio et L. Cassius Longinus Ravilla conduisirent au Capitole l’AQUA TEPULA.

C’est vers le 10e milliaire de la VIA LATINA, à l’extrémité d’un sentier de 2.000 pas, dans le champ de Lucullus, qu’était l’origine de cette eau. Elle interceptait les veines de la JULIA[25].

Elle se rendait aux piscines publiques du 7e mille, et, de là, elle était conduite à Rome dans le même aqueduc que la MARCIA et la JULIA (Voy. le parcours de la MARCIA).

La TEPULA occupait le quatrième rang, au temps de Frontin, pour l’élévation de son niveau : 1° ANIO NOVUS ; 2° CLAUDIA ; 3° JULIA ; 4° TEPULA.

La piscine particulière de la TEPULA était entre le 5e et le 6e milliaire, à gauche de la VIA LATINA, un peu avant celle de la MARCIA.

 

§ VI. — AQUA JULIA[26].

César Auguste étant consul pour la seconde fois, avec L. Volcatius, l’an de Rome 719 (34 av. J. C.), Marcus Agrippa, alors édile, recueillit dans la vallée comprise entre TUSCULUM et le mont Albain des eaux qui furent conduites dans le même aqueduc que la TEPULA, mais ayant leur specus séparé.

La source de la JULIA est de 2000 pas plus éloignée de Rome que celle de la TEPULA ; car elle se trouvait vers le 12e milliaire, à l’extrémité d’un sentier de 2 milles de long, à droite de la voie Latine.

Le parcours de la JULIA est de 15.426 pas, dont 7.000 au-dessus du sol.

Les vestiges de cet aqueduc ne se retrouvent pas plus que ceux de la TEPULA avant le 7e mille. A partir de ce point, c’est-à-dire à partir des piscines publiques, la JULIA coulait dans le même aqueduc que la MARCIA et la TEPULA, et avait sa piscine particulière au même endroit que cette dernière, entre le 5e et le 6e milliaire. Ad VI ab urbe milliarium universa in piscinam recipitur[27]. On en reconnaît encore aujourd’hui les vestiges.

 

§ VII. — AQUA CRABRA[28].

Frontin ne nous fait pas connaître le fondateur de cet aqueduc ; il dit seulement qu’Agrippa le fit abandonner, à moins qu’on ne veuille adopter la version du manuscrit de Jocondo et lire emisit au lieu de omisit. Frontin ne fixe point le lieu de son origine ; mais le nom même de cet aqueduc et la destination de ces eaux nous font comprendre qu’elle devait être vers l’une des sources les plus élevées du cours d’eau naturel de la CRABRA, du côté de TUSCULUM et même au-dessus de cette ville. En effet, cet aqueduc fournissait d’eau la ville de TUSCULUM. On voit dans les ruines de cette cité des vestiges d’aqueducs qui doivent se rapporter à l’AQUA CRABRA de Frontin. Nibby en donne le dessin[29]. Je pense que ce conduit devait suivre à peu près la direction de l’aqueduc moderne dont on peut voir le parcours sur la carte de Canina[30]. Mais le tracé de l’ancienne eau CRABRA serait, dans tous les cas, trop conjectural pour pouvoir être indiqué sur une carte.

il est probable que cette eau ne fut jamais conduite à Rome dans un aqueduc qui lui fût propre. Peut-être venait-elle, avant Agrippa, se joindre à la TEPULA ; mais nous voyons, par le passage de Frontin, que l’usage en fut rendu exclusivement aux Tusculans.

Fabretti croit que l’AQUA CRABRA est la même qui est désignée dans le catalogue d’Aurelius Victor et dans la NOTITIA, sous le nom de DAMNATA[31]. Il appuie cette opinion, 1° sur le nom même de cette eau qui semble rappeler la prohibition d’Agrippa ; 2° sur ce que la CRABRA n’est point mentionnée dans les deux monuments écrits que je viens de citer. Cette explication est ingénieuse, il est vrai, mais elle ne paraît pas concluante.

 

§ VIII. — AQUA VIRGO[32].

Sous le consulat de C. Sentius et de Q. Lucretius, l’an 732 de Rome (21 av. J.-C.), M. Agrippa conduisit jusque dans l’intérieur de la ville l’AQUA VIRGO.

Elle avait son origine au 8e milliaire de la VIA COLLATINA. Elle aboutissait, dans Rome, au sud du champ de Mars et à l’est du Panthéon, près du portique des Argonautes[33].

Son parcours était de 14.105 pas, dont 1.240 seulement au-dessus du sol. Elle fut restaurée par Adrien. Cette eau existe encore et alimente la belle fontaine de Trevi. Sa restauration moderne date de 1450. La fontaine est du pontificat de Clément XII, 1735. Le parcours de l’Acqua Virgine est, à très peu de chose près, le même que du temps d’Agrippa. L’origine en est bien au Se milliaire, à droite de la VIA COLLATINA, au RIVUS HERCULANEUS ; le conduit passe sorts cette voie, au sud de Bocca-Leone, vers le 4e milliaire ; près de là, se trouvent des constructions au-dessus du sol. Il passe sous la VIA TIBURTINA, entre la 3e et la 4e borne ; sous la VIA NOMENTANA, un peu au delà de la seconde ; près de là, on voit encore des constructions au-dessus du sol ; enfin, il passe sous la VIA SALARIA, avant le 2e milliaire, et entre à Rome sous la Colline des jardins.

 

§ IX. — AQUA ALSIETINA[34].

Cette eau fût conduite à Rome par Auguste. Elle est tirée du LACUS ALSIETINUS, aujourd’hui lago di Martignano, à l’extrémité d’un sentier de 6.500 pas, que l’on prend au 14e milliaire de la VIA CLAUDIA[35].

La longueur de cet aqueduc est de 22.172 pas, dont 358 seulement en arcades.

C’était la moins élevée et la moins pure de toutes les eaux conduites à Rome. Elle servait à alimenter la NAUMACHIE, et, quand l’eau manquait dans les quartiers de la rive gauche, elle leur en fournissait aussi.

L’ALSIETINA était encore appelée AQUA AUGUSTA, du nom de celui qui l’avait amenée. Elle se confondait avec l’AQUA TRAJANA, et recevait l’AQUA SABATINA. Je parlerai plus bas de ces deux aqueducs.

Le parcours de l’ALSIETINA nous est indiqué par celui de la moderne Acqua Paola[36].

Fabretti[37] pense que l’AQUA AURELIA de Publ. Victor et de la NOTITIA est la même que l’ALSIETINA ; mais, dans ces deux monuments, les trois eaux, ALSIETINA, TRAJANA et AURELIA, sont mentionnées séparément, ce qui semble exclure la synonymie supposée par le savant italien.

Le parcours primitif de l’ALSIETINA ou AUGUSTA commençait, comme je l’ai dit, au Lago di Martignano, fléchissait vers la VIA CLAUDIA, suivait la droite de cette route, passait sous la VIA CASSIA au 11e mille, puis sous la VIA TRIUMPHALIS, coupait deux fois la VIA AURELIA et entrait à Rome un peu au nord de la porte AURELIA.

 

§ X. — EAUX DITES AUGUSTE.

Il faut distinguer, d’après Frontin, trois eaux différentes du nom d’AUGUSTA :

1° L’ALSIETINA, que je viens de citer ;

2° La veine ou le conduit d’eau qui grossissait l’APPIA au quartier des GEMELLÆ et de la Vieille Espérance ;

30 L’aqueduc qui se trouvait sur la rive droite de l’Anio supérieur et suppléait soit à la MARCIA, soit à la CLAUDIA.

J’ai parlé plus haut de la première.

La seconde était prise à l’extrémité d’un sentier de 980 pas que l’on trouvait au 6e milliaire de la VIA PRÆNESTINA ; ce qui place cette source tout près de la VIA COLLATINA. Ce conduit était souterrain et dans une direction qui devait être rectiligne, comme l’indique la mesure de la longueur de cet aqueduc, qui correspond à peu près à celle de la route[38].

Quant à la troisième AUGUSTA[39], elle alimentait tantôt la MARCIA, tantôt la CLAUDIA[40]. Elle fut appelée AUGUSTA du nom de celui qui l’avait amenée ; mais je n’ai pas besoin de dire qu’elle ne fournit de l’eau à la CLAUDIA que bien après Auguste, puisque c’est sous le règne de Caligula que ce dernier aqueduc fut commencé.

L’origine de l’AUGUSTA était au-dessus de celle de la MARCIA, par rapport au cours de l’Anio. Son parcours n’était que de 800 pas. L’inscription d’Ancyre confirme le passage de Frontin relativement à l’AQUA AUGUSTA :

.....AQVAM • QVAE • MARCIA • APPELLATVR • DVPLICAVI

FONTE • NOVO • IN • RIVVM • EIVS • IMMISSO[41]

Fabretti[42] a déterminé exactement l’endroit où l’AUGUSTA avait son origine. Il réfute Holstenius qui place cette origine vers Austa, en s’autorisant de l’analogie du nom moderne avec l’ancien, et sur les bulles des papes qui désignent le petit ruisseau qui coule à Austa sous le nom d’Augusta. Fabretti démontre au contraire que l’AQUA AUGUSTA devait avoir son origine au petit lac de Ste Lucia, distant de 800 pas de l’origine de la MARCIA, ainsi que le marque Frontin. On voit près de Ste Lucia des vestiges d’aqueduc ancien. L’AUGUSTA devait passer au-dessous d’une autre petite source où se trouvent aussi des ruines. Il me parait probable que cette seconde source dut apporter aussi le tribut de ses eaux à l’AUGUSTA. Ces vestiges remarqués par Fabretti appartiennent sans doute à la CLAUDIA, qui suivait évidemment la même direction, puisqu’elle devait atteindre la source de la MARCIA à l’endroit où l’AUGUSTA versait ses eaux tantôt dans la CLAUDIA, tantôt dans la MARCIA.

 

§ XI. — OCTAVIANUS AQUEDUCTUS[43].

De la piscine de l’ANIO VETUS au 2e milliaire, se sépare l’aqueduc OCTAVIANUS qui parvient au quartier de la VIA NOVA, auprès des jardins d’ASINIUS. C’est dans ce dernier trajet qu’elle se distribue.

Suivant Fabretti[44], c’est cet aqueduc qui passe au-dessus de l’arc de Drusus, vers la porte S. Sebastiano. Les raisons qu’il allègue ne paraissent nullement concluantes. Il est hors de doute aujourd’hui que l’aqueduc, dont on voit les vestiges vers la porte S. Sebastiano, servait à alimenter les thermes de Caracalla. Je crois, avec Rondelet, que ce conduit portait aux thermes une prise d’eau de la MARCIA, et qu’il ne fut fait qu’au IIIe siècle, à l’occasion de la construction de ces bains ou, peut-être, vers la fin du IIe, pour les thermes de Commode.

La direction de l’eau Octavienne m’a donc paru trop douteuse pour devoir être tracée sur ma carte.

 

§ XII. — AQUA CLAUDIA[45].

C. Caligula commença la construction de l’AQUA CLAUDIA, sous le consulat de M. Aquillius Julianus et de P. Nonius Asprena, la 2 année de son règne. Claude continua ces travaux, qui furent terminés l’an 803, et donna son nom à l’aqueduc.

L’origine de cette eau est aux fontaines CŒRULUS et CURTIUS, près de la VIA SUBLACENSIS, vers le 38e milliaire, à l’extrémité d’un sentier de 300 pas. La longueur de cet aqueduc est de 46.406 pas, dont 10.176 au-dessus du sol.

La CLAUDIA recevait l’eau ALBUDINA, mais j’ignore à quel endroit[46].

On peut retrouver presque tout le parcours de la CLAUDIA, ou tout au moins, quand les vestiges nous manquent, sa direction approximative.

Fabretti[47] a établi avec certitude l’origine de la CLAUDIA aux deux sources abondantes que l’on trouve un peu au sud du lac Ste Lucia, rive droite de l’Anio, vers la VIA SUBLACENSIS. Ces deux sources sont appelées aujourd’hui Serene Acque. De ce point, la CLAUDIA gagnait la MARCIA vers son origine. L’AUGUSTA était entre les deux à son extrémité, de manière à fournir de l’eau à l’une ou à l’autre, comme je l’ai dit plus haut. De ce point, la CLAUDIA devait tendre vers l’ouest et franchir l’Anio sur les arcades qui se voient en face de Roviano, puis traverser la montagne de Saracinesco de manière à ressortir vis-à-vis de l’Osteria di Spiaggia, sur la rive gauche de l’Anio. En cet endroit se voient des ruines importantes qui doivent appartenir à cet aqueduc. De là, il faut figurer un tracé approximatif qui franchisse l’intervalle sans vestiges qui sépare ces ruines du Monte Affliano. On reconnaît sur le versant oriental des arcades en ruines et l’introduction du conduit dans la montagne. On en peut également voir l’issue sur le versant oriental, vers la Beata Maria di Carciano. A cet endroit se trouve une piscine épuratoire parfaitement reconnaissable[48]. La CLAUDIA devait être réunie, non loin de là, à l’ANIO NOVUS, dans un même aqueduc, mais chacune des eaux ayant son conduit particulier. Les vestiges importants que l’on remarque à Ponte-Lupo[49] nous montrent deux specus différents supportés par les mêmes substructions. De ce point au 7e milliaire de la VIA LATINA, c’est-à-dire aux piscines, point de vestiges. Cette partie du parcours de la CLAUDIA devait être presque partout souterraine et suivre le flanc septentrional et occidental des monts Tusculans et Albains. Cette eau était reçue dans les grandes piscines du 7’ mille. J’ai dit déjà que ces piscines furent, après Frontin, exclusivement consacrées à la CLAUDIA et à l’ANIO NOVUS. A partir de ce point jusqu’à Rome, ces deux eaux étaient supportées par le même aqueduc, mais elles avaient leurs specus distincts. La CLAUDIA occupait la position inférieure. Cet aqueduc passant à la Mezza via di Marino, inclinait vers la VIA LATINA qu’il touchait presque au 5e mille. En deçà du 4e mille, il atteignait l’autre aqueduc, celui de la JULIA-TEPULA-MARCIA, coupait la VIA LATINA entre le 3e et le 4e milliaire, en deçà du temple de la FORTUNA MULIRBRIS, puis atteignait Rome ; il suivait le mur d’enceinte d’Honorius, au nord-est de l’église Ste Croce in Gerusalemme, passait au-dessus des VIA LABICANA et PRÆNESTINA, formait au-dessus de cette dernière la porte PRÆNESTINA, aujourd’hui porta Maggiore. C’est dans ce monument, d’Une solidité surprenante, que le pape Sixte-Quint fit passer l’Acqua Felice. On lit sur cette porte trois inscriptions disposées dans cet ordre :

1° Celle de Claude, fondateur de l’aqueduc ;

2° Celle de Vespasien, qui le restaura ;

30 Celle de Titus qui y fit de nouvelles restaurations.

Une partie de la CLAUDIA est détournée vers le CŒLIUS, avant la porta Maggiore, et supportée par les arcs Néroniens. Le surplus de cette eau continuait, avec l’ANIO NOVUS, son parcours vers les jardins de PALLAS. On voit dans la maison d’un vigneron, tout près du monument dit improprement temple de MINERVA MEDICA, les restes du château d’eau de la CLAUDIA et de l’ANIO NOVUS. De là ces eaux étaient distribuées dans la ville.

Quant aux arcs Néroniens, ils subsistent encore et l’on peut suivre leur direction. Ils se séparent de l’aqueduc principal au sommet de l’angle de retraite de l’enceinte, à l’ouest de la porta Maggiore. Près de cet endroit, une prise faite à ce conduit Néronien alimentait la conserve d’eau dite plus tard de Ste Elena. De là cet aqueduc se dirigeait vers la place du Latran. Il a été détruit pour faire place aux grandes constructions modernes qui s’élèvent dans ce lieu. Mais on retrouve les arcs Néroniens dans la Via di S. Stefano Rotondo qu’ils traversent au nord de la piazzetta della Navicella. Le conduit passe au-dessus de l’arc de DOLABELLA. Il gagne ensuite le Vivario, ou conserve d’eau vulgairement appelée le NYMPHEUM de Néron. De là les arcs traversent la vallée étroite qui sépare le CŒLIUS du PALATINUS, et l’on voit encore près de l’église S. Gregorio les ruines de ces grandes substructions qui conduisaient l’eau au palais des Césars.

Il existait, vers l’église de S. Stefano Rotondo, une dérivation de l’eau Néronienne reçue dans un aqueduc qui se dirigeait vers l’ouest, franchissait la vallée qui s’étend entre le CŒLIUS et l’AVENTINUS, et portait l’eau à cette dernière colline, ainsi que nous l’apprend Frontin : .... Cœlio et Aventino in quos sola Claudia per arcus Neronianos deducebatur[50]. Rondelet[51] a présenté pour cet aqueduc un tracé qui me parait tout conjectural, car il ne reste point de ruines apparentes dans cette direction.

Les arcs Néroniens étaient aussi appelés CLAUDIANI et CŒLIMONTANI, à l’époque de Caracalla qui les restaura. Voici l’inscription qui le prouve[52] :

IMP • CAES • DIVI • M • ANTONINI

PII • GERM • SARM • FILIVS DIVI • COMMODI

FRATER • DIVI ANTONINI PII • NEP • DIVI

HADRIANI • PRONEP • DIVI • TRAIANI

PARTHICI • ADNEP • DIVI • NERVAE — ABNEPOS

L • SEPTIMIVS • SEVERVS • PIVS

PERTINAX • AVG ARABIC • ADIAB • PARTHIC

MAX • PONT • MAX • TRIB • POT • VIIII • IMP • XI

COS • II • P • P • PRO • COS • ET

IMP • CAES • L • SEPTIMI • SEVERI • PII

PERTINACIS • AVG • ARABIC • ADIAB

PARTH • MAX • FIL • DIVI • M • ANTONINI

PII • GERM • SARM • NEP • DIVI • ANTONINI

PII • PRONEP • DIVI • HADRIANI • ABNEP • DIVI

TRAIANI • PARTHIC • ET • DIVI • NERVAE • ABNEP

M • AVRELIVS • ANTONINVS • PIVS

FELIX • AVG • TRIB • POTEST • IIII • PRO • COS

ARCVS • COELIMONTANOS • PLVRIFARIAM

VETVSTATE • CONLAPSOS • ET • CONRVPTOS

A • SOLO • SVA • PECVNIA • RESTITVERVNT

 

§ XIII. — ANIO NOVUS[53].

Cet aqueduc fut, comme le précédent, commencé sous Caligula et achevé sous Claude.

Son origine était au 42e milliaire de la VIA SUBLACENSIS. L’eau était prise au fleuve même et était reçue dans une piscine épuratoire.

On y joignit l’eau du ruisseau HERCULANEUS, qui était au 38e milliaire de la même voie, mais sur la rive droite, si je comprends bien le texte de Frontin : .... Jungitur ei rivus Herculaneus, oriens eadem via ad milliarium XXXVIII[54], e regione fontium Claudiæ, trans flumen viamque ; natura purissimus, sed mixtus gratiam sui splendoris amittit.

La longueur de l’ANIO NOVUS est de 58.700 pas, dont 9.400 au-dessus du sol. C’est le plus élevé de tous les aqueducs de la campagne romaine. Les arcades ont, en certains endroits, 109 pieds de hauteur[55].

Outre l’origine que j’ai indiquée plus haut, cet aqueduc en eut une autre, et c’est encore Frontin qui nous l’apprend. Trajan, pour épurer l’ANIO NOVUS[56], ordonna que l’on fît une prise d’eau au réservoir qui est au-dessus de la VILLA NERONIANA, près de SUBLAQUEUM.

Cherchons maintenant à retrouver l’origine et le parcours de cet aqueduc.

Voici ce qu’on lit dans Holstenius : Hujus aquæductus vestigia visuntur nunc sub ipso Sublaqueo, vocaturque vulgo : il buco della Carteria ; deinde sub Xenodochio D. Antonii, atque inde semper juxta sinistram fluminis ripam tendit. Altitudo ejus hoc tempore XX pedes ipsum fluminis alveum superat ; unde de lacus altitudine conjicere licet.

On trouve, en effet, sur la rive gauche de l’Anio, entre le 43e et le 44e milliaire, des arcades plus élevées de 20 pieds que le lit du fleuve. L’aqueduc suivait cette même rive et joignait au 42e milliaire l’origine primitive et la piscine établie par Claude. Au 38e milliaire, il était grossi par l’eau du RIVUS HERCULANEUS. De ce point, il faut tirer une ligne conjecturale qui indiquerait le parcours souterrain de ce conduit à travers la montagne de Saracinesco, couperait le Fiume Giuvenzano vers Siciliano et gagnerait les ruines qui sont à l’ouest de cette bourgade, rive droite du Rio di Siciliano. De ce point, l’aqueduc, franchissant ce ruisseau, perçait la montagne qui est au sud de ce petit cours d’eau et en sortait 5 milles plus loin, à l’ouest. Le conduit était soutenu, à partir de cette issue, par de belles arcades qui subsistent encore. Elles franchissent de nouveau le Rio di Siciliano, et le repassent une troisième fois près du Rio degli Archi ; l’aqueduc pénétrait ensuite dans les flancs du Monte Affliano et en ressortait vers l’église Ste Maria di Carciano. A peu de distance de cette issue, l’ANIO NOVUS devait être réuni à la CLAUDIA ; car ces deux eaux, ainsi que je l’ai dit, arrivaient à Ponte-Lugo, soutenues par le même aqueduc, mais dans leurs specus distincts. IL en est de même jusqu’à Rome. Elles passent, comme on sait, aux piscines épuratoires du 7e mille (Voy. le parcours de la Claudia.)

Telles sont les treize aqueducs mentionnés par Frontin. Voici maintenant le tableau comparatif des catalogues de Publius Victor et de la NOTITIA DIGNITATUM.

 

§ XIV. — TABLEAU COMPARATIF DES CATALOGUES DE FRONTIN, DE PUBLIUS VICTOR, DE LA NOTITIA.

FRONTIN.

P. VICTOR.

NOTITIA (éd. Panciroli).

1. Appia. V. N.[57]

1. Appia. F. N.

1. Trajan. V.

2. Anio Vetus.

2. Marcia. F. N.

2. Annia. V.

3. Marcia. V. N.

3. Virgo. F. N.

3. Alsia.

4. Tepula. V. N.

4. Claudia. F. N.

4. Claudia. F. V.

5. Julia. V. N.

5. Herculanea. N.

5. Marcia. F. V.

6. Crabra.

6. Tepula. F. N.

6. Herculea. V.

7. Virgo. V. N.

7. Damnata. N.

7. Julia. F. V.

8. Alsietina ou Augusta. V. N.

8. Trajana. N.

8. Augustea. F.

9. Augusta (de Rome).

9. Annia. N.

9. Appia. F. V.

10. Augusta (de l’Anio).

10. Alsia, sive Alsietina, sive Augusta. F. N.

10. Alsietina. F. V.

11. Octaviana.

11. Cœrulea.

11. Setina.

12. Claudia. V. N.

12. Julia. F. N.

12. Ciminia. V.

13. Anio Novus.

13. Algentiana.

13. Aurelia. V.

 

14. Ciminia. N.

14. Damnata. V.

 

15. Sabatina.

15. Virgo. F. V.

 

16. Aurelia. N.

16. Tepula. F. V.

 

17. Septimiana.

17. Severiana. V.

 

18. Severiana.

 

 

19. Antoniniana.

 

 

20. Alexandrina.

 

 

§ XV. — AQUA HERCULANEA.

L’AQUA HERCULEA ou HERCULANEA n’est point mentionnée dans Frontin parmi les aqueducs. Mais je crois avec Fabretti[58] qu’il faut entendre par l’eau HERCULANEA la dérivation de la MARCIA dans l’intérieur de Rome. C’est la prise d’eau désignée dans Frontin sous le nom de RIVUS HERCULANEUS.

 

§ XVI. — AQUA DAMNATA.

J’ai dit plus haut que Fabretti appelait ainsi la CRABRA, et que le nom donné à cet aqueduc par P. Victor et la NOTITIA rappelait la prohibition d’Agrippa. Mais ce n’est qu’une conjecture.

 

§ XVII. — AQUA TRAJANA.

Il ne faut pas s’étonner de ne point trouver cet aqueduc mentionné dans l’ouvrage de Frontin. Cet écrivain, en effet, fut nommé intendant des eaux sous Nerva, et c’est au commencement de son administration qu’il composa son travail sur les aqueducs[59]. Il est vrai qu’il ne l’acheva que sous Trajan, ainsi que l’indique ce passage de Frontin lui-même, au chapitre XCIII[60], en parlant de l’ANIO NOVUS : Novum auctorem imperatorem Cesarem Nervam Trajanum Augustum præscribente titulo... ; mais nous savons qu’il mourut l’an 101 de J. C., et que Pline lui succéda dans la charge d’augure. C’est sans doute après cette époque que l’eau TRAJANA a été amenée à Rome.

On a trouvé sur la pente de l’Aventin, qui regarde le Tibre, un tube de plomb portant l’inscription suivante :

AQVA • TRAIAN • Q • ANICIVS • Q • F • ANTONIAN •

CVR • THERMAUX • VARIANARVM

Les bains de Caracalla étaient donc alimentés, en partie[61], par l’AQUA TRAJANA. Cette eau ne venait pas de la campagne romaine, mais bien du Transtevere. Ce n’était autre chose que l’ALSIETINA, réparée et augmentée par Trajan. L’AQUA TRAJANA entrait, en effet, dans Rome vers le MONS JANICULUS, ainsi que le prouvent les Actes des martyrs : Jussit Vitellius Antoninum capitis subire sententiam, qui ductus via Aurelia juxta formam a Trajanam decollatus est XI kalendas septembr[62]. Nous lisons dans la vie de S. Jule .... Forma Trajana juxta viam Aureliam[63].

L’ALSIETINA fournissait de l’eau au quartier de la rive gauche, lorsque les autres aqueducs n’en donnaient pas assez ; elle franchissait donc le Tibre sur un des ponts de la ville. Ces sortes de travaux étaient très usités chez les Romains ; Stace a dit :

... Audaci transcurrere flumina plumbo.

L’origine de l’AQUA TRAJANA n’est pas la même que celle de l’AQUA ALSIETINA ; mais elle devait se trouver au lac SABATINUS. Le conduit devait avoir la direction que suit aujourd’hui l’Acqua Paola, ainsi que le prouve la bulle du pape Paul V[64].

 

§ XVIII. — AQUA ANNIA.

Cet aqueduc n’est pas mentionné dans Frontin sous ce nom ; mais il faut croire avec Panciroli et Fabretti[65] que c’est l’ANIO NOVUS ; comment expliquer, en effet, que ce dernier aqueduc, le plus important de tous, eut été omis dans P. Victor et dans la NOTITIA ?

 

§ XIX. — AQUA CÆRULEA.

Fabretti[66] croit que c’est une partie de la CLAUDIA, ainsi que Frontin semble l’indiquer en citant la fontaine CÆRULUS comme une des sources qui alimentent cet aqueduc. Cette opinion parait douteuse, car il n’est fait mention d’aucun embranchement particulier à l’origine de la CLAUDIA.

 

§ XX. — AQUA ALGENTIANA.

On trouve des restes d’aqueducs forts importants, au 9e mille, entre la VIA LATINA et la VIA LABICINA, au pied des collines tusculanes, près des ruines d’un ancien temple. On peut suivre les vestiges de cet aqueduc, en se rapprochant de Rome, jusqu’à Mezza Fia di Frascati. Fabretti[67] croit, avec vraisemblance, que c’est l’ALGENTIANA, et que son nom vient de l’ALGIDUS MONS qui est dans cette direction, il est vrai, mais beaucoup plus à l’est. Le même écrivain ne pense pas que cet aqueduc ait jamais été conduit jusqu’à Rome. Il y rattache les substructions qui se voient à l’est de la Caffarella. Nibby place cet aqueduc dans la vallée de Molara et pense en avoir retrouvé les ruines. Il ajoute que c’est l’eau qui alimente aujourd’hui la Villa Aldobrandini et Frascati. Cette conjecture me parait plus que douteuse[68].

 

§ XXI. — AQUA CIMINIA.

Panciroli a cru qu’il y avait, aux environs de TUSCULUM, une forêt Ciminienne. Cette erreur manifeste provient d’une mauvaise ponctuation dans le texte de Pline, ainsi que l’a remarqué Fabretti[69]. Il parait hors de doute que l’AQUA CIMINIA était prise en Étrurie, dans les environs du lac SABATINUS, ainsi que l’a clairement établi cet écrivain qui cite ses autorités. C’était probablement une addition à l’AQUA TRAJANA ; mais elle ne devait pas être identiquement la même que cette dernière ; car, dans ce cas, on ne comprendrait pas qu’elle fut mentionnée à part dans P. Victor et dans la NOTITIA.

 

§ XXII. — AQUA SABATINA.

Voici ce qu’on lit dans Frontin : Alsietinæ conceptionis modus (quantité d’eau), nec in commentariis (registres publics) adscriptus est, nec in re præsenti certus inveniri potuit ; cura ex lacu Alsietino et deinde circa Careias ex Sabatino quantum aquarii temperaverunt [habeat][70]. Or, on remarquera que CAREIÆ n’est pas tout près du lac SABATMUS ; mais il en est éloigné de 7 milles environ. Ce n’était point du lac même que sortait le conduit d’eau qui se réunissait, d’après Frontin, à l’ALSIETINA : c’était de l’Arrone qui sert d’écoulement à ce lac ; de sorte que cet aqueduc, qui me parait être l’AQUA SABATINA de P. Victor, ne se confond pas avec l’ALSIETINA proprement dite. Cette dernière eau était prise à l’ALSIETINUS LACUS ; l’AQUA TRAJANA devait avoir son origine au nord du lac SABATINUS, et l’AQUA SABATINA au sud, vers CAREIÆ[71]. Je ferai remarquer qu’en prenant l’eau de ce conduit en cet endroit, on devait obtenir un niveau bien peu élevé ; car, sous le pontificat de Clément X, Luigi Bernini, frère du chevalier Bernini, trouva les eaux du lac lui-même trop basses pour alimenter l’aqueduc de l’Acqua Paola. On établit, en conséquence, un barrage dans l’Arrone pour faire monter le niveau du lac. Il est vrai que l’ALSIETINA était la plus basse de toutes les eaux conduites à Rome, et que la SABATINA devait avoir le même niveau. D’ailleurs la hauteur de l’ancienne ALSIETINA a été mesurée dans les restes de l’aqueduc qui se trouvent près du lac SABATINUS, et l’on a remarqué qu’elle était bien inférieure à celle de l’Acqua Paola.

 

§ XXIII — AQUA AURELIA.

Fabretti[72] ne dit rien de cette eau, sinon que c’est la même que la TRAJANA. Cette opinion n’est appuyée que sur un seul fait : c’est que l’AQUA TRAJANA suit la VIA AURELIA, avant d’entrer à Rome. Or, P. Victor et la NOTITIA mentionnent à part la TRAJANA sans indiquer de synonymie. J’ignore où pouvait être l’AURELIA ; peut-être était-ce une dérivation de la TRAJANA dans la direction du mur d’enceinte d’Aurélien.

 

§ XXIV. — AQUA SEPTIMIANA.

Fabretti[73] pense que la SEPTIMIANA pouvait être l’aqueduc que l’on voit à gauche de VIA APPIA, se dirigeant vers la VILLA des QUINTILII, qui n’était connue de son temps que sous le nom de Statuario ; qu’elle entrait à Rome dans la première Région et qu’elle alimentait les thermes de Septime Sévère, situés dans ce même quartier de la ville. Il a pensé retrouver la continuation de cet aqueduc en deçà du Statuario, vers le cirque de Romulus, fils de Maxence, et le tombeau de Cœcilia Metella. Il fait dériver le nom de ce conduit du mot Septem, parce que c’est au 7e mille que semblent commencer les arcades qui le supportent. Or, SEPTIMIANA me paraît bien plutôt venir d’un nom propre comme Septimius que du mot septem. Quant à croire qu’un aqueduc franchissait la vallée de l’ALMO (la Caffarella), je ne puis l’admettre. Les ruines qui existent vers S. Urbano (le temple de Bacchus), et celles qui existaient vers le tombeau de Cæcilia Metella, ont dû appartenir aux conduits qui portaient l’eau à la ville impériale, près du cirque ; car en ne trouve aucun vestige entre cette villa et les murs de Rome, et aucun aqueduc ne devait franchir la vallée de l’ALMO. Fabretti en fait lui-même la remarque dans un autre passage. On sait aujourd’hui flue l’aqueduc qui se voit au 7e mille n’avait point d’autre destination que d’alimenter les réservoirs et le NYMPHEUM de la VILLA des QUINTILII, et qu’il fut vraisemblablement construit par Commode, lorsqu’il se fut approprié la dépouille du propriétaire de cette villa. L’eau SEPTIMIANA se trouvait peut-être dans l’intérieur de Rome, et devait alimenter en effet un grand établissement public comme les thermes de Septime Sévère.

 

§ XXV. — AQUA SEVERIANA.

Selon Fabretti, cette eau devait être ou la même que la SEVERIANA, ou bien la même que l’AQUA ALEXANDRINA, dont je parlerai bientôt. Mais je répète qu’on ne peut admettre de synonymie dans une énumération aussi catégorique que celle de P. Victor. Je serais tenté de voir l’AQUA SEVERIANA dans l’aqueduc qui se dirige du Ponte della Refolta à OSTIA.

 

§ XXVI. — AQUA ANTONINIANA.

Cet aqueduc serait, au sentiment de Fabretti, le prolongement de la MARCIA, au delà de la PORTA COLLATINA ou TIBURTINA, et il se fonde sur l’inscription qu’on lit sur cette porte. Mais il s’agit d’une fontaine, FONTE NOVO ANTONINIANO, et non d’un aqueduc. Je brave avec Nibby[74] le reproche de folie que Fabretti adresse à ceux qui voudraient voir dans cet aqueduc le conduit qui passe au-dessus de l’arc de Drusus, vers la porte S. Sebastiano, et se rend aux thermes de Caracalla[75]. Je crois que l’AQUA ANTONINIANA n’est autre chose que la dérivation de la MARCIA, qui traverse la VIA APPIA, passe en effet au-dessus de l’arc de Drusus, et alimente le réservoir des bains. Aussi bien l’inscription rappelle-t-elle peut-être seulement la fontaine des thermes pour désigner le conduit d’eau qui l’entretient.

 

§ XXVII. — AQUA ALEXANDRINA.

Pour ce qui concerne cette eau, je n’ai qu’à renvoyer à l’excellente dissertation de Fabretti[76].

C’est un passage de Spartianus qui nous fait connaître la fondation de cet aqueduc : In thermal nominis sui, juxta eas quæ Neronianæ fueruntr aqua inducta quæ Alexandrina nunc dicitur.

Elle a son origine à droite de la VIA PRÆNESTINA, en face du 4e milliaire, à 3 milles de la VIA LABICANA, au nord du Monte Falcone.

Presque à son origine se trouve la piscine épuratoire. Une grande partie du parcours de cet aqueduc est en arcades[77].

Elle entrait à Rome vers la porte PRÆNESTINA, et se rendait, à travers la ville, aux thermes d’Alexandre Sévère, entre la place Navone et le Panthéon.

Les vestiges de cet aqueduc existent encore dans presque tout le parcours qui est extra-muros. C’est la même direction que suit l’Acqua Felice du pape Sixte-Quint.

 

§ XXVIII. — AQUA ALSIA.

L’AQUA ALSIA inscrite dans la NOTITIA sous le n° 3, n’est point l’ALSIA ou l’ALSIETINA dont j’ai parlé plus haut ; car ce dernier aqueduc est mentionné plus bas dans le même document. Peut-être était-ce un conduit qui amenait l’eau douce à ALSIUM.

 

§ XXIX. — AQUA SETINA.

Faut-il croire que l’AQUA SETINA, était l’aqueduc de la ville de SETIA, dans l’Apennin, ou bien, comme le pense Nardini, que c’est une faute du copiste qui, après avoir transcrit l’AQUA ALSIETINA, aura décomposé le mot en AQUA ALSIA SETINA ? je l’ignore.

 

§ XXX. — LES QUATORZE AQUEDUCS DE PROCOPE.

Fabretti a cherché à grand’peine à retrouver les quatorze aqueducs indiqués par Procope[78]. Je renvoie aux explications du savant italien. Il ne me parait pas difficile de trouver, parmi les eaux conduites à Rome, quatorze aqueducs remplissant la condition indiquée par l’historien grec.

 

§ XXXI. — DE QUELQUES AQUEDUCS EN RUINE DES ENVIRONS DE ROME.

Près de Tivoli se trouve un aqueduc qui menait à la VILLA d’ADRIEN une prise d’eau de la CLAUDIA[79]. On en voit d’importants vestiges. L’eau que Fabretti croit être la SEPTIMIANA et qui alimente le réservoir et le NYMPHEUM de la VILLA des QUINTILII est facile à reconnaître aujourd’hui. Canina en a représenté le parcours exact dans ses planches III et IV de la VIA APPIA[80]. Si nous considérons la hauteur où se trouvait le conduit de cet aqueduc, nous trouverons qu’il surpasse le niveau de la CLAUDIA. De plus, sa direction semble indiquer qu’il a son origine au pied des monts Albains, vers Marino. Je pense que c’était une prise d’eau de l’ANIO NOVUS, qui, avant d’arriver à la piscine épuratoire du 7e mille, passait en effet au pied des monts Albains, à l’ouest de Marino, et dont le niveau semble coïncider avec celui de notre aqueduc.

J’ignore à quel système il faut rattacher les ruines d’aqueducs qui se voient à gauche de la VIA LABICANA, vers Torre Nuova.

J’ai parlé plus haut de l’aqueduc dont on voit les ruines sur la VIA OSTIENSIS, entre le Ponte della Refolta et OSTIA. J’ai proposé d’y voir l’AQUA SEVERIANA, mais cette conjecture est fort douteuse.

On trouve, de l’autre côté du Tibre, les vestiges d’un aqueduc qui devait amener l’eau au PORTUS CLAUDII.

Vers le 14e mille de la VIA LAVINIENSIS, on voit les belles ruines d’un aqueduc qui se dirige vers le LAURENTUM de Torre Paterno.

Il s’en trouvait un autre entre la VIA ARDRATINA et LAVINUM. Il alimentait les réservoirs de cette dernière ville.

 

 

 



[1] J’ai sous les yeux la belle édition de Frontin par Rondelet, 1 vol. in-4° et atl. Paris, 1820. L’atlas est composé de deux cartes topographiques et de vingt-neuf autres planches. L’une des cartes donne la topographie de la Campagne romaine, et l’autre le plan de la ville. Toutes deux sont dressées pour l’intelligence de l’ouvrage de Frontin. Elles présentent la direction des neuf aqueducs principaux mentionnés par l’écrivain ancien, et celle de l’AQUA ALEXANDRINA, postérieure à cet empereur. Je ferai remarquer que ces différents tracés ne doivent pas être consultés avec une entière confiance ; ce ne sont, le plus souvent, que des lignes conjecturales, ce qui n’est point indiqué par l’auteur. Quoique M. Rondelet ait visité avec soin la Campagne romaine, il semble se conformer uniquement aux données fournies par Fabretti, et suppléer à son silence sur beaucoup de points par des hypothèses qui ne sont appuyées sur aucune preuve.

[2] De aquæduct, urb. Romæ, éd. Rondelet, p. 6.

[3] Frontin, c. XVIII, p. 26. Ed. Rondelet.

[4] Raph. Fabretti Gasparis f. Urbinatis de aquis et aquæduct. veteris Romæ, dissertationes tres. Romæ, 1680, p. 38.

[5] Raph. Fabretti Gasparis f. Urbinatis de aquis et aquæduct. veteris Romæ, dissertationes tres. Romæ, 1680, p. 39.

[6] Voy. le plan de Rome, pl. II de l’atlas de Rondelet.

[7] Voy. dans le plan de Rome de J. A. Léveil, au n° 269 (carte qui accompagne l’ouvrage de Dezobry, Rome au siècle d’Auguste).

[8] Frontin, § 6, p. 8.

[9] Frontin, c. XVIII, p. 26, éd. Rondelet.

[10] Frontin, c. XIX, p. 26, éd. Rondelet.

[11] Nibby, Itin. de Rome et de ses environs. Rome, 1849, éd. franç., vol. I, p. 184.

[12] Frontin, c. VII, p. 10 et 12.

[13] Frontin, c. XVIII, p. 26, éd. Rondelet.

[14] Annot. ad Cluver, geogr., fol. 130.

[15] Tel est du moins le texte adopté par Rondelet, p. 12, voy. la note 5, éd. 1820. Comp. les différents manuscrits : celui de Jocondo, celui du Mont-Cassin, celui d’Urbino.

[16] De aquis et aquæduct., p. 77, Rom., 1680.

[17] Voy. Nibby, Analisi, t. I, p. 567. Roma, 1837. Le savant Italien a rétabli cette inscription, inexacte dans Fabretti.

[18] La voici :

IMP • CAESAR

NERVAE • F • NERVA

TRAIANVS • AVGVSTVS

GERMANICVS • DACICVS

PONTIFEX • MAXIMVS

TRIBVNICIA • POTESTATE

IMP • III • COS • V

RESTITVENDAM • CVRAVIT

XXXVIII

[19] T. 1, p. 155.

[20] De aquis et aquæduct., Diss. II, p. 126 et 127. — Ce qui me paraît confirmer la conjecture et l’explication de Fabretti, c’est que la MARCIA, la JULIA, la TREPULA et l’ANIO VETUS avaient leurs piscines particulières entre le 70 mille et Rome. Ainsi, des six eaux qui se rendaient, selon Frontin, aux piscines du 7e mille, quatre avaient leurs piscines propres. Il ne reste donc que la CLAUDIA et l’ANIO NOVUS qui devaient avoir la leur au 7e mille, tandis que les autres eaux devaient seulement traverser cet endroit sans y être épurées.

[21] L. III, Eleg. 22.

[22] Voy. le dessin et la description de Fabretti. De aquis et aquæduct., Diss. II, p. 119 et sqq., Romæ, 1880.

[23] Front., c. LXXXVII, p. 84, éd. Rondelet.

[24] Front., c. VIII, p. 14, éd. Rondelet.

[25] Front., c. LXVIII, p. 66, éd. Rondelet.

[26] Front., c. IX, p. 14, éd. Rondelet.

[27] Front., c. LXIX, p. 66, éd. Rondelet.

[28] Front., c. IX, p. 14, éd. Rondelet.

[29] Viagg. ant., t. II.

[30] La Campagna romana esposta, etc., da Luigi Canina, 1845.

[31] Raph. Fabretti. De aquis et aquæduct. Diss. III, p. 151. Romæ, 1680.

[32] Front., c. X, p. 16, éd. Rondelet.

[33] Voy. le plan de Rome antique, par Léveil, qui accompagne Rome au siècle d’Auguste, de M. Dezobry.

[34] Front., c. XI, p. 18, éd. Rondelet.

[35] Frontin dit aussi qu’elle est tirée du lac SABATINUS, c. LXXI, p. 68. Voy. plus bas l’AQUA SABATINUS.

[36] Bulla LXXV Pauli V. Voy. Fabretti, De aquis et aquæduct., Diss. II, p. 83, Roma, 1680.

[37] Dissert. III, p. 186.

[38] C’est du moins de cette manière que je comprends le texte de Frontin, dont le vrai sens me paraît avoir échappé à M. Rondelet. Voici le passage :

.... Jungitur ei ad Spem Veterem, in confinio hortorum Torquatianorum et Plautianorum ramus Augustæ ab Augusto in supplementum ejus additus, imposito cognomine respondenti Gemellarum. Hic via Prænestina ad milliarium VI, diverticulo sinistrorsus passuum DCCCCLXXX, proxime viam Collatinam, accipit fontem, cujus ductus usque ad Gemellas efficit, rivo subterraneo passuum VI millia CCCLXXX. C. V, p. 8.

[39] Front., c. XII, p. 20, éd. Rondelet.

[40] Front., c. XIV, p. 22, éd. Rondelet.

[41] Grut., p. 232. — Voy. le texte donné par M. Egger, Recherches sur les Augustales, suivies des fragments du testament politique d’Auguste, connu sous le nom de Monument d’Ancyre. Paris, 1844, p. 97. (Extrait de l’Examen crit. des Hist. d’Auguste.)

[42] De aquis et aquæduct., diss. II, p. 77 et sqq., Roma, 1680.

[43] Front., c. XXI, p. 30, éd. Rondelet.

[44] De aquis et aquæduct., diss. I, p. 34 et sqq., Roma, 1680.

[45] Front., c. XIII et XIV, p. 20 et 22, éd. Rondelet.

[46] Front., c. XIV, p. 22.

[47] De aquis et aquæduct., diss. II, p. 77 et sqq.

[48] Nibby, Viaggio antiq., t. I, p. 181, Roma, 1819.

[49] Voy. le dessin de l’atlas de Rondelet.

[50] C. LXXXVII, p. 84, éd. Rondelet.

[51] Voy. atlas, pl. 2.

[52] Grut., p. 187.

[53] Front., c. XV, p. 22, éd. Rondelet.

[54] XLIII suivant le manuscrit de Jocondo, ce qui est impossible, puisque l’origine de l’ANIO NOVUS est au 42e milliaire ; d’ailleurs la position de ce ruisseau est déterminée par Frontin, qui le place vers les sources de la CLAUDIA.

[55] Frontin, c. XV, p. 24, et c. XIX, p. 28, éd. Rondelet. — Il s’agit de pieds romains de M. 0,296.

[56] C. XCIII, p. 90, éd. Rondelet.

[57] Ces initiales indiquent que l’aqueduc est mentionné par la Notice et par P. Victor.

[58] De aquis et aquæduct. Romæ, 1680, p. 174.

[59] Front., c. I.

[60] Ed. Rondelet.

[61] Je montrerai tout à l’heure que ces thermes recevaient encore l’eau d’un autre aqueduc.

[62] Act. martyrii S. Antonini.

[63] Voy. aussi Anastasii bibl., in Vita Honorii, sur la fondation de l’église Saint-Pancrace.

[64] Bulla LXXV. — Voy. la carte de Canina, Campagna romana, 1845 ; — Agri romani Tabula, Westphal.

[65] Voy. la réfutation de l’opinion de Ligori, qui en fait une dérivation de la TRAJANA. Fabretti, De aquis et aquæduct., diss. III, p. 178, Roma, 1680.

[66] Diss. III, p. 180.

[67] Diss. III, p. 156, Roma, 1680.

[68] Analisi, t. I, p. 122, Roma, 1837.

[69] Diss. III, p. 185, Roma, 1680.

[70] C. LXXI, p. 68, éd. Rondelet.

[71] Voy. Westphal, Agri romani Tabula.

[72] Diss. III, p. 180, Roma, 1680.

[73] Diss. III, p. 156 et 186, Roma, 1680.

[74] Analisi, t. I, p. 206, Roma, 1837.

[75] Fabretti, diss. III, p. 189, Roma, 1680.

[76] De aquis et aquæduct., diss. I, Rome, 1680.

[77] Voyez-en le tracé de Fabretti sur les planches I et II.

[78] L. I, c. XIX.

[79] Nibby, Viaggio antiq., t. I, p. 181, Roma, 1810.

[80] Voy. les planches in-folio qui accompagnent les Annali dell’ Instituto di corrispondenza archeol. de Rome, 1852.