ESSAI SUR LA TOPOGRAPHIE DU LATIUM

SECONDE PARTIE.

CHAPITRE III. — LES VOIES ROMAINES.

 

 

§ I. - LES ITINÉRAIRES ANCIENS.

Nous possédons trois monuments principaux sur les voies romaines :

L’Itinéraire d’Antonin, qui date de cet empereur ;

La Table de Peutinger, de l’époque de Théodose Ier ou de Théodose II, et qui serait par conséquent de la fin du IVe siècle, ou du commencement du Ve[1] ;

L’Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, qui semble de très peu de temps postérieur à la Table Théodosienne, mais dont la date exacte n’est pas connue.

J’insiste sur la différence d’époque des deux premiers Itinéraires, car de fréquentes observations m’ont conduit à considérer comme très faux le système qui consiste à combiner les distances fournies par ces divers monuments, et comme très inutiles les efforts qu’on a faits jusqu’à présent pour les accorder entre eux. Il est aussi impossible de concilier les différentes distances qu’ils nous fournissent, que de faire cadrer nos routes modernes avec celles de l’époque de Louis XIV. Je n’ai pas besoin de dire que, sur presque tous les points, l’on trouverait de notables différences. Si les villes et les bourgades ne changent point de place, les voies qui les relient entre elles ne présentent plus le même parcours. L’art de l’ingénieur a su éviter, dans les pays montagneux, les pentes trop rapides et nous a donné des routes plus longues, il est vrai, mais plus commodes et plus sûres. Sur d’autres points, au contraire, les courbes tracées par les routes se sont plus rapprochées de la ligne droite, soit que l’on n’eût plus les mêmes intérêts privés à ménager, soit que l’importance des localités ait varié et que le mouvement industriel et commercial, en se déplaçant, ait modifié le tracé des grands chemins. La même chose a eu lieu chez les Romains. Il faut donc tenir compte de toutes les circonstances qui ont dû amener des changements dans la direction des voies publiques de l’Empire, depuis le IIe siècle jusqu’au Ve, et ne pas chercher à combiner et à accorder entre eux des Itinéraires dressés à des époques si différentes.

J’ai remarqué que les distances fournies par la Table de Peutinger sont, presque partout, plus longues que celles de l’Itinéraire d’Antonin, et particulièrement dans les pays montagneux. On comprend en effet que, tous les services publics étant plus compliqués à cause de la hiérarchie administrative, militaire et financière établie sous Dioclétien et sous Constantin, les routes dussent être plus commodes, mieux entretenues et, par conséquent, présenter des pentes mieux ménagées[2]. Je ne vois pour ainsi dire point de différence entre les trois Tables pour les routes qui, à notre connaissance, n’ont point changé de direction depuis la République jusqu’à la fin de l’Empire.

 

§ II. - LE RAPPORT DU MILLE ROMAIN AVEC LE MÈTRE DÉFINITIVEMENT FIXÉ.

Je rappellerai ici l’importante rectification faite récemment dans la mesure du mille ancien comparé au mètre.

Ideler, dans son savant mémoire sur les mesures anciennes[3], avait trouvé que le pied romain égalait

M. 0,2955.

M. Canina, dans sa grande carte de la campagne romaine, publiée en 1845, avait fixé le rapport du pied romain au mètre à

M. 0,297.

Or, le mille romain étant de 5000 pieds juste, on obtenait le rapport suivant :

D’après Ideler, 1 mille = M. 1477,50.

D’après Canina, 1 mille = M. 1485,00.

Mais le savant italien ayant fait mesurer avec soin la colonne Trajan, qui avait juste 100 pieds romains, a trouvé :

M. 29,655.

Il a donc obtenu le rapport suivant, qui est certain et définitif :

Le pied romain = M. 0,29655.

Donc

1 mille = M. 1482,75.

Je remarque que les 3 milles romains reproduisent presque exactement notre ancienne lieue légale de France :

3 milles = M. 4448,25.

L’ancienne lieue légale de France = M. 4444,00.

La différence entre les 3 milles anciens et la lieue de poste de 4 kilomètres est donc de

M. 448,25.

 

§ III. — IL FAUT COMPTER LES MILLES DES VOIES ROMAINES À PARTIR DE L’ENCEINTE DE SERVIUS TULLIUS.

Les deux enceintes de l’ancienne Rome ont été retrouvées et peuvent être tracées l’une et l’autre avec certitude. Ce sont : l’enceinte dite de Servius Tullius et l’enceinte dite d’Aurélien ; cette dernière a été refaite et agrandie sur plusieurs points par Honorius. La première est entièrement embrassée par la seconde. Les géographes ont été longtemps incertains sur le point de départ des milles. Devaient-ils se compter à partir du mille d’or qui était au FORUM, ou bien à partir de l’une des deux enceintes ? Ces doutes ne sauraient plus exister. Westphal avait compté les milles sur sa carte à partir de l’enceinte de Servius Tullius. Les bornes qu’on a retrouvées en place confirment l’opinion suivie par le géographe allemand.

Le premier milliaire de la voie Appienne, qui est placé aujourd’hui sur la balustrade du Capitole, a été trouvé non loin de la porte S. Sebastiano, au casino della villa Casali. La place où il fut découvert prouve que l’on commençait à compter de la porte CAPENA de l’enceinte de Servius et non de la porte APPIA de l’enceinte d’Aurélien[4]. Ce premier milliaire est en marbre blanc ; on y lit les deux inscriptions suivantes :

I

IMP • CAESAR

VESPASIANVS • AVG

PONTIF • MAXIM

TRIB • POTENTAT • VII

IMP • XVII • P • P • CENSOR

COS • VII • DESIGN • VIII

 

IMP • NERVA • CAESAR

AVGVSTVS • PONTIFEX

MAXIMVS • TRIBVNICIA

POTESTATE • COS III • PATER

PATRIAE • REFECIT

 

§ IV. — VIA APPIA.

Je commence par la VIA APPIA, la plus célèbre des voies romaines, sur laquelle on a tant écrit jusqu’à nos jours[5]. Les importantes fouilles qu’on a entreprises sur cette voie, et qui sont à peine terminées, ont mis à découvert la longue suite de tombeaux qui se trouvent entre Rome et BOVILLÆ. L’espace considérable compris entre le 5e et le 12e mille a été exploré dans ces derniers temps à la gloire du pontificat de Pie IX. L’étude de cette topographie est donc toute nouvelle. Ces travaux ont été dirigés avec une profonde intelligence et une rare habileté par le savant ingénieur en chef M. Luigi Canina. L’Institut archéologique de Rome s’occupe, dans ses séances, de constater les découvertes à mesure qu’elles se font, de les mettre en lumière et d’en produire les résultats dans le monde savant. Enfin Borghesi, le patriarche de l’épigraphie ; Cavedoni, le célèbre numismatiste ; les savants Visconti, Henzen, Jacobini, Rossi, Campana, Pietro Rosa, par l’autorité que leur donnent une érudition profonde, une critique exercée et des connaissances spéciales, ont répandu sur les fouilles de la voie Appienne l’intérêt le plus vif et le plus neuf. Guidé par les doctes conseils et les précieuses indications de plusieurs d’entre eux, j’ai visité moi-même, leurs livres à la main, cette immense nécropole de quatre lieues ; j’ai pu apprécier les beaux résultats auxquels ils sont parvenus, et c’est pour ainsi dire le résumé de leurs travaux que je présente ici. Je n’ose y ajouter qu’un petit nombre d’observations personnelles que j’ai faites en suivant les pas de tant d’hommes dont les noms sont illustres dans la science.

La porte Capena.

La porte CAPENA n’existe plus, mais on connaît sa position à quelques mètres près. Les murs de Servius Tullius suivaient le flanc oriental du CŒLIUS, comprenant dans Rome l’espace occupé par l’église S. Stefano rotondo et la villa Mattei. C’est précisément au-dessous de cette villa, et tout près de l’endroit où la rue moderne dite della porta S. Sebastiano coupe le petit ruisseau de la Marrana, que se trouvait la porte CAPENA[6]. L’eau MARCIA passait au-dessus de cette porte d’après le témoignage de Frontin[7], confirmé par Juvénal[8] et par Martial[9]. Les thermes de Caracalla étaient en dehors des anciens murs de Servius ; mais ils étaient compris dans l’enceinte dite d’Aurélien. Il ne faut pas cependant que ce nom d’enceinte d’Aurélien nous trompe : cet empereur n’est assurément pas le premier qui ait reculé, de ce côté, l’enceinte de Rome. C’est entre les règnes de Trajan et de Caracalla qu’il faut placer, je crois, cette extension des murailles de la ville au sud ; car il parait assuré que Caracalla n’a point construit ses thermes en dehors de la ville ; d’autre part, Juvénal nous représente Umbricius sortant de Rome par la porte CAPENA :

Substitit ad veteres arcus madidamque Capenam, etc.       

C’était donc encore l’enceinte dite de Servius qui terminait la ville au temps du poète.

Ier MILLE.

Si, du point que j’ai indiqué comme étant l’emplacement de la porte CAPENA, nous suivons la ligne des tombeaux, nous ne nous écarterons pas sensiblement de la route moderne dite via della porta S. Sebastiano. Cette strada représente donc à peu de chose près la direction de l’ancienne VIA APPIA. Cependant, elle n’a pas dû toujours suivre cette ligne courbe dans le parcours du premier mille, ainsi que je tâcherai de l’établir bientôt.

1. Le premier objet qui frappe les yeux, à gauche, en partant de l’endroit où était la porte CAPENA[10], c’est le petit ruisseau appelé aujourd’hui la Marrana, qui arrose l’étroite vallée comprise entre le CŒLIUS et le Monte d’Oro, et dans laquelle s’élève aujourd’hui l’église S. Sisto. C’est la fameuse vallée d’EGERIA, placée très mal à propos par les anciens géographes dans la Caffarella, à 2 milles de Rome. Il suffit de lire les vers si connus de Juvénal (3e satire) pour se convaincre que la source et la grotte de la Nymphe, le bois sacré, le temple des Muses[11], étaient dans cet étroit vallon ; désert et triste aujourd’hui, mais si animé, au temps de Juvénal, par la population de mendiants qui avait déjà mis en fuite la sage conseillère de Numa. — C’est aussi dans cette petite vallée que devait être la fontaine de Mercure ou plutôt l’AQUA MERCURA dont parle Ovide :

Est aqua Mercurii portæ vicina Capenæ.

Si juvat expertis credere, numen habet[12].

2. Je ne parle pas des thermes de CARACALLA, situés à droite en face de la vallée d’EGERIA ; ils ont été savamment restitués par Canina, et ses dessins ont été reproduits et publiés par un jeune architecte français.

3. D’après Strabon[13], la séparation de la VIA APPIA et de la VIA LATINA, avait lieu à quelque distance de la porte CAPENA. Cette bifurcation, extérieure à la ville à l’époque du géographe grec, fut enfermée dans l’enceinte d’Aurélien. Aussi ouvrit-on une porte, la porte LATINA, pour donner passage à cette voie. La séparation des deux routes devait avoir lieu à l’endroit même de la via della porta S. Sebastiano où l’on trouve, à gauche, la via della porta Latina, vis-à-vis l’église S. Cesareo. La porte LATINA, fermée aujourd’hui, est parfaitement reconnaissable.

4. C’est mal à propos que Nibby place le FANUM et le CLIVIS MARTIS à droite, avant la porta S. Sebastiano. Le monument de SALVIA MARCELLINA a permis de fixer exactement la position de ce temple au delà des murs d’Aurélien et du 1er mille[14]. J’en parlerai bientôt.

5. A gauche, dans la Vigna n° 13, dite Vigna Sassi, sous le pape Pie VI, on découvrit le tombeau des Scipions en 1780. Le sénateur vénitien Angelo Querini a recueilli précieusement les dépouilles de ces héros, et les a transportées dans sa maison de campagne d’Altichiero près de Padoue. Toutes les inscriptions ont été publiées depuis longtemps. Le sarcophage de L. Scipio Barbatus, consul l’an de Rome 456, est au Vatican[15]. J’en reproduis l’inscription archaïque, afin qu’on puisse la comparer avec celles que j’aurai à citer plus loin :

CORNELIVS • LVCIVS • SCIPIO • BARBATVS • GNAIVOD • PATRE

PROGNATVS • FORTIS • VIR SAPIENSQVE • QVOIVS • FORMA • VIRTVTEI • PARISVMA

FVIT • CONSOL • CENSOR • AEDILIS • QVEI • FVIT • APVD • VOS • TAVRASIA • CISAVNA

SAMNIO • CEPIT • SVBIGIT - OMNE • LOVCANA • OPSIDES QVE • ABDOVCIT

6. Dans la Vigna Codini n° 14, qui suit immédiatement la précédente, à gauche de la route, se trouvent plusieurs COLUMBARIA. Je ne parlerai pas de celui qui fut découvert en 1830, et qui est désigné sous le nom de COLUMBARIUM de POMPONIUS HYLAS. Il est vers la VIA LATINA, ainsi que celui des AFFRANCHIS D’OCTAVIE, mis au jour en 1832. Deux autres, plus rapprochés de la VIA APPIA, ont été découverts à une époque plus récente (1845), et ont été restaurés avec beaucoup de soin et d’habileté par M. Pietro Campana[16]. Celui qui est le plus près du mur d’enceinte d’Aurélien est désigné sous le nom de COLUMBARIUM della corte de’ primi Cesari[17]. Il est spacieux et d’une conservation admirable. Il a été décrit par M. Campana, qui en a publié les inscriptions[18]. En visitant ce COLUMBARIUM, j’ai été si frappé du sens d’une des inscriptions qu’il renferme, et je la trouve si curieuse, que je cède au plaisir de la reproduire ici :

CAESARIS • LVSOR

MVTVS ARCIVS INITATOR

TI • CAESARIS AVGVSTI QVI

PRIMVM INVENIT CAVSIDICOS INITARI

L’Intimé et Petitjean ne sont point, comme on voit, une création moderne. — Près de ce COLUMBARIUM, on en a trouvé un autre, également en 1845, et qui est désigné sous le nom de COLUMBARIUM POMPEII MAGNI[19]. — Enfin, deux mois avant mon arrivée à Rome (1852), on en avait découvert un troisième presque sur le même alignement ; mais celui-ci est plus éloigné de l’enceinte d’Aurélien. On le désigne sous le nom de NOVUM COLUMBARIUM, pour le distinguer des deux autres. Il est d’une époque un peu postérieure et parait appartenir au temps d’Adrien. Sa forme est très remarquable et tout à fait exceptionnelle. Il présente la figure d’un carré auquel il manque un côté. On y descend par un escalier d’une vingtaine de marches. Il renferme un très grand nombre de niches cinéraires ; mais, dans la partie inférieure, on y voit des tombeaux renfermant les dépouilles de corps entiers qui n’ont point été brûlés. J’ai trouvé chez le custode une mâchoire renfermant l’obole de Caron, que je me suis procurée et que j’ai rapportée comme un rare et précieux témoignage de la belle conservation de ces dépouilles humaines[20]. J’ai relevé, dans ce COLUMBARIUM, plusieurs inscriptions fort curieuses. Je me bornerai à en donner deux qui me paraissent avoir le plus grand intérêt. Voici la première :

C • IVLIO CHRYSANTO

ET • P • AELIVS • AVG • LIB • EVTYCHVS • PRAEPOSITVS • VELARIS

CASTRENSIBVS • FECIT • ET • SIBI • ET • SVIS • POSTERISQ • EORVM

Cette fonction de PRÆPOSITOS VELARIIS CASTRENSIBUS était entièrement inconnue. M. Canina, auquel j’en ai parlé, pense que c’étaient les employés chargés de tendre et de plier les voiles dans les théâtres des camps. S’il m’est permis de donner mon avis, je crois plutôt que c’étaient les hommes préposés à l’entretien des tentes des soldats. La seconde inscription n’est pas moins curieuse ; elle nous fait connaître quelle était la suite d’un DISPENSATOR AD FISCUM dans la Gaule au IIe siècle :

MVSICO • TI • CAESARIS • AUGVST

SCVRRANO • DISP AD FISCVM • GALLICVM

PROVINCIAE LVGDVNENSIS

EX • VICARIIS • EIVS • QVI CVM • EO • ROMAE CVM

DECESSIT • FVERVNT • BENEMERITO

VENVSTVS NEGOT

AGAHOPVS • MEDIC

FACILIS • PEDISEQ

DECIMIANVS • SYMP

EPAPERA • ABARGEN

ANTHVS • AB • ARG

DICAEVS • AMANY

PRIMIO • AB • VESTE

HEDYLYS • CYBICV

MVTATVS • AMANY

COMMVNIS • A • CVBIC

FIRMVS COCVS

CRETICVS • AMANV

POTHVS • PEDISEQ

SECVNDA

 

†ASVS • COCVS

 

7. La VIA APPIA devait passer, comme fait aujourd’hui la route moderne, sous l’arc de DRUSUS, qui était autrefois surmonté de la statue équestre de ce personnage[21] entre deux trophées. On y lisait l’inscription suivante :

NERO CLAVDIVS DRVS GERM IMP

Les ornements, l’inscription, le revêtement de marbre, n’existent plus aujourd’hui. Le conduit (specus) qu’on voit dans la partie supérieure de ce monument, et les arcades qui sont à gauche[22], appartiennent à un ancien aqueduc qui conduisait une prise d’eau de la MARCIA aux thermes de Caracalla[23].

8. Après avoir franchi la porte APPIA, réparée par Bélisaire, un peu avant d’arriver à l’emplacement présumé du temple de MARS EXTRA-MURANEUS, on trouvait la première borne, posée par Vespasien, et dont j’ai reproduit plus haut l’inscription.

La route n’était pas droite dans le parcours de ce premier mille. Dans le parcours du second mille, elle décrivait une courbe encore plus prononcée ; mais, à partir du troisième mille, elle était rectiligne presque sans déviation importante jusqu’à TERRACINA :

(Pour ce premier mille et les trois suivants, voyez l’Appendice III.)

IIe MILLE.

1. Nous savons, par l’inscription que je cite plus bas, que le temple de Mars était à gauche de la route entre le 1er et le 2e milliaire, et que, près de ce temple, était une édicule et une statue d’Esculape[24]. Il est vrai qu’Ovide donne à entendre que le temple de Mars était à droite de la route

Lux eadem Marti festa est quem prospicit extra

Appositum, dextræ Porta Capena viæ, etc.[25]

Mais il faut se rappeler qu’au temps d’Ovide la porte APPIA n’existait pas, et que le parcours de la voie devait présenter une courbe moins prononcée vers le sud près de la vigne 14. Le temple de Mars se serait trouvé à droite de l’ancienne route et à gauche de la nouvelle, qui passait sous l’arc de Drusus. Voici l’inscription de l’édicule .

SALVIA • C • F • MARCELLINA

OB • MEMORIAM • FL • APOLLONII • PROC • AVG

QVI • FVIT • A • PINACOTHECIS • ET • CAPITONIS • AVG • L • ADIVTORIS

EIVS • MARITI • SVI • OPTIMI • PUSSIMI • DONVM • DEDIT • COLLEGIO

AESCVLAPII • ET • HYGIAE • LOCVM • AEDICVLAE • CVM • PERGVLA

ET • SIGNVM • MARMOREVM • AESCVLAPII • ET • SOLARIVM

TECTVM • IVNCTVM • IN • QVO • POPVLVS • COLLEGII • S • S

EPVLETVR • QVOD • EST • VIA • APPIA • AD • PARTIS • INTRA

MILLIARIVM • I • ET • II • AB • VRBE • EVNTIBVS • PARTE • LAEVA

INTER • ADFINES • VIBIVM • CALOCAERVM • ET • POPVLVM

On sait qu’un CLIVUS conduisait à ce temple situé sur une petite éminence à gauche, et un peu après la 1re borne. Voici l’inscription qui fut trouvée près de la porte San Sebastiano :

SENATVS

POPVLVSQVE

ROMANVS

CLIVOM

MARTIS

PECVNIA • PVBLICA

IN • PLANITIAM

REDIGENDVM

CVRAVIT[26]

2. L’arc triomphal de Trajan était presque en face. Il n’en reste rien aujourd’hui, mais cette position est reconnue.

3. A droite et à gauche se trouvaient des tombeaux peu importants, et l’on arrivait au petit fleuve ALMO que l’on passe, comme autrefois, sur un pont. Au delà se trouve l’osteria di Acquataccio.

4. Quelques pas plus près de Rome, à gauche, est une grande ruine surmontée d’une baraque moderne ; c’est le SEPTIZONIUM de GETA[27].

5. Un peu plus loin, toujours à gauche, est l’église Domine-quo-vadis. A quelques pas de là, la route moderne se partage en deux. Celle de droite représente la direction de la VIA APPIA. Presque vis-à-vis l’église Domine-quo-vadis, mais un peu plus près de Rome, à droite de la route, est une vaste ruine dans l’osteria même di Acquataccio. Le soubassement de cet édifice est carré et revêtu de grosses dalles ; le second ordre est rond et orné de niches sur le pourtour. Jusqu’en 1780, on a cru que c’était le tombeau des Scipions. Mais une inscription, trouvée dans les environs, a fait connaître que c’était le tombeau de PRISCILLA, femme d’ABASCANTUS, favori de Domitien, monument mentionné par Stace[28].

6. Un peu après ce tombeau, sont les traces d’une voie antique qui se détachait de la VIA APPIA, à droite entre la 1re et la 2e borne, et rejoignait la VIA ADREATINA[29].

7. J’ai dit que tout près de l’église Domine-quo-vadis, la route se partageait. Le chemin de gauche est moderne et conduit à la vallée de la Caffarella, dans laquelle se trouvent, 1° le petit temple attribué à tort au dieu REDICULUS ; 2° le NYMPHEUM dit improprement D’ÉGÉRIE ; 3° le temple de BACCHUS, au-dessus du NYMPHEUM, aujourd’hui chapelle Sant’ Urbano. Cette petite vallée formait une partie du PAGUS SULPICIUS CITERIOR. Je parlerai plus bas du PAGUS SULPICIUS ULTERIOR. La route qui est à droite continue dans la direction de la VIA APPIA. Ici se termine la courbe dont j’ai parlé plus haut.

8. Un peu plus loin que le chemin de la Caffarella, sur la gauche, se trouve, dans la vigne Vagnolini, le COLUMBARIUM DES ESCLAVES D’AUGUSTE.

9. Je dois mentionner les cippes et les inscriptions de la famille VOLUSIA, toujours à gauche, dans la Vigna Casali.

10. Dans l’endroit où l’on trouve, à gauche, la vigne Benci, avant le 2e milliaire, on découvrit en 1726 le tombeau des affranchis et des esclaves de LIVIA AUGUSTA, qui a été décrit et expliqué par Gori[30]. Toutes les inscriptions qu’il renfermait ont été relevées et publiées depuis plus d’un siècle. Il ne reste presque plus rien de ces ruines.

11. C’est à la droite de la route, vers le 2° mille, que devaient être le champ et le temple du dieu REDICULUS, d’après Pline (Hist. nat., l. X, c. LX).

IIIe MILLE.

A partir du 2e milliaire, la route descend dans un vallon étroit, pour remonter presque aussitôt jusqu’au tombeau de CÆCILIA METELLA. C’est au fond de ce vallon, à gauche, qu’est le cirque de ROMULUS, fils de Maxence.

1. À droite, se trouve la fameuse Vigna Ammendola[31], où l’on a fait de si belles découvertes. La dernière qui mérite d’être citée est celle du COLUMBARIUM de C. ANNIUS POLLIO[32] et de celui de la GENS CÆCILIA (1819-1823).

2. Un peu plus loin, à gauche, est un chemin qui coupait autrefois la VIA APPIA. Je montrerai plus bas que c’était probablement la VIA ASINARIA, dont le prolongement gagnait la VIA ARDEATINA.

3. Un peu avant ce chemin, à 2 milles et demi de Rome, se trouve, à droite, la basilique San Sebastiano et l’entrée principale des Catacombes. La route descend sensiblement vers le Cirque, le temple de Romulus, fils de Maxence, et la villa impériale. M. Canina a donné le plan de ces vastes édifices et la restitution du Cirque (dessin). Les CARCERES, la SPINA, les portes, les gradins sont parfaitement reconnaissables, et l’état de conservation de ce cirque nous permet de nous faire une idée très exacte de ces somptueux édifices. On sait que c’est en 1825 seulement que, dans une fouille faite par ordre du duc de Torlonia, l’on trouva l’inscription qui permit d’attribuer l’origine de ces monuments, cirque, temple et villa, à Romulus, fils de Maxence. Voici l’inscription restituée d’après les médailles :

DIVO • ROMVLO • N • M • V

COS • ORD • II – FILIO

D • N • MAXENTII • INVICT

VIri • et • perp • AVG • NEPOTI

T • DIVI • MAXIMIANI • SENi

OBIS • AC • his • augusti

L’entrée du Cirque est opposée à la VIA APPIA ; c’était un embranchement de la VIA ASINARIA qui devait y conduire.

4. Le tombeau de CÆCILIA METELLA, femme de Crassus le Riche, est à la 3° borne. Les créneaux qui surmontent ce gigantesque mausolée sont de 1299, époque où les Gaetani s’y fortifièrent. On voit encore les ruines de l’enceinte de l’église et du palais dépendant de ce château du moyen âge. Cet endroit est désigné aujourd’hui sous le nom de Capo di Bove.

5. Je rappellerai seulement ici la Vigna Strozzi, voisine du tombeau de CÆCILIA METELLA, et dans laquelle furent trouvés, en 1766, trois cariatides de Criton et Nicolaüs, artistes grecs, que Winckelmann place à l’époque de Jules César. Ces cariatides sont à la Villa Albani[33]. On sait que c’est près de ce même tombeau de CÆCILIA METELLA que l’on découvrit la fameuse pierre qui représente le portrait de SEXTUS POMPEIUS, et qui a été décrite par Winckelmann[34].

IVe MILLE.

A partir de la 30 borne, la voie ne présente plus de montée ni de descente sensible avant le 11e mille.

Les fouilles faites entre le 3e et le 4e milliaire ne sont pas toutes récentes. On voit, à droite et à gauche, des tombeaux dont les inscriptions et les dessins ont été reproduits pour la plupart.

Ce qui paraît surtout remarquable, à partir du tombeau de CÆCILIA METELLA, c’est la belle conservation du pavé romain et des trottoirs des deux côtés de la route. La largeur de la voie, entre les trottoirs, est de 15 pieds romains. Deux chars seulement pouvaient y passer de front. Dans certains endroits, l’empreinte des roues est encore marquée comme dans les rues de Pompéi. Le seul monument que je citerai entre les deux bornes est le célèbre tombeau de SERVILIUS QUARTUS, découvert par l’illustre Canova en 1808. On en voit les restes à gauche de la route.

Ve MILLE.

C’est à partir de la 4e borne qu’on a commencé les dernières fouilles. Elles ont été poussées depuis cet endroit jusqu’à BOVILLÆ, pendant les années 1850, 51, 52 et 53.

1. A 2 mètres 30 centimètres du 4° milliaire, se trouve, à gauche, le petit Sarcophage, dit de Sénèque. Il n’a point d’inscription, et le bas-relief du fronton représente un homme mourant, toutes circonstances qui semblent confirmer la destination qu’on lui a attribuée. Car Tacite dit[35] que Sénèque reçut l’ordre de se tuer dans un fonds de terre situé au 4e mille de Rome, pendant qu’il revenait de Campanie. La voie Appienne semble clairement désignée dans ce passage. Sénèque devait s’être arrêté à cet endroit même, dans une de ses villas. L’absence d’inscription est encore un indice favorable à cette conjecture ; car le monument fut élevé sans doute sous Néron. L’on s’est contenté d’y représenter un homme mourant, et dans un autre bas-relief, une scène tirée de l’histoire d’Hérodote[36] et relative à Crésus, ce qui semblait être une prédiction de la fin qui attendait Néron lui-même.

2. Le grand tombeau de forme circulaire qui suit est demeuré inconnu.

3. A peu de distance de là, la route est traversée par un chemin. L’on retrouve à cet endroit les traces d’un petit pont qui date du moyen âge, car les pierres qui ont servi à le construire sont des débris de tombeaux.

4. Toujours à gauche, se trouve le tombeau que SEXTUS POMPEIUS JUSTUS, affranchi d’un des membres de la famille de SEXTUS POMPEIUS (branche collatérale de la famille du grand Pompée), fit élever à ses fils. Telle est l’opinion de Borghesi[37]. L’inscription est composée de huit distiques. L’illustre épigraphiste italien en a proposé la restitution suivante, adoptée par Visconti :

HIC • SOROR • ET • FRATER • VIVentis • damnA • PAReNTIS

AETATE • INPRIMA • SAEVa • rapiNA • tuliT

POMPEIA • HIS • TVMVLIS • COmes • aNTEIT • funeRIS[38]

HAERET • ET • PVER • INMITES • QVEm • rapuere • DEI

SEX • POMPEIVS • SEXTI • PRAECo • Agnomine • iVSTVS

QVEM • TENVIT • MAGNi • maxima • honore • domVS

INFELIX • GENITOR • GEMINA • iam • prole - reliCTVS

AMATIS • SPENRANS • QVI - DEDerit • titulOS (sic)

AMISSVM • AVXILIVM • FVNCTAE • POST - funera - NATAE

FVNDITVS - VT • TRAHERENT • INVIDa • fata • IAREM

QVANTA - IACET • PROBITAS • PIETAS • QVAM • VERA • sepVLTA • EST

MENTE • SENES • AEVO • SED • PERIERE • brevI

QVIS • NON - FLERE • MEOS • CASVS • POSSITQ • DOLORE (sic)

cur • dVRARE • QVEAM • BIS • DATVS • ECCE ROGIS

SI • SVNT • DI • MANES • IAM • NATI • NVMEN • HABETIS

PER • VOS • CVm • VOTI • NON • VENIT • BORA • MEI •

M. Henzen remarque[39] que le cinquième vers ainsi restitué est faux ; mais ce n’est pas la seule faute qui se rencontre dans cette inscription. Malgré ce qu’on peut alléguer en faveur de la version de PRÆCO[40], je crois avec M. Henzen qu’il conviendrait mieux de lire PRÆCLAro nomine, ce qui ferait sans doute un pied de trop ; mais, comme le vers est faux dans les deux hypothèses, je préfère la seconde, et voici pourquoi : La profession de PRÆCO eût-elle accompagné la haute fortune que fait supposer la richesse du monument, on ne peut croire qu’elle eût été tellement en honneur, qu’un personnage vivant s’en parât inutilement dans une inscription tumulaire consacrée à ses enfants.

5. Du même côté de la route, est un petit édifice ayant la forme d’un temple, avec trois niches. Il ne reste que la cella. Les colonnes et les chapiteaux du portique ont été enlevés à l’époque de la découverte, en 1850. Or, on voit dans les Actes des Martyrs qu’il y avait, au 4° mille de la VIA APPIA, un endroit où l’on conduisait les chrétiens pour les forcer à adorer la statue de Jupiter[41]. C’était vers le PAGUS SULPICIUS. Nous avons déjà mentionné un autre PAGUS de ce nom. L’autel du Musée du Vatican, décrit par Marini[42], nous fait connaître en effet deux PAGI SULPICII. En voici l’inscription archaïque :

MAG • DE • DVOBVS - PAGEIS • ET • VICEI • SVLPICEI

Le PAGUS citérieur était, comme nous l’avons dit, à la vallée de la Caffarella, et le PAGUS ultérieur au 4° mille. Les monuments anciens trouvés près de cet endroit, en 1823, par Francesco Capranesi, sont sans doute les restes d’un ancien VICUS SULPICIUS. Quant au temple, il devait contenir la statue de Jupiter dans la niche du fond ; celles de Junon et de Minerve dans les niches latérales, à l’imitation du temple de Jupiter Capitolin. Il est de la dernière époque de l’empire.

6. Un peu au delà de ces ruines, à droite, se trouve le tombeau élevé par C. PLINIUS ZOSIMUS à C. PLINIUS EUTYCHUS, que Borghesi[43] croit être le même affranchi dont Pline le Jeune parle dans la lettre XIX du livre V. L’inscription grecque de ce tombeau a déjà été donnée par Jacobini[44] et par Henzen[45]. La conjecture de Borghesi la rend intéressante et m’engage à la reproduire ici

Γ • ΠΛΕΙΝΙΟΙ

ΕΥΤΥΧΟΙ

ΚΩΜΟΛΟΙ

Γ • ΠΛΕΙΝΙΟC

ΖΩΣΙΝΟC

ΣΥΝΤΟΦΩΙ • ΚΑΙ

ΑΠΕΛΕΥΘΕΡΩΙ

ΤΕΙΜΙΩΤΑΤΩΙ

7. Immédiatement après, se trouve, du même côté, le tombeau élevé à LICINIA PAULA par C. LICINIUS, de la tribu SERGIA.

8. Un peu plus loin, du même côté, se voit un monument dorique que Canina croit antérieur à l’Empire[46].

9. Un peu plus loin, toujours à droite, est le monument d’HILARIUS FUSCUS, de l’époque des Antonins.

10. Immédiatement après la petite enceinte quadrangulaire que l’on trouve un peu plus loin, côté droit, est le tombeau de T. CLAUDIUS SECUNDUS exerçant la profession de coactor, et d’autres personnes de sa famille[47].

11. Du même côté, se trouve le tombeau attribué par Canina[48], d’après un fragment d’inscription, à Q. APPULEIUS PAMPHILUS.

12. A gauche, est le tombeau de JASDIUS DOMITIANUS, que Borghesi[49] croit avoir été LEGATUS d’Alexandre Sévère, ce qui l’amène à prouver l’existence d’une nouvelle famille consulaire dans la gente JASDIA. Canina a trouvé, à peu de distance de cette inscription mutilée, un bas-relief qui représente les faisceaux consulaires, et qui devait appartenir à ce monument.

Voici la restitution proposée par Borghesi :

. . . . . leg • AVG • PRo • præt • provinciæ

syriæ • phœnicIAE • leg • aVG • PR • Pr - prov • rhaetiae • cvrat

vine • aemILIAE • PRAEF • ALim • leg • leG • XIIII • GEX • cvrat

rei • P • FVLGINATIVM • prætori • æDILI • CVRVLi • qvæstori

prov • ACHAIAE • TRIB • LAT • Leg • i • ad • iiiv • cap • IASDII • DOMiti

anus . . . . . et . . . . . fili • paTRI • optimo • fec.[50]

13. Presque vis-à-vis de ce monument, à la droite de la route, est un bas-relief représentant trois figures, une figure d’homme et deux de femmes, avec leurs noms gravés au-dessous.

Protome viri.

Mulieris.

Puellos.

C • RABIRIVS • POST • L

RABIRIA

VSIA • PRIMA • SAC

HERMODORVS

DEMARIS

ISIDIS

Le sistre propre au culte d’Isis est gravé à côté de la troisième inscription[51]. Je donne, après Canina, l’admirable ornement qui couronne ce tombeau (planche n° 5).

14. Un peu plus loin, à droite, sont deux tombeaux construits avec un art remarquable : l’un, en pierre tiburtine, qui est du milieu de l’époque impériale, appartenait à A. ÆMILIUS ALEXA, à ÆMILIA PHILUSA et à M. CLODIUS PHILOSTORGUS ; l’autre, construit en pierre albaine, est d’une époque un peu plus ancienne (inconnu)[52].

15. Un peu plus loin, du côté droit, est un tombeau très remarquable par sa belle architecture, et qui date de la fin de la République ou du commencement de l’Empire (inconnu)[53].

16. Encore un peu plus loin, à droite, est un tombeau avec une porte décorée à la façon des monuments étrusques, que les Romains imitaient dans les premiers temps (inconnu).

17. À très peu de distance, du côté droit, est le tombeau qui porte l’inscription suivante. Elle a donné lieu à de curieux commentaires de Borghesi et de Cavedoni :

L • VALERIVS • M • L • OVF • GIDDO

L • CALPVRNIVS • M • L • MENOPHIL

VALERIANVS

VALERIA • L • L • TRVPHERA[54]

18. Tout près de ce dernier, du côté droit, est le tombeau d’un certain ANTIOCHUS, dont le titre, COACTOR INTER AERARIOS, est assez remarquable :

A • ARGENTARI • A • L • ANTIOC • A....

COACTOR • INTER • AERARIOS A....

OCTAVIAE • L - L • EPICHAR • SOROR....[55]

19. Presque en face, à gauche, est un tombeau digne, par l’art exquis qui a présidé à sa construction, de fixer l’attention des archéologues.

20. Du même côté, un peu plus loin, est le tombeau de P. CACURIUS PHILOCLES[56], et celui que JUNIA PROCULA fit élever à la mémoire de son mari, Q. FLAVIUS CARRO, et de son fils, Q. FLAVIUS PROCULUS, soldat dans la 12e cohorte urbaine[57].

21. Du même côté, est le tombeau de P. FAIANUS SATURIO[58].

22. Un peu plus loin, à droite, sont des ruines considérables sans inscriptions. On y a trouvé une statue d’un beau style qui a été envoyée au Musée du Vatican.

23. Du même côté, à peu de distance, est un tombeau dont on n’a retrouvé que l’inscription mutilée, qui porte LOTIVS, Plotius[59].

24. Tout prés de là, du côté droit, on lit l’inscription suivante, dont les noms étrangers ont fourni la matière de savantes observations à MM. Borghesi et Cavedoni :

L • VALERIVS • L • L

BARICHA

L • VALERIVS • L • L

ZABDA

L • VALERIVS • L • L

ACHIBA[60]

25. Vis-à-vis, du côté gauche, est le tombeau de CHRESTUS, LICTOR CÆSARIS[61].

26. Du même côté, un peu plus loin, est l’inscription des TREBONII, curieuse par son orthographe, qui en fait remonter la date à la fin du VIe siècle de Rome[62].

27. Vis-à-vis, du côté droit, est l’inscription de T. FIDICLANIUS[63].

28. Un peu plus loin, du même côté, est l’inscription archaïque de l’époque d’Auguste, qui appartenait à un monument très important ; la voici :

L • ARELLIO • GLABRAI • L

DIOPHANTO

TITINIAI • NOBILI

VXSORI[64]

29. Plus loin, du même côté, se trouve un très remarquable monument de forme circulaire, sans inscription.

30. Vis-à-vis, est une sépulture considérable demeurée inconnue.

31. La cinquième borne était à 44 mètres 20 centimètres en deçà du grand tombeau circulaire que l’on voit à droite et qui est surmonté d’une construction du moyen âge.

VIe MILLE.

C’est près de la cinquième borne que fut livré le combat des Horaces et des Curiaces. J’ai examiné attentivement les lieux environnants d’après les indications de M. Canina. Les récits de Tite Live et de Denys sont si clairs qu’il est possible de retrouver l’emplacement du camp romain, celui du camp Albain, les FOSSÆ CLUILIÆ et les deux tombeaux élevés à la mémoire des Horaces. Voici le passage de Tite Live :

Albani priores ingenti exercitu in agrum romanum impetum fecere. Castra ab Urbe haud plus quinque millia passuum locant, fossa circumdant : fossa Cluilia ab nomine ducis per aliquot sæcula appellata est, donec cum re nomen quoque vetustate abolevit : in his castris Clodius Albanus rex moritur.... Interim Tullius... expetiturum pœnas ob bellum impium dictitans, nocte, præteritis hostium castris, infesto exercitu in agrum Albanum pergit[65].

Le récit de Denys est plus complet : il nous donne la position des deux camps ; je traduis : Tout étant prêt, les deux armées se campèrent l’une vis-à-vis de l’autre à 40 stades de Rome, les Albains aux FOSSÆ CLUILIÆ qui portent encore aujourd’hui le nom de celui qui les fit creuser, et les Romains un peu en deçà dans le poste le plus avantageux qu’ils purent trouver[66].

Il est vrai que les deux armées levèrent leurs camps pendant la trêve ; mais, au jour marqué pour le combat, elles reprirent leurs positions[67].

Il ne faut pas croire, d’après le passage de Tite Live que j’ai cité, que l’armée romaine, pour avoir dépassé le camp des Albains, ait elle-même campé au delà. Tullius avait voulu seulement faire dans la campagne des Albains les mêmes ravages que ceux-ci avaient exercés dans la campagne romaine ; après quoi, il était venu sans aucun doute occuper la position que lui assigne Denys entre l’armée albaine et Rome. Tite Live ne le dit pas, mais l’historien grec nous le fait entendre. La limite des deux territoires se trouvait entre les deux camps[68]. Les deux armées sortirent de leurs retranchements pour être témoins du combat. L’espace qui les séparait n’était que de 3 ou 4 stades, ce qui fait un peu moins d’un demi-mille. Rien dans les textes des deux écrivains n’indique que le combat fut livré dans le champ traversé plus tard par la VIA APPIA. Mais l’épigramme de Martial sur Bassus ne laisse aucun doute à cet égard, et elle nous apprend de plus que le champ du combat fut consacré à la mémoire des Horaces :

Capena grandi porta qua pluit Butta,

Phrygiæque Matris Almo qua lavat ferrum,

Horatiorum qua viret sacer campus,

Et qua pusilli fervet Herculis fanum,

Faustine, plena Bassus ibat in rheda, etc.[69]

1. La situation du camp albain est déterminée, selon Canina, par celle de la VILLA des QUINTILII, qui est précédée d’une immense cour, espace quadrangulaire entouré de murs et qui présente, en effet, l’étendue et la figure d’un camp. Ce n’est point un effet du hasard, dit le savant archéologue italien ; mais les Quintilii, descendants sans doute des Quinctii cités parmi les grandes familles d’Albe établies à Rome sous Tullus Hostilius[70], avaient honoré le souvenir de leur ancienne patrie en conservant la forme du camp des Albains et en dérobant aux usages publics ou privés un sol consacré par la mort de Cluilius, dictateur d’Albe[71]. Cette explication ingénieuse ne me paraît pas fondée. Il faut remarquer la différence très importante de l’orthographe des noms Quintilii ou Quinctilii et Quinctii. La famille Quinctia et la famille Quintilia ne me paraissent avoir eu rien de commun, même dans l’origine. La première a fourni à Rome les Cincinnatus, les Capitolinus, les Flamininus ; l’autre les Varus. L’une vint se fixer à Rome sous Tullus Hostilius, comme on vient de le voir, d’après Tite Live ; l’autre remonte à une époque plus ancienne encore, car nous savons, d’après Ovide, que les Quintilia ou Quinctilii étaient contemporains de Romulus[72] ; c’est cette famille qui partageait avec les Fabii et les Julii le culte des Lupercales[73] ; enfin, les Quinctii sont originaires d’Albe et les Quintilii assistent à la fondation de Rome. (Je donne plus bas l’inscription des frères Quintilii.) Quoi qu’il en soit, le camp des Albains ne pouvait, en effet, être éloigné de la Villa des Quintilii. Il devait même s’y trouver, à moins qu’on ne veuille le placer, avec autant de raison, sur le tertre carré qui est vis-à-vis, à droite de la route.

2. Les FOSSÆ CLUILIÆ étaient vers le même endroit. Comme elles avaient disparu du temps de Tite Live, il n’en faut pas chercher les traces aujourd’hui. J’en parlerai en décrivant la VIA LATINA.

3. Quant au camp romain, on a voulu le retrouver dans un petit espace quadrangulaire et entouré de murs, situé à droite de la route. D’autres ont pensé que c’était le champ sacré dont parle Martial ; mais, outre qu’il est naturel de le placer près des tombeaux des Horaces qui sont plus loin, il est prouvé que cet espace n’est autre chose que le CAMPUS USTRINUS où se brûlaient les corps[74]. Il est vrai que l’emplacement du CAMPUS USTRINUS à cet endroit n’empêcherait pas qu’au temps de Tullus il y eût eu un camp. C’est à cette distance de Rome qu’il devait être, en effet ; mais, pour qu’il se trouvât à 4 stades du camp albain, il faudrait le placer sur le petit plateau qui s’élève à droite de la route, avant la cinquième pierre, et sur lequel existent des ruines d’anciennes constructions.

4. Les deux tombeaux des Horaces, qui furent érigés au lieu même où les héros romains étaient tombés, sont évidemment les deux monuments circulaires situés à droite de la route. Ils sont construits en forme de TUMULUS, d’après tes anciens usages empruntés aux Étrusques. On leur conserva toujours la forme primitive qui existe encore aujourd’hui. L’espace qui les entourait était sacré, comme on le voit dans Martial. En faut-il une preuve de plus ? J’ai remarqué en cet endroit une légère déviation à gauche, dans la direction de la voie ; ce qui semble indiquer que ces- monuments existaient avant que la voie fût construite, et qu’on la fit dévier pour ne point empiéter sur le sol consacré. Les tombeaux des Curiaces ont été élevés, d’après Tite Live, au lieu où chacun d’eux était tombé. Mais ces guerriers avaient été frappés, comme on le sait, dans trois lieux différents, séparés par de certains intervalles[75]. Leurs tombeaux ne pouvaient donc être tous trois dans l’alignement de la voie. Ils auront sans doute été détruits. J’ai examiné avec la plus grande attention tout le sol aux environs du CAMPUS USTRINUS, sans avoir pu retrouver le moindre vestige de ces tombeaux qui cependant ont dû être entretenus tant qu’a duré la domination de Rome, car les grandes familles d’Albe, devenues romaines, devaient être soigneuses de conserver ces précieux témoignages du dévouement de leurs ancêtres et de l’ancienneté de leur race.

5. Avant d’arriver aux tombeaux des Horaces, à droits de la route et devant le CAMPUS USTRINUS, se trouve un grand monument circulaire de la première époque impériale, mais sans inscription. On ne comprend pas comment on a pu voir dans cet édifice le tombeau des Curiaces.

6. Presque vis-à-vis, à gauche, sont des ruines importantes qui paraissent avoir appartenu à une villa.

7. Du même côté, est un grand tombeau inconnu.

8. C’est près de ce lieu, du même côté, qu’était le tombeau de Pomponius Atticus, car on lit dans Cornelius Nepos : Sepultus est juxta viam a Appiam, ad quintum lapidem, in monumento Q. Cæcilii, avunculi sui[76]. Valère Maxime nous apprend que ce Q. Cæcilius avait fait Atticus héritier de tous ses biens, au détriment de L. Lucullus[77]. Or, le tombeau de Q. Cæcilius, à la cinquième pierre, ne pouvait être éloigné de celui de M. Cæcilius qui est à gauche de la route, un peu avant la villa des QUINTILII. On a retrouvé du tombeau de M. Cæcilius la belle inscription archaïque en vers saturniens publiée par M. Henzen[78], et qui est considérée par lui comme une des deux plus anciennes de toutes celles qui ont été découvertes sur la VIA APPIA.

9. Immédiatement après, du même côté, on a trouvé une très belle statue acéphale de POMPEIA ATTIA, femme de T. DIDIUS EUPREPES. Elle se voit au Vatican. On y a adapté une tête de Julia Augusta.

10. La villa des QUINTILII est précédée d’un vestibule où l’on a découvert : 1 ° Une statue d’HERCULE ; 2° une autre statue représentant la muse EUTERPE, trouvée en 1780, et aujourd’hui au Vatican. Il est probable que ce vestibule était décoré de dix statues représentant Hercule entouré des Muses. On sait qu’Hercule était la divinité de Commode, qui en avait même pris le nom. Dans l’intérieur de la villa, on a trouvé sur un tuyau de plomb l’inscription suivante :

II • QVINTILIORVM • CONDIANI • ET • MAXIMI

Ce sont les deux frères Quintilii mis à mort par Commode qui s’empara de leurs richesses[79]. Si on lit attentivement le récit d’Hérodien[80], on voit que l’empereur habitait déjà cette villa lorsque le peuple vint en foule de Rome pour demander justice. Le grand espace entouré de murs qui sépare la villa de la route s’accorde avec le récit de l’historien et ne permet aucun doute à cet égard. La statue d’Hercule, trouvée à l’entrée de cette vaste habitation, confirme encore ce qui précède touchant l’occupation de la villa par Commode. Enfin, un bel aqueduc que l’on suit dans une longueur de plus de 2 milles, à gauche de la voie, dans la direction d’Albano, ne pouvait appartenir qu’à une villa impériale, car il traversait plusieurs propriétés privées. Je montrerai plus bas, en parlant des aqueducs, que c’était l’ANIO NOVA qui devait alimenter la villa des QUINTILII par le moyen de ce magnifique conduit.

11. Le petit NYMPHEUM, situé sur la VIA APPIA ; à côté du vestibule dont j’ai parlé plus haut, recevait aussi l’eau de cet aqueduc.

12. Les tombeaux qui suivent à droite et à gauche ne présentent que peu d’intérêt. On trouve à droite une villa inconnue devant laquelle était le tombeau de VALERIA[81] et celui de SUPSIFANA, dont l’inscription a été donnée par Jacobini[82] et par Henzen[83].

13. Un peu plus loin, à droite, est le tombeau d’ATIDIA[84].

14. Celui de l’affranchi C. VETTENUS CHRESTUS est du même côté[85].

15. Plus loin, à gauche, est un tombeau inconnu, de forme circulaire et d’une belle architecture[86].

16. Presque en face, à droite, est le tombeau de L. ARRIUS GERULONIUS[87].

17. Un peu plus loin, à gauche, est le tombeau de l’affranchi P. SERGIUS DEMETRIUS, marchand de vin du Vélabre. Voici l’inscription :

P • SERGIVS • P • P • L •

DEMETRIVS

VINARIVS • DE • VELABRO

SERGIA • P • P • L • RVFA • VXOR

P • SERGIVS • P • ET • O • L • BASSVS • L

ARBITRATV RVFAE • VXORIS •[88]

J’ai dessiné, et je reproduis sur ma planche n° 5, l’ornement de la frise de ce petit tombeau, qui m’a paru d’un art achevé et qui présente un caractère d’originalité telle que je n’ai rien vu à Rome, ni même à Pompéi, ni dans aucun musée, qui y ressemble. M. Canina ne l’a point publié dans l’album dont j’ai un exemplaire sous les yeux. Le dessin de cette frise peut donner l’idée d’un genre tout à fait inconnu de l’ornementation des anciens, qui apportaient dans les détails de leur architecture beaucoup plus de variété qu’on ne le croit communément.

18. Plus loin, à gauche, est le tombeau de CALVIUS RUFUS et de SALVIA URBANA[89].

19. Un peu plus loin, à droite, sont les ruines considérables d’une villa et d’un tombeau inconnu de la première époque impériale, avec des trophées et les faisceaux consulaires.

20. Un peu avant ce tombeau, et à l’angle de la villa, sont les ruines d’un établissement de bains, qui devaient être publics et à l’usage de ceux qui voyageaient à pied, comme Horace et Héliodore, sur les beaux trottoirs de la VIA APPIA.

21. À l’autre extrémité de la villa, à droite de la route et en face du Casal Rotondo, est un tombeau circulaire de l’époque de la République (pierre d’Albano).

22. C’est à la 6e borne, à gauche, qu’est le fameux Casal Rotondo, le plus grand tombeau de toute la voie, même en comptant celui de CÆCILIA ÆMILA. On n’a retrouvé d’autre indication sur la destination de ce monument que le mot COTTA, à l’extrémité d’un carré long, qui portait deux lignes d’inscription. La restitution proposée par Canina et approuvée par Borghesi n’en est pas moins certaine. Que l’on se reporte d’abord à ce passage de Martial :

Et quum rupta situ Messalæ saxa jacebunt,

Altaque cum Licini marmora pulvis erunt,

Me tamen ora legent....[90]

Le poète exprime ailleurs encore la même idée avec le même terme de comparaison :

Marmora Messalæ findit caprificus et audax

Dimidios Crispi mulio ridet equos.

At chartis nec furta nocent nec sæcula prosunt,

Solaque non norunt hæc monumenta mori[91].

Dans ces vers, le poète a semblé choisir le monument le mieux fait pour tenir contre le temps, et ce monument doit être le Casal Rotondo. La conservation de ce tombeau atteste que c’est bien celui que Martial a désigné sous le nom de marmora Messalæ ; mais plusieurs siècles passeront encore avant que sa prédiction ne soit réalisée. Il est vrai que ce sont ses vers qui nous le font reconnaître. Le nom de Messala est allié, comme tout le monde sait, avec celui de Cotta. Je renvoie à la dissertation de M. Canina[92] pour les autres preuves. Je me contente de reproduire ici la restitution de l’inscription que l’on peut considérer comme très exacte :

marcus • valerius • messalinus • COTTA

messalae • corvino • patri •

VIIe MILLE.

1. Un peu au delà de la 6e borne, du côté gauche, est le tombeau de la GENS VENULEIA[93], dont l’époque est très ancienne (pierre d’Albano).

2. Du même côté, se voit le tombeau de P. FURIUS FLACCUS, de la fin de la République (pierre tiburtine).

3. Du même côté, on a trouvé une inscription sur marbre qui appartient à un tombeau élevé par ANTONIA TRUPHERA à ANTONIUS TRITUS.

4. Plus loin, à droite, est le tombeau de P. QUINCTIUS, tribun militaire de la 16e légion, avec des ornements en marbre artistement sculptés ; en voici l’inscription

P • OVINCTIVS • P • F • POM

TR • MIL • LEG • XVI

EX • TESTAMENTO • ARBITRATV • P • QVINCTI • P • L • ZENONIS[94]

5. Du même côté, une sépulture commune, monument considérable où l’on a retrouvé les inscriptions de C. COMINIUS SIMPHORUS, de SOZOMENUS, de CLARUS, de SELEUCUS, de TROPHIMUS, et un beau sarcophage de marbre, aujourd’hui au Vatican, ayant appartenu à ÆLIUS PISTOCRITUS[95].

6. Du même côté, tombeau de l’affranchi M. LOLLIUS, de la tribu ESQUILINA, et qui était argentarius[96].

7. A gauche, presque en face de ce dernier tombeau, est celui d’HILARA, du milieu de l’époque impériale.

8. Du même côté, est le grand tombeau communément appelé Torre Selce. Il est surmonté d’une tour du moyen âge. Il a un revêtement de marbre. Tout ce qu’on peut affirmer sur ce monument, c’est qu’il a appartenu à quelque personnage considérable du premier siècle de l’Empire.

9. Tout près de la Torre Selce, est un tombeau moins ancien, à quelque distance de l’alignement de la voie (inconnu).

10. Du côté droit, en face de ce dernier tombeau, est le monument dit du Comédien. On y voit des inscriptions grecques qui font connaître des fragments des rôles où cet acteur, dont le nom est resté inconnu, s’est particulièrement signalé. D’autres inscriptions nous apprennent qu’il obtint des couronnes pour ses représentations tragiques ou comiques, et pour ses succès comme citharède à Nicomédie, à Cyzique, à Pergame, à Rome, à Smyrne, à Naples, à Pouzzoles[97].

11. Du même côté, se trouve le tombeau de M. JULIUS, DISPENSATOR de Ti. Claudius Cœsar, pour les édifices dits voluntaria ; titre singulier qui n’a pu encore être expliqué. Voici l’inscription :

M • IVLIO • SP • F • PIETATi

EPELYS • TI • CLAVDI • CAESARIs

AVG • DISP • MATERNVS • AB

AEDIFICIS • VOLVNTARIS[98]

12. Presque vis-à-vis, côté gauche, on a découvert la statue de TITIA EUCHARIS.

13. Du même côté, est le tombeau du MARGARITARIUS G. ATRILIUS EVHODUS, qui habitait la VIA SACRA. La belle inscription qui s’y trouve est évidemment de la fin de la République. Elle a été publiée par M. Henzen[99] et par M. Egger[100].

14. A droite, est le monument bizarre d’un personnage qui est surnommé PHILOMUSUS, ce qui ne veut pas dire ami des Muses, mais ami des rats. En effet, deux de ces animaux sont représentés sur ce tombeau et le mot de Mus est ajouté au surnom. Voici l’inscription :

P • DECVMIVS • M • P • V • L

PHILOMVSVS

MVS[101]

15. Du même côté, l’on a trouvé deux cippes sur lesquels se lisent les noms de C. CÆCIDIUS. C. FILIUS. FLACCRIANUS, de la tribu FALERIA. L’un porte ces mots : TR•MIL[102].

16. Au même endroit, l’on a trouvé les fragments d’une inscription ayant appartenu au tombeau d’un tailleur, VESTIARIUS.

17. A gauche, on a découvert une statue de Télamon, qui devait servir de cariatide.

18. Un peu plus loin, à droite, est le tombeau de M. ULPIUS.

19. Du même côté, plus loin, on trouve un second CAMPUS USTRINUS, plus petit que le premier et qui devait en être comme la succursale.

20. Ici la route abandonne le petit plateau qu’elle a traversé depuis le tombeau de CÆCILIA METELLA. C’est la première descente que l’on rencontre à partir du 7e mille. La voie présente à cet endroit une déviation sensible vers la droite. Il est facile de voir que cette déviation n’existait pas primitivement et que la direction rectiligne était parfaitement observée. On pense que les ruines considérables des constructions faites à gauche, pour soutenir la route au temps de C. Gracchus, ont nécessité l’abandon de cette direction première et la flexion de la route à droite.

21. Au pied de la petite pente et au terme de la déviation, a été trouvée la 7e borne en place[103].

VIIIe MILLE.

Dans les fouilles qui furent faites à gauche, un peu plus loin que la 7e borne, fut retrouvé le beau vase égyptien d’albâtre que l’on admire au Vatican.

1. Plus loin, du même côté, est un banc en forme d’hémicycle pour les voyageurs. Il rappelle celui de la voie des tombeaux, près de la maison de Diomède, à Pompéi.

2. A droite, à quelque distance de la route, sont les ruines d’une villa.

3. A gauche, est une Area dont la destination est demeurée inconnue.

4. Vis-à-vis, à droite, est le tombeau de ZOSIMUS et de LUPUS, fils de BARBERIA.

5. Plus loin, du même côté, est le tombeau de M. POMPEIUS, de la tribu MÆCIA, scribe des Questeurs.

6. Presque immédiatement après, est celui de CORNELIA SALVIA. Elle l’avait élevé pour elle-même, pour sa famille et pour ses affranchis.

7. Plus loin, à droite, est un tombeau considérable de la fin de la République (pierre d’Albano).

8. Avant d’arriver à la 8e borne, du même côté, se trouve un petit temple que l’on a cru être celui dont parle Martial[104], et qui avait été construit sous le règne de Domitien ; mais, outre que la description du poète ne peut convenir aux ruines de ce petit temple, la forme des colonnes et le petit autel que l’on a découvert près de cet endroit montrent que c’était un ATRIUM consacré à SILVAIN, vers le milieu de l’époque républicaine.

9. Le TEMPLE D’HERCULE devait être tout près de cet ATRIUM, car Martial le place à la 8e pierre ; or, entre ce monument et le grand tombeau dont j’ai parlé au n° 7, se trouvent des substructions importantes qui ont été reconnues par les archéologues pour être du temps de Domitien. C’est donc entre ces deux ruines qu’il faut placer le temple d’Hercule. Nous savons d’ailleurs que le culte de cette divinité était très souvent associé à celui de Silvain.

10. À la 8e pierre, était située la ferme de Bassus, comme nous l’apprend Martial[105]. C’est en cet endroit de la route que le dictateur M. Valerius Corvus vint s’opposer à l’armée des rebelles de Campanie, l’an 413 de Rome[106].

IXe MILLE.

1. Entre la 8e et la 9e pierre, on trouve encore à droite et à gauche un grand nombre de monuments ; mais ils sont pour la plupart inconnus. Au tiers de la distance qui sépare les deux bornes, à gauche, se trouve, ainsi que l’a prouvé Canina, la petite église de Santa Maria Genitrice[107].

2. Le PAGUS LEMONIUS, dont parle Festus, devait se trouver à gauche de la voie et faire suite au PAGUS SULPICIUS ULTERIOR[108].

3. Avant d’arriver à la 9e pierre, on trouve, à droite, de grandes ruines qui occupent un espace considérable. Des fouilles furent faites en cet endroit, en 1792, par le peintre Hamilton. C’est là que fut découvert le Discobole du musée du Vatican. Ces ruines appartiennent évidemment à une ancienne villa qui fut convertie, à la fin de l’époque impériale, en une station de poste. C’était la station AD NONUM, ainsi que nous l’apprend l’itinéraire de Bordeaux à Jérusalem[109]. Ce relais ne fut établi qu’à une époque très rapprochée de la chute de l’Empire, car la Table de. Peutinger u’en fait pas mention. Il faudrait placer la création de ce relais après l’époque de Théodose, c’est-à-dire dans l’intervalle de temps qui sépare la rédaction des deux itinéraires.

4. Sur la route, devant cette station, du côté droit, est un grand monument que l’on attribue à l’époque de Gallien, et qui n’est, en effet, autre chose que le tombeau de cet empereur et celui de Sévère : Severus ab Herculio Maximiano Romæ extinguitur : funusqus ejus Gallieni sepulcro infertur, quod ex Urbe abest per Appiam millibus novem[110]. »

5. C’est à la 9e borne que s’arrêtèrent les fouilles poursuivies par ordre du gouvernement pontifical jusqu’en 1852. Elles ont été continuées depuis, en 1853 et 1854, et ont été poussées jusqu’au pied de la côte d’Albano, avant l’endroit où l’ancienne voie se raccorde avec la nouvelle.

(Voyez pour les quatre milles suivants l’Appendice III, 2e partie.)

Xe MILLE.

Au commencement de ce mille, existait vraisemblablement une voie antique, qui coupait un peu plus loin la route moderne d’Albano, et se dirigeait vers Marino. C’est la VIA TRIUMPHALIS qui conduisait au temple de Jupiter Latial.

XIe MILLE.

Les fouilles ont dû être poursuivies, cette année, dans l’espace qui sépare la 10e pierre de la 11e.

C’est par erreur que la Table de Peutinger place BOVILLÆ au 10e milliaire. On ne trouve, en cet endroit, aucune ruine qui puisse justifier cette mesure. Les monuments importants trouvés au 12e mille ne permettent pas de douter que BOVILLÆ ne dût y être placé. Il faut donc rectifier ainsi la Table de Peutinger :

BOBELLAS XII.

L’AQUA FERENTINA devait couper la VIA APPIA entre la 10e et la 11e borne. L’on traverse, entre ces deux milliaires, le Fiume di Monaci.

XIIe MILLE.

A la 11e pierre, on commence à monter sensiblement la grande côte d’Albano, qui a quatre milles de long. La voie ancienne se joint à la route moderne près d’une auberge désignée sous le nom des Frattocchie. Dans les fouilles faites en cet endroit, au commencement du XVIIIe siècle, fut trouvé le beau buste de Claude, dont parle Winckelmann[111].

XIIIe MILLE.

Au 12e milliaire, sur la côte d’Albano, se voient les importantes ruines de BOVILLÆ qui bordent la route. On reconnaît un théâtre, un cirque, des substructions considérables de maisons privées et d’édifices publics à droite[112]. A gauche, vis-à-vis, est le SACRARIUM de la famille JULIA.

C’est entre le 12e et le 13e milliaire qu’il faudrait placer le camp de Marius et de Cinna dans la guerre civile : .... έκατόν σταδίους.... (Appian. lib. 1). Or, 100 stades font 12 milles et demi. II est vrai que l’emplacement est peu favorable en cet endroit à l’établissement d’un camp, et l’on comprend plus difficilement encore comment était placé le camp de Crassus et de Metellus qui était opposé au premier. Appien nous dit que ce camp était sur le flanc de l’Albain .... περί τό όρος, τό Άλβανόν..... ce qui n’est pas assez précis pour qu’on puisse en fixer exactement la position. Cluvier[113] s’est gravement trompé en plaçant ces deux camps sur le plateau où est aujourd’hui la ville moderne d’Albano, et en s’autorisant de la mesure d’Appien. Il a compté 12 milles et demi de Rome à Albano. Or, Albano est au 15e milliaire. L’erreur de Cluvier provient de celle qui se trouve dans la Table de Peutinger. Sans vouloir trancher la difficulté relative à l’emplacement des deux camps, j’ajouterai que l’on ne peut adopter la position que Cluvier leur donne à moins de lire dans Appien 130 stades au lieu de 100.

A la 13° borne, c’est-à-dire à 1er mille de BOVILLÆ, à gauche de la route, était l’autel de la BONNE DÉESSE. C’est en cet endroit qu’eut lieu la rencontre de Milon et de Clodius[114]. Que l’on lise attentivement la Milonienne de Cicéron et l’on se convaincra : 1° que la villa DE POMPÉE LE GRAND était sur l’emplacement actuel d’Albano et s’étendait des deux côtés de la route, vers le monument connu vulgairement sous le nom de Tombeau d’Ascagne, situé à la 151 borne ; 2° que la villa DE CLODIUS était plus près du lac et du mont Albain proprement dit ; 3° qu’il possédait néanmoins, à gauche de la VIA APPIA, un fonds de terre, vers le 13e mille, c’est-à-dire au-dessous de la villa de Pompée et auprès du SACELLUM DE LA BONNE DÉESSE. Que ce fonds fût ou non rattaché à sa villa, cela importe peu. Il est certain que Clodius avait disposé son embuscade dans ce fonds de terre et que lui-même traversa la villa de Pompée pour marcher à la rencontre de Milon en descendant la côte tandis que ses gens se tenaient sur l’éminence qui domine la route à gauche, à 1 mille de BOVILLÆ. De sorte que l’une de ses bandes armées devait faire l’attaque tandis que l’autre, avec Clodius en personne, devait barrer la route. En supposant que le, fonds situé près de la voie au 13° mille fit attenant à sa villa, Clodius n’en était pas moins forcé, pour opérer sa double manœuvre, de passer sur les terres de Pompée. Quant au domaine même de Clodius, si nous nous rappelons les expressions de la Milonienne, il devait être vers Palazzola, et s’étendre sur le rebord occidental du cratère d’Albano et jusque sur le penchant du Monte Cavo, près du bois sacré de JUPITER LATIAL. Pour que le fonds du 13e mille eût été attenant à ce domaine, il faudrait supposer à cette villa une immense étendue dont la Villa Torlonia ne nous représenterait aujourd’hui qu’une faible partie et la portion inférieure.

XIVe MILLE.

Entre le 13e et le 14e milliaire, on continue à monter la côte d’Albano.

XVe MILLE.

C’est un peu au delà de la 14e borne que l’on passe au-dessus de l’EMISSARIUM du lac d’Albe. La 15e borne se trouve à la porte d’Albano moderne. Le monument dit d’Ascagne, situé à gauche de cette porte, est considéré avec vraisemblance d’après Plutarque, comme ayant été celui de JULIA, fille de César et femme de Pompée. C’est dans ce tombeau que Cornélie aurait déposé les cendres de son époux. Dans l’intérieur, se trouve une chambre qui a 11 pieds de large sur 7 de long. La villa DE POMPÉE devrait donc être au 15e mille et vraisemblablement des deux côtés de la route. D’après le passage suivant d’une lettre de Cicéron à Atticus, nous voyons du moins qu’elle était sur la voie : Ego de Formiano Tarracinam ; inde Pomptinam summam ; inde Albanum Pompeii. Ita ad urbem[115].

XVIe MILLE.

Ce mille s’étend de la porte d’Albano moderne jusqu’à ARICIA. Je n’ai rien à ajouter à la dissertation de Cluvier sur l’origine d’Albano. Sur l’emplacement de la villa DE CLOCIUS se trouvèrent dans la suite celle de Tibère, puis celle de Néron, enfin la grande villa de Domitien qui reçut de considérables embellissements. L’amphithéâtre, dont on voit les ruines vers la chapelle des Capucins au-dessus d’Albano, a été reproduit, ainsi que les autres constructions romaines des environs, sur le plan détaillé de la VILLA DOMITIANIS, exécuté par M. Pietro Rosa[116]. Le dessin qu’il nous en a présenté est si exact et si complet qu’il ressemble plutôt au projet d’un architecte qu’à la restitution d’un archéologue (Voy. l’APPENDICE IV).

Pendant la première époque de l’Empire, il n’y avait rien à la place qu’occupe Albano que la suite des tombeaux à droite et à gauche de la route. Sur la hauteur, à gauche, le PRÆTORIUM, et au-dessus, la villa des Empereurs.

Nous trouvons encore des tombeaux dans le petit espace compris entre Albano et la Riccia.

Je ne dirai rien du tombeau dit des Horaces ou des Curiaces, situé à droite de la route, près de l’église de la Madonna della Stella, et formé d’un grand socle carré de 55 pieds de circonférence surmonté de quatre cônes au milieu desquels s’élève un piédestal rond qui devait soutenir un trophée ou une statue. Je renvoie à la dissertation de M. Canina et aux notices de M. Quatremère de Quincy et du duc de Luynes sur ce sujet. Malgré la forme très antique de ce monument, qui rappelle les hypogées étrusques, le savant italien l’attribue, d’après Plutarque, à C. Gracchus[117].

Presqu’en face de ce monument, à gauche de la route, est un tombeau de la fin de la République[118].

Avant d’atteindre la 16e borne, la route gagnait, par une descente très rapide, la vallée d’ARICIA et suivait, en décrivant une courbe, le pied de la colline où se trouve aujourd’hui la bourgade moderne de la Riccia sur l’emplacement même de l’ancienne ARX ARICINA. La route moderne se détache de l’ancienne et gagne la Riccia en traversant l’étroite vallée qui sépare cette dernière ville du plateau d’Albano, sur un magnifique viaduc qui vient d’être terminé cette année et qui est composé de deux rangs d’arcades superposées et d’une élévation assez grande pour atteindre le niveau de faite des deux collines.

XVIIe MILLE.

Les ruines de l’ancienne ARICIA sont sur le penchant de la colline qui regarde la mer et sur les bords du grand lac volcanique, aujourd’hui desséché, et que côtoyé l’ancienne route. On voit encore à gauche de la route, dans l’Orto di Mezzo, la cella d’un temple de Diane, découvert par Nibby[119], un reste de thermes, des substructions formées de blocs irréguliers et l’émissaire de la citadelle.

Entre Rome et ARICIA, deux des trois itinéraires présentent la même distance. Mais la Table de Peutinger diffère des deux autres ; toutefois l’erreur est tellement manifeste qu’on ne peut guère s’arrêter à la discuter :

Itin. d’Antonin.

Itin. de Bordeaux à Jérusalem.

Table de Peutinger.

Urbs.

Urbs.

Urbs.

Aricia XVI.

Ad nonum IX.

Bobellas X.

 

Aricia et Albona VII.

Aricia III.

J’ai dit plus haut que BOVILLE ne pouvait être à la 10e borne, mais bien à la 12e, puisque les ruines sont retrouvées. On compte 4 et non 3 milles de BOVILLE aux ruines d’ARICIA. On peut donc rectifier avec certitude la Table de Peutinger de cette manière :

Urbs.

Bobellas XII.

Aricia IIII.

Pour toute cette partie du parcours de la VIA APPIA, je renvoie au premier travail de Canina. C’est vers la 17e borne que l’EMISSARIUM du LACUS NEMORENSIS venait se jeter dans le LACUS ARICINUS[120].

Du XVIIe AU XXIe MILLE.

La voie, en décrivant de nouvelles courbes, passait au pied de la moderne Genzano, laissant à gauche le LACUS NEMORENSIS et, à droite, un peu plus loin, la colline des Due Tori et celle de Monte Giove où était vraisemblablement CORIOLI ; enfin, vis-à-vis de la Città di Lavigna (LAVUNIUM), se trouvait sur la route, la station de SUBLANOBIO, mentionnée dans la Table de Peutinger sans indication de distance. D’après le calcul de Westphal elle était au 21e milliaire.

A partir de ce point, la route était tout à fait droite jusqu’à TERRACINA, sauf une légère déviation que l’on remarque à 3 milles de cette ville.

Je termine en prévenant que, parmi les auteurs qui ont joui jusqu’à présent d’une certaine autorité pour ceux qui étudient la VIA APPIA, il en est un, Pratilli, que les récentes observations de M. Henzen et de M. Mommsen doivent faire complètement rejeter comme donnant des inscriptions fausses, supposées et souvent composées par lui-même.

 

§ IV. — EMBRANCHEMENTS DE LA VIA APPIA.

I. A droite, avant le 2e milliaire, est la VIA ARDEATINA Ia, dont je parlerai plus bas.

II. A droite, entre le 2e et le 3e milliaire, se trouve une autre voie suivant la même direction que la précédente et se confondant avec elle après un très petit parcours. C’est la VIA ARDEATINA IIa. Ce second embranchement devait être le prolongement de la VIA ASINARIA.

III. VIA TRIUMPHALIS.

Au 9e milliaire de la VIA APPIA, à gauche, commençait la VIA TRIUMPHALIS, ou VIA NUMINIS. Elle conduisait au FANUM JOVIS LATIALIS sur le sommet de l’ALBANUS MONS. Elle passait vers CASTRIMŒNIUM (Marino), où se trouvaient les maisons de campagne de Marius et de Murena, laissait à droite FERENTINUM (dans le parc Colonna), où étaient la source et le bois sacrés ; puis elle tournait le cratère du lac vers le nord-est et gagnait le rebord oriental, au pied de Rocca di Papa. C’est sur le petit plateau figurant ce rebord qu’était autrefois située ALBA LONGA, vers le couvent des Franciscains de Palazzola. Au temps des Empereurs, il ne restait de l’ancienne ville d’Ascagne, métropole de la race latine, qu’un temple de VESTA, seul monument qui eût été épargné, comme nous l’apprend Juvénal :

. . . . . . . . . . Quanquam diruta, servat

Ignem Trojanum et Vestam colit Alba minorem[121].

La piété romaine entretint toujours, parmi les ruines d’Albe, le culte de la déesse conservatrice du Palladium.

C’est près du temple de VESTA et vers les ruines d’Albe qu’aurait dû se trouver le FORUM POPULI indiqué par Pline, si la conjecture de Cluvier était vraie ; on lit dans Pline : Fabium [,] in monte Albano [,] Foropopulienses, ex Falerno, Frusinates, Ferentinates, etc. Selon qu’on place la virgule avant ou après les mots in monte Albano, le sens de la phrase est changé et c’est FABIUM ou bien FORUM POPULI qui se trouvait dans les monts Albains. Cluvier[122] croit retrouver les FOROPOPULIENSES de Pline dans la Forensis turba d’Ovide. Voyez le passage relatif au culte de Mars dans les Fastes :

Quintum Laurentes[123], bisquintum Æquiculus acer,

A tribus hunc primum turba Forensis habet.

Je ne puis admettre cette opinion. En effet, si FORUM POPULI était dans les monts Albains, cette ville, si c’en était une, avait sans doute bien peu d’importance, Pline étant le seul qui en ait fait mention. Cluvier reconnaît lui-même que ce devait être un très petit endroit. Or, il n’est pas probable qu’Ovide eût fait une mention particulière d’une bourgade qui devait, par son peu d’importance et sa proximité d’Albe, participer de ses usages religieux. Quels sont les peuples mentionnés dans l’énumération d’Ovide ? FALERIA, la nation des Herniques, ARICIA, TUSCULUM, LAURENTUM, la nation des Èques, celle des Pélignes, celle des Sabins, enfin ALBE elle-même : Tertius Albanus.... On comprendrait difficilement que le poète eût cité, parmi ces noms célèbres et ces nations importantes, la bourgade de FORUM POPULI qui était si petits dans l’opinion de Cluvier lui-même qu’il la réduit presque à une seule maison pour pouvoir concilier ce passage d’Ovide avec celui de Dion, que je citerai tout à l’heure. Il est vrai que je ne puis admettre avec Cluvier que, par les mots Forensis turba, le poète ait entendu désigner une très petite population et ne se soit pas servi avec intention des mots plebs ou populos. Je pense au contraire que turba est l’opposé de manus, c’est-à-dire multitude, numerus ; mais je crois que la véritable version est celle que donnent plusieurs manuscrits

A tribus Nunc primum turba Curensis habet,

Toute la dissertation de Cluvier se trouverait ainsi dénuée de fondement.

Le FORUM POPULI a pu se trouver près de l’emplacement d’Albe, mais il n’y a aucune preuve que cela ait été. Si l’on veut le porter à Rocca di Papa, il faut placer la virgule, dans la phrase de Pline, après FABIUM et la lire ainsi : « .... Fabitim, — in monte Albano Foropopulienses.... etc. Si l’on place FABIA, comme Nibby, à Rocca di Papa, il faut lire : Fabium in monte Albano, — Foropopulienses. Peut-être faudrait-il renfermer FABIA dans la tribu du même nom. On ne sait où cette tribu était située ; mais elle ne pouvait être dans les monts Albains, car la tribu comprise entre la VIA LATINA et la VIA APPIA, par conséquent embrassant dans l’angle de ses deux routes les MONTES ALBANI, devait être la tribu LEMONIA. Festus nous apprend en effet que cette tribu s’étendait le long de la VIA LATINA[124] et le Pagus Lemonius devait être, ainsi que je l’ai dit plus haut, à gauche de la VIA APPIA.

Lorsque les consuls montaient au temple de JUPITER LATIAL, ils séjournaient quelque temps dans une maison qui leur était réservée. Elle était probablement située auprès du temple de Vesta, vers l’emplacement de l’ancienne ville d’Albe. L’existence de cette demeure et de sa destination nous est révélée par Dion. Cluvier la confond, sans raison, avec le Forum Populi. Voici le passage de l’historien grec : .... Καί κεραυνός ές τήν έν τώ Άλβανώ οίκίαν, ές ήν οί ύπατοι έν αΐς ίερουργίαις καταλύουσιν, ένέσκηψε[125]. Je ne serais pas éloigné de placer la maison des consuls au couvent de Palazzola, dans lequel a été trouvé le fameux sépulcre consulaire du temps de la guerre punique, en présence de Pie II Piccolomini, dans l’année 1463.

La VIA TRIUMPHALIS gravissait le flanc septentrional, du mont Albain. Cette partie de son parcours se reconnaît parfaitement aujourd’hui[126]. Elle passe, comme autrefois, sous les ombrages épais qui couvrent le Monte Cavo. C’était un immense bois sacré : Albani luci[127].

Sur le sommet du mont Albain, terme de la VIA TRIUMPHALIS, se trouvait le temple de JUPITER LATIAL dont la cella existe encore et qui était lui-même debout il y a moins d’un siècle, lorsque le cardinal d’York détruisit en 1783 ce monument national de l’ancien Latium qui comptait vingt-trois siècles d’existence. Des maçons ont élevé sur ces ruines augustes un couvent de Passionistes. Mais la barbarie n’a pas dépouillé ces lieux célèbres de leur charme poétique ni des souvenirs de l’antiquité, car on n’a pu détruire ces sites admirables qui sont tels aujourd’hui qu’ils paraissaient aux yeux de Cicéron, de Virgile et d’Ovide, tels qu’ils parurent aux yeux de Poussin, de Winckelmann et de Gœthe.

IV. A BOVILLE se trouvaient trois embranchements : un à gauche qui coupait les voies TRIUMPHALIS, LATINA, TUSCULANA, LABICANA, PRÆNESTINA et se raccordait avec la VIA TIBURTINA vers la VILLA HADRIANI. Cette route n’était que le prolongement de la VIA ANTIATINA dont on trouve les vestiges dans la direction d’ANTIUM, à droite de la VIA APPIA. Elle traversait ainsi tout le LATIUM et avait ses deux extrémités à ANTIUM et à la VILLA HADRIANI, les deux séjours favoris de cet empereur.

De BOVILLE partait un autre embranchement dans la direction de la VIA ARDEATINA. Le carrefour de BOVILLE se composait donc de cinq têtes de route : 1° la VIA APPIA vers Rome ; 2° la même voie vers TERRACINA ; 3° la VIA ANTIATINA vers ANTIUM ; 4° le prolongement de cette dernière vers la VILLA HADRIANI ; 5° l’embranchement qui se dirige vers la VIA ARDEATINA.

En suivant la VIA ANTIATINA, on trouve, entre la 13e et la 14e borne, un embranchement à gauche qui rejoignait encore la VIA ARDEATINA. Bien qu’on perde les traces de la VIA ARDEATINA vers le 27e mille, il est facile d’y suppléer ainsi que l’a fait Westphal. ANTIUM devait être au 36e et au 37e mille de Rome par BOVILLE.

V. VIRBII CLIVUS.

Il existait un chemin à gauche de la VIA APPIA, qui conduisait au temple et au bois sacré de Diane et qui probablement avait un embranchement vers le temple de Jupiter Latial. Cluvier et Bormann ont placé l’origine de ce sentier au 14e milliaire. Il me parait difficile d’admettre cette opinion. Voyons le passage de Perse et celui de son commentateur Cornutus, sur lesquels se fondent les géographes modernes : le poète satirique s’exprime ainsi[128] :

. . . . .      . . . . . . . . . . Accedo Bovillas

Clivumque ad Virbî, præsto est mihi Manius heres.

Voici le commentaire : Persius quatuor millibus ab orbe est Virbii Clivus, qua est iter ad Ariciam et nemus Dianæ. Cluvier et Bormann ont pensé qu’il fallait lire quatuordecim, c’est-à-dire qu’il fallait placer l’origine du Clivus à 14 milles de Rome, par conséquent entre BOVILLE et Albano. Mais rien n’autorise cette supposition et l’on ne comprendrait pas comment un sentier conduisant au lac Nemi se séparait de la VIA APPIA pour suivre cette route dans une direction parallèle et à un intervalle à peine sensible sur une longueur de 2 milles. Il est plus naturel de le faire partir du 16e mille, c’est-à-dire d’ARICIA. Il n’y aurait rien à ajouter au texte de Cornutus, car ARICIA est à 4 milles de Bovillæ : .... Quatuor millibus ab orbe sous-entendu BOVILLIS, dont le commentateur n’avait pas à mentionner le nom qui est cité dans le vers de Perse. La conjecture que je viens de présenter est encore confirmée par ce vers de Martial :

Migrare clivum crederes Aricinum[129].

Il s’agit ici du CLIVUS VIRBII. Enfin il faut comparer avec le vers de Perse le passage suivant de Pompeius Festus : Manius Egerius agrum Nemorensem Dianæ consecravit ; a quo multi et clari viri orti sunt et per multos annos fuerunt. Unde et proverbium : multi Manii Ariciæ. Or, on trouve, près du temple de Diane Aricine, à gauche, un chemin antique dont Nibby[130] donne la description et qui me parait devoir être le CLIVUS VIRBII.

VI. En sortant d’ARICIA, un peu après la 16e borne, se trouvait, à droite, un embranchement qui gagnait la VIA ANTIATINA, à l’ouest du Monte Giove (CORIOLI).

VII. Au 19e mille, à droite, existait un embranchement sur LANUVIUM (Città di Lavigna), dont le prolongement devait traverser les marais Pontins et conduire à ASTURA. On a retrouvé une partie du parcours de cette voie à 4 milles au sud de LANUVIUM.

VIII. Après la 20e borne, on trouve à droite de la VIA APPIA un autre embranchement qui rejoint la VIA de LANUVIUM un demi-mille environ avant d’arriver à cette ville.

IX. Du même point, à gauche, partait vraisemblablement une route conduisant à VELITRÆ (Velletri).

X. A la 24e borne, on rencontre des vestiges de voies antiques à droite et à gauche de la VIA APPIA. Celle de gauche conduit à VELITRÆ, et celle de droite tombe dans la voie qui conduit de LAVINIUM à ASTURA, dont j’ai parlé plus haut.

Après avoir décrit la VIA APPIA et ses embranchements, je procéderai avec ordre pour toutes les autres routes anciennes, et je commencerai par la rive droite du Tibre.

 

§ V. — VIA PORTUENSIS.

Cette voie sortait de Rome par la porte PORTUENSIS. Il ne faut pas placer cette porte à la moderne porta Portese, mais à un grand quart de mille au sud de cette dernière[131]. En effet, de ce côté, les murs d’Aurélien excèdent les murs actuels du Transtevere de 450 mètres environ. Cette voie suivait la rive droite du fleuve et atteignait le PORTUS TRAJANI sur le bras droit du Tibre. Le parcours de cette voie était plus direct que celui de la VIA OSTIENSIS, car la première atteignait le PORTUS TRAJANI un peu après le 14e mille, et la seconde touchait OSTIA au 16e mille seulement.

D’après les ruines qui se voient à Porto, on peut faire aujourd’hui le plan de l’ancienne ville et des deux ports, celui de Claude et celui de Trajan. Canina en a présenté la disposition sur sa grande carte de la Campagne romaine (1845). Une inscription, trouvée au XVe siècle, fait connaître l’existence du FORUM, d’un tribunal construit en marbre, d’un temple de Vulcain, d’un autre de Cérès, d’un autre de la Fortune, et d’un chemin pavé. On y a découvert des statues du plus beau style, entre autres une Pallas et une Hygie (ou plutôt Hygiée). Le port de Trajan existe encore. C’est un petit lac assez profond d’environ un quart de lieue de diamètre. Le bassin, autrefois pentagone, est rond aujourd’hui. On a trouvé près du port un arc et des tuyaux de plomb portant le nom de Messaline, qui avait une villa en cet endroit[132].

 

§ VI. — VIA AURELIA.

Cette voie partait de la porte JANICULENSIS ou porte AURELIA, aujourd’hui San Pancrazio. Elle se dirigeait vers la mer par LORIUM, et traversait toute l’Italie du milieu et toute la Gaule cisalpine ; mais elle appartenait à l’Étrurie dès son origine. Une autre route commençait au PONS TRIUMPHALIS, et rejoignait la VIA AURELIA au 3e mille de son parcours. Cette autre VIA AURELIA, que Fabretti a tracée sur sa carte n° 1 (De aquis et aquæd. Rom., 1680), est distinguée de la première par le nom de VIA AURELIA NOVA. Elle envoyait à droite, vers la VIA CLAUDIA, un embranchement qui était la VIA CORNELIA. La VIA AURELIA envoyait aussi un embranchement vers la VIA PORTUENSIS, auquel on donnait le nom de VIA VITELLIA[133].

 

§ VII. — VIA TRIUMPHALIS.

Elle partait du PONS TRIUMPHALIS, dont on voit les ruines un peu au-dessous du Ponte Sant’ Angelo, traversait le VATICANUS AGER et se raccordait à la VIA CASSIA vers l’Osteria della Giustiniana, après un parcours de 7 milles et demi.

§ VIII. — VIA FLAMINIA ET VIA CASSIA.

Elle commençait à la porte RATUMENA de l’enceinte de Servius Tullius, vers l’extrémité nord de la rue moderne de Marforio[134], au-dessous du Capitole. La VIA FLAMINIA suivait la direction du Corso ; elle gagnait, à l’extrémité du 4e mille, la porte FLUMENTANA de l’enceinte d’Aurélien. Elle se trouvait vraisemblablement à l’endroit de la Porta del Popolo. Mais, en 402, sous Honorius, à l’époque où les murs furent relevés de ce côté de la ville, la porte FLAMINIA fut percée sur le penchant du Pincio, à très peu de distance à l’est de Santa Maria del Popolo. La porte d’Honorius fut abandonnée vers le VIIe siècle, et l’issue de la VIA FLAMINIA fut reportée à l’ancienne porte FLUMENTANA, qui prit le nom de porte FLAMINIA, qu’elle conserva jusqu’au XVe siècle, époque à laquelle on lui donna le nom de Porta del Popolo, qu’elle a gardé depuis[135].

Nibby reconnaît en cet endroit, vers la villa Borghèse, un ancien cirque[136].

A la fin du 3e mille, elle atteignait le Tibre qu’elle franchissait sur le PONS MILVIUS, ou mieux MOLVIUS (aujourd’hui Ponte Molle), si célèbre dans l’histoire romaine.

Au delà du fleuve, la VIA FLAMINIA entrait en Étrurie et se partageait en deux bras : 1° la VIA FLAMINIA proprement dite, qui suivait la rive droite du Tibre à une certaine distance et le coupait une seconde fois au 42e milliaire, avant d’arriver à OCRICULUM ; — 2° la VIA CASSIA, qui traversait l’Étrurie dans la direction de SUTRIUM.

Je ne dois pas omettre de mentionner l’embranchement que la VIA FLAMINIA envoyait à partir du 8e mille du côté du fleuve. C’était la VIA TIBERINA, qui suivait la rive du Tibre, ainsi que son nom l’indique[137].

 

§ IX.

De la porte PINCIANA, dont le nom ni la place n’ont changé, sortait une route qui, d’après la position de cette porte, tournée vers l’orient, devait se réunir, au 2e mille environ, à la VIA SALARIA.

 

§ X. - VIA SALARIA.

De la porte COLLINA[138] (enceinte de Servius), sortait la VIA SALARIA ou SALARA qui, au temps d’Antonin, conservait ce nom jusqu’à HADRIA, et au temps de Théodose, jusqu’à FORTUNA FANESTRIS[139].

Elle franchissait l’enceinte d’Aurélien à la porte SALARIA (Salara). Mais il parait que ce ne fut qu’au temps d’Honorius que cette porte prit le nom de la route, et qu’auparavant elle s’appelait porte COLLINA, comme celle de l’ancienne enceinte. Cette conformité de nom s’explique par le peu d’intervalle qui séparait de ce côté les deux murs. La porte COLLINA primitive était vers le temple de Vénus, à l’extrémité des jardins de Salluste. De ce point à l’autre, je n’ai compté que 300 mètres[140].

Après avoir dépassé la fameuse Villa Albani, où, mieux que partout ailleurs, on peut étudier l’art antique, grâce à la belle ordonnance dans laquelle l’immortel Winckelmann a su distribuer les richesses qu’un homme d’un goût délicat et éclairé a choisies et rassemblées ; — on arrive, au delà du 2e mille, à l’emplacement d’ANTEMNÆ, parfaitement reconnaissable, à gauche de la route, sur une petite éminence située dans l’angle formé par le confluent du Tibre et de l’Anio. Bormann en a relevé un plan exact qu’il donne dans son ouvrage récemment publié[141].

La VIA SALARIA franchit l’Anio sur le PONS SALARIUS (Ponte Salaro), construit par Narsès, et atteint la 3e borne un peu au delà.

A la 5e, on trouve la Villa Spada, et, à la 6e, à gauche et à droite de la route, les ruines de FIDENÆ. Cette position est aujourd’hui trop bien déterminée pour que je m’y arrête. Bormann en a donné le plan[142]. Je dirai seulement que la ville proprement dite n’était pas au Castel Giubileo, mais au pied de cette colline. La plus grande partie même était à droite de la voie. On peut croire que la citadelle était au Castel Giubileo. Les différentes descriptions de Denys d’Halicarnasse sont d’une rigoureuse exactitude et confirment de tout point l’opinion que j’ai suivie. Enfin, du Castel Giubileo, on découvre le Capitole, ce qui est toutefois moins facile aujourd’hui que du temps de Tite Live[143], lorsque le temple de Jupiter s’élevait majestueusement sur l’emplacement où se trouve la pauvre église plate et écrasée d’Ara Celi.

Je m’arrête ici et je renvoie, pour la suite du parcours de la VIA SALARIA, à ce que j’ai dit plus haut, relativement à ERETUM et au petit fleuve ALLIA. Je dirai seulement que CRUSTUMERIUM, qui a été fixé à Marcigliana Vecchia, devait se trouver sur la VIA SALARIA que j’appellerai RIPENDIS, vers la 10e ou la 11e borne. Mais cette ville avait sans doute cessé d’exister au temps d’Antonin ; c’est pour cela que les Itinéraires ne la mentionnent pas.

Du 1er mille de la VIA SALARIA se détachait, à gauche, un embranchement qui gagnait la VIA FLAMINIA, au PONS MILVIUS[144].

 

§ X. — VIA NOMENTANA OU FICULENSIS.

La VIA NOMENTANA partait de la plus ancienne porte COLLINA, de celle de l’enceinte de Servius, et franchissait le mur d’Aurélien à la porte NOMENTANA, fermée aujourd’hui, mais très reconnaissable. Elle est près du camp prétorien, à 100 mètres au sud de la Porta Pia, ouverte en 1564 par le pape Pie IV, et ornée à l’intérieur d’après les dessins de Michel-Ange.

En 1825, les fouilles entreprises près de la porte NOMENTANA ont fait connaître le tombeau de Q. HATERIUS, préteur sous Tibère.

La route ancienne traversait le lieu où se trouvent aujourd’hui la Villa Patrizi, la Villa Bolognetti (au duc Torlonia), la Villa Massimi ; enfin, la Villa Torlonia, un peu au delà du 1er mille.

Entre la 1re et la 2e borne, se trouvent, sur la gauche de la voie moderne qui coïncide en ce point avec l’ancienne, les deux églises de Sainte-Agnès et de Sainte-Constance. On a cru longtemps que cette dernière avait été un temple de Bacchus avant d’être consacrée au culte chrétien. Mais Winckelmann[145] a établi qu’elle avait été fondée par Constantin, en l’honneur de sa fille Constance, parce que c’est en cet endroit qu’elle avait été baptisée et qu’elle voulait être enterrée. L’illustre savant a prouvé que les candélabres qu’on admire dans cette église et dans celle de Sainte-Agnès (également édifiée par Constantin à la prière de sa fille[146]), étaient de l’époque de Trajan et d’Adrien. Quant à la représentation bachique qui est figurée sur l’urne funèbre de Sainte-Constance, Winckelmann fait observer que les images païennes se trouvent souvent, dans les premiers siècles de Jésus-Christ, mêlées aux signes de la religion nouvelle. Il autorise cette opinion de l’exemple du sarcophage de sainte Hélène, qui représente un combat d’hommes à cheval. Ainsi, les deux églises de Sainte-Constance et de Sainte-Agnès sont des fondations toutes chrétiennes[147].

Près de ces monuments se voient les murs d’une construction ancienne, improprement appelée l’hippodrome de Constantin. Les fouilles ont montré que c’était un cimetière chrétien du VIIe siècle.

Dans la Vigna Rufini se trouve un COLUMBARIUM très bien conservé.

La VIA NOMENTANA atteint et franchit l’Anio sur le PONS NOMENTANUS, entre la 2e et la 3e borne. Ce pont a été refait par Narsès ; c’est aujourd’hui le Ponte Lamentano.

Après avoir passé la rivière, on trouve, à droite, le MONS SACER, à l’angle formé par la voie et l’Anio.

On sait, par un passage de Tite Live[148], que la VIA NOMENTANA passait à FICULEA ou FICULNEA, puisqu’on lui donnait aussi, sous la République, le nom FICULENSIS.

Vers le 4e mille de la VIA NOMENTANA, se voient, dans les Vigne Nuove, des ruines où Nibby place avec vraisemblance la maison de campagne de l’affranchi Phaon, dans laquelle Néron se donna la mort au rapport de Suétone[149].

La voie coupait ensuite le RIVUS ULMANUS, Rio Ulmano.

Au 7e mille environ, c’est-à-dire à la moitié du chemin de Rome à NOMENTUM, se trouvait le bois sacré de la déesse ROBIGO. Voici ce qu’on lit dans Ovide :

Hac mihi Nomento Romam quum lute redirem

Obstitit in media candida pompa via.

Flamen in antiquie lucum Robiginis ibat[150].

Je ne dirai rien de FICULEA, dont la position a été déterminée dans la première partie de ce travail[151]. — La route s’engageait ensuite dans les collines de CORNICULUM. Cette ville devait être à droite, au 11e mille, vers le Monte Gentile, ainsi que je l’ai dit plus haut. — La voie atteignait enfin NOMENTUM, au 14e mille. Les ruines de NOMENTUM se trouvent à très peu de distance au sud-est de La Mentana. C’est, en effet, la mesure fournie par la Table de Peutinger :

Via Nomentana

Roma Eretum

 

Nomento

XIIII

Ereto

 

A Nomento Tibur

VIIII[152]

D’après ce petit tableau, on voit : 1° que la VIA NOMENTANA regagnait la VIA SALARIA à ERETUM, ce qui fait un parcours de 5 kilomètres et demi entre les deux villes ; — 2° qu’il existait autrefois une route directe entre NOMENTUM et TIBUR. Je ne l’ai pas tracée sur ma carte, dans la crainte d’être inexact ; mais, si la mesure de la Table est juste, cette voie devait être presque droite entre ces deux points, car je compte 9 milles, à vol d’oiseau, sur la carte de Westphal.

On trouve, à gauche de la VIA NOMENTANA, après la 5e borne, les vestiges d’un embranchement dans la direction du nord-est. On peut le suivre jusqu’à S. Angelo et même au delà, vers Palombara ; mais les traces se perdent avant d’arriver à cette dernière bourgade.

 

§ XII. - VIA TIBURTINA ET VIA VALERIA.

La VIA TIBURTINA partait de la porte ESQUILINA[153], qui était située vers Santa Maria Maggiore. Elle franchissait les 800 mètres qui séparaient les deux enceintes. La porte du mur d’Aurélien a été construite sous Honorius[154]. Elle est formée par une des arcades de l’aqueduc des eaux MARCIA, TEPULA et JULIA, restauré par Auguste, Titus et Caracalla[155]. Ces trois eaux différentes avaient chacune leur conduit (SPECUS). Cette porte est aujourd’hui désignée sous le nom de porte San Lorenzo.

La VIA TIBURTINA parait avoir suivi primitivement à son origine une autre direction. Elle aurait fléchi vers le nord-est au sortir de la porte ESQUILINA et aurait incliné vers le camp prétorien. Il aurait même existé dans la grande enceinte une porte à cet endroit, vers l’angle méridional du camp. Westphal[156], d’après Fabretti[157], désigne cette porte sous le nom de TIBURTINA. La route à laquelle elle livrait passage se serait confondue avec celle qui est représentée aujourd’hui par la voie moderne de Tivoli, vers l’endroit où est la basilique S. Lorenzo. Fabretti donne à la porte S. Lorenzo, vulgairement considérée comme l’ancienne porte TIBURTINA, le nom de porte COLLATINA[158].

C’est entre les deux enceintes, et même au delà de la grande, qu’étaient les fameuses ESQUILIÆ qui avaient été purifiées et assainies au temps d’Horace. Tout le monde connaît les vers :

Nunc licet Esquiliis, etc.[159]

La route moderne est faite, presque dans toute sa longueur jusqu’à Tivoli, sur le parcours de la voie ancienne dont on voit souvent les vestiges à droite et à gauche.

La basilique San Lorenzo, qui se trouve à 1 mille de la porte ESQUILINA, ou plutôt de son emplacement, fut construite dans le FUNDUS VERANUS[160].

A un mille de la porte San Lorenzo, en a trouvé une belle urne sépulcrale en porphyre que l’on croit avoir appartenu au tombeau de l’affranchi PALLAS qui devait être dans ces environs[161]. Mais cela me paraît très douteux.

Entre le 3e et le 4e milliaire, ou passe au-dessus de l’AQUA VIRGO, qui est souterraine en cet endroit comme autrefois.

Entre le 4e et le 5e milliaire, la voie franchit l’Anio sur le Ponte Mammolo, au moyen âge PONS MAMMÆUS, nom qui lui vient, à ce qu’on croit, de MAMMÆA, mère d’Alexandre Sévère. Il fut, comme les autres ponts de l’Anio, détruit par Totila et réédifié par Narsès.

Entre le 6e et le 7e milliaire, la voie coupe le ruisseau Magliano.

Au 8e mille, elle se partageait en deux routes conduisant toutes deux à Tivoli : l’une passait au nord des AQUÆ ALBULÆ, l’autre au sud. Celle du nord donne un parcours de 20 milles de Rome à Tibur ; celle du sud n’en compte que 19. C’est la route nationale moderne. Elle paraît avoir été la plus ancienne des deux. Les monuments qui y ont été trouvés en font foi. Celle du nord a dû être suivie surtout à partir du second siècle, car c’est évidemment celle qui est indiquée dans les deux Itinéraires. Nous lisons dans celui d’Antonin :

[Via] Valeria.

Ab Urbe Adriæ usque Tiburi

XX[162]

Et dans la Table de Peutinger :

Via Tiburtina.

Roma Sublacium

 

Ad Aquas Albulas

XVI

Tibori[163]

 

La voie du nord passait, en effet, comme ses vestiges le constatent, tout près du lac des AQUÆ ALBULÆ, tandis que la voie du sud en est éloignée de plus d’un mille. Ainsi la distance de 20 milles fournie par l’Itinéraire d’Antonin et la station des AQUÆ ALBULÆ, donnée par la Table de Peutinger, prouvent qu’il s’agit dans les deux monuments de la route du nord.

Je commence par la route du sud, comme étant la voie primitive.

Entre le 11e et le 12e milliaire, à gauche, on trouva, dans des fouilles qui datent de quelques années, le tombeau en marbre érigé à la mémoire de JULIA STEMMA par ses enfants, JULIUS EUTACTIANUS, ATTHIS SIMILIS et LÆTUS EVENUS[164]. Il est au Vatican.

Au 12e milliaire, vis-à-vis de la ferme de Martellone, on trouve le Lago di Tartaro, si connu pour ses eaux pétrifiantes et dont aucun auteur ancien n’a fait mention. En face de Martellone, se trouvent des ruines que l’on croit être celles de la villa de STATILIA PRISCILLA[165].

Presque immédiatement après la 12e borne, on voit, à gauche, une route ancienne[166], qui gagnait les THERMES d’AGRIPPA aux A ALBULÆ, et joignait en cet endroit l’embranchement du nord dont je parlerai bientôt.

Entre le 13e et le 14e milliaire, la voie coupe le petit canal que le cardinal Hippolyte d’Este fit creuser pour l’écoulement des A ALBULÆ dont j’ai fait plus haut la description.

A peu de distance du pont de la Solfatare, à gauche, on trouve la 14e borne que l’on a prise pour les restes du tombeau de M. PLAUTIUS LUCANUS[167].

La voie moderne, dans toute cette partie, ne correspond pas exactement avec la voie antique[168].

A un mille du pont de la Solfatare, se voit, à droite, le tombeau de CLAUDIUS LIBERALIS. — Un peu plus loin, à gauche, était le tombeau de COSSINIA et de SEXTIA EUGENIA. — A droite, du côté de l’Anio, sont les anciennes carrières de pierre tiburtine exploitées par les Romains ; — à gauche, sont les nouvelles[169].

A peu de distance de la 16e borne, la voie ancienne franchissait l’Anio, au même endroit que la route moderne, sur le Ponte Lucano, nom qui lui vient du tombeau dont j’ai parlé plus haut. Ce pont, détruit par Totila, fut refait par Narsès et réparé par Nicolas V.

Immédiatement après avoir traversé le fleuve, à gauche, on rencontre le grand tombeau en travertin de la gens Plautia. Il est de l’époque d’Auguste et présente une très belle conservation. Le fondateur de ce monument funèbre est M. PLAUTIUS SILVANUS, SEPTEMVIR EPULO. L’inscription qui rappelle ses hauts faits et ses dignités se termine par ces mots : VIXIT • ANN • IX. Wright[170] avait pensé qu’on devait lire LIX ; mais Winckelmann a pénétré le vrai sens de cette inscription à laquelle il ne faut rien ajouter. M. Plautius, dit l’illustre auteur de l’Histoire de l’art chez les anciens, comptait n’avoir vécu que les années qu’il avait passées à sa maison de campagne, et il regardait comme non avenue la vie qu’il avait menée jusqu’alors[171]. On trouve, sur le même monument, une inscription de T. Plautius Silvanus qui avait accompagné Claude dans son expédition de Bretagne[172].

En face de ce tombeau, à droite, une route ancienne conduisait à la VILLA HADRIANI et regagnait, par la montagne, la VIA TIBURTINA, dans la ville même de Tu3ua.

Cet embranchement, que l’on peut appeler VIA HADRIANI VILLÆ, envoyait lui-même, à droite, une route qui coupait la PRÆNESTINA, la LABICANA, la TUSCULANA, la LATINA, la TRIUMPHALIS et l’APPIA, et se dirigeait vers ANTIUM. La première fondation de celte voie remontait sans doute à l’époque d’Adrien[173].

En continuant la VIA TIBURTINA, depuis le tombeau de la Gens Plautia, on commence à monter à la fin du 18e mille. C’est à cet endroit que se fait le raccordement de la voie du nord. Le 19e mille est dans la ville même de TIBUR.

Quant à l’embranchement du nord, il commence, ainsi que je l’ai dit plus haut, au 8e mille. Il passe près du lac des AQUÆ ALBULÆ, au 14e mille. C’est ce qui me porte à croire qu’il y a une erreur dans la Table de Peutinger et qu’il faudrait lire XIV au lieu de XVI[174]. Ces interpositions du signe I sont assez fréquentes dans cette Table et, comme les vestiges des routes anciennes subsistent encore, il me paraît plus naturel de placer la station des AQUÆ ALBULÆ auprès de ces eaux mêmes que deux milles plus loin.

La voie coupait l’Anio au 19e mille, au pied de la pente qui conduit à la Villa d’Este et à la ville moderne de Tivoli, qui est à l’emplacement même de l’ancienne TIBUR. Les pavés antiques de cette rampe sont parfaitement conservés.

C’est à TIBUR que commençait la VIA VALERIA, qui franchissait de nouveau le fleuve au-dessus des cataractes et conduisait à VARIA, en suivant la rive droite, au pied des monts Peschiavatori.

EMBRANCHEMENTS DE LA VIA TIBURTINA. 1° Entre le 12e et le 13e milliaire, à gauche de la voie du nord, on a retrouvé des vestiges de voie antique qui suivent la direction de Monticelli où j’ai placé, par conjecture, CAMERIA. On trouve des tombeaux sur cette route, ce qui en prouve l’ancienneté.

2° On a découvert des fragments de voie romaine dans les montagnes au sud de l’Anio. Il existait, en effet, une route qui partait de TIBUR et suivait la rive gauche du fleuve, laissant à droite les Monti Ripoli et Affliano, sur le versant oriental duquel Nibby place dans sa carte la Pilla Lolli ; elle passait ensuite au pied des collines où étaient EMPULUM et SASSULA, et laissait à gauche Siciliano. A partir de cet endroit, on perd les vestiges de cette voie, qui devait traverser le pays des Èques. On en ignore d’ailleurs le nom.

3° Au 33e milliaire de la VIA VALERIA, était un embranchement à droite. C’était la VIA SUBLAQUEUM qui suivait la rive droite de l’Anio et conduisait vers SUBLAQUEUM à la campagne de Néron. C’est sous cet empereur que cette voie fut pavée : Sub Nerone principe primum strata est[175]. SUBLAQUEUM était un peu au delà du 44e mille.

4° Au 36e milliaire de la VIA VALERIA, à droite, se trouvait un DIVERTICULUM qui ralliait la VIA SUBLACENSIS, au 36e milliaire, et formait avec ces deux routes un triangle ayant trois milles sur chaque côté.

 

§ XIII. — VIA COLLATINA.

Cette voie n’est pas mentionnée sur les Itinéraires. Il ne reste de son parcours que quelques vestiges, et il est très probable qu’elle aura été abandonnée dans les derniers temps de l’Empire. Elle subsistait encore à l’époque de Trajan, puisque Frontin en parle. Mais la ville de COLLATIA, la seule que cette route mit en communication avec Rome, avait sans doute disparu vers le second siècle de J.-C., puisque les Itinéraires n’en font pas mention. On sait, d’ailleurs, qu’à l’époque de Strabon elle avait déjà perdit toute son importance, puisqu’il la cite comme une petite bourgade[176]. COLLATIA devait se trouver aux ruines qui sont au nord-ouest de GABU et au sud de la moderne Longhezza, au Castellaccio. C’est la position que lui assigne avec raison Bormann[177]. Castellaccio est situé sur une colline formée de rochers de basalte, d’un accès difficile du côté du sud et de l’ouest. On y trouve des vestiges de murailles antiques de basalte, d’anciens tombeaux et des traces de voie romaine entre Longhezza et cette colline. D’autres géographes ont placé COLLATIA au Castel d’Osa ; mais la voie antique n’y conduit point, et les murs que l’on remarque dans ce dernier endroit sont du moyen âge. Je ne vois pas que le passage de Strabon sur COLLATIA soit un obstacle à l’opinion que je viens de reproduire. Il cite, il est vrai, cette ville parmi les bourgades situées à 30 ou 40 stades de Rome, ce qui ne ferait que trois ou quatre milles (d’après d’Anville qui a établi que Strabon comptait 10 stades au mille au lieu de 8). Mais cette indication qui n’a rien de précis dans la phrase de Strabon, présente évidemment un chiffre trop réduit ; car parmi les bourgades citées par le géographe grec se trouvent, outre COLLATIA, FIDENÆ et LARICUM, dont la position est démontrée, l’une à six milles de Rome (60 stades à 10 par mille), l’autre à quinze milles (150 stades), — et auxquelles, par conséquent, la distance de 40 stades est loin de pouvoir convenir. On voit, d’ailleurs, que Strabon, en supposant que le texte n’ait pas été altéré en cet endroit, n’attache aucune idée d’exactitude à cette indication, car il ajoute après les mots 30 ou 40 stades, ceux-ci : ή μιαρώ πλείονων.... D’ailleurs, Frontin dit expressément que l’AQUA VIRGO prenait sa source vers le 8e milliaire de la VIA COLLATINA. .... Concipitur (aqua Virgo) VIA COLLATINA ad milllarium VIII....[178] Voilà un texte formel que l’on peut opposer au passage très vague de Strabon. Le même auteur dit, dans un autre endroit, que la 6e borne de la VIA COLLATINA n’était éloignée que d’un mille de la VIA PRÆNESTINA. On n’objectera pas que la voie aurait pu se prolonger dans une longueur de plusieurs milles au delà de COLLATIA ; car, après avoir dépassé cette ville, elle n’aurait pu conduire nulle part. Elle se raccordait sans doute avec la VIA PRÆNESTINA, mais immédiatement après COLLATIA.

La VIA COLLATINA partait de la porte ESQUILINA (enceinte de Servius). Elle devait suivre la direction de la moderne Via Santa Bibiana[179]. Mais, comme la ville de COLLATIA avait perdu toute son importance sous les empereurs et avait même vraisemblablement cessé d’exister sous les derniers Césars, on n’ouvrit point de porte spéciale pour la sortie de cette voie dans les murs de la grande enceinte. C’est de la porte TIBURTINA (Porta San Lorenzo) que partait sans doute le chemin qui se raccordait avec l’ancienne VIA COLLATINA, et il dut prendre ce dernier nom, lequel est même donné par quelques auteurs à la porte TIBURTINA, entre autres par Fabretti[180].

 

§ XIV. — VIA PRÆNESTINA.

Elle partait de la porte ESQUILINA, à l’endroit on se voit l’ARCUS GALLIENI[181] (enceinte de Servius Tullius), peut-être aussi de la porte QUERQUETULANA ; elle franchissait la seconde enceinte à la porte PRÆNESTINA, aujourd’hui Porta Maggiore. Cette porte est encore, maintenant, formée par le monument que Claude avait élevé pour l’AQUA CLAUDIA et l’ANIO NOVA[182]. La bifurcation des deux voies LABICANA et PRÆNESTINA avait lieu, à l’époque d’Honorius, un peu avant le mur d’enceinte. Cet empereur ouvrit la 2e porte LABICANA qui a été murée, mais que l’on reconnaît parfaitement près de la Porta Maggiore. Avant cette époque, il est certain qu’il n’y avait qu’une porte qui s’appelait porte LABICANA. La bifurcation ne commençait alors qu’à cet endroit. Honorius, sans rien changer aux routes, recula l’enceinte de ce côté et profita de deux arcades de l’AQUA CLAUDIA pour y faire figurer les deux portes PRÆNESTINA et LABICANA. Ainsi, à l’époque d’Honorius, la bifurcation était en deçà ; à l’époque d’Aurélien, elle était au delà de l’enceinte de Rome, parce que c’est l’enceinte qui avait changé de place.

Un peu avant la Porta Maggiore, à gauche de la route, se trouve le monument décagone dit temple de MINERVA MEDICA. On sait aujourd’hui que cette désignation est fausse et que cet édifice n’est autre chose qu’une vaste salle attenante à un jardin du IIIe siècle. La statue de Minerve n’est pas la seule qui fut trouvée en cet endroit ; on y découvrit celles d’Esculape, de Pomone, de Vénus, d’Adonis, d’Hercule, d’Antinoüs et d’un faune. C’est de ce côté qu’étaient, au temps de Trajan, les jardins PALLANTIANI, dont parle Frontin.

Entre le monument dit de MINERVA MEDICA et la porte d’enceinte, sont deux COLUMBARIA ; l’un est celui que fit construire L. ARRUNTIUS, consul sous Auguste, an VI de notre ère, pour y renfermer les cendres de ses affranchis ; — l’autre consiste en une seule chambre sépulcrale qui parait avoir été destinée par la spéculation à recevoir les cendres de ceux qui n’étaient pas assez riches pour avoir un lieu de sépulture privée.

Dans les travaux entrepris il y a peu d’années à la porte PRÆNESTINA (Porta Maggiore), on a trouvé le tombeau du boulanger M. VIRGILIUS EURYSACES, des derniers temps de la République[183].

C’est en sortant de la Porta Maggiore que, selon Nibby, se voit le VIVARIUM dont parle Procope[184].

Le 1er mille de la VIA PRÆNESTINA se trouve un peu après la Porta Maggiore.

Au 2e mille, la voie coupe l’Acqua Bollicante.

Vers le 3e milliaire, à gauche, se trouvent, à la Torre de’ Schiavi, les ruines considérables de la VILLA GORDIANORUM, décrite par Nibby[185], et qui se composait d’un temple, d’un hippodrome et de plusieurs édifices considérables[186].

A la 9e borne, la route traverse un petit cours d’eau sur un admirable pont antique. Cet endroit devait s’appeler PONS AD NONUM, car il est désigné aujourd’hui sous le nom de Ponte di Nona.

A la 11e borne, la VIA PRÆNESTINA est coupée par la route qui conduisait de la VILLA HADRIANI à ANTIUM. (Voy. le 5e et le 6e embranchement de la VIA APPIA.)

Le tracé de la VIA PRÆNESTINA, entre Rome et PRÆNESTE, n’a point changé dans l’espace de temps qui sépare les deux itinéraires

Itin. d’Antonin.

Table de Peutinger.

PRÆNESTINA.

VIA PRENTINA (al. PRÆNSTINA).

Ab Urbe Benevento usque

Roma Carsulos.

Gabios XII.

Cabios XII.

Præneste XI.

Preneste XI.

Aujourd’hui, l’on compte 23 milles en suivant les tracés de la voie ancienne qui coïncide avec la route moderne de Palestrina.

GABII a été retrouvée depuis longtemps, au 12e milliaire, à l’est du lac dont il n’existe plus aujourd’hui que la place. On peut même reconnaître le temple de JUNO GABINA. Les monuments découverts à GABII ont été publiés par Visconti[187]. Il s’en trouve un grand nombre dans la collection Borghèse. Le prince Borghèse et sir Gavine Hamilton ont trouvé, dans cet endroit, beaucoup de statues et d’inscriptions. La statue de Gordien Pie, qui est au Louvre[188], ainsi que beaucoup d’autres monuments de GABII, provient de ces fouilles.

Tout le monde connaît PRÆNESTE, Palestrina, le temple de la Fortune, la forteresse ancienne et la riche collection d’antiques réunis dans le palais Barberini, faible et tardive réparation du dommage que cette famille a fait aux arts[189]. Les villas d’Adrien et de Gordien Pie étaient à un mille de PRÆNESTE.

Je ne suivrai pas au delà de cette ville le parcours de la VIA PRÆNESTINA ; mais je dois faire remarquer que le nom de cette route s’appliquait, au temps d’Antonin, à la VIA LAVICANA ou LATINA, depuis le COMPITUM d’ANAGNIA. Les stations sont les mêmes et cela fait double emploi dans l’Itinéraire qui date de cet empereur[190] ; tandis qu’à l’époque de Théodose, on donnait le nom de VIA PRÆNESTINA à celle qui tirait vers TREBA (Trevi) et CARSULA, par la montagne.

La première station indiquée après PRÆNESTE, sur la VIA PRÆNESTINA de l’Itinéraire d’Antonin, est :

Sub Anagniæ XXIV

La voie ne pouvait être directe entre les deux points, car on ne compte que 20 milles à vol d’oiseau. Westphal, d’après des vestiges encore existants, donne deux raccordements différents de la VIA PRÆNESTINA avec la VIA LATINA ou LABICANA[191]. Peut-être faut-il suivre le plus long.

 

§ XV. - VIA LABICANA.

J’ai dit plus haut que la VIA LABICANA était confondue, à son origine, avec la VIA PRÆNESTINA, que la bifurcation avait lieu avant la fin du 1er mille, à l’enceinte d’Aurélien, et qu’elle passait sous la porte LABICANA de l’enceinte d’Honorius.

Vers le X mille, on trouve les ruines de l’AQUÆDUCTUS ALEXANDRINUS.

Peu après le 3e mille, vers la Torre Pignatarra, sont les ruines importantes du mausolée de SAINTE HÉLÈNE, dont l’urne funéraire a été transportée à Saint-Jean de Latran et, de là, au Vatican. Dans l’enceinte de ce mausolée, fut élevée, sous Clément XI, l’église S. Pietro e S. Marcellino, que l’on voit à gauche. Près de là aussi ont été trouvées de nombreuses inscriptions mortuaires appartenant au cimetière des EQUITES SINGULARES[192]. On en a découvert de nouvelles, qui ont été encastrées dans le mur du mausolée et dans la façade de l’église. On sait que cette cavalerie d’élite avait ses casernes sur le CŒLIUS.

A un demi-mille plus loin, avant la 4e borne, on a découvert, à la fin de 1841, un COLUMBARIUM. L’Institut archéologique de Rome a rendu compte de cette découverte[193].

A la Torre Nuova, la route moderne se sépare de l’ancienne, à gauche. Fabretti à établi très nettement la direction véritable de la VIA LABICANA, vers la Torre Forame et Fontanile[194].

Après la 10e borne, la voie est traversée par la route qui conduit de la VILLA HADRIANI à ANTIUM. (Voy. les embranchements de la VIA APPIA.)

La voie atteint le 15e mille au pied de la Colonna (LABICUM). AD QUINTANAS est la 1re station indiquée sur les deux Itinéraires, qui sont d’accord pour tout le parcours qui se trouve dans le LATIUM VETUSTISSIMUM.

Table Antonin.

Table de Peutiger.

LABICANA.

VIA LAVICANA

Ab Urbe Benevento[195].

Roma ad Birium.

Ad Quintanas

XV.

Ad Quintanas

XV.

Ad Pictas

X.

Ad Statuas

III.

 

 

Ad Pactas

VII.

 

 

Ad Birium

V.

On ne peut s’étonner de ne pas voir figurer LABICUM parmi les stations de la voie qui lui devait son nom. Cette ville ancienne, qui était détruite au temps de Strabon[196], n’avait jamais dû se trouver sur le parcours de la voie, car elle était sur la hauteur où se trouve aujourd’hui la Colonna. Holstenius a clairement établi cette position d’après Strabon qui dit expressément qu’elle était à 120 stades de Rome, à droite de la route et sur une hauteur. Gell, Nibby et Canina ont suivi l’opinion d’Holstenius ; mais l’abbé Capmartin de Chaupy[197] s’est avisé de placer la ville de LABICUM à Monte Compatri, et, pour accorder cette position avec le texte de Strabon, il a déplacé la voie antique et l’a fait passer dans le vallon compris entre la Colonna et Monte Compatri. Il a retrouvé en cet endroit, clans les bois de Monte Melone, les vestiges d’une voie romaine : c’est la seule preuve qu’il allègue. Mais cette voie n’a jamais été la VIA LABICANA dont les traces sont visibles au nord de la Colonna. C’est le prolongement de la VIA TUSCULANA qui, partant du 10e mille de la VIA LATINA, et, passant par Frascati, se raccorde avec la VIA LABICANA, au 18e mille, c’est-à-dire à la station AD STATUAS de la Table théodosienne[198]. Cette topographie est très clairement exposée sur la carte de Westphal. Je place donc, avec Holstenius et avec presque tous les géographes après lui, LABICUM à la Colonna.

Au 18e mille de la VIA LABICANA, on parvient à S. Cesareo , qui est la station AD STATUAS, comme je viens de le dire : Nibby[199] pense que c’est vers AD STATUAS qu’il faut placer la VILLA LABICANA, où J. Cæsar, d’après Suétone, a dicté son testament[200]. Le nom S. Cesareo semble justifier cette hypothèse.

A droite, on trouve un embranchement sur la VIA LATINA, qui n’est autre chose que le prolongement de la VIA TUSCULANA, dont je parlerai plus bas.

Un peu avant le 19e mille, on trouve un embranchement, à gauche, qui rejoint la VIA PRÆNESTINA, un demi-mille environ avant PRÆNESTE.

En suivant les vestiges de la voie ancienne, on arrive, vers le 25° mille, au pied de Lugnano, où Nibby place la bourgade du moyen âge de LONGAIEIANUM. C’est donc là qu’il faut porter, au sud de cette petite colline, la station des deux itinéraires, AD PICTAS.

C’est à la station nommée AD BIRIUM, qui se trouve à 5 milles de là, que la VIA LABICANA perdait son nom, à l’époque de Théodose, pour prendre celui de VIA LATINA. En effet, un embranchement de la VIA LATINA vient se raccorder en cet endroit à la VIA LABICANA ; c’est celui que Westphal a tracé sur sa carte sous le nom de VIA LATINA II.

A l’époque d’Antonin, la VIA LABICANA conservait son nom bien au delà, puisque, au COMPITUM d’ANAGNIA même, où aboutit le dernier embranchement de la VIA LATINA (ou VIA LATINA III, selon Westphal), ce nom était substitué à celui de VIA LATINA, qui lui est cependant donné par tous les auteurs, jusqu’au sein de la Campanie.

 

§ XVI. — VIA ASINARIA.

La porte ASINARIA de l’enceinte d’Aurélien a été murée ; mais elle se reconnaît encore à quelques pas à l’ouest de la porte S. Giovanni qui est moderne.

La VIA ASINARIA partait, soit de la porte ESQUILINA, soit de la porte QUERQUETELANA, soit enfin de la porte CŒLIMONTANA, de l’enceinte de Servius. On sait qu’elle rejoignait la VIA LATINA vers la 2e borne environ ; mais il est probable qu’elle avait un prolongement dans la direction de la VIA APPIA, et qu’elle se raccordait, après avoir franchi l’ALMO, avec le 2e embranchement de la VIA APPIA sur ARDEA[201]. Ainsi la VIA ASINARIA, selon la conjecture la plus probable, conduisait directement à la VIA ASINARIA ; mais on ne peut rien affirmer de positif à cet égard[202]. Nibby pense que la VIA ASINARIA avait elle-même un embranchement, à gauche, qui passait au sommet du cirque de Romulus dont l’entrée était de ce côté[203].

Dans l’angle de retour formé par le mur d’Aurélien, entre la porte ASINARIA et la porte LATINA, était la porte METRONIA, fermée aujourd’hui. La route à laquelle cette porte donnait passage devait tomber dans la VIA ASINARIA.

 

§ XVII. — VIA LATINA.

La VIA LATINA se séparait de la VIA APPIA un peu au delà de la porte CAPENA, de l’enceinte de Servius, vers l’église S. Cesareo. Cette bifurcation, d’abord extra muros, fut ensuite enfermée par l’enceinte d’Aurélien, réparée par Honorius et par Bélisaire. Elle sortait par la porte LATINA, près de laquelle on a trouvé des monuments funèbres importants, principalement des COLUMBARIA. Je ne mentionnerai que celui qui a été découvert, en 1840, dans la Vigna Accanto, et dont M. Braun a parlé dans le Bulletin de l’Institut de correspondance archéologique de Rome, année 1840 (août), et l’hypogée de MARCUS AURELIUS AGESILAS, découvert près de la porte CAPENA, en 1843.

Un peu après la porte LATINA, se trouvait le 1er mille. Plus loin, à gauche de la voie, à un demi-mille de la porte, on a découvert, en 1851, un très précieux monument de l’écriture cursive archaïque des Romains. C’est une lame de plomb portant des imprécations ou plut8t des conjurations anti-érotiques. La première notice de cette découverte importante a été donnée par le chevalier P. Giuseppe Marchi, dans la Civiltà cattolica[204]. M. G. B. de Rossi en a donné une savante explication historique et philologique dans le Bulletin de l’Institut de correspondance archéologique de 1852[205]. Ce monument est au musée Kircher. M. de Rossi en fixe l’origine au vue siècle.

Voici pour cette région les distances fournies par les deux itinéraires

Table Antonin.

Table de Peutinger.

Ab Urbe.

 

Roma Capuam.

 

Ad Decimum

X.

Ad Decimum

X.

Roboraria

VI.

Ad Birium.

 

Ad Pictas

XVII.

Compito Anagnino

X.

Compitum (Anagnia)

XV.

Ferentinum

VIII.

intrat in Lavicanam.

 

etc.

 

Vers le 4e mille, à gauche, se trouve le Monte del Grano, petite éminence sous laquelle on découvrit la sépulture attribuée à ALEXANDRE SÉVÈRE et à MAMMÆA. Ce tombeau a été décrit par Flaminius Vacca[206] et par Fabretti[207]. On sait aujourd’hui que la destination assignée d’abord à ce monument est fausse[208].

Jusqu’au 10e mille, la VIA LATINA est parfaitement connue. Elle coupe plusieurs fois les aqueducs et se dirige vers l’est presque parallèlement à la route moderne de Frascati.

Entre Rome et la station AD DECIMUM, je dois mentionner le temple de la FORTUNA MULIEBRIS[209], qui devait être un peu après le 4e mille, à gauche de la voie, vers Roma Vecchia. C’est, en effet, à cette distance de Rome que Denys d’Halicarnasse place le camp de Coriolan (VIII, XXII), ce qui est confirmé par Valère Maxime (I, VIII), et par l’auteur du De Viris (XIX). Il est vrai que Tite Live (II, XXXIX, cf. XL) et Eutrope (I, XV) portent ce lieu de campement à 5 milles ; c’est donc entre la 6e et la 5e borne qu’il convient de porter le temple de la FORTUNA MULIEBRIS.

C’est là que Nibby le place sur sa carte, aux ruines qui ont été trouvées, à gauche de la route, vers l’intersection des aqueducs[210] ; mais il est fort douteux que la grande ruine que l’on voit en cet endroit soit autre chose qu’un tombeau.

Les FOSSÆ CLUILIÆ, dont j’ai parlé dans la topographie de la VIA APPIA, se prolongeaient jusqu’à la VIA LATINA, puisque Tite Live, dans le passage que je viens de citer, ajoute : ....ad fossas Clœlias....

Au 6e mille, à gauche, vers un endroit appelé Sette Bassi, se trouvent de grandes ruines où Nibby place le SUBURBANUM HADRIANI.

Un peu avant la station AD DECIMUM, l’on passe sur un pont la Marrana, affluent de l’Anio, et, presque immédiatement après, à gauche, se trouvent des ruines considérables qui sont désignées aujourd’hui sous le nom de Centroni, ou, dans le langage populaire, le Grotte di Lucullo ; c’est là que Nibby place la caserne des CENTRONES.

La station AD DECIMUM est à un endroit appelé Ciampi, avant le Borghetaccio, où était le château des Savelli pendant le moyen âge[211].

C’est à cet endroit de la route que se détache un embranchement, vers Frascati, qui est la VIA TUSCULANA. Depuis Rome jusqu’au 10e mille, on donnait indistinctement à cette route le nom de VIA LATINA ou celui de VIA TUSCULANA, comme il paraît d’après le passage de Denys que j’ai indiqué plus haut et dans lequel l’historien dit que Coriolan a campé à 35 stades de Rome, sur la VIA TUSCULANA.

Je dois encore, au sujet de la 10e borne, mentionner une erreur qui s’est glissée dans quelques éditions de Tite Live, relativement à la position de CORBIO. Au chapitre LXIX du livre III, l’historien dit que cette ville est près de la 10e borne ; c’est, sans doute, près de la 20e qu’il faut lire.

A la 11e pierre, la VIA LATINA était coupée par la route qui conduisait de la VILLA HADRIANI à ANTIUM. (Voy. les embranchements de la VIA APPIA).

La meilleure édition de la Table Antonine porte ROBOBARIA à 6 milles de AD DECIMUM[212]. Cette ligne et les deux suivantes n’existent pas dans le manuscrit n° 771[213]. Cluvier et Westphal ont adopté, entre ces deux points, la distance de 3 milles. Je vois dans les meilleurs manuscrits de l’Itinéraire 6 et non 3 milles. En adoptant donc la mesure de 6 milles, ROBOBARIA se trouve portée au Castello di Molara des Sacchi. Mais le texte primitif de l’Itinéraire a été visiblement altéré pour cette partie du parcours de la VIA LATINA.

Dans cet intervalle de 6 milles qui, selon moi, sépare AD DECIMUM de ROBORARIA, la route entre dans la vallée de la Molara, en suivant la pente du Monte Tusculano. Elle a, à sa droite, le cours de la CRABRA et Grotta Ferrata ; à gauche, le sommet sur lequel sont les ruines de TUSCULUM.

C’est au 13e mille de la VIA LATINA, vers un lieu nommé Ponticelli, que je place le TUSCULANUM de Cicéron. Il devait, en effet, s’étendre sur la pente méridionale du mont Tusculan et des deux côtés de la voie ; car nous savons, par différents passages de Cicéron lui-même, rapportés par Cluvier[214], que l’AQUA CRABRA arrosait sa villa. Il me parait tout à fait impossible d’admettre que la campagne de Cicéron fût à Frascati même, dans les villas Torlonia et Aldobrandini ; car ces villas sont sur le versant opposé à la vallée qu’arrosait l’eau CRABRA. Or, voici ce qu’on lit dans un passage du célèbre orateur : .... Ego Tusculanis pro Aqua Crabra vectigal pendam[215].... Et dans un autre passage : .... de Crabra quid agatur etsi nunc quidem etiam nimium est aquæ, lamen velim scire[216].... Aussi l’opinion que je viens de rapporter paraît-elle abandonnée aujourd’hui, et celle de Canina, que j’ai suivie, semble-t-elle généralement adoptée[217]. Comme cette villa devait avoir une certaine étendue, il faut joindre aux champs qui avoisinent Ponticelli, la colline de Grotta Ferrata, au pied de laquelle coule l’AQUA CRABRA. Je n’ai pas besoin de rappeler que Sylla avait possédé une maison de campagne dans le TUSCULANUM[218]. Quant à la colline appelée par Pline CORNE, et située également dans ces environs, je ne sais où elle était. Il s’y trouvait un Lucus consacré à DIANE LATIALE[219].

A 1 mille de Grotta Ferrata, sur la rive droite de l’AQUA CRABRA, se voit un petit monticule qui était surmonté d’un temple consacré par les Tusculans à Septime Sévère, sous le règne de Caracalla. On a retrouvé, à cet endroit, l’inscription suivante, en 1840 :

divo

SEVERO

PATRI

ANTONINI

PII • FELICIS

AVG

tuSCVLANI[220]

Entre le 15e et le 16e mille se trouvait le raccordement de la VIA TUSCULANA avec la VIA LATINA.

La route se rend de ROBORARIA à l’Osteria dell’ Aglio. Elle traversait, pour atteindre ce dernier point, la vallée d’ALGIDE. Je n’ajouterai rien à ce que j’ai dit plus haut sur la topographie d’ALGIDUM. J’insisterai seulement sur cette observation que, pour moi, l’ALGIDE est à la fois, 1° une ancienne forteresse, qui n’existait sans cloute plus à l’époque impériale ; — 2° une bourgade ou ville située dans la plaine ; — 3° une montagne ou peut-être plusieurs sommets situes entre Rocca-Priora et l’Atermisio, en comprenant même sans doute ces deux hauteurs ; — 4° enfin , toute la vallée entre Molara et le défilé qui donne passade à la VIA LATINA, à l’est des deux petits lacs dont l’un devait être, ainsi que je l’ai dit, le LACUS REGILLUS.

De ROBORARIA à la station de AD PICTAS, tous les manuscrits, à l’exception du n° 671, qui laisse, en cet endroit, trois lignes en blanc, portent 17 milles, mesure évidemment fausse puisque Westphal, qui place ROBORARIA 3 milles plus près de Rome que nous ne l’avons portée, ne trouve cependant que 14 milles entre ces deux points. Je n’en dois donc compter que 11. Mais il ne faut pas chercher à expliquer les mesures de la Table sur ce point. Elles ont été assurément altérées. C’est au 11e milliaire que la VIA LATINA entre dans le défilé de l’Algide ; elle eu sort avant le 22e. A sa sortie, elle envoie le 1er embranchement à gauche. Il touche à la station nommée AD DICTAS, au 27e mille, tandis que, par la VIA LABICANA, on n’en compte que 25.

La VIA LATINA continue soit parcours vers l’est, dans une direction parallèle à la VIA LABICANA ; elle arrive au pied de Monte Fortino, où l’on place avec vraisemblance l’ARTENA VOLSCORUM, au 29e milliaire. De ce point part le second embranchement sur la VIA LABICANA, gagnant la station AD BIRIUM, au 32e mille, tandis que l’on ne compte que 30 milles par la VIA LABICANA. La différence subsiste donc la même.

Enfin, la VIA LATINA, continuant son parcours parallèlement à la VIA LABICANA, gagne le COMPITUM ANAGNINUM au 42e mille.

Nous avons vu plus haut que l’Itinéraire d’Antonin donne à cette voie la désignation de VIA LATINA, seulement jusqu’au COMPITUM ANAGNINUM ; puis il ajoute ces mots : intrat in Lavicanam. Mais la désignation populaire de VIA LATINA est appliquée à cette route jusqu’au PONS CASILINENSIS ou même jusqu’à BENEVENTUM.

D’après la Table de Peutinger, ce serait à la station nommée AD BIRIUM que la VIA LATINA succéderait à la VIA LABICANA.

 

§ XVIII. — VIA TUSCULANA.

La VIA TUSCULANA proprement dite se séparait, comme je l’ai indiqué plus haut, de la VIA LATINA, au 10e mille, à gauche, et se dirigeait vers TUSCULUM, en traversant le lieu où se trouve Frascati.

Tout le versant de la colline Tusculane qui regarde Rome et sur lequel s’étendent les villas Torlonia, Aldobrandini et la ville de Frascati, était vraisemblablement occupé par la Villa de LUCULLUS.

Près de l’endroit appelé Torrone, à droite de la VIA TUSCULANA, entre AD DECIMUM et Frascati, l’on voit une grande ruine que l’on croit être le tombeau de ce personnage célèbre[221].

Enfin, on a découvert plusieurs chambres ou compartiments de construction romaine dans la campagne de Frascati. Le nom de Lucullus est resté populaire dans tous ces environs. Ces ruines sont désignées sous le nom de Grotte di Lucullo[222].

La VIA TUSCULANA gravissait le mont Tusculan, en tournant le sommet du côté du nord, et en passant au pied de la Ruffinella[223] et de Mondragone. Je ne parlerai pas des nombreuses fouilles exécutées dans ces environs et qui ont surtout enrichi les collections Albani et Borghèse. Je rappellerai seulement la belle découverte de l’Antinoüs faite dans la villa Mondragone[224]. La voie entrait à TUSCULUM par l’est et en ressortait vers le sud-ouest, décrivant ainsi une courbe et se repliant sur elle-même. Les murs, par conséquent l’étendue de l’ancienne ville, la forteresse à l’orient, le théâtre qui est auprès, l’amphithéâtre qui est à l’autre extrémité, sont retrouvés[225]. De ce dernier point, la route descendait dans la vallée de Molara, et rejoignait la VIA TRIUMPHALIS, à l’est de Marino. On voit les vestiges de ce DIVERTICULUM près de l’église S. Roco[226].

A Frascati, l’on trouve un embranchement de la VIA TUSCULANA, à gauche. C’est le prolongement dont j’ai parlé plus haut, qui gagnait la VIA LABICANA à la station de AD STATUAS, et que l’abbé de Chaupy a pris pour la VIA LABICANA.

 

§ XIX. – VIA ARDEATINA.

Il existait plusieurs routes conduisant de Rome à ARDEA ; mais celle qui était appelée proprement VIA ARDEATINA était le premier embranchement de la VIA APPIA, à droite, un pets avant la 2e borne. L’embranchement que l’on trouve du même côté de la route après le 2e mille, vers l’église S. Sebastiano, et que j’ai considéré comme le prolongement de la VIA ASINARIA, tombait dans la VIA ARDEATINA proprement dite, avant la 3° borne.

En suivant la voie depuis cette jonction, on parvient à la 6e borne, vers le château de Léon XII à Cecchignola. Dans le terrain voisin, qui s’appelle aujourd’hui du nom d’une ancienne église ruinée, S. Cesareo, des fouilles furent entreprises, à gauche de la route, par la duchesse de Sermonetta. On y découvrit une villa très importante, construite en l’année 123 de J.-C., ainsi que le prouve l’inscription suivante qui y fut trouvée

EX F DONITI... DONITIanI SVLPICI

PAETINO ET APRONIANO

COS

On y trouva aussi un autel de Minerve[227].

Un peu avant l’endroit où ces fouilles ont été faites, la VIA ARDEATINA envoie un embranchement à droite, dont on perd les vestiges à quelque distance de là et qui devait rejoindre la VIA ANTIATINA, dont j’ai parlé plus haut.

Au delà du 8e mille, en devait trouver, à gauche, l’embranchement qui joint la VIA APPIA aux Frattocchie.

Vers le 14e mille, à droite, est l’embranchement de la VIA OSTIENSIS.

Au 15e mille, à gauche, est le petit vallon de l’ORACLE DE FAUNE et de l’ALBUNEA.

Vers cet endroit, il existait assurément un ITER, sinon une VIA, qui se détachait à droite de la VIA ARDEATINA, vers LAVINIUM (Pratica), en suivant la direction d’un aqueduc dont les ruines se voient encore.

Enfin, la VIA ARDEATINA, après avoir franchi le Rio Torto et le Rio di Nemi, atteint ARDEA (Ardia), un peu au delà du 21e mille. Il y a très peu d’années, des fouilles furent faites dans l’emplacement de l’ancienne ville. M. G. B. Guidi découvrit la nécropole d’ARDEA. On y trouva surtout des vases antiques d’une très belle conservation[228].

 

§ XX. - VIA CAMPANA.

Fabretti a indiqué, sur les cartes qui accompagnent son ouvrage Des Aqueducs[229], une route franchissant l’enceinte d’Aurélien par une porte qui aurait été percée entre la porte APPIA et la porte OSTIENSIS. La section du mur qui comprenait cette porte n’existe plus et a été remplacée par une construction moderne qui ne permet pas de retrouver les vestiges de l’ancienne.

Deux routes sortaient de cette porte, selon Fabretti. L’une, à gauche, gagnait la VIA APPIA, un demi-mille plus loin ; l’antre suivait d’abord une direction presque parallèle à la VIA ARDEATINA, dont j’ai indiqué le parcours dans le paragraphe précédent ; puis elle atteignait, vers le 6e mille, l’embranchement de la VIA OSTIENSIS sur ARDEA.

Qu’était-ce que cette route ? Probablement une de celles qui sont mentionnées par Aurelius Victor, et dont la position n’a pu être reconnue jusqu’à présent. Fabretti pense que c’est peut-être la VIA CAMPANA. Mais, selon Canina, la VIA CAMPANA était en Étrurie, et aurait formé un embranchement de droite de la VIA PORTUENSIS[230]. Sprunert[231], et après lui, Kutscheit[232], ont reproduit, je crois, d’après Fabretti, la voie et la porte dont je viens de parler. Sprunert donne à la porte le nom d’ARDEATINA, mais il y ajoute le signe du doute. Kutscheit, en conservant le nom, a supprimé le signe. Or, je ne connais aucun témoignage qui autorise cette supposition. Westphal ne nous fournit aucune indication à cet égard. Il parait toutefois assuré que, du temps de Fabretti, il existait des vestiges qui devaient justifier la topographie qu’il nous a laissée. Cette route ne peut être considérée que comme une des origines de la VIA ARDEATINA.

Il en est de même pour la VIA OSTIENSIS jusqu’au 3e mille ; car c’est à cette distance de l’enceinte de Servius que se détache l’embranchement sur ARDEA, dont j’ai parlé plus haut, et qui se réunit à la VIA ARDEATINA, au 14e mille du parcours de cette dernière.

 

§ XXI. - VIA OSTIENSIS.

Les vestiges de cette voie sont visibles aujourd’hui presque dans tout son parcours de Rome à OSTIA.

L’ancienne OSTIA du temps des Empereurs, était au 169 mille, depuis la porte NAVALIS de l’enceinte de Servius. La moderne est au 15e. C’est entre ces deux positions qu’était la ville primitive, celle qui fut fondée par Ancus Marcius. Elle était sur le bras du fleuve dont le lit, aujourd’hui desséché, porte le nom de Fiume Morto.

L’Itinéraire d’Antonin nous fournit la distance de 16 milles entre Rome et OSTIA[233]. C’est la ville des Empereurs.

La VIA OSTIENSIS avait trois origines : 1° à la porte TRICEMINA ; c’est la plus ancienne ; 2° à la porte NAVALIS ; 3° à la porte NÆVIA. C’est de la porte NÆVIA que se comptent les milles. La voie franchissait le mur d’Aurélien par la PORTA OSTIENSIS, en laissant à droite la pyramide du septemvir épulon C. CESTIUS ; coupait l’ALMO, un peu après la 1re borne ; puis traversait, après la seconde, un autre cours d’eau qui doit être ou le SPINO ou le NODINUS. A droite de la route, se trouve aujourd’hui la basilique S. Paolo.

Environ au 3e mille, se détachait l’embranchement vers ARDEA, dont j’ai parlé plus bas.

Entre la 3e et la 4e pierre, la voie traversait le VICUS ALEXANDRINUS[234]. De ce point, partait un embranchement, à gauche, sur LAURENTUM et LAVINIUM. J’en parlerai plus bas.

Un peu au delà du 5e milliaire, la voie coupait le RIVUS ALBANUS, dont les eaux se réunissent, au-dessus, à celles de l’AQUA FERENTINA. Ces deux cours d’eau confondus forment le moderne Fosso della Torre di Valle.

Entre le 5e et le 6e milliaire, à gauche, un second embranchement se dirige sur LAVINIUM et LAURENTUM et rejoint le premier à très peu de distance de là. On a trouvé, en 1816, un peu avant l’Osreria di Mezzo Cammino, un grand nombre de conduits en plomb avec des inscriptions qui prouvent qu’en cet endroit (Tenuta di S. Ciriaco) existait une villa appartenant à P. NONIUS ASPRENAS[235].

La voie traverse, vers le 9e mille, le Fiume di Decuno sur un pont antique (le Ponte della Refolta), près duquel sont les ruines d’un aqueduc ancien se dirigeant vers OSTIA.

Du 14e au 15e milliaire, la voie passe entre l’étang marécageux d’OSTIA, à gauche, et les anciennes salines, à droite.

A la 15e borne, elle atteint la moderne OSTIA, bourg désert composé de cinq à six maisons, d’une église dédiée à sainte Monique et de quelques baraques.

Enfin, au 16e milliaire, en arrive aux ruines de l’ancienne OSTIA des Empereurs. Des fouilles considérables ont été faites parmi ces ruines depuis un siècle environ. D’importantes découvertes datent d’une époque récente[236]. En 1826, on trouva le sarcophage de C. JULIUS EVHODUS qui représente la mort d’Alceste[237]. On découvrit, il y a quelques années, le fameux bas-relief représentant les jeux de la Naumachie, et qui se voit à la villa Borghèse. Enfin, plus récemment encore, de curieuses inscriptions ont été mises au jour[238]. L’énumération et la description des objets d’art précieux, trouvés à Ostie, feraient le sujet d’un ouvrage[239].

 

§ XXII. - PROLONGEMENT DE LA VIA OSTIENSIS (VIA SEVERIANA).

Voici les distances fournies par la Table de Peutinger :

Via Hostensis (alias Ostiensis).

Roma Terracinam.

Hostis

XVI

Laurento

XVI

Lavinia

VI

Antium

XVII

etc.

 

Soit qu’on veuille voir dans le LAURENTO de la Table la ville sacrée de Latinus, ou la ville plus moderne de LAURENTUM, située un peu au sud de Torre-Paterno ; soit enfin que l’on comprenne sous cette désignation le LARENTINUM de Pline et d’Hortensius ; il est impossible de justifier la distance de 16 milles donnée par la Table, depuis OSTIA. Je pense toutefois qu’il n’est pas impossible d’expliquer ce passage. Il importe d’abord d’établir les trois positions que je viens d’indiquer.

Il existe près de Torre-Paterno une colline couverte de ruines[240]. C’est ce qui a fait placer LAURENTUM à cet endroit[241]. Il est certain qu’il a existé, en effet, vers Torre-Paterno, une ville du nom de LAURENTUM, sur la VIA SEVERIANA, comme le prouve l’Itinéraire[242]. Cette ville ou plutôt cette station parait être de l’époque des Empereurs. Le nom antique s’est conservé dans le Pantan’ di Lauro, situé à un quart de lieue de Torre-Paterno, au sud.

Mais ce LAURENTUM n’est évidemment pas celui de Virgile qui était : 1° à une certaine distance de la mer ; 2° assez peu éloigné du Tibre ; 3° très rapproché du lac d’OSTIA. II est impossible, en effet, de ne pas admettre ces trois conditions pour l’emplacement de LAURENTUM, si l’on se rappelle les différents passages de l’Énéide où cette ville est mentionnée. Or, Torre Paterno est très près de la mer et en était encore plus rapprochée il y a 48 siècles ; elle est à 5 milles environ du lac d’Ostie et à 8 du Tibre. Le véritable emplacement de la plus ancienne LAURENTUM, la ville de LATINUS, le séjour de PICUS, l’antique cité consacrée par la piété romaine, me paraît avoir été où Canina l’indique sur sa carte[243], c’est-à-dire à 2 milles, au nord, de Torre Paterno, au pied des collines boisées qui séparent la vallée de Decimo de la côte maritime[244].

Quant au LARENTINUM de Pline, la position en a été rigoureusement déterminée. La distance fournie par Pline lui-même est de 17 milles, depuis Rome. Il nous apprend que deux voies y conduisaient : il fallait suivre la VIA OSTIENSIS, jusqu’à la 11e borne, ou la VIA LAURENTINA, jusqu’à la 14e. Avec cette indication, il était facile de déterminer géométriquement l’emplacement de cette villa. C’est au sommet de l’angle formé par ces deux routes qu’il faut la chercher. C’est sans aucun doute celle dont on voit les ruines, à gauche du petit ruisseau de la Focetta, à égale distance, à peu près, de Castel Fusano et de Torre-Paterno. La maison de Pline a été décrite par Vincenzo Scamozzi en 1615, par Félibien en 1699, par Pietro Marquez en 1796, par Macquet en 1818, par Haudebour en 1838, et dans ces derniers temps par Jules Bouchet (1852).

Entre la villa de Pline et Torre-Paterno, se trouvait la maison de campagne d’HORTENSIUS[245].

Voici les distances qui séparent OSTIA des quatre LAURENTUM :

Le LAURENTUM de Torre-Paterno en est éloigné de 8 milles. Le LAURENTUM de Virgile, de 6 milles.

Et le LAURENTINUM de Pline, de 5 milles ½.

Celui d’Hortensius, de 6 milles environ.

Mais quant à la distance de 16 milles donnée par la Table, peut-être faut-il la compter depuis Rome et non depuis OSTIA ; et suppléer ainsi au texte :

Via Hosesis.

Roma Terracinam.

[Roma] Hostis XVI

[vel, per Laurentinam, viam,

Roma] Laurento XVI

Je ne me dissimule pas les objections que l’on peut faire à cette conjecture. Aussi rte la présenté je qu’avec réserve et seulement comme une hypothèse. Si on ne l’admet pas, il faut, de toute nécessité, corriger la Table et lire :

Laurento VIII

Dans ce cas, cette voie, depuis OSTIA, ne serait autre chose que la VIA SEVERIANA. Elle existe encore. On en retrouve presque partout les vestiges sur la ciste, tantôt à découvert, tantôt à moitié cachés sous le sable. En voici le parcours depuis OSTIA :

Après le 2e milliaire, on traverse sur titi pont moderne le canal moderne gui sert d’écoulement au lac d’OSTIA. On entre dans le parc de Castel-Fusano. Il existait autrefois un pont romain sur ce canal. Il servait de séparation aux territoires d’OSTIA et de LAURENTUM[246].

Au 5e milliaire, on arrive à la Focetta, qui précède la villa de Pline[247]. Après avoir dépassé celte maison rte campagne et celle d’Hortensius, On voit, à gauche, les ruines d’un aqueduc qui amenait les eaux à l’une des riches villas du pays Laurentin.

Un peu au delà de Torre Paterno, on arrive au village de LAURENTUM, au 8e mille.

A 6 milles de là, en suivant toujours la direction de la côte, qui est parallèle à la route, on arrive à l’embouchure du Rio di Pratica ou Rio di Turno. C’est le NUMICIUS.

Dans ce pays désert, on traverse tantôt des bois de sapins, tantôt des macchie, et partout des ruines. Tout ce rivage d’OSTIA à ANTIUM était couvert des somptueuses maisons de plaisance. La route antique est presque toujours tracée entre un coteau verdoyant et des dunes de sable. Sur les rives mêmes du NUMICIUS, à droite du fleuve, se trouve la forêt Borghèse. Le chêne vert, le liège au tronc grisâtre et déchiré, le laurier, l’olivier entremêlés de poiriers, de pommiers, souvent entourés de rosiers, de myrtes, de lentisques, le tout enlacé de lierres, de vignes ou de chèvrefeuilles, forment des massifs impénétrables[248]. Tel est l’aspect actuel du plus ancien bois consacré par la piété romaine, celui de JUPITER INDIGES[249].

La route ne passait pas à LAVINIUM, situé sur la colline volcanique de Pratica ; mais à la station qui était vis-à-vis de cette ville, sur la côte, et qui portait le même nom. Cette station devait être, d’après la mesure de la Table, qui compte 6 milles depuis LAURENTUM, un peu avant la Torre Vajanica.

Entre le 15e et le 16e milliaire, la voie coupe le Rio-Torto, et, vers le 18e le Rio di Nemi ; au 31e enfin, elle atteint ANTIUM ; ce qui fait 17 milles depuis la station de LAVINIUM, distance donnée par la Table.

 

§ XXIII. - EMBRANCHEMENTS DE LA VIA OSTIENSIS, VIA LAURENTINA, VIA LAVINIENSIS.

Le premier embranchement, à gauche, est celui qui gagne la VIA ARDEATINA.

Le second, entre le 3e et le 4e milliaire, est la VIA LAURENTINA.

Le troisième, encore à gauche, entre le 5e et le 6e milliaire, se réunit, presque aussitôt, au précédent, c’est-à-dire à la VIA LAURENTINA. C’est à la 6e borne que se faisaient des sacrifices au dieu Terme[250]. La route traverse ensuite le Val Decimo, dont le nom rappelle la station AD DECIMUM. Il faut remarquer toutefois que le 10e mille ne tombe pas précisément au petit endroit appelé Decimo, mais près de celui de Malpasso, où l’on traverse le Rio di Decimo.

La 11e borne a été retrouvée, il y a peu d’années, au Casale di Decimo. En voici l’inscription :

XI

TI • CAESAR • AVGVST

PONTIF • MAXIM

TRIB • POT • XXXI[251]

La VIA LAURENTINA atteignait le LAURENTUM de Virgile vers la 16e borne, et celui des Empereurs à Pantano di Lauro, vers la 18e.

On ne sait au juste où avait lieu la séparation des deux voies LAURENTINA et LAVINIENSIS ; mais cette dernière devait atteindre, au 19e milliaire, la ville de LAVINIUM, dont la position à Pratica est fixée par suite des fouilles dirigées sur ce point. Dans une des dernières qui ont été entreprises à cet endroit, on a trouvé la fameuse inscription de LAURO-LAVINIUM. Il est établi aujourd’hui, après les doctes dissertations de Henzen, de Zumpt[252] et de Bormann[253], que LAURO-LAVINIUM est le nom que LAVINIUM porta sous les Empereurs. Il ne faut donc pas croire, avec Nibby[254], que la ville de LAURO-LAVINIUM ait été fondée sous Antonin. Elle existait déjà sous ce nom à l’époque de Vespasien : LAURUM-LAUINIA lege et consecratione ueteri manet. Ager eius ab imppp. Vespasiano, Traiano et Adriano in lacineis est adsignatus. Iter populo non debetur[255]. Nous voyons par des fragments d’inscriptions qu’ont publiés Fabretti[256], Volpi[257] et Bormann[258], que les habitants de LAVINIUM sont désignés sous le nom de LAURENTES • LA[vinienses]. Enfin, d’après une inscription trouvée à Pratica, il est clairement établi que la ville de LAURO-LAVINIUM reçut de nouveaux privilèges sous l’empereur Antonin. Elle en avait donc reçu auparavant ; par conséquent elle existait déjà sous ce nom. Il est vrai que l’inscription porte seulement LAVRENS, mais je répète qu’elle fut trouvée à Pratica, et qu’il ne se peut agir que de LAVINIUM. La voici :

DIVO • ANTONINO • AVG •

SENATVS • POPVLVSQVE • LAVRENS •

QVOD PRIVILEGIA • EORVM • NON •

MODO CVSTODIERIT • SED • ETIAM •

AMPLIAVERIT • CVRATORE •

M • ANNIO • SABINO • LIBONE - C • V[259]

CVRANTIBVS • TI • IVLIO - NEPOTIANO •

ET • P • AEMILIO • EGNATIANO - PRAET

II • QQ • LAVRENTIVM

Il parait donc que le nom de LAURENTUM, qui se trouvait uni à celui de LAVINIUM (LAURO-LAVINIUM) pour désigner au Ier siècle cette dernière cité, lui fut appliqué seul au IIe siècle. Cela s’explique facilement par la disparition de l’ancienne LAURENTUM de Virgile, par le peu d’importance de la station de LAURENTUM sur la VIA SEVERIANA, et par la désignation d’AGER LAURENS donnée à tout le territoire qui sépare les deux cités.

 

§ XXIV. - VOIES ROMAINES DONT LA POSITION EST INCONNUE.

Je n’ai point parlé des voles CIMINIA et SETINA, dont le parcours est en dehors du cadre que je me suis tracé, l’une étant dans le LATIUM, l’autre en Étrurie[260]. Mais dans l’énumération des vingt-neuf voies romaines de Publius Sextus se trouvent les suivantes, dont la position est demeurée inconnue :

GALLICANA,

PATINARIA,

GALLICA,

LATICULENSIS.

 

§ XXV. — LES VOIES ROMAINES SERVANT DE LIMITES AUX TRIBUS RUSTIQUES.

La tribu romaine fut, selon les temps, une division civile, politique, militaire ou alimentaire. Avant Servius, le peuple était réparti en trois tribus dont les noms mêmes rappelaient la triple origine de la nation romaine : TITENSES, RAMNENSES, LUCERES.

Depuis Servius, le nombre des tribus s’accrut considérablement. Elles furent divisées en tribus rustiques et tribus urbaines. Ces dernières étaient au nombre de quatre : COLLINA, SUBURRANA, PALATINA et ESQUILINA. On comptait dix-sept tribus rustiques, selon Denys d’Halicarnasse. Cependant Mommsen a établi[261] qu’à l’époque de Coriolan, 259 de Rome, il n’existait que vingt tribus en tout : seize rustiques et quatre urbaines. Ce ne fut qu’en 361 de Rome que le nombre des tribus fut porté à vingt et une par l’addition de la CRUSTUMINA.

Les seize tribus rustiques de 259 étaient : la ROMULIA, la VIENTINA, la CLAUDIA, la PUPINIA, la PAPIRIA, la LEMONIA, l’ÆMILIA, la CORNELIA, la FABIA, la GALERIA, l’HORATIA, la MENENIA, la POLLIA, la SERGIA, la VETURIA, la VOLTINIA.

En 361, la CRUSTUMINIA.

En 367, on compte vingt-cinq tribus, par l’addition de la STELLATINA, de la TROMENTINA, de la SABATINA et de l’ARNIENSIS.

En 396, ce nombre fut porté à vingt-sept par l’addition de la POMPTINA et de la POBLILIA.

En 422, à vingt-neuf : MÆCIA et SCAPTIA.

En 436, à trente et une : OUFENTINA et FALERNA.

En 455, à trente-trois : ANIENSIS et TERENTINA.

En 513 enfin, à trente-cinq : VELINA et QUIRINA.

Ce nombre de trente-cinq ne fut dépassé qu’accidentellement et porté à quarante-trois sous le consulat de Julius Cæsar et de P. Rutilius Lupus, en 660 de Rome[262].

Il est hors de doute que les vingt premières tribus, créées avant 259, formaient des divisions territoriales très nettement définies. II n’en fut pas de même dans la suite. La condition inégale des cités souvent voisines, lorsque les conquêtes de Rome excédèrent l’AGER ROMANUS, fut un obstacle aux répartitions régulières de territoire. De plus, l’inscription dans une tribu donnait le droit de cité avec ou sans suffrage. De là la distinction faite par Mommsen[263] de la CIVITAS SIN SUFFRAGIO et de l’AGER EX JURE QUIRITIUM. Or l’inscription concerne 1° les personnes, 2° les immeubles. Il en résulta une complication qui n’existait pas pour les premières tribus rustiques, dans lesquelles tous les habitants libres et toutes les terres jouissaient du JUS CIVITATIS. C’est donc des vingt premières tribus seulement que je dois m’occuper ici, comme étant les seules qui eussent formé des divisions géographiques. Aussi bien les tribus qui furent créées après 259 excédèrent-elles l’étendue de l’AGER ROMANUS, sauf la CRUSTUMINA, la MÆCIA et la SCAPTIA, dont il est facile de fixer la position, sinon de déterminer les limites.

Parmi ces vingt-trois tribus, il y en avait un certain nombre en Étrurie. Je n’ai pas à m’y arrêter.

Les quatre tribus urbaines s’agrandirent avec la ville. D’abord embrassées par l’enceinte de Servius, elles se développèrent à mesure que l’on recula les murs. La position en a été établie avec certitude par Boindin[264], d’après Varron.

Quant aux seize premières tribus rustiques, elles ont tiré leurs noms, soit du territoire où elles étaient situées, soit des gentes considérables qui s’y trouvaient établies.

D’après la position connue de quelques-unes de ces tribus, il parait assuré qu’elles ne s’étendaient pas à plus de 12 ou 15 milles des murs de Rome, et qu’elles rayonnaient autour de la cité. En effet, les tribus SCAPTIA et MÆCIA, qui furent créées après 259, et dont l’une était aux environs de LANUVIUM, et l’autre aux environs de SCAPTIA, en deçà des hauteurs de TIBUR et de PRÆNESTE, bornaient les tribus LEMONIA et PUPINIA, dont l’emplacement est déterminé par Festus à l’est de Rome. Les premières tribus rustiques ne pouvaient s’agrandir, car elles étaient enfermées pour ainsi dire par les tribus de création plus nouvelle.

La plus ancienne répartition connue du territoire d’une cité est celle des PAGI[265]. Elle est antérieure même à la fondation de Rome. Les PAGI servirent donc à déterminer les tribus ; mais il faut se garder de croire que l’étendue des premières tribus fût la même que celle des PAGI, car il y avait dans le territoire de chaque tribu plusieurs PAGI ou cantons, dont l’un donna son nom à la tribu elle-même : Lemonia tribus a pago Lemonio appellata[266]. Or cette tribu devait s’étendre entre la VIA LATINA et la VIA APPIA : ....est a porta Capena, via Latina. — Nous avons vu, en décrivant la topographie de la VIA APPIA, qu’il se trouvait, de ce même côté de la voie, deux autres PAGI : SULPICIUS CITERIOR et SULPICIUS ULTERIOR. Il est donc probable que les premières tribus rayonnant autour de Rome et formant sans doute des angles dont les sommets touchaient à la ville même, ne comprenaient toutes qu’un seul PAGUS sous les murs d’enceinte. Du côté de l’Étrurie, par exemple, il existait sept PAGI à proximité de Rome. Ces PAGI ont dû être compris dans le premier écartement des angles de chaque tribu.

Le rayonnement des tribus autour de Rome étant démontré : 1° parce qu’il est bien difficile, dans un aussi petit espace que l’AGER ROMANUS, de se les figurer autrement ; 2° parce que le texte même de Festus pour les tribus LEMONIA, PUPINIA et PAPIRIA semble confirmer cette disposition ; la conjecture de Boindin qui donne pour limites aux tribus les voies romaines s’éloignant de la ville, paraît toute naturelle ; mais il ne faut point cependant lui accorder plus d’importance qu’à une hypothèse. Toutefois, en l’appliquant au sol même de l’AGER, elle semble prendre plus de consistance encore. En effet, si l’on compte sept PAGI et, par suite, sept tribus en Étrurie, l’on trouve six routes partant de Rome et formant, avec la VIA OSTIENSIS et le Tibre, sept angles. Les sept districts figurés par les angles seraient : 1° La tribu comprise entre la VIA OSTIENSIS et la VIA PORTUENSIS ; 2° la tribu comprise entre la VIA PORTUENSIS et la VIA AURELIA VITELLIA ; 3° la tribu comprise entre la VIA AURELIA VITELLIA et la VIA AURELIA proprement dite ; 4° celle qui est comprise entre la VIA AURELIA et la VIA TRIUMPHALIS ; 5° celle qui est comprise entre la VIA TRIUMPHALIS et la VIA CASSIA ; 6° celle qui est comprise entre la VIA CASSIA et la VIA FLAMINIA ; 7° enfin celle qui est comprise entre la VIA FLAMINIA et le Tibre ou la VIA SALARIA, au delà du fleuve.

Si l’on compte les angles formés par le rayonnement des voies sur la rive gauche du Tibre, l’on trouve exactement le nombre dix. Ce qui fait en tout dix-sept angles. Or il existait primitivement seize tribus rustiques auxquelles il faut ajouter la CRUSTUMINA, dont la position ne peut être douteuse et dont les limites auraient été la VIA SALARIA et la VIA NOMENTANA.

Cette coïncidence du nombre des angles avec celui des tribus rustiques me parait être la plus forte présomption en faveur de la conjecture de Boindin. On doit remarquer toutefois que les routes sont, pour la plupart, d’une époque beaucoup plus moderne que l’institution des tribus rustiques, et que, par conséquent, elles n’ont pu leur servir de limites dans l’origine. Mais je répondrai à cette objection que, les voies romaines n’existant pas, il devait y avoir, dans les mêmes directions, des ITINERA qui partaient de l’enceinte de Servius Tullius, à laquelle on comptait dix-huit portes.

Voici les tribus dont on peut fixer la position :

La VEIENTINA ne pouvait se trouver que dans le voisinage de VEII et devait être limitée par la VIA FLAMINIA et la VIA CASSIA.

J’ai donné plus haut la position de la CRUSTUMINA.

La CLAUDIA était au delà de l’Anio[267], du côté de la Sabine. Elle devait être voisine de la CRUSTUMINA, par conséquent à l’est de la VIA NOMENTARIA.

La PUPINIA devait se trouver entre la VIA PRÆNESTINA et la VIA LABICANA. Voici ce qu’on lit dans Festus : Papiria tribus a Papirio appellata est, vel a nomine agri qui circa Tusculum est ; huic Pupinia tribus ita conjuncta fuit, ut de finibus aliquando susceperit bellum. Et plus bas : Pupinia tribus ab agri nomine dicta, qui Pupinius appellatur, circa Tusculum urbem. Ainsi ces deux tribus étaient dans la plaine de TUSCULUM, car il faut comprendre qu’il s’agit ici des environs ou des dépendances de la cité et non du champ situé immédiatement sous les murs de la ville. La VIA LABICANA n’étant qu’à une distance peu considérable de TUSCULUM, l’une des deux tribus a pu se trouver au delà de cette route, et l’autre en deçà. Si je place de préférence la PUPINIA au nord, c’est qu’il ressort clairement d’un passage de Tite-Live que cette tribu ne pouvait être éloignée de l’Anio[268], et que, d’après un autre passage, elle devait se trouver au nord de la VIA LABICANA. L’historien s’exprime ainsi en parlant d’Annibal : ... Inde Algido Tusculum petiit ; nec receptus mœnibus infra Tusculum dextrorsus Gabios descendit. Inde in Pupiniam, exercitu demisso, VIII millia passuum a Roma posuit castra.... Fulvius Flaccus.... egressus, inter Esquilinam Collinamque portam posuit castra[269]. Si nous plaçons le camp d’Annibal sur la VIA LATINA au lieu de le porter au nord de la VIA LABICANA, l’armée romaine ne protégera point la ville et ne sera point opposée à l’ennemi. Donc la tribu PUPINIA et le camp d’Annibal devaient être entre la VIA LABICANA et la VIA PRæNESTINA.

La tribu PAPIRIA était par conséquent comprise entre la VIA LABICANA et la VIA LATINA.

La tribu LEMONIA était, comme je l’ai dit, entre la VIA LATINA et la VIA APPIA.

Si l’on ajoute à cette énumération la MEcrA et la ScAm,&, l’on aura les seules tribus dont la position puisse être fixée avec quelque certitude. La première est aux environs de LAVINIUM[270]. La seconde, dont le centre était la ville de même nom, entre PRÆNESTE, TUSCULUM et TIBUR, ne peut être circonscrite par les routes comme les premières tribus rustiques. Elle est mentionnée par Festus[271] et Suétone[272].

 

 

 



[1] Voy. le Mém. de M. d’Avezac lu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, sur les deux Itinéraires.

[2] J’ai mesuré avec soin la distance entre Briançon et Suse par la route actuelle à travers les Alpes, vers le mont Genèvre, et je l’ai comparée avec celles que nous fournissent tes Itinéraires anciens ; j’ai trouvé les rapports suivants :

De Briançon à Suse...

Itinéraire d’Antonin : 34 milles, (50 kil. 413 m.)

Table de Peutinger : 36 milles, (53 kil. 379 m.)

Route actuelle : 55 kil. et demi.

[3] Il a été reproduit en français à la suite de la traduction de Ptolémée par l’abbé Halmé.

[4] Les textes confirment le témoignage des fouilles. Voy. Canina, Annali dell’ Instituto di corresp. arch., 1851, Esposizione topogr. della prim. part. dell’ antic. VIA APPIA.

[5] Voy. la bibliographie de la voie Appienne, à la fin de cet ouvrage : APPENDICE.

[6] Voy. le petit plan de Rome trace sur la carte de Westphal.

[7] Voy, plus bas, les Aqueducs.

[8] Juvénal, il est vrai, ne nomme point la Marcia, mais il désigne clairement un aqueduc comme passant au-dessus de la porte Capena par ces mots : .... Madidamque Capenam. Sat. III, v. 11.

[9] Même observation que pour Juvénal : Grandi gutta pluentem. L. III, epig. XLVII.

[10] Voy., pour cette topographie du premier mille, le Plan topograph. de Rome mod. de Letarouilly, architecte. Paris, 1841.

[11] On sait, par un passage (cité plus haut) de Tite Live, l. I, c. XXI, que ce temple était dans la vallée d’Égérie : ... fons et lucus Egeriæ Camenis dicati....

[12] Fast., l. V, v. 675.

[13] Lib. V, c. VII, éd. fr. Duth. et Gossel.

[14] Extra Urbem... Serv. ad l. I En.

[15] Voy. la dissertation qui se lit à la p. 314 du IIe vol. de l’Hist. de l’art chez les anciens, par Winckelmann , éd. franc., in-4. Paris, 1802, et le dessin donné dans ce même vol., pl. XXVI. — Comp. Visconti, Ant. rom., t. VIII, n° 32, 33, p. 249, 257, année 1784.

[16] Le Bulletin de l’Institut de correspond. archéol. de Rome (année 1843) fait mention de cette découverte.

[17] Cette désignation, qui lui est donnée par le Custode, est impropre. Ce Colombaire fut restauré par un affranchi, C. Memmius. Peut-être conviendrait-il mieux de le désigner sous ce nom.

[18] Voy. l’ouvrage indiqué à la Bibliographie, APPENDICE.

[19] Il fut restauré par un affranchi de Sextus Pompeius.

[20] M. Braun a donné, dans le Bulletin de l’Institut archéologique du mois de juin 1852, la première notice de cette importante découverte.

[21] Vasi et Nibby, Itin. de Rome, p. 397, éd. franç., 1849.

[22] Voy. le dessin de Piranesi, reproduit par Rondelet dans son atlas de Frontin. Paris, 1820.

[23] Voy. plus bas, au chap. des AQUEDUCS, l’eau ANTONINIANA.

[24] Voy. l’art. de Canina sur le temple et le clivus de Mars-extramur. Bullett. dell’ Instit. di corrisp. archeol. Rom., Maggio, 1850.

[25] Ov. Fast., l. VI, v. 190 ; les éditions nouvelles portent tectæ au lieu de dextræ, voy. éd. Panck. ; mais je ne sais trop si cette leçon est préférable : je ne vois rien dans les auteurs ni dans les monuments, rien dans la topographie des environs de la porte CAPENA, qui puisse justifier l’existence d’une VIA TECTA aux abords du temple de Mars. On sait qu’un CLIVUS y conduisait ; mais je ne sache pas que les sentiers ou plutôt les rampes désignées sous le nom de CLIVUS fussent jamais couvertes.

[26] Grut., p. 152, 7. — Fabretti, De aquis et aquæductibus, p. 32. Romæ, 1680.

[27] Voy. la belle restitution proposée par Canina (album de dessins indiqué à l’APPENDICE I).

[28] Silv., l. V, I, v. 221 ; — Voy. la restitution de Canina (album de dessins). Les inscriptions ont été reproduites depuis longtemps par Amaduzzi, Anedotti letterari, t. I.

[29] Voy. carte de la Westphal.

[30] Ouvrage cité plus bas, voy. Bibliogr., à l’APPENDICE I. - Voy. aussi le résumé de cet ouvrage présenté avec une élégante clarté dans le savant travail de M. Wallon : Histoire de l’esclavage dans l’antiquité, part. II, t. II, c. III, Nombre et emploi des esclaves, p. 143-148. Voy. aussi les notes 47 et 48, pour ce qui concerne les affranchis, à la fin du même t. II, p. 482 et 483.

[31] Voy. les ouvrages cités plus bas à la Bibliographie, APPENDICE I.

[32] Bullett. dell’ Instit, di corrisp. arch. Adunanze, aprile, 1845.

[33] Hist. de l’art, l. VI, p. 377, c. v, éd. franc., 1802. Paris.

[34] Hist. de l’art, l. VI, p. 384, c. v, éd. franc., 1802. Paris.

[35] Annal., l. XV, c. LX.

[36] Liv. I, c. XLV.

[37] Lettre adressée à M. Canna, le 30 juillet 1851, et publiée par M. Agostino Jacobin.

[38] Le premier mot de la ligne suivante complète le vers.

[39] Annali, 1852, p. 315.

[40] Voy. Canina, Annali, 1852, p. 258 et 259. — Voici le passage de Martial, sur lequel on s’appuie pour prouver que la profession de PRÆCO conduisait quelquefois à la fortune :

Artes discere vult pecuniosas ?

Fac, discat, citharœdus aut choraules.

Si duri puer ingeni videtur,

Pruconem facial vel architectum. Lib. V, ép. 58.

[41] Voy. Vit. Sanctæ Cæciliæ : .... Locus igitur qui vocatur Pagus quarto milliario ab Urbe situs erat... ; venientes igitur ad Templum Jovis juxta Pagum, etc.  

[42] Atti e mon. degli Arvali, t. I, p. 18.

[43] Même lettre du 30 juillet déjà citée.

[44] Ouvrage cité plus haut.

[45] Annali, 1852, p. 314, n° 34.

[46] Annali, 1852, p. 361.

[47] Voy. les deux inscriptions données par Henzen, p. 314 des Ann. de 1853, n° 30 et 31.

[48] P. 362 et 363.

[49] Lettre à M. Canina, 8 sept. 1851.

[50] Voy. Herzen, Annali, p. 315, n° 39.

[51] Voy. Henzen, p. 313, n° 29.

[52] Canina, Annali, 1852, p. 263, 264.

[53] Canina, p. 264.

[54] Voy. Jacobin. App. N° 1. — Henzen, Annali, p. 312.

[55] Henzen, p. 312, n° 16. — Voy. l’explication qu’il en donne, p. 308. .... Forse poteva anche chiamarsi COACTOR AERARIOS ; parmi che non sia altro che un impiegato degli man, tome oltre i COACTORES AERARII, abbiam puranco un COACTOR VINARIUS DE FORO VINARIU. Mur. 942, 8.

[56] Henzen, p. 392, ne 13. Ce Cacurius Philocles, affranchi de P. et L. Cacurius (P. L. L.), habitait un endroit de Rome appelé ARA MARMOREA, qui ne se trouve ni dans les VICI de l’inscription du Capitole ni dans les Régionnaires.

[57] Henzen, p. 311, n° 8.

[58] Henzen, p. 312, n° 20.

[59] Henzen, p. 313, n° 21.

[60] Henzen, p. 312, n° 14.

[61] Henzen, p. 311, n° 6.

[62] Elle a été reproduite par Henzen, p. 310, n° 1, et par M. Egger (Journal officiel de l’instruction publique, 1853, n° 30). — M. Henzen avait cru (voy. Bullettino dell’ Instit. di corr. archeol., 1851, p. 72) que les nominatifs pluriels de la 2e déclinaison en EIS, TURARIES et LIBERTEIS, pour TURARII et LIBERTI, étaient une imitation archaïque ; mais, dans les Annales de 1852 (p. 302 et 303), il assigne à cette inscription une époque vraiment archaïque. C’est une des plus anciennes de celles qui ont été trouvées sur la VIA APPIA. Le savant allemand la croit être de la même époque que celle des vers saturniens du tombeau de Marcus Cæcilius dont je parlerai plus loin.

[63] Henzen, p. 312, n° 19.

[64] Henzen, p. 311, n° 7, et p. 304.

[65] T. Liv., l. I, c. XXIII.

[66] Voy. l’édit. franç., Denys, l. III, c. II, § 7.

[67] Denys, l. III, c. V, § 1.

[68] Denys, l. III, c. V, § 1.

[69] L. III, ép. 47.

[70] Principes Albanorum in Patres, ut ea quoque pars reipublicæ cresceret, legit Tullios, Servilios, Quinctios, Geganios, Curiatios, Clœlios. Tit. Liv., l. I, c. XXX.

[71] Canina, Annali, 1852, p. 275 et 276.

[72] Fast., l. II, v. 378.

[73] Recherches sur la religion des Romains d’après les Fastes d’Ovide, par L. Lacroix, p. 142, Paris, 1846.

[74] Canina, Annali, 1852, p. 270. — Fabretti, c. III, p. 231.

[75] T. Liv. l. I, c. XXV.

[76] Vita Pomponii Attici, c. XXIII.

[77] L. VII, c. VIII, 5.

[78] Bullett., 1851, aprile, p. 71 ; voy. l’APPENDICE III.

[79] Dion, l. LXXII, c. V et sqq.

[80] L. I, c. XII.

[81] Canina, Annal., 1852, p. 277.

[82] Append., n° 9.

[83] Annali, 1852, p. 312, n° 18.

[84] Voy. l’inscription dans Jacobini et dans l’art. de Henzen, Annali, 1852, p. 315, n° 38.

[85] Henzen, p. 313, n° 23.

[86] La frise rappelle celle du temple d’Antonin et Faustin à Rome.

[87] Henzen, p. 314, n° 37.

[88] Henzen, p. 312, n° 12.

[89] Canina, Annal., 1852, p. 278

[90] L. VIII, ép. III.

[91] L. X, ép. II.

[92] Amati, 1852, p. 281 et suiv.

[93] Voy. Nibby, Analisi, t. III, p. 549.

[94] Voy. Henzen, Annal., 1852, p. 313, n° 27.

[95] Canina, Annal., 1852, p. 284.

[96] Henzen, Annal., 1852, p. 312, n° 15.

[97] Voy. Gruter, Inscript. p. MXC, n° 1 ; — Giocondo, nel codice Borgiano (Biblioteca di propaganda fede).

[98] Henzen, Ann., 1852, p. 314, n° 36.

[99] Annali, 1852, p. 311, n° 4.

[100] Journal général de l’instr. publ., 1853, n° 17.

[101] Henzen, Annal., 1852, p. 313, n° 24.

[102] Henzen, p. 313, n° 25 et 26.

[103] Voy. Canina, Annal., 1852, p. 289. — Corradini, Vet. Lat., t. II, p. 168.

[104] Lib. III, ép. XLVII et lib., IX, ép. LXV et CII.

[105] L. III, ép. XLVII.

[106] T. Liv., l. VII, c. XLIX : Ad lapidem octavum viæ, quæ nunc Appia est, perveniunt.

[107] Comp. Nibby, Analisi, t. II, p. 535.

[108] Ricci, Dell’ antico pago Lemonio. Ouvrage cité à l’Appendice I.

[109] Manuscrit 4808. Biblioth. Richel. - Voy. l’éd. du marquis de Fortia d’Urban, Imp. roy., 1845, p. 192. L’indication donnée par Lapie, à Torre Selce, est fausse.

[110] Aurelius Victor, Epitomé, c. XI.

[111] Hist. de l’art chez les anciens, l. VI, c. VI, p. 407, t. II, in-4, éd. franç., Paris, 1805. — Comp. Montfaucon, Antiq., expliq. t. V, p. 159. — Ce beau buste est à Madrid au palais del Retiro.

[112] L’on a trouvé en 1845 des monuments curieux sur les SODALES de BOVILLE dans la villa du prince Colonna. Voy. Bullett dell’ Instit. di corrisp arch., Roma. Adunanze di aprile, 1845. Une des découvertes les plus curieuses faites précédemment est celle de la belle inscription archaïque suivante :

VEDIOVEI • PATREI

GENTILES • IVLIEI

Voy. sur Bovillæ, Nibby, Analisi, t. I, p. 310, Roma, 1837.

[113] Ital. ant., p. 910.

[114] Cicer., pro Milon.

[115] L. VII, ép. V. - Compar. Plutarque in Cicer.

[116] Ouvrage inédit dont j’ai vu les admirables dessins chez l’auteur, à Castel Gandolfo.

[117] Voy. à l’Appendice I, Bibliogr. de la Via Appia. — Piranesi, d’Hancarville et Nibby, ont pensé que c’était le tombeau d’Aruns, fils de Porsenna, qui devait se trouver vers cet endroit, d’après le témoignage très connu de Denys d’Halicarnasse.

[118] Voy. Bullett. dell’ institut. di corrisp. arch. Roma, 1851, p. 130.

[119] Voy. la description de ce temple dans Nibby, Viagg. ant. , t. II, p. 156. Roma, 1819.

[120] Voy. carte de Canina, Topogr. della Campagna Romana, 1845.

[121] Sat. IV, v. 60.

[122] Ital. ant., p. 908, Elzev., 1624.

[123] L. III, v. 96. Il s’agit du mois consacré à Mars chez les différents peuples du Latium.

[124] Est a porta Capena, via Latina.

[125] Dion, l. LIV.

[126] Les pierres polygonales de l’ancienne route sont encore en place.

[127] Cicer. pro Mil. ; Tit. Liv., l. V. Cités par Cluv., p. 908. Ital. ant., 1624, Elzev.

[128] Sat. VI, v. 55.

[129] L. XII, ép. XXXII.

[130] Viagg. ant., t. II, p. 159. Roma, 1819.

[131] Voy. le plan de Rome antique et moderne de Letarouilly. Paris, 1841.

[132] Voy. Bonstetten, Voyage dans le Latium, p. 108 et 109.

[133] Voy. Fabretti, De aquis et aquæduct. urb. Romæ, éd. de 1680.

[134] Voy. le plan moderne de Rome de Letarouilly. — Comparez le plan de Rome au temps d’Auguste et de Tibère, par Léveil. Paris, 1847. Ce plan accompagne l’ouvrage de Dezobry, Rome au temps d’Auguste.

[135] On sait que l’église Santa Maria del Populo fut élevée en 1099, sous Pascal II, pour délivrer le peuple des apparitions nocturnes dont la superstition populaire était alarmée. On attribuait une puissance diabolique aux mines de Néron, dont les cendres avaient été déposées dans le tombeau de la famille DOMITIA au pied des jardins du PINCIUS, selon Suétone. — Vasi et Nibby, Itinér. de Rome et de ses environs, l. I, p. 6, éd. fr. Rome, 1849. — Il existait avant 1574, à Notre-Dame de Brou, un tableau représentant la Vierge environnée de sept médaillons. Sur l’un d’eux, on lisait cette légende : Comment les démons gardent le corps de Néron sous un noyer. C’était une allusion à la légende dont je viens de parler, et dont l’origine remonte au temps de Tacite : Pons Milvius in eo tempore celebris nocturnes illecebris erat : ventitabatque illuc Nero, quo solutius, urbem extra lasciviret. — Voy. Recherches historiques et archéologiques sur l’église de Brou, par J. Baux, Paris, Techener.

[136] Viaggio antiquario ne’ contorni di Roma, t. I. Viaggio a Veji, p. 22. Rome, 1810. Nibby pense qu’il appartenait aux jardins de Domitia.

[137] Voy. Agri Romani tabul. Westphal. Berol. 1829.

[138] Questa dovea essere nell’ angolo che formavano l’ultima estremità del Quirinale, e l’argine di Servio..... Nibby, Viaggio antiquar. ne’ contorni di Roma, t. I. Viaggio a Fidene, p. 68. Roma, 1819.

[139] Comparez les deux Itinéraires, éd. du marquis de Fortia d’Urban.

[140] Plan de Rome de Letarouilly.

[141] Altlatinische Chorographie, etc. Halle, 1883. Voy. p. 182.

[142] P. 240.

[143] L. III, c. XVIII.

[144] Fabretti l’a tracée sur la carte n° 1 de son ouvrage, De aquis et aquæduct. urb. Rom., 1680.

[145] Hist. de l’art chez les anciens, l. VI, c. VIII, t. II, p. 493 et suiv., éd. fr. Paris, 1803.

[146] S. Ambr., t. IV, col. 598, D ; — les Bolland. die 21 januarii, t. II, p. 333, D. 16 et 18 febr., t. III, p. 70. — Anastas. vie de S. Silvestre, sect. LXII, t. I, p. 46. — Arringhi, Roma subterr., l. IV, c. XXV, n° 14, p. 156.

[147] Voy. la description de ces monuments dans Nibby, Analisi, t. I, p. 47-59. Rome, 1837.

[148] T. Liv., l. III, c. LII.

[149] Nero, c. XLVIII. — Voy. Nibby, Viaggio antiq., t. I. Rome, 1819. Viagg. a Fidene, p. 75.

[150] Fast., l. IV, v. 906.

[151] Une inscription alimentaire trouvée en 1764, et publiée par Winckelmann pour la première fois, atteste que FICULEA existait encore au temps d’Antonin. Voy. cette inscription dans ma dissertation latine : De Tabulis alimentariis.

[152] Recueil des Itin. anc., éd. du marquis de Fortia d’Urban, Paris, 1845.

[153] Selon Nibby, de la PORTA INTER AGGERES. Viagg. ant., t. I, p. 91. Roma, 1819.

[154] Voici l’inscription que l’on lit sur cette porte :

[155] Voy. plus bas les trois inscriptions qui se trouvent sur cette porte.

[156] Agri romani Tabula.

[157] De aquis et aquæduct. urb. Romæ, 1680 (voy. la carte).

[158] De aquis et aquæduct. Dissert. III, p. 187.

[159] L. I, sat. VIII.

[160] Vasi et Nibby, Itin., t. I, p. 190, éd. franç., Rome, 1840.

[161] Nibby, Viaggio autiq. ne’ contorni di Rom., t. I, Rom., 1819, p. 100.

[162] Rec. des Itin. anciens, éd. du marquis de Fortia d’Urban, p. 93.

[163] Rec. des Itin. anciens, éd. du marquis de Fortia d’Urban, p. 208.

[164] Nibby, Viaggio antiq., t. I, p. 104 :

[165] Ce qui a conduit à cette conjecture, c’est qu’on a trouvé son tombeau sur la route, en face de ces ruines ; voici l’inscription qu’il porte :

Nibby, Viaggio antiq., t. I, p. 104.

[166] Voy. carte de Gell et Nibby.

[167] Voici l’inscription :

Nibby, Viaggio, t. I, p. 111.

[168] Voy. la carte de Gell et Nibby, sur laquelle les deux voies sont tracées.

[169] Nibby, Viagg. ant. t. I. p. 112.

[170] Travels, p. 369.

[171] L. VI, c. VI, t II, p. 400, éd. franç., 4e, Paris. 1802.

[172] Voy. la description de ce monument, et les diverses inscriptions qui y figurent, dans Nibby, Viaggio antiq., t I, p. 115 et suiv. ; — voy. Tacite, Annal., l. XIV, c. XXII.

[173] Voy., plus haut, le cinquième et le sixième embranchement de la VIA APPIA.

[174] Cette remarque a déjà été faite par Nibby.

[175] Sexti Julii Frontini, De aquis et aquæduct, urb. Romæ commentarius, c. VII.

[176] Strabon, l. V, c. VII.

[177] Altlatiniscbe, etc., p. 186 et 187.

[178] De aquæd., l. I, c. X, éd. Rondelet. Paris, 1840.

[179] Voy. le plan de Rome moderne de Letarouilly.

[180] De aquis et aquæduct. urb. Romæ, 1680, p. 45.

[181] Voy. le plan de Rome de Letarouilly, Via S. Martino.

[182] Voy. les inscriptions de Claude, de Vespasien et de Titus, qui se lisent encore sur ce monument, et que Fabretti a reproduites avec le dessin, De aquis et aquæduct. urb. Romæ, 1680, p. 18 et suiv.

[183] Brevi cenni di un monumento scoperto a la Porta Maggiore, pubblicato nell’ anno 1838, da il sig. cav. Luigi Grifi. Annali (1838) dell’ Instituto di corrispondenza archeol. — Descrizione del luogo denominato anticamente la Speranza vecchia, del monumento delle acque Claudia ed Aniene nuovo e del sepolcro di Marco Vergilio Eurisace, ivi ultimamente discoperto.

[184] L. I, c. XXII et XXIII. — Voy. Nibby, Viaggio antiq., t. I, p. 246.

[185] Viaggio antiq. ne’ contorni di Roma, 1819, t. I, p. 226.

[186] Jul. Capitolinus, c. XXXII.

[187] Monumenti Gabini inediti (3e vol. de la collect. du pal. Farnèse), M. E. Q. Visconti. — Comp. gli Antichi tempj di Gabii ed Aricia, G. Abeken. Annali (1840) dell’ Instituto di corrisp. arch. Roma. — Gell, Rome and its vicinity. — Nibby, contorni di Roma.

[188] Descript. du Musée royal des Antiq., par le comte de Clarac. 1830, p. 2.

[189] On sait le proverbe populaire : Quod non fecere Barbari, fecere Barberini.

[190] Comparez la VIA LABICANA, p. 91 (éd. du marquis de Fortia d’Urban), et la VIA LATINA, p. 99.

[191] Voy. sa carte et la mienne, qui reproduit ce tracé.

[192] Voy. la salle des inscriptions au Vatican.

[193] Abeken, dans le Bullett., gennaio et febr., 1842.

[194] De aquis et aquæd. urb. Romæ, 1680.

[195] J’ai dit plus haut que, dans l’Itinéraire d’Antonin, la VIA LAVICANA faisait double emploi avec la VIA LATINA depuis le COMPITUM AGNANINUM.

[196] L. V, c. VII, S 8, éd. franç. , trad. Duth. et Gossel. — On sait, par d’importantes fouilles, qu’il a existé en cet endroit des villas considérables sous les premiers empereurs. — C’est à LABICUM que fut trouvée la statue authentique de Domitien. Voy. Winckelmann, l. VI, c. VI, t. II, p. 442, 40, éd. franç., Paris, 1802.

[197] Recherches sur la maison de campagne d’Horace, IIe partie, t. II, § 64, p. 168.

[198] Ce n’est pas la seule erreur grave que l’on puisse relever dans le livre de l’abbé de Chaupy qui ne connaît pas assez les textes et n’a pas suffisamment étudié les itinéraires pour être compté comme une autorité dans la science géographique.

[199] Viaggio antiq., t. I, p. 259.

[200] Suet., J. Cæs., c. LXXXIII.

[201] Voici ce qu’on lit dans Festus, l. XVIII : Retricibus cum ait Cato in ea, quam scribsit, cum edissertavit Fulvi Nobilioris censuram, significat aquam eo nomine quæ est supra viam Ardeatinam et Asinariam inter lapidem II et III qua inrigantur horti infra viam Ardeatinam et Asinariam usque ad Latinam.

[202] C’est la conjecture de Westphal. Voy. sa carte, et Nibby, Viagg. ant., t. II, p. 7. Roma, 1819.

[203] Voy. la description du cirque de Romulus, Itin. de Rome et de ses environs, éd. franç., p. 408, Rome, 1849.

[204] VIII, 443 et suiv., Roma.

[205] Gennajo e Febrajo, p. 20 et suiv.

[206] Lettre à Simonetto Anastasii, 1er nov. 1594. — Montfaucon, c. IX.

[207] Voy. le dessin donné par le célèbre antiquaire, p. 58 et suiv., dans son ouvrage De aquis et aquæduct. urbis Romæ, 1680.

[208] Le bas-relief représente les faits principaux de l’Iliade. Ce ne sont point, comme l’a cru Vacca, les portraits d’Alexandre Sévère et de Mammæa que l’on voit figurés sur l’urne funèbre. Voy. Nibby, Viagg. ant., t. II, p. 9. Roma, 1819.

[209] Tit. Liv., l. II, c. XLI.

[210] Comp. Cluv., Ital. ant., p. 946, Elzev., 1624.

[211] Cluvier porte AD DECIMUM au Borghetaccio. L’illustre géographe s’est trompé sur ce point comme sur beaucoup d’autres en ce qui concerne les mesures.

[212] Voy. l’édit. des Itin. anciens du marquis de Fortia d’Urban.

[213] Voy. la notice détaillée publiée sur ce manuscrit, dans la préface de l’édition que je viens de citer.

[214] Ital. ant., p. 944, Elzev., 1624.

[215] Or. de lege agraria III, c. II.

[216] Ad Famil. , l. XVI, ép. XVIII.

[217] Nibby place la maison de Cicéron aux grandes ruines qui sont désignées sons le nom populaire de scaola di Cicerone. Cette opinion ne contredirait point la nôtre ; car le savant Italien étend le domaine de la villa sur le flanc méridional de la montagne Tusculane jusqu’à l’AQUA CRABRA. Je ne vois toutefois aucune preuve qui puisse autoriser l’affirmation de Nibby sur la position de la maison mime du grand orateur romain (Viagg. ant., II, p. 40 et suiv., Roma, 1819) ; j’aimerais mieux placer aux grandes ruines dont il est parlé plus haut le TUSCULANUM de Néron dont parle Tacite, Annal., l. XIV, c. III.

[218] Pline, cité par Cluvier, Ital. ant., p. 945, 1624, Elzev.

[219] Voy. Cluvier, ibid.

[220] Voy. Blessig, Bullett. (nov. 1840) dell’ Instituto di corrisp. archeol.

[221] Voy. Nibby, Viagg. ant., t. II, p. 13. Roma, 1819.

[222] Voyez-en la description dans Nibby, Viagg. ant., t. II, p. 11. Roma, 1819.

[223] Voy. la description de cette villa dans Nibby, Viaggio ant., t. II, p. 36 et suiv., Roma, 1819. C’est là que Lucien Bonaparte a réuni de nombreux et intéressants monuments trouvés dans les environs.

[224] Winckelmann, Hist. de l’art, l. VI, c. VII, t. II, p. 464. 1804, 4e, Paris.

[225] Des fouilles importantes ont été faites dans la ville ancienne. Une de celles qui ont été les plus productives pour les arts est celle qui a été dirigée par Lucien Bonaparte. On y découvrit la belle statue d’Antonia, mère de Claude, qui est au Vatican (nouveau bras du Musée Chiaramonti). — Voy., pour les fouilles faites à la Ruffuella, l’article de Canina au Bullett., déc. 1839. Une statue de Jupiter fut trouvée à TUSCULUM en 1847. Voy. Bullett., Adunanza, 28 gennajo. — Enfin, voy. Nibby, Viagg. ant., t. II, p. 43 et suiv. Roma, 1819.

[226] Nibby, Viagg. ant., t. II, p. 74, Roma, 1819.

[227] Voy. l’art. d’Abeken, Bullett, dell’ Instituto di corrisp. archeol. Gennaio et Febr. 1842.

[228] Voy. l’art. de Braun, Bullett. dell’ Instituto di corrisp. archeol. 1852, p. 83.

[229] Raph. Fabretti, De aquis et aquæduct. 1680.

[230] Carra della Campagna romana, L. Canina, 1845.

[231] C. de Sprunert, Atl. ant. , n° XI. Voy. Plan de Rome.

[232] Tab. geogr. Ital. ant. Berol., 1851, sect. V. Roma vetus.

[233] Recueil des Itin. anc., éd. du marquis de Fortia d’Urban, p. 90.

[234] Voy. Ammien Marcellin, l. XVII, c. IV.

[235] Voy. l’inscription donnée par Nibby, Viagg. ant., t. II, p. 383. Roma, 1819.

[236] Voy. Nibby, Viagg., t. II, p. 293 et suiv. Roma, 1819. — Voy. surtout la description du même auteur, Analisi, t. II, p. 425 à 473 ; — et le Voyage de Fea.

[237] Vatican, corridor Chiaromonti.

[238] Voy. celle que possède M. P. Er. Visconti, mentionnée par G. Henzen (Bullett. dell’ Instituto di corrisp. archeol., 1851, p. 92), sur les Ædiles sacris Volcano faciendis.

[239] Bonstetten, Voyage dans le Latium, p. 90, Genève, an XIII.

[240] Bonstetten, p. 166.

[241] Voy. cartes de Gell et Nibby, de Bormann, de Westphal.

[242] Nibby, Analisi, t. II, p 189 à 207. Roma, 1837.

[243] Campagna Romana. 1845.

[244] Voy. ma carte.

[245] Voy. Bonstetten, Voyage dans le Latium, p. 132.

[246] Nibby, Analisi, t. I, p. 430.

[247] C’est à ce ruisseau que les troupeaux de Pline allaient boire. Bonstetten, p. 123.

[248] Bonstetten, Voyage dans le Latium, p. 167.

[249] Voy. plus haut, Géogr. du NUMICIUS.

[250] Ovide, Fast., l. II, v. 680 ; voy. Appendice II.

[251] Voy. l’art. de Canina, Bullett. Bell’ Instituto di corrisp. arch. 1845.

[252] Gazette littér. d’Iéna. 1847, n° 60 et suiv.

[253] Altlatinische, etc., p. 407 et suiv.

[254] Viaggio, l. II, p. 263 ; Analisi, t. II, p. 207-245. Roma, 4837.

[255] Liber Coloniar. I, p. 234, éd. de F. Blume, K. Lachmann et A. Rudorff. Die Schriften der Römischen Feldmesser. Berolini, 1848.

[256] P. 682.

[257] VI, p. 98.

[258] Altlatinische, etc., p. 407.

[259] Clarissimo viro.

[260] Voy. Agri Romani Tabula, de Westphal.

[261] Die Römischen Tribus. Altona, 1844, p. 7 et suiv.

[262] Appien, De Bello Civ., l. I, XII et XLXIX.

[263] Die Römischen Tribus, etc., p. 4.

[264] Discours sur les tribus romaines, IIe partie. Mémoires de l’Académie des inscriptions et belles-lettres, t. IV, p. 70 et suiv. Paris, 1746.

[265] Mommsen, p. 5.

[266] Festus.

[267] ..... his civitas data agerque trans Anienem. T. Liv., l. II, c. XVI.

[268] L. IX, c. XLI.

[269] L. XXVI, c. IX et X.

[270] Paulus Diac., au mot Mæcia. Cf. Tite-Live, VI, II ; VIII, XVII ; Cicero, ad Att., IV, XV ; pro Plancio, c. XVI, rapprochements indiqués par Dacier et par Ottfried Müller.

[271] Scaptia tribus a nomine urbis Scaptia : appellata quæ est in Latio intra Tibur, Præneste, Tusculum, ad quindecim millia urbis. Festus (restitué par Ursinus, ainsi que les deux textes allégués ci-dessus.)

[272] Comitiorum quoque pristinum jus reduxit ac multiplici pœna coercito ambitu, Fabianis et Scaptiensibus tribulibus suis die comitiorum, ne quid a quoquam candidato desiderarent, singula milia nummum a se dividebat. Suet. Aug., c. XL.