LA FRONDE ANGEVINE

TABLEAU DE LA VIE MUNICIPALE AU XVIIe SIÈCLE

 

CHAPITRE PREMIER. — INTRODUCTION.

 

 

Origine et premières transformations de la Mairie d'Angers. — État des partis dans cette ville au commencement du XVIIe siècle : la Magistrature, la Bourgeoisie, les Classes populaires, le Clergé, l'Université.

 

La ville d'Angers, située sur les deux rives de la Maine, près du confluent de cette rivière et de la Loire, est le débouché naturel des riches territoires qu'arrosent le Loir, la Sarthe et la Mayenne. Aussi a-t-elle eu, dès l'antiquité, une importance politique et commerciale, qui, diminuée de nos jours par la centralisation, n'en est pas moins encore très-considérable. Plusieurs fois détruite ou ruinée, elle s'est toujours relevée et n'a Cessé de s'agrandir. Le beau cours d'eau qui la traverse et l'alimente l'a vue déjà florissante il y a dix-huit siècles. Les ruines gallo-romaines dont elle est parsemée, l'imposant château-fort qui la couronne, la svelte cathédrale qui la domine, les monuments modernes qui la décorent attestent sa gloire passée et sa prospérité présente.

A divers moments, mais surtout aux XVIe et XVIIe siècles, cette ville prit une part très-importante aux grands événements de l'histoire de France. Elle fut, au temps de la Réforme et de la Ligue, le théâtre de troubles graves, que le beau livre de M. Ernest Mourin a mis en pleine lumière[1]. A l'époque de la Fronde, elle servit aussi de champ de bataille aux factions et vit s'allumer une guerre civile qui mérite d'être bien connue. Cette lutte, en effet, ne fut pas seulement un contre-coup des querelles et des mouvements dont Paris fut agité sous la minorité de Louis XIV. Elle eut des causes particulières et présenta des caractères locaux qu'il n'est pas, je crois, sans intérêt de faire ressortir. C'est ce que je vais entreprendre, en m'aidant de nombreux documents, pour la plupart inédits, qui m'ont été fournis par les Archives de l'Hôtel de Ville, la Bibliothèque municipale et les Archives départementales d'Angers[2].

Ce qui distingue surtout la Fronde Angevine, c'est d'abord que, loin d'avoir été fomentée par la magistrature‘ locale, elle fut contrecarrée et combattue à outrance par cette corporation. C'est ensuite que, si elle accepta l'alliance des princes, elle n'en fut pas moins presque exclusivement démocratique, parfois même démagogique. Le lecteur n'en sera pas surpris quand il connaîtra l'ancienne constitution municipale d'Angers et l'état des partis dans cette ville au commencement du XVIIe siècle.

Le chef-lieu de l'Anjou, vieille cité gallo-romaine, déjà importante sous les Césars, avait conservé pendant tout le moyen-âge quelques débris de ses droits électoraux et de ses franchises administratives. Mais il n'eut que sous Louis XI une véritable charte communale. En 1474, ce prince dota les Angevins de privilèges aussi amples que ceux dont jouissaient depuis longtemps les Rochelois. Ils cessèrent dès lors d'être soumis au bon plaisir de leurs seigneurs et devinrent, sous la suzeraineté immédiate du roi, une communauté libre et inviolable, maîtresse de ses murailles et de ses finances. L'édit de fondation fut légèrement modifié par lettres patentes de Charles VIII, en 1484. A partir de cette époque, le Corps de ville, entièrement électif, dut se composer d'un maire, nommé pour un an — plus tard pour deux ans —, d'un procureur, d'un clerc ou greffier, et de vingt-quatre conseillers-échevins, élus à vie. Liberté pleine et entière était laissée aux représentants de la cité de se réunir toutes les fois qu'ils le jugeraient à propos, et même de convoquer des assemblées générales, où assisteraient des notables délégués par les seize paroisses de la ville, par le Clergé, l'Ordre judiciaire et l'Université. Tous les membres du Corps de ville acquéraient en entrant en charge et transmettaient à leurs descendants les qualités et prérogatives de la noblesse. Le droit de vendre leur vin sans payer les taxes royales leur était reconnu. Les habitants d'Angers, pris en masse, étaient exemptés à perpétuité de la taille, de la gabelle, des logements militaires, des francs-fiefs. A certains égards même leur condition semblait préférable à celle des seigneurs, car la charte les dispensait du ban et de l'arrière-ban.

La ville n'était pas seulement devenue libre et, pour ainsi dire, noble. Elle fut riche, grâce aux revenus qui lui furent assurés par les rois. C'étaient des rentes foncières, des taxes sur les marchandises, des terrains, places et maisons, des droits de cloison, de pavage et barrage, de pontonnage, et d'autres impôts levés sur les vins étrangers, les bestiaux, les denrées alimentaires et autres, tant à Angers qu'aux Ponts-de-Cé[3]. Le souverain, du reste, ne se mêlait en rien de l'administration financière de la cité. Le receveur des deniers municipaux, nommé par le Corps de ville, qui pouvait le révoquer, ne devait rendre de comptes qu'à la mairie.

Pour protéger à la fois les franchises et les intérêts de la commune, la municipalité avait des attributions militaires très-étendues. A l'échevinage seul étaient confiés la garde des clefs de la ville, l'entretien et la défense des remparts. Cc corps pouvait, en cas de besoin, faire tendre les chaînes des rues. Il devait, en tout temps, contraindre les habitants à se fournir d'armes et de munitions. Enfin le maire, investi des fonctions de capitaine-général, commandait en chef toutes les milices bourgeoises, exerçait seul le droit de réquisition, pouvait seul donner l'ordre de battre le tambour et de prendre les armes.

Sous le rapport judiciaire, les Angevins ne pouvaient être traduits hors de leur ville en première instance. Le maire assistait les magistrats royaux pour les procès et les règlements de police ; et de lui seul — dans le principe — relevaient les contestations relatives aux arts et métiers, aux manufactures et au commerce.

Si cette organisation eût été scrupuleusement respectée, la ville lui eût dû sans doute de longs siècles de repos et de prospérité. Malheureusement elle fut, de très-bonne heure, viciée par une usurpation qui eut pour résultat de diviser le peuple angevin, de créer un patriciat et une plèbe, et de préparer. la guerre civile.

En vertu des lettres de 1484, les élections aux charges de la mairie devaient être faites par une assemblée composée : 1° du Corps de ville ; 2° des États laïcs de la ville, c'est-à-dire des délégués des paroisses — chacune en envoyait généralement deux — ; 3° de plusieurs représentants du Corps judiciaire ; 4° de deux députés du Clergé ; 5° du procureur-général de l'Université.

Mais, dès le règne de Charles VIII, les chefs des principales familles de la ville, auxquels tous les offices municipaux avaient. été confiés, obtinrent du roi que le maire fut désormais élu par les échevins, et du nombre de l'un d'eux, sans estre tenu de faire assembler les habitants. On retirait ainsi le droit de suffrage aux autres corps constitués et à la presque totalité des citoyens, pour en faire l'apanage d'une coterie. C'est ainsi que se forma une petite aristocratie bourgeoise, qui accapara toutes les charges de l'hôtel de ville et les retint comme son bien propre. Elle devint bientôt d'autant plus redoutable, qu'elle détenait, en même temps que l'administration urbaine, la plupart des offices judiciaires. L'honneur, la fortune, la liberté, la vie des citoyens étaient, pour ainsi dire, entre ses mains. On sait que les juges, inamovibles depuis Louis XI, transformèrent leurs charges en véritables propriétés sous Louis XII et François Pr. Les vingt-quatre et leurs descendants, tous alliés entre eux et ne formant, en somme, qu'une seule famille, remplirent tous les tribunaux d'Angers et repoussèrent systématiquement de la mairie tout homme nouveau[4].

Les Paroisses, le Clergé et l'Université s'élevèrent, pendant tout le XVIe siècle, contre le pouvoir excessif de cette espèce d'oligarchie. Le chancelier de L'Hôpital trouva les Angevins bien fondés à se plaindre, et fit rendre, au mois do février 1562, un édit en leur faveur[5]. Mais l'affaiblissement de l'autorité royale pendant les guerres religieuses permit aux magistrats de rester maîtres absolus de l'hôtel de ville, presque sans interruption, jusqu'au milieu du règne de Henri IV. Plusieurs d'entre eux, à la faveur des désordres politiques, se rendirent coupables de malversations graves. Le Parlement de Paris, qui eut à constater leurs abus, rendit enfin, après un procès qui avait duré quarante ans, l'arrêt de 1601, qui donnait gain de cause au parti populaire. Le corps municipal dut, à l'avenir, se composer d'un maire biennal, d'un échevinage de quatre membres renouvelé par moitié tous les deux ans et de douze conseillers perpétuels. Le droit électoral était rendu aux Paroisses, au Clergé et à l'Université. Enfin les receveurs et officiers municipaux avaient à rendre leurs comptes tous les ans à la Ville et aux représentants de l'autorité royale.

Cette dernière transformation de la mairie ne ramena point le calme dans les esprits. Elle n'affaiblit pas sensiblement le corps judiciaire. Les magistrats, qui acquéraient à ce moment même, par la Paulette, l'hérédité légale de leurs sièges, conservèrent assez d'influence pour triompher dans presque toutes les élections municipales. Les maires et les échevins qui se succédèrent à l'hôtel de ville, du temps de Henri IV à l'époque de la Fronde, furent à peu près tous tirés de leurs rangs. Mais au fond, les petits-fils des vingt-quatre considéraient toujours comme un droit personnel les distinctions qu'il leur fallait solliciter de leurs concitoyens. Ils gardaient rancune à la foule, et ne pouvaient pardonner au Parlement de Paris de les avoir dépossédés de ce qui, à leurs yeux, était une propriété presque sacrée. De là l'hostilité qu'ils témoignèrent à la Cour souveraine, et, par suite, au parti de la Fronde, sous Anne d'Autriche. D'autre part, les Angevins, tout en leur conférant les charges municipales, ne cessaient de les suspecter. Les deux partis continuèrent, pendant tout le règne de Louis VIII, à se surveiller, à se jalouser et s'aigrir mutuellement par des accusations souvent injustes. L'un et l'autre faisaient le jeu de la royauté, qui tendait à diminuer ou à détruire les libertés municipales. Le premier, en haine de la faction populaire, se montrait chaque jour plus complaisant pour l'autorité monarchique. Le second devenait peu à peu moins équitable et plus turbulent. Trop de docilité d'un côté, trop d'indiscipline de l'autre, devaient également provoquer les empiètements du pouvoir central[6].

Charles Colbert, frère du contrôleur-général, qui visita, comme maître des requêtes, la Généralité de Tours en 1665, signale et explique fort bien l'opposition, déjà si ancienne, des deux camps clans la ville d'Angers.

Cette ville, dit-il, est divisée et partagée en deux partis, savoir : celuy des magistrats et officiers tant du Corps de ville que du Présidial, Prévosté, Élection et Grenier à sel, et le parti des bourgeois médiocres, comme avocats et procureurs, marchands et artisans ; les inimitiés desquels deux partis causent de grands désordres dans la ville.

Ceux-ci se plaignent de ce que, contre la disposition expresse de l'ordonnance de Henry II, de l'an 1547, on n'admet dans le Corps de ville que les officiers de justice, lesquels, d'ailleurs, estant presque tous parents ou alliés et personnes puissantes et se joignant d'intérêts avec les autres officiers pour s'exempter de toutes charges et les rejeter sur le peuple, consomment de plus les deniers publics, qui ont esté autrefois et naguère de 75000 livres par chacun an, sans qu'ils puissent justifier l'employ de ces deniers en chose quelconque, moins encore en l'acquit clos dettes de la ville. En outre de ce procédé, ils accablent de différentes persécutions les particuliers qui s'en voudroient plaindre et les font passer pour mutins et séditieux auprès des grands.

Les autres disent que le Corps du peuple est coma posé d'esprits fort orgueilleux, sans respect et sans soumission pour leurs supérieurs, et qu'ils n'aspirent qu'à l'indépendance, n'ayant jamais manqué d'embrasser dans les mouvements le parti des nouveautez et s'estant attiré des châtiments exemplaires...[7]

Comme le montre Charles Colbert, les magistrats formaient à Angers une classe presque omnipotente et absolument distincte de tout le reste de la population. Instruits, riches, puissants par la nature même de leurs fonctions, ils jouissaient en outre de ce crédit que donne en tout pays l'attachement continu de plusieurs générations successives au sol natal. Ils ne s'unissaient qu'entre eux par mariage. Sous des noms plus ou moins anciens et illustres, les Ayrault, les Lanier, les Cupif, les Boylesve, les Louet[8] sentaient tous le même sang couler dans leurs veines, avaient les mêmes intérêts et les mêmes passions. Les justiciables étaient à la merci de juges auxquels la collusion était d'autant plus facile que les tribunaux étaient fort nombreux, leur compétence mal déterminée, et que les conflits, les atermoiements, les évocations permettaient d'éterniser les procès et de ruiner les plaideurs, sans sortir de la légalité. On comptait à Angers, au XVIIe siècle, sans parler des justices seigneuriales et ecclésiastiques, jusqu'à dix Cours rendant des sentences au nom du roi.

Les unes composaient la juridiction ordinaire, les autres la juridiction extraordinaire, celles-ci prononçant sur des matières spéciales, celles-là sur les matières de droit commun[9].

Dans la juridiction ordinaire nous comprendrons :

La Police, corps à la fois administratif et judiciaire, chargé de veiller dans la ville à l'ordre matériel, d'assurer les approvisionnements, de diriger l'élection des maîtres-jurés des métiers, de réprimer les contraventions, de poursuivre les mendiants, les vagabonds, de visiter les libraires et imprimeurs, etc.

La Prévôté, composée d'un président, d'un lieutenant civil et criminel, de son assesseur, de huit conseillers, d'un procureur du roi et d'un greffier. Ce tribunal jugeait en première instance les contestations civiles entre les roturiers, les causes des corporations laïques ou religieuses, certains crimes, lorsque l'accusé appartenait au Tiers-État, par exemple l'incendie, le rapt, l'empoisonnement, la magie, etc. Il recevait aussi les appels des justices seigneuriales.

La Sénéchaussée. La justice était rendue dans cette Cour non par le sénéchal, grand seigneur qui ne résidait pas à Angers et n'avait d'autre fonction réelle que de commander le ban et l'arrière-ban de la province lorsqu'ils étaient convoqués ; mais par deux magistrats appelés le lieutenant-général civil et le lieutenant-général criminel, assistés d'un lieutenant-particulier et d'un certain nombre de conseillers. Le lieutenant-général civil, qui tenait le premier rang, prenait part aux assemblées de l'hôtel de ville, recevait les comptes municipaux, dirigeait les élections politiques. De lui dépendait, au point de vue judiciaire, l'Université d'Angers. La Sénéchaussée, en corps, jugeait les affaires intéressant les nobles, les causes du domaine et du roi, celles qui concernaient le ban et l'arrière-ban, les matières bénéficiales, etc. Au criminel, sa compétence embrassait toutes les accusations contre les nobles et généralement les procès désignés sous le nom de cas royaux. Elle pouvait infirmer certaines décisions de la prévôté. Mais ses propres sentences étaient susceptibles d'appel devant le Présidial, le Parlement ou le Grand Conseil.

Le Présidial. Henri II avait créé cette juridiction en 1552, pour abréger les procès, que la nécessité de recourir en appel au Parlement rendait ruineux et interminables. Elle se composait, dans la première moitié du ivre siècle, de deux présidents, vingt-huit conseillers, un procureur du roi, deux avocats du roi et un greffier. Ce personnel se confondait, du reste, en vertu de l'édit de création, avec celui de la sénéchaussée. Mais les attributions des deux Cours restaient distinctes. Le Présidial, dont le ressort s'étendait sur trois cent cinquante-neuf paroisses, jugeait en dernier ressort certaines affaires civiles, et, en matière criminelle, les cas prévôtaux, les crimes commis par les vagabonds et les repris de justice, les accusations calomnieuses. Il prononçait enfin sans appel sur les conflits de compétence et certaines récusations. Ses sentences pouvaient être infirmées par le Parlement ou le Grand Conseil, quand elles avaient pour objet soit des contestations pécuniaires importantes, soit le retrait lignager, le domaine, la mouvance féodale, soit le duel et les accusations portées contre les nobles, les ecclésiastiques, les secrétaires du roi et les officiers de judicature.

La juridiction extraordinaire comprenait les tribunaux suivants :

L'Élection, qui dépendait de la Généralité de Tours et étendait son ressort sur deux cent quarante et une paroisses. Elle se composait d'un président, un lieutenant, huit conseillers, un procureur du roi et un greffier. Elle jugeait en première instance ou en dernier ressort les affaires relatives aux tailles, aux aides et aux autres subsides, aux exemptions et privilèges, les contraventions et rébellions commises à l'occasion des impôts, etc. Ses décisions pouvaient être portées en appel à la Cour des Aides de Paris.

Le Grenier à Sel. Ce tribunal, qui relevait administrativement de la Généralité de Tours et judiciairement de la Cour des Aides, prononçait sur toutes les affaires relatives à l'impôt du sel, sur les contraventions, le faux-saunage, etc. Il était formé d'un conseiller-président, d'un grenetier, d'un contrôleur, d'un procureur du roi et d'un greffier.

Le Bureau des Traites, qui dépendait également de la Généralité de Tours et de la Cour des Aides. La justice y était rendue par trois juges, assistés d'un procureur du roi et d'un greffier. La compétence de cette juridiction embrassait tous les délits et les différends relatifs aux impositions foraines et aux traites, c'est-à-dire aux douanes intérieures.

La Maîtrise des Eaux et Forêts, dont le titre indique suffisamment les attributions. Elle statuait en appel sur les jugements de tribunaux inférieurs appelés Grueries ; mais ses propres décisions pouvaient être infirmées soit par la Table de Marbre de Paris, soit par le Parlement. La Maîtrise d'Angers comprenait un maître particulier, un lieutenant, un procureur du roi, un garde-marteau et un greffier.

La Monnaie. L'origine de ce tribunal était un certain droit de surveillance et de juridiction qu'avait jadis exercé la corporation des orfèvres. La Monnaie, du reste, n'avait encore à Angers, au milieu du XVIIe siècle, que des attributions très-vagues et très-mal délimitées. Elle ne reçut une organisation sérieuse et définitive que longtemps après, en 1716.

La Maréchaussée. C'était une milice chargée, comme la gendarmerie actuelle, de maintenir l'ordre, de poursuivre et d'arrêter les criminels. Le chef de ce corps avait, en outre, le droit de statuer sans appel sur un grand nombre de crimes, quand ils avaient été commis hors de la ville de sa résidence. Les nobles, les ecclésiastiques, les officiers de judicature n'étaient jamais soumis à ses jugements. Le tribunal de la Maréchaussée comprenait, outre le prévôt, six juges au moins, un lieutenant, un assesseur, un procureur du roi et un greffier.

On voit, par ce qui précède, qu'indépendamment des fonctions municipales, les magistrats d'Angers exerçaient, par leurs multiples et confuses attributions, un empire auquel les habitants pouvaient difficilement se soustraire. Il ne faut donc pas trop s'étonner de l'orgueil et de l'esprit exclusif qu'ils manifestaient, prétendant dominer eu tout et ne voulant partager avec personne ni les honneurs ni le pouvoir. On trouve la preuve de cette morgue clans les statuts d'une société considérable, dont ils formaient eux-mêmes la grande majorité. C'était la Confrérie de Saint-Nicolas ou des Nobles Bourgeois d'Angers, dont ils attribuaient l'institution au comte Foulques-Nerra. Ce cercle, qui pouvait devenir à certains moments une assemblée délibérante et une puissance, était ouvert aux gentilshommes et au clergé, mais rigoureusement fermé aux artisans[10].

Rien de surprenant non plus à ce que les magistrats se crussent nés pour administrer la cité à l'exclusion de toute autre classe et regardassent comme des intrus les plébéiens qui parvenaient à se glisser dans le corps municipal. Dans leur pensée, l'hôtel de ville était leur bien, l'échevinage leur patrimoine. On retrouvait à la mairie les mêmes parentés, par suite les mêmes complaisances et les mêmes abus, qu'au présidial et à la prévôté. Les officiers municipaux ne se bornaient pas à s'exempter des charges publiques, eux, leurs parents et leurs amis. On les accusait aussi de partager avec l'État le bénéfice de certains impôts dont eux-mêmes avaient donné la première idée, de contracter des marchés ruineux pour la Ville et d'en tirer profit. On leur reprochait également les missions fictives ou peu sérieuses dont ils se faisaient fréquemment charger, et qui n'étaient souvent que des prétextes pour voyager, séjourner à Paris ou ailleurs, aux frais des Angevins. On leur imputait enfin des agissements plus coupables, tels que des monopoles illégaux ou l'accaparement des céréales[11].

La petite aristocratie judiciaire qui exerçait dans Angers une si grande puissance ne comptait guère, avec sa clientèle immédiate, que quelques centaines d'individus. En face d'elle se dressait la population presque entière de la ville, qui, s'il faut en croire un contemporain, le judicieux Roger[12], s'élevait à cinquante mille âmes. Cette énorme majorité était, il est vrai, divisée en plusieurs classes sociales qui se jalousaient et souvent se réduisaient les unes les autres à l'impuissance. Mais une haine commune les animait et pouvait à un certain moment les réunir contre la magistrature.

Au premier rang de cette foule, que nous pouvons appeler la plèbe, étaient les corporations dites des arts libéraux, et, entre autres, celles des avocats, des procureurs, des notaires, des médecins, chirurgiens, apothicaires, etc. Chacune d'elles avait un syndicat électif et formait comme une petite république. Les avocats se faisaient remarquer entre tous par leur animosité à l'égard du corps judiciaire. Le barreau angevin jouissait depuis longtemps d'une réputation de savoir et d'éloquence que les Dumesnil et les Dupineau[13] augmentèrent au commencement du XVIIe siècle, que les Voisin, les Deschamps, les Bruneau soutinrent à l'époque de la Fronde. Ces hommes de talent réclamaient avec énergie les premières places dans le conseil de ville. Leur nombre, leurs richesses, leur caractère remuant les rendaient redoutables. Mais les officiers de judicature fermaient les yeux devant le danger[14].

Derrière les avocats et leurs alliés naturels, venaient les marchands, qui, disposant de capitaux considérables et pouvant, s'ils le voulaient, affamer la ville, souffraient cruellement de n'occuper qu'un rang secondaire dans la société. A peine quelques-uns d'entre eux parvenaient-ils, de loin en loin, à se faire élire échevins. Cette classe importante formait cinq grandes corporations, qui, depuis longtemps habituées à se gouverner, se croyaient très-capables d'administrer la cité[15]. Les relations qu'elle entretenait au dehors augmentaient encore sa puissance et ses prétentions. Les marchands de l'Anjou s'unissaient fréquemment à ceux des provinces voisines — Touraille, Orléanais, etc. — pour faire respecter leurs privilèges, améliorer les voies de communications, adresser des remontrances au gouvernement sur l'obstruction des rivières et canaux, etc. Les négociants étaient, en outre, accoutumés à l'exercice du pouvoir judiciaire. Charles IX, passant à Angers, en 1565, leur avait accordé une juridiction consulaire. Depuis cette époque, les affaires commerciales ressortissaient à un tribunal électif, dont les trois membres — un juge et deux consuls — étaient choisis chaque année au scrutin sur une liste de cinquante notables. Il est vrai que cette liste était dressée par les échevins, ce qui ne contribuait pas peu à entretenir la haine des marchands contre le parti dominant à l'hôtel de ville.

Derrière les avocats et les commerçants, prêt à les soutenir et même à les pousser, venait le peuple des métiers. On comptait, suivant certains documents, vingt-quatre, suivant d'autres, vingt-sept corporations d'artisans, représentant une masse de plus de trente mille âmes[16]. C'était une grande armée d'ouvriers bien embrigadés et que les syndics et les jurés pouvaient un jour lancer à l'assaut de l'hôtel de ville. Cette classe se plaignait d'autant plus de voir les fonctions municipales accaparées par les officiers royaux, que la Mairie possédait une juridiction spéciale sur les manufactures et sur les confréries d'arts et métiers[17]. Le privilège qui soustrayait l'industrie au ressort des tribunaux ordinaires se trouvait de fait annulé. Les ouvriers étaient, de plus, exaspérés contre cette noblesse de robe, qui, fière de ses immunités, faisait retomber sur les classes pauvres tout le poids des charges publiques, multipliait ou aggravait les impôts de consommation et gaspillait les finances de la ville. Unis aux autres fractions de la plèbe, ils demandaient impérieusement des comptes. Les magistrats, malgré leur assurance apparente, n'en pouvaient rendre que de très-confus. Les corporations poussaient, du reste, il faut le dire, jusqu'à l'aveuglement et à l'injustice leur haine contre le corps judiciaire. Il n'était pas de prévarications et de calculs odieux qu'elles 'ne lui imputassent. Il leur arrivait même parfois de repousser des innovations avantageuses à la ville, parce qu'elles étaient l'œuvre du pouvoir dominant[18].

La population d'Angers était, comme on voit, presque tout entière hostile à l'aristocratie de l'hôtel de ville. Mais les divisions qui neutralisaient presque toujours l'effort de la foule, et, d'autre part, le crédit considérable dont les magistrats jouissaient en cour, rendaient la balance à peu près égale entre les deux partis. Les officiers royaux n'eussent pas eu trop à craindre, si deux corps très-puissants, qui semblaient, par leur nature, devoir rester étrangers aux luttes municipales, ne s'étaient joints à leurs ennemis.

Le premier était le Clergé, de tout temps si nombreux et si riche à Angers. Un auteur du XVIIe siècle[19] a pu écrire qu'en ce temps-là la ville n'était, pour ainsi dire, qu'une église. On y comptait, en effet, près de cinquante monuments publics affectés au culte. La partie d'Angers enfermée dans l'enceinte des murailles formait douze paroisses ; les faubourgs en comprenaient quatre[20]. Huit chapitres, ou corporations de chanoines, richement dotés, y représentaient, avec l'évêque, le haut clergé séculier. Les ordres monastiques y comptaient les cinq grandes abbayes de Saint-Aubin, de Saint-Nicolas, de Saint-Serge, de Toussaint et du Ronceray, qui possédaient d'immenses domaines, et, dans le seul diocèse d'Angers, disposaient de soixante-trois prieurés et de cent douze cures[21]. Puis venaient de nombreuses congrégations vouées à la prédication, à l'enseignement, à la charité ou à d'autres soins. Les couvents d'hommes étaient au nombre de sept ; c'étaient ceux des Augustins, des Capucins, des Carmes, des Cordeliers, des Jacobins, des Minimes et des Oratoriens. Parmi les couvents de femmes, presque tous fondés sous le règne de Louis XIII, il faut citer ceux du Calvaire, des Carmélites, des Filles-Dieu, de la Fidélité ou de Notre-Dame-du-Bon-Conseil, de Sainte-Catherine, des Pénitentes, des Ursulines et de la Visitation[22].

Le clergé n'était pas seulement puissant par ses richesses et par son autorité morale. Il l'était encore par les immunités dont il jouissait — exemption de la taille, de presque toutes les juridictions royales, etc. —. Il l'était enfin par les fonctions judiciaires qui lui étaient dévolues. A la veille de la Révolution, on constate qu'il existait dans la ville d'Angers seize tribunaux seigneuriaux, analogues à nos justices de paix[23]. Tous dépendaient de l'Eglise, et le nombre avait dit en être plus grand au XVIIe siècle. L'évêque et le chapitre de Saint-Maurice avaient en outre chacun une officialité, cour spéciale connaissant : 1° En matière criminelle, des délits ecclésiastiques, des délits communs imputés à des membres du clergé et des délits privilégiés ; 2° En matière civile, de toutes les actions personnelles entre ecclésiastiques et de tontes les questions relatives aux fiançailles et aux mariages[24].

Depuis longtemps, la magistrature royale empiétait sur les attributions judiciaires de l'Eglise ou cherchait à les restreindre. La prévôté cassait fréquemment les sentences des justices seigneuriales. Des conflits éclataient presque chaque jour entre les officialités et le présidial ou la sénéchaussée. Le corps ecclésiastique d'Angers était donc fort mal disposé à l'égard des officiers de judicature, Il se heurtait contre eux dans les assemblées générales de l'hôtel de ville et dans les élections municipales, auxquelles il avait le droit de participer par ses députés. L'aristocratie de robe devait tout craindre d'une classe que son caractère sacré rendait presque invulnérable. Le clergé angevin se montrait parfois très-hardi. Sous Louis XIII, il tint tête victorieusement, pendant plusieurs années, à son propre chef, l'évêque Charles Miron ; et au milieu de nos troubles civils, en 1616, on vit l'abbé de Saint-Nicolas monter la garde sur les murailles avec une compagnie de moines armés en guerre[25].

L'Eglise devait entraîner avec elle contre les magistrats une corporation qui se rattachait à elle par des liens d'origine, et que ses habitudes prédisposaient peu à subir le joug de l'oligarchie municipale. C'était l'Université d'Angers, espèce de république enseignante, qui, malgré sa décadence et son appauvrissement, pouvait être un appoint considérable pour le parti populaire. Cette association, dont l'origine remonte jusqu'aux écoles épiscopales du XIe siècle, avait été définitivement organisée au XIVe par Jean le Bon, Charles V et Charles VI (1356, 1364, 1398), sur le modèle de l'Université de Paris[26]. Elle avait eu ses jours de prospérité et de gloire. Mais, depuis les guerres religieuses, elle avait vu ses revenus disparaître, ses collées tomber en ruines, le nombre de ses élèves diminuer. Henri IV avait essayé de la relever en lui attribuant un droit d'entrée sur les vins, appelé droit d'appetissement[27]. La décadence n'en continua pas moins, ainsi que le constate Ch. Colbert dans son mémoire sur l'Anjou. Quoi qu'il en soit, l'Université d'Angers, fière de son passé et de ses privilèges, n'était point encore une ennemie à dédaigner.

Ce corps était composé de deux éléments, les élèves et les maîtres. Ceux-ci étaient divisés en Facultés, ceux-là en Nations.

Les Nations étaient au nombre de six, savoir : 1° Anjou — comprenant, outre les écoliers de cette province, ceux qui venaient des pays étrangers — ; 2° Bretagne ; 3° Maine ; 4° Normandie ; 5° Aquitaine ; 6° France. Les deux dernières n'existaient plus, pour ainsi dire, que de nom. Les deux premières seules étaient encore florissantes. Chaque nation avait ses lieux de réunion, sa fête patronale, ses revenus, son procureur élu, chargé de défendre ses intérêts. Toutes les six réunies choisissaient un procureur-général, qui parlait, agissait au nom de l'Université tout entière, avait place aux assemblées de l'hôtel de ville et participait aux élections municipales[28].

Le personnel enseignant était réparti entre les quatre Facultés des Droits — civil et canonique —, de Théologie, de Médecine et des Arts. La première seule avait vraiment de l'importance. Elle avait toujours été regardée comme la tête de l'Université. Les places de professeurs étaient généralement données au concours. Chaque Faculté, avec son doyen, son greffier, ses assemblées, formait, de même que chaque nation, comme une petite république[29].

Dans cette espèce de fédération, le pouvoir central était représenté par le Recteur, dignitaire électif, qui n'exerçait ses fonctions que trois mois. Il était donc renouvelé quatre fois chaque année, les trois premières par la Faculté des Droits, la dernière par l'Université tout entière. Il n'avait guère, du reste, qu'une autorité exécutive, étant assisté, pour la délibération, d'un conseil dont faisaient partie : Le maître-école, tous les docteurs régents en Droit, quatre docteurs en Théologie, le doyen de la Faculté de Médecine, le doyen de la Faculté des Arts, le procureur-général et les six procureurs des Nations[30].

L'Université, portée à la turbulence par son organisation même, témoignait depuis longtemps une grande animosité au corps judiciaire. La tutelle légale que, depuis 1484, le lieutenant-général civil exerçait sur elle lui pesait et lui paraissait une tyrannie[31]. Elle s'associait d'autant plus volontiers aux rancunes du barreau qu'elle était unie au corps des avocats par la plus intime confraternité. Le docteur Voisin, qui fut le meneur principal de la Fronde angevine, professait à la Faculté des Droits, plaidait au Présidial, avec un égal succès. Il fut recteur en 1644. Sa popularité n'était pas moins grande dans l'Université que dans le reste de la ville[32].

Si les maîtres étaient prêts à l'émeute, les écoliers, jeunes, ardents, presque tous, du reste, étrangers à la cité et à la province, devaient s'y laisser aller plus aisément encore. Ils n'en étaient pas à faire leurs preuves d'indiscipline et de turbulence. Pendant les quinze ou dix-huit premières années du XVIIe siècle, Angers avait été troublé sans relâche par leurs querelles, leurs attroupements et, parfois, leurs brigandages. En 1629, trois d'entre eux assaillirent en pleine rue un conseiller au Présidial, nommé Jacques Liquet, et l'assassinèrent. Jugés par contumace, ils obtinrent bientôt des lettres d'abolition et rentrèrent impunis au sein de l'Université[33].

Telle était, dans la première moitié du XVIIe siècle, l'organisation municipale d'Angers ; telles étaient, dans cette ville, les forces et les dispositions réciproques des partis. Le tableau que je viens de présenter était nécessaire pour l'intelligence des événements dont je dois faire le récit. Le lecteur voudra donc bien me pardonner de ne m'être pas jeté tout d'abord in medias res, c'est-à-dire en pleine Fronde. Pour apprécier sainement l'influence du gouvernement de Mazarin sur les factions Angevines, il fallait avant tout étudier ces factions en elles-mêmes. Nous allons maintenant les voir se mêler, avec leurs petites passions, et au grand détriment des libertés municipales, à la guerre civile qui désola la France de 1648 à 1653.

 

 

 



[1] La Réforme et la Ligue en Anjou, Paris, Auguste Durand, 1850, in-8°.

[2] M. Eugène Berger a donné, dans la Revue de l'Anjou et de Maine-et-Loire (année 1853), un aperçu attrayant de cette histoire. Mais il n'a pas connu les documents inédits qui sont la base de notre travail. — Pour l'indication des sources, voir la table bibliographique qui termine le volume.

[3] La Cloison, ou octroi, était un droit sur toutes les marchandises entrant à Angers ou aux Ponts-de-Cé. — Le pavage et barrage était une contribution imposée aux habitants pour l'entretien des rues et barrières ; le péage et pontonnage, une taxe exigée aux ponts d'Angers sur les taureaux, bœufs, génisses, vaches, veaux, moutons, porcs, chevaux, etc., sur les charrettes et voitures, etc. — Recueil des Privilèges, etc., p. 1231-1236. — Le ressort de la Mairie s'étendait sur la ville et le territoire des Ponts-de-Cé et aussi sur les Quintes d'Angers, c'est-à-dire : 1° Angers et ses faubourgs ; 2° la Haie-Joussin ; 3° Brain ; 4° la Membrane ; 5° Saint-Georges. V. à ce sujet l'Arrêt de règlement du 9 août 1684 cité par M. Métivier dans son étude sur les Anciennes institutions judiciaires de l'Anjou (Angers, 1851), p. 10.

[4] Recueil des privilèges de la ville et mairie d'Angers, rédigé par M. Robert, doyen de la Faculté des droits, ancien maire, etc. (Angers, 1748), p. 3-24. — Archives anciennes de la mairie d'Angers, série II, t. I, fol. 9, 10.

[5] Arch. anc. de la Mairie, série II, t. I, fol. 76, 77. — Recueil des privilèges de la ville et Mairie d'Angers, p. 95, 96.

[6] Sur l'histoire intérieure d'Angers pendant le premier tiers du XVIe siècle, consulter le Journal de Louvet, imprimé dans la Revue de l'Anjou et de Maine-et-Loire (années 1854, 1855 et 1856) ; — les Archives anciennes de la Mairie d'Angers, série BB (Conclusions du Corps de ville), registres 48-75, etc., etc.

[7] Rapport de Charles Colbert sur l'Anjou, imprimé dans les Archives d'Anjou, de Marchegay, t. I, p. 172, 173.

[8] Sur ces familles, d'où sortirent, aux XVIe et XVIIe siècles, plusieurs hommes remarquables, voir le Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, par M. Célestin Port (Angers, Lachèse ; Paris, Dumoulin, 1874-1877, 3 vol. in-8°).

[9] V., à propos des divers tribunaux énumérés dans ce chapitre, le discours instructif de M. Métivier sur les Anciennes institutions judiciaires de l'Anjou (Angers, 1851). — Consulter aussi la Table chronologique et généalogique des offices de la Sénéchaussée d'Angers, par le feudiste Audouys (manuscrit 919 de la bibliothèque municipale d'Angers).

[10] Bibliothèque municipale d'Angers, manuscrit 986.

[11] Archives anciennes de la Mairie d'Angers, série BB, registre 82, passim.

[12] Histoire de l'Anjou, par Barthélemy Roger (imprimée dans la Revue de l'Anjou et de Maine-et-Loire, t. I, année 1852).

[13] On doit à Dupineau un important Commentaire sur la Coutume d'Anjou, écrit en latin, et dont il a été donné une traduction française par Gourreau, Delaunay et Nivard (Angers, 1698, in-fol.). Ses œuvres complètes ont été réunies et publiées par Pocquet de Livounière, Paris, 1725, 2 vol. in-fol., moins un ouvrage inédit dont la Bibliothèque municipale d'Angers possède le manuscrit (Consuetudines Andegavenses, etc.).

[14] Rapport de Charles Colbert, cité plus haut. — Arch. anc. de la Mairie, série BB, passim.

[15] Arch. anc. de la Mairie, série II (cartulaire analysé), t. X ; série BB, registre 82, passim.

[16] Arch. anc. de la Mairie, série II (cartulaire analysé), t. II ; série BB, passim.

[17] V. la Charte de Louis XI, art. 30.

[18] Arch. anc. de la Mairie, série BB, reg. 81-86, passim.

[19] Bruneau de Tartifume.

[20] Les douze premières étaient : Saint-Michel-du-Tertre, Saint-Maurille, Saint-Pierre, Saint-Denis, Saint-Jean-Baptiste, Saint-Martin, Saint-Michel-la-Palud, Sainte-Croix, Saint-Evroul, Saint-Aignan, Saint-Maurice, la Trinité. Les quatre paroisses des faubourgs étaient celles de Saint-Jacques, Saint-Nicolas, l'Evière et Saint-Germain-en-Saint-Laud.

[21] Pour les détails, voir Célestin Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. I, p. 62-70.

[22] Célestin Port, Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire, t. I, p. 62-70.

[23] Métivier, Des anciennes institutions judiciaires de l'Anjou, p. 5.

[24] Métivier, Des anciennes institutions judiciaires de l'Anjou, p. 9-11.

[25] V. le Journal de Louvet et l'Histoire de l'Anjou, de Barthélemy Roger.

[26] V. l'Histoire de l'Université d'Angers, par Rangeard, publiée récemment par M. Albert Lemarchand (Angers, Barassé, 1875, in-8°). Elle s'arrête au milieu du XVe siècle. Mais elle a été continuée par Pocquet de Livounière, dont l'ouvrage, encore inédit, se trouve à la bibliothèque d'Angers (Mss. 1027 et 1028). — V. aussi le travail de M. de Lens sur les Facultés, Collèges et Professeurs de l'Université d'Angers, dans la Revue de l'Anjou (années 1875 et 1876).

[27] C'était une taxe de 15 sous par pipe de vin, payée par les débitants en détail. Arch. anc. de la Mairie, série 13B, reg. 50, fol. 104 ; série II, t. VII. — Recueil des privilèges de la ville et Mairie d'Angers, p. 1238.

[28] De Lens, Facultés, Collèges et Professeurs de l'Université d'Angers, dans la Revue de l'Anjou, année 1875, t. I, p. 209-219.

[29] De Lens, Facultés, Collèges et Professeurs de l'Université d'Angers, dans la Revue de l'Anjou, année 1875, t. I, p. 219, 220.

[30] De Lens, Facultés, Collèges et professeurs de l'Université d'Angers, dans la Revue de l'Anjou, année 1875, t. I, p. 220-223.

[31] Audouys, Mss. 919 de la bibliothèque d'Angers.

[32] Arch. anc. de la Mairie, série BB, reg. 80, 81. — De Lens, ouvrage déjà cité, dans la Revue de l'Anjou, année 1875, t. I, p. 334, 335.

[33] Arch. anc. de la Mairie, série BB, reg. 54, fol. 45, 90, 93 ; reg. 55, fol. 101 ; reg. 67, fol. 5, 127. — Journal de Louvet, dans la Revue de l'Anjou et de Maine-et-Loire, t. VI (1855), p. 2, 13, 14, 20, 51, 52, 181. — Aimé de Soland, Bulletin historique et monumental de l'Anjou, t. IV, p. 199, 200. — Bodin, Recherches sur l'Anjou, t. II, p. 290-301.