§ IV. — LES ACTEURS ET LES CONSÉQUENCES DE Ce qui a fait en réalité la grandeur d'Athènes, c'est qu'elle a trouvé au moment voulu les hommes capables de montrer clairement aux citoyens quelle était, leur mission et le but qu'ils devaient poursuivre. Après que Solon eut tracé à grands traits le rôle moral et politique de la république, celle-ci trouva dans les moments décisifs qui suivirent un Miltiade, un Thémistocle, un Aristide, un Cimon, qui la dirigèrent sûrement en avant vers des buts de plus en plus élevés : le plus élevé de tous fut atteint par Périclès, qui acheva dans la paix l'édifice de la domination d'Athènes, et fonda sa puissance conquise par les armes sur la culture intellectuelle et sur une sage prudence. C'était une intelligente fusion de la politique athénienne et de la politique hellénique. Mais les Athéniens ne poursuivirent que la première : ils visaient trop exclusivement à la puissance, et cette puissance, ils finirent, après des luttes désespérées, par la perdre. Après cela vint une période dans laquelle Athènes vécut sans but, une période de vide et d'immobilité. Il y eut quelques moments de relèvement, mais ce ne furent que les effets passagers d'efforts antérieurs, de pâles souvenirs du passé. Thèbes entreprit d'ouvrir la lutte contre la domination spartiate, et Athènes ne sut pas s'élever au-dessus d'une politique de mesquine jalousie. Ensuite elle s'abandonna elle-même complètement et chercha dans une vie de paresseuses jouissances un dédommagement pour sa grandeur perdue, jusqu'à ce qu'enfin, cent ans après les débuts de Périclès, parut un homme capable de reprendre la tâche des grands hommes d'État et de recommencer l'histoire interrompue de la république. Chez Démosthène, le développement progressif de l'homme d'État se dessine bien plus clairement que chez tous ses prédécesseurs. Nous le voyons, jeune encore, acquérir dans sa lutte pour ses intérêts domestiques une force de volonté qui s'attaque sans crainte à tout ce qui est vil : nous le voyons, comme avocat, s'assimiler la science de la vie civile et devenir un maître de la parole. Il se rend compte des graves abus de l'administration : ces abus le déterminent à engager contre un parti tout-puissant une lutte poursuivie durant des années et qui trempe son caractère de telle sorte qu'il se reste fidèle à lui-même au milieu des attaques les plus violentes et dans une opposition longtemps impuissante. C'est dans la question d'Olynthe qu'il prend d'abord une influence féconde ; mais ce n'est qu'après la paix de Philocrate qu'il réussit à grouper autour de lui des partisans, à démasquer la perversité de ses adversaires et à mettre les citoyens de son côté. A partir de ce moment, ses aspirations grandissent de jour en jour : il s'affranchit du point de vue des Athéniens ; il travaille à soulever la nation entière à la suite d'Athènes. Sa parole étend son action jusque dans les lies et dans le Péloponnèse ; ses concitoyens s'inclinent devant sa supériorité, et lui abandonnent les affaires intérieures et extérieures. Tout ce qui reste en Grèce de force vitale est sous sa direction. Toute la politique de Démosthène repose sur une base historique. Il n'a jamais cherché à briller par la nouveauté des idées et des plans, mais à relever sa patrie sur ses antiques fondations : il est convaincu que celui qui parle et agit dans l'intérêt de l'État doit pénétrer intimement dans son esprit et s'assimiler son caractère. Aussi, depuis son premier discours politique, sa carrière est-elle pour ainsi dire d'un seul jet et rappelle-t-elle si souvent celle des hommes d'État d'autrefois. Comme Thémistocle, il prévoyait et savait inévitable une
guerre pour l'indépendance de sa patrie : il la mit donc en état de combattre
et constitua dans toute Tous les deux, orateurs de l'opposition à l'origine, sont devenus après de longues luttes chefs du gouvernement et, législateurs, uniquement par la force de leur supériorité intellectuelle, qui triompha peu à peu de toutes les résistances. Ni l'un ni l'autre ne furent populaires : ils n'ont pas dû leur influence à la flatterie, aux séductions ou au brillant d'une éloquence d'apparat : sévères pour eux-mêmes comme pour les autres, sérieux et âpres, ils se présentaient devant les citoyens avec des exigences gênantes, gourmandant sans ménagement leurs travers, rabattant leur présomption. L'un et l'autre étaient ennemis des paroles inutiles et ne parlaient qu'après une consciencieuse préparation : ce qui donnait la force persuasive à leurs discours, c'est qu'ils dominaient absolument leur sujet et qu'ils joignaient la fermeté de la volonté à la profonde vérité de la pensée. Nous trouvons chez tous les deux l'alliance du génie, qui sait enthousiasmer la masse pour les devoirs les plus élevés, avec le froid bon sens, qui voit toujours le fait et se place à un point de vue pratique, accessible à tout auditeur non prévenu. Tous les deux, le gentilhomme comme le représentant de la haute bourgeoisie, ils ont eu des tendances aristocratiques, mais, fidèles à la démocratie, ils se sont confiés à la saine raison des citoyens ; ils eurent tous les deux les petites gens avec eux et pour adversaires les riches. Sur le terrain des affaires étrangères, Démosthène
voulait, comme Périclès, que l'on n'entreprît pas de guerre à la légère, mais
il voulait aussi qu'au lieu d'éviter par lâcheté une guerre nécessaire et
juste, on s'y préparât sagement pendant la paix. Tous deux étaient vivement pénétrés
de la mission qui appelait Athènes à être le chef-lieu de Des hommes d'État à qui manque la grandeur personnelle ne
peuvent se maintenir dans une pareille situation que par la connivence de
personnages subalternes, qui s'attachent à eux dans un intérêt égoïste :
c'est ainsi que s'établit la domination d'Aristophon, qui était celle d'un
parti, et le règne plus funeste encore des coteries sous Eubule. Démosthène,
lui, a réussi comme Périclès à rendre pendant un certain temps sa volonté
prépondérante. Cela semblait contraire à l'essence même de l'égalité
démocratique : au fond, il n'en était rien, car ces pleins pouvoirs étaient
accordés librement et conformément à Une situation dans laquelle la bourgeoisie renonce temporairement à l'exercice de son pouvoir ne peut naturellement être de longue durée. Si Périclès a pratiqué le gouvernement personnel avec plus de bonheur et infiniment pins de succès, cela tient à des circonstances incomparablement plus favorables. Il avait trouvé une cité admirablement armée, une bourgeoisie foncièrement saine, guerrière et patriotique, tandis que celle de Démosthène, dans sa pusillanimité, avait horreur des armes. L'héroïque Pucelle de Marathon, dit le railleur Démade, est devenue une bonne petite vieille qui hume sa tisane d'orge et se promène en pantoufles[4]. Athènes avait alors tout l'aspect d'une colonie, comme Tarente, d'une ville d'industrie et de commerce efféminée, où les citoyens cherchaient de leur mieux à échapper aux exigences de la vie publique et envoyaient des mercenaires se battre à leur place. Quoique menacés d'une guerre bien plus terrible qu'au temps de Périclès, ils laissaient leurs murailles tomber en ruines et leur flotte s'abîmer, pour pouvoir multiplier les jours de fête et les sacrifices suivis de banquets. Le règne de l'argent et la puissance égoïste du groupe des capitalistes ne rappelle pas moins les villes commerçantes d'outre-mer. Pour tous ces motifs, la tâche de Démosthène fut infiniment plus difficile et son mérite plus grand. Il était aussi, lui, l'homme de la bourgeoisie, plus modeste que Périclès, plus dégagé d'ambition personnelle, plus sévère et plus pur dans le choix des moyens. Il n'a jamais eu recours aux procédés démagogiques employés par les hommes de parti, car nous n'avons pas le droit d'incriminer comme tels les dons et contributions volontaires par lesquels il affirmait son patriotisme : s'il est vrai qu'une seule fois il se soit entendu avec des hommes indignes, un Timarchos par exemple, il le fit à la vue de tous et seulement dans un but déterminé. Il a cherché aussi à corriger d'une main énergique telles institutions de l'Athènes de Périclès dans lesquelles nous ne pouvons voir que de funestes abus, notamment le fléau des distributions d'argent, qu'il sut ennoblir en en faisant des indemnités pour services rendus à l'État, et en exigeant toujours que le bénéficiaire fournît quelque chose en retour. D'un autre côté, Démosthène n'avait pas les aptitudes universelles de Périclès, et, par suite de la situation médiocre d'où il était sorti, il n'avait pas pu se développer d'une manière aussi heureuse. Il n'avait pas la dignité naturelle, le calme superbe et l'assurance mesurée de l'Olympien ; mais ce qui lui faisait le plus défaut, c'était l'éducation militaire et le talent de général qui, joints aux qualités de l'homme l'État, avaient rendu Périclès si grand et si difficile à remplacer. Malgré sa ténacité et sa mâle constance, Démosthène avait un caractère extrêmement irritable, violent et passionné : réduit exclusivement à l'activité de la tribune, son caractère en avait subi l'influence. Il répond à l'invective et use de tous les moyens pour rendre ses adversaires méprisables : il n'a pas su se dépouiller de l'esprit de la rhétorique, et la finesse pénétrante de son esprit l'entraîne parfois à la subtilité. Démosthène n'avait pas la connaissance du monde et des hommes qui distinguait Périclès : il était idéaliste et s'exagérait dans les temps critiques l'effet des forces morales. Et cependant, c'est justement dans ces illusions qu'il se montrait un Hellène de la plus noble race. Car cette manière toute morale de concevoir la tâche du citoyen était précisément ce qui donne à la politique grecque la chaleur sympathique qui lui est propre et aux hommes d'État leur auréole. Tous les appels que Démosthène adresse à la bourgeoisie ont un caractère éthique ; tous les devoirs civiques qu'il recommande sont affaire de conscience, et le devoir suprême de l'homme d'État est, d'après lui, d'être un modèle de vertu civique. Il est resté pur et sans reproches au milieu de toutes les tentations, et ne s'est laissé pousser ni par ses amis ni par ses adversaires à des démarches indignes de lui. Lorsque les citoyens lui demandaient la mise en accusation d'une personnalité déplaisante, il leur déclarait qu'ils trouveraient en lui un conseiller, même quand il ne le désireraient pas, mais jamais un dénonciateur, lors même qu'ils le voudraient. Il voulait aussi que la bourgeoisie comme corps eût sa fierté : il excitait ses sentiments d'honneur ; il cherchait à éveiller en elle la conviction que la bonne renommée vaut mieux que la richesse. Il ne comprenait la démocratie que comme fondée sur l'amour le plus pur de la patrie et les sentiments les plus généreux. Il exige la reconnaissance pour les grands hommes de la cité et le respect des lois traditionnelles : celui qui les modifie d'un cœur léger est pire qu'un meurtrier. Même vis-à-vis d'un ennemi du dehors qui commet l'injustice, il attribue à la conscience honnête une puissance qui donne la victoire aux armées : ce fut, à un autre point de vue, un scrupule aussi religieux que moral qui l'empêcha de poursuivre avec énergie une alliance avec les Phocidiens. Les questions les plus considérables ne sont pas résolues par des considérations politiques, mais par la voix de la conscience. La défense de l'indépendance est un devoir absolu, une nécessité morale, qui ne doit pas être subordonnée au succès. Mais cette manière de voir n'a-t-elle pas troublé la
clarté des vues de Démosthène en politique ? Sa façon de traiter la question
macédonienne n'a-t-elle pas été, dès la première heure, une étroite politique
de sentiment, et Isocrate n'avait-il pas raison, en définitive, quand il
désapprouvait l'entêtement dans la résistance à Philippe et demandait aux
Athéniens de voir dans l'ennemi leur ami et le bienfaiteur de Pour un juge superficiel, les événements semblent prouver qu'Isocrate a été le vrai politique : et pourtant, on lui ferait certainement trop d'honneur, si on devait louer sa conduite aux dépens de Démosthène et lui attribuer une profonde con-. naissance de son temps, ou des vues prophétiques sur le cours de l'histoire. Ce qui le guidait, ce n'était pas une confiance en Philippe et dans l'État macédonien fondée sur des vues plus profondes, mais plutôt la défiance à l'égard de son pays, l'abandon pusillanime de sa mission historique, dont il n'avait jamais eu une véritable intelligence, enfin l'indifférence à l'égard des biens les plus précieux de sa ville natale. Isocrate ne connaissait pas du tout le véritable Philippe : ce qu'il cherchait avant tout, c'était un homme qui, d'une main énergique, établit l'union entre les Grecs et combattît les abus de la démocratie :aussi ses espérances allèrent-elles de l'un à l'autre : du fond de son cabinet, il idéalisa le roi de Macédoine, de manière qu'il répondît à l'idée que sa pensée s'était faite d'un magnanime ami des Grecs. C'était au fond un lâche optimisme, qui se complaisait dans ses illusions rassurantes et ne voulait rien voir de ce qui contredisait ses vœux et ses espérances. On dit qu'à la fin il comprit pourtant son erreur, et que le vieillard presque centenaire ouvrit tout à coup les yeux, après la défaite de Chéronée, sur les véritables intentions du roi : de sorte que, peu de jours après la bataille, il mit volontairement fin à sa vie en refusant toute nourriture[5]. On ne comprend guère cependant pourquoi cette dernière lutte lui aurait enlevé sa confiance en Philippe. Le roi ne pouvait être rendu responsable du sang versé sur le champ de bataille : quelque chagrin qu'Isocrate éprouvât de voir la lutte à laquelle avait abouti une politique désapprouvée par lui, il devait reconnaître que toutes les difficultés étaient aplanies : ce qu'il avait si longtemps appelé de ses vœux pouvait se réaliser maintenant : il pouvait lui-même y contribuer puissamment par la haute considération dont il jouissait. Mais Isocrate vit qu'après la défaite sa patrie n'était pas découragée : il la voyait au contraire se préparer à un dernier combat désespéré, qui devait naturellement pousser le roi à une inimitié à outrance. Il est possible qu'Isocrate ait pris sa fatale résolution sous l'impression de ces préparatifs et des décrets d'Hypéride, pour échapper au conflit qui devait se produire chez lui entre les sentiments du patriote athénien et ceux de l'ami de Philippe, le jour où Athènes aurait à défendre ses murailles. Il est certain que Démosthène n'a pas apprécié à sa valeur
la puissance de Philippe, et qu'il s'est fait illusion sur la vitalité de Les petits États, qui avaient toujours eu besoin d'un appui, pouvaient se rallier à Philippe sans faire de sacrifices essentiels : en effet, l'antithèse entre Hellènes, et Barbares avait depuis longtemps perdu son acuité, comme aussi l'horreur des républiques grecques pour les gouvernements monarchiques. Aussi Polybe prend-il la défense de ses compatriotes et des hommes d'État péloponnésiens, que Démosthène regarde comme des traîtres. Ils se sont conduits, dit-il, avec intelligence et patriotisme : avec l'aide de Philippe, ils avaient fini par se venger de Sparte et par conquérir une pleine sécurité avec un accroissement territorial, sans être obligés pour cela de subir des garnisons macédoniennes ou de modifier leurs constitutions[6]. Polybe leur reconnaît donc le droit — et, dans une certaine mesure, le devoir — de faire passer avant tout leurs intérêts particuliers, tandis que Démosthène travaillait à donner à toutes les communes grecques le sentiment de leur solidarité et de la nécessité de défendre en commun leur liberté. Si la politique cantonale du Péloponnèse est excusée par l'impuissance des petits États qui depuis des siècles n'avaient d'autre intérêt que de conserver leur existence séparée, il en était tout autrement d'Athènes. Athènes avait la mission de rester le foyer des sentiments helléniques et de donner aux autres l'exemple du patriotisme : il lui aurait fallu rompre avec son passé et renier toute son histoire, si elle avait acheté la paix par l'abandon de son indépendance aux mains d'un roi étranger. Philippe était-il par hasard un prince avec lequel on pût
s'entendre sans entacher l'honneur de la cité ? Isocrate le croyait. Mais
comment la personne de ce roi que même un disciple d'Isocrate, Théopompe,
juge avec tant de mépris, pouvait-elle inspirer la confiance, au point qu'un
homme d'État grec, un patriote, pût volontairement lui confier les destinées
de la patrie ! Démosthène et ses amis ne pouvaient trouver dans le camp du
roi qu'une politique de mensonge et de perfidie, l'ambition dynastique, une
passion effrénée de domination. Ils ne pouvaient voir qu'un masque dans son
philhellénisme, car tout était pour lui un moyen d'arriver à ses fins.
Comment pouvaient-ils espérer qu'une alliance avec son empire ouvrirait à Une entente avec Philippe, une transaction acceptable
devaient donc paraître impossibles. Il s'agissait de choisir entre la liberté
et l'esclavage, entre le salut ou la perte de la nation. Pour les Grecs,
l'État n'était pas comme une maison dans laquelle un peuple s'abrite, de
telle sorte qu'il puisse, quand l'ancienne habitation menace ruine, se
transporter dans une autre. L'État était bien plutôt l'image de leur être
intellectuel, l'expression parfaite de leur conscience morale, la forme
nécessaire de leur personnalité, une forme créée du dedans et développée dans
le cours de leur histoire par chaque communauté : plus ce développement était
ample, plus la conscience des citoyens s'alarmait de tout changement imposé
du dehors. Les petits États pouvaient se consoler par la perspective d'une
indépendance municipale : Athènes ne le pouvait pas. Ajoutons à cela que
l'existence matérielle elle-même semblait être en question. Sur ce point,
Démosthène et ses amis ont sans doute mal jugé Philippe en lui prêtant contre
Athènes des intentions semblables à celles qu'il avait réalisées contre Olynthe
et La lutte contre Philippe n'était donc pas une idée fixe de Démosthène, une aveugle bravade, mais une nécessité morale. Il n'y avait pas d'autre critérium pour l'action que les lois de l'honneur et le serment du devoir civique : défendre la ville et le territoire jusqu'au dernier souffle. Si la résistance d'Athènes avait été couronnée par la victoire, Démosthène eût été certainement placé à côté des plus grands héros de la nation : l'insuccès de la lutte l'a frustré, dans l'antiquité et dans les temps modernes, de l'admiration qu'il méritait. Polybe le juge d'après les idées de son temps : il est injuste en trouvant la résistance de Démosthène aussi insens4e que celle des Achéens contre Rome, parce qu'il ne voit pas.la différence qui existait entre les Grecs de son temps et les contemporains de Démosthène et de Lycurgue, pas plus qu'il ne voit la différence entre la monarchie militaire de Philippe et la puissance de Rome maîtresse du monde. Quant à Démosthène lui-même, il n'a jamais regretté sa politique, même après le jour fatal de Chéronée : il pouvait, en bonne conscience, jeter un regard satisfait sur son activité passée et déclarer à ses concitoyens qu'ils n'auraient pas pu, par égard pour leur renommée, leurs ancêtres et le jugement de la postérité, agir autrement qu'ils n'avaient fait, lors même qu'il leur eût été donné de prévoir avec certitude l'issue de la lutte : le devoir de l'homme est d'agir conformément au devoir ; le succès est l'affaire des dieux[7]. Démosthène est dans la plénitude de son droit quand il décline la responsabilité de l'insuccès et s'oppose à ce qu'on juge à cette mesure son administration. Du reste, qui oserait prétendre qu'elle ait été malheureuse et sans résultats ! Il a fait la plus grande chose qui puisse réussir à un homme d'État : par ses discours, par ses lois, par son exemple personnel, il a triomphé de l'égoïsme, de la mollesse, de la lâcheté, de toutes les funestes tendances de ses concitoyens : il ne s'est pas contenté de les jeter dans une surexcitation passagère, mais il a ranimé les forces éteintes des Athéniens ; il a réveillé leur conscience ; il les a rendus à eux-mêmes. Il ne pouvait calculer d'avance la durée de cette régénération et, dans l'histoire des républiques grecques moins qu'ailleurs, nous ne devons pas juger le mérite des hommes d'État d'après la durée de leur action. En tout cas, il a préservé Athènes d'une chute complète, qui aurait été une injure à tout son passé. Au milieu du chagrin cruel que lui causait la sanglante défaite, il put dire avec un noble orgueil : Athènes est restée invaincue. C'était vrai, dans ce sens que, tant qu'elle l'avait suivi, elle avait repoussé toutes les tentatives de corruption de Philippe. Son idéal a été de maintenir, dans la limite de ses forces, la dignité de la ville : cet idéal a, même dans la suite, relevé le cœur des meilleurs d'entre les Athéniens. Un tel résultat n'eût pas été payé trop cher par des sacrifices encore plus lourds. Mais la situation matérielle d'Athènes elle-même n'a pas
plus souffert de la politique de Démosthène que les autres États n'ont
profité de la politique opposée. Les Thessaliens et les tribus voisines, qui,
trompés par les promesses mensongères de Philippe, l'avaient tout d'abord
introduit dans les affaires de Les autres Étals ne se sont pas prêtés à soutenir Philippe, mais ils l'ont laissé faire et ont accepté toutes sortes de petits avantages pour prix de leur neutralité, comme les Arcadiens, les Messéniens, les Argiens et les Éléens. Mais cette conduite ne leur a pas non plus profité : ils furent débarrassés, il est vrai, de la terreur de Sparte, mais les partis amis de Philippe les placèrent dans une dépendance bien plus oppressive et les réduisirent à une impuissance complète. Athènes est le seul État qui ait créé au roi de véritables
et de dangereuses difficultés. Mais toutes les considérations qui l'avaient
de tout temps déterminé à chercher tous les moyens de gagner les Athéniens
par la douceur étaient, après la bataille de Chéronée, plus puissantes que
jamais. Athènes avait montré une fois de plus à tout le monde civilisé
qu'elle était toujours la première cité des Hellènes, le cœur même de Démosthène était le représentant d'une époque bien finie.
Il trouvait encore de la sympathie et de la confiance, mais point de
résolution ni de constance : il réunissait encore des partisans autour de
lui, mais le nombre de ses fidèles était, même à Athènes, peu considérable :
au dehors, surtout dans les contrées grecques les plus populeuses, son action
trouvait encore moins d'écho. Si, dit-il lui-même,
il y avait eu, dans chaque cité hellénique, un seul
homme fidèle comme moi à son poste ; si même C'était donc l'amollissement du peuple qui avait donné la victoire à Philippe. C'étaient les forces morales qui avaient manqué à la résistance, et c'est pour cela que les immenses avantages qui étaient du côté de Philippe décidèrent la lutte en sa faveur : l'armée permanente devait triompher des milices communales, l'empire centralisé des confédérations faiblement unies, la monarchie des États républicains. Malgré cette supériorité incontestable, nous ne voyons pas le vainqueur traiter arbitrairement les vaincus : bien au contraire, il se rallie étroitement à leurs traditions nationales, et au lieu de rompre d'une main brutale le fil de leur développement historique, il le reprend avec soin pour son compte. Toutes les idées helléniques, le Macédonien se les approprie. C'était, par exemple, une antique tradition des Hellènes
que les tribus et les États qui aspiraient à l'hégémonie se missent en
relation avec les sanctuaires nationaux, pour les prendre sous leur
protection et les mettre dans leurs intérêts par des hommages et les
libéralités. C'est ce que firent Polycrate et Pisistrate à Délos, les
Lacédémoniens à Olympie. Mais Delphes était le principal sanctuaire : c'est
par Delphes que la race dorienne avait conquis son influence sur l'histoire
de Dans les mesures qu'il prit à l'égard du Péloponnèse, il
remonta jusqu'à la distribution territoriale qui avait dû être instituée lors
de l'invasion des Héraclides. La nouvelle confédération hellénique contre les
Perses eut son centre à l'Isthme, en souvenir de la confédération
corinthienne du temps de Thémistocle : du reste, la guerre contre les Perses,
considérée comme devoir national, était une idée de l'époque de Cimon. En
humiliant Sparte, Philippe ne fit que ce qu'Athènes et Thèbes avaient
toujours cherché à faire ; mais il fit aussi de la politique spartiate
lorsqu'à l'imitation de Lysandre il ébranla la force de résistance des États
en y entretenant des partisans et en soumettant les vaincus à des décemvirs,
ou lorsque, prenant pour règle la paix d'Antalcidas, il détruisit l'unité de Mais la position elle-même qu'il prit à l'égard des Grecs se rattache à leurs traditions nationales. Parmi toutes les formes qui servirent à concentrer les forces du peuple hellénique en vue d'une action commune, aucune ne s'était montrée plus efficace que l'hégémonie. La direction d'un groupe d'États plus ou moins grand, au point de vue de leurs intérêts extérieurs, par un grand État que sa puissance supérieure désignait pour ce rôle, passait depuis les temps héroïques pour l'institution la plus conforme au génie grec, et la seule capable de ménager l'autonomie intérieure tout en créant pour le dehors une puissance suffisante pour l'orgueil national et la sécurité du commerce. Il est vrai qu'on ne réussit jamais à édifier quelque chose de durable, mais l'ambition d'arriver à l'honneur de l'hégémonie avait été le plus puissant aiguillon qui poussât au développement de la force des États : elle est le fond même de l'histoire grecque, et c'est elle qui a élevé successivement les Spartiates, les Athéniens et les Thébains à l'apogée de leur renommée Philippe borna donc l'exercice de sa puissance royale à ses domaines propres et ne voulut être chez les Hellènes que le général en chef élu pour une guerre nationale : il se soumit donc aussi sur ce point essentiel à la tradition et prit possession de l'hégémonie vacante, dont la nation ne pouvait se passer[10]. C'est ainsi que le souverain militaire étranger revêtit sa
politique de formes empruntées au peuple vaincu. Mais aussi, ce n'étaient que
des formes. Il s'en servit avec beaucoup de sagesse pour rassurer les Grecs,
pour mettre plus vite leurs forces à sa disposition et pour se faire regarder
comme un Hellène dans toute l'acception du mot. Mais en détruisant les villes
grecques de Paix générale, libre commerce par terre et par eau,
sécurité complète donnée à toutes les communes grecques au point de vue de
leurs constitutions et de leurs possessions territoriales, amitié et
fédération de tous les États alliés contre l'ennemi héréditaire de la nation
: telle était la forme sous laquelle la nouvelle union cimentée à Corinthe se
rattachait aux anciens traités. Mais cette Ligue différait de toutes les
précédentes en ce que la présidence était donnée à une puissance qui résidait
en dehors de Tout ce système n'avait été conçu qu'en vue d'une guerre :
mais il dépendait du roi de donner à la guerre toute l'extension qu'il lui
conviendrait, et l'idée ne pouvait venir à personne qu'après une campagne le
roi délierait les Hellènes de leurs obligations militaires. C'était un pacte
conclu pour l'éternité, et les Grecs avaient renoncé une fois pour toutes au
droit de prendre les armes pour une cause choisie par eux. Toute résistance
au général en chef était un attentat contre le traité juré : toute tentative
pour reprendre la liberté de leurs mouvements était regardée comme une
révolte, ainsi que le prouve le sort qui frappa Mais il était aussi le gardien de la paix publique. Ainsi
tout acte illicite qui la mettait en danger, tout désordre intérieur, toute
querelle de partis qui pouvait diminuer les garanties de l'observation des
traités, toute distribution de terres, abolition de dettes, émancipation
d'esclaves et autres mesures révolutionnaires étaient soumis au contrôle du
Conseil fédéral et pouvaient être punis par le chef de la confédération.
Toute commune coupable d'une violation de la paix était exclue de sa
participation à Ce n'est que peu à peu que se manifesta le caractère réel
de la nouvelle organisation. Philippe semble avoir procédé avec les plus
grands ménagements, même au point de vue des levées de troupes. Du reste, le
roi était intéressé tout le premier à ce que les débuts de sa domination
fussent salués comme l'aurore de jours meilleurs, qu'il se produisît un
bienfaisant apaisement ramenant le sentiment si longtemps absent de la
sécurité, que l'aisance générale fît des progrès, que les villes devinssent
plus prospères et que partout on constatât le retour de la confiance. Tout ce
que A Athènes, le parti national resta au pouvoir. Hypéride se défendit contre Aristogiton sur la question de ses propositions de loi ; il convint qu'elles avaient un caractère révolutionnaire, mais il invoqua comme excuse les nécessités du temps. Ce n'est pas moi, dit-il, c'est la bataille de Chéronée qui a fait ces lois[11], et le peuple le renvoya des fins de la plainte. Neuf mois après la bataille, les Athéniens louèrent, dans un document officiel, deux Acarnaniens, Phormion et Carphinas, qui, fidèles à l'ancienne amitié de leur peuple, avaient spontanément, avec tout leur parti, soutenu Athènes jusque dans ses dernières luttes[12] on leur conféra le droit de cité. Peu de temps auparavant, ils avaient aussi honoré publiquement les Ténédiens, leurs plus fidèles alliés des îles[13]. Après les terribles émotions de la guerre et les efforts surhumains qui avaient été faits sous l'administration de Démosthène, on respirait enfin, et l'on consacra ce loisir depuis longtemps inconnu aux affaires locales. En cela, Athènes eut la fortune de posséder dans la personne de Lycurgue un homme qui sut avec une habileté incomparable régler les finances de la ville, et employer noblement ses revenus augmentés. Il réussit à élever le revenu annuel jusqu'à la somme de 1.200 talents[14] : il s'occupa de la construction des murailles et porta le nombre des vaisseaux de guerre à 100. On reprit la construction de hangars pour les navires : l'arsenal et les magasins furent restaurés. Il acheva le théâtre de Dionysos, et construisit le Stade sur l'Ilissos, l'Odéon et le gymnase du Lycée : il éleva des statues en l'honneur des grands Athéniens, de Sophocle, par exemple[15]. Jamais, depuis le siècle de Périclès, on n'avait travaillé d'une manière si générale et avec des idées aussi grandioses aux embellissements d'Athènes. Depuis que la cité ne pouvait plus poursuivre une politique à elle, c'était le seul moyen qu'elle possédât de conserver son honneur et de rendre un culte aux souvenirs de son passé. On consacra aussi sur l'acropole des ex-votos promis aux dieux dans la période pleine d'espérances qui précéda la défaite, et l'on éleva des monuments en l'honneur des braves dont on louait ainsi publiquement la glorieuse conduite[16]. Malgré leur profonde humiliation, les Thébains avaient eux-mêmes élevé sur le champ de bataille de Chéronée un magnifique monument, un lion colossal en marbre qui, assis et la tête haute, gardait les tombes des citoyens et proclamait leur héroïsme aux générations futures[17]. C'est ainsi que le sens de ce qui est noble et beau
continuait de vivre parmi les Hellènes, même après la perte de leur liberté.
Ils y trouvaient une consolation pour la perte des biens sans lesquels
autrefois ils n'auraient pas cru la vie supportable. Ils n'eurent pas d'autre
compensation pour ce qui leur avait été enlevé. Les cités grecques, en effet,
après avoir vu s'épuiser chez elles les forces de la vie particulariste, ne
furent pas admises à commencer une nouvelle existence comme parties d'un plus
grand État : elles ne réussirent pas davantage à former entre elles un tout.
Les moyens et petits États continuèrent de végéter dans leur existence
isolée, hostiles et méfiants les uns à l'égard des autres, divisés à
l'intérieur par la discorde et les querelles des partis. Les buts élevés dont
la poursuite avait pour un temps uni les États et les partis n'existaient
plus ; les tendances idéalistes disparurent ; l'intérêt se porta sur des
considérations de plus en plus étroites : bref, tout ce qui avait fait la
grandeur des cités républicaines de Les hommes les plus éminents s'étaient depuis longtemps rendus indépendants des influences locales et avaient poursuivi l'idéal d'une Grèce s'élevant au-dessus des différences de races et d'États. Le grand homme de Thèbes nous montre ce fait de la manière la plus frappante, et la plus grande gloire des Hellènes aux yeux d'Isocrate, c'était que leur nom signifiât moins une nationalité qu'une certaine culture et un ensemble de caractères intellectuels plutôt que physiques. Depuis le temps de Socrate, le mouvement intellectuel s'était de plus en plus affranchi de la vie publique ; plus les intérêts politiques devenaient étroits et superficiels, plus la passion de la science se développait chez les Hellènes. L'esprit de recherche, avec une énergie plus grande que jamais, alla fouiller profondément dans toutes les directions, infatigable, embrassant les choses divines et humaines. On se rendit maître de tous les domaines de la pensée ; partout on établit des procédés féconds et des méthodes appropriées : les résultats des travaux précédents furent soigneusement utilisés, et on fit converger de la manière la plus heureuse les tendances jusque-là si diverses de la pensée. Les recherches socratiques et les études si variées nées de la curiosité des sophistes, ainsi que les travaux d'Eudoxe, de Démocrite et autres, tout cela fut combiné ; la spéculation morale, la science de la nature, l'histoire furent fondues en un tout. C'est ainsi qu'il se fonda une science nouvelle, universelle. Athènes, veuve de sa grandeur politique, reçut une nouvelle consécration lorsque, trois ans après la bataille de Chéronée, Aristote y fonda l'école d'où sortit la perfection de la science hellénique. Il a reconnu plus clairement que Platon que les États
républicains de Aristote pouvait croire à cet empire universel tant que la personnalité d'Alexandre lui permit d'espérer que ce prince deviendrait un roi vraiment hellénique et réaliserait l'idéal de la monarchie, dont l'image hantait depuis longtemps un si grand nombre d'Hellènes. Mais, en réalité, ce n'était qu'une suzeraineté intellectuelle que le peuple grec avait conquise vis-à-vis des autres nations, et cette souveraineté universelle, il la doit à Aristote lui-même plus encore qu'à son disciple. C'est par lui que la philosophie est entrée en relation intime avec l'histoire de son peuple, en se donnant la mission de l'étudier scientifiquement dans toute son étendue. On collectionna les documents ; on étudia les constitutions ; on les compara entre elles ; on observa leurs avantages et leurs vices, leurs vicissitudes et leurs altérations. Comme le physiologiste sur les cadavres, le philosophe entreprit des études sur les États dont le développement était arrivé à son terme, afin de constater les conditions de la vie dans l'organisme sain, ainsi que les causes de sa destruction. On chercha aussi à étudier l'art et la littérature comme un ensemble dans leur développement historique : on écrivit les biographies des hommes d'État : on remonta des derniers événements aux traditions les plus anciennes. C'est ainsi que se développa parmi les Grecs une science d'une richesse incomparable, qui prit pour objet leur propre civilisation : s'il est vrai qu'un nombre relativement restreint de savants prirent part à ces travaux, ils n'en sont pas moins la marque caractéristique de l'époque qui suivit la perte de l'indépendance : le développement organique des Hellènes se déroule bien nettement à nos yeux, même dans cette période où nous voyons le génie national, après l'épuisement de sa force créatrice et l'accomplissement de sa mission pratique dans le domaine de la politique, se mettre à l'œuvre avec toute son énergie pour appliquer l'observation scientifique à l'étude suivie du passé, et pour emmagasiner en quelque sorte les fruits mûris pendant la période écoulée, afin de les faire servir à l'intelligence des choses humaines. Ainsi le génie de ce peuple, après s'être fortifié dans la vie politique et avec elle, une fois chassé de ce domaine et affranchi de toutes les barrières locales, continua son labeur et fit preuve d'une indomptable énergie. Les États, il est vrai, n'étaient pas entièrement morts ni
les forces populaires tout à fait usées : dans bien des pays, comme dans la
région de l'Achéloos et en Arcadie, elles n'étaient pas même arrivées à leur
épanouissement normal. Même les États les plus épuisés continuèrent de vivre
à leur façon. Sparte, aujourd'hui comme hier, se targuait de ses droits à
l'hégémonie. A Athènes continuaient de s'agiter les anciens partis. On osa
faire de nouvelles tentatives pour reprendre la liberté de ses mouvements :
il y eut même des essais tentés pour créer de nouveaux groupes d'États
capables d'unir d'une manière rationnelle les forces dispersées de la nation.
Mais tous ces soulèvements ne firent qu'interrompre momentanément la
domination étrangère. La levée de boucliers à Athènes sous Démosthène fut le
dernier acte important de FIN DU CINQUIÈME ET DERNIER VOLUME. |
[1] DEMOSTH., De Rhod. libert., § 28.
Cf. JACOBS, Staatsreden, p. 146.
[2] Le meilleur résultat de la démocratie est l'άρχή τοΰ πρώτου άνδρός.
[3] Archytas était, comme Périclès et Épaminondas. le chef de la cité au moyen d'une stratégie indéfiniment continuée (DIOG. LAERT., VIII, 79).
[4] DEMAD., fragm. 7 ap. DEMETR., Περί άρμηνειας, p. 285 [d'après la correction de Cobet]. Cf. TH. GOMPERTZ, Demosthenes, 1864, p. 29 sqq.
[5] Les renseignements transmis sur la mort d'Isocrate par Denys d'Halicarnasse (Isocrat.), Pausanias (I, 18, 8), Lucien (Μακρόβιοι, 23) et les biographes ne sont pas de si peu de poids que l'autorité douteuse de la troisième lettre d'Isocrate suffise à affaiblir ces témoignages, comme le soutient Fr. BLASS (in Rhein. Museum). Cependant, le critique a raison quand il trouve inintelligible la façon dont on interprète d'ordinaire les motifs de ce suicide. Peut-être l'explication donnée ci-dessus est-elle plus satisfaisante.
[6] POLYBE, XVIII, 14. L'historien répond à un passage de Démosthène (Pro Coron., § 295). Sur son appréciation, cf. ORELLI, Lect. Polybianæ dans l'Index lex. Turic., 1834, p. 12).
[7] DEMOSTH., Pro Coron., § 199.
[8] DEMOSTH., Pro Coron., § 64.
[9] DEMOSTH., Pro coron., § 304.
[10]
La teneur de la première convention diplomatique entre
[11] Vit. X Orat., p. 849 a.
[12] βοηθήσαντας μετά δυνάμεως, probablement à Chéronée (KIRCHHOFF, Monatsber. der Berl. Akad., 1856, p. 115).
[13] Sur le décret relatif à Ténédos, voyez KÖHLER, Bullet. dell' Institut, 1866, p. 104.
[14] Environ 7.072.875 fr.
[15] Sur l'activité administrative de Lycurgue nous avons maintenant toute une série de documents officiels (in Hermes, I, p. 313. II, p. 25. Philologus, XXIV, p. 83).
[16]
Tombeau des Athéniens morts à Chéronée (PAUSAN., I, 29, 13). L'épitaphe insérée
dans le Discours sur
[17]
Sur le lion de Chéronée, voyez C. W. GÖTTLING, Ges. Abhandlungen,
I, p. 148. WELCKER, Monum. dell' Instit., 1856, t. I, pl. 1, Alte Denkmäler,
V, p. 62.
[18] ARISTOT., Polit., 1327 b (p. 105, 28).