§ II. — LES APPRÊTS DE Pendant que ces luttes se déroulaient à l'intérieur de la cité, on avait remis sur le tapis la question des affaires étrangères, et de même que Démosthène combattait sans se lasser le parti de Philippe parmi les citoyens, il suivait aussi d'un œil vigilant toutes les entreprises du roi en dehors de l'Attique, devinant tous ses desseins et s'y opposant par tous les moyens qui étaient à sa disposition. La première occasion lui fut offerte par les affaires du
Péloponnèse, où la politique athénienne avait une tâche particulièrement
difficile. Sparte était le plus puissant et le plus indépendant parmi les
États de la péninsule ; mais Athènes ne pouvait se rapprocher d'elle, de peur
d'irriter les adversaires de Sparte et de les pousser tout à fait du côté de Dans ce but et sur le conseil de Démosthène, des
ambassadeurs partirent pour la péninsule, après que Philippe y eut déjà
inauguré sa politique en promettant des secours, en envoyant des mercenaires
et en notifiant des commandements impérieux. Démosthène fut en personne le
chef de l'ambassade[1]. Ses discours
étaient répandus sous forme de brochures même en dehors d'Athènes : il se présenta
donc devant les citoyens de Messène et d'Argos comme un démocrate bien connu,
qui venait pour les prémunir contre le roi, lequel, disait-il, avait
maintenant les yeux tournés vers le Péloponnèse et s'insinuait chez eux comme
leur ami et leur bienfaiteur, comme le protecteur de leur indépendance. Ils
n'avaient qu'à regarder autour d'eux pour se faire une idée, par l'exemple
d'autres États, de ce que pouvait être la protection d'un Philippe. Il leur
montra Olynthe : Rappelez-vous, leur dit-il, citoyens de Messène, quelle était la confiance des
Olynthiens, et avec quelle mauvaise humeur ils écoutaient ceux qui blâmaient
le roi, lorsqu'il leur fit don d'Anthémon te et de Potidée. Pouvaient-ils
alors s'attendre au sort qu'ils subirent dans la suite ? N'auraient-ils pas
ri au nez de celui qui leur eût montré cet avenir ? Et pourtant, ils se sont
trompés, et après avoir joui pendant un temps bien court de leurs acquisitions
sur territoire étranger, ils ont perdu le leur pour toujours et ont été
honteusement chassés, après avoir été non seulement vaincus, mais trahis et
vendus par leurs propres concitoyens ! Vous pouvez apprendre par là que les
rapports intimes avec des tyrans ne portent jamais bonheur à des États
libres. Les Thessaliens ont-ils été plus heureux ? Lorsque Philippe chassa
leurs tyrans, lorsqu'il leur donna Nicæa et Magnésie, pensez-vous qu'alors ils
s'attendissent à l'institution des Dix qui les gouvernent maintenant ?
Pouvaient-ils deviner que celui qui leur rendait leur siège et leur voix au conseil
amphictyonique s'approprierait un jour leurs revenus et leurs douanes ? Certainement
non ; et pourtant, chacun sait que les choses se sont passées comme je l'ai
dit. Voilà ce Philippe qui donne et promettant ! Dieu veuille que vous
n'appreniez pas à connaître bientôt le Philippe qui trompe ! Les hommes ont
fait bien des inventions pour protéger leurs villes : remparts, m tirailles,
tossés et autres ouvrages d'art. Les hommes avisés ont reçu de la nature un
moyen de défense qui est utile et salutaire à tous, mais surtout aux
républiques libres contre les tyrans : c'est la méfiance. Gardez-la, elle
vous sauvera. Car enfin, quel est le bien que vous désirez par-dessus tout ?
La liberté, dites-vous. Très bien ! Mais ne voyez-vous pas que le titre de Philippe
est à lui seul en contradiction avec elle ? Car quiconque est roi ou tyran
est l'ennemi de la liberté et de la constitution républicaine Soyez donc bien
sur vos gardes, et craignez, en cherchant à vous sauver d'une guerre, de vous
imposer un maître[2]. L'énergique éloquence de Démosthène ne manqua pas son
effet. Ses paroles excitèrent l'admiration et furent applaudies : les
meilleurs des citoyens de Messène et d'Argos ouvrirent les yeux, et l'amour
de la liberté hellénique fut réveillé dans leurs cœurs. Quant à la multitude,
il ne fut pas possible de la convertir. Un discours de Démosthène n'était
pour elle qu'une brillante représentation d'un artiste étranger. Une fois le
spectacle terminé, l'enthousiasme se refroidit ; chacun reprit son
indifférence première et son souci des intérêts étroits de la politique
locale, qui n'avait peur que de Sparte. Nulle part l'égoïsme propre aux
petits États n'était plus puissant que dans L'apparition de Démosthène n'en avait pas moins effrayé les
partisans de Tel était le résultat des efforts de Démosthène. Au lieu d'avoir détaché les Péloponnésiens de Philippe, il constata qu'ils étaient plus unis que jamais, et qu'ils formaient maintenant un parti unique opposé aux Athéniens. Il n'en fut pourtant pas découragé : il en prit seulement occasion de marquer plus nettement et plus clairement son point de vue et celui de ses amis. C'est ce qu'il fit dans. la séance de l'assemblée où l'on délibéra sur la réponse à faire aux ambassadeurs étrangers. Pour décider ce que nous avons à faire,
— tel était le sens de ce discours — il faut que
nous sachions ce que veut Philippe. S'il est l'ami des Hellènes, comme il le
prétend, ils ont raison ceux qui se rallient à lui ; mais s'il est tout le
contraire, c'est nous qui avons raison, nous qui le combattons par tous les
moyens. La réponse à cette question décisive pour notre conduite ultérieure,
nous la trouverons dans les faits dont nous avons tous été témoins. Philippe
a marché en avant, pas à pas, cherchant à faire des Hellènes ses sujets : ses
actes montrent qu'il ne recule devant aucune violence. Ce n'est pas un roi
qui veut la justice ; il n'a en vue que sa domination. Tous les boulevards de
Il y avait longtemps qu'on n'avait tenu à Athènes de tels
comices. La ville d'Aristide semblait être revenue à la vie. Les
Péloponnésiens ne purent s'empêcher de reconnaitre la majestueuse attitude
d'un peuple ainsi dirigé, et Démosthène atteignit son but le plus prochain,
en ce que les dangereuses hostilités se calmèrent dans Il se comportait déjà, au fond, comme un monarque qui fronce le sourcil en voyant dans ses États des manifestations de mécontentement et d'opposition, et fait sentir sa disgrâce à ses sujets lorsqu'ils écoutent des gens qui se sont donné la mission d'attaquer toutes les mesures prises par le roi. Il renouvelle l'assurance de ses intentions bienveillantes. Mais en s'obstinant dans la méfiance, déclare-t-il, on pourrait en effet aboutir à ce résultat, de transformer le bienfaiteur en ennemi. Au lieu de s'élever constamment contre la paix une fois conclue, il vaudrait mieux revoir les traités et les soumettre à un examen approfondi. Il y consentait pour sa part et se déclarait prêt à approuver les modifications qui paraîtraient désirables dans l'intérêt de la république[9]. L'habile et brillant discours de Python ne manqua pas de produire son effet : avoir l'air de céder était le meilleur moyen d'affaiblir les persistantes attaques contre la paix, et les orateurs athéniens amis de Philippe, avec lesquels Python s'était entendu dès l'abord, sentirent leur importance grandir maintenant qu'ils pouvaient s'appuyer sur le message royal, lequel ne faisait que confirmer ce qu'ils avaient toujours dit. Mais leurs adversaires ne se laissèrent pas intimider. Démosthène démontra d'une manière si énergique la fausseté du rôle de Philippe, que les alliés présents durent témoigner publiquement de la vérité de son argumentation et reconnaître que la méfiance des Athéniens était bien fondée[10]. En même temps, Hégésippos accepta la révision des traités offerte par le roi, pour voir jusqu'à quel point il la prenait au sérieux. La paix de Philocrate était basée sur le statu quo des possessions réciproques : chacun devait conserver ce qu'il avait. Cette stipulation, défavorable en soi après les conquêtes du roi, l'était devenue encore davantage par le perfide retard mis à la ratification du traité. Hégésippos proposa donc de modifier la clause du traité qui laissait à chacun le sien, et comme les ambassadeurs ne firent pas d'objection, on crut possible que le roi acceptât cette base et admît comme raison décisive, ne fût-ce que sur certains points, non pas le simple fait de la possession, mais le droit à la possession[11]. On visait surtout l'île d'Halonnèse. Hégésippos démontra qu'il ne pouvait y avoir de paix véritable que si chaque partie reconnaissait les droits de l'autre, et si les stipulations de la paix étaient assurées contre les violations arbitraires. Deuxièmement, si la paix devait être durable, il fallait qu'elle restât ouverte à l'adhésion de tous les Hellènes et que l'indépendance de tous les États neutres fût solennellement garantie. C'est dans ce sens qu'Hégésippos proposa de faire une révision des traités, que le roi avait mise lui-même en avant : c'est sur cette base qu'il fallait négocier avec lui, pour s'assurer qu'il était bien le prince pacifique que Python avait dépeint. Cette proposition fut adoptée, et l'on décida qu'une ambassade se rendrait à Pella, conduite par l'auteur de la motion. Le roi Philippe la reçut avec un mécontentement non dissimulé. Rien que le choix des députés lui montrait déjà combien l'opinion s'était modifiée à Athènes. Il les traita, même à Pella, comme des adversaires, ne leur accorda pas l'hospitalité et punit même de l'exil le poète Xénoclide, qui les avait reçus chez lui[12]. Il ne daigna pas discuter leurs propositions. Il regarda comme un trait d'impudence criminelle, que l'on osât mettre en question la base de la paix ; que l'on réclamât la restitution d'importantes places maritimes ; que, malgré sa volonté expresse, on voulût admettre d'autres États au bénéfice des traités et créer en face de lui une confédération d'États qui n'avait d'autre but que de le contrarier dans l'exécution de ses desseins. Provisoirement, il se contenta de les renvoyer en repoussant d'une manière offensante leurs prétentions : puis, sans se soucier davantage d'Athènes, où Démosthène livrait bataille à Eschine, il continua tranquillement l'exécution de ses plans, qui avaient pour objet de lui assurer des positions de plus en plus fortes dans tout le cercle des États helléniques. A ce point de vue, il n'y avait pas pour lui de pays plus
important que l'Eubée. C'est de là qu'il pouvait aborder Athènes par son côté
le plus vulnérable ; c'est là qu'il trouvait les points d'attaque les mieux
situés, qu'il était mettre des approvisionnements d'Athènes et qu'il pouvait
s'interposer avec ses forces entre la ville et les Cyclades, dans lesquelles,
comme le montre l'exemple de Délos, son parti travaillait déjà activement.
Dans l'Eubée, les occasions souhaitées ne lui manquaient pas : car dans
toutes les villes de l'île les citoyens étaient divisés, et il y avait lutte
entre les partisans de L'affaire vint en discussion, peu de temps sans doute
après la conclusion du procès de l'Ambassade. Eschine était le représentant
des gouvernements amis de En même temps le roi, qui ne connaissait pas le repos,
était occupé du côté opposé, sur la mer d'Occident. Il avait contracté là
depuis plusieurs années avec la maison royale des Molosses des relations
intimes qui, comme ailleurs, parurent d'abord amicales et inoffensives,
jusqu'à ce qu'il lui plût enfin de dévoiler ses véritables desseins. Arybbas
avait été très heureux de voir le puissant prince son voisin demander la main
de sa nièce, et il se crut par là assuré dans sa propre position. Mais
Olympias avait amené avec elle son frère Alexandre à la cour de Macédoine.
Celui-ci avait grandi et était devenu un instrument susceptible d'être
utilisé pour faire de l'Épire une cliente de Philippe. Le roi ramena son
beau-frère avec une armée dans son pays natal, chassa son oncle avec ses fils[16], et profita de
cette occasion pour soumettre les colonies grecques de la côte : il s'avança
jusqu'au golfe d'Ambracie[17], et entra en
relations avec les Étoliens, la plus énergique des populations de Les Athéniens observaient tous les mouvements du roi. Il
était évident qu'après l'échec de sa tentative sur Mégare, il cherchait à
s'ouvrir une autre entrée dans le Péloponnèse. Ils n'hésitèrent donc pas à
envoyer des ambassadeurs dans les pays menacés, pour rendre les Corinthiens
et les Achéens, les Acarnaniens, les Leucadiens et les Ambraciotes attentifs
au danger qui les menaçait, les inviter à la vigilance et leur promettre des
secours[19].
Pour donner du poids à leurs paroles, ils envoyèrent dans le même temps des
troupes auxiliaires aux Acarnaniens, leurs anciens alliés[20], et ne
craignirent pas de traiter publiquement comme leur ami et d'accueillir chez
eux le roi d'Épire expulsé, qui s'était réfugié à Athènes. Enfin, pendant que
Philippe était en Épire, ils cherchèrent à soulever Philippe repassa le Pinde en toute hâte et fit sentir aux
Thessaliens le poids de sa main. Il voulait enfin les guérir radicalement de
leur passion de changement et leur ôter cette illusion, que la guerre de
Phocide les eût fait entrer de nouveau dans une période de relèvement
national. L'habile monarque profita de la division en districts, que les
Aleuades avaient établie dans l'intérêt de la répartition des charges
militaires, pour diviser, en respectant en apparence la vieille organisation
du pays, toute la région en quatre sections, placer ces lambeaux de
territoire désagrégé sous quatre chefs absolument dépendants de lui, et se
rendre ainsi maître de Il est vraisemblable que de Le moyen qu'il employa cette fois fut d'envoyer aux
Athéniens une lettre qu'il avait rédigée avec beaucoup d'art, de façon à
avoir l'air d'accéder avec empressement à leurs vœux, et même de leur offrir
plus qu'on ne lui demandait. Il touchait à toutes les questions brûlantes. Il
ne voulait pas, écrivait-il, qu'Halonnèse devînt une pomme de discorde : il
allait faire don aux Athéniens de cette île, qu'il avait enlevée aux pirates[23]. Tels étaient les points principaux de ce substantiel message, dans lequel le roi avait réuni tout ce qui pouvait faire de l'effet sur les Athéniens : apparentes concessions, offres spontanées, sérieuses protestations contre des intentions hostiles. avertissements à l'obstination incorrigible, promesses, menaces..., bref, la lettre offrait un mélange de douceur et de sévérité tel que son auteur pouvait espérer effrayer les uns et gagner ou affermir la bienveillance des autres. Les ambassadeurs firent ce qui dépendait d eux pour commenter la lettre dans le sens voulu ; ses partisans les aidèrent à accommoder les propositions au goût des Athéniens et en recommandèrent chaudement l'acceptation : ce ne fut donc pas une tâche facile pour les patriotes que de combattre l'effet produit par le message et de faire voter une réponse digne de la république. Cette tâche fut dévolue surtout à Hégésippos, à la mission duquel répondait en réalité cette démarche du roi ; il était l'homme qu'il fallait pour indiquer à ses concitoyens, dans un langage rude, compréhensible à tous et pressant, le vrai point de vue auquel il fallait se placer pour juger les offres de Philippe. D'abord il en appela à la liberté de parole, qui est le droit de tous les Athéniens, et protesta contre l'indiscrétion que se permettait le roi en exprimant sa satisfaction ou son mécontentement à propos de discours prononcés par des citoyens. Il passa ensuite à la question d'Halonnèse. Cette île, dit-il, appartient aux Athéniens, dont le droit de propriété n'a pas été infirmé par une occupation temporaire du fait des pirates. Nous ne pouvons permettre qu'on nous fasse don de ce qui est à nous, ni que le roi dispose suivant son bon plaisir de territoires helléniques, et tranche du généreux à cette occasion en nous infligeant des bienfaits que nous ne pouvons accepter sans humiliation[29]. Quant au tribunal d'arbitres, c'en est fait de la puissance d'Athènes si nous consentons à plaider avec l'homme de Pella au sujet de nos possessions et de nos îles : il n'est pas plus compatible avec l'honneur d'Athènes de partager avec lui la surveillance des mers. Il ne cherche par là qu'à acquérir le droit d'aborder avec ses navires de guerre au point qui lui conviendra. Même le traité de commerce qu'il nous offre n'est qu'un piège. Ce traité est inutile et ne doit servir qu'à faire de la cour de Philippe le tribunal de dernière instance pour tous les intérêts nationaux, tandis que jusqu'ici c'était l'usage de demander à l'assemblée du peuple la ratification suprême de tous les traités conclus avec Athènes. En ce qui concerne l'offre de réviser les traités, Philippe s'est déclaré au su de tous, par des ambassades antérieures, prêt à consentir à nos projets de modifications. Son projet à lui, Hégésippos, accepté par le peuple, est sans doute en contradiction avec le traité de Philocrate, mais répond seul à la justice et aux véritables intérêts d'Athènes. Si Philippe ne veut pas en entendre parler, cela prouve seulement qu'au fond il ne prend pas au sérieux la révision qu'il offre. Il en est de même de l'admission des autres Hellènes aux
avantages d'un traité dont on les a écartés jusqu'ici. Athènes a cru que
cette mesure était juste, et Philippe lui-même reconnaît aujourd'hui la
justice de notre réclamation. Il veut donc que l'indépendance des États grecs
soit garantie par un élargissement des stipulations des traités : mais en
même temps il occupe Phères, s'empare de force de l'Épire, conduit ses
troupes contre Ambracie et soumet les colonies de la mer Ionienne. Comment
peut-on, en face de tels actes, croire aux paroles du roi, et lui supposer
quelque respect pour la liberté des cités helléniques I il se comporte de la
même façon dans les affaires de Démosthène appuya le discours d'Hégésippos et fit surtout
observer qu'un tribunal d'arbitres, qui examinerait avec équité et
indépendance les questions en litige, était absolument impossible à
constituer. Malgré tous les efforts contraires du parti macédonien, le peuple
se déclara pour Hégésippos, et les propositions de Philippe furent repoussées
comme inacceptables. Ce rejet augmenta singulièrement la tension des rapports
: la paix continuait de subsister en apparence, mais de fait elle était
abrogée : le peuple s'était à plusieurs reprises déclaré contre les traités
existants et avait néanmoins repoussé les modifications désirées par le roi.
Cette paix fictive devait donc dans un délai plus ou moins long prendre fin ;
ce ne fut pas dans l'Hellade même, mais dans La presqu'île de Thrace, quelque éloignée qu'elle fût,
avait pourtant avec les Athéniens les relations les plus étroites, car
c'était une des plus anciennes et des plus fortes traditions de la politique
d'Athènes de considérer celte péninsule comme une partie de l'Attique en pays
d'outre-mer, parce qu'elle commandait les routes maritimes du Nord. Sur ce
point, le peuple était plus pe1spicace, plus vigilant et plus résolu que sur
toutes les autres questions de politique extérieure. On regardait Peu de temps avant la guerre Sociale, la situation territoriale y avait été favorablement réglée par les succès de Charès : six ans après, Sestos était conquise, et toute la presqu'ile était terre athénienne, depuis le promontoire méridional jusqu'à Cardia. Dans le pays attenant, on chercha à conserver de l'influence par des relations avec les princes indigènes : Démosthène avait recommandé cette politique comme la plus favorable aux intérêts d'Athènes dans son discours contre Aristocrate. A mesure que Philippe se consolidait dans la partie
supérieure du pays, qu'il faisait de Kersoblepte son vassal, s'alliait avec
Cardia et trahissait son intention d'étendre sa domination vers Le cas se présenta bientôt. Trouvant de la résistance, il sut se procurer de l'argent par des prises maritimes[32] pour enrôler des troupes, et marcha contre Cardia, qui nourrissait des sentiments hostiles et recevait des secours de Philippe[33]. En 341, il envahit même le territoire macédonien, pilla le pays, prit des villes fortes et vendit les prisonniers[34]. Cette audace causa une grande émotion. C'était la première
fois depuis la paix que les mesures des Athéniens allaient plus loin que des
discours hardis, des réponses négatives, des ambassades brouillonnes et des
démonstrations militaires. Philippe éleva aussitôt des plaintes et demanda
satisfaction[35],
pendant que ses troupes occupaient déjà L'été suivant, l'affaire fut portée devant le peuple. Les partis étaient aussi divisés que possible. Les partisans de Philippe profitèrent de l'occasion pour attaquer leurs adversaires, qui engageaient avec une criminelle légèreté l'État dans les démêlés les plus dangereux, et qui ne pouvaient se tenir en repos, même quand Philippe était si éloigné des frontières de l'Attique. Ils demandèrent le rappel de Diopithe et son châtiment, pour avoir, sans ordres, rompu la paix sur terre et sur mer[36]. Les faits ne pouvaient être niés : le tout était de savoir
comment il fallait les interpréter. Démosthène monta à la tribune pour poser
la question à un autre point de vue. La culpabilité ou l'innocence de
Diopithe était, selon lui, chose secondaire : il s'agissait d'une situation
et non d'une personnalité. Les adversaires ont beau déclarer que la situation
actuelle est intolérable, et qu'il faut ou bien déclarer officiellement la
guerre à Philippe ou respecter loyalement la paix. Cette
décision, dit Démosthène, ne dépend nullement
de nous. Philippe prétendait respecter la paix quand il entrait avec son
armée à Oréos, qu'il occupait Cardia et rasait les murs de Phères[37]. Quand Philippe s'empare de possessions athéniennes et
détruit des villes grecques, ce n'est pas un cas de guerre : mais quand nous-mêmes
nous agissons et maintenons quelque part notre rang, on se plaint que le
droit est violé. Sont-ce des Athéniens qui jugent ainsi ? Une telle
délicatesse de conscience n'est autre chose qu'une trahison. Nous devons être
constamment prêts à détourner les coups de Philippe, puisque partout il
parait à l'improviste[38]. Et justement aujourd'hui que nos troupes sont à
l'endroit voulu, nous irions de notre propre mouvement rendre au roi le
service de dégarnir l'Hellespont, et cela au temps où les vents étésiens vont
nous empêcher d'y envoyer des troupes, pendant que les siennes s'y
rassemblent ! Et ce général, qui montre enfin de la résolution, nous irions
le punir, lorsque pourtant ce sont les citoyens seuls qui sont cause que l'on
a des reproches à faire à Diopithe ! En effet, ce n'est que parce que nous ne
l'avons pas soutenu qu'il a été forcé de se procurer par d'autres voies de
quoi entretenir ses troupes[39]. Nous devrions rougir d'envoyer dans tous les États des
ambassadeurs qui les excitent à la vigilance contre Philippe, et de ne rien
faire nous-mêmes pour nous sauver. Car c'est bien de notre salut qu'il
s'agit, nous ne devons pas nous le dissimuler. Nous devons comprendre que
Philippe nous hait, nous, notre cité, le sol sur lequel elle s'élève, tous
ses habitants, même ceux qui se font gloire aujourd'hui de son amitié, et
avant tout notre constitution. Et il a de bonnes raisons pour cela, car il
sait bien que, dût-il mettre tout le reste sous sa domination, il n'est
assuré de rien tant que subsistera chez nous la souveraineté du peuple :
tandis que si un de ces malheurs si nombreux qui menacent un homme venait à
le frapper, tous ceux qu'il tient groupés
autour de lui par la violence viendraient à nous et chercheraient ici un
refuge : car si vous Athéniens, par votre caractère et votre constitution, vous
n'êtes aucunement aptes à faire des conquêtes et à fonder une domination,
vous êtes faits, en revanche, pour vous opposer à la cupidité des autres,
pour leur enlever leur proie et aider tous les hommes à conquérir leur
liberté[40]. Comme les Athéniens avaient toujours grand peur des dépenses et des efforts à faire, Démosthène combat ce sentiment ; il les invite à réfléchir au sort qui les attend s'ils ne font pas ce qui est indispensable. Car, dit-il, eussiez-vous un dieu pour garant que Philippe vous épargnera vous-mêmes, si vous restez tranquilles et abandonnez tout : eh bien ! par Zeus et par tous les dieux ! c'est une honte pour vous et votre ville si, par paresse et par apathie, vous sacrifiez la totalité des autres Hellènes : pour moi j'aimerais mieux être mort que de vous avoir donné un tel conseil. Que si un autre vous le dit et vous persuade, soit ! ne vous défendez pas ; abandonnez tout ! Mais nous en sommes au point que personne ne croit à ces belles paroles. Au contraire, nous savons tous que, plus nous le laissons prendre, plus il va de l'avant et plus il devient puissant à nos dépens et pour notre perte. Il faut donc que l'on décide jusqu'à quel point nous voulons revenir en arrière, et quand enfin, ô Athéniens, nous voudrons commencer à faire notre devoir. — Eh oui ! quand la nécessité l'exigera. — Mais ce que les hommes libres appellent nécessité, il y a longtemps que celle-là nous presse ; car pour des hommes libres, il n'y a pas de plus grande souffrance que la honte de voir ce qu'ils sont tous les jours forcés de subir. Pour ce que les esclaves appellent nécessité, c'est-à-dire punition et mauvais traitements, les dieux veuillent que vous ne les connaissiez jamais par expérience ![41] C'est ainsi que Démosthène expose à ses concitoyens le sérieux de la situation, et qu'il les invite à conserver leurs troupes réunies, à payer l'impôt sur le capital, à unir les États helléniques pour une politique commune et à châtier les hommes d'État qui servent l'ennemi du pays[42]. Cet énergique discours produisit son effet. Les partisans
de Pourquoi les Hellènes étaient-ils
autrefois redoutés des Barbares, tandis que c'est le contraire aujourd'hui ?
Ce n'est pas qu'ils manquent de ressources : ce qu'ils n'ont plus, ce sont
ces sentiments qui leur permirent autrefois de défendre victorieusement la
liberté de l'Hellade contre les forces supérieures des Perses ! Dans ce
temps-là, tous ceux qui s'entendaient avec les Barbares perdaient l'honneur,
et celui qui se vendait pour de l'argent était l'objet du mépris public[50]. Ce sentiment a disparu : on joue avec la trahison et
l'on n'a plus la force de haïr le mal. Est-ce qu'on n'appelle pas à la
tribune des traîtres connus de la ville entière, pour parler devant des
citoyens qui savent, par l'exemple d'Olynthe et d'autres villes, où cela
conduit quand le peuple prête l'oreille aux traîtres et se laisse prendre
dans les filets du mensonge[51] ? Si les Olynthiens pouvaient encore délibérer, ils
sauraient faire bien des révélations sur ce qui les aurait sauvés de la
ruine, s'ils avaient voulu y penser à temps et prendre la chose à cœur. Il en
est de même des citoyens d'Oréos, des Phocidiens
et des autres victimes de l'ambition de Philippe. Mais il est trop tard
maintenant. Aussi longtemps qu'une embarcation, qu'elle soit grande ou
petite, peut être conservée à flot, aussi longtemps le batelier, le pilote et
tous les autres doivent travailler avec ardeur à ce que personne ne puisse à
dessein ou fortuitement la renverser. Eh bien ! citoyens d'Athènes, aussi
longtemps que nous sommes intacts, en pos- session de la plus grande des
villes, d'immenses ressources, considérés, nous devons faire tout ce qui
dépend de nous. Il faut que nous nous mettions en état de défense, bien résolus
à lutter pour notre part de liberté, lors même que les autres Hellènes
consentiraient à l'esclavage[52]. Il faut que nous fassions connaître publiquement notre
résolution, en la notifiant par ambassadeurs au Péloponnèse, à Rhodes, à
Chios et à Suse ; car le roi des Perses lui-même ne saurait voir avec
indifférence le Macédonien réussir à tout renverser[53]. Mais avant tout, il faut que votre propre résolution
soit inébranlable, car il est insensé de se soucier des autres pendant qu'on
abandonne sa propre cause : il s'agit avant tout de faire notre devoir
nous-mêmes avant d'inviter les autres Hellènes à l'union et à l'action. Voilà
ce qui convient à une cité comme la vôtre. Mais si vous, les Athéniens, vous
voulez attendre que peut-être les Chalcidiens sauvent l'Hellade, ou bien les
Mégariens[54], tandis que vous vous dérobez lâchement à votre devoir,
vous avez tort. Tous ces autres se tiennent pour satisfaits quand ils sont
personnellement indemnes ; c'est à vous qu'il appartient de faire qu'ils le
soient. Vos ancêtres vous ont conquis cette fonction d'honneur, et ont su
vous conserver ce patrimoine aux prix des plus grands dangers. C'est
ainsi que ce discours complète le précédent et reporte l'attention des
Athéniens d'une question de détail sur la situation générale, de La plus puissante des harangues de Démosthène fut aussi
celle qui obtint le plus de succès : elle fut décisive sur l'opinion des
citoyens, qui peu à peu s'étaient mis de son côté. Le parti d'Eubule ne
pouvait plus lui tenir tête : il battit en retraite, et de cette façon la
direction des affaires publiques fut remise en réalité aux mains de Démosthène.
Les affaires de Thrace eurent la plus heureuse influence. Les entreprises du
roi dans ce pays inquiétaient plus les Athéniens que l'occupation de Cette fois encore, Démosthène fut associé personnellement de la manière la plus active à l'exécution des mesures proposées par lui. Dans l'été de 341, il se rendit sur le théâtre de la guerre, sur l'Hellespont, où l'on devait s'attendre à voir se produire les premiers événements décisifs, pour faire ce qui dépendait de lui afin que les Athéniens restassent à leur poste, puis à Byzance[55] : c'était le point le plus important dans la région des mers du Nord, la place qui dominait le commerce entre le Pont et l'Archipel ainsi que le passage d'Europe en Asie. Ce n'est que par les guerres médiques que Byzance était
devenue une ville européenne, et en même temps un membre important de la
confédération hellénique qui se forma alors en face du monde oriental.
Cependant, de toutes les colonies grecques, Byzance fut toujours celle qui
s'était montrée la moins disposée à entrer comme simple membre dans une
grande agglomération. Délivrée de toute crainte après l'affaiblissement de
l'empire des Perses, elle se consacra tout entière à ses intérêts commerciaux
; comme ville maritime, elle avait des avantages qu'aucune autre ne possédait
au même degré. En effet, Byzance n'était pas seulement le centre naturel de
la navigation pontique, mais aussi de la pêcherie : et tandis que les autres
villes se livraient à cette industrie lucrative au prix de toutes sortes de
peines et de dangers, les bandes épaisses des thons, juste au moment où ces
poissons étaient arrivés à leur parfaite maturité, étaient poussées par les
courants dans le port de Byzance, de sorte que la fortune venait aux
Byzantins sans effort de leur part. Ajoutons que Byzance se distinguait par
sa solide position péninsulaire, son climat salubre, la fertilité de ses
environs, et nous comprendrons qu'il s'y soit développé un orgueil des plus
susceptibles, et que certains Hellènes qui y prirent pied solidement, comme
Pausanias et Cléarque, s'y soient crus invincibles. Byzance avait déjà cherché,
lors de la guerre de Samos, à se détacher d'Athènes. Pendant la guerre du
Péloponnèse, Alcibiade restaura la domination athénienne sur le Bosphore.
Vinrent ensuite successivement les tentatives des Athéniens, des Spartiates,
des Thébains ; mais aucune de ces cités ne fut assez forte pour réaliser
entièrement ses prétentions. Les Byzantins en devinrent toujours plus
orgueilleux, jusqu'à ce que la guerre Sociale leur offrit l'occasion désirée
d'entrer dans les rangs des villes maritimes indépendantes. La marine de
Byzance égalait presque à ce moment celle d'Athènes : elle était en
possession d'un territoire considérable, avait dans sa dépendance toute une
série de stations maritimes sur le Pont et La tache de Démosthène consistait maintenant à mettre fin à la fâcheuse scission produite par la guerre Sociale, à gagner de nouveau la sympathie de cette fière, hautaine et malveillante cité, de convaincre les citoyens du danger qui les menaçait eux aussi, et de leur offrir l'assistance des Athéniens. Les circonstances lui étaient favorables, car un dissentiment, prévu par Démosthène, s'était déjà :produit entre Philippe et Byzance. Les Byzantins avaient refusé des secours que Philippe leur avait demandés. Ils avaient compris que le voisinage du roi devenait 'plus dangereux pour eux que celui des princes de Thrace qu'il voulait attaquer avec leur concours. C'est à ce moment qu'arriva Démosthène. C'était l'heure favorable où, en face d'un danger commun, il pouvait espérer triompher de l'orgueil récalcitrant et de la vieille méfiance des Byzantins. Les deux villes maritimes les plus puissantes se tendirent la main, et les Athéniens envoyèrent des troupes dans l'Hellespont, à Ténédos, à Proconnésos, pour montrer hautement aux amis et aux ennemis qu'ils étaient résolus à maintenir leur puissance dans les mers du Nord[56]. En même temps, des ambassadeurs allaient à Rhodes et à
Chios, où sans doute Hypéride porta la parole pour les Athéniens[57]. Éphialte
partait pour Suse, afin de représenter au gouvernement royal les dangers qui
menaçaient la sécurité de l'empire perse si les Macédoniens continuaient
d'avancer sur les routes maritimes du Nord, et pour proposer en conséquence
un traité assurant des subsides à Athènes et à ses alliés[58]. A la cour du
Grand-Roi, on ne put se décider à accepter ces propositions : on les repoussa
même avec dédain, en rappelant la conduite hostile d'Athènes dans des
occasions précédentes. Cependant on ne méconnaissait pas le danger des
progrès de Philippe : on observait avec vigilance l'Hellespont, et l'on crut
trouver un expédient commode en favorisant sous main la défense athénienne
dans Pendant le cours do ces ambassades, des mesures très graves avaient été prises en Grèce. Démosthène n'avait pas cessé de fixer son attention sur l'Eubée : car plus l'explosion de la guerre devenait inévitable, plus l'importance de cette île devenait considérable, aussi bien pour Philippe s'il voulait attaquer Athènes, que pour les Athéniens s'ils voulaient défendre leur territoire et mener avec succès les opérations de la guerre. Ce qui avait à ce point de vue une très grande importance, c'était l'amitié qui liait Démosthène avec Callias, le fils de Mnésarchos, lequel se proposait de délivrer d'abord son île et de lui donner l'unité politique sous la direction de Chalcis, sa ville natale. Cet homme d'État avait besoin pour réussir dans ses projets de l'appui des États voisins, et marchait d'accord avec le parti des patriotes à Athènes. Callias est le premier homme d'État non Athénien qui se soit rallié à Démosthène, Chalcis la première ville voisine qui offrit son alliance et no voulut pas seulement se laisser protéger, comme Rhodes, Mégalopolis, etc., mais qui marcha elle-même en avant avec ardeur. De même qu'autrefois, du temps des guerres médiques, Athènes et Sparte avaient marché les premières pour rallier le parti des patriotes, ainsi firent cette fois Athènes et Chalcis : elles furent les premières villes qui conclurent l'alliance et cherchèrent de nouveaux adhérents. De cette façon, la bonne cause prit un caractère hellénique et inspira plus de confiance. Démosthène sut tirer le meilleur parti de ces circonstances favorables : il ne perdit pas de vue le but principal et veilla à ce que le grand succès qu'on poursuivait n'échouât pas à propos de points accessoires, notamment de la situation légale des anciens alliés dépendants d'Athènes. Démosthène et Callias se rendirent ensemble dans le Péloponnèse et dans les pays de l'ouest. Les Acarnaniens, irrités sans doute des traités de Philippe avec les Étoliens, donnèrent leur adhésion[60] : avec eux les Leucadiens, puis les Corinthiens et les Achéens, enfin Mégare. On dressa d'un commun accord des rôles matriculaires pour la constitution d'une force territoriale et maritime[61]. Les Eubéens s'engagèrent à fournir 40 talents, les Péloponnésiens et les Mégariens 60. Caillas rendit compte devant le peuple athénien du succès de son ambassade, et Démosthène confirma l'heureuse conclusion d'une fédération nationale contre Philippe : on fixa au mois suivant la ratification des traités et la première réunion du nouveau Conseil fédéral sous la présidence d'Athènes[62] On regarda comme de bon augure que, pendant les négociations, la lutte contre l'influence macédonienne eût été inaugurée par un succès : car l'alliance militaire plus restreinte d'Athènes avec Mégare et Chalcis était entrée dans la période (l'exécution. Callias et son frère Taurosthène, avec Céphisophon, le chef des auxiliaires athéniens, étaient partis contre Oréos, qui leur semblait avec raison être le point le plus important, notamment parce que de là la possession des Sporades septentrionales, Sciathos et autres, était menacée. Dès le mois de juin 341 (Ol. CIX, 3), le tyran Philistide était mis à mort et la ville conquise[63] On n'en mit que plus d'ardeur à accepter les autres propositions de Démosthène. Les députés se réunirent à Athènes au commencement du printemps 340 pour conclure définitivement les traités. Les opinions furent partagées sur la question de savoir si on devait fixer d'avance la quotité des contributions des alliés, ou si les frais de la guerre, qui d'après l'avis d'Hégésippos n'étaient pas de leur nature susceptibles d'être précisés exactement, devaient être répartis après les événements. Mais on arriva sur le point essentiel à une entente parfaite, et un traité définitif d'alliance sous la présidence d'Athènes fut rédigé, avec la signature de l'Eubée, de Mégare, de l'Achaïe, de Corinthe, de Leucade, de l'Acarnanie, d'Ambracie et de Corcyre[64]. A l'instigation de Démosthène, Athènes fit plus qu'elle ne s'était engagée à faire. Il poussait irrésistiblement en avant, afin de hâter l'entrée en activité de la ligue. On envoya de l'argent et des navires aux villes de l'Eubée[65] ; on reprocha plus tard à Démosthène d'avoir, dans son zèle hellénique, lésé les intérêts particuliers de sa patrie. Mais il savait bien ce qu'il faisait. Les avances d'Athènes contribuèrent essentiellement à donner le dernier coup à la paix boiteuse qu'il voulait voir anéantie. On eut l'audace de capturer des navires macédoniens. Jusque dans les îles septentrionales on en vint à des luttes sanglantes. Halonnèse était tombée dans les mains des Péparéthiens, qui y avaient fait prisonnière la garnison macédonienne. Philippe s'en prit à Péparéthos, qu'il fit dévaster ; mais les Athéniens prirent parti pour l'île et ordonnèrent à leurs vaisseaux d'user de représailles sur les propriétés macédoniennes[66]. Les Athéniens étaient comme transformés : ils se mettaient à l'œuvre au dedans comme au dehors sans se laisser arrêter par aucune considération. On arrêta comme espion à Athènes un certain Anaxinos d'Oréos, chargé soi-disant de faire des achats pour la reine Olympias : il fut exécuté[67]. Au dehors, on s'attendait à ce que l'Eubée fût attaquée : il s'agissait donc de renverser aussi vite que possible les autres tyrans qui favorisaient les Macédoniens, notamment Clitarchos d'Érétrie, qui, à l'aide de mercenaires phocidiens, avait lui-même renversé Plutarchos. A Athènes, on déployait le zèle le plus louable ; quarante vaisseaux furent équipés par souscriptions privées ; sous la direction expérimentée de Phocion, Érétrie fut prise, Clitarchos tué, l'Eubée tout entière délivrée[68]. On eut coup sur coup, dans un laps de temps très court, une quantité de succès inespérés. Chacun en particulier n'était pas de nature à donner à Philippe des inquiétudes, mais, pris ensemble, ils témoignaient d'un revirement très remarquable dans l'opinion publique. Les visées les plus hardies de la politique de Démosthène trouvaient maintenant bon accueil auprès des citoyens : le parti de l'opposition, qui avait reçu un nouveau coup par la preuve faite en justice de la connivence d'Eschine avec Anaxinos, était impuissante, tandis que Démosthène était reconnu publiquement comme l'homme d'État dirigeant, et recevait pour la première fois une couronne d'or aux Dionysies sur la proposition d'Aristonicos[69]. La haine nationale contre Philippe avait pris de telles proportions, qu'à Olympie même son nom fut accueilli par une bruyante explosion de malveillance[70]. Les circonstances étaient très favorables au succès de la politique de Démosthène, car Philippe était loin[71] et occupé d'une guerre qu'il ne pouvait interrompre tout de suite pour accourir en Grèce et dissoudre par la force la confédération en train de se former, avant qu'elle n'eût pris des forces. De tout temps Philippe avait poursuivi deux sortes de politique guerrière, l'une avec les Hellènes, l'autre avec les Barbares. Avec les premiers, il cherchait toujours à atteindre un résultat pacifique, au moins dans la forme ; avec les derniers il ne voulait que la conquête, l'agrandissement avantageux de son empire, du butin et le développement progressif de son aimée. C'est ainsi que Philippe, après avoir réussi, à ce qu'il
semblait, à achever la pacification des États grecs, se trouvait dès la
troisième année occupé d'une guerre qui avait pour but la conquête de tout un
continent, et sa transformation progressive en province de son royaume. Mais Philippe ne déployait pas seulement dans ces régions l'activité d'un général ; il s'appliquait à étudier le pays, à se rendre compte de ses ressources, à rétablir l'ordre, à assurer ses conquêtes. Tous ces soins lui prirent des années ; des routes furent construites, des villes élevées, pour protéger les routes terrestres et fluviales et exploiter les mines. C'est ainsi que prirent naissance au cœur du vieil empire thrace une série de colonies macédoniennes, Philippopolis sur l'Hèbre, Calybe et Bine sur des affluents : on y envoya, sous garde armée, dés forçats qui devaient défricher le sol et rendre le pays habitable[73] Depuis le printemps de 342, Philippe fut tellement absorbé de sa personne par tous ces soins, qu'il ne put s'occuper qu'accessoirement de toutes les autres affaires. Le but principal était atteint : la rude région centrale
était soumise, au prix d'immenses efforts et de sacrifices considérables, et
le domaine de Il s'agissait de Périnthe et de Byzance. Les deux villes
se refusaient à entrer dans l'alliance de Philippe : ses dernières
expéditions dans Périnthe fut attaquée la première[74]. Des tours de
siège de 120 pieds de haut furent élevées, pour couvrir les murs de
projectiles ; en même temps on creusa des mines pour pénétrer dans la ville
par la voie souterraine. Puis on fit venir la flotte, afin de couper le
ravitaillement par mer[75]. Philippe tenait
avant tout à mener rapidement le siège : il conduisit tous les jours des
troupes nouvelles à l'assaut, et malgré la bravoure des habitants, la force
de leurs ouvrages de défense, la sûreté de la position péninsulaire et les
secours de Byzance, une plus longue résistance devenait impossible, lorsque
des secours inattendus arrivèrent de la rive opposée, des secours envoyés par
Les Perses n'étaient pas assez inintelligents pour assister avec indifférence aux tentatives faites par Philippe pour s'emparer des places fortes en face de leur empire : du reste, Éphialte les avait rendus attentifs au danger, et ils avaient certainement fait leur profit de ses avertissements. On est d'autant plus en droit de présumer un effet de l'influence athénienne, que ce fut un Athénien, Apollodoros, qui amena l'armée de secours rassemblée par Arsitès, le satrape de la petite Phrygie, d'accord avec les gouverneurs voisins[76]. Rien que cette coopération de plusieurs gouverneurs nous permet de conclure que l'on avait reçu des ordres du Grand-Roi lui-même[77]. Mais à coup sûr, on le dut surtout à l'habileté du chef athénien si le secours arriva en temps opportun, et si l'on réussit à introduire dans la ville, à travers l'armée des assiégeants, des soldats, de l'argent, des vivres, des munitions et du matériel de guerre. Byzance envoya aussi de nouveaux secours : aussi le roi, qui avait déjà fait brèche dans l'enceinte de Périnthe, rencontra-t-il une si forte résistance dans les maisons et derrière des retranchements de pierre élevés à la hâte, qu'arrivé déjà dans les rues de la ville, il dut battre en retraite, et qu'après avoir subi des pertes énormes et dépensé en vain ses efforts pendant plusieurs mois, il dut se retirer avec le gros de son armée. Sans perdre de temps, il se retourna contre Byzance qu'il
croyait épuisée par les secours envoyés à Périnthe[78]. Mais il trouva
la ville plus prête qu'il ne s'y était attendu : ce qui la rendait surtout
capable de résister, c'est que les citoyens, qui avaient eu jusqu'ici une
grande réputation de licence et d'indiscipline, s'étaient abandonnés
entièrement à un homme qui méritait et possédait au plus haut point leur
confiance. C'était Léon, un disciple de Platon[79]. Comme général
en chef, il était, ainsi qu'autrefois Périclès à Athènes, à la tête de
l'État, qui reconnaissait la nécessité de l'unité dans la direction. C'était
Léon qui avait obtenu que la ville sœur, menacée la première, fût soutenue au
prix des plus grands efforts : c'est sur son conseil que les Byzantins, à
l'approche de Philippe, se retirèrent dans leurs murs et refusèrent au roi
l'occasion désirée d'une bataille en rase campagne. Léon était plein de
confiance dans la situation de la ville et dans la solidité de ses ouvrages.
Située sur une presqu'île, baignée au sud et à l'est par le Bosphore et Lorsque Philippe marcha contre Byzance, il était déjà en guerre avec Athènes. Il avait passé sans ménagements sur le territoire athénien, pour aller couvrir sa flotte qui remontait l'Hellespont dans le but d'assiéger les villes : il avait fait capturer des vaisseaux d'Athènes et de ses alliés[80]. Athènes demanda satisfaction. Elle reçut du camp de Périnthe une réponse[81] où le roi se regardait comme l'offensé et traitait les Athéniens de provocateurs qui avaient pris la responsabilité de la rupture de la paix. C'était une querelle de mots, car personne ne pouvait douter que la paix n'eût été violée des deux parts : elle était du reste impossible à maintenir, si bien qu'on n'attendait que le moment d'une rupture ouverte. L'intérêt de Philippe était de la retarder ; aussi essaya-t-il encore une fois d'intimider ses adversaires on formulant nettement dans son manifeste ses dernières conditions : un refus équivaudrait à une déclaration de guerre[82]. Les Athéniens répondirent à cet ultimatum en renversant les stèles du traité de paix et en s'abandonnant avec plus de résolution que jamais à la direction de Démosthène[83]. Il était évident pour tous les Athéniens que l'on ne pouvait pas laisser tomber aux mains du roi les places fortes sur les routes maritimes du Pont-Euxin, surtout Byzance, le marché principal du commerce septentrional ; aussi envoya-t-on au Bosphore sans retard et avec l'assentiment universel le général Charès, qui commandait une escadre dans la mer de Thrace[84]. Les nouveaux alliés, qui attachaient à la délivrance de Byzance un grand intérêt à cause des relations commerciales, Rhodes, Cos, Chios envoyèrent aussi des vaisseaux[85]. On réussit à dégager la ville assiégée du côté de la mer et à forcer la flotte ennemie à se retirer dans le Pont-Euxin[86]. Philippe redoubla d'efforts pour s'emparer de la ville.
Tous les jours de nouvelles mines, de nouvelles machines construites par
l'inventif Polyidos[87] menaçaient
l'enceinte : un pont jeté sur Au cours de cette lutte, Démosthène réussit à faire
envoyer des secours d'Athènes. Ce nouvel envoi était commandé par les
circonstances. S'il était vrai que Charès avait fait son devoir en refoulant
la flotte ennemie dans le Pont-Euxin et en choisissant habilement en face de Cependant, il ne quitta pas immédiatement la place. Il fit
des marches et contre-marches sur la côte tant que sa flotte fut bloquée dans
le Pont-Euxin ; par des dispositions d'une extrême habileté et des feintes de
toutes sortes, il sut faire repasser ses vaisseaux d'une manière inexplicable
par l'Hellespont et les ramena heureusement chez lui[92] : pendant tout
ce temps, il avait parlementé avec les Grecs insulaires et, par leur
intermédiaire, avec Byzance elle-même[93]. Puis il partit
brusquement et, s'éloignant de la mer avec toutes ses troupes, il remonta
dans |
[1] DEMOSTH., Pro Coron., § 79.
[2] DEMOSTH., Philipp. II, § 20-26.
[3] Sur le parti macédonien en Messénie et à Argos, voyez DEMOSTH., Pro Coron., § 295. THEOPOMP., fragm. 257.
[4] LIBAN., Argum. in Demosth., Phil. II,
p. 64.
[5] DEMOSTH., Philipp. II, § 8.
[6] Il y eut sur Mégare une tentative faite par Périlaos (cf. DEMOSTH., Pro Coron., §§ 48. 295), auquel. Philippe envoie des mercenaires (De falsa leg., § 295) probablement de Phocide (GROTE, XVII, p. 304, trad. Sadous). Le coup est paré par Phocion, qui fortifie Nisæa et restaure les longs murs entre Nisæa et Mégare (PLUTARQUE, Phocion, 15).
[7] ÆSCHIN., De falsa leg., § 125. Sur Python, voyez SCHÄFER, Demosthenes, II, p. 352.
[8] DEMOSTH., Pro Coron., § 136.
[9] Sur le discours de Python, voyez [HEGESIPP.,] De Halonnes., §§ 21-22.
[10] DEMOSTH., Pro Coron., § 136.
[11] Hégésippos demandait premièrement qu'on substituât à la rédaction ά έχουσιν, la formule έκατέρους έχειν τά έαυτών : deuxièmement, des garanties pour les neutres ([HEGESIPP.,] De Halonnes., §§ 26-29. 30-32).
[12] DEMOSTH., De falsa leg., § 331.
[13] DEMOSTH., Philipp. III, §§ 57-58. Pour Oréos, voyez DEMOSTH., In Aristocrat., § 213. Philipp. III, §§ 59-62.
[14] DEMOSTH., De falsa leg., § 326.
[15] Callias de Chalcis négocie d'abord avec Philippe et les Thébains (ÆSCHIN., In Ctesiph., § 89 sqq.) : il finit par conclure une alliance avec Athènes (ibid., § 91).
[16] DEMOSTH., Olynth. I, § 13. Le nom du roi d'Épire s'écrit Άρύβας (HARPOCRAT., s. v.), Άρύββας (Inscr. dans RANGABÉ., Ant. Hellen., p. 388), Άρύμβας, orthographe régulièrement employée par Démosthène, Diodore, Plutarque et Justin (VII, 6).
[17] [HEGESIPP.,] De Halonnes., § 32. DEMOSTH., §§ 27. 34.
[18]
DEMOSTH., Philipp.
III, § 34.
[19] DEMOSTH., Philipp. III, § 72.
[20] DEMOSTH., In Olympiodor., §§ 24-26.
[21] SCHOL. ÆSCHIN., III, 83. Cf. SCHÄFER, in Jahrbb. für Philol., 1866, p. 311. On décerna des couronnes aux ambassadeurs (ÆSCHIN., In Ctesiph., § 83).
[22] DEMOSTH., Philipp. III, § 26.
[23] [HEGESIPP.,] De Halonnes., § 2.
[24] [HEGESIPP.,] De Halonnes., § 14.
[25] [HEGESIPP.,] De Halonnes., § 9.
[26] [HEGESIPP.,] De Halonnes., § 18.
[27] [HEGESIPP.,] De Halonnes., § 30.
[28] [HEGESIPP.,] De Halonnes., § 36.
[29] Démosthène ne veut pas non plus d'Halonnèse, si Philippe prétend la donner au lieu de la rendre. C'est ce qu'Eschine appelle ergoter sur des syllabes (ÆSCHIN., In Ctesiph., § 83).
[30] DEMOSTH., Philipp. III, § 15.
[31] L'envoi eut lieu άρχοντος Πυθοδότου (PHILOCHOR., fragm. 134).
[32]
DEMOSTH., De
reb. Cherson., §§ 9. 24 sqq. 28.
[33] DEMOSTH., § 58. Cf. Philipp. IV, §
60.
[34] DEMOSTH., De reb. Cherson., Argum.
[35] Voyez la lettre de Philippe ([DEMOSTH.,] XII).
[36] Il faut dire que les clérouques avaient maltraité aussi des alliés d'Athènes, par exemple, les habitants d'Etœussa (cf. C. CURTIUS, Attische Psephismen in Hermes, IV, p. 407), circonstance dont tirèrent parti les orateurs gagnés aux intérêts macédoniens (DEMOSTH., De reb. Cherson., § 27. 28).
[37] DEMOSTH., ibid.,§§ 56-60.
[38] DEMOSTH., ibid., §§ 6-12.
[39] DEMOSTH., ibid.,
§§ 13-37.
[40] DEMOSTH., ibid., §§ 40-43.
[41] DEMOSTH., ibid., §§ 49-51.
[42] DEMOSTH., ibid., § 76.
[43] Le discours περί τών Χερρονήσω et la troisième Philippique (dont nous possédons le texte primitif et un remaniement grossi d'additions anciennes) sont les dernières et en même temps les plus grandes harangues politiques que nous ayons de Démosthène.
[44]
DEMOSTH., Philipp.
III, § 26.
[45] DEMOSTH., Philipp. III, § 32. C'est une allusion à Antipater (LIBAN., IV, 311).
[46] DEMOSTH., Philipp. III, § 32. Cf. De reb. Cherson., § 64. Ce passage, omis dans Σ et considéré comme une interpolation, est réhabilité par H. WEIL, Harangues de Démosthène, p. 331.
[47] DEMOSTH., ibid., § 26.
[48] DEMOSTH., ibid., § 34. La place fut cédée aux Maliens (Hermes, VII, p. 388).
[49] DEMOSTH., ibid., § 34. Cf. De reb. Cherson., § 66.
[50]
DEMOSTH., ibid.,
§§ 36-40.
[51] DEMOSTH., ibid., §§ 55-68.
[52] DEMOSTH., ibid., 70.
[53] DEMOSTH., ibid., § 71. Les ambassades ont toutes été envoyées peu de temps après (SCHÄFER, Demosthenes, II, p. 450).
[54] DEMOSTH., ibid., § 74. Les Chalcidiens et les Mégariens étaient les alliés d'Athènes (cf. De reb. Cherson., § 18).
[55] Ambassade de Démosthène à Byzance
(DEMOSTH., Pro Coron., §§ 87 sqq.). — ÆSCHIN., In Ctesiph., § 256.
[56] DEMOSTH., Pro Coron., § 302. Cf. les décrets honorifiques en l'honneur du peuple athénien (ibid., § 90. 93).
[57] Cf. les fragments des λόγοι 'Ροδιακός et Χιακός d'Hypéride dans SAUPPE, Orat. Attici, II, p. 300. 304.
[58] Vit. X Orat., p. 877. ÆSCHIN., In Ctesiph., § 238. [DEMOSTH.,] Epistol. Philipp., § 6. Sur le nom d'Éphialte, cf. Monatsber. der Berl. Akad., 1870. p. 169.
[59] Le cadeau royal fut envoyé à Diopithe τεθνεώτι (ARISTOTE, Rhet., II, 8).
[60] ÆSCHINE, In Ctesiph., § 97.
[61] ÆSCHINE, In Ctesiph., § 95.
[62] ÆSCHINE, In Ctesiph., § 98. Eschine analyse le rapport de Callias (§ 95-98).
[63] La délivrance d'Oréos eut lieu en Scirophorion Ol. CIX, 3, par Céphisophon, qui était alors cantonné à Sciathos (BÖCKH, Seeurhunden, p. 480. BÖHNECKE, Forschungen, p. 736). Puis ce fut le tour d'Érétrie (Ol. CIX, 4, printemps 340), où Clitarchos est mis à mort (SCHOL. ÆSCHIN., III, 85, 103 éd. Schultz). L'assertion de Diodore (XVI, 74) se trouve ainsi justifiée. Hypéride servit dans cette campagne comme triérarque sur une des deux trirèmes dont il avait fait cadeau à la république (Vit. X Orat., p. 848 e). — BÖCKH, op. cit., p. 442. 498. Cf. SCHÄFER in Jahrbb. für Philol., 1866, p. 26. SCHULTZ, Jahrbb. für Philol, 1866, p. 314.
[64] DEMOSTH., Pro Coron., § 237. Ambracie est mentionnée plus loin (§ 244).
[65] Navires prêtés aux Chalcidiens (BÖCKH, Seeurkunden, XIV c, p. 42 sqq.).
[66] Voyez la lettre de Philippe ([DEMOSTH.], XII, § 12), et DEMOSTH., Pro Coron., § 70.
[67]
ÆSCHIN., In
Ctesiph., § 223. DEMOSTH., Pro
Coron., p. 137.
[68] Vit. X Orat., p. 850 sqq.
[69] Aristonicos, fils de Nicophane (DEMOSTH., Pro Coron., § 83. Vit. X Orat., p. 848 c).
[70] PLUTARQUE, Moral., p. 457.
[71]
Philippe était depuis dix mois en Thrace quand Démosthène prononça le discours
Sur les affaires de
[72]
DEMOSTH., De
reb. Cherson., §§ 44 sqq.
[73] STEPH. BYZ., s. v. Φιλιππόπολις. Καλύβη. Πονηρόπολις. SUIDAS, s. v. δούλων. STRABON, p. 320.
[74] PHILOCHOR., fragm. 135.
[75] DIODORE, XVI, 74-76.
[76] PAUSANIAS, I, 29, 10.
[77] C'est ce que dit expressément Diodore (XVI, 75).
[78] Siège de Byzance (DIODOR., XVI, 76-77).
[79] PLUTARQUE, Phocion, 14. SUIDAS, s. v. Λέων.
[80]
DEMOSTH., Pro
Coron., §§ 73. 139.
[81] [DEMOSTH., XII], Epist. Phil., § 8. Cette lettre de Philippe, insérée à la suite des Philippiques, a été tenue pour authentique par GROTE, BÖHNECKE et RENDANTZ. Elle doit être considérée avec SCHÄFER (Demosthenes, III, 2, p. 110) comme apocryphe, ainsi que la réplique qui s'y rapporte.
[82] DEMOSTH., Pro Coron., § 73. PHILOCHOR., fragm. 135.
[83] PHILOCHOR., ibid. DION. HALIC., Ad Amm.,
I, 11.
[84] Charès était en station sur la côte de Chersonèse (C. CURTIUS, in Hermes, IV, p. 407).
[85] DIODORE, XVI, 77.
[86] Victoire de Charès à Θερμημερία (DION. BYZ., Anapl. Bospor., III, 14).
[87] Polyidos ό Θετταλός (ATHENÆUS, De machin., dans les Mathematici veteres, éd. Thévenot, Paris, 1693).
[88]
STEPH. BYZ., s. v. Βόσπορος.
[89] BÖCKH, Seeurkunden, XIII, c. 100,
p. 442.
[90] Auctes adiutusque a Demosthene — cum adcersus Charetem eum subornaret (CORN. NEPOS, Phocion, 2).
[91] PLUTARQUE, Phocion, 14.
[92] FRONTIN., Strateg., I, 4, 13.
[93] SCHÄFER, Demosthenes, II, p. 483.
[94] JUSTIN., IX, 2. Cf. SCHÄFER, ibid.,
p. 487.