§ II. — AVANT ET APRÈS Cet acte était un chef-d'œuvre de l'art diplomatique Clair et simple en apparence, il avait une portée que les plus perspicaces seuls pouvaient apprécier. Il était rédigé de manière à satisfaire tout d'abord pleinement le Grand-Roi. C'est lui qui, en qualité de vainqueur de Cnide, se voyait adjuger le principal profit, par la reconnaissance de sa domination absolue en Asie-Mineure et à Cypre ; puis, à ne considérer que la lettre du traité, on tenait compte des intérêts des États ligués contre Sparte ; car le but qu'ils avaient poursuivi dans leur lutte était de briser le despotisme de Sparte en Grèce, et ce despotisme était supprimé par la clause qui assurait à tous les États grecs leur complète autonomie. Mais le sens qu'il fallait attacher à cette disposition ne fit à Sardes l'objet d'aucune discussion. Tiribaze se contenta de soumettre aux ambassadeurs réunis le message royal, comme la base immuable de la paix ; l'exécution en fut laissée aux États helléniques, et dans ce but, on convoqua à Sparte une deuxième conférence, qui se tint probablement encore dans l'été 387. Les séances y furent plus animées que dans le château du satrape : on y traita de la véritable signification du deuxième article de la paix[1]. Sparte se posa comme l'État chargé par Argos eut le même sort. Les Argiens pouvaient se prévaloir
de ce que Corinthe s'était librement attachée à eux, et l'on ne voyait guère
pourquoi un État n'aurait pas le droit, en vertu même de son autonomie, de se
réunir à un État voisin. Mais les Spartiates ne voulaient voir dans cette
union détestée qu'une oppression injuste, qu'un parti seulement avait
facilitée à Corinthe. Sparte leva sur le champ une armée pour marcher sur
Argos : les Argiens, pris au dépourvu, durent céder et retirer leur garnison
de Corinthe. Les bannis y rentrèrent du même coup, ces bannis qui pendant six
ans avaient poursuivi leur but avec une merveilleuse énergie et qui voyaient
maintenant leurs intrigues aboutir au plus heureux dénouement. Ils furent,
comme on le dit à Sparte, accueillis à bras ouverts par leurs compatriotes,
c'est-à-dire que l'on considéra leur retour comme mettant un terme au
terrorisme d'une petite faction et rétablissant enfin l'ordre légal[5]. Le parti adverse
dut quitter la place : la petite république fut relevée avec ses anciennes
frontières, et Corinthe, liée aux Lacédémoniens plus solidement que jamais,
leur servit comme par le passé de gardienne des portes de On voit comment, derrière ces articles de paix d'apparence si bénigne et inoffensive, se cachait une ardeur belliqueuse armée de pied en cap. Agésilas se plaisait plus que personne à la manifester. Il s'était réconcilié avec le parti d'Antalcidas, puisque la paix de ce dernier n'était pas un bouclier derrière lequel on voulait se blottir, mais une épée aiguisée contre les ennemis de Sparte. Un rude coup venait de frapper les plus fiers d'entre eux, et il y avait une amère vérité dans ce mot avec lequel Agésilas excusait les Spartiates à propos de leurs relations avec le Grand-Roi : on ne pouvait pas dire que Sparte médisait ; au contraire, les choses en étaient au point que le roi des Mèdes laconisait[6], tant le Grand-Roi, sans le vouloir, avait pourvu aux intérêts de Sparte, de même que dans son précédent traité avec Conon il avait travaillé pour Athènes tout en voulant ne travailler que pour lui-même. Pourtant, il y avait entre ces deux actes une grande
différence. Conon était entré comme simple particulier au service de Cette situation était le résultat nécessaire de la
politique grecque : Sparte avait, dès le début de la guerre du Péloponnèse,
fait la cour aux Perses, et Athènes avait imité cet exemple. On s'était des
deux parts habitué chaque jour davantage à faire dépendre ses propres succès
de l'attitude du Grand-Roi, et c'est ainsi que cet empire en décomposition,
que cette Perse vaincue dans toutes les batailles, refoulée de toutes les
côtes, avait été mise à même par ses vainqueurs de prendre le rôle d'arbitre
suprême dans la lutte engagée entre les États grecs. La défaite d'Athènes
était l'œuvre de Évagoras avait dû reconnaître dès le début que l'alliance avec Artaxerxès ne pouvait être durable. Pendant quelque temps, l'un se mit au service des intérêts de l'autre ; les vaisseaux d'Évagoras formaient, en effet, la majeure partie de la flotte qui rendit aux Perses la domination de leurs côtes et de l'Archipel, et cette suprématie des Perses eut à son tour pour résultat que les murs d'Athènes furent relevés et que cette ville fut mise en état de devenir pour Évagoras une alliée indépendante. Cependant, la défiance du Grand-Roi envers Évagoras ne s'était pas éteinte, et, immédiatement après la victoire de Cnide, la tension des rapports dégénéra en hostilité. Ne fût-ce qu'en considération de sa propre sûreté,
Évagoras devait se préoccuper d'étendre sa puissance de Salamine, la ville de
la côte orientale, sur les autres villes de l'île ; or, il subsistait à Cypre
neuf ou dix petits royaumes que gouvernaient des familles helléniques ou
phéniciennes sous la suzeraineté perse[9]. Ce morcellement
assurait l'autorité du Grand-Roi. Celui-ci ne pouvait donc assister
paisiblement à l'agrandissement d'Évagoras ; il ne pouvait pas fermer
l'oreille aux sollicitations de ses vassaux assaillis dans Amathonte, Cition
et autres villes. Une île de cette dimension — sa longueur n'est pas moindre
que la distance entre le promontoire le plus méridional et le plus septentrional
du Péloponnèse —, offrant de telles ressources en métaux, bois, grains, etc.,
et une situation qui en faisait l'annexe indispensable de tout État ambitieux
de dominer la mer entre l'Asie-Mineure, La première guerre eut lieu dans l'île. Les troupes de
l'empire perse y prirent part, sous la direction du dynaste carien Hécatomnos
et d'Autophradate, satrape de Lydie ; mais cette immixtion resta sans effet
et n'empêcha pas Évagoras d'affermir et d'étendre sa puissance. Il fit de
Salamine la capitale d'un empire insulaire indépendant, qu'il organisa tout à
fait sur le modèle hellénique[11]. Il introduisit
le système monétaire rhodien et frappa des pièces d'or comme le Grand-Roi[12]. Acoris, qui
gouvernait l'Égypte séparée de On comprend maintenant la politique pacifique d'Artaxerxès
à l'égard des Hellènes. Il lui fallait sa liberté d'action, la libre
disposition de ses armées et de ses trésors. Il avait encore une autre raison
de souhaiter la pacification de Évagoras ne perdit point courage. Avec les croiseurs qu'il avait dans le canal de Cilicie, il parvint à couper les vivres à l'armée de débarquement ; il livra avec ses 200 trirèmes un grand combat naval à l'ennemi, fut heureux au début, puis battu et enfermé dans Salamine[17]. Abandonné d'Athènes, insuffisamment appuyé par l'Égypte, il se vit réduit enfin à entamer des négociations, et, après la disparition de son adversaire le plus acharné, Tiribaze[18], il eut l'habileté d'obtenir au moins la possession, à titre de vassal du Grand-Roi, de sa principauté héréditaire de Salamine (385 : Ol. XCVIII, 4)[19]. Ainsi finit l'insurrection hellénique à Cypre, ce
soulèvement qui était, à un siècle d'intervalle, la continuation des combats
livrés pour l'indépendance en Ionie et dans l'Hellade. Évagoras fut abandonné
par les Athéniens, bien qu'il eût repris l'œuvre de Cimon et vengé le sang
des guerriers athéniens qui avait coulé inutilement dans la glorieuse
bataille engagée sur terre et sur mer autour de Salamine. Les États grecs
étaient si remplis de leur jalousie mutuelle et de leurs intérêts égoïstes,
que la seule lutte nationale qui ait été soutenue en ce temps et le héros qui
avait conquis par Tel fut le principal profit que les Perses tirèrent de la
paix d'Antalcidas ; aussi cette paix fut-elle, dans toute la force du terme,
une victoire pour Pourtant, quelque grave que fût la défaite morale des
Grecs, les conséquences matérielles en furent moindres qu'on ne l'aurait pu
croire d'après le langage hautain du traité de paix. Le nouveau suzerain de Athènes avait, au temps où Sparte guerroyait en Élide et en Asie-Mineure, goûté une série d'années tranquilles, et il semble que sa prospérité se soit alors peu à peu relevée. Nous apercevons dans l'ordre financier les traces de bien des changements qui témoignent d'un certain sens économique et d'un contrôle plus sévère des travaux commandés par l'État. Ainsi, par exemple, on spécifiait maintenant dans les plébiscites les sommes affectées à la gravure de l'exemplaire officiel sur le marbre, au lieu qu'auparavant on se contentait de désigner les fonctionnaires chargés de solder la dépense[20]. Une autre innovation fut la réunion du trésor d'Athéna à celui des autres divinités dans l'acropole, et l'institution d'une trésorerie commune[21]. Ces innovations et d'autres encore ne permettent pas de démêler le lien qui les rattache à l'archontat d'Euclide[22]. En somme, on n'y peut méconnaître une louable tendance à l'épargne et à l'ordre, comme à la simplification des services publics. On ne persista malheureusement point dans cette voie, et on ne laissa pas la ville appauvrie reprendre des forces. Dès que, grâce à une sage économie, on eut de nouveau amassé quelques ressources, les anciens errements financiers recommencèrent. Sous l'archontat de Diophantos (395/4 : Ol. XCVI, 2), on distribua des gratifications au peuple, à raison d'une drachme par homme[23], et à la même époque on ressuscita l'ancien système des indemnités[24] Le principal promoteur de cette mesure fut le démagogue Agyrrhios, qui dans les affaires intérieures avait supplanté les précédents chefs de la cité, Thrasybule et Archinos, et avec eux tout le parti des démocrates modérés ; il flattait impudemment les convoitises des basses classes, et il introduisit de nouveau en leur faveur l'indemnité pour l'assemblée du peuple, ou bien il l'éleva à une demi-drachme[25]. La situation financière ne pouvait manquer de retomber à
bref délai dans le désarroi le plus complet, et la pénurie du Trésor eut pour
effet à son tour que l'on eut recours à tous les expédients imaginables pour
faire arriver l'argent aux caisses publiques. Le plus funeste de ces
expédients fut aussi par malheur le plus employé, c'est-à-dire une justice
partiale. On a une triste opinion du sens moral qui dirigeait la majorité des
citoyens en ces temps où l'on trouvait tout naturel que le Conseil, dès qu'il
ne pouvait plus couvrir les dépenses courantes, accueillît des accusations de
haute trahison pour obtenir de l'argent par confiscation[26], où les
accusateurs osaient dire aux juges que les fonds manqueraient s'ils ne
prononçaient pas la condamnation demandée, où Lysias, défenseur des malheureux
enfants d'Aristophane, déclarait ouvertement que sa tâche lui serait rendue
plus pénible par cette circonstance que, d'une part, la fortune en question
passait pour très considérable et que, de l'autre, le Trésor public avait le
plus grand besoin d'être alimenté[27]. Lysias ne se
hasarde même pas à en appeler à l'équité des citoyens contre de pareilles
pratiques ; il n'y oppose qu'une autre considération politique, en cherchant
à leur faire comprendre que le profit éphémère de confiscations illégales est
dépassé par le préjudice plus sensible qu'entraînent nécessairement pour les
citoyens les inimitiés qu'elles ont excitées[28]. Il est vrai que
l'on chercha aussi d'autres remèdes. Euripide, peut-être le deuxième poète
tragique du nom, proposa une loi par laquelle on prélèverait 2 ½ % du capital
imposable, pour réunir de cette façon une somme de 500 talents[29]. Il a donc dû
évaluer le total du capital imposable à 20.000 talents (près de 118.000.000 de francs[30]). Cette loi de finance fut naturellement
fort bien accueillie de la masse indigente ; mais le but désiré et promis ne
fut pas atteint, et l'orateur si vanté tomba promptement dans une complète
disgrâce auprès de ses concitoyens. Cela se passait au moment où Agyrrhios
arrivait à l'apogée de son crédit, et où le poète Aristophane, dans son
Assemblée des femmes (393 : Ol. XCVI, 4), gémissait sur le pitoyable état de la
ville et les meneurs incapables qui dirigeaient le peuple. Les orateurs ne
parlaient plus du tout de ce qui pouvait contribuer à l'intérêt général, mais
des avantages momentanés que la masse avait à gagner. Exploiter les fonctions
publiques à son profit personnel, et faire fortune comme ambassadeur avec les
présents de Tel était l'état d'Athènes quand commença la guerre courte Sparte. Assurément, la république était plus incapable que jamais de mener à bout avec ses propres forces une entreprise glorieuse. Alors parut Conon, et son arrivée fut pour Athènes un jour de fête comme elle n'en avait pas vu depuis la rentrée d'Alcibiade. Et combien la joie était plus pure et plus complète aujourd'hui ! C'était le patriote le plus fidèle qui revenait ; il arrivait les mains pleines ; il apportait un bonheur inespéré, sans bornes. Une vie nouvelle s'éveilla dans Athènes, un joyeux sentiment de gratitude releva les citoyens, refoula l'égoïsme et ranima le patriotisme. On offrit de riches hécatombes aux dieux sauveurs ; Conon consacra de magnifiques offrandes sur l'acropole et à Delphes[32]. Dans le Pirée, de nouveau relié à Athènes, il bâtit un sanctuaire d'Aphrodite, telle qu'on l'adorait à Cnide, en souvenir de la victoire navale de Cnide[33] ; en même temps sans doute on reconstruisit les chantiers et arsenaux que les Trente avaient détruits. Athènes, la veille une pauvre et faible ville de province, s'était, comme par un coup de baguette magique, transformée en une cité riche et puissante, alliée du Grand-Roi comme de l'opulent et triomphant roi de Cypre. Dans l'ivresse de cette prospérité, on célébra Conon comme un demi-dieu et on lui dressa une statue d'airain sur la terrasse qui domine l'agora, à côté de Harmodios et d'Aristogiton[34], honneur qui n'avait encore été conféré à aucun citoyen. A ce moment, l'Athènes d'autrefois parut se relever tout d'un coup. La mer était purgée de tous les bâtiments ennemis ; à Cythère, un Athénien était installé comme gouverneur[35], et toutes les îles et les villes côtières qui par suite de la victoire avaient fait défection à Sparte, Cos, Téos, Éphèse, Samos, Chios et les Cyclades, semblaient déjà autant de possessions nouvelles assurées aux Athéniens[36]. En outre, l'Eubée et les Chalcidiens de Thrace avaient accédé à la ligue séparatiste, qui d'ailleurs n'aurait pas abouti sans Conon. Les plans de Conon allaient plus loin encore. Sur son avis, Eunomos et Aristophane, qui avec son père Nicophémos comptait parmi les plus fidèles partisans de Conon, se rendirent à Syracuse pour engager Denys à contracter une alliance de famille avec Évagoras et à entrer dans la ligue contre Sparte, ambassade qui obtint au moins pour résultat de faire contremander le départ des navires syracusains destinés à secourir Sparte[37]. En même temps, on reconnaissait dans Iphicrate l'homme éminemment propre à ravir aussi dans la guerre continentale leur gloire aux Spartiates. Les Athéniens déployèrent sur les champs de bataille leur ancienne bravoure. Un tombeau dans le Céramique honora les guerriers tombés à Corinthe, et, au seuil du Dipylon on ensevelit Dexiléos, qui sous l'archontat d'Eubulide (394/3 : Ol. XCVI, 3) avait péri à l'âge de vingt ans, en combattant parmi les cinq chevaliers, et dont la statue de marbre a été retrouvée en bon état de conservation[38]. Ces Cinq, selon toute apparence, ont dû se signaler avant la bataille de Léchæon par quelque fait d'armes exceptionnel, et il est probable que les chevaliers, mal vus du peuple à cette époque, cherchaient l'occasion de relever leur honneur. Mantithéos, qui sous les Trente avait appartenu au corps
des chevaliers, raconte lui-même, dans le discours que Lysias a composé pour
lui, comment il se comporta au début de la guerre. Lorsque,
dit-il, vous Athéniens, vous conclûtes l'alliance
avec les Béotiens, et qu'il vous fallut marcher au secours d'Haliarte,
Orthoboulos m'enrôla dans la cavalerie. Mais, comme je voyais l'opinion
répandue que la cavalerie ne jouerait dans la lutte imminente qu'un rôle
secondaire, j'allai trouver Orthoboulos, pendant que d'autres passaient
indûment dans la cavalerie, et me fis rayer de la liste des cavaliers, car je
tenais pour honteux de prendre part à cette campagne en toute sécurité personnelle,
tandis que la majorité de mes concitoyens aurait à courir des dangers. Lors donc
que les jeunes gens de mon dème se furent rassemblés avant le départ, et que
je vis parmi eux quelques hommes braves et courageux, mais qui manquaient des
ressources nécessaires pour s'équiper, j'émis la proposition que les plus
fortunés devaient assister les indigents, et je fis moi-même cadeau à deux
hommes de trente drachmes chacun. Quand plus tard on entreprit l'expédition
de Corinthe et qu'un grand nombre demeurèrent en arrière, parce qu'il était
évident qu'il y aurait de grands risques à courir, je réussis à combattre au
premier rang, et, bien que notre tribu eût souffert plus que toutes les
autres et perdu la plupart des siens, je reculai pourtant plus tard que le
digne Thrasybule, qui aime à adresser à tout le monde le reproche de lâcheté[39]. Cette peinture nous donne une idée exacte de ce qui se passait au début d'une guerre, lors d'une levée en Attique : on v voit que tantôt l'argent et les objets d'équipement, tantôt le courage faisait défaut. De l'argent, Conon en apporta, et, pour suppléer à l'absence de courage chez les citoyens, on eut des mercenaires ; on ne manqua même pas d'habiles capitaines. Mais ce qui manqua dans toute la guerre, du commencement à la fin, ce fut un but déterminé et un véritable homme de confiance, capable de diriger et de soutenir la république. Le parti de la paix, appuyé par tous ceux qui aimaient leurs aises, le parti d'Andocide, paralysait les efforts. Enfin, même les patriotes, ceux qui voulaient la guerre, n'étaient pas d'accord entre eux. Thrasybule de Stiria fut appelé à les diriger, mais ce n'était rien moins qu'un personnage populaire, comme le prouve la raillerie de Mantithéos. Il commit la faute, comme jadis Thémistocle, de se targuer de ses services trop haut et trop fréquemment ; il se croyait, à titre de libérateur d'Athènes, des droits supérieurs à ceux des autres. Aussi entra-t-il en conflit même avec son vieux compagnon Archinos, et fut condamné sur la plainte de ce dernier pour une proposition illégale[40]. Ses airs d'importance déplurent au public, et l'on comprend que l'on se soit senti plus à l'aise sous la direction d'un Agyrrhios[41]. L'apparition de Conon améliora soudain la situation. On se
retrouva en face d'abondantes ressources et de fermes desseins. Tout se
rassembla de nouveau autour d'un seul homme Mais l'influence de Conon fut de
courte durée. Agent de Après l'éloignement de Conon, Thrasybule reparut au
premier plan. Mais nous avons vu combien sa situation était fausse et ses
ressources insuffisantes. En outre, on éprouvait de la méfiance contre les
généraux envoyés au dehors, de qui on attendait l'exécution ponctuelle de
leurs instructions tout en leur prescrivant d'entretenir eux-mêmes leur
armée. La méfiance contre Thrasybule grandit au point que lui, le libérateur
d'Athènes, on le crut en voie d'aspirer à la tyrannie. Après sa mort, les
choses allèrent plus mal encore quand Agyrrhios prit le commandement des vaisseaux
sans pouvoir rien faire. Il se livra des combats par-ci par-là, sans unité,
sans objectif : on n'avait aucune prise sur Sparte ; il fallait se borner à
veiller à ce qu'elle ne conclût pas avec C'est là par conséquent que la politique d'Antalcidas devait soulever la plus vive opposition. Les Athéniens en effet pouvaient moins que personne s'y prêter sans encourir la plus profonde humiliation, s'il leur fallait abandonner les villes dont ils avaient revendiqué la protection comme un droit de la métropole, et de plus abandonner leur plus grand bienfaiteur, le noble Évagoras, auquel ils venaient de dresser une statue sur l'agora. C'est en faveur d'Évagoras que le parti de Conon fit ses derniers efforts. Surtout Aristophane, fils de Nicophémos, avait travaillé à appuyer les sollicitations du roi, qui demandait du secours. Il avait même engagé dans cette affaire la plus grande partie de sa fortune et amené ses amis, par ses prières et ses cautions, à faire des avances au Trésor public[44]. Le désastre qui frappa les navires en route pour Cypre entraîna probablement la chute d'Aristophane et de son père. Tous deux furent accusés de haute trahison et, sans enquête régulière, exécutés en vertu de la loi martiale (389)[45]. C'était une victoire du parti de la paix, qui condamnait les complications extérieures de toute sorte. Pourtant, la cause d'Évagoras ne fut pas abandonnée encore. Chabrias, l'année suivante, passa la mer avec dix vaisseaux et 800 mercenaires et accomplit de grandes choses. Quelles perspectives ouvertes si l'on poussait plus loin la victoire, si l'on maintenait cette union étroite, fondée sur des intérêts semblables, avec les princes des deux plus riches pays de l'ancien monde, dont les ressources étaient mises à la disposition des Athéniens ! C'est juste à ce moment qu'arriva l'injonction d'accéder à
une paix qui, en réalité, allait être conclue contre les princes de Cypre et
d'Égypte. A coup sûr, une partie considérable du peuple s'opposa à ce qu'on
rappelât de Cypre le général victorieux et qu'on rompît déloyalement un pacte
dont les fruits commençaient à mûrir. Mais le parti de la paix l'emporta. Les
Spartiates furent assez habiles pour se contenter provisoirement de
l'abaissement d'Argos, de Corinthe et de Thèbes. On fit des concessions aux
Athéniens, et comme, en ce qui concernait l'Archipel, on n'avait arrêté
aucune disposition spéciale, ils purent se flatter de l'espoir de reconquérir
peu à peu l'empire des îles. Tout d'abord, il leur importait de sortir de la
détresse qu'avaient amenée chez eux les pirateries des Éginètes et la
privation des convois de l'Hellespont. Leur acquiescement fut décisif et
marqua la fin de cette guerre de huit ans qui, sous tous les rapports, avait
porté à C'était une guerre commencée par les Perses et terminée par les Perses ; une guerre qui, dès le début, avait étouffé le sentiment national et bien peu contribué à réveiller l'énergie et le courage. Le plus grand profit était échu aux Athéniens, sans leur concours, car la plus importante victoire avait été remportée sans eux. Mais la petite guerre que les Grecs s'étaient faite entre eux était plutôt une sorte de brigandage, qui assauvagit le peuple et ruina le pays sans remède. Agésilas transporta dans l'Hellade la manière de combattre employée contre les Barbares ; il mit le pays ennemi à feu et à sang, fit déraciner les arbres fruitiers, et exerça sans pudeur la traite humaine sur ses compatriotes. Jamais non plus citoyens d'une même ville ne luttèrent entre eux avec plus d'acharnement et de passion qu'à Corinthe. Mais le résultat le plus sérieux de la guerre, c'est la
transformation occasionnée dans l'organisation des armées par les campagnes
d'Asie. Car pendant que les États de Jadis on n'avait vu s'engager au service de l'étranger que des individus sans véritable patrie, c'est-à-dire n'appartenant pas à une société politique organisée qui pût tirer pour elle-même parti de leurs forces, comme les Arcadiens, les Crétois, les Cariens, les Thessaliens ; puis les individus expulsés de leur pays, gens sans domicile et menant une existence précaire. Mais depuis que, grâce à Cyrus, l'état de mercenaire avait brillé d'un nouvel éclat, le goût s'en répandit chaque jour davantage. Jusque-là, n'avoir point de patrie était le plus grand malheur qui et frapper un Grec : maintenant les choses avaient changé. Les divisions et la guerre civile avaient détruit le patriotisme local et l'attachement au sol natal. Ce sentiment avait fait place à des aspirations vers les perspectives lointaines, au goût des aventures. Aussi les natures les plus nobles, comme Xénophon par exemple, ne se faisaient pas scrupule de prendre du service auprès d'un prince perse, quand l'occasion s'offrait d'accomplir des exploits chevaleresques. L'orgueil national y trouvait d'ailleurs une ample satisfaction, et chaque jour perçait avec plus de vivacité l'idée que la bravoure et la civilisation grecques étaient appelées à transformer les pays de l'Orient. Le système de recrutement des mercenaires grecs en Asie Mineure réagit sur la mère patrie. Il florissait depuis longtemps déjà sur mer, et souvent une flotte avait cherché à affaiblir l'autre par l'élévation de la paie. Mais sur le continent, la guerre de Corinthe fut le début et l'isthme la patrie des armées mercenaires. Un certain Polystratos y recruta des troupes avec l'argent de Conon. Iphicrate en prit le commandement, et c'est lui qui assigna au soldat mercenaire son rôle et sa place dans l'histoire grecque en accomplissant une réforme très opportune dans l'organisation militaire d'Athènes[46]. La fourniture d'un équipement complet supposait l'aisance ; or, le nombre des citoyens aisés s'était bien réduit, et ceux qui pouvaient le plus facilement faire face aux dépenses étaient précisément les plus amollis et les plus délicats : ils ne constituaient pas, à coup sûr, le meilleur élément pour la guerre. Les armes pesantes étaient calculées uniquement en vue de l'ancienne manière de combattre ; elles supposaient des fronts de bataille réguliers, qui supprimaient l'habile utilisation du terrain et les mouvements tactiques ; elles étaient calculées de manière à ménager le plus possible le sang des citoyens. Le guerrier, équipé de pied en cap, avait auprès de lui un valet pour lui porter son bouclier et prendre soin de ses armes. Avec ce système, l'armée se trouvait inutilement grossie, et la facilité de ses mouvements en était entravée. En outre, Iphicrate comprit que dans une guerre avec Sparte, qui restait invariablement attachée à son ancienne organisation militaire, une innovation intelligente était le meilleur moyen de s'assurer la supériorité sur l'ennemi. Démosthène avait déjà, grâce à l'emploi de troupes légères et d'une tactique nouvelle, remporté d'importants succès ; Iphicrate exécuta une série de modifications radicales. Il allégea les armes défensives, en introduisant un bouclier rond plus petit et en remplaçant les jambières d'airain par une espèce de guêtres ; par contre, il rendit les armes offensives plus efficaces en allongeant la lance et en substituant au glaive l'épée[47]. Cet armement plus léger permit aux hommes d'emporter plus de provisions et d'effectuer des marches plus longues. C'est ainsi qu'il créa la nouvelle infanterie de ligne, les peltastes, incomparablement plus propres aux manœuvres rapides dans les défilés et les montagnes que les lourdes masses des milices citoyennes. Les rapports du général étaient tout autres avec ces troupes recrutées qu'avec ses concitoyens. Parmi les mercenaires pouvait et devait régner la plus sévère discipline ; il y avait moins à les ménager ; ils relevaient immédiatement de la personne du général, qui leur procurait solde, honneur et butin ; les mercenaires d'Iphicrate le suivirent de Corinthe jusqu'à l'Hellespont. Iphicrate, de basse origine lui-même, avait une nature éminemment propre au maniement des hommes Il était d'une impitoyable sévérité et pourtant aimé. Il pouvait se risquer à abattre sur place une sentinelle qu'il trouvait endormie ; il savait dompter les plus farouches et exploiter leurs passions dans l'intérêt du service ; il déclarait sans ambages que les plus avides d'argent et de plaisirs étaient ses préférés. Tout dépendait de l'humeur des hommes, et Iphicrate, avec son grand talent de commandement et d'organisation, possédait aussi le don de trouver le mot juste au moment opportun. En un laps de temps incroyablement court, la nouvelle armée fut prête et donna aussitôt aux Athéniens une supériorité décidée sur les champs de bataille. La seule défaite que les Spartiates aient essuyée pendant la guerre leur fut infligée par les peltastes. Sans nul doute, Iphicrate a médité de tout autres plans
encore que ceux qu'il a pu réaliser. Qui croira qu'il n'ait eu d'autre but en
accomplissant ces réformes militaires que d'exécuter de temps à autre un coup
de main heureux ? Il n'était pas seulement un hardi chef d'armée, mais une
tête politique, au regard pénétrant et aux vastes Pensées. De tous ceux qui
appuyèrent la politique de Conon et cherchèrent à assurer à Athènes le fruit
de ses bienfaits, c'est lui qui a le plus fait, et de beaucoup. Il a montré
comment il fallait enfoncer les portes de C'est à cette heureuse réforme de l'armée qu'Athènes dut
un tel essor de sa puissance qu'elle a pu même sur terre humilier Sparte,
terrifier l'Arcadie et songer à l'établissement d'une place d'armes
athénienne dans D'autre part, les funestes conséquences de l'innovation se firent aussi bientôt sentir. La solidarité intime de l'armée et de la cité, cette union étroite sur laquelle reposait la force des anciens États, se relâcha. Tout ce que fut l'armée, elle le fut grâce 'à son général. Les citoyens se retirèrent de plus en plus du service militaire ; il se forma une caste militaire, tenue en dehors de la vie civique, une classe d'hommes remuants, sans patrie, épiant toujours l'occasion d'exercer le métier des armes et dont la présence, par conséquent, augmentait singulièrement le danger dès qu'il éclatait quelque part la moindre échauffourée. L'argent désormais décidait de tout. Pour de l'argent, les soldats se laissaient enrôler sans s'informer de la cause dont il s'agissait. C'était l'argent qui maintenait la cohésion parmi les troupes. Les corps des Hellènes, dit Lysias, appartiennent à ceux qui peuvent payer[50]. Ainsi le peuple se divisa en deux moitiés : la première, continuellement sous les armes, devint étrangère à la patrie ; la seconde, la véritable cité, se déshabitua du service militaire. Au lieu de la bravoure calme du citoyen sédentaire, qui combattait pour sa maison et son foyer, ce qui décida de la fortune des États, ce fut la fougue brutale d'aventuriers sans patrie, gens dont la conduite dépendait du caractère des chefs, et dont la fidélité durait juste aussi longtemps que les ressources de la caisse militaire. Ce fut un malheur pour Athènes qu'elle ait ressenti plutôt les fâcheux résultats que les bons effets du système des mercenaires. Athènes était la seule ville où cette troupe eût été organisée avec un génie créateur et dans un esprit patriotique, et où elle obtint aussitôt le plus grand succès ; mais ce succès, on ne sut pas le conserver : on n'eut pas le courage de laisser faire le général des mercenaires, et il en résulta que ses hauts faits restèrent sans influence sur le dénouement de la guerre. Ce fut surtout le malheur d'Athènes que, pendant toute la durée de la guerre, elle flotta çà et là sans consistance entre des tendances politiques de la nature la plus diverse ; des hommes comme Thrasybule et Archinos, Agyrrhios, Conon, Andocide, Iphicrate, ont eu du crédit l'un après l'autre et même l'un à côté de l'autre. Aucun d'eux n'est devenu, d'une façon durable, l'homme de confiance de la république et le chef de la cité. Aussi ne pouvait-il être question d'une politique ferme ; on s'accoutuma à attendre du dehors les impulsions et les résolutions, au lieu de se proposer et de poursuivre des fins particulières avec une énergie continue. Il s'ensuivit qu'Athènes, en dépit des divers succès isolés qu'elle remporta pendant cette guerre, avait en somme plus perdu que gagné. A la fin de la lutte, elle était plus profondément ébranlée qu'auparavant : elle avait perdu tous ses alliés ; elle avait trouvé ses meilleurs citoyens suspects, et elle avait reconnu de nouveau l'insuffisance de ses propres ressources ; il lui fallut enfin, sous la pression de la nécessité, conclure une paix qui atteignait profondément l'honneur de la cité et ne répondait en rien au but primitif de la guerre. Celle-ci n'avait été qu'un soulèvement contre Sparte, commencé à seule fin de lui disputer le droit d'intervenir dans les affaires des autres États. Or, à la fin de la guerre, la prépondérance de Sparte reposait sur une base nouvelle, dont elle tira parti pour s'arroger, avec une plus grande assurance que par le passé, le droit d'immixtion dans le régime intérieur des autres États. Sparte avait, sous les formes les plus variées,
invariablement maintenu sa vieille politique. Indifférente à l'honneur
national, elle ne tendait qu'à dominer en Grèce ; elle acceptait sans y
regarder tout appui qu'elle pouvait trouver pour ses prétentions à
l'hégémonie. Ces prétentions, elle les avait fait valoir par les armes, par
les traités et par l'autorité divine. Ces moyens étant devenus impuissants et
la guerre du Péloponnèse ayant été terminée en fait par le Grand-Roi, c'est
ce monarque que l'on présente dans toutes les formes comme l'autorité
destinée, en l'absence de toute autre, à régler en faveur de Sparte
l'équilibre politique de Sparte occupait maintenant la situation la plus favorable. Elle avait déjà de longue date des adhérents dans tous les États, et elle était toujours considérée par la majorité des Grecs comme l'État appelé à la direction des affaires nationales. Lysias ne disait-il pas l'année même qui précéda la paix : Les Lacédémoniens passent pour les chefs des Hellènes, et à bon droit, à cause de leur bravoure innée, de leur science militaire, et parce que seuls ils habitent un pays qui n'a jamais été ravagé, sans forteresses, sans discordes civiles, invaincus, et toujours sous l'empire de la même constitution[52]. Sparte était sortie victorieuse de tous les dangers ; toutes les coalitions contre elle avaient avorté il n'y avait plus d'ennemi en campagne, ni d'État énergique nulle part ; le désir de la paix était général, et, si la nouvelle forme de l'hégémonie choquait bien des gens, le sentiment de l'honneur national s'était trop émoussé dans la grande masse pour que la grandeur de Sparte en fût compromise. Les autres États aussi s'étaient humiliés devant le Grand-Roi, et Sparte n'avait fait, en définitive, que montrer plus d'habileté que ses rivaux à gagner le puissant allié et à s'assurer de son appui. En tirant prudemment parti de la paix, Sparte aurait pu
arriver à tout et habituer peu à peu les États à une subordination pacifique.
Mais ce n'est pas à cela que songeait Sparte ; son ambition n'était point
satisfaite, mais pressée d'un nouvel aiguillon ; elle n'était pas au terme,
mais au début de ses plans. Dix-neuf ans après la bataille d'Ægospotamoi,
elle voyait pour la seconde fois ses ennemis désarmés, et ce qu'elle voulait
maintenant, c'était mener à bonne fin, avec plus d'habileté et un meilleur
succès, l'œuvre commencée alors. Elle ne voulait avoir dans |
[1] Sur les délibérations du congrès de Sparte, voyez XÉNOPHON, Hellen., V, 1, 32-33.
[2] XÉNOPHON, Hellen., V, 1, 36. PLUTARQUE, Artaxerxès, 21.
[3] XÉNOPHON, Hellen., V, 1, 33.
[4] PAUSANIAS, IX, 1, 4.
[5] XÉNOPHON, Hellen., V, I, 34.
[6] PLUTARQUE, Agésilas, 23.
[7]
ARISTOTE, Phys.
auscult., IV, 3, p. 310 b :
[8] ISOCRATE, Panégyrique, § 117. De Pace, § 97.
[9] Les inscriptions cunéiformes permettent d'affirmer l'existence de dix principautés à Cypre (RAWLINSON, Herodotus, I, p. 483. BRANDIS, Assyrien in Paulys Realencyclopädie, I, p. 1898).
[10]
DIODORE, XV, 9.
ISOCRATE, Évagoras,
§ 64. Ces dix ans se décomposent comme il suit : De 394 à 391, soumission des
principautés cypriotes (DIODORE,
XIV, 98) : de 391 à 387, guerre avec
[11] ISOCRATE, Evag., § 47-50.
[12] BRANDIS, Münzwesen, p. 364 sqq.
[13] Le roi Nephereus envoie des secours aux Spartiates en 396 (DIODORE, XIV, 79). Acoris régnait depuis 392 environ (DIOD., XIV, 98. XV, 2 sqq.).
[14] XÉNOPHON, Hellen., V, 1, 10. CORN. NEPOS, Chabrias, 2.
[15] ISOCRATE, Evag., § 62. DIODORE, XV, 2.
[16] DIODORE, XV, 2. L'armée de terre, commandée par Oronte, montait à 300.000 hommes (DIOD., ibid.).
[17] DIODORE, XV, 3.
[18] Tiribaze, à la suite de rapports calomnieux, est destitué (DIODORE, XV, 8).
[19] DIODORE, XV, 9. Cf. ISOCRATE, Evag., § 63.
[20]
R. SCHÖNE, Griechische
Reliefs, p. 17. W. HARTEL, Studien
über attisches Staatsrecht und Staatsurkunden, p. 130 sqq.
[21] KIRCHHOFF, Bemerkungen zu den Urkunden des Schatzes der anderen Götter, p. 54. SCHÖNE (op. cit., p. 29) a reconnu une représentation symbolique de cette réunion des deux départements du Trésor dans le groupe d'Athéna et Déméter.
[22]
On manque de documents émanant de
[23] BÖCKH, Staatshaushaltung, I, p.
235 sqq.
[24] ARISTOPHANE, Eccles., 308.
[25] Cf. ARISTOPH., Eccles., 184, SIEVERS, op. cit., p. 99. On sait que c'est là une question mal élucidée, et il n'est pas inutile de rappeler les éléments de la discussion. Harpocration (s. v. Θεωρικά) et le scoliaste d'Aristophane (ad Eccles., 102) attribuent l'invention de la solde ecclésiastique à Agyrrhios ; mais on entend dire aussi que cette solde a été instituée par un certain Callistratos (Parœm. Græc., I, p. 437), et portée à trois oboles par Cléon (SCHOL. AR., Plutus, 330). Le système des indemnités autres que la solde militaire ayant été aboli à la suite du coup d'État de 411 (THUCYD., VIII, 97), la gratuité des services publics se maintint quelque temps mais la μισθοφορία rentra peu à peu dans les mœurs et les lois. Agyrrhios a dû ou rétablir la δίαιτα des ecclésiastes ou la porter de 1 à 3 oboles (½ drachme). Les contradictions relevées entre les textes, et qui proviennent sans doute de la confusion faite par les auteurs entre les diverses sortes d'indemnités, expliquent qu'il reste là des points obscurs.
[26] Sur les confiscations, voyez BÖCKH, Staatshaushaltung, I, p. 518.
[27] LYSIAS, Orat. XIX, § 11. Cf. BLASS, Attische Beredsamkeit, p. 526.
[28] LYSIAS, Orat. XVIII, § 17.
[29] ARISTOPHANE, Eccles., 824 sqq.
[30] BÖCKH, Staatshaushaltung, I, p.
642.
[31] DEMOSTH., De fals. legat., § 277. Timocrate était l'agent d'Artaxerxès.
[32] Ce sont des offrandes faites par testament (LYSIAS, Orat. XIX, § 39).
[33] Le sanctuaire était dédié à Aphrodite Εΰπλοια (PAUSAN., I, 1, 3). Cf. DEMOSTH., in Androt., § 72.
[34] DEMOSTH., in Leptin., § 70. Elle était groupée avec celles de Timothée et d'Évagoras devant le portique de Zeus Eleutherios (PAUSAS., I, 3, 2). Cf. E. CURTIUS, Attische Studien, II, p. 20.
[35] Nicophémos, gouverneur de Cythère (XÉNOPHON, Hellen. IV, 8, 8). Sur les conséquences de la victoire de Cnide, voyez BÖCKH, Staatshaushaltung, I, p. 546.
[36] DIODORE, XIV, 84. Statues de Conon et de Timothée à Samos et à Éphèse (PAUSANIAS, VI, 3, 16).
[37] LYSIAS, Orat. XIX, § 19 (d'après la correction de Sauppe).
[38] RANGABÉ, Eunomia, 31 mai 1863. Götting. Nachrichten, 1863, p. 100. SALINAS, Monumenti sepolcrati scoperti in Atene, 1863.
[39] LYSIAS, Orat. XVI, 13-15. Sur le rôle de Thrasybule, cf. Philologus, XVII, p. 445.
[40] ÆSCHINE, in Ctesiph., § 195.
[41] Agyrrhios amiral à la place de Thrasybule (XÉNOPHON, Hellen., IV, 8, 31).
[42] LYSIAS, Orat. XIX, 39. Cf. RAUCHENSTEIN, Lysias.
[43]
LYSIAS, Olympic.,
[XXIII], § 4-5. Cf. SCHÄFER in Philologus,
XVIII, p. 188.
[44] LYSIAS, Orat. XIX, 21 sqq.
[45] LYSIAS, Orat. XIX, 7.
[46] DÉMOSTHÈNE, Philipp., I, § 23. Cf. ARISTOPHANE, Plutus, 173. HARPOCRATION, s. v. ξενικόν.
[47] DIODORE, XV, 44. CORN. NEPOS, Iphicrate, 1.
[48] DIODORE, XIV, 92.
[49] ARISTID., Panathen., § 167. Cf. REHDANTZ, Vitæ Iphicratis, Chabriæ, Timothei, p. 16.
[50] LYSIAS, Orat. XXXIII, § 5.
[51] Sur la paix d'Antalcidas considérée comme une conséquence de la vieille politique de Sparte, consulter principalement l'article de HERBST (N. Jahrbb. für Philologie, LXXVII, p. 704).
[52] LYSIAS, Orat. XXXII, § 7.