§ I. — AFFRANCHISSEMENT DE THÈBES. Si On ne saurait dire que les germes de l'ancienne civilisation aient été étouffés et qu'une époque de barbarie ait commencé pour le pays. Les antiques sanctuaires des dieux et les oracles restèrent en honneur ; les anciennes fêtes des Muses sur l'Hélicon, celles des Charites à Orchomène ne cessèrent pas d'être célébrées. La bienfaisante influence de Delphes se fit sentir aussi en Béotie, et l'école poétique d'Hésiode, qui se trouvait en relation avec Delphes, s'y est longtemps maintenue[3]. Chez les Éoliens immigrés, le goût de la musique et de la poésie lyrique était plus vif encore. L'art de la flûte tira profit de l'excellente qualité des roseaux crus clans les marais du Copaïs. C'était le genre de musique le plus véritablement national en Béotie. On l'employait associé au chant dans des jeux publics, et, si l'art sublime de Pindare s'est rallié à des écoles étrangères, c'est dans le sol de sa patrie qu'il a pris racine ; des poétesses comme Myrtis et Corinne, qui osèrent risquer une joute avec Pindare, nous prouvent combien l'amour de l'art était répandu dans le peuple, et comment les Éoliens de Béotie se montrèrent les égaux de leurs frères de Lesbos[4]. Pourtant, les Béotiens étaient incapables de s'assimiler assez complètement les anciens éléments indigènes pour qu'il s'opérât une heureuse fusion. Dans la partie méridionale de la contrée se conserva une population appartenant au vieux fonds ionien : nous savons quelle attitude dédaigneuse elle prit à l'égard des Éoliens, et combien étaient divergentes les voies où marchèrent Platée et Thèbes. A l'ouest, c'était Orchomène, citadelle bâtie sur un rocher où restaient fixées les vieilles traditions des Minyens, et où une invincible aversion contre les nouveaux maîtres du pays se perpétua de génération en génération. Les institutions politiques n'étaient guère propres non plus à hâter une union pacifique, car les familles chevaleresques qui avaient conquis le pays gardaient pour elles tous les droits souverains ; et, bien que l'on ait fait des tentatives répétées pour régler par les lois une organisation fondée par la violence, comme le témoignent à Thèbes les lois du Bacchiade Philolaos[5], ces arrangements n'avaient point en somme d'autre but que de garantir à la noblesse terrienne la puissance qu'elle devait à la force des armes : l'intérêt commun des familles dirigeantes, qui s'étaient distribuées dans les villes de la région, constituait le seul lien qui tînt unis les divers districts ; quant au peuple, il était tenu à l'écart de la vie publique et opprimé[6]. La pire des conséquences fut que l'aristocratie du pays ne fit rien pour se rendre digne de sa situation. La classe des seigneurs béotiens ne valait guère mieux que celle de Thessalie, et, dans toute l'étendue du domaine habité par la race grecque, on ne trouvait pas de région où se fît sentir un contraste plus tranché dans la civilisation et les mœurs que celui qui apparaissait quand, du versant attique du Parnès, on passait sur le versant béotien. Cette différence ne suscita pourtant aucune émulation ; au contraire, les Éoliens mirent une sorte d'amour-propre à s'enfermer dans leur Béotie, à l'abri de tout mouvement intellectuel, à mesure qu'au delà des monts le développement de la race ionienne prenait une allure plus vive : ils devinrent de plus en plus épais et indolents en face de l'Athénien raffiné ; ils se faisaient jusqu'à un certain point honneur de leur rudesse et de leur grossièreté de paysans ; ils cherchaient à se dédommager des jouissances d'ordre supérieur, qui leur étaient interdites, par des plaisirs sensuels. Des festins licencieux étaient chez eux les incidents les plus marquants de la vie sociale ; le droit et la loi, ils ne les respectaient ni entre eux ni à l'égard des autres, et ils vidaient leurs différends de préférence à coups de poing. Dans ces conditions, il ne pouvait, être question d'un progrès fécond ; les ressources naturelles de la contrée ne furent misés en valeur que d'une façon très imparfaite ; le commerce et la navigation furent négligés ; on ne tira aucun parti des ports. On dédaigna toute éducation intellectuelle, toute culture libérale, et la gymnastique dégénéra en athlétique, car on ne visait pas au développement général de la vigueur et de l'adresse corporelles, mais à obtenir la plus grande somme possible de force musculaire[7]. L'idiome des Béotiens s'immobilisa dans des formes tout à fait archaïques, et se distingua principalement par sa prédilection pour les voyelles sourdes des autres branches plus perfectionnées de la langue grecque. Pindare composa dans un dialecte que le peuple ne parlait pas. Il employa son art à ménager à ses compatriotes un meilleur renom chez les Grecs, mais il trouva dans tous les autres pays plus d'écho qu'en Béotie : d'ailleurs il n'était point lui-même, à vrai dire, un Béotien de race ; il s'était pénétré d'une culture qui dépassait de beaucoup celle de son pays ; il avait un patriotisme national en contradiction avec l'esprit de ses compatriotes. Les familles dirigeantes, en effet, avaient fait cause commune avec les ennemis de la nation ; les oligarques banquetaient avec les généraux perses, et le peuple, réduit à l'état d'instrument passif, dut verser son sang à Platée pour les conquérants étrangers. C'est ainsi que la période la plus glorieuse pour la patrie hellénique fut pour là Béotie une période de profonde ignominie, et, tandis que les autres Hellènes jouissaient des bienfaits des guerres de l'Indépendance, Thèbes était entraînée à une politique toujours plus déshonorante. Pleine d'une venimeuse envie contre Athènes alors florissante, mais trop faible pour nuire avec ses propres forces à cette odieuse voisine, elle se blottit derrière Sparte et travailla sans relâche à exciter les ennemis d'Athènes. L'explosion de la guerre du Péloponnèse, les scènes d'horreur de Platée, signalèrent le triomphe de cette politique[8]. Une fois Athènes abaissée, Sparte et Thèbes se séparèrent, et le parti démocratique, qui existait depuis quelque temps et qui même par intervalles était arrivé au pouvoir, gagna une influence durable. Le premier signe de cette révolution fut la décision des Thébains de laisser ouvertes toutes les maisons et toutes les villes du pays aux bannis athéniens[9]. Sparte fit de son mieux pour éloigner d'elle tous les amis du droit et les jeter du côté d'Athènes. L'ancienne inimitié entre les deux États voisins commença à se dissiper, et il se forma en Béotie un parti considérable qui éveilla dans le peuple une conscience politique plus haute, entretint la haine contre Sparte, et s'inspira de cette pensée, que le moment était venu enfin d'effacer l'ancien opprobre et de donner à Thèbes une situation honorable parmi les États grecs. On allait inaugurer une ère nouvelle, réparer tous les abus que la longue tyrannie des oligarques égoïstes avait négligés ; il ne fallait pas seulement renouveler l'esprit de peuple de la capitale, il fallait aussi gagner aux idées nouvelles toute la contrée ; il fallait en fondre toutes les villes en un État béotien uni, libre, ranimé et consolidé par les libertés publiques. Telle était la politique des patriotes thébains, du parti
de Parmi ces maisons, où se prépara la renaissance de Thèbes, figure celle de Polymnis ; son arbre généalogique remontait jusqu'au temps de Cadmos, mais elle avait depuis longtemps perdu son ancienne splendeur. Aussi la famille vivait-elle dans une retraite modeste, sans se mêler à l'ignoble train de vie des riches Béotiens ; elle cultivait en silence les germes d'une culture supérieure, qui n'avaient jamais complètement péri à Thèbes et qui alors, grâce à une bienfaisante action du dehors, prirent une vitalité nouvelle. Dans l'Italie méridionale, l'école de Pythagore était devenue une puissance qui avait acquis dans les villes grecques, surtout à Crotone, une influence déterminante sur la vie publique. Cette influence provoqua au cinquième siècle avant J.-C., de la part du parti populaire, plusieurs soulèvements hostiles qui, au lieu d'anéantir cette école détestée, ont dû, comme toutes les persécutions qui se sont déchaînées sur les écoles vraiment vivaces, contribuer à la diffusion de sa doctrine. C'est ainsi que les fruits qui avaient mûri dans les colonies lointaines furent recueillis par les habitants de la mère patrie, et en ;premier lieu par les Thébains[10]. Philolaos, le premier qui ait consigné par écrit la doctrine pythagoricienne, se fixa à Thèbes et y trouva des auditeurs studieux. Dans le nombre, deux hommes surtout témoignent clairement de l'esprit scientifique qui alors s'éveillait à Thèbes, Simmias et Cébès. Tous deux, poussés par Philolaos du côté des spéculations philosophiques, se rendirent à Athènes. Cébès y passa pour la plus infatigable chercheur parmi les Socratiques[11], et Platon rapporte à la louange de Simmias qu'il ne laissait de repos ni à lui-même ni aux autres, qu'il soulevait sans cesse de nouveaux problèmes et les conduisait tous jusqu'à leurs dernières conséquences[12]. Ils firent ainsi de la philosophie un lien entre Athènes et Thèbes ; leur énergie et leur persévérance mettent en relief les meilleurs côtés du caractère éolien ; tous deux appartenaient aux hautes classes de la société. On racontait de Cébès qu'il avait racheté Phédon d'Élis pour le gagner à la philosophie[13], et Simmias, après de longs voyages, fit de sa maison le rendez-vous des philosophes ses amis. A Philolaos, qui avait fait de Thèbes le foyer de la sagesse pythagoricienne, succéda, environ une génération plus tard, Lysis de Tarente[14] ; lui aussi arriva en fugitif. Après que l'influence pythagoricienne se fut maintenue quelque temps encore à Crotone, la secte avait été l'objet d'une agression plus violente que toutes les autres, et Lysis s'était sauvé, jeune encore, de la maison en feu où devaient être anéantis d'un seul coup tous les Pythagoriciens encore restants[15]. Il vint à Thèbes, en suivant les traces de Philolaos, au temps de la guerre du Péloponnèse, et trouva accueil dans la maison de Polymnis, qui le traita tout à fait en membre de sa famille. Cette noble hospitalité porta des fruits précieux, et les premiers qui en profitèrent furent les fils de la maison, Épaminondas et Caphisias, dont le premier, l'aîné, né vers 418, montra une aptitude particulière à subir l'action du philosophe et, dans le commerce respectueux où il vécut avec lui, se pénétra de l'amour de la science[16]. Une éducation comme celle que reçut Épaminondas n'avait jamais été départie à aucun Thébain. Son esprit curieux trouva un guide et un maître qui pouvait lui donner la science à pleines mains et qui, dans ses relations journalières, se dévouait à lui comme à son propre fils. Alors dut s'ouvrir devant lui une perspective intellectuelle qui dépassait de bien loin l'horizon borné d'un Béotien. Le monde opulent des colonies d'Occident, les somptueuses villes grecques des côtes d'Italie et de Sicile, lui devinrent familières comme une seconde patrie. Déjà d'ailleurs la philosophie d'Ionie et d'Athènes avaient trouvé le chemin de Thèbes. Comme il devait, en parcourant des yeux les principaux centres de la civilisation grecque, prendre conscience de la haute mission des Hellènes, et quelle n'était pas sa confusion quand il laissait retomber son regard sur sa ville natale ! Ce sentiment se fortifiait sous l'influence toute particulière de la doctrine pythagoricienne. Elle était réformatrice par essence ; elle ne s'adressait pas seulement à l'intelligence, elle prenait l'homme tout entier. Elle constituait l'idéal de la nature grecque, qui demandait à se réaliser dans la vie et qui poussait celui qui l'avait conçu à la propagation de ses principes. C'est ainsi que la maison de Polymnis devint le foyer d'une vie plus haute, d'où rayonnait la lumière et la chaleur, et la personnalité d'Épaminondas était le témoignage le plus frappant de la noblesse que prenaient les âmes au contact de la philosophie. Tout ce qu'elle exigeait de l'homme, il en avait fait chez lui une seconde nature. Mépris des richesses et des plaisirs sensuels, rigoureuse continence et abnégation, humilité et discrétion, dévouement absolu à la patrie et à ses amis, gravité ferme et égale, réprimant tout mouvement passionné et n'ayant devant les yeux que les fins les plus élevées, — ces vertus pythagoriciennes constituèrent les traits caractéristiques du jeune Thébain. Pourtant, il ne se tenait pas, comme un original confiné dans sa philosophie, à l'écart des relations sociales et de la vie artistique de son pays : il eut pour maîtres les meilleurs joueurs de flûte de Thèbes, mais il se consacra aussi à la lyre et au chant. Il fréquentait assidûment les gymnases, mais il y poursuivait un autre but que ses compatriotes : il exerçait son corps afin d'en faire un instrument docile et adroit de l'esprit, capable de servir utilement la patrie. Il cultiva aussi l'éloquence avec un grand zèle : car, si peu qu'il ambitionnât de briller par le talent de la parole, il considérait comme un but essentiel de l'éducation grecque de permettre à tout homme de se lever au moment voulu, d'instruire ou de châtier en quelques mots, comme d'exposer ses convictions dans un discours plus développé. Aussi son éloquence même prenait racine dans ce fond de moralité sur lequel reposait toute sa valeur personnelle ; c'était pour lui une tâche patriotique, dans cette Béotie à la pensée et à la parole paresseuses, que de mettre la parole en honneur. Il était à la fois Thébain et Hellène : il l'était de tout
cœur, et ses aspirations tendaient à relever sa ville natale, afin de rendre
ainsi du même coup un service à la patrie commune. Car l'Hellade ne pouvait
être prospère qu'autant que ses différentes cités cherchaient à réaliser le
véritable idéal grec, et aucune suprématie ne lui semblait légitime que celle
qui s'appuyait sur les vertus et la civilisation grecques. Athènes avait
compris cette mission dans le sens le plus large ; mais elle avait perdu sa
situation parce qu'elle s'était écartée des principes de Périclès. La
souveraineté de Sparte n'était qu'un despotisme déshonorant. Si elle
persistait dans sa voie, maltraitait les Grecs avec une insolence
soldatesque, asservissait les villes ou les morcelait en villages, favorisait
la trahison et punissait les sentiments patriotiques par d'iniques
exécutions, les biens les plus précieux du peuple hellénique étaient en danger.
La révolte contre une pareille tyrannie était un devoir national, et la ville
la plus cruellement atteinte était la première appelée à se soulever. Cette
juste résistance contre une arrogance criminelle devait mettre en jeu toutes
les forces les plus nobles, et Thèbes y trouvait le plus court moyen de
prendre place dans la série des États désignés pour la direction des affaires
de la patrie. Il s'agissait, — et la tentative demandait du courage, —
d'anoblir, en les tournant à une grande tâche, les forces brutes que
renfermait Ces idées, qui se révèlent l'une après l'autre dans les faits, n'ont pas été toutes conçues du premier coup. Ce qu'Épaminondas poursuivit tout d'abord, ce fut le relèvement moral et politique de ses concitoyens, relèvement qui devait les mettre en état de reconquérir leur liberté et de la maintenir dignement. Il y travailla de longues années, cela n'est pas douteux. Autrement il lui eût été impossible de se montrer avec des résolutions si arrêtées et si complètement préparé, lorsque sonna l'heure décisive. Épaminondas ne songea pas à poursuivre ses desseins de
réforme par la fondation d'un ordre de philosophes, comme on l'avait essayé
dans Pélopidas, fils d'Hippoclès, sortait, comme Épaminondas,
d'une maison de vieille noblesse mais en même temps fort riche, et sa famille
était une des plus considérées de Thèbes. En outre, il avait par un mariage
avantageux sensiblement augmenté son patrimoine. C'est un signe de liberté d'esprit,
qu'il se soit si tût et si délibérément détaché d'un parti qui le comptait au
nombre des siens et lui offrait en perspective une participation complète à
ses privilèges et prérogatives. C'était une nature magnanime, brave jusqu'à
la témérité, pleine d'abnégation : bien qu'il n'eût pas de penchant pour les
études philosophiques et se plût surtout à la chasse et à l'exercice des
armes[18], il était
naturellement bien doué, sachant son monde, adroit, accessible à toutes les
influences intellectuelles et l'esprit ouvert à la grandeur morale ; il était
au-dessus de la cupidité et des plaisirs sensuels, généreux envers ses amis,
tempérant et simple pour lui-même, ennemi impitoyable de l'injustice et
passionné pour tous les biens qui font la dignité de la vie. Ces sentiments
lui rendaient nécessairement insupportable la tenue de l'aristocratie
béotienne et la situation de sa patrie ; aussi adhéra-t-il de toute son âme
au parti de Après la paix d'Antalcidas, le parti n'avait fait que s'accroître, car son autorité grandissait à chaque acte de violence dont Sparte se rendait coupable. A la fin, le parti laconien n'avait plus vu d'autre moyen de salut que de se jeter tout à fait dans les bras de Sparte : il se crut assuré alors de sa victoire. Cependant sa politique était aussi imprévoyante que criminelle. Depuis la trahison, en effet, il ne s'agissait plus de certaines questions de parti, mais d'un antagonisme prononcé, sur lequel tous les Hellènes, dans Thèbes et au dehors, pourvu qu'ils ne fussent pas aveugles partisans de Sparte, portaient un jugement précis et invariable : il s'agissait de la liberté ou de la servitude d'une cité grecque. Cette affaire de politique intérieure avait pris un caractère national. Les oligarques, il est vrai, faisaient comme les
Spartiates de ce temps, qui n'estimaient que la puissance visible et se
moquaient de l'opinion publique. Les plus importants d'entre eux, Léontiade,
Archias, Philippos, etc., occupaient à tour de rôle les charges, et ils peuplaient
toutes les places, jusqu'à celle de geôlier, de gens à leur dévotion. Ce
gouvernement de parti était une pure tyrannie, comme l'avaient exercée
naguère Critias et consorts à Athènes[19] Les personnes
qui déplaisaient étaient emprisonnées : ni la fortune ni l'honneur des
citoyens n'étaient assurés contre leur atteinte. Le pouvoir suprême était aux
mains des chefs des troupes péloponnésiennes. Sparte agissait à sa guise dans
toute Ils étaient trois ou quatre cents Thébains qui avaient trouvé accueil à Athènes[21]. Là on avait conservé un souvenir reconnaissant du service que les Thébains avaient rendu vingt ans auparavant aux patriotes athéniens, et l'irritation contre Sparte était si générale qu'ils reçurent de la part des classes aristocratiques, d'ordinaire animées de sentiments lacédémoniens, des témoignages de bienveillance[22]. Toutes les demandes de Sparte furent repoussées avec une noble résolution[23] : on ne se borna pas à donner aux exilés le vivre et le couvert, on leur ménagea une situation honorable dans la république, à titre de protégés de l'État, comme on avait fait jadis aux Platéens émigrés. D'ailleurs, Sparte n'avait pas assez d'énergie sous Agésilas pour imposer de force ses exigences ; elle appréhendait de pousser les Athéniens aux extrémités. C'est ainsi que, sans rupture apparente, Athènes et Thèbes étaient placées l'une en face :de l'autre comme deux camps ennemis, qui ne se quittaient pas des yeux. Le gouvernement thébain avait ses émissaires à Athènes, qui suivaient d'un œil attentif les démarches des conjurés, et, avec leur concours, on réussit à se défaire par un, assassinat d'Androclidas, qui avait pris à la mort d'Isménias la direction du parti[24]. On déjoua ainsi les plans immédiats. De leur côté, les proscrits comptaient à Thèbes bon nombre d'amis sûrs, qui préparaient à leur façon la délivrance de la patrie. Quelques-uns d'entre eux se rapprochèrent pour la forme des tyrans et gagnèrent leur confiance, de manière à obtenir des positions influentes, où ils pouvaient être de la plus grande utilité à leur parti. Tel était par exemple Phyllidas, dont les polémarques Archias et Philippos firent leur secrétaire, et qu'ils employèrent dans les missions les plus confidentielles[25]. D'autres s'occupaient en silence à préparer la jeunesse thébaine, moralement et physiquement, pour le jour décisif ; c'est ce que faisait surtout Épaminondas, qui jusqu'alors, bien que parvenu à l'âge d'homme, s'était tenu éloigné de la vie publique et n'avait donné aucun signe d'ambition. Les tyrans regardaient ce philosophe sans ressources et timide comme absolument sans danger[26] et le laissaient faire tranquillement, bien qu'il fût précisément le centre du mouvement libéral. Il était pleinement d'accord sur tous les points principaux avec les réfugiés d'Athènes. Il était lié avec le plus actif d'entre eux, Pélopidas, par une étroite et fraternelle amitié. Il avait servi avec lui dans la campagne d'Arcadie et sauvé la vie à son ami blessé au péril de la sienne[27]. Il travaillait sans relâche à éveiller le patriotisme, l'activité, la force morale ; il profitait des joutes qui se livraient entre Thébains et Spartiates comme d'un apprentissage pour des combats plus sérieux, et il déshabituait ses concitoyens de leur crainte servile envers leurs tyrans. La mort de Lysis, son fraternel ami, survenue précisément vers cette époque[28], fut cause aussi que dès lors il se consacra plus résolument encore à ses concitoyens. Il trouvait des coopérateurs dans des hommes distingués, comme Gorgidas notamment, qui mettait les bannis au courant de toutes les affaires de la ville, et Pamménès, personnage d'une autorité considérable, qui ne prit point une part active à l'œuvre de la délivrance mais favorisa les efforts d'Épaminondas et rehaussa sa considération[29]. Bien que de divers côtés l'on tendît au même but, les années s'écoulaient l'une après l'autre sans qu'on l'atteignît. C'était une dure épreuve pour les âmes enflammées des héros de la liberté, mais ce fut pourtant une période féconde : car, durant ce temps, la jeunesse thébaine se fortifia sous l'oppression et mûrit pour la liberté. Le réconfort moral qui émanait d'Épaminondas se propagea et fit ses preuves. De même, le séjour prolongé des bannis à Athènes fut une époque de purification et d'affermissement ; ils montrèrent par leur constance que ce n'était pas l'impulsion d'un enthousiasme fugitif qui les dirigeait ; ils apprirent à Athènes quelles étaient les obligations d'un État ambitieux de se placer à la tête du mouvement national. A la fin, les tyrans se sentirent de plus en plus en sécurité ; ils se relâchèrent de leurs précautions et s'abusèrent au point de voir dans les goûts philosophiques des Thébains une dérivation opportune aux aspirations politiques. Ainsi, Archias et Léontiade eux-mêmes prirent part quelquefois aux entretiens qui se tenaient dans la maison du grand voyageur Simmias, quoiqu'elle fût le rendez-vous des patriotes conjurés contre les tyrans[30]. Quatre ans durant, les bannis attendirent le jour de la vengeance. Un moment ils purent espérer qu'Athènes allait donner le signal du soulèvement contre Sparte et leur frayer le chemin du pays ; mais le peuple athénien était trop abattu, et le parti béotien ne put l'emporter. Ils en étaient donc réduits à eux-mêmes, et sans doute leurs amis politiques, Céphalos et autres orateurs considérés, leur dirent : Commencez ! Athènes ne peut ni ne va vous laisser en peine. Pélopidas, bien qu'un des plus jeunes, s'était mis à la tête des bannis quand le meurtre d'Androclidas les avait privés de leur chef et intimidés pour quelque temps. Après lui, Mélon était le personnage principal[31]. Il ne fallait pas tarder plus longtemps. On en était à la cinquième année, au début de l'hiver : Olynthe et Phlionte avaient succombé ; la puissance des Spartiates croissait de semaine en semaine. Il n'y avait pas à songer à une guerre ouverte : il fallait chercher l'occasion de rentrer sans bruit. La mauvaise saison, époque où les relations étaient plus rares, paraissait favorable à l'entreprise : en hiver, on ne pouvait guère supposer que les Spartiates arriveraient promptement sur les lieux ; en outre, le moment des jours les plus courts coïncidait avec le nouvel an des Béotiens[32] et les fêtes des Héracleia, où l'on espérait trouver la ville dans une insouciance plus complète. Enfin, l'un des plus ardents démocrates, Amphithéos, venait d'être incarcéré[33] : on comptait le sauver encore par une action rapide. De concert avec les amis de Thèbes, on fixa le jour et l'heure. Probablement tous les bannis n'étaient pas informés. La plupart restèrent tranquilles à Athènes, car un départ en troupe considérable aurait tout trahi. Cent hommes quittèrent la ville et se rassemblèrent sous Phérénicos dans la plaine Thriasienne, pour marcher d'Éleusis sur la frontière[34], tandis que douze hommes résolus, qui s'étaient volontairement offerts pour la première et la plus dangereuse entreprise, entre autres Pélopidas, Mélon, Damoclidas et Théopompos, avec des chiens et en équipage de chasse, franchirent le Parnès par la route directe et se glissèrent dans Thèbes par groupes isolés. Le vent et des tourbillons de neige leur permirent de s'envelopper la tête de leur manteau sans éveiller de soupçons ; les issues des portes et les rues étaient désertes. Ils arrivèrent ainsi par différents chemins à la maison de Charon, où ils se réunirent à trente-six conjurés domiciliés à Thèbes[35]. Mais celui qui leur rendit le plus grand service fut Phyllidas, le secrétaire privé. Il avait invité pour le même soir les polémarques à un banquet ; on devait célébrer avec éclat la clôture de leur année de charge, et, pour surexciter l'ivresse des sens, l'hôte avait promis d'amener après le repas de belles femmes[36]. Ce fut le motif pour lequel Archias, qui tenait à n'avoir que la société de ses intimes, avait prié son hôte de ne pas inviter Léontiade : ainsi il n'y eut pas moyen de rassembler en un seul endroit tous les chefs du gouvernement. C'est dans un silence plein de gravité que les conjurés se préparèrent à leur œuvre sanglante. Ils se tenaient, la tête couronnée, autour de l'autel domestique, et le devin observait la flamme ; soudain on frappe à la porte et des voix impérieuses demandent que l'on ouvre. C'étaient des messagers des polémarques, qui mandaient Charon auprès d'Archias[37]. On ne pouvait faire autrement que de croire tout trahi. Et en effet, des bruits de ce qui se passait étaient arrivés aux oreilles d'Archias ; mais le calme et la présence d'esprit de Charon, qui se présenta sans hésiter, et les paroles persuasives de Phyllidas réussirent à dissiper ce soupçon, trouble-fête importun dont le polémarque se serait volontiers passé. Archias se montra même si résolu à ne plus se laisser gâter davantage le plaisir de sa journée que, recevant d'Athènes immédiatement après le départ de Charon une lettre qui dévoilait toute la conspiration[38], il la mit sans l'ouvrir sous son coussin. A demain les affaires sérieuses ![39] s'écria-t-il dans un accès d'ébriété ; il fit continuer le banquet avec un entrain nouveau et réclama avec une impatience lascive les courtisanes promises. Enfin, on annonce qu'elles sont là On entend leurs pas ; on éloigne les serviteurs ; les portes de la salle à manger s'ouvrent ; on aperçoit les robes de femmes voilées, qu'on accueille par des applaudissements ; leurs têtes sont ombragées par d'épaisses couronnes. C'étaient les conjurés, Charon, Mélon, Caphisias et autres. Sur le seuil, ils s'arrêtent un instant pour compter du regard leurs victimes. Puis ils jettent leur voile et saisissent leurs poignards. Mélon tua Archias ivre ; Charon frappa Philippos ; il fallut sacrifier aussi la plupart des autres convives, parce que, échauffés comme ils l'étaient par les fumées du vin, il fut impossible .de les gagner ou de les calmer par la persuasion[40]. La démarche la plus délicate, Pélopidas avec Caphisodoros et quelques autres s'en étaient chargés : il s'agissait d'aller à la maison de Léontiade, où ils se firent annoncer à la porte comme messagers de Callistratos d'Athènes. Dès qu'ils furent entrés, Léontiade comprit le danger ; il les reçut dans sa chambre à coucher, l'épée nue, et abattit Caphisodoros, qui avait pénétré le premier ; c'est seulement après un duel opiniâtre que Pélopidas put se rendre maître de Léontiade et venger son ami qui, mourant, lui tendit une main reconnaissante. La dernière victime fut Hypatès, qui fut rejoint dans sa fuite[41]. C'est ainsi qu'en quelques heures de cette nuit terrible
justice fut faite de ceux qui avaient trahi leur patrie, tenu leurs
concitoyens sous le joug avec le secours des armes étrangères, et pleinement
mérité, d'après les idées grecques, le titre et le renom de tyrans. La même
nuit encore, on ouvrit la prison ; Amphithéos et beaucoup d'autres martyrs de
la bonne cause, dans leur joyeuse surprise, tendirent les mains à leurs amis[42]. Les trompettes
qui se préparaient à sonner en l'honneur de la fête des Héraclées annoncent
aux citoyens qu'une fête bien plus glorieuse a commencé pour la ville[43], et la garnison
spartiate, forte de 1.500 hommes, elle qui par une intervention opportune eût
pu donner à l'affaire une tournure très compromettante, fut si complètement
surprise par l'explosion de la révolution, qu'elle se tint tout anxieuse à
l'intérieur de la citadelle, où le petit nombre des partisans du gouvernement
chercha un refuge auprès d'elle[44]. Alors les feux
de joie flambèrent impunément autour de Ce jour-là fut le jour de la résurrection de Thèbes, le jour où elle se releva d'une lourde oppression ; alors les bannis rentrèrent en masse. Les guerriers thébains qui s'étaient formés en silence sous Épaminondas et Gorgidas se présentèrent au public dans leur appareil militaire ; ce fut comme un peuple nouveau qui se rassembla en ce jour de liberté sur la place publique ; les deux partis, qui avaient travaillé l'un pour l'autre, se tendirent alors la main. Épaminondas n'avait pu concilier avec ses principes une coopération personnelle au meurtre des oligarques, car le meurtre d'un citoyen sans jugement préalable était un acte qu'il ne pouvait légitimer devant sa conscience. Pourtant, il ne prétendit pas faire de son sentiment une règle pour apprécier la conduite des autres. Il dut accepter l'œuvre des conjurés comme exigée par les circonstances et dégagée de tous mobiles personnels. Aussi introduisit-il lui-même les tyrannicides lorsqu'ils parurent en suppliants, comme ayant versé le sang des citoyens, devant l'assemblée. Celle-ci les salua avec allégresse comme ses sauveurs et bienfaiteurs[45] ; ils furent purifiés de toute souillure par les prêtres, et trois d'entre eux, qui s'étaient distingués par-dessus tous, Pélopidas, Mélon et Charon, se virent sur-le-champ appelés, en qualité de béotarques, à la tête de la république[46]. Tous ces faits se passèrent sous les yeux des troupes lacédémoniennes, dont les chefs ne savaient prendre d'autre parti, en attendant, que d'expédier des courriers à Sparte et aux garnisons de Platée et de Thespies pour réclamer une prompte assistance. Quant aux Thébains, ils espéraient dans Athènes, et leur espoir ne fut pas trompé. A Athènes, le parti béotien avait déployé une activité extraordinaire[47]. On fut instruit à temps des événements qui allaient s'accomplir à Thèbes, et l'on avait envoyé des troupes à la frontière. Céphalos proposa de prendre part officiellement à la délivrance de la cité voisine[48]. Cette motion n'avait pas été érigée en plébiscite ; cependant, non seulement des volontaires isolés coururent à Thèbes, mais deux généraux athéniens, envoyés simplement sur la frontière pour observer les événements, se laissèrent déterminer par l'appel des Thébains à intervenir activement sous leur propre responsabilité ; Chabrias occupa le défilé d'Eleuthéræ, pour fermer aux Spartiates la route de Thèbes, et Démophon pénétra en Béotie : le général était convaincu qu'il ne faisait qu'agir dans l'intérêt d'Athènes en aidant les Thébains à délivrer leur citadelle[49]. Il y trouva tout en pleine activité stratégique[50]. On venait de
repousser le renfort de Platée, et, sous la direction de Pélopidas, |
[1] EPHOR., ap. STRAB., p. 400.
[2] PLUTARQUE, Defect. orac., 5.
[3]
On rencontre à Thespies une confrérie συνθυτάων
τάν Μωσάων τάν
Είσιοδείων (RANGABÉ,
Antiq. Hellen. KEIL, Inscr. Bœot.,
23). Cf. TH. BERGK, Griechische
Literaturgeschichte,
I, p. 923.
[4] Sur la musique éolienne en Béotie, voyez O. MÜLLER, Orchomenos, p, 72. 382.
[5] ARISTOTE, Politique, p. 57, 25.
[6] Sur l'aristocratie des seigneurs béotiens, cf. O. MÜLLER, Orchomenos, p. 409. TH. BERGK, Griech. Literaturgesch., I, p. 942.
[7] ARISTOTE, Politique, p. 125, 29.
[8] La politique béotienne à l'égard d'Athènes se révèle encore dans la proposition faite aux alliés de détruire la ville (XÉNOPHON, Hellen., II, 2, 18. PLUTARQUE, Lysandre, 15.).
[9] PLUTARQUE, Lysandre, 27.
[10]
Sur l'état de Thèbes et ses rapports avec
[11] XÉNOPHON, Memorab., I, 2, 48. III, 11, 97.
[12] PLAT., Phæd., p. 85 c. Cf. E. ZELLER, Philos. der Griechen, II3, 1, p. 205.
[13] (Phædonem) Cebes Socraticus hortante Socrate emisse dicitur habuisseque in philosophiæ disciplinis (GELL., II, 18).
[14] Plutarque (De gen. Socrat., 13) se trompe en faisant de Philolaos et de Lysis des contemporains.
[15] D'après E. RHODE (Ueber die Quellen des Iamblichos. -Aristoxenos' 'Bericht über den Brand des Hauses des Milon. bei Iamblichos, 240-51 in Rhein. Museum, XXVI [1871], p. 565), la date de 400 est la plus reculée que l'on puisse assigner à l'insurrection des Cyloniens.
[16]
Lysis doit avoir vécu jusqu'à
[17] Ces amis intimes sont nommés par divers auteurs : Micythos (CORN. NEPOS, Epamin., 4), Asopichos (ATHEN., Deipnos., XIII, p. 605), Caphisodoros (PLUTARQUE, Amator., 17).
[18] PLUTARQUE, Pelopidas, 4.
[19] XÉNOPHON, Hellen., V, 4, 2. — PLUTARQUE, Agésilas, 24. — XÉNOPHON, Hellen., VII, 3, 7. Sur le caractère de ce gouvernement, voyez DU MESNIL (in Sybels Zeitschrift, IX, p 264).
[20] PLUTARQUE, De gen. Socrat., 5 sqq. Cf. BÖCKH, Sonnenkreise, p. 145.
[21] Diodore (XV, 20) dit trois cents : Androtion (ap. SCHOL. ARISTID., III, p. 278 Dindorf) donne le chiffre de quatre cents : cependant C. MÜLLER (Fr. Hist. Græc., IV, p. 646) lit au même endroit τριακόσιοι. Dans Xénophon (Hellen., V, 2, 31) la leçon est incertaine (τριακόσιοι. Dindorf).
[22] PLUTARQUE, Pelopid., 6.
[23] PLUTARQUE, Pelopid., 6.
[24] PLUTARQUE, Pelopid., 6. C'est à l'occasion du procès soulevé à propos de la succession d'Androclidas qu'a été prononcé le plaidoyer de Lysias pour Phérénicos (Orat. CXX, fr. 228. 229. Müller [78. 79 Scheibe]). C'est le Phérénicos mentionné par Plutarque (Pelop., 5. 8).
[25] PLUTARQUE, Pelop., 7. De gen. Socr., 4 sqq. XENOPH., Hel., V, 4, 2.
[26] PLUTARQUE, Pelop., 5.
[27] PLUTARQUE, Pelopid., 4. PAUSAS., IX, 13, 1. Le fait est mis en doute par PALMER, par KRÜGER (ap. CLINTON, F. Hell., ann. 385), par GROTE (XIV, p. 273, 3, trad. Sadous) ; cf. la réfutation de POMTOW, Epameinondas, p. 27. Cette campagne était une corvée militaire imposée aux Thébains, comme celle qu'il leur fallut faire à Olynthe (XENOPH., Hellen., V, 2, 37).
[28] PLUTARQUE, De gen. Socrat., 16, etc.
[29] Cf. SIEVERS, op. cit., p. 197 sqq.
[30] PLUTARQUE, De gen, Socrat., 2 sqq.
[31] D'après Xénophon, Mélon a été le principal auteur de la délivrance de Thèbes (Hellen., V, 4, 19). L'initiative revient bien à Pélopidas, dont Xénophon a passé à dessein sous silence la participation à l'œuvre de la délivrance (PLUTARQUE, Pelopid., 7).
[32] L'année béotienne finissait aux environs du solstice d'hiver (PLUTARQUE, Pelopid., 24).
[33] PLUTARQUE, De gen. Socrat., 4. 32. Aristote donne ici un renseignement en désaccord avec tout ce que nous savons par ailleurs (ARISTOT., Polit., p. 206. 22).
[34] PLUTARQUE, Pelopid., 8.
[35] PLUTARQUE, Pelopid., 9. De gen. Socrat., 25.
[36] PLUTARQUE, Pelopid., 9. De gen. Socrat., 4.
[37] PLUTARQUE, De gen. Socrat., 26. 27. Pelopid., 9. 10.
[38] La lettre venait de l'hiérophante athénien Archias, hôte et ami de son homonyme le polémarque thébain (PLUTARQUE, Pelopid., 10).
[39] PLUTARQUE, ibid.
[40] PLUTARQUE, Pelopid., 11. De gen. Socrat., 30.
[41] PLUTARQUE, Pelopid., 11. De gen. Socrat., 31. Xénophon (Hellen., V, 4, 7) fait accomplir le meurtre d'Archias et consorts par les compagnons de Mélon, et ensuite celui de Léontiade par Phyllidas, accompagné de trois acolytes. De là, Phyllidas se rend directement à la prison, tue le geôlier et délivre ses amis.
[42] XÉNOPHON, Hellen., V. 4, 8. PLUTARQUE, De gen. Socrat., 33.
[43] PLUTARQUE, De gen. Socrat., 33.
[44] De gen. Socrat., 33. XÉNOPHON, Hellen., V, 4, 10.
[45] PLUTARQUE, Pelopid., 12.
[46] PLUTARQUE, Pelopid., 13. On les nomme pour les jours qui restent à courir jusqu'à la fin de l'année. Cf. SIEVERS, Gesch. Griechenlands, p. 186. VATER, Leben des Pelopidas, p. 342.
[47] Les organes du parti béotien étaient Thrasybule de Collytos, Léodamas, Aristophon, Céphalos, Thrason (proxène des Thébains), Archédémos, Pyrrhandros, Phormisios, Eleios. Cf. DINARCH., In Demosth., § 38.
[48] DINARCH., ibid., § 39.
[49]
En ce qui concerne la coopération d'Athènes, Xénophon (Hellen., V, 4,14)
atteste, à l'encontre des allégations passablement embrouillées de Diodore (XV,
26), que l'État ne fit rien. Cf.
GROTE (XIV, p. 239, 4, trad. Sadous) : A. SCHÄFER, Demosthene, I, p. 15. L'occupation
des défilés du Cithéron par Chabrias a dû n'avoir d'autre but que de garantir
la neutralité officielle. D'autre part cependant, le procès des généraux (Hellen.,
V, 4, 19) prouve bien qu'il y a eu pour seconder les Thébains plus que quelques
volontaires. On ne sait si Démophon fut au nombre des condamnés : Chabrias, à
coup sûr, n'en était pas. Diodore confond probablement deux événements tout à
fait distincts, la lutte à propos de
[50] XÉNOPHON, Hellen., V, 4, 10.
[51] XÉNOPHON, Hellen., V, 4, 11.
[52] PLUTARQUE, Pelopid., 13.