HISTOIRE GRECQUE

TOME DEUXIÈME

LIVRE DEUXIÈME. — DE L’INVASION DORIENNE AUX GUERRES MÉDIQUES (SUITE).

CHAPITRE QUATRIÈME. — L’UNITÉ GRECQUE.

 

 

§ I. — LA RELIGION NATIONALE.

A mesure que les établissements grecs se disséminaient sur tous les rivages, la Grèce continentale allait se rétrécissant et se rapetissant de jour en jour. En effet, la nationalité grecque était si intimement liée à la civilisation grecque que tous les membres de la famille qui n’avaient point part aux progrès de cette culture intellectuelle ; quelque voisins qu’ils fussent d’ailleurs, perdaient leur nationalité ; au contraire, les pays les plus éloignés où, grâce à une heureuse colonisation, la civilisation grecque avait pris racine appartenaient, dans toute la force du terme, à la Grèce.

C’est ainsi que l’Hellade s’était séparée du groupe des régions montagneuses du nord, et la péninsule, du continent.

Dans l’Épire, plusieurs tribus de même race eurent d’abord un sanctuaire commun et prirent, par suite, un nom commun. Le chêne sacré de Dodone verdoyait encore à l’époque des Antonins ; l’oracle de Zeus a même survécu des siècles à l’histoire du peuple grec, et, comme il avait été le berceau religieux de la nation grecque, il est toujours resté pour elle un objet de vénération. Mais les tribus les mieux douées se tournèrent vers le sud et vers l’est, où elles étaient plus à portée du contact fécond des races de l’Asie-Mineure. L’histoire nationale les y suivit. On voit ensuite se former, au pied de l’Olympe de Thessalie, un second centre où le monde des dieux des hommes s’ordonne et se précise davantage. Les Grækes deviennent des Hellènes ; et, plus les tribus amphictyoniques se rapprochent et s’unissent entre elles, plus elles se séparent nettement de l’étranger. La Macédoine et l’Épire deviennent des pays barbares. Puis, des tribus épirotes franchissent de nouveau la chaîne du Pinde. La Thessalie, cette Hellade primitive, devient étrangère. aux Hellènes, bien que certains rapports extérieurs aient subsisté. Les tribus plus cultivées se serrent autour du Parnasse et constituent une Hellade encore plus restreinte, d’où reste aussi exclue toute la moitié occidentale de la Grèce centrale, toute la région de l’Achéloos, qui a persévéré dans ses anciennes relations avec Dodone. Deux péninsules, la Grèce centrale, située à l’est du Parnasse, et le Péloponnèse, forment maintenant toute l’Hellade proprement dite, la Grèce continue ou compacte, ainsi qu’on la nommait par opposition aux établissements grecs qui bordaient comme d’une bande étroite le pays des Barbares[1].

C’est donc par des institutions politico-religieuses que le peuple grec est séparé d’un groupe nombreux de tribus de même origine. Tous les noms collectifs des Grecs se rattachent à certains sanctuaires ; ce sont là les centres de réunion, les points de départ de l’histoire. C’est par là que le pays des Pélasges est devenu un pays hellénique, lorsque Hellen et ses fils, comme dit Thucydide, c’est-à-dire les Grecs constitués en amphictyonies, se sont avancés d’étape en étape et ont répandu partout une civilisation uniforme. Dans ce sens, on peut dire qu’Apollon, en tant que dieu de l’amphictyonie thessalienne, est le fondateur de la nationalité des Hellènes, le père de l’histoire hellénique.

Mais le dieu avait, pour le représenter, des familles qui agissaient en son nom. C’étaient celles qui avaient institué son culte et qui le desservaient de leurs mains sacerdotales. Celles-là ont fondé, en même temps que le droit divin, le droit civil. Elles ont élaboré et gardé en dépôt l’idée d’une unité nationale, si bien qu’on ne saurait comprendre le développement de cette unité sans connaître la situation, le rôle du sacerdoce et l’influence qu’il a exercée sur la vie du peuple grec.

La religion, chez les Grecs comme chez les Italiotes, était affaire de conscience pour l’individu ; et la pratique pleine et entière du culte était un droit personnel pour tout homme libre. Il n’y a pas de caste privilégiée qui s’interpose entre les hommes et les dieux. Tout Hellène peut, sans intermédiaire étranger, sacrifier et prier. La religion est destinée à accompagner tout acte, soit public, soit privé à sanctifier chaque jour : à bénir tous les travaux comme toutes les joies : et elle fait tout cela en mettant l’homme en rapport avec les dieux, par le moyen du sacrifice. Car le sacrifice n’est que l’expression de cette communion, qu’il faut incessamment renouveler, entre les dieux et les hommes ; l’homme qui sacrifie va trouver les dieux en qualité d’hôte ; il est jugé digne de partager le repas divin, comme Tantale, l’ami des dieux, et comme les pieux Éthiopiens d’Homère, chez lesquels Zeus se transporte pour se mettre à table avec eux[2]. Ainsi, parce que cette amitié des dieux est la condition fondamentale du salut pour les hommes, elle est aussi accessible à chaque membre de la société : et tout homme qui a les mains pures peut s’approcher de l’autel pour s’assurer à nouveau de cette communion.

Mais le sacrifice doit être indépendant des besoins et des sentiments religieux de l’individu. Aussi, bien que chaque père de famille soit un prêtre, un sacerdoce spécial est-il nécessaire, afin que le culte, devenu ainsi permanent et régulier, soit desservi d’après une tradition constante. De même, chacun ne peut être prêtre de chaque dieu ; les sacerdoces sont attachés à certaines familles qui possédaient le culte comme un bien propre au moment où elles sont entrées dans l’association formant l’État. C’est ainsi, par exemple, qu’à Gela, Télinès, qui de Télos, sa patrie, avait emporté en Sicile le culte de Déméter et de Cora, fut, un jour qu’il avait à demander une faveur à ses concitoyens, reconnu publiquement, sur son désir, prêtre de ces deux divinités[3] : le culte domestique de cet homme devint culte de l’État ; et désormais, à la durée de ce culte fut lié le salut de l’État. Aussi, pour assurer au culte un cours régulier, on lui attribua des revenus fixes, qui consistaient en terres labourables, prairies, viviers, forêts et autres propriétés du même genre, et dont la gestion appartenait toujours aux membres des familles sacerdotales.

Ainsi fut constituée une noblesse héréditaire investie de privilèges inviolables ; elle se composait des familles qui, après une reconnaissance mutuelle de leurs dieux, se constituaient en communauté politique ou cité. Elles formèrent le noyau solide de la cité, auquel adhérèrent les autres membres qui tenaient à l’État d’une façon moins intime. Ce fut de tout temps un privilège nobiliaire que d’avoir droit de sacrifier à l’autel domestique d’une famille sacerdotale comme étaient, par exemple, les Boutades en Attique. Donc, bien que les prêtres, en tant que prêtres, ne formassent point de classe à part et ne restassent nulle part étrangers aux autres fonctions, soit pacifiques, soit guerrières, de la vie sociale, cependant, par leurs rapports directs et personnels avec les divinités nationales, par leur connaissance de ce qui revenait de droit aux dieux, ils étaient aux yeux du peuple investis, eux et les leurs, d’une dignité spéciale. Car, ce qu’il y avait de plus vénérable au point de vue social, c’étaient les principes du droit non écrit et les us sacrés qui devaient être observés de la manière la plus exacte pour détourner la colère des dieux. Mais, la connaissance de ces rites ne se transmettait que par tradition orale au sein des familles aristocratiques. C’était là le fonds qui, dans la révolution rapide des choses humaines, restait toujours inviolable et immuable. Aussi les représentants de cette tradition furent-ils particulièrement appelés à conserver au milieu de la société les vieux usages et à ne pas laisser se perdre ce trait d’union vivant du présent avec le passé. Comme c’était dans la langue des sacrifices que se conservaient de préférence les vieilles formes et les vieux mots, dans le costume et les mœurs des prêtres que se maintenait l’ancien caractère national, on crut aussi que l’esprit et les mœurs des ancêtres se perpétuaient dans les familles des sacrificateurs[4].

En conséquence, plus l’esprit d’innovation se développa dans les États grecs, plus grande fut l’importance de ce contrepoids salutaire qu’on trouvait dans les familles sacerdotales. Les hommages qui leur furent rendus sans interruption en firent une puissance dans l’État. Elles avaient à veiller sur la pureté du culte, à écarter tout intrus, quiconque s’approchait des dieux de la patrie sans en être digne ou avec des intentions criminelles ; comme le fait eut lieu pour le farouche Cléomène à Argos et à Athènes. Ainsi, elles maintinrent en cette occasion avec une énergie décisive l’indépendance politique de leurs États, puisque le sacrifice que voulait offrir le roi étranger devait servir ses projets de domination.

Cependant, ce fut avant tout le droit divin qu’elles défendirent en face des prétentions de l’État. Elles avaient d’abord à empêcher la confusion du spirituel et du temporel ; car, cette distinction scrupuleusement maintenue, c’était le fond de toute la religion des Hellènes. En conséquence, aucun ustensile avant servi au sacrifice ne pouvait être utilisé pour un usage profane ; aucun morceau de terre appartenant aux dieux ne pouvait être enlevé au sanctuaire, et aucun droit attaché à cette terre ne devait être lésé ; aucune habitation laïque ne pouvait être édifiée dans un voisinage qui eût porté atteinte au respect dû aux dieux[5]. C’est pourquoi les prêtres entourèrent avant tout de garanties le droit d’inviolabilité pour le terrain consacré ; c’est pourquoi, défiant le bras séculier, ils prirent sous leur protection quiconque avait trouvé un asile auprès des dieux ou s’était mis, de façon ou d’autre, en contact immédiat avec le sol sacré. Enfin, comme, en toutes choses, l’État séculier sentait sa dépendance et son insuffisance, les prêtres venaient en mainte occasion à son secours. C’était à eux de fortifier les lois par leur sanction ;.d’empêcher, par la menace de châtiments divins, que ces lois ne fussent transgressées ; de maudire publiquement, au nom des dieux, les ennemis déclarés de l’État ; de diriger les cérémonies religieuses officielles, telles que l’envoi de théories à Delphes ou à Délos, de façon à les rendre agréables aux dieux.

Mais aussi, moins l’ État pouvait se passer des familles sacerdotales, plus il était facile à celles-ci de former en face du gouvernement une puissance qui devenait dangereuse en cas de conflit. C’est ce qui arriva par exemple à Chios, lorsque les prêtres refusèrent l’extradition d’un suppliant, décidée par les autorités civiles, et confirmèrent leur refus en déclarant au nom des dieux que, de leur côté, ils n’accepteraient aucune offrande venue d’un territoire gagné par un sacrilège. C’était une excommunication qu’ils prononçaient contre le territoire d’Atarnée[6].

Aux époques de troubles civils, ils formaient un parti conservateur très important. Si donc un novateur violent, comme Clisthène à Sicyone, mettait un culte à la place d’un autre, sa principale raison était d’éloigner de l’État tout un groupe de familles qui lui faisaient une opposition obstinée, et de s’entourer d’autres familles plus complaisantes. Mais, les familles sacerdotales elles-mêmes se divisaient en partis contraires : le fait est incontestable, notamment au temps des Pisistratides. De là vient que, malgré la place considérable qu’avaient prise dans la vie publique les familles sacerdotales, elles ne purent jamais faire valoir d’une façon durable leurs prétentions théocratiques. Elles ne constituaient pas une corporation compacte ; les dieux de l’État étaient trop nombreux, trop nombreuses aussi les familles sacerdotales ; et, comme les dieux eux-mêmes étaient plus vieux ou plus jeunes les uns que les autres, plus imposants ou plus humbles, plus raides ou plus souples, on retrouvait chez leurs prêtres les mêmes différences.

La mantique est tout à fait distincte du sacerdoce. Elle a pour base cette croyance, que les dieux sont constamment dans le voisinage de l’homme ; que, gouvernant l’univers, ils s’occupent de tous les détails, et qu’ils ne dédaignent point de faire connaître leurs desseins à cette race humaine dont la vue est si courte et le jugement si incertain. D’après cette croyance, la divinité, la nature, l’humanité, sont enchaînées d’un lien indissoluble. Donc, si l’ordre moral, fondement sur lequel reposent toutes les choses humaines, est troublé, ce désordre doit paraître aussi dans le monde naturel. Des phénomènes physiques inaccoutumés, dans le ciel ou sur la terre, des éclipses de soleil ou de lune, des tremblements de terre, les épidémies, la disette, sont des signes de la colère divine excitée par l’injustice ; et il ne s’agit plus alors pour les mortels que de savoir comprendre et mettre à profit ces manifestations des dieux. Mais, pour cela, il faut une aptitude particulière, telle qu’elle ne peut s’acquérir comme un art ou une science humaine ; c’est vraiment un état de grâce accordé à des personnes ou à des familles à part, dont les oreilles et les yeux sont ouverts aux révélations divines, et qui, plus que le reste des hommes, participent à l’esprit divin. En conséquence, ceux-là ont pour fonction et pour devoir de se présenter comme les organes de la volonté divine ; ils ont le droit d’opposer leur autorité à toute espèce de pouvoir civil. C’est ce qui rendait les conflits inévitables ; et les souvenirs vivants que conservait le peuple grec de l’énergie de Tirésias et de Calchas montrent que la royauté héroïque n’a pas toujours trouvé un appui et un soutien chez les maîtres de la science divinatoire, mais qu’elle a souvent éprouvé, au contraire, la violence de leurs protestations et de leur résistance.

D’après l’idée que l’antiquité se faisait du monde sur la foi des sens, c’est, surtout dans l’atmosphère qu’on cherchait les révélations divines. Ainsi, l’éclair, la tempête, tous les accidents qui rompaient la pacifique harmonie du ciel et de la terre, étaient considérés comme des avertissements des dieux ; mais les oiseaux avant tout, et parmi eux, particulièrement, les oiseaux de haut vol, semblaient destinés à servir d’intermédiaires entre le monde terrestre et le monde supérieur. De plus, comme le sacrifice devait élever l’homme jusqu’à une communauté de vie immédiate avec les dieux, il était très important, là plus que partout ailleurs, de guetter et de saisir au passage la révélation divine. Comme on désirait s’assurer de cette entente pour toutes les entreprises sérieuses que l’on commençait, on devait naturellement voir dans la moindre irrégularité de l’acte religieux un refus de la part des dieux de consentir à cette communauté, et un avertissement pour l’homme de renoncer à l’œuvre projetée. De là cet examen inquiet de la victime qui, si belle et irréprochable fut à l’extérieur, pouvait cependant laisser voir des défauts intérieurs, des imperfections qui la rendaient indigne des dieux ; de là cette observation minutieuse de la flamme du sacrifice, comme aussi de toutes les particularités et de la marche de toute la cérémonie, pendant laquelle tous épiaient, dans un religieux silence, la révélation divine. Même les rides et les déchirures de la peau de la victime avaient, à Olympie, leur signification.

Il est particulièrement intéressant, au point de vue des considérations historiques, d’examiner quels sont les rapports de la mantique grecque avec les institutions analogues des autres peuples de l’antiquité.

Chez tous nous trouvons, pour la recherche des choses de l’avenir, des méthodes arrêtées ; et l’antique cité de Babylone, notamment, fut un centre où se développa cette branche des inventions humaines. C’est là qu’on rencontre pour la première fois l’usage des sorts et l’examen du foie des victimes ; c’est là que la connaissance de la destinée, par son union avec la science chaldéenne et spécialement avec l’astronomie, prend pour la première fois un caractère nettement marqué. C’est en Mésopotamie qu’on a appris à pénétrer les lois des corps célestes ; là, par conséquent, on a commencé non-seulement à régler d’après la marche des étoiles les saisons de l’année et d’après elles les occupations des hommes sur terre et sur mer, mais aussi à soumettre à cette influence la vie entière de l’humanité. On voyait les étoiles, au-dessus de la confusion où s’agitait le monde terrestre, suivre leur route dans une clarté sereine et dans un ordre sacré ; et, cette influence régulatrice de la vie naturelle, on l’appliquait aussi à la vie morale. Où trouver une limite à leur activité ? Où se brisait la chaîne de cette unité mystérieuse ? Les peuples de l’Orient étaient moins disposés que personne à marquer ces frontières ; ils s’adonnaient avec passion à la contemplation d’un ensemble cosmique dont aucun membre ne pût se détacher, et c’est de là qu’ils tiraient leur système de l’univers. Par le lever et le coucher des corps célestes ils comptaient les périodes dans lesquelles s’achevaient les destinées des peuples ; c’est dans ces supputations artificielles qu’ils enfermaient les évolutions historiques de la civilisation ; et, d’après telle ou telle constellation du ciel, ils déterminaient la vie terrestre de chaque individu.

Les Grecs apprirent en Égypte à connaître cette doctrine. Il y trouvèrent chaque mois, chaque jour, chaque heure attribuée à une divinité spéciale : d’après l’heure fortuite de sa naissance, on croyait que le caractère et le destin de chaque homme étaient fixés d’avance. On se donnait beaucoup de peine pour noter chacun de ces signes et en marquer les effets, afin de constituer de cette manière un corps complet de doctrine.

La transmission de cette doctrine fut efficacement et singulièrement facilitée par les pays limitrophes situés entre les deux moitiés du monde ancien, c’est-à-dire, par les côtes de l’Asie-Mineure qui appartient à la fois à l’un et à l’autre continent, surtout par les côtes méridionales, plus rapprochées que les autres des habitats des peuples sémitiques et ayant même reçu une population de cette race ; ce sont les contrées qui touchent à la pente sud du Taurus, Cilicie, Pamphylie, Lycie, Carie, les îles de Cypre et de Crète. C’est dans ces régions que le sentiment enthousiaste de la nature et le profond instinct religieux des Sémites a pénétré pour la première fois l’esprit aryen, toujours à la recherche de la mesure et de l’ordre. C’est aussi là que se trouve installée de préférence la science de la destinée, telle que la comprenaient les Hellènes.

En Cilicie, par exemple, il y avait, de temps immémorial, des centres prophétiques ; le premier ancêtre de la race carienne passait pour avoir inventé l’observation des oiseaux ; sur les frontières de la Carie et de la Lycie habitaient les Telmessiens, dont les fils et les filles possédaient en propre le don de prédiction : de la Lycie sortait Olen, le premier prophète des Grecs, et on avait été initié par les Pamphyliens aux secrets merveilleux de leurs arts magiques. Ici, il n’y a point à tirer de ligne de démarcation entre l’Orient et l’Occident, comme s’ils se mouvaient chacun dans un cercle d’idées différent.. Tous les moyens de connaître la destinée que l’Orient a imaginés et perfectionnés, dés et sorts, songes et aspects des constellations, fumée des sacrifices et phénomènes lumineux, voix et mouvements des animaux, nous en retrouvons aussi chez les Grecs la trace manifeste : même la Thèbes aux sept portes a été bâtie conformément à un plan idéal tiré du système planétaire des Babyloniens.

Mais l’héritage de l’Orient n’a point passé ainsi aux Grecs sans se modifier, sans devenir pour eux comme une propriété nationale ; et cette transformation s’est opérée principalement dans les contrées maritimes, eu Lycie, par exemple, où apparaît et rayonne une vie intellectuelle profondément distincte de l’esprit oriental et que nous pouvons saluer comme l’aurore de la civilisation hellénique.

Si nous nous demandons maintenant ce qui donne à la mantique hellénique son caractère national, c’est assurément la liberté d’esprit, qui s’affirme même là où l’homme se soumet à une direction plus haute ; c’est le rejet décidé de tout fatalisme servile ; c’est la reconnaissance de la conscience comme étant la voix de Dieu parlant dans le sein de l’homme même, indépendamment de tous les signes célestes ; c’est aussi la reconnaissance de la responsabilité personnelle attestée par cette même conscience, et à laquelle on ne saurait lâchement se soustraire sans abandonner en même temps les plus nobles des droits. L’accomplissement de’ tels devoirs, écrits clairement dans le cœur de l’homme moral, l’Hellène ne le fait point dépendre de l’observation inquiète de la nature ; et, cet instinct de la liberté morale, Homère le traduit par ces paroles qu’il prèle au héros troyen que les mauvais présages devraient retenir loin du champ de bataille :

Nous, nous obéissons à la volonté du grand Zeus

Qui commande à tous, mortels et Immortels.

Le seul présage qui vaille, c’est de combattre pour la patrie[7].

Ce sentiment de la liberté se manifeste aussi dans les formes mêmes de la mantique. Tous les développements qu’a pris chez les Étrusques et les Romains la science de la divination, nous en trouvons le germe chez les Hellènes. Ils connaissaient, aussi bien que les Romains, l’observation des oiseaux ; il n’est pas d’espèce animale qu’ils aient étudiée avec plus de soin et de prédilection, et nulle part cette science n’a été mieux renseignée. Mais il leur répugne de donner aux auspices une forme systématique, ainsi que cela s’est fait en Italie où, mis au service de la politique pratique, ils ont été réglementés rigoureusement, comme tout ce qui touchait à l’État. Quelque chose d’analogue se retrouve à Sparte. Là aussi la vie publique, en des points essentiels, était réglée par les signes célestes. L’élection des éphores semble avoir été rattachée aux auspices, et on invoqua, pour faire passer certaines mesures politiques, les visions obtenues eu songe dans le sanctuaire de Pasiphaé. A Athènes, au contraire, l’esprit hellénique s’affranchit, plus que partout ailleurs, de pareilles contraintes et repousse toute espèce d’asservissement. Il est vrai que les pratiques traditionnelles de la divination se perpétuaient dans certaines familles ; l’État reconnaissait l’importance de ces familles, par exemple les Pythiastes et les Déliastes, qui, d’un emplacement consacré, observaient les éclairs illuminant le Parnès et déterminaient eu conséquence le moment propice au départ des théories pour Délos et Delphes. Parmi le peuple, la superstition se maintenait et prenait une force nouvelle aux époques de trouble et d’agitation ; les bourgeois d'Athènes, eux aussi, se séparaient précipitamment quand survenait quelque phénomène météorologique inaccoutumé, ou quand quelque animal de mauvais augure se glissait dans leurs rangs. De pareils incidents pouvaient, de temps à autre, être utilisés dans un intérêt de parti ; mais, plus la conscience publique s’épura dans l’État de Solon, plus ces faits perdirent de leur importance, plus aussi s’affirma cette aspiration à l’indépendance morale, innée dans l’esprit grec ; de plus en plus, par un progrès croissant, il se délivra de l’influence des choses naturelles et voulut trouver en lui-même les lois de son activité, en commençant par se mettre d’accord avec les règles établies par les dieux. Après comme avant ce progrès, les devins, les interprètes de présages continuent leur métier, et chaque individu reste libre, selon son degré de culture, d’accorder plus ou moins de valeur à l’art qu’ils pratiquent ; l’État, lui, s’en désintéresse absolument, excepté s’il s’agit d’interdire une supercherie scandaleuse : les Hiéropœi (ίεροποιοί), à Athènes, exerçaient un contrôle de ce genre[8]. Mais, en général, toutes les formes inférieures de cette mantique qui consistait dans l’observation anxieuse des objets matériels et l’explication artificielle des présages, qui dégénérait en un métier ou commerce d’un caractère bas et cupide, tout cela fut de bonne heure et en bloc rejeté dans le domaine de la superstition ; et seule, la divination qui avait sa source dans une disposition particulière de l’esprit exalté par le voisinage de la divinité conserva dans la vie publique des Hellènes une sérieuse importance.

Cette divination supérieure était dans le ressort du culte d’Apollon où la mantique des Hellènes, et, d’une façon générale, leur conscience religieuse, atteint son expression la plus haute. Apollon lui-même est le prophète du grand Zeus et son intermédiaire vis-à-vis des hommes ; il tient de lui cette fonction de se montrer secourable aux hommes dans leurs perplexités ; et c’est dans les contrées où le culte d’Apollon nous apparaît développé de meilleure heure, en Carie et en Lycie, que nous trouvons rassemblées toutes les méthodes de la mantique. Mais, ce qu’on entend surtout par divination apollinienne est celle qui dérive d’un certain état de l’âme humaine illuminée et exaltée, état dans lequel il est accordé à l’esprit terrestre de pénétrer par le regard dans l’ordre supérieur des choses. Il ne s’agit donc point ici d’une satisfaction donnée à quelque curiosité frivole, mais d’une harmonie qui s’établit ainsi entre le monde visible et le monde invisible. On disait du prophète Épiménide qu’il ne prédisait que les choses passées. Il s’agissait donc le plus souvent de porter un jugement droit sur les affaires humaines, de façon à se sentir par là en harmonie avec la divinité. On ne s’occupait pas des vicissitudes du monde terrestre. On cherchait à saisir les lois immuables de la justice divine, qui devaient se présenter vivantes à l’esprit de l’homme ; car on était convaincu que, même en ce qui concerne le particulier, l’esprit serait délivré parce moyen de la torture du doute.

Le dieu se choisit lui-même les organes de ses manifestations ; et, pour mieux montrer que ce n’est point la sagesse humaine ni l’art humain qui découvre la volonté divine, ses instruments sont de faibles femmes, des jeunes filles ; c’est par leur bouche que parle Apollon ; l’état d’inspiration n’est point un accroissement de force surexcitée ; la force personnelle, au contraire, et même la conscience sont comme éteintes, afin que la voix divine soit perçue plus nettement ; le secret du dieu, ainsi communiqué, est un fardeau ; il écrase l’esprit qui le reçoit ; c’est une vue claire des choses, mais non pour l’âme une source de contentement. La voyante ou sibylle, par elle-même, n’est point maîtresse de la révélation ; pour elle, comme pour ceux qui l’écoutent, les pensées qu’elle profère sont incompréhensibles. Il fallait donc expliquer la prédiction elle-même pour qu’elle devint utile aux hommes. On appelait surtout à cet office les personnes :qui, chargées des soins du culte, vivaient le plus près possible du dieu ; et c’est là le point où la mantique et le sacerdoce, qui originairement n’ont rien de commun, se rapprochent par une alliance féconde en résultats. Ceux qui traduisent alors les sentences divines en profitent pour élargir de plus en plus le cercle de leur action. Ils se nomment eux-mêmes prophètes ou devins ; quand ils ne se sont pas attribué en propre la fonction prophétique, comme à Claros[9], ils choisissent du moins, au nom du dieu, les prophétesses[10]. Ainsi la mantique est au service des prêtres, et sa puissance théocratique passe aux familles sacerdotales.

Mais, comme la mantique dépend absolument du bon vouloir qu’a la divinité de se manifester, elle est, par essence, quelque chose d’extraordinaire et d’irrégulier ; c’est une source de connaissances qu’un acte particulier de la divinité fait seul jaillir. C’est sous cette forme primitive et originelle que la divination s’est maintenue dans la patrie de l’Apollon grec, c’est-à-dire en Lycie ; là, la prophétesse, quand elle croyait sentir l’approche du dieu, s’enfermait. dans le temple pour attendre sa venue. Mais cette arrivée d’Apollon, on pouvait l’espérer surtout le jour où l’on fêtait sa première apparition, le jour de sa naissance. C’était le 7 de Thargélion, un mois du printemps, alors que la lumière et la chaleur regagnent leur énergie perdue et rayonnent sur le monde rajeuni.

Après que les prêtres eurent commencé à retirer de leur alliance avec la mantique honneur et profit, ils l’assujettirent, contrairement à sa nature originelle, à un fonctionnement régulier, qui la mettait au service de la masse des fidèles à des jours et en des lieux déterminés. Car c’était la marque caractéristique de la piété hellénique d’utiliser naïvement les moyens qu’offrait la divination pour se concilier la grâce divine, d’aborder les centres prophétiques avec des sacrifices et des offrandes. et, comme on disait, de demander conseil à la divinité. Ainsi s’établirent les sanctuaires de divination ou oncles.

Ce développement purement grec de la mantique a aussi une autre cause première : la tendance à mettre un frein à l’arbitraire, qui pouvait se donner dans l’exercice de cet art une si libre carrière. La mantique ne devait pas rester aux mains d’individus isolés ; par conséquent, on fonda des établissements religieux dans des lieux consacrés, accrédités par des manifestations divines, et là, des associations vénérables présidèrent au commerce de l’homme avec la divinité. C’est dans ces instituts sacerdotaux que la mantique, en tant que don personnel, disparut graduellement, pour ne plus être bientôt qu’une simple formalité. La femme inspirée elle-même, l’élue des prêtres, n’a plus qu’à répondre à leurs questions ; et leurs paroles sont tenues alors pour la décision même des dieux. Cependant, cette réforme de la mantique n’est point considérée comme une usurpation, comme une profanation du domaine religieux ; on croit, au contraire, que la divinité se communique d’une façon immédiate et durable dans ces lieux bénis où, en son nom, ou promulgue le droit divin. Comme administrateurs de ces sanctuaires prophétiques, les prêtres acquirent une réputation toute nouvelle et une nouvelle puissance, qui est d’utile très grande conséquence pour l’histoire du peuple tout entier.

Cette considération dont les prêtres étaient l’objet doit sur prendre tous ceux qui savent à quel point, en somme, l’esprit de la race hellénique, dans son aspiration à l’indépendance et au mouvement libre, est opposé à toute influence théocratique, et pourquoi, par suite, aucun pouvoir spirituel n’a pu se constituer nulle part au sein des États particuliers. Il doit donc exister des raisons spéciales, qui expliquent l’origine et la longue durée de cette autorité possédée par les prêtres des oracles.

Quand le culte d’Apollon eut été apporté sur le continent européen par les races antérieurement développées, établies en Crète et en Asie-Mineure, les missionnaires de ce culte furent aussi les propagateurs de leur propre civilisation, déjà avancée. C’est ainsi seulement qu’on peut rendre compte de cette influence qui s’étend sur toutes les circonstances de la vie, et qui accompagne le culte d’Apollon partout où il s’est implanté. On comprend pareillement la prépondérance que les familles sacerdotales conquirent parmi les indigènes : les prêtres, en effet, pouvaient se présenter comme des hommes privilégiés du côté de l’intelligence, possédant du monde une connaissance infiniment supérieure, ayant par eux-mêmes la capacité el tenant de leur dieu la mission d’être, pour les enfants du pays, des maures et des conseillers dans toutes les circonstances[11]. Or, il n’est aucun peuple au monde chez lequel la civilisation ait eu autant de puissance que chez les Grecs. C’est pourquoi les familles aristocratiques de la. Crète ont condamné les Doriens à ne recevoir qu’une éducation bornée, voulant les dominer par la supériorité de leur propre culture ; de même les Mityléniens ont supprimé dans les petites villes de leur île toutes les écoles, afin de concentrer l’instruction dans la capitale[12]. De la même façon les oracles sont devenus des centres de civilisation avancée, et c’est là la véritable raison de leur puissance.

Mais, sitôt que la culture des immigrants et celle des indigènes, par suite d’une action réciproque, furent devenues graduellement égales, il fallut l’intervention d’autres causes pour assurer aux prêtres la prépondérance une fois acquise. Ils y réussirent en mettant, comme le leur commandait leur propre intérêt, un grand zèle à entretenir dans leur communauté une instruction professionnelle, qui leur permit de répondre avec une grande promptitude et une grande sûreté aux questions qu’on leur posait. Ces questions concernaient-elles l’avenir ? Aucun homme n’y pouvant répondre avec certitude, il était permis alors de faire parler le dieu avec une prudence tellement avisée qu’en aucun cas il ne pût être établi qu’il s’était trompé, quel que fût le succès de l’affaire. Les questions qu’on ne voulait pas se mêler de trancher, on savait les écarter sous des prétextes plausibles. Mais on n’était pas toujours en présence de problèmes que la connaissance de l’avenir pût seule résoudre ; d’ordinaire les consultants demandaient à l’oracle un conseil à propos d’entreprises difficiles, une décision dans les cas litigieux, un secours dans les embarras divers de la vie ; et alors ils pouvaient déjà retirer un grand avantage d’un jugement impartial porté sur la situation. Mais pour beaucoup aussi, l’oracle était une bénédiction en ce sens qu’après une longue et pénible période d’hésitation, ils étaient conduits par lui à une résolution arrêtée qu’ils exécutaient alors le cœur joyeux, pleins de confiance dans cette ratification divine. Ajoutons à cela que les prêtres étaient assez habiles pour se maintenir en rapports intimes et suivis avec les centres les plus importants du monde hellénique.

Ils avaient en effet, non-seulement par suite de l’extension qu’avaient prise au loin les corporations apolliniennes, mais aussi grâce à leurs relations personnelles de tout genre, une connaissance précise de l’état social dans toutes les localités de quelque importance habitées par les Hellènes. ils savaient où en étaient les questions qui divisaient les partis, avant quo les partis impartissent devant eux ; ils pouvaient porter un jugement net sur les dangers extérieurs ou les difficultés intérieures qui troublaient chaque république, avant d’être consultés sur la manière d’en sortir ; ils avaient aussi des moyens et des procédés pour pénétrer à fond les particuliers. avant de prendre en main leur destinée. Si l’on réfléchit qu’à côté de cette connaissance étendue du monde et des hommes, il. se transmettait dans le cercle clos familles sacerdotales, d’une génération à l’autre, une certaine sagesse et comme un tact sûr pour juger les questions difficiles de la vie ; qu’a propos de chaque cas particulier soumis à leur décision, ils avaient déjà à leur disposition une série de cas analogues pour établir des comparaisons, et qu’ainsi, par cette succession de réponses et de sentences de toute sorte, il se formait une pratique de plus en plus constante ; alors on comprendra mieux comment, même après le nivellement de cette inégalité originelle de civilisation qui existait jadis entre les missionnaires apolliniens et les populations avoisinantes, les établissements prophétiques ont pu se maintenir sans rien perdre de leur prestige. Enfin, il faut ajouter à cela les expédients de tonte nature qui, dans tous les lieux et dans tous les temps, ont été sous la main des prêtres pour dominer les esprits religieux. Les seuls clients des oracles étaient ceux qui, sous le coup d’angoisses intérieures ou de dangers extérieurs, avaient besoin de secours ; par exemple, les criminels. Ce pardon qu’ils demandaient aux prêtres, ils ne pouvaient l’obtenir qu’an prix de l’humiliation, de l’abaissement ; on exigeait d’eux la confession du péché et le repentir[13]. Les occasions ne manquaient donc pas de prendre de l’empire sur les âmes.

Ainsi, c’étaient des forces dominantes et actives qui avaient leur foyer dans les instituts sacerdotaux ; mais ces forces agissent comme derrière un voile. On suit partout la trace de leur influence qui pénètre, qui dirige, qui ordonne, et, si on ne sait pas l’apprécier, l’histoire devient absolument inintelligible ; mais on ne voit point ressortir aucune personnalité individuelle, qu’on puisse connaître de figure et appeler d’un nom connu. Les sacerdoces étaient des corporations fermées, dont les membres n’agissaient que dans l’intérêt commun ; et de fait il est étonnant qu’en dépit de l’ambition personnelle, si profondément enracinée au cœur de tous les Hellènes, on rencontre dans ces établissements sacerdotaux pendant des siècles un tel esprit de solidarité, une telle discipline, un tel ordre, que tout ce qui s’y faisait ne se faisait qu’au nom du dieu ; il est étonnant qu’a côté de tant de changements survenus dans les races et dans les cités, les oracles aient pu garder si longtemps une attitude ferme et conséquente.

Là où le culte d’Apollon avait pris racine, il y avait des sibylles et des prophètes ; car on n’imagine pas Apollon sans le rayon révélateur qui émane de. son séjour. La situation prospère et la valeur intellectuelle des principaux collèges de prêtres ont donné à certains oracles une importance spéciale. A cette catégorie appartiennent Patara en Lycie, l’oracle de Thymbra près de Troie, auquel se rattache Cassandre, la plus célèbre parmi les voyantes apolliniennes, le Gryneion de Lesbos, l’oracle de Claros près de Colophon, enfin, le plus considérable de tous les sanctuaires de l’Asie-Mineure, le Didymæon, près de Milet, où la famille des Branchides possédait le don de prophétie comme un privilège héréditaire.

,Délos relie entre elles les stations apolliniennes situées des deux côtés de la mer ; là aussi était un oracle très ancien, où Anios, fils d’Apollon, était honoré comme l’ancêtre d’une race de prêtres-prophètes[14]. Par le canal de l’Euripe, dont, les eaux ont porté jusqu’aux bords de tant de trésors de la civilisation orientale, l’Eubée, patrie de la sibylle de Hume, est entrée, ainsi que le continent auquel elle fait face, en relations avec les centres prophétiques de l’Orient grec ; alors furent fondés les sanctuaires d’Apollon Isménien à Thèbes, le Ptoïon sur la montagne qui sépare le bassin de l’Hylica de celui dit Copaïs, et, en Phocide, l’oracle d’Abæ. Mais toutes ces résidences d’Apollon, jadis renommées, ont été éclipsées par Delphes ; on en trouve la raison dans une série de circonstances particulières et extraordinaires, grâce, auxquelles ce lieu a été appelé à devenir le centre, non-seulement, comme les autres oracles, des régions circonvoisines, mais bien de la nation tout entière.

 

 

 



[1] Έλλάς συνεχής (DIONYS., Descr. Græciæ, v. 31, p. 139 éd. Meineke), ordinairement comptée à partir d’Ambracie jusqu’à l’embouchure du Pénée. Cf. NIEBUHR, Alte Lænder-und Völkerkunde, p. 21.

[2] HOMÈRE, Iliade, I, 423. Sur l’idée que le sacrifice est un banquet où dieux et hommes sont commensaux, voyez Gœtt. Nachrichten, 1861, p. 361.

[3] HÉRODOTE, VII, 153.

[4] Sur le rôle conservateur du sacerdoce, voyez MOMMSEN, Arvalmonumente in Rom, ap. Grenzboten, 1869, I, p. 485 sqq. Cf. E. CURTIUS, Das Priesterthum bei den Hellenen (Rede zum 22 Mærz, Berlin, 1877).

[5] Loi observée à Tanagre (PAUSANIAS, IX, 22, 2). Cf. AMM. MARCELLIN, XXVII, 9. BŒTTICHER, Andeutungen über des Heilige und Profane, 1846, p. 4.

[6] HÉRODOTE, I, 160.

[7] HOMÈRE, Iliade, XII, 241-243.

[8] SCHŒMANN, Griech. Alterth., II3, p. 417. Sur la divination en général, voyez E. CURTIUS, Ueber die Mantik des Alterthums (Gœttinger Festrede vom 4 Juni 1864).

[9] TACITE, Annal., II, 54.

[10] La Pythie était πασών Δελφίδων έξαίρετος (EURIP., Ion., 1326, éd. Kirehh.). SCHÖMANN, Griech Alterth., II3, p. 314.

[11] Sur la puissance des prêtres chez les races indo-européennes, voyez MAX MÜLLER, Essays, II, pp. 290. 297. 304.

[12] ÆLIAN., Var. Hist., VII, 15.

[13] Les prêtres recevaient cette confession au nom de la divinité (PLUTARCH., Apophth. Lacon. [Antalcidas, 1] ; HERMANN, Gottesdienstl. Alterth., § 23, 26. SCHÖMANN, Griech. Alterth., II3, p. 405.

[14] CONON., Nair., 41. DIODOR., V, 62. DIONYS. HALIC., I, 50.