HISTOIRE GRECQUE

TOME DEUXIÈME

LIVRE DEUXIÈME. — DE L’INVASION DORIENNE AUX GUERRES MÉDIQUES (SUITE).

CHAPITRE QUATRIÈME. — L’UNITÉ GRECQUE.

 

 

§ IV. — L’ORACLE DE DELPHES ET LA SCIENCE.

L’extension des colonies permit aux prêtres de mieux connaître le monde, ce qui rehaussa encore la grandeur souveraine de l’oracle. Quand Alyatte malade fit consulter le dieu de Delphes, on savait là déjà qu’un sanctuaire d’Athéna gisait en ruines à Assesos, dans le territoire de Milet, et on refusa au roi toute réponse jusqu’à ce qu’il l’eût relevé[1]. Les idiomes étrangers, que les Hellènes ne voulaient pas, du reste, se donner la peine d’apprendre, les oracles les connaissaient. On entendait les prêtres ou les sibylles parler la langue carienne ou libyenne[2]. La connaissance des lieux, chez les prêtres, était même si précise que, lorsqu’on voulait les rendre responsables de l’échec d’une colonie, ils pouvaient l’attribuer régulièrement ou à quelque désobéissance, ou à quelque fausse interprétation de la sentence divine. C’est ainsi que le dieu se justifia victorieusement vis-à-vis des Cyrénéens. Comme ils se plaignaient du succès médiocre de leur première fondation, il les déclara coupables d’avoir négligé, malgré l’ordre divin, de cultiver le continent ; et quand, plus tard, ils partirent de Cyrène pour ce jardin fertile d’Irasa qui les attirait, ils se mirent encore dans leur tort ; car cette vallée enfoncée n’était nullement un lieu convenable pour une grande ville, et, l'oracle savait bien qu’à une colonie libyenne il fallait avant tout un emplacement élevé, dégagé, sous un ciel percé de trous[3], c’est-à-dire, sous un climat qui provoque la précipitation des vapeurs atmosphériques. En effet, sur le plateau de Cyrène il se forme beaucoup plus de nuages et il tombe beaucoup plus d’averses que dans les terrains bas et sur le rivage[4].

Dans les sanctuaires d’oracles, on enregistrait avec la plus grande exactitude toutes les nouvelles apportées par les navigateurs ; c’était la seule manière possible de centraliser les résultats de tous les nouveaux voyages ; et alors, par des représentations figurées, on cherchait à faire saisir aux yeux la situation des parages déjà occupés, comme de ceux qui restaient encore libres et qui du reste étaient propres à la colonisation. De telles recherches furent faites fréquemment dans les centres sacerdotaux où naquit la géographie antique, avant que Milet ne vît se développer l’art de dessiner la terre et qu’Anaximandre n’eût fait entrer dans le domaine de l’étude scientifique de la nature le tracé des cartes géographiques[5]. L’influence sacerdotale sur l’étude de la terre, chez les Grecs, est visible, et au besoin ce seul fait l’établirait, que, jusqu’au temps de Démocrite, Delphes fut considérée comme le centre matériel du monde habité, comme le nombril de l’univers. Dans les cours des temples, on voyait aussi classées et conservées les productions naturelles des contrées les plus diverses ; ce furent là les plus anciennes collections de curiosités historiques ou naturelles[6]. Un sanctuaire prophétique n’était donc pas seulement l’œil prévoyant du peuple et sa conscience religieuse ; c’était encore sa mémoire ; c’est, en un mot, le berceau de toute la science historique des Hellènes.

Ainsi, au milieu des vicissitudes rapides des générations humaines, une seule chose, partout, demeurait immuable : la religion. C’est à l’ombre des sanctuaires que se conservaient les plus anciennes traditions ; aussi les préposés aux saints lieux ont-ils pour mission de maintenir ce lien qui unit entre elles les générations ; et quand Platon, dit dans les Lois, qu’on doit dresser dans les sanctuaires les tables commémoratives des actes publics[7], il se conforme en cela à une coutume généralement pratiquée chez les Hellènes. En effet, on n’eût su trouver une meilleure place pour garder les documents de toute sorte : ni détournement, ni falsification n’y était possible. Déjà, relate la légende, Ulysse avait gravé sur le piédestal d’une statue de Poséidon le contrat passé avec les gardiens de ses chevaux[8]. Plus tard, les sanctuaires des confédérations, Delphes, Olympie, le Lacinion d’Italie, le Panionion, etc., furent les dépôts naturels où l’on conservait toutes les archives concernant les affaires communes[9]. Enfin, les prêtres eux-mêmes ont tenu des registres de toute sorte, où ils notaient tout ce qui touchait au rituel du culte et aux formules de prière, ou bien encore aux personnes ou aux événements qui intéressaient le sanctuaire[10]. Les desservants des sanctuaires nationaux étaient donc des fonctionnaires très occupés ; ils devaient inscrire le revenu de la divinité, les sommes d’argent et les trésors déposés auprès d’elle, et en tenir une comptabilité très exacte ; en outre, copier soigneusement les réponses prononcées, rassembler et ordonner les faits de l’histoire contemporaine qui pouvaient leur être utiles à connaître. C’est ainsi que, dans ce milieu, le calcul et l’écriture se perfectionnèrent de bonne heure, et que, de ce côté encore, les prêtres ont dû donner à la civilisation grecque un puissant élan.

Un peuple aussi richement doué que les Hellènes de sentiment poétique et d’imagination active ne devait pas avoir, naturellement, un grand penchant pour l’écriture[11]. Plus ils aimaient la parole vivante, plus ils en appréciaient et en augmentaient la puissance, moins ils comptaient en trouver l’équivalent dans des signes muets. Si donc les Ioniens, avides de savoir, s’approprièrent de bonne heure cette invention, ce fut dans un but tout autre que celui de communiquer leurs pensées. Ainsi, on employa les signes dans les transactions commerciales, pour marquer le prix et le nombre des objets, ou encore pour fixer les noms et les formules qu’il était utile de retenir sans altération ; mais l’instinct hellénique s’est longtemps refusé à étendre l’écriture à d’autres usages ; ce qui en est déjà une preuve, c’est que leur langue, si riche d’ailleurs, n’a jamais eu un mot spécial pour traduire l’idée d’écrire, et que, pour celle de lire, elle n’a qu’une expression compliquée et lourde qui signifie proprement reconnaître. Un seul et même mot leur suffit pour rendre écrire et peindre ; et de fait, les lettres tracées sur les vases peints des Grecs servent plutôt d’ornements que de signes explicatifs ; on en peut dire autant de celles qu’on trouve figurées, assez parcimonieusement, sur les monnaies, et qui sont comme de petits dessins. Les plus anciens monuments littéraires attestent avec la dernière évidence] qu’entre l’âge de la poésie et celui de la composition écrite il y eut des siècles d’intervalle, pendant lesquels la langue put s’altérer essentiellement. Bien des coutumes de la vie publique, les proclamations faites au peuple par la voix des hérauts, le mode ancien d’élection, etc., prouvent aussi que les Grecs s’habituèrent lentement à l’usage de l’écriture. Et le témoignage le plus concluant, c’est que, à l’époque où elle était répandue le plus généralement, on considérait encore les caractères comme quelque chose d’étranger, et qu’on les appelait signes phéniciens[12].

En réalité, aucune importation étrangère n’a passé dans la vie du peuple grec avec moins d’altérations et de modifications que l’écriture, le plus noble produit de la civilisation orientale. L’esprit inventif des Égyptiens l’avait formée ; les Phéniciens l’ont remaniée dans le sens pratique, et en ont fait un instrument utile pour les relations internationales. Ensuite les vingt-deux caractères phéniciens ont été adoptés, tous sans exception et dans le même ordre, par les Grecs du littoral ; on ne les a modifiés plus tard que successivement, et conformément aux besoins nouveaux[13] ; en sorte qu’il n’y a pas de terrain où l’on découvre par des traces plus visibles et la dépendance originelle de la civilisation grecque par rapport à l’Orient, et aussi cette initiative personnelle qui pousse au progrès.

La première déviation à constater, c’est qu’on donna aux voyelles une expression propre. Quatre signes de la série phénicienne devinrent des voyelles, et, pour les compléter, on y ajouta, comme vingt-troisième signe, le y. Tel est le plus ancien alphabet grec, que nous trouvons dans les îles où les colonies phéniciennes ont laissé les vestiges les plus durables, à Théra, à Mélos, et en Crète.

Des modifications plus importantes se produisirent quand on chercha à accommoder aux différentes prononciations locales les éléments ainsi transmis. On avait des sifflantes à l’excès. Aussi, dans le plus ancien alphabet, l’une d’elles est déjà affectée au son du Zêta, particulier aux Grecs ; à une autre on donna la valeur de la double consonne ks ; puis on inventa, pour la double consonne ps aussi bien que pour l’aspiration des labiales et des gutturales ch, ph, des signes nouveaux, qui furent ajoutés aux vingt-trois signes primitifs sans qu’on changeât rien à leur ordre. Ces lettres ‘devinrent la propriété commune de tous les Grecs ; mais les modifications subies ne furent pas partout identiques ; certains systèmes d’écriture se formèrent, notamment l’oriental et l’occidental, où les caractères nouveaux avaient une valeur différente.

Enfin on distingue une troisième période, où on imagina une notation écrite pour l’allongement des voyelles. Le signe de l’h aspirée (H), qui parut superflu aux Ioniens, prit la valeur de l’e long, et avec l’o on fit une lettre nouvelle, le grand o ou Omega qui, étant le produit le plus récent de cette formation de l’écriture grecque, fut placé à la fin de la série complète, comprenant désormais vingt-sept signes : c’est là l’alphabet ionien, qui prit une forme définitive dans la période comprise entre 540 et 460 avant J.-C.

Ainsi on s’est peu à peu assimilé l’élément étranger ; et l’esprit national des Grecs s’est affirmé en utilisant ces matériaux avec une sagesse ménagère, en modifiant selon ses convenances les lettres surabondantes, en écartant tout ce qui encombrait l’écriture, en trouvant une figuration toujours plus complète et plus claire de tous les groupes de sons, en donnant enfin, d’après son sens esthétique inné, une simplicité noble et une façon artistique aux signes qu’il avait reçus des autres. Une différence particulièrement caractéristique est à noter dans la direction de l’écriture : d’abord, les Grecs, à l’exemple des Phéniciens, avaient écrit de droite à gauche ; après d’assez longs tâtonnements, le système contraire s’établit, et ici encore nous avons tout motif de reconnaître une influence religieuse.

Le Grec, qui observait le ciel pour y chercher un présage divin, se tenait debout tourné vers le nord ; pour lui la droite était le côté heureux, parce que c’était celui de l’Orient et de la lumière. De ce côté se fixait le regard de l’observateur ; de ce côté devaient être dirigés tous les mouvements dont on se promettait un effet favorable. Comme on se tournait à droite pour la prière, la coupe qui servait au festin du sacrifice, le casque qui contenait les sorts, la cithare destinée à célébrer les dieux, circulaient à main droite[14]. Ulysse, déguisé en mendiant, commence par la droite, pour que ce soit de bon augure, à passer dans les rangs des prétendants ; même c’est sur l’épaule droite que le Grec rejetait son manteau. Or, comme toutes les idées des Grecs à ce sujet sont venues d’une préoccupation religieuse, c’est sans doute par l’initiative des prêtres que l’écriture, après une période d’indécision[15], aura pris définitivement la direction de gauche à droite ; et cette direction aura tout d’abord été adoptée quand on avait à transcrire les formules sacrées[16]. Cette innovation se répandit surtout dans les cultes mystiques, dont les archives à Phénéos, par exemple, étaient gardées entre deux grands couvercles de pierre, comme dans une arche d’alliance. Ici donc l’écriture servait plutôt à garder un secret qu’elle n’était un moyen de publicité. Les matières même qu’on employait pour l’écriture prouvent que c’est grâce à l’action des prêtres qu’elle a été acceptée. L’emploi du cuivre[17], qui d’ordinaire répondait particulièrement à certaines intentions religieuses, est déjà un témoignage ; mais l’usage des peaux, adoptées notamment par les Ioniens, est encore plus significatif. En effet, à l’origine, on prenait les peaux des victimes pour transcrire les sentences sacrées et les traités ; les réponses de l’oracle pythique furent notées et recueillies sur des peaux de mouton, travaillées comme du parchemin. C’est sous cette forme qu’on peut se figurer les collections des archives delphiques, ou celle d’Onomacrite[18].

Dans la Grèce européenne, l’écriture s’est introduite en divers endroits indépendamment les uns des autres, et tout d’abord en Béotie, où elle fut étroitement. liée au culte d’Apollon. Les plus anciens caractères cadméens se voyaient à Thèbes, dans le sanctuaire d’Apollon Isménien, sur les trépieds qui y étaient dressés[19] ; l’inscription y avait été apposée comme charte de fondation, comme l’attestation de la propriété divine. Les prêtres transcrivaient dans leur forme solennelle les prières, surtout les imprécations et les excommunications, pour prévenir les crimes par cette publicité même ; enfin ils employaient l’écriture pour orner l’édifice de sentences morales, remarquables par leur extrême concision. Sous ce rapport, l’usage de l’écriture fut vraiment précieux ; c’est ce que montre bien la décoration du temple delphique.

On en fit ultérieurement une application importante : ce fut de reproduire les noms des prêtres qui s’étaient succédé dans les fonctions sacerdotales. Cette idée était d’autant plus naturelle que rien n’était plus dans l’esprit de la religion grecque que de montrer, en opposition avec l’instabilité des choses humaines, l’enchaînement ininterrompu et la permanente immutabilité du culte divin, à travers la série des générations. Ainsi furent dressées des listes, soigneusement vérifiées, des Asclépiades de Cos et des Boutades d’Athènes ; on eut aussi les noms des prêtresses du Héra, à Argos, et ces documents comptèrent parmi les plus importants de l’histoire grecque[20]. On s’habitua donc à calculer les époques d’après la durée des sacerdoces ; de là vint plus tard l’usage de noter, à côté des noms des prêtres qui en avaient été témoins, les événements remarquables qui auraient pu facilement échapper à la mémoire des hommes ; par exemple, les envois de colons furent ainsi de bonne heure constatés par écrit ; c’est pourquoi les dates de ces fondations sont les points de repère les plus anciens de la chronologie[21].

Après les listes des prêtres et des prêtresses, on recueillit aussi les noms d’autres magistrats, des rois de Sparte, des éphores, et, dans les autres États où fut supprimée la royauté, les noms des chefs temporaires de la république ; cet usage a été adopté vers le milieu du ville siècle avant J.-C.[22] C’est aussi à cette époque qu’appartiennent les listes des vainqueurs aux jeux nationaux ; par là, ils acquéraient le privilège d’être connus et cités par leur nom partout où habitaient des Hellènes, tandis que les noms des prêtres, des rois, des officiers publics n’avaient de signification que dans les limites d’un territoire déterminé. C’est pourquoi on s’accoutuma à dater d’après les victoires olympiques les événements dont la portée dépassait l’enceinte de l’État particulier où ils avaient lieu. Il est vrai que cette supputation par olympiades n’a jamais pénétré dans la vie domestique des villes et des États. Toutefois, ce fut un point d’attache d’une véritable utilité pour l’histoire générale ; la science eut dès lors un cadre chronologique où se trouvaient rapprochés, par voie de synchronismes, les événements survenus en même temps dans les régions les plus distantes qu’embrasse le domaine de l’histoire politique de la Grèce[23].

Cependant la connaissance de l’histoire et la méthode chronologique ne se développèrent pas seules dans les sanctuaires nationaux ; l’influence des établissements religieux se fit sentir encore dans l’exposé même des faits historiques. Plus on considérait Apollon Pythien comme le conseiller suprême et le guide des républiques helléniques, plus on faisait dépendre leur prospérité de leur docilité confiante à ses ordres, plus aussi on cherchait dans l’histoire la preuve et la confirmation de cette croyance. Ainsi donc les prêtres s’efforçaient de prouver par les faits l’accomplissement littéral des prophéties apolliniennes, l’heureuse prospérité des communautés dociles au dieu, la sollicitude fidèle dont il entoure ses protégés, la ruine précipitée de ceux qui lui résistent, aveuglés par quelque passion criminelle. C’est pourquoi, conformément à l’esprit de la religion apollinienne, l’histoire des familles et des États grecs fut de plus en plus racontée d’une façon édifiante, et en vue de servir les intérêts théocratiques. On sait à quel point Hérodote, dans ses ouvrages, est encore dominé par ces considérations religieuses, et comment des séries entières d’événements, par exemple, la fondation de Cyrène, la destinée des Cypsélides, la chute des Mermnades, sont arrangées avec art, pour amener la glorification de l’oracle d’Apollon[24]. Il a fallu du temps aux écrivains grecs pour s’affranchir de cette tendance. Chez une race poétique, en effet, une composition de ce genre, toute animée d’ardeur religieuse, saisissait l’esprit en montrant partout la sagesse divine influant merveilleusement sur la destinée humaine ; on l’acceptait bien plus volontiers qu’un exposé des faits purement rationnel, impartial, mais sans chaleur et sans couleur.

Il ne faut pas oublier enfin, quand on parle de l’influence des oracles sur la science hellénique, que les prêtres, dans leur propre intérêt, devaient chercher à se faire un instrument de toute connaissance et de tout progrès qui pût leur assurer de la puissance et du crédit, et qu’en ce cas ils l’empruntaient aussi bien à l’étranger qu’aux différents pays de la Grèce. Dans ces sanctuaires, centres du commerce des Grecs avec le reste du monde, on apprit à connaître plus tôt qu’ailleurs les côtés saillants de la civilisation orientale, et on fut assez sage pour ne point se refuser, par suite d’un hellénisme étroit, à les apprécier et à en tirer parti dès qu’on les connut.

La tolérance à l’endroit des institutions étrangères était déjà érigée en principe à Dodone[25] ; on y savait l’influence qu’avait exercée la Libye sur le culte local. A Delphes, pareillement, l’Ammonion libyen a été reconnu de bonne heure comme un égal, et Zeus Ammon comme un dieu olympique avec lequel Delphes, par l’intermédiaire de Cyrène, entra en relations intimes. Il fut en conséquence vénéré particulièrement par les villes et les familles qui, comme Sparte, Athènes et Thèbes d’un côté, comme les Ægides de l’autre, touchaient de près au dieu Pythien[26]. Plus tard, quand par l’entremise des Libyens l’Égypte fut en rapport avec la Grèce, Delphes vit à son tour son influence s’étendre jusqu’à la région du Nil. Après l’incendie du temple, ses prêtres errants y trouvèrent plus que partout ailleurs, auprès des princes et des particuliers, une généreuse protection ; et, bien qu’on ne puisse établir en détail, pour les sciences où ils étaient devancés par les Égyptiens, c’est-à-dire pour la géométrie, l’arithmétique, la mécanique, l’astronomie, la division du temps, quelle somme de connaissances les Hellènes ont reçue par l’intermédiaire des sanctuaires, cependant on voit que, d’une manière générale, le tribut de haute estime payé par les plus instruits des Hellènes à l’antiquité égyptienne a été approuvé par l’autorité des oracles grecs[27]. L’orgueil national ne se sentait pas blessé quand on donnait pour disciples aux prêtres égyptiens des hommes tels que Solon. Parmi les institutions concernant la vie publique qu’on a attribuées à une origine égyptienne, on peut citer d’abord la division du mois en trois décades, qui a remplacé de bonne heure, chez les Athéniens notamment, la semaine sémitique de sept jours, primitivement suivie, et dont quelques traces sont encore visibles[28]. Ce changement est certainement dû aux prêtres, puisqu’ils ont toujours réglé la distribution du temps.

Mais rien ne fait plus d’honneur à l’antiquité égyptienne que la croyance à l’origine divine de l’âme, à sa nature indestructible, à sa responsabilité personnelle[29]. La gravité recueillie avec laquelle les Égyptiens s’attachèrent à cette foi fut le meilleur de leur vie intellectuelle, le germe de tout ce qu’ils ont eu de plus élevé et de plus grandiose dans leurs pensées et dans leurs créations. Quant aux Grecs eux-mêmes, ils étaient trop chercheurs de vérité, et d’autre part leurs idées traditionnelles sur la nature de l’âme étaient trop flottantes, trop confuses, trop insuffisantes, pour qu’ils pussent se soustraire à l’impression de cette doctrine de l’immortalité, si fermement établie, appuyée sur une conviction si profonde. Certes, le peuple grec avait eu aussi, avant d’être en contact avec les Égyptiens, des pressentiments analogues ; mais chez les tribus belliqueuses de l’âge héroïque, amoureuses de la vie présente, les antiques traditions s’étaient effacées ; et les Grecs oui souvent reconnu qu’en ces matières ils avaient pour maîtres les Égyptiens. D’autre part, cette croyance devait, à mesure qu’elle se fortifiait, agir puissamment sur leur conscience morale tout entière. Car si une perspective s’ouvre au-delà de la vie terrestre sur l’éternité, la vie même et ses biens sont dès lors appréciés fort différemment. Or, comme les prêtres d’Apollon se préoccupaient de faire naître dans l’âme du peuple, au lieu de la frivolité et du goût du plaisir où il était porté, un sentiment de gravité morale, le moyen le plus efficace qui s’offrît à eux était d’adopter et de propager la doctrine de l’immortalité. Ce moyen, ils l’ont employé en effet, et en voici une preuve entre autres : à Delphes, dans le portique des pèlerins, qui avait été bâti tout pris du sanctuaire pour servir de lieu de réunion aux étrangers et qui fut, au lendemain des guerres médiques, décoré de grandes peintures murales due à Polygnote, un des motifs principaux était la vue des enfers ; cette représentation avait essentiellement pour but d’offrir ainsi aux yeux le théâtre de la rémunération suprême, et de faire sentir à tous l’infortune de ceux qui passaient dans l’éternité sans emporter avec eux une espérance certaine.

Quelle distance entre de tels tableaux et le point de vue d’Homère ! Pour lui, la vie qui s’épanouit, la jouissance du présent, le sentiment joyeux de la force et de la santé, c’est le tout de l’homme ; au delà de cette vie on ne trouve plus que le monde lugubre des ombres et des fantômes, le séjour de la faiblesse et de l’affaissement, si bien que l’existence d’un mercenaire sur la terre, à la lumière du soleil, est mille fois préférable au sort du roi des héros qui, dépouillé de sa force, se survit dans l’Hadès !

Sans doute l’idée opposée n’est jamais devenue une croyance populaire qui pût s’implanter chez tous les Hellènes comme l’adoration des dieux olympiques ; seulement, ceux qui parmi le peuple se sentaient des aspirations religieuses plus vives, se sont sérieusement attachés à elle et l’ont entretenue, avec une dévotion sincère, dans ces cercles restreints qui formaient comme des communautés fermées au sein de la grande masse des fidèles. Et quoique ces doctrines secrètes, ou mystères, se fussent associées spécialement au culte de Déméter, elles n’en furent pas moins reconnues et recommandées par Apollon dans son propre sanctuaire de Delphes. Là le culte des héros, dont le fondement est la croyance à la persistance de la vie personnelle chez les défunts et à l’accroissement de leurs forces dans la mort, a été particulièrement en honneur. Enfin, ceux qui ont présenté avec le plus de netteté cette conception plus haute, qui contrastait si énergiquement avec les idées homériques, sont précisément les sages et les poètes qui se groupaient autour de Delphes. Ainsi, dans les œuvres d’Hésiode, pour la première fois, la vie terrestre apparaît complètement dépouillée de cet éclat riant qu’Homère répand sur elle ; elle devient un état de déchéance et de tristesse, une rude école, par laquelle l’homme doit passer en s’exerçant à la vertu, pendant que des esprits transfigurés le surveillent et le soutiennent[30]. Solon déclare la mort meilleure que la vie, et attend la fin de celle-ci pour en juger la valeur. Pindare apprend par une intuition prophétique l’origine divine de l’âme et sa destinée, qui est de revivre, une fois délivrée de ses fautes, dans une communion bienheureuse avec les dieux. Ces mêmes doctrines, Pythagore, qui a été tenu pour un fils d’Apollon, les propagea en les élargissant. C’est chez lui qu’on trouve encore la croyance au monde des esprits, à la purification progressive de l’âme humaine après ses chutes ; d’autre part, une répugnance marquée à toute matérialisation frivole des dieux, et aussi la direction de la pensée vers ce monde lointain où enfin le vrai soleil se lève pour l’homme

D’après cette croyance, l’idée qu’on se fait du corps humain se modifie à son tour. Car si tout disparaît avec la mort, le corps du trépassé est aussi quelque chose d’insignifiant et d’indifférent ; on le livre aux flammes, avant que sa beauté ne soit détruite par la mort. Mais, du moment que l’âme commence alors une existence nouvelle et plus noble, par là même son enveloppe devient sacrée, car une âme sans corps ne se peut concevoir. Les Hellènes ne suivirent pas l’exemple des Égyptiens, qui s’attachaient avec une ténacité superstitieuse à la dépouille matérielle et pensaient devoir protéger contre la destruction naturelle la demeure de l’âme ; mais pourtant, l’usage de l’enterrement dépend essentiellement de cette conception plus élevée de la vie et de la mort. Comme le grain de blé, le corps de l’homme est rendu au sol qui le portait ; il est comme enveloppé d’une terre fertile, où l’on sème le froment, où l’on plante les arbres. Cette germination, cette vie des plantes devient le symbole consolant de l’immortalité, et les ossements des morts restent, comme un trésor sacré, dans le voisinage des survivants. L’oracle de Delphes mit tout son zèle à provoquer la vénération des restes des morts ; il ordonna qu’on rapportât dans le sein de la terre natale les ossements des héros ; c’est aussi à Delphes que s’établit la légende du démon souterrain Eurynomos, qui dévore la chair des ensevelis, mais ne touche pas aux ossements[31].

Mais l’oracle delphique ne s’est pas borné à introduire en Grèce, pour le plus grand bien du progrès national, des connaissances et des idées empruntées à l’étranger ; il a aussi établi une union salutaire entre les tribus et les villes de la patrie. C’est ainsi qu’il a désigné aux Lacédémoniens la Crète, Athènes et Lesbos, pour y compléter leur éducation indigène. Il suivait l’évolution intellectuelle de toutes les villes, et savait se mettre en rapport avec les hommes éminents du pays. Cela était indispensable aux prêtres pour se maintenir à la tête de la civilisation nationale, et pour tirer parti des forces les plus actives qu’ils trouvaient chez leurs contemporains. L’oracle groupait autour de lui une sorte d’aristocratie intellectuelle ; même il s’attribuait le droit de choisir entre tous les plus sages, et de les accréditer à ce titre auprès de la nation. Le cénacle des Sept Sages est pour nous un témoignage tout particulier de cette sélection remarquable.

C’étaient des Hellènes d’origine très diverse ; non des chercheurs spéculatifs, mais des hommes doués d’un coup d’œil sûr dans la vie pratique, pourvus de saines maximes en religion, en politique, en morale, habiles enfin à condenser leurs connaissances en sentences concises. Ils appartiennent au temps où se développa la sagesse gnomique ou« sentencieuse », 600 ans environ avant J. C ; les anciennes chronologies fixent plus précisément l’époque des Sept. Sages à la quatrième année de la 48e Ol. (585), l’année où florissait Thalès et où Périandre mourut[32]. La liste de leurs noms n’a rien d’authentique ; car outre Pittacos, Solon. Thalès, Chilon, Myson, Bias et Cléobule, on cite aussi Périandre, Épiménide, Anacharsis et même Pisistrate. Sans qu’ils constituent un collège fermé, dont les membres soient choisis à Delphes, on ne peut contester leurs relations avec l’oracle. Ils sont sept, et le nombre sept est consacré à Apollon ; leur sagesse est toute delphique, et le prix de cette sagesse est un trépied apollinien qui, selon la légende, passe de l’un à l’autre. Il y a donc là aussi un concours, mais un concours du caractère le plus noble. Personne ne veut accepter le trépied ; tous déclarent qu’il revient à Apollon, le seul vrai sage. Leurs sentences étaient inscrites dans le vestibule du temple de Delphes, notamment celles-ci, qui comprennent à elles seules tout le secret de la morale apollinienne : Connais-toi toi-même et En toute chose, la mesure ! La première, à l’entrée du sanctuaire, était comme un salut adressé aux arrivants, comme une invitation solennelle à rentrer en eux-mêmes, avant d’accomplir les rites extérieurs de la purification et de s’approcher du dieu. Les auteurs de ces sentences se tiennent, quelque différence individuelle qui les sépare, sur le terrain commun de la religion apollinienne ; aussi le dieu reconnaît leur sagesse comme sienne, et en retour ils lui dédient, dans le vestibule du temple, une offrande commune, une lettre en bois, la cinquième de l’alphabet (E), qui, d’après l’ancienne orthographe, peut se traduire par tu es. Ils expriment ainsi, sous une forme concise et énigmatique, leur croyance à un Dieu vivant et personnel, dont l’homme qui franchit le seuil du sanctuaire ne doit s’approcher qu’avec un recueillement profond, et ils le proclament la source première de toute sagesse humaine.

Parmi les Sept Sages, il en est un qui dépasse de beaucoup le domaine de la morale apollinienne : c’est le père de la spéculation grecque, Thalès de Milet, à qui s’arrêta, selon la légende, le trépied qui jusque là n’avait cessé de circuler. L’esprit hellénique se révèle en lui, pour la première fois, comme un esprit vraiment philosophique, cherchant les causes premières, poursuivant dans la variété multiple des choses contingentes et éphémères un élément qu’il puisse regarder comme la substance primordiale. Si Thalès a cru trouver ce principe dans l’eau, c’est qu’il y était prédisposé déjà par la constitution particulière de son pays natal. Car la formation du sec par l’humide, et de la terre par l’eau, n’a nulle part pu frapper les yeux des Grecs comme en face même de Milet, à l’embouchure du Méandre limoneux.

Ce fut la première tentative de l’esprit grec pour aller au delà d’une sagesse pratique fondée sur la religion et la morale, pour approfondir les choses sensibles, et pour commander à la nature en travaillant à expliquer ses phénomènes, à découvrir ses lois, à déterminer ses propriétés. L’esprit ionien, excité par une insatiable curiosité, a ouvert le chemin ; et des concitoyens de Thalès, Anaximandre et Anaximène, ont continué et poussé plus avant les recherches des physiciens de l’école ionienne. Mais, dans une ville comme Milet, au milieu d’une population en l’apport avec le monde entier, aucune théorie ne pouvait gagner de l’influence et du crédit en se tenant à l’écart de la vie extérieure. Aussi les penseurs ioniens vivaient au milieu de tous ; c’étaient des hommes d’État éprouvés, et les sages conseillers du peuple. Grâce à leurs liaisons avec l’Égypte et Babylone, ils accrurent leur trésor de notions pratiques, acquirent une connaissance plus exacte des étoiles, perfectionnèrent la navigation, établirent les premiers cadrans solaires. Mais, en somme, l’école ionienne s’éloignait progressivement de cette application à la doctrine morale et à la sagesse supérieure de la vie, qui valut à Thalès d’être accepté par Delphes et rangé dans le groupe des Sept Sages.

Ce qu’on voulait à Delphes, en effet, c’était une sagesse qui descendit au fond de la conscience humaine, qui y gravât les préceptes de la religion, et qui par suite organisât la société d’après des règles immuables ; or, cela était absolument impossible en Ionie. En Crète et à Sparte, au contraire, les préceptes delphiques étaient mis en pratique : c’étaient vraiment des États selon le cœur d’Apollon ; aussi a-t-on dit de ses Sages qu’ils avaient l’esprit laconien[33]. Mais ce qu’on n’avait réalisé dans ces États que par la force des armes, et d’une manière très imparfaite, on devait y atteindre par un procédé plus noble et plus digne, par la force d’une conviction profonde. Tel fut le rôle de la philosophie pythagoricienne, qui est l’antithèse exacte de l’école d’Ionie. Pour elle, le monde des phénomènes sensibles est indifférent ; elle veut se réaliser dans l’homme et devenir la vérité, non dans des maximes, mais dans des faits ; elle commence à vivre, lorsqu’une communauté d’hommes s’établit qui, animés d’un même amour pour la vertu, forment une association étroite, où chacun n’a de valeur que comme partie d’un tout, telle qu’une colonne dans un temple dorique. Ainsi se fondait l’ordre sacré et indestructible que les Pythagoriciens désignèrent sous le nom de Cosmos ; cet ordre lie dans une unité si solide les individualités multiples ainsi rapprochées que tous n’ont plus qu’une volonté, une loi, une propriété communes. C’est la fusion de la religion, de la philosophie et du gouvernement ; c’est une Sparte idéale, sortie de la même origine que l’autre : car, aussi bien que Lycurgue, Pythagore (son nom l’indique du reste) tient sa sagesse de la Pythie ; et ce fut, à ce qu’on dit, la prêtresse Thémistocléa qui lui transmit la doctrine dont il se fit le propagateur.

 

 

 



[1] HÉRODOTE, I, 19.

[2] La Pythie s’exprime en libyen (HÉRODOTE, IV, 155) et en carien (HÉRODOTE, VIII, 135).

[3] HÉRODOTE, IV, 158. Cf. Götting. gel. Anz., 1856, p. 2514.

[4] Les plateaux sont des πεδία κελαινεφέα (PINDAR., Pyth., IV, 52).

[5] Carte du monde ainsi dressée (MÜLLENHOFF, D. Alterthümer, p. 237).

[6] Sur les curiosités naturelles conservées dans les temples, voyez FRÖHNER, Le crocodile de Nîmes, p. 14.

[7] PLATON, Legg., VI, sub fin.

[8] Cf. E. CURTIUS, Peloponnesos, I, 192.

[9] Les temples faisaient aussi collection de registres généalogiques (O. MÜLLER, Orchomenos, p. 99. CARL CURTIUS, Das Metroon in Athen, 1868, p. 2).

[10] C’est dans la vie religieuse et non dans la vie politique qu’il faut chercher les origines de l’écriture (BERGK, Griech. Literaturgesch., I, 196).

[11] Cf. E. CURTIUS, Alterthum und Gegerwart, p. 251.

[12] HÉRODOTE, V, 58. Cf. FRANZ, Elem. epigraph. græc., 15.

[13] Sur les modifications apportées à l’écriture, cf. KIRCHOFF, Studien sur Geschichte des griechischen Alphabets.

[14] Il y avait mauvais présage à commencer par la gauche.

[15] De la lutte entre les deux systèmes est sortie l’écriture en Boustrophédon, ou écriture en sillons, ainsi nommée par comparaison avec les tours de charrue.

[16] Une fois admis que les prêtres ont été les premiers à écrire et qu’ils l’ont fait en vue des besoins du culte, il devient très vraisemblable que la direction de l’écriture, aussi bien que le choix de la matière employée, a été déterminée par une influence sacerdotale.

[17] On trouve des διφθέραι χαλκαΐ (PLUTARQUE, Quæst. græc., 25).

[18] Sur l’emploi des peaux de bêtes, voyez HÉRODOTE, V, 58. DIODORE, II, 32. La matière employée avait également un caractère sacré, cf. la peau d’Épiménide (NITZSCH, Hist. Hom., 161). Sur les bibliothèques des temples, cf. REIFFERSCHEID, ap. Annali dell’ Instituto, 1862, p. 112. KONSTAS, Iliupersis, p. 45.

[19] HÉRODOTE, V, 59.

[20] La liste des Ήρεσίδες, prêtresses de Héra (HESYCH., s. v.) a été un des plus anciens documents dont Hellanicus se soit servi pour établir une chronologie hellénique (Fragm. Histor. Græc., I, p. XXVII ; THUCYD., II, 2 ; IV, 133). On cite d’autres collections, comme les γραμματοφυλακεΐα des Asclépiades de Cos, où se trouvait consigné le jour de la naissance d’Hippocrate (HIPPOCR., éd. Fues, II, p. 1197. PETERSEN, Geburtstagsfeier bei den Griechen, p. 297, ap. Jahrbh. f. kl. Philol., Suppl., II).

[21] D’après NITZSCH, Röm. Annalistik, p. 208, il y avait des Annales des colonies chalcidiennes.

[22] Sur l’enregistrement simultané des noms de magistrats, voyez GUTSCHMID, ap. Jahrbb. f. kl. Philol., 1861, p. 23.

[23] Liste des Olympioniques dans le gymnase d’Olympie (PAUSANIAS, VI, 6, 3 ; 13, 6). KIRCHHOFF (Arch. Zeitung, 1878, p. 139) a reconnu dans le n° 176 des inscriptions d’Olympie — inscription trouvée tout près du gymnase, — un fragment de ces άναγραφαί. Elles ont été mises à profit pour la science, d’abord par Hippias d’Élée, puis, par Philochore dans ses Όλυμπιάδες. Thucydide utilise à l’occasion pour sa chronologie certaines fêtes ; mais Timée a été le premier à fonder sur les Olympiades une chronologie applicable à l’ensemble de l’histoire grecque (POLYBE, XII, 12).

[24] Hérodote puise souvent à cette source (I, 20). Cf. GROTE, V, 8 [VI, 291, trad. Sadous]. E. CURTIUS, Ueber den geschichtlichen Sinn der Griechen, Götting., 1866 (Alterthum und Gegenwart, p. 269).

[25] HÉRODOTE, II, 52.

[26] Sur Zeus Ammon, voyez BÖCKH, Staatshaushaltung, II, 132.

[27] Ésope était considéré à Delphes comme un Égyptien (ZÜNDEL, ap. Rhein. Mus., 1847, p. 422. Cf. O. KELLER, Gesch. der griech. Fabel, p. 324. PRELLER, Aufsütze, p. 440).

[28] Sur la décade, voyez E. CURTIUS, Ionier vor der ionischen Wanderung, p. 50. BRANDIS, ap. Hermes, II, 271. PETERSEN (Geburtstagsfeier bei den Griechen, p. 242) attribue l’introduction de la semaine de dix jours à Solon. Il y avait trois décades ; mais les deux premières se comptaient ensemble et la troisième à part.

[29] Sur la croyance à l’immortalité de l’âme chez les Grecs, voyez E. CURTIUS, Alterthum und Gegenwart, p. 219. Archäol. Zeitung, 1869, p. 12. Sur la doctrine de la métempsycose, cf. Rhein. Mus., XXVI, p. 556.

[30] Sur la démonologie hésiodique, voyez BERNHARDY, Griech. Litteratur, II3, 290.

[31] Sur les Sept-Sages, voyez ZELLER, Philos. der Griechen, I, 82 (I, 108, trad. Boutroux). BOHREN, De septem sapientibus, Bonn, 1867. F. SCHULTZ, ap. Philol., XXIV, p. 193 sqq.

[32] Sur cette année (archontat de Damasias) cf. FISCHER, Griech. Zeittafeln, p. 119. DIELS, ap. Rhein. Mus., XXXI, 17.

[33] O. MÜLLER (Dorier, II, 392) a parfaitement saisi ce rapport : seulement il appelle toujours dorien ce qui vient de Delphes, tandis que l’inverse est plus vrai.