§ I. — FORMATION DU PARTI NATIONAL. Ainsi se termina, par des ambassades multipliées et des traités, l'état de guerre qui avait subsisté entre Philippe et Athènes depuis la conquête d'Amphipolis : mais on n'était pas arrivé à une paix véritable. Philippe n'avait pas tout gagné encore : Athènes n'avait pas tout perdu. Aussi, au simulacre de guerre qu'on avait vu traîner pendant dix ans succéda un simulacre de paix maintenue pendant sept années, durant lesquelles se développèrent les germes de la lutte décisive. Lors de la conclusion de la paix, la situation avait
changé du tout au tout. Cette paix avait eu pour but de lier les mains du roi
devenues libres par la chute d'Olynthe : tout au contraire, elle avait servi
au roi à tenir les Athéniens enchaînés jusqu'au moment où il eut d'une part
atteint son but en Thrace, et de l'autre mis en son pouvoir les Thermopyles
et Néanmoins Philippe n'était pas encore arrivé au but.
Delphes avait cessé depuis longtemps d'être le centre d'où l'on pouvait
gouverner Il n'entrait pas dans les intentions de Philippe de
procéder par la force, mais de propager son influence tout doucement,
d'apprivoiser peu à peu les Hellènes par un traitement habile et de les
habituer à sa main. Il ne voulait pas régner en despote, comme c'était
l'ambition de Xerxès, mais prendre la direction d'États confédérés,
conformément aux traditions de la patrie, comme plusieurs fois Sparte,
Athènes, Thèbes avaient tenté de le faire, sans jamais, malheureusement pour
la nation, y réussir d'une manière complète et durable. C'était la force de
ce peuple même dégénéré, le fruit de sa longue et glorieuse histoire, que son
territoire ne pût pas être considéré comme une autre partie du sol terrestre
que l'on allait tout simplement conquérir et soumettre dès qu'on était assez
fort pour cela, ainsi que Philippe lui-même avait fait sans y regarder de
plus près en tant de pays et même dans les territoires coloniaux de Provisoirement, le roi ne pouvait faire autre chose que de traiter avec distinction ceux des États qui ne faisaient pas encore partie des associations récemment contractées, de consolider sa puissance maritime, de mettre hors d'état de nuire les pays alliés dans lesquels se manifestait encore quelque résistance et d'empêcher tout rapprochement entre les États encore indépendants. Si une coalition devait se former, Athènes serait le seul point où elle pourrait prendre naissance. Par sa constitution, par son histoire et son esprit, elle était le foyer de l'hellénisme libre : elle avait gardé des sentiments d'honneur et de justice qui pourraient opposer aux dernières et inévitables exigences de Philippe une résistance désespérée. Le roi le savait, et ce sont ces considérations qui lui dictèrent sa conduite pendant les années suivantes. Il intervint d'abord en Thessalie pour y briser tout
esprit de résistance. Démosthène avait souvent conseillé à ses concitoyens de
s'allier avec Il se présenta même fort à propos au delà de l'isthme des
occasions d'étendre l'influence de L'Élide était un de ces petits États qui, forgeant des
plans ambitieux, aspiraient à faire de la grande politique. En leur qualité
de possesseurs d'Olympie, les Éléens croyaient être quelque chose de
supérieur aux autres Péloponnésiens, et on leur témoignait pour ce motif chez
les grandes puissances étrangères des égards particuliers. Mais depuis qu'ils
s'étaient brouillés avec Sparte, ils ne pouvaient retrouver dans leur propre
pays une situation tranquille : en proie aux divisions des partis et
absolument incapables de constituer à eux seuls. une puissance indépendante,
ils étaient forcés de s'appuyer sur quelque État étranger et s'attachaient
tantôt à l'un tantôt à l'autre. Alliés des Thébains, ils avaient favorisé le
rétablissement de Mantinée ; après la guerre d'Arcadie, ils avaient pris
parti contre Thèbes, et Sparte, à qui n'importe quel secours contre
Mégalopolis était le bienvenu, avait su les attirer de nouveau de son côté en
cédant sur la question de Philippe eut des succès encore plus faciles dans les États
qui, fondés par Thèbes, étaient dès le commencement obligés de subir des
protections étrangères et en avaient impérieusement besoin contre Sparte. En
effet, aussi longtemps qu'Archidamos fut en état de créer des difficultés par
la présence de ses troupes en Phocide, les Spartiates, qui avaient été
trompés à Pella comme les Athéniens par des promesses illusoires, fidèles à
leur politique à courtes vues, ne cessèrent de menacer leurs voisins et
donnèrent à Philippe l'occasion désirée de prendre l'héritage de la politique
thébaine. Il y avait neuf ans que Thèbes avait exercé pour la dernière fois
sa mission dans En deçà de l'isthme, le roi dirigea ses vues sur Mégare,
ville de commerce alors très riche et très florissante, qui, malgré la proximité
de Thèbes, avait su énergiquement maintenir son indépendance. Là aussi,
Philippe mit dans ses intérêts le parti aristocratique[7] : puis il étendit
de nouveau la main sur l'Eubée, qui était sans protection depuis que les
Thermopyles étaient aux Macédoniens et que toute résistance était brisée dans
La paix avec Athènes fut maintenue, et pourtant toutes les mesures du roi tendaient à entourer cette ville d'un réseau de solides points d'attaque toujours plus rapprochés et à lui couper toutes les communications avec le dehors. Le roi employa ses vaisseaux dans la mer de Thrace, sous prétexte d'extirper la piraterie, à occuper certaines îles, comme Halonnèse[9], et quoiqu'il feignît de ne plus s'occuper des Athéniens, ces derniers ne pouvaient que sentir plus douloureusement leur impuissance croissante en voyant le roi étendre constamment sa puissance sur terre et sur mer, au nord et au sud. Athènes devint plus que jamais le quartier-général des adversaires de Philippe, le seul pays où il restât des hommes pour suivre ses démarches d'un œil vigilant et pour considérer la paix de Philocrate comme une simple trêve. A l'époque de la conclusion de la paix, Démosthène n'avait pas pu faire écouter ses avertissements : les Athéniens voulaient être trompés ; aussi prêtaient-ils une oreille favorable à des hommes comme Eschine et Eubule. Leur ville avait aussi plus que toute autre des motifs puissants de désirer sincèrement la paix. La paix assurait aux pauvres la jouissance entière des fêtes ; les riches, et les hommes de fortune moyenne qui avaient maintenant à supporter leur part des charges publiques, étaient ravis de n'avoir plus à entendre parler de contributions de guerre et d'armement de navires. La liberté commerciale des mers n'était pas seulement
l'intérêt de l'armateur et du gros négociant, mais de chaque habitant
d'Athènes : car, dans une ville obligée de se procurer au dehors la plus
grande partie de son blé, le prix des subsistances en dépendait. De plus,
Athènes était toujours la place où se trouvaient les meilleurs artistes,
fabricants et artisans : on y trouvait tous les articles de luxe ; aussi
nulle ville n'avait autant à perdre à la guerre et à gagner à la paix. Après
un long blocus, les ports du nord se rouvraient : l'hellénisation de Dans ces conditions, la liberté du commerce devenait d,
plus en plus la source principale du bien-être. Qu'ils
sont insensés, lisons-nous dans le même écrit, ceux qui pensent que la paix
fait perdre à Athènes sa gloire et sa considération ! La république, en
faisant la guerre, ne recueillera que des humiliations et des mépris : mais
pendant la paix, il n'y a pas de classe
d'hommes qui n'ait besoin d'elle. Armateurs et négociants, marchands de
grains, producteurs de vin et d'huile, éleveurs de moutons, tous ceux qui
font valoir un capital intellectuel, artistes, philosophes, poètes, tous ceux
qui veulent charmer les yeux et les oreilles par les jouissances de l'art,
bref tous les hommes d'affaires qui cherchent un marché où il puissent
acheter et vendre rapidement, tous ont besoin d'Athènes. En résumé, à la
guerre Athènes est misérable et faible ; dans la paix, elle est grande et
puissante, le centre reconnu du monde civilisé. Aussi sa politique doit-elle
être une politique pacifique : elle ne doit pas procéder par la violence ou
des prétentions blessantes à la puissance : mais c'est par des bienfaits
qu'elle doit chercher à attirer les États voisins : c'est par des ambassades
que, sans prodiguer l'argent et le sang, elle doit gagner de l'influence et
se procurer des alliés[12]. C'était déjà la
politique de congrès, recommandée par Eubule et Eschine : c'est dans ce sens
que l'auteur espère que les embarras du côté de Thèbes seront résolus sur le
terrain pacifique, et que l'autonomie du temple sera rétablie sans guerre. A
ce propos, il mentionne déjà les Phocidiens, qui ont occupé le sanctuaire, et
une autre puissance qui voudra s'en emparer après la retraite des Phocidiens.
Il ne peut 'entendre par là que les Thébains, qui poursuivaient à Delphes une
politique égoïste. C'est ainsi que la politique pacifique d'Eubule, telle
qu'elle est exprimée dans l'écrit attribué à Xénophon, étend ses plans et
porte ses espérances jusque par delà le début de la guerre Sacrée. Lorsque cette guerre eut pris fin, on vit naître une nouvelle politique de paix. C'est alors qu'Isocrate écrivit son discours à Philippe. Lui aussi, il s'élève contre ces démagogues néfastes qui
cherchent sans cesse à jeter de nouveau la république dans la guerre, afin de
lui reconquérir une position qui est irrémissiblement perdue et qui n'a
jamais été un bonheur véritable pour Athènes, parce qu'elle reposait sur
l'injustice et qu'il avait fallu la fonder et la conserver par le fer et le
sang, au détriment de la véritable prospérité. C'est pour cela qu'il avait
déjà maudit la guerre au sujet d'Amphipolis et qu'il avait favorisé de toute
manière les négociations pacifiques enfin entamées. Pour lui, il considère la
puissance macédonienne comme l'aurore d'un meilleur avenir, d'une nouvelle
ère réparatrice. Les républiques helléniques sont irréconciliables : il faut
un grand homme, un héros, qui soit placé au-dessus des partis et qui force
les États à l'union. Enfin, il existait un troisième parti, qui montrait pour la pais un grand zèle, non par souci de la prospérité générale ou pour des motifs patriotiques, mais par suite de ses rapports avec la cour de Philippe. Nous pouvons affirmer, sans danger de nous tromper, que, dès le temps où l'attitude des citoyens d'Athènes avait attiré l'attention inquiète du roi, c'est-à-dire depuis la querelle au sujet d'Amphipolis, il eut ses gens à Athènes, qui travaillaient dans son intérêt à détourner les citoyens des viriles résolutions, à les confirmer dans leur confiance irréfléchie dans les promesses royales, et à mériter la reconnaissance de Philippe par un dévouement servile. Ils excitaient et exploitaient tous les mouvements d'opinion qui pouvaient servir les desseins de Philippe, aussi bien dans le sens de la guerre que dans celui de la paix : plus la puissance de Philippe se rapprochait, plus leur audace grandissait. Philocrate allait jusqu'à se vanter devant le peuple de l'argent reçu, et étalait ouvertement l'aisance qu'il devait à la faveur du roi ! Les autres étaient plus prudents. Pourtant Eschine aussi avait reçu des propriétés en Macédoine[14] : lui aussi maintenant se proclamait publiquement le partisan de Philippe et attendait sa récompense du même homme qu'il avait attaqué peu de temps auparavant comme le pire ennemi de sa patrie. Ces hommes et ceux de leur coterie, Pythoclès, Hégémon, Démade[15], se comportaient maintenant comme si tous les autres étaient ses dupes, tandis qu'eux seuls étaient les véritables hommes d'État et les politiques les plus influents du jour. C'est ainsi que nous trouvons à Athènes, après la
conclusion de la paix, trois tendances politiques que nous pouvons
caractériser par les noms d'Eubule, d'Isocrate et de Philocrate, trois partis
qui, malgré la différence de leurs points de vue, s'accordaient à regarder la
paix nouvellement conclue comme un bonheur pour la ville, et à représenter
tous ceux qui en menaçaient la durée comme des ennemis de la patrie.
Isocrate, dans son Philippe, s'élève contre ceux
qui font tapage à la tribune[16], contre les envieux du puissant monarque, qui travaillent sans relâche à le rendre suspect, qui sèment
le désordre dans les villes, regardent la paix générale comme un piège tendu
à la liberté, et qui parlent comme si la puissance du roi grandissait non
pour l'Hellade, mais contre elle : comme si, après le règlement des affaires
de Cependant Démosthène n'était pas aussi abandonné, ni sa
position aussi intenable qu'on pourrait le supposer. Son activité n'avait pas
été dépensée en pure perte, et sa considération personnelle avait grandi.
Tandis que le vieil Isocrate, qui avait vu de ses yeux toute la misère de la
guerre du Péloponnèse, regardait l'histoire de la république athénienne comme
un cycle terminé qui ne pouvait plus se recommencer, une jeune génération
avait grandi sur laquelle les paroles enflammées de Démosthène avaient
produit leur effet. Les événements du jour venaient du reste à son aide, car
ils servaient au moins à ouvrir les yeux de tous et à dissiper de fausses
espérances. Comment pouvait-on encore s'abandonner à l'illusion de croire
qu'on parviendrait à arrêter le roi par des ambassades et une entente
pacifique, comme le prétendaient les hommes d'Eubule ! Pour ce qui est des
espérances d'Isocrate, la dévastation des villes phocidiennes suivit de près
l'envoi de son dernier discours : c'était la réponse du roi à ses paroles :
les scènes de terreur dont la péninsule chalcidique avait été témoin
s'étaient renouvelées au cœur de En face des trois partis pacifiques, la considération de
Démosthène ne pouvait donc que grandir, et c'est ainsi que, immédiatement
après la grave défaite subie par sa politique, sa personnalité s'éleva plus
haut que jamais au milieu de ses concitoyens. Il gagna la confiance non
seulement de la jeunesse, mais des citoyens d'un âge mûr. On savait que La préparation de cette lutte décisive était le but que Démosthène avait poursuivi avec une persistante énergie. Il s'agissait donc maintenant de convaincre les citoyens de son absolue nécessité, de nouer des relations, d'augmenter les forces militaires. Les ressources de la ville étaient toujours considérables[19]. L'État n'était pauvre que par la mauvaise organisation de ses finances : mais la population était relativement riche, et Démosthène pouvait en toute confiance crier à ses concitoyens : Contemplez, Athéniens, votre cité ! Elle renferme autant de richesses, je puis le dire, que toutes les autres villes réunies[20]. Le dévouement à la chose publique n'était pas éteint encore. On cite des hommes, comme Nausiclès et Diotimos, qui se distinguèrent par les sacrifices qu'ils firent comme triérarques pour l'armement des navires[21]. Dès la conclusion de la paix, on s'était mis à l'œuvre pour compléter les ports de guerre, pour construire de nouveaux hangars et élever un arsenal qui, sous la direction de l'architecte Philon, devint l'objet de l'orgueil patriotique des Athéniens[22] : on vota dans ce but depuis 347 (Ol. CVIII, 2) une somme annuelle de 10 talents[23] : les riches métèques contribuèrent généreusement aux dépenses[24]. Eubule avait la surintendance des travaux. En même temps, on s'occupa aussi sérieusement d'améliorer la situation intérieure, conformément aux idées émises déjà dans le livre Sur les revenus. Mais on ne s'en tint pas à de simples projets ; on mit la main à l'œuvre, en adoptant un certain nombre des points de vue indiqués dans l'écrit précité. On travailla notamment à une réforme de la justice, et l'on fit une loi d'après laquelle les affaires judiciaires dans lesquelles les lenteurs de la procédure étaient particulièrement nuisibles au commerce, comme les procès commerciaux et maritimes, devaient être réglées dans le délai d'un mois[25]. On ne visait pas seulement les intérêts commerciaux, mais on cherchait aussi à extirper des abus profondément invétérés. Ainsi on procéda avec une grande rigueur contre ceux qui étaient soupçonnés d'avoir fait des tentatives de corruption sur les citoyens dans l'assemblée populaire et les tribunaux. Un certain Démophilos se distingua à ce propos par son zèle patriotique : ce même homme d'État proposa en 346 (Ol. CVIII, 3) une révision générale des listes des citoyens[26]. Cette mesure avait sans aucun doute pour but de débarrasser la ville d'étrangers sans conviction et peu sûrs, et en général d'opérer un relèvement de l'esprit public : c'était une mesure de tendance aristocratique, comme dans le temps la loi d'Aristophon sur le même objet. A ces mesures se rapporte aussi une innovation au
règlement de l'assemblée du peuple, dans laquelle l'indiscipline tapageuse avait
fait de déplorables progrès[27]. La direction
des débats avait passé des prytanes aux proèdres,
c'est-à-dire à une commission de neuf membres, tirés au sort parmi les tribus
non représentées dans le collège des prytanes en fonction[28]. On adopta alors
un système nouveau et l'on désigna pour chaque séance de l'assemblée une des
dix tribus, qui prit la responsabilité au point de vue de l'ordre et des
convenances : elle eut sa place dans le voisinage de la tribune, afin de
protéger l'orateur contre toute avanie : c'était une commission de discipline
prise au sein même des citoyens[29]. On voulait par
là raviver les sentiments d'honneur dans l'assemblée et contrecarrer les
desseins de ceux qui voyaient avec satisfaction la décadence croissante des
assemblées, parce qu'ils y trouvaient la confirmation de leur opinion, qu'une
démocratie comme celle d'Athènes était absolument incapable d'une politique
indépendante et féconde. Il n'est pas invraisemblable que dans le même temps
on ait rendu à l'Aréopage une plus grande influence sur la vie publique, et
qu'on lui ait confié de nouveau de pleins pouvoirs pour procéder, notamment
contre le crime de haute trahison, avec toute la sévérité nécessaire[30]. Ainsi nous
constatons qu'après l'humiliation causée aux Athéniens par la paix de
Philocrate et la perte de Démosthène, par caractère, était tout l'opposé d'un homme
de parti. C'était un esprit indépendant au plus haut degré : il avait
l'habitude de suivre sa propre voie et avait confiance clans la force de la
vérité, à laquelle, en définitive, les citoyens ne pourraient se dérober
toujours. Il était donc inévitable que ses idées se rencontrassent sur plus
d'un point avec celles des anciens partis. C'est ainsi qu'il avait en commun
avec le parti béotien le culte de On vit s'associer à lui des hommes qui, sous l'influence de ses discours et de ses actes ou par leur propre initiative, poursuivaient les mêmes buts, des hommes chez lesquels vivaient des sentiments d'un temps meilleur, des orateurs et des hommes d'État d'un caractère véritablement républicain qui, comme Démosthène, avaient l'œil ouvert sur tout ce qui intéressait l'honneur d'Athènes, au près et au loin. Parmi eux nous trouvons Hégésippos de Sounion, autrefois partisan de Léodamas, un ardent patriote qui dès 357 avait insisté pour que l'on gardât Cardia[31], lorsqu'on abandonna cette ville importante : animé des mêmes sentiments, il avait poussé les Athéniens à une alliance énergique avec les Phocidiens, tant que ces derniers avaient été capables de résister, et il avait lutté de tout son pouvoir contre la paix de Philocrate. A côté de lui, nous trouvons des personnalités plus importantes encore, Lycurgue et Hypéride. Lycurgue, fils de Lycophron, était un peu plus âgé que
Démosthène : il appartenait à l'antique famille sacerdotale des Étéoboutades[32] : c'était un
noble Athénien, dans le meilleur sens du moi. Cet homme, au cœur généreux,
fidèlement attaché aux traditions de sa patrie, était comme un monument d'un
glorieux passé au milieu du présent, auquel il n'était pourtant ni étranger
ni hostile : il était modéré, par conséquent disposé à la conciliation,
quoiqu'il fût exigeant pour les autres comme pour lui-même[33]. Ennemi de
toutes les habiletés, véridique, simple de cœur et religieux, patriote jaloux
de l'honneur de son pays, il était, ne fût-ce que pour ce dernier motif, un
adversaire décidé de Hypéride, fils de Glaucippos, était aussi d'une famille considérée[35] et un ardent défenseur de l'indépendance nationale ; mais, pour tout le reste, il était l'opposé de Lycurgue. C'était, en effet, une nature sensuelle, sans consistance morale, voluptueuse et dissolue ; il sut pourtant, comme Alcibiade, conserver sa force d'intelligence. Homme d'esprit, né orateur bien plus que Lycurgue, il savait rapidement et habilement grouper ses idées, trouver l'expression frappante, vivante, naturelle : il avait l'esprit mordant. A ces hommes venaient s'en ajouter d'autres, comme Polyeucte de Sphettos[36] Callisthène, qui après la destruction des villes de Phocide invita les Athéniens à mettre la ville et le pays en état de défense[37], Aristonicos d'Anagyre, Nausiclès, qui étant stratège avait défendu les Thermopyles, Diotimos le patriote et enfin Timarchos, fils d'Arizélos, un Athénien d'une activité peu commune, qui avait été chargé souvent de missions publiques, et dont la politique était tout à fait celle de Démosthène, comme le prouve son projet de loi de l'an 347/6 (Ol. CVIII, 2), dans lequel il établissait la peine de mort contre tous ceux qui feraient passer au roi des agrès ou des armes[38] C'est ainsi que Démosthène, qui pendant de longues années avait été isolé, se vit entouré d'un groupe considérable de citoyens animés des mêmes idées que lui. Le sérieux de la situation avait produit son effet. Les exigences du moment étaient si claires et si évidentes, que des hommes des tendances les plus diverses, aristocrates et démocrates, philosophes et gens du monde, natures idéalistes, caractères pratiques, s'entendirent sans se concerter. Sans doute, comme c'est inévitable dans l'histoire des partis, il vint s'y joindre bien des éléments qui y étaient déplacés : des personnalités équivoques se joignirent au pur Démosthène. C'était pourtant un grand progrès que, à la place de l'indifférence stupide qui avait régné si longtemps, il s'élevât dans Athènes des antagonismes énergiques. En face des trois partis pacifiques, il y avait maintenant un parti patriotique qui regardait Démosthène comme son champion. Mais, plus le parti national grandissait à Athènes, plus la lutte entre lui et ses adversaires devenait inévitable. Il n'était plus possible de permettre aux partisans du roi de se présenter comme d'honnêtes gens devant l'assemblée. La conscience publique avait besoin pour s'éclairer que l'on fit la distinction entre le juste et l'injuste. Pour cela, il fallait l'intervention des tribunaux, qui étaient chez les Athéniens en connexion si intime avec la vie publique, et dont on était habitué à attendre les arrêts comme des décisions définitives, même dans les dissentiments politiques. C'est dans des procès publics que devaient être reprises les discussions qui n'avaient pu trouver leur conclusion dans l'assemblée du peuple : c'est par un arrêt de la justice qu'il devait être établi que le peuple avait été trompé de la manière la plus odieuse par ses plénipotentiaires, pour obliger enfin les citoyens à se débarrasser définitivement de guides aussi coupables. Les procès des ambassadeurs n'eurent donc pas pour cause un mesquin sentiment de vengeance, ni des intrigues personnelles ; ils n'étaient pas davantage des vexations inutiles à propos d'événements acquis et immuables : c'étaient des luttes indispensables pour fixer clairement la position des partis, et pour montrer sous leur vrai jour les auteurs de la paix comme la paix elle-même. Démosthène donna le signal en demandant des comptes à Eschine. La forme usitée voulait que, dans le délai de trente jours après l'accomplissement d'une mission officielle, la cour des comptes demandât à tous les citoyens de faire leur déclaration, dans le cas où le fonctionnaire aurait manqué à ses devoirs. Démosthène déposa une plainte, et demanda à être admis avec Timarchos, le cosignataire de sa plainte, à faire la preuve qu'Eschine avait dans ses fonctions d'ambassadeur manqué à ses devoirs et à sa conscience[39]. Il avait toutes sortes de raisons pour compter sur un succès ; mais il s'était associé avec un homme qui n'avait de commun avec lui que l'intérêt immédiat du parti, et. dont la collaboration nuisit à l'affaire. Timarchos était un homme de mœurs dissolues, qui avait offensé publiquement les convenances, et quoique ces défauts de caractère n'eussent rien à démêler avec la cause dont il s'agissait, Eschine n'en sut pas moins tirer parti avec beaucoup d'habileté de cette circonstance. Il ramassa avec ardeur tout ce qu'il put trouver d'histoires scandaleuses dans la jeunesse dissolue de Timarchos, et, dans son zèle hypocrite pour la vertu, il l'attaqua avec tant de vigueur, qu'il le fit condamner à la déchéance de ses droits civiques. Il en résulta que la plainte fut déclarée irrecevable et que non seulement Eschine grandit en considération aux yeux de beaucoup de citoyens, mais encore que l'association de Démosthène avec un homme aussi immoral jeta sur sa personne et sur sa cause un jour défavorable[40]. La manœuvre du parti avait parfaitement réussi. Les amis de Philippe reprirent confiance, et le roi, sans aucun doute, ne négligea pas d'encourager ses partisans par toutes sortes de promesses. Ils osèrent de nouveau se prononcer publiquement pour lui : Eschine lui-même, dans son discours contre Timarchos, fait déjà des allusions aux bienveillantes intentions de Philippe et s'élève à cette occasion contre Hégésippos[41] et contre Démosthène, qu'il signale comme un homme dangereux pour la république et exerçant sur la jeunesse une action funeste[42]. Tout le discours était un discours de parti ; Eschine se trouvait sur son véritable terrain, jouant le rôle de prédicateur de vertu avec tout le pathétique appris à la scène, et il sut repousser avec succès sous ce masque les attaques du parti national. Mais ce succès ne pouvait amener de résultat décisif : ce ne fut qu'une trêve. Même après la condamnation de Timarchos, Démosthène maintint son accusation, et s'il ne la reprit pas immédiatement, ce fut seulement pour attendre des conjonctures plus favorables à la continuation du procès. Le succès de semblables luttes juridiques, devant le jury composé comme il l'était à Athènes, dépendait uniquement de l'opinion des citoyens, et Démosthène pouvait être assuré que sous peu il se passerait bien des choses qui rendraient évidente la culpabilité d'Eschine. Celui-ci était déjà suffisamment suspect pour avoir élevé une opposition lorsque Démosthène s'était offert à rendre des comptes après la deuxième ambassade : Eschine avait prétendu alors que pour cette ambassade il n'était pas nécessaire de rendre des comptes particuliers, parce qu'elle n'était que la continuation de la première et que les députés avaient conservé le même mandat[43]. Cette manière de voir fut, comme on pouvait s'y attendre, repoussée par l'autorité compétente, qui probablement reçut les comptes de Démosthène et des autres ambassadeurs[44], tandis que la plainte contre Eschine resta en suspens. Les années qui suivirent ne furent pas favorables à la considération d'Eschine. Un fait surtout jeta sur lui un jour odieux, c'est qu'il prit la défense d'un certain Antiphon, que Démosthène avait fait arrêter parce qu'il était expressément suspect d'avoir noué avec les Macédoniens des relations criminelles et d'avoir traîtreusement offert, en échange de l'or de Philippe. d'incendier les hangars du Pirée[45]. Eschine prétendit que la conduite de Démosthène, qui n'avait certainement agi qu'en qualité de fonctionnaire, était une usurpation inconstitutionnelle, une violation de la liberté civile et du droit de domicile : il sut gagner l'assemblée du peuple et obtenir la mise en liberté du coupable, quoique ce dernier eût été rayé des listes de citoyens. Mais l'Aréopage, que nous voyons ici pour la première fois agir avec des pouvoirs spéciaux, intervint à propos de cette décision : Antiphon fut arrêté de nouveau. amené devant les jurés, convaincu et exécuté[46]. Le parti macédonien reçut un nouveau coup de la main d'Hypéride. En effet, ce dernier traîna devant les tribunaux Philocrate, le plus audacieux, le plus outrecuidant et le plus imprudent de tous les Macédoniens du camp athénien. L'affaire ne fut pas traitée suivant la procédure habituelle, mais portée immédiatement devant l'assemblée du peuple sous forme d'είσαγγελία ou de dénonciation, dans le but de soulever tous les citoyens contre un orateur populaire qui leur donnait des conseils contraires aux intérêts de la république et recevait une solde de l'étranger[47]. On démontra le mal qu'avaient fait à l'État les rapports mensongers de l'ambassadeur Philocrate ; et comme la conviction était faite sur la valeur du personnage, il ne put, malgré l'assistance d'Eschine, éviter le coup porté contre lui. Il dut se déclarer vaincu avant le prononcé de la sentence ; une fois en exil, il fut convaincu des crimes les plus graves et condamné à mort[48]. Quoique après cet événement Eschine eût prétendu n'avoir jamais eu d'accointances avec le condamné, Démosthène avait déjà, durant le procès même, saisi toutes les occasions de prouver le contraire et de convaincre les citoyens qu'il méritait la même peine. Sa considération avait fort souffert de la chute de Philocrate et de ses relations avec le traître Antiphon : nous en trouvons la preuve lorsqu'il s'agit dans une autre occasion de choisir, parmi les orateurs athéniens, un homme sûr à qui l'on pût confier une mission officielle d'un caractère tout particulier. Dans les Cyclades et même à Délos, l'île la plus
intimement alliée à Athènes, il s'était formé par des influences
macédoniennes un parti qui s'élevait contre les prétentions d'Athènes à la
domination : on y contestait même le droit de cette dernière à
l'administration du sanctuaire de Délos. Le mouvement était certainement en
corrélation avec les efforts que faisait le parti macédonien pour gagner
pendant la paix de plus en plus de terrain autour d'Athènes, et pour saper
peu à peu ce qui restait encore de puissance à la république en dehors de son
territoire. Il devait entrer tout particulièrement dans les desseins de
Philippe de prendre là aussi la direction d'un sanctuaire national, comme il
avait réussi à le faire à Delphes et comme il le désirait certainement pour
Olympie. Ce qui démontre la réalité de cette intrigue, c'est que les Déliens étaient
conduits par un partisan macédonien, Euthycrate, le même qui avait trahi
Olynthe, et qu'ils proposèrent de faire trancher le débat à Delphes : c'était
en effet une excellente occasion de donner au nouveau Conseil fédéral une
importance politique, et de faire de l'ombre de
Delphes une puissance dans Après cette nouvelle défaite d'Eschine, Démosthène crut que le moment était arrivé de reprendre de son côté le procès qu'il se regardait comme obligé en conscience de mener jusqu'au bout. Il ne s'était pas départi un instant de son attitude et n'avait négligé aucune occasion de désigner publiquement son adversaire comme un traître et un ennemi de la patrie. Il s'agissait maintenant de faire endosser ce jugement par le peuple. On devait croire la chose facile à obtenir : car, si Philocrate était un traître, Eschine ne pouvait pas être innocent, quoique maintenant il désavouât son ancien ami. Mais le succès était ici beaucoup plus incertain. Eschine était un homme rusé et prudent, qui ne s'était jamais compromis comme le lourd Philocrate : il était un modèle de distinction et de convenance, tel enfin dans toute sa personne qu'on ne pouvait le soupçonner d'un acte déshonorant. Il avait du reste conservé un parti puissant, parce qu'il était l'organe le plus éloquent du parti d'Eubule : comme orateur et comme politique, il était resté le favori du peuple. Aussi Démosthène n'employa-t-il pas contre lui la dénonciation devant le peuple, comme Hypéride l'avait fait contre Philocrate ; il le cita devant le bureau des comptes, et même là, il ne demanda pas une pénalité déterminée mais entreprit seulement de démontrer la conduite malhonnête de l'ambassade, abandonnant au tribunal que le bureau convoquerait la fixation de la peine[50]. Quoique Démosthène eût choisi la voie régulière de la procédure criminelle, cependant l'affaire n'était pas de sa nature propre à être traitée d'une manière strictement juridique : il ne s'agissait pas en effet de la violation de lois déterminées, mais de tendances antipatriotiques dans l'accomplissement des devoirs d'une mission de confiance, d'une versatilité dans les idées politiques qui ne pouvait s'expliquer que par des influences extérieures, et de l'attitude déloyale d'Eschine en face de ses concitoyens. Il y avait des faits connus de tous, qui rendaient inutile toute démonstration. Le peuple tout entier pouvait témoigner qu'Eschine avait débuté comme ardent patriote ; que le séjour à Pella l'avait transformé ; que depuis ce temps il avait toujours agi dans l'intérêt de Philippe et trompé les citoyens par des promesses mensongères. Démosthène est cependant obligé de convenir que son adversaire a pu être trompé lui-même et avoir transmis de bonne foi à ses concitoyens les promesses du roi. Mais en ce cas, Eschine une fois détrompé aurait dû quitter avec indignation le parti de Philippe. Loin de là, il était resté fidèle à ses relations avec lui ; il avait participé le plus gaiement du monde aux fêtes données par le roi à l'occasion de sa victoire sur les Phocidiens, à la ruine desquels il avait collaboré lui-même. La conclusion nécessaire était donc qu'il avait trompé sciemment ses concitoyens dans les affaires les plus importantes, et qu'il avait à dessein fait son possible pour amener une paix avantageuse pour Philippe, mais honteuse et funeste pour les Athéniens. Si claire que fût au fond cette question à laquelle
Démosthène attachait tant d'importance, on comprend qu'il était très
difficile, avec un homme comme Eschine, de déterminer la mesure de la
culpabilité, de distinguer exactement entre la faiblesse et la volonté
criminelle, et de démontrer la trahison dans des faits déterminés. Démosthène
combattait dans la personne d'Eschine tous les traîtres, dont le nombre croissait
tous les jours dans Eschine était parfaitement homme à exploiter les avantages de sa position dans toute leur étendue. Semblable à un habile lutteur, il échappe aux étreintes de son redoutable adversaire : au lieu de s'engager dans une justification sérieuse sur le fond même de l'accusation, il profite de chaque faiblesse de celle-ci, raille l'excès de responsabilité qu'elle veut faire peser sur sa pauvre tète et regarde tout ce procès comme une lutte entre des opinions politiques de couleur opposée, lutte dont la place n'est pas devant un tribunal. A l'entendre, il est, vis-à-vis du farouche agitateur qui l'accuse, le bouc émissaire du parti qui cherche à conserver la paix aux Athéniens et qui s'est toujours signalé par ses bienfaits, qu'il s'agit de la prospérité intérieure de la ville ou de sa constitution[51]. Il prend texte de la bonne opinion que l'on a de sa personne à Athènes pour montrer que les crimes qu'on lui reproche sont inconciliables avec son caractère. Il déploya tous les artifices de l'éloquence, tout le charme de sa voix qui remuait les cœurs. Du reste, il avait l'avantage de parler le dernier : de sorte que son adversaire n'eut pas l'occasion d'effacer l'impression qu'avait faite son éloquence. Enfin, des hommes aussi considérés qu'Eubule et Phocion prirent sa défense[52], si bien que la lutte mémorable des deux grands orateurs d'Athènes finit, quatre ans après son début, par l'acquittement d'Eschine lavé de l'imputation d'avoir manqué à son devoir et déchargé de toute sa responsabilité[53]. Ce n'était pourtant pas une victoire, bien au contraire. L'acquittement ne fut prononcé que par trente voix, et tous ceux qui connaissaient la situation avaient bien que cette majorité n'avait pas été convaincue de l'innocence d'Eschine, mais qu'elle s'était formée sous l'influence de causes extérieures, d'opinions, de considérations et de points de vue complètement étrangers à la question juridique proprement dite. Malgré son échec, Démosthène n'eut pas lieu de regretter la peine que lui avait donnée cette lutte : en effet, dans la partie la plus saine de la population, sa considération n'avait fait que grandir, et le public y avait gagné une vue plus nette de ce qui était juste ou injuste. |
[1] DEMOSTH., De Halonnes., § 32. Cf. Philipp. III, § 12.
[2] DEMOSTH., Philipp. II, § 22. Cf. De falsa leg., § 260.
[3] DIODORE, XVI, 63.
[4] DEMOSTH., De falsa leg., § 260. Pro Coron., § 295.
[5] Alliance entre Élis et Philippe (PAUSAN., V, 4, 9).
[6] DEMOSTH., Pro Coron., § 64. De
falsa leg., § 261.
[7] DEMOSTH., De falsa leg., § 295.
[8] DEMOSTH., De reb. Cherson., § 36.
[9] DEMOSTH., De Halonnes. (Argum., p. 75).
[10] Le traité intitulé Πόροι ή περί προσόδων, qui nous est parvenu sous le nom de Xénophon, date d'une époque où Philomélos commandait encore les Phocidiens. La guerre Sociale vient seulement de prendre fin (ibid. 5. 40. 42. 5, 12), et l'auteur pense qu'au moyen de négociations diplomatique les Athéniens, sans prendre part à la guerre Sacrée qui a déjà commencé, pourraient réussir à faire évacuer Delphes par les Phocidiens et à garantir l'autonomie du sanctuaire avec le concours des autres Amphictyons, si quelqu'un, les Thébains par exemple, essayait de s'en emparer (ibid., 5, 9). Le temple, sous le régime de Philomélos, n'a pas encan été dépouillé de sorte qu'une médiation, si on avait recours à ce moyen, aurait encore chance de succès. — La question de date el matière à controverse : tout récemment, L. HOLZAPFEL (Ueber die Abfassungszeit der dem Xenophon zugeschriebenen πόροι, in Philologus, XLII [1882], p. 242-269) a proposé la date de 347/6.
[11] [XENOPH.], De Vectig., 4, 27.
[12] [XENOPH.], De Vectig., 5.
[13] ISOCRAT., Philipp., § 76. Isocrate développe sa pensée ailleurs et fait sous le nom d'Agamemnon le portrait de Philippe (Panathen., § 72-76).
[14] Eschine avait des propriétés dans le territoire d'Olynthe (DEMOSTH., De falsa leg., § 146), et Philocrate dans la même région (ibid., § 114 sqq. 146).
[15] Pythoclès (DEMOSTH., ibid.,
§ 225) : Hégémon, Démade ([DEMOSTH.,] In Aristogit., § 47).
[16] ISOCRATE, Philipp., § 129.
[17] ISOCRATE, ibid., §§ 73. 75.
[18]
Sur les nombreuses relations de Démosthène avec les Grecs domiciliés ou
voyageant en Macédoine, en Thrace, en Thessalie, cf. DEMOSTH., De reb. Cherson., § 14, et REHDANTZ, ad loc.
[19] BÖCKH, Staatshaushaltung,
I, p. 635.
[20] DEMOSTH., De
Symmor., § 25.
[21] SCHÄFER, Demosthenes,
II, p. 309.
[22] BÖCKH, Seewesen,
p. 67 sqq.
[23] Environ 58.940 fr.
[24] Cf. C. CURTIUS in Philologus, XXIV, p. 288.
[25] Cette procédure expéditive en matière commerciale est recommandée par l'auteur des Revenus (ch. 3, 3) ; elle a été mise en vigueur avant la délibération sur Halonnèse (DEMOSTH., De Halonnes., § 12).
[26]
Διαψήφισις
sur la proposition de Démophilos (ÆSCHIN., In Timarch., § 77. SCHÄFER, Demosthenes, II, p. 289).
[27] ÆSCHIN., In Ctesiph., § 4. Cf. In
Timarch., §§ 57-58.
[28] Sur les πρόεδροι, cf. VISCHER, Epigraph. Beiträge aus Griech., p. 63.
[29]
C'est la φύλη προιδρεύουσα
(ÆSCHIN., ibid.).
Cf. F. SCHULTZ, Demosthenes
und die Redefreiheit, p. 21.
[30] MEIER-SCHÖMANN, Att. Prozess, p. 344. On rencontre à cette époque — comme on le verra dans le récit — diverses commissions extraordinaires dont on charge l'Aréopage.
[31] DEMOSTH., De Halonnes., § 43. C'est Hégésippos qui avait proposé le décret rendu en 357 (Ol. CV, 4) au sujet des affaires d'Eubée (RANGABÉ, Antiq. Hellén., II, 391 et 392. Cf. KÖHLER in Hermes, VII, p. 166).
[32]
Sur Lycurgue, voyez
[33] DIODORE, XVI, 88.
[34] Lycurgue était un disciple de Platon (OLYMPIOD., Schol. in Gorg., p. 515 d).
[35] Hypéride était fils Γλαυκίππου τοΰ 'ρήτορος : cependant on reconnaît qu'il était de haute extraction à la sépulture de famille qu'il avait en face de la porte des Chevaliers (Vit. X Orat., p. 849).
[36]
Polyeucte est le promoteur d'un décret décernant des éloges à des envoyés de
Neapolis (SCHÖNE,
Griech. Reliefs, p. 23. KÖHLER in Hermes, VII, p. 167).
[37] DEMOSTH., De falsa leg., § 86.
[38] Sur les hommes d'État du parti national, voyez SCHÄFER, Demosthenes, II, p. 298-312.
[39] Il s'écoula trois ans entre le γραφή et les débats (DION. HALIC., Ad Amm., I, 10. DEMOSTH., De falsa leg., Argum. II).
[40] Sur le procès de Timarchos, voyez SCHÄFER, Demosthenes, II, p. 315 sqq.
[41] Hégésippos est traité de Κρώβυλος (ÆSCHIN., In Timarch., §§ 64 [cf. SCHOL., ibid.] 71. 110.
[42] ÆSCHIN., ibid., § 170 sqq.
[43] ÆSCHIN., De falsa leg., § 123.
[44] DEMOSTH., De falsa leg., § 211.
[45] On trouve mentionnés ailleurs des attentats commis par des traîtres sur les arsenaux du Pirée (cf. ARISTOPH., Acharn., 918). Il n'est guère croyable que Philippe ait payé un homme pour faire le coup ; mais il est possible qu'Antiphon ait voulu gagner par là un supplément de gratification. BÖCKH (Abhandl. der Berl. Akad., 1834, p. 12) rattache ce fait à la διαψήφισις.
[46] DEMOSTH., Pro Coron., § 132 sqq. C'est cet acte d'énergie que Plutarque appelle σφόδρα ἀριστοκρατικὸν πολίτευμα (PLUTARQUE, Demosth., 14).
[47] HYPERID., Pro Euxenipp., § 20 sqq.
[48] ÆSCHIN., De falsa leg., § 6. In
Ctesiph., § 79.
[49] Sur le procès relatif à Délos, voyez DEMOSTH., Pro Coron., § 134. Cf. BÖCKH, Abhandl. der Berl. Akad., 1834, p. Il sqq.
[50] Il s'agit de πρεβείας εΰθυναι (DEMOSTH., De falsa leg., § 103) devant les Logistes, chose bien distincte de l'είσαγγελία παραπρεδείας (ÆSCHIN., De falsa leg., § 139). Cf. SCHÄFER, Demosthenes, II, p. 358-390.
[51] ÆSCHIN., De falsa leg., §§ 171 sqq.
[52] ÆSCHIN., De falsa leg., § 184.
[53] En voyant que, treize ans plus tard, dans les discours pour et contre Ctésiphon. les deux adversaires traitent ces mêmes questions sans faire d'allusion expresse à un procès antérieur, on a conçu des doutes sur la réalité de ce procès, doutes qui se trouvent déjà exprimés dans l'antiquité par Plutarque (Vit. Demosth., 15) et qu'a soulevés tout récemment encore O. HAUPT (Leben des Demosthenes). Les deux plaidoyers ne seraient plus à ce compte que des pamphlets. Sur les contradictions relevées entre ces discours et les discours postérieurs, voyez L. SPENGEL, Demosthenes' Vertheidigung des Ktesiphon, 1863. En admettant que les discours de l'Ambassade aient été publiés à l'état de pamphlets écrits, cela ne veut pas dire pourtant que le procès n'ait pas eu lieu ; il faut songer que, sur l'issue du procès, nous avons le témoignage précis d'Idoménée : cependant Idoménée assure qu'Eschine ne fut absous qu'à la majorité de trente voix (PLUTARQUE, Demosth., 15).