HISTOIRE GRECQUE

TOME PREMIER

LIVRE DEUXIÈME. — DE L’INVASION DORIENNE AUX GUERRES MÉDIQUES.

CHAPITRE PREMIER. — HISTOIRE DU PÉLOPONNÈSE.

 

 

§ VI. — HISTOIRE DE L’ARGOLIDE.

L’Argolide avait été de tout temps la région de la péninsule la plus visiblement prédestinée, par sa situation et sa structure, à entrer en relations avec les pays d’outre-mer. Dès le début de l’ère historique, elle comptait dans sa population un élément ionien qui n’en était pas sorti, même lors de l’invasion dorienne. Au contraire, de nouveaux colons, de même race, pénétrèrent dans le pays en même temps que les Doriens ; le fait est attesté notamment pour la ville d’Épidaure, où des Ioniens de l’Attique vinrent s’établir avec les Héraclides[1]. Un pareil terrain ne se prêtait pas à une dorisation semblable à celle que les Spartiates avaient menée à bonne fin sur les côtes de Laconie : aussi voit-on que, dès le début, les Téménides cherchèrent à appuyer leur domination, non pas sur la soldatesque dorienne, mais sur la population ionienne. Eux-mêmes n’étaient pas plus Doriens que les autres Héraclides du Péloponnèse ; c’est de la plage qu’ils se sont élancés à la conquête du bassin de l’Inachos, et l’Ionien Déiphonte, qui appartient précisément à ces familles avec lesquelles Épidaure comble les vides faits dans son sein par l’émigration, est devenu, d’après le rapport fidèle de la tradition locale, le principal auxiliaire des Téménides occupés à fonder et à consolider leur domination. Ceux-ci, du reste, ne parvinrent pas à donner à leur domination une unité compacte. Or, plus on resta loin de l’unité, plus les Doriens se dispersèrent par petits groupes dans le pays, et plus leur influence se trouva paralysée ; de sorte que l’ancienne population garda les mœurs de sa race, ses inclinations naturelles et ses habitudes.

Toute l’histoire de l’Argolide tient à ce point de départ. Là est le secret de son inimitié pour Sparte, inimitié qui grandit à mesure que les Spartiates montrèrent plus de zèle dorien et s’efforcèrent par conséquent d’accabler partout l’ancienne population ionienne. C’est ce qui explique les luttes entre ces deux États voisins, et cet état de choses n’est pas étranger non plus aux discordes intestines qui déchirèrent Argos.

Dans les premiers conflits, il s’agissait de la Cynurie, c’est-à-dire du massif du Parnon qui s’étend du côté de la mer, à l’est du bassin de l’Eurotas[2]. C’est un pays inaccessible, dont les habitants résistèrent longtemps aux assauts que leur livraient les Doriens d’Argos et de Sparte. A l’origine, les deux États voisins se soutenaient mutuellement dans cette lutte commune ; mais, par la suite, ils se firent, au sujet de ce territoire mitoyen, une guerre acharnée qui, commencée avant Lycurgue, se continua sous Charilaos, le contemporain de Lycurgue, sous le fils de Charilaos et sous Théopompos. En somme, les Spartiates gagnaient du terrain, aidés qu’ils étaient par les discordes intestines d’Argos.

En effet, Héraclides et Doriens étaient à Argos en rupture ouverte. Un des rois avait fait la guerre en Arcadie, probablement à l’époque où Sparte, sous le règne de Charilaos, bataillait contre les Tégéates, et il est à croire que le roi argien soutenait les Tégéates. Il occupa une partie du territoire arcadien, et fut alors sommé par ses soldats doriens de le partager entre ses troupes : il s’y refusa, fut pour cette raison chassé par eux, et mourut en exil à Tégée. C’était une révolution dirigée par les Doriens contre leurs chefs militaires, révolution qui éclatait au moment où, à Sparte, des conventions nouvelles donnaient à cette question difficile une solution définitive. L’émigration du Téménide Caranos qui, mécontent de l’état des choses dans son pays, se retira en Macédoine, parait aussi se rattacher à cette révolution[3].

On a admis qu’à la suite de ces événements une ligne collatérale était parvenue au trône[4] ; cependant, toutes les tentatives faites pour rétablir dans sa continuité l’histoire de la royauté argienne reposent sur un fondement ruineux, car il n’y e pas de tradition assurée qui nous donne la série des princes de la maison des Téménides. La seule chose que l’on puisse constater avec certitude, c’est que, vers le milieu du huitième siècle, les rois d’Argos inaugurent une politique énergique et suivie, qui se propose pour premier but l’unification du pays.

Le roi Eratos s’empare, vers 760 av. J.-C., de la ville d’Asine, située sur la côte[5] ; son successeur Damocratidas prend Nauplie[6].

Une fois l’ordre rétabli au dedans, l’unité de l’État restaurée et le littoral conquis, la lutte contre Sparte est reprise avec une nouvelle énergie. Il ne s’agit plus de quelques milles carrés de terre dans la province frontière de Cynurie, mais de la primauté dans la péninsule, de l’hégémonie des Péloponnésiens, de la direction de la fête nationale célébrée à Olympie ; il s’agit de savoir si le dorisme laconien doit régner sans partage, ou s’il y aura place pour un esprit plus libéral qui accorde aux populations ioniennes leur part de droits. Les deux États rivaux mesurent leurs forces en rase campagne. Les Spartiates sont vaincus à Hysiæ (Ol. XXVII, 4. 669) et, alors, non seulement la Cynurie, mais tout le littoral jusqu’au cap Malée tombe au pouvoir des Argiens[7].

Le nom du roi victorieux ne nous est point donné par la tradition ; mais, en rapprochant une foule de circonstances qui s’éclairent mutuellement, nous sommes à peu près certains que le vainqueur était le roi Phidon, qu’Éphore place au dixième rang dans la série des Téménides, un des hommes les plus extraordinaires de l’histoire péloponnésienne. Il fit ce que jusque-là nul Héraclide n’avait pu faire ; il réussit à débarrasser complètement la royauté des entraves que lui imposaient ses obligations envers les Doriens amenés par l’invasion ; c’est pourquoi, comme Charilaos qui avait poursuivi le même but à Sparte, il fut considéré, en dépit des droits de sa naissance, comme un roi illégitime, un tyran[8]. En même temps se déclare, aussi loin que s’étend son influence, une réaction décidée contre tout ce que les Spartiates mettaient chez eux en pratique et voulaient imposer comme règle de conduite aux autres États. Au lieu de se concentrer à l’intérieur, la vie prend son cours vers la mer ; les classes, au lieu de se séparer, se mêlent et s’égalisent ; l’isolement vis-à-vis de l’extérieur fait place à la liberté du commerce, et ce commerce trouve désormais autant d’encouragements que Lycurgue y avait apporté d’entraves.

Une nouvelle époque avait commencé pour les relations commerciales depuis que l’emploi des métaux précieux, réglés d’après le poids babylonien et réduits par le monnayage en pièces maniables, avait pénétré de la Lydie dans les villes grecques du littoral de l’Asie-Mineure. Là, quelques cités commerçantes avaient commencé, vers 700 avant J.-C., à frapper de la monnaie officielle, et la nouvelle invention s’était rapidement propagée d’un endroit à l’autre, notamment à Milet, Chios, Clazomène, Éphèse, Samos. Les villes maritimes se partageaient donc en deux groupes : les unes avaient adopté l’usage de la monnaie, les autres ne s’en servaient pas encore ; et ainsi, au septième siècle, la question la plus importante pour les États baignés par la mer Égée était de savoir s’ils se rallieraient ou non au nouveau système.

Or, ce n’était pas là seulement une question économique, mais bien une question politique de la plus haute importance. En effet, elle ajoutait encore à l’antagonisme qui divisait le monde grec. A Sparte, les anciennes prohibitions relatives aux métaux précieux étaient appliquées d’autant plus sévèrement que ceux-ci, sous forme de monnaie, paraissaient plus dangereux. Dans le camp opposé figuraient les états maritimes, avec leur population industrieuse, qui devait souhaiter ardemment une simplification si considérable des transactions, et les dynasties princières qui, en satisfaisant à oc désir, espéraient accroître leur puissance.

Ces tendances se révèlent partout au septième siècle, le siècle des tyrans, dont l’avènement simultané a déjà été signalé par Thucydide comme l’indice d’un vaste mouvement social. Ce mouvement, c’était celui du progrès naturel réagissant coutre les institutions artificielles issues de l’association des princes achéens avec la soldatesque dorienne ; c’était le réveil général de l’ancienne population indigène refoulée jadis par les envahisseurs.

Le signal fut donné par le roi Phidon, et ce que nous savons de plus certain sur les faits et gestes de ce grand homme, c’est l’établissement d’un système de poids, de mesures et de monnaies, le premier de ce genre qui eût paru sur le bord européen de l’Archipel, mais dérivé naturellement des inventions d’outre-mer, car le but essentiel de toute cette législation était de faciliter les transactions entre les deux rivages opposés.

En Asie-Mineure, la monnaie d’argent avait commencé à circuler concurremment avec la monnaie d’or, et, d’après le rapport de 13 1/3 à 1 établi entre les deux métaux, l’équivalent du statère d’or était, en poids fort, une pièce d’argent de 224 gr 4, en poids faible, 112 gr 2. Pour obtenir une pièce maniable on prit, soit le dixième de cette quantité, ou 11 gr 22, soit le quinzième, ou 7gr 18. Ces deux monnaies d’argent avaient cours simultanément dans l’Asie antérieure ; la première (système décimal), en Mésopotamie et en Lydie, l’autre (système quindécimal), sur la côte occidentale de l’Asie-Mineure et en Phénicie.

Si donc on voulait en Europe se rattacher aux habitudes asiatiques, il fallait ou se décider pour l’un des deux systèmes ou essayer d’un moyen terme. C’est ce dernier parti que l’on prit dans le Péloponnèse. On frappa un statère de 12 gr 40, qui, extérieurement, se rapprochait beaucoup de la pièce d’argent représentant le décime du statère d’or. Cette augmentation de poids n’eut d’autre but que de favoriser le commerce des marchandises : on voulait avoir de bonne monnaie pour acheter facilement sur les marchés d’outre-mer et pouvoir tenir tête à toute espèce de concurrence. D’autre part, on établit, entre ce système et celui de l’Asie-Mineure, un rapport commode, et on s’en rapprocha dans les monnaies divisionnaires. Le statère fut partagé en deux, et la moitié forma la drachme, la véritable monnaie nationale des Hellènes ; c’était une pièce d’argent de 5 à 6 gr (correspondant par conséquent au franc ou au shilling). La drachme elle-même fut subdivisée en six parties, auxquelles on donna, par allusion aux lingots d’autrefois, le nom d’Obeloi (barres). Des échantillons des anciens lingots furent appendus aux murs du temple de Héra comme reliques du passé[9] en souvenir d’une étape désormais franchie par la civilisation, et la nouvelle monnaie se frappa à Égine[10] C’est dans cette île, dont l’invasion dorienne n’avait point arrêté le commerce maritime, que fui établie, sous le roi Phidon, la première Monnaie publique du continent européen. La fabrication, bornée d’abord à l’argent, ne tarda pas à s’étendre à l’or[11]. On prit pour emblème la tortue, le symbole de la déesse assyrio-phénicienne du commerce, Aphrodite[12]. A la même époque furent introduites des mesures de longueur et de capacité, calquées exactement sur les types asiatiques.

Les proportions grandioses que Phidon donnait à ses réformes, montre assez qu’il ne les destinait pas au domaine restreint d’une seule ville. Ce sont là les entreprises d’un homme qui voulait fonder un empire, et à qui sans doute cette idée est venue de l’Asie où, derrière les villes helléniques de la côte, s’étendaient de grands empires pourvus d’une excellente organisation commerciale.

A l’exemple de ses deux prédécesseurs, Phidon s’attaqua aux ports et sut les incorporer, l’un après l’autre, au domaine de la capitale. Employant tour à tour la. ruse et la force, il parvint à subjuguer toutes les villes qui s’étaient séparées d’Argos, jusqu’à l’isthme, et à reconstituer, dans son unité, l’héritage morcelé des Téménides. H réussit, en armant la population tout entière, à se créer une puissance militaire capable de lutter avec celle des Spartiates : poursuivant ses conquêtes au sud jusqu’à Cythère, il arracha de nouveau aux Spartiates tout le pays des périèques, si péniblement conquis et dorisé, dont les habitants furent heureux de se soustraire au joug de Sparte et de recouvrer, avec leur nationalité, la liberté commerciale. Les Spartiates, voyant tout le nord et l’est de la péninsule ainsi réunis sous la domination de Phidon, durent faire tous leurs efforts pour abattre une puissance qui grandissait d’année en année ; ils marchèrent avec leurs alliés de Tégée contre Argos, rencontrèrent leurs adversaires dans l’étroite vallée d’Hysiæ, et furent battus I. Le vainqueur se dirigea, sans désemparer, vers la côte occidentale, pour y donner la main aux ennemis que Sparte avait dans cette région, chasser encore Sparte des bords de l’Alphée, briser son alliance avec Élis et anéantir à jamais par là l’hégémonie abhorrée du chef-lieu dorien. Lorsque, l’année qui suivit la bataille d’Hysiæ, il célébra avec les Piséens la vingt-huitième Olympiade (été 668), le hardi réformateur put croire réellement qu’il était arrivé au but, qu’Argos était redevenue la capitale du Péloponnèse, et qu’il était appelé à donner à la péninsule une constitution générale selon ses idées.

Il triomphait trop tôt. L’esprit nouveau, avec lequel il voulait vaincre, était un allié moins sûr que la ténacité opiniâtre de Sparte et la puissance de la routine. D’un côté, il voulait déchaîner toutes les forces du peuple, de l’autre, commander en maître. C’est contre cette contradiction intérieure, qui se trouve en germe au fond de toute tyrannie, que vint échouer aussi l’œuvre de Phidon. Déjà, dans l’olympiade qui suivit leur défaite, les Spartiates avaient repris, avec les Éléens, la direction des jeux. Ainsi, Phidon lui-même a vu le fruit de ses longs efforts lui échapper. Il ne parvint pas davantage à pacifier le nord de la péninsule, et, obligé de marcher contre Corinthe, il y périt, dit-on, vers la trentième olympiade (660 avant J.-C.), dans une mêlée engagée avec ses adversaires politiques[13]. Dans la faible main de son fils, qu’Hérodote signale à Sicyone comme hôte de Clisthène, sous le nom de Léocède, la souveraineté des Téménides perdit tout son prestige[14] : son petit-fils Meltas fut traduit devant un tribunal, condamné et déposé[15]. Ce coup brisa le sceptre des Téménides, bien qu’Argos ait eu encore plus tard des rois titulaires[16].

Ainsi Phidon ressemble à une apparition brillante, qui disparaît sans laisser de traces. Il resta pourtant de lui un bienfait durable. Ce n’était pas, comme le pensaient les Spartiates, un audacieux aventurier, mais un prince qui défendit, avec une admirable énergie, de grands et légitimes intérêts nationaux. Il a réhabilité l’élément ionien tenu en tutelle par l’esprit exclusif du dorisme ; il a renversé la barrière élevée, malgré la nature, entre l’Europe et l’Asie ; il a introduit le Péloponnèse dans le courant commercial de l’Archipel ; il a levé l’interdit que Sparte menaçait de faire peser sur toute la péninsule, et éveillé dans les régions du nord et de l’est une vie nouvelle qui ne s’est plus arrêtée depuis. L’uniformité qui étouffait jadis toute spontanéité était à jamais rompue. Des voies nouvelles étaient ouvertes au commerce et à l’industrie, à l’esprit d’entreprise et au talent, et des hommes supérieurs, comme les États doriens n’en pouvaient ni produire ni supporter, prirent en main le gouvernement des cités. Parmi les traces effacées de sa mémorable activité, il faut vraisemblablement compter encore la fédération maritime de Calaurie, qui se rattachait à l’antique sanctuaire de Poséidon. Elle comprenait sept villes qui, à l’exception d’Athènes, se trouvaient toutes sur la côte septentrionale et orientale de la péninsule, avec une ville située dans le nord de l’Arcadie, à supposer que l’Orchomène fédérale soit bien la cité arcadienne de ce nom.

 

 

 



[1] ARISTOTE ap. STRABON, p. 371.

[2] E. CURTIUS, Peloponnesos, II, p. 375.

[3] Querelles entre les Doriens et leurs rois (Fragm. Histor. Græc., II, p. 8).

[4] Ægon (PLUTARQUE, Fort. Alex., II, 8) est considéré comme le chef de la nouvelle branche par K. FR. HERMANN (Verhandl. der Altenburg. Philol. Versamml., p. 44) dont l’opinion est combattue par FRICKE (De Phidone Argico ap. Gœtting. Gelegenheitsschrift, p. 37).

[5] PAUSANIAS, II, 36. 5.

[6] PAUSANIAS, IV, 35, 2.

[7] Sur la bataille d’Hysiæ, voyez E. CURTIUS, Peloponnesos, II, p. 367. — PAUSANIAS, II, 24, 7.

[8] ARISTOTE, Polit., p. 217, 18). HÉRODOTE, VI, 127. L’apogée de sa puissance coïncide avec l’Olympiade fêtée par lui. Mais laquelle ? La huitième, selon le texte de Pausanias (VI, 22, 2), la vingt-huitième, suivant la correction (κή pour ή) que WEISSENBORN (Hellen., p. 47) a solidement établie et à laquelle se rallient K. FR. HERMANN (op. cit., p. 47), ABEL (Makedonien, p. 100), BRANDIS, HEAD, SCHŒHMANN (Staatsalterth., I3, p. 19), URLICHS (Skopas, p. 224), KOHLMANN ap. Rhein. Mus., XXIX, p. 465, BURSIAN (De temp. quo templ. Jov. Olymp. condit. sit., p. 17). URGER (Philol., XXIX, 250) et SCHNEIDERWIRTH (Argos) tiennent pour la huitième Olympiade. Julius Africanus ne nous apprend qu’une chose, c’est que la vingt-huitième Olympiade a été célébrée par les Piséens d’une façon irrégulière, c’est-à-dire, sans le concours des Eléens, irrégularité que l’on paraît avoir expliquée plus tard par une raison spécieuse, en supposant que les Eléens étaient alors éméchés par une guerre contre Dyme. Tout ce que la tradition attribue à Phidon, notamment sa réforme monétaire, me semble ne pouvoir trouver place qu’au septième siècle avant notre ère. SCHUBART lui-même rétablit maintenant dans le texte de Pausanias (VI, 22, 2) : Όλυπιάδι μέν [είκοστή καί] όγδόη (Zeitschr. f. Alt. Wiss., p. 107).

[9] ETYM. M., s. v. όβελίσκος. BOECKH, Metrolog. Untersuch., p. 76.

[10] Sur la réforme monétaire, voyez BOECKH, Metrolog. Untersuch., p. 76. BRANDIS, p. 202. HULTSCH, recension du livre de Brandis, dans les Jahrbb. für klass. Philolog., 1867, p. 534. Brandis appelle le système quindécimal asiatico-phénicien, parce qu’il domine plus tard dans les villes phéniciennes (lesquelles n’ont commencé à battre monnaie que sous Darius et peut-être sous Xerxès) et qu’il avait pu être déjà usité au temps des paiements en lingots, comme Brandis l’a démontré pour la Palestine. Le même savant soutient (p. 110), contre Mommsen (p. 45), que la monnaie d’Égine dérive du même système, tout en reconnaissant qu’elle appartient formellement au système décimal (p. 111). Cette opinion est développée par Hultsch (op. cit., p. 557). Selon lui, la monnaie d’Egine est une monnaie d’argent particulière, émise spécialement pour les Grecs ; le statère éginétique permettant de raccorder, par des rapports simples et déterminés, les deux systèmes employés en Asie-Mineure. Comme poids. l’unité monétaire d’Épine se rapprochait plus du statère babylonien que de l’unité chaldéo-phénicienne ; mais, pour cette raison même, elle se raccordait plus difficilement avec le premier (le rapport étant 25 : 27) qu’avec la seconde (5 : 4).

[11] BRANDIS, ibid., p. 111.

[12] La tortue, représentant la voûte céleste, est le symbole d’Aphrodite Ourania (GERHARD, Gr. Mythol., § 375).

[13] Sur la mort de Phidon, voyez NICOL. DAMASC., Exc., p. 378 (éd. Müller). La date ne peut être placée plus bas que Ol. XXX (660-657). MÆHLY (Rhein. Mus., IX. p. 614) la fait descendre jusqu’à Ol. XXXIV (644-641). Cf. K. FR. HERMANN, Altenb. Philol. Versamml., p. 49.

[14] Faiblesse de Lacédas (PLUTARQUE, De util. ex host. cap., 6).

[15] PAUSANIAS, II, 19, 2.

[16] Un passage d’Hérodote (VII, 149) fait supposer qu’il a subsisté à Argos une royauté nominale. Sur la concordance des événements, tels qu’ils sont présentés ici, avec l’histoire générale du Péloponnèse, voyez HERMANN, op. cit., p. 48. Nous admettons que l’ordre des Olympiades a été rétabli, par l’intervention lacédémonienne, dès la vingt-neuvième Olympiade, c’est-à-dire avant la seconde guerre de Messénie. De là, la reconnaissance des Éléens.