§ I. - MIGRATIONS DES TRIBUS DU NORD. Les événements les plus anciens de l’histoire grecque appartiennent à un monde qui groupe en un vaste ensemble les côtes de l’Archipel. L’ordre de choses qui commence maintenant a son berceau dans le nord de la Grèce continentale ; c’est une réaction du dedans contre le dehors, de la montagne contre le littoral, de l’Occident contre l’Orient. Des peuplades inconnues, perdues dans leurs montagnes, se remuent ; l’une pousse l’autre en avant ; le mouvement se communique successivement à toute une série de peuples ; les anciens États s’écroulent, leurs capitales se changent en solitudes ; le pays est partagé à nouveau, et enfin, après une longue période de fermentation et d’anarchie, le calme renaît et la Grèce apparaît couverte de nouveaux peuples, de nouveaux États et de villes nouvelles. Parmi les tribus grecques qui ont pénétré par voie de terre dans la péninsule européenne, une partie considérable, marchant sur les traces des Italiotes, se dirigea vers l’ouest, en traversant la Péonie et la Macédoine, et se répandit ainsi, par l’Illyrie, sur le versant occidental de la Grèce du nord, pays montagneux qui, vu la conformation de ses chaînes et de ses vallées, est plus abordable par le nord que le bassin fermé de la Thessalie. Les fleuves nombreux et rapprochés qui coulent, nu fond de longs ravins, vers la mer Ionienne, facilitaient l’accès des pays du midi ; l’abondance des pâturages y attirait les envahisseurs ; et c’est ainsi que vinrent s’entasser dans les fertiles vallées de l’Épire une foule compacte de peuplades qui y ont fait leur apprentissage de la civilisation. On comptait en Épire trois tribus principales, parmi lesquelles celle des Chaoniens passait pour la plus ancienne. Ils occupaient le pays compris entre le promontoire acrocéraunien an nord et la côte qui fait face à l’île de Corcyre (Corfou). Au-dessous venaient les Thesprotes, et, dans les régions de l’intérieur, du côté du Pinde, les Molosses. Cette division en trois branches est moins ancienne que le nom de Grecs (Graikoi, Græci), regardé par les Hellènes comme k nom primitif de leurs ancêtres, et appliqué par les Italiotes à toute la race avec laquelle ils avaient jadis cohabité dans ces mêmes contrées[1]. C’est le premier nom collectif des tribus helléniques en Europe. Plus tard, ces populations épirotes, restées fort en arrière des progrès accomplis par les États du sud et modifiées par le mélange d’une foule d’éléments étrangers, étaient regardées comme barbares ; mais, à ne considérer que leur origine, elles étaient d’aussi bonne souche que les autres familles grecques que dis-je ! ce sont elles qui ont desservi les premiers sanctuaires du peuple grec et qui leur ont donné un caractère national. Loin de la côte, au milieu de montagnes qui réunissent sur un étroit espace les sources du Thyamis, de l’Aoos, de l’Arachthos et de l’Acheloos, s’étend, au pied de l’imposant Tomaros, le lac Johannina. A quelque distance de là, dans une vallée latérale abondamment arrosée, était située Dodone[2], la demeure de prédilection du Zeus pélasgique, du dieu invisible qui manifestait sa présence par le frémissement des chênes et dont l’autel était environné d’un vaste cercle de trépieds, pour indiquer que, le premier, il avait rassemblé autour de lui les foyers des maisons et des communes et en avait fait une fédération. Cette Dodone était ]e chef-lieu des 6nel :es ; elle était le centre religieux de toute la contrée avant que les Italiotes ne poursuivissent leur marche vers l’occident et, en même temps, le lieu où l’on rencontre pour la première fois le nom qui devint plus tard le nom national des Grecs ; en effet, les élus du peuple, chargés de veiller au culte de Zeus, s’appelaient Selles ou Helles, et le pays environnant prit d’eux le nom d’Hellopie ou Hellade[3]. Si loin que la tranquille vallée de. Dodone semble être du mouvement des peuples navigateurs, eux aussi ont appris de lionne heure le chemin de Le détroit de Corcyre dut être de ce côté le rentre de leur action et de leur influence. Au-dessus de ce canal se trouvait l’antique Phœnike[4], située dans le pays des Chaoniens ; plus bas, entre les Chaoniens et les Thesprotes, s’élevait, à l’embouchure du Thyamis, une Ilion[5] dont les fondateurs avaient donné aux ruisseaux voisins les noms de Simoïs et de Xanthe. De la côte les colons étrangers pénétrèrent dans l’intérieur. A Dodone même, le Zeus pélasgique ne resta pas seul ; on lui associa, sous le nom de Dioné, la déesse de la fécondité naturelle, importée de l’extrême Orient. Là aussi, elle avait pour emblème la colombe, qui fit donner à ses prêtresses le nom de Péléiades[6]. Des régions populeuses de l’Épire, sortirent, à diverses époques, quelques tribus douées d’une énergie exceptionnelle qui, franchissant la chaîne du Pinde, s’écoulèrent dans les contrées de l’est. Elles conservèrent fidèlement les souvenirs de la patrie où avait commencé leur vie historique et répandirent ainsi le prestige des cultes épirotes bien au-delà des limites du pays. C’est ainsi que l’Achéloos revêtit un caractère national ; il devint pour les Grecs le fleuve des fleuves, la source primordiale et sacrée de toutes les eaux douces, prise à témoin dans les serments les plus solennels. Son culte tenait de près à celui du Zeus de Dodone qui, partout oit il avait des adorateurs, exigeait aussi des sacrifices pour l’Achéloos. Les premières migrations qui ont mis les forêts de l’Épire en communication avec les pays de l’est et transplanté les rites de Dodone sur les bords du Sperchios, où Achille invoque le dieu épirote comme l’ancêtre divin de sa race, se sont effacées de la tradition[7]. Mais elle a conservé le souvenir d’un mouvement postérieur qui s’est opéré d’Épire en Thessalie[8]. Il s’agit d’un peuple qui, après avoir fait paître ses coursiers dans le bassin supérieur de l’Arachthos et de l’Achéloos, sortit un jour de son repos et s’élança vers l’est, à l’endroit où le Pinde forme l’arête centrale du pays et le partage en deux versants. Du haut des cols, Vieil embrasse les vastes campagnes arrosées par le Pénée, où le bien-être des habitants et les avantages de leur situation tentaient l’avidité conquérante de l’étranger. La route la plus commode passe par le col de Gomphi. En franchissant la chaîne, la tribu épirote entra sur la scène de l’histoire grecque et donna la première impulsion à une série de déplacements qui peu à peu ébranlèrent l’Hellade toute entière : c’était la tribu des Thessaliens. Les Thessaliens n’étaient pas un peuple de souche étrangère. Cependant, quoique rapprochés des riverains du Pénée par la communauté de langue et de religion, ils montrèrent vis-à-vis d’eux une hostilité brutale. C’était un peuple d’une énergie sauvage, passionné et violent : habitué aux émotions de la chasse et de la guerre, il méprisait les travaux monotones de l’agriculture : aussi garda-t-il toujours dans le caractère quelque chose de désordonné et d’indisciplinable. Saisir d’un bras vigoureux un taureau sauvage était chez lui le divertissement le plus goûté des hommes, et leur humeur batailleuse les poussait à chercher, en pays ami ou ennemi, -des aventures et du butin. Ils trouvèrent installé dans le pays un peuple éolien qui, depuis longtemps, avait reçu de la côte les germes d’une civilisation supérieure et les développait pacifiquement dans son sein. La ville principale de ces Grecs était Arné, bâtie dans une plaine basse et fertile, au pied des montagnes qui bornent la Thessalie au sud et envoient au Pénée de nombreux affluents[9]. On a retrouvé près du village de Mataranga des vestiges de cette antique capitale. Poseidon et l’Athéna d’Itone y avaient des autels ; la tribu éolienne qui avait adopté ce culte reconnaissait pour ancêtre Bœotos, fils d’Arné, et s’appelait le peuple des Arnéens ou Béotiens. L’irruption des cavaliers thessaliens eut pour les Béotiens une double conséquence. La plus grande partie d’entre eux, accoutumés à une vie sédentaire, attachés à leur belle patrie par les liens de l’habitude, se courbèrent devant la force et se soumirent aux nouveaux maîtres qui, en leur qualité de chefs des bandes victorieuses, se partagèrent le pays. Un groupe d’habitants fut dévolu à chaque maison de la noblesse thessalienne ; ils devinrent les soutiens de cette puissance nobiliaire qui s’implanta fortement dans le pays conquis ; il leur fallut payer le revenu de leurs champs et de leurs pâturages, dont ils n’étaient plus que les tenanciers[10], et conserver par leur travail le riche patrimoine des maisons seigneuriales. En guerre, ils accompagnaient les chevaliers leurs malices comme servants d’armes : dans la vie publique, ils étaient privés de tous droits et, dans les villes, ils ne devaient pas mettre le pied sur la place libre[11]. on se rassemblaient les nobles thessaliens. C’est ainsi qu’après la destruction de l’ancien ordre de choses furent réglées, une fois pour toutes, les conditions sociales en Thessalie. Les germes d’une bourgeoisie libre furent anéantis : il n’y eut plus à côté d’une chevalerie noble qu’une population asservie qui, indignée de son abaissement, tenta plusieurs fois de se soulever sans parvenir à reprendre, le cours violemment interrompu de sou développement. Le peuple proprement dit n’eut plus d’histoire à partir du jour où l’Éolide devint la Thessalie. Cependant, tandis que la masse du peuple béotien pliait sous la domination de l’étranger, une partie s’expatria sous la conduite de ses rois et de ses prêtres. Quittant la belle Arné qui comme une veuve, pleurait le Béotien, son époux[12], ils franchirent les montagnes du sud avec leurs troupeaux et ce qu’ils pouvaient emporter de leurs trésors, poussant devant eux jusqu’à ce qu’ils rencontrassent, dans le bassin du Copaïs, un terrain humide comme celui de leur patrie, couvert de riches cités et de fertiles campagnes[13]. Le pays avait encore un double centre. Orchomène et la ville des Cadméens. Les Arnéens s’installèrent entre les deux, sur le bord méridional du lac ; là s’éleva une nouvelle Arné, ruinée plus tard par des inondations qui laissèrent subsister sur ses débris le sanctuaire d’Athéna itonienne[14]. Le premier rendez-vous des émigrés éoliens se trouvait sur les bords d’un petit ruisseau qu’en souvenir de leur patrie ils appelèrent Coralios[15]. Ils créèrent ainsi dans ce pays une nouvelle Béotie, qui gagna lentement du terrain. Chéronée, enfoncée dans une échancrure à l’extrémité occidentale du bassin de Copaïs, est citée comme la première ville on les Béotiens aient établi leur domination d’une manière définitive[16]. Là s’est conservé, durant de longs siècles, le souvenir de leur roi victorieux Opheltas et du prophète Péripoltas qui, habile à interpréter la volonté des dieux, avait heureusement conduit son peuple dans son nouveau séjour[17]. Les vieilles cités du pays n’avaient plus assez de force pour résister à l’invasion. La haute citadelle d’Orchomène fut prise et son territoire conquis. Les Cadméones eux-mêmes, épuisés par la guerre des Épigones, durent céder comme les Minyens. Le dernier rejeton des Labdacides se réfugie chez des peuplades du nord ; les Ægides émigrent avec leur Apollon Carneios dans le Péloponnèse, les Géphyréens en Attique. Les Arnéens achèvent peu à peu de soumettre le pays qui, pour la première fois, forma une unité politique étendue jusqu’à ses limites naturelles. Jusque-là, en effet, le sud de la Béotie, vu les affinités de sa population, faisait corps avec l’Attique. D’un côté comme de l’autre, il y avait une Athènes et une Éleusis, et les rois des temps primitifs, Cécrops aussi bien qu’Ogygès, étaient communs aux deux pays[18]. Alors, pour la première fois, la chaîne du Cithéron et du Parnès leur servit de frontière. Cette région, il faut le dire, est celle qui se soumit le plus tard et le moins complètement aux Éoliens : ils y rencontrèrent une résistance opiniâtre, et quoique Platée et Thespies ne soient point retranchées derrière des limites naturelles, elles ne se sont jamais absorbées dans la nouvelle unité territoriale[19]. Mais si les Béotiens n’ont pas réussi à unifier complètement le pars, ils n’en ont pas moins aboli pour toujours la domination bicéphale qui le divisait et fondé une constitution collective qui, de Thèbes, étendit son étreinte, avec des vicissitudes diverses, sur les localités circonvoisines. L’Athéna d’Itone devint le centre des fêtes nationales : il y a désormais une Béotie et une histoire béotienne. L’émigration des Béotiens éoliens fut loin de mettre fin au mouvement de peuples occasionné par l’irruption des Thessaliens. Le mémo choc avait aussi arraché à leur repos d’autres tribus fixées sur le sol populeux de la Thessalie : c’étaient des tribus belliqueuses qui erraient çà et là pour se soustraire à la servitude et qui, retranchées dans les montagnes, défendirent opiniâtrement leur indépendance ; ainsi luttèrent les Magnètes sur le Pélion el les Perrhèbes. Parmi ces tribus thessaliennes que nous voyons se l’hier tantôt ici tantôt là, tantôt maintenir leur indépendance, tantôt s’absorber dans une agglomération plus considérable, nous rencontrons aussi les Doriens. Ils doivent avoir élu domicile d’abord en Phthiotide, puis sur les contreforts de l’Olympe, dans l’Hestiéotide, et enfin près du Pinde[20]. C’est à la seconde de ces étapes qu’a commencé pour eux la_ vie historique : c’est là que, par la vallée de Tempé, le ferment civilisateur apporté par la mer est arrivé jusqu’à eux, là qu’ils ont reçu et épuré le culte d’Apollon, là que, sous le sceptre de leur premier roi Ægimios, ils mil jeté les bases de leur organisation politique. C’est là que, dans un moment difficile, ils auraient appelé Héraclès à leur secours et lui auraient cédé, pour lui et ses descendants, un tiers de leur territoire[21]. Ainsi, une famille, qui faisait remonter son origine à Héraclès, s’est associée dans ces régions avec les Doriens et a pris en main la souveraineté. Héraclides et Doriens sont restés depuis lors unis pour toujours, sans que leur hétérogénéité originelle ait jamais été oubliée. Au pied de l’Olympe, nous trouvons déjà chez les Doriens la division tertiaire qui leur est propre[22] ; car, sur le versant occidental de la montagne, là oit le col de Petra ouvre au-dessus des sources du Titarésios le chemin de la Macédoine, se trouvait un groupe de trois villes, une Tripolis, qui passa plus tard aux mains des Perrhèbes mais peut être considérée comme de fondation dorienne[23]. Une de ces villes était Pythion, sanctuaire d’Apollon, qui gardait la frontière et en même temps faisait aux habitants d’alentour un devoir de la protéger[24]. Ce pays est la véritable patrie de la race dorienne ; c’est là qu’elle s’est fait des habitudes politiques et des mœurs originales, et, aussi longtemps que dura son histoire, elle mit sa gloire à rester fidèle aux institutions d’Ægimios. Par la suite, les Doriens, chassés de, l’Olympe et de la côte, furent acculés au Pinde. Ils perdirent leur pays, ils se perdirent eux-mêmes au milieu des montagnards qui habitaient les deux versants du Pinde et du Lacmon ; ils devinrent des Macédoniens, selon l’expression d’Hérodote. Mais ils se rassemblent derechef, et, semblable aux fleuves du pays qui se perdent dans le sol pour renaître plus impétueux et continuer leur cours, la race dorienne sort des rangs obscurs des populations montagnardes ; elle se fraye un chemin vers le sud ; elle se jette sur les Dryopes cantonnés dans la chaîne de l’Œta et s’entasse enfin dans le recoin fertile que laissent entre eux le Parnasse et l’Œta[25]. Cette contrée, au milieu de laquelle le Pindos et d’autres ruisseaux se réunissent pour former un fleuve qui coule sous le nom de Céphise vers la Béotie, resta toujours au pouvoir des Doriens. C’est là la plus ancienne Doride que nous connaissions sous ce nom. Là, le système fédératif des .Doriens s’est maintenu dans les quatre localités, à Bœon, Erineos, Pindos et Cytinion, jusque dans les derniers temps de l’histoire grecque[26]. Ainsi, des plateaux de la Macédoine les Doriens étaient transplantés au centre de la Grèce moyenne ; ils étaient fixés au pied du Parnasse, entre le golfe Maliaque et celui de Grisa, qui font de la Grèce moyenne une presqu’île, en contact de tous côtés avec les populations les plus diverses. Évidemment, ces peuples ne pouvaient vivre resserrés sur un étroit espace sans éprouver le besoin de fixer leurs droits réciproques ; et les Doriens, initiés sur les côtes de Thessalie et formés par eux-mêmes à des mœurs policées, étaient, en raison même de leurs nombreuses pérégrinations, particulièrement aptes à établir entre les diverses populations du continent des relations mutuelles. Or, pour ces relations internationales, il n’y avait dans l’ancienne Grèce qu’une seule forme, celle d’un culte commun qui rassemblait à une époque nixe un certain nombre de peuplades limitrophes autour d’un sanctuaire universellement reconnu, et imposait à tous les assistants l’observation de certains principes. Ces réunions solennelles ou amphictyonies sont aussi anciennes que l’histoire grecque, ou pour mieux dire, ce sont les premières formes que revêt l’histoire générale du peuple grec. En effet, jusqu’à la fondation des premières amphictyonies. Il n’y avait que des tribus isolées dont chacune vivait pour elle-même, ayant ses mœurs à part, ses autels particuliers sur lesquels nul étranger ne pouvait sacrifier. Le Zeus pélasgique n’établissait qu’une communauté patriarcale entre les membres d’une même tribu. Pour servir de lien à de plus vastes associations, il fallait des cultes qui fussent le produit d’une civilisation avancée et qui eussent été apportés par les tribus les plus cultivées à celles qui l’étaient moins. Aussi est-ce sur le littoral que nous trouvons les plus anciens sanctuaires amphictyoniques. L’Artémis asiatique est le trait d’union des plus anciennes villes de l’Eubée, Chalcis et Érétrie ; le Poseidon cario-ionien sert de centre fédéral à Ténos, à Samicon en Messénie, à Calaurie ; Déméter joue le même rôle chez les tribus achéennes du golfe Manoque. Mais la religion apollinienne, par l’élévation de ses idées morales et la supériorité intellectuelle de ses sectateurs, était plus propre que toute autre à grouper autour d’elle et à unifier les divers cantons d’un pays. Dans la Thessalie même, le culte d’Apollon avait pénétré par la côte bien avant l’invasion thessalienne. Les Magnètes lui offraient des sacrifices sur les hauteurs du Pélion ; l’Apollon de Pagase devint pour les Achéens un dieu de famille ; les Doriens avaient reçu ce même culte à l’embouchure du Pénée, et élevé un Pythion sur les flancs de l’Olympe. Les Thessaliens eux-mêmes, tout grossiers qu’ils étaient, ne purent refuser leur hommage au dieu de Tempé, qu’ils appelaient Aploun. C’est dans le bassin du Pénée, où s’entassaient des races si diverses, qu’Apollon manifesta tout d’abord sa puissance agglutinative et organisatrice, comme l’attestent les antiques fêtes de Tempé. C’est là que les plus nobles tribus helléniques se sont nourries de cette religion avec une ardeur proportionnelle à leur énergie et à leurs facultés, surtout les Doriens, qui s’y adonnèrent avec tout l’entraînement de leur nature éminemment accessible au sentiment religieux, si bien qu’ils firent de leur ancêtre Doros un fils d’Apollon et crurent que leur rôle historique devait être de propager le culte du dieu. Jusque là, cette propagande avait été presque exclusivement laissée aux tribus maritimes. Il s’agissait maintenant de lui ouvrir les voies à l’intérieur et de relier ainsi l’un à l’autre les foyers religieux épars sur les côtes. Sur le rivage méridional de la Grèce moyenne, le siège le plus important du culte d’Apollon était Crisa. D’après la légende locale, c’étaient des Crétois qui avaient élevé le premier autel sur la grève et avaient ensuite fondé, au pied des escarpements du Parnasse, le temple et l’oracle de Pytho. Ces fondations pieuses devinrent le centre d’un État sacerdotal qui, sur une terre étrangère, se gouvernait d’après ses propres lois et était régi par des familles descendues des colons crétois ; État en hutte d’ailleurs à bien des inimitiés, et sans relations avec les pays du nord jusqu’au jour où les Doriens vinrent s’établir sur l’autre versant du Parnasse. Chaque pas en avant fait par cette tribu était un progrès pour le culte d’Apollon. Vainqueurs des Dryopes, peuplade sauvage qui occupait le versant nord de la montagne, ils en firent des esclaves d’Apollon, c’est-à-dire les tributaires de son temple. Par eux fut apportée de Thessalie l’idée d’une ligue protectrice du temple, d’une confrérie des tribus apolliniennes ; par eux fut établi un lien entre Delphes et Tempé. Les Doriens avaient, à un plus haut degré que les autres races helléniques, une tendance innée à fonder, à conserver et à propager des institutions régulières. Aussi n’y a-t-il pas le moindre doute que l’importation du système fédératif de la Thessalie, dans la Grèce moyenne, et ce qui en fut le résultat, la vaste association établie entre toutes les tribus de même famille depuis l’Olympe jusqu’au golfe de Corinthe, ne soit l’œuvre de la tribu dorienne. C’est son premier exploit, et comme Delphes dut à cette innovation son caractère national, les Doriens ont eu le droit de se considérer comme les nouveaux fondateurs de Delphes et de s’attribuer pour toujours un droit spécial de protection sur l’État sacerdotal. Alors, pour mettre en communication les temples d’Apollon et favoriser le mouvement religieux, ou ouvrit, à travers la Doride et la Thessalie, une voie sacrée de Delphes à l’Olympe, et les processions, qui chaque année parcouraient cette route pour cueillir suries bords du Pénée le laurier sacré[27], ravivaient le souvenir des bienfaits apportés au pays par l’ouverture de cette grande artère. Le souvenir des sanctuaires thessaliens, l’imitation de leurs rites se reconnaissait à une foule d’usages : dans les vieilles légendes, Tempé est considérée comme la patrie du dieu de Delphes. Même les institutions politiques de l’amphictyonie ne sont pas sorties de Delphes ; elles ont subi une série de transformations et de développements avant que Delphes en fût devenu le centre. C’est là un fait que démontre déjà le groupe des quatre populations thessaliennes ; car enfin, il est inadmissible qu’elles soient allées chercher leur premier point de rapprochement au sud du Parnasse. Toutes les amphictyonies ont pour berceau un petit agrégat de cantons juxtaposés[28], c’est pourquoi les différents groupes de populations qui, à l’époque historique, font partie de la confédération, nous permettent de deviner les phases par lesquelles elle a passé avant d’apparaître dans l’histoire. Le groupe le plus éloigné au nord et le plus étendu est le groupe thessalien. La Thessalie, fertile et circonscrite par de bonnes frontières, était comme faite exprès pour fusionner les tribus qu’elle renfermait et pour former avec diverses populations un peuple. Aussi est-ce à l’Olympe thessalien que se rattachent les plus anciennes réminiscences d’institutions nationales ; en face de l’Olympe et de son temple pythique se trouvait, sur l’Ossa, l’Homolion, le lieu de réunion des tribus limitrophes qui s’étaient confédérées pour affirmer leur nationalité vis-à-vis de toutes les tribus étrangères. Lorsque les Thessaliens envahirent la contrée, ils cherchèrent à la soumettre tout entière, mais ils ne réussirent qu’avec les Éoliens des plaines ; les autres tribus reculèrent, il est vrai, mais opposèrent une résistance que les envahisseurs ne purent briser. Les Thessaliens furent donc obligés de leur laisser leur indépendance et cherchèrent dès lors à consolider leur situation dans le pays .en adoptant le culte d’Apollon et en s’agrégeant à l’ancienne confédération. C’est ainsi que l’association primitive est devenue le groupe de peuples qui représentait la Thessalie dans l’amphictyonie delphique. Ce groupe comprend, outre les envahisseurs thessaliens, les tribus indigènes qui sont sorties du conflit avec leur indépendance, c’est-à-dire, les Perrhèbes cantonnés autour de l’Olympe, les Magnètes, retranchés dans leur presqu’île montagneuse, et, plus au sud, les Phthiotes, fixés entre les montagnes et la mer[29]. Ces luttes avaient aussi déterminé les migrations qui eurent pour résultat d’étendre l’amphictyonie thessalienne au-delà des limites du pays, les migrations des Éoliens et des Doriens. Lorsque, après avoir soumis les Dryopes, les Doriens pénétrèrent pour la première fois dans le cercle des populations qui habitaient autour de l’Œta, celles-ci, de gré ou de force, recherchèrent l’amitié de ce peuple belliqueux. C’est ce que firent particulièrement les Maliens qui habitaient entre le Sperchios et la mer et se subdivisaient en trois groupes : les Trachiniens, ainsi nommés de Trachis leur vieille capitale, placée à l’entrée des cols qui conduisent, par-dessus l’Œta, de Thessalie en Doride ; les Saints fixés autour des Thermopyles, où était leur sanctuaire fédéral, et les gens de la côte ou Paraliens[30]. Maliens et Doriens contractèrent entre eux une alliance si étroite que, plus tard, Trachis put être regardée comme une fondation de l’Héraclès dorien[31]. Lorsque les Maliens entrèrent dans l’amphictyonie pythique, la solennité particulière qui les réunissait autour du sanctuaire de Déméter subsista de plein droit, et devint un second centre religieux de la grande confédération. Ainsi se forma le second groupe amphictyonique ou groupe œtéen. Il comprenait les populations établies sur le versant de l’Œta au-dessus des Thermopyles, les Maliens, les Dolopes et les Locriens, qui s’étaient adjoints, comme quatrième tribu, les Ænianes. Ceux-ci étaient une peuplade qui, refoulée, comme les Doriens, par l’invasion thessalienne, avait quitté le nord de la Thessalie et s’était installée plus au sud, dans le haut de la vallée du Sperchios[32] Enfin, le troisième groupe comprit les tribus de la Grèce moyenne, dont Delphes était le centre le plus proche. Il est de toute vraisemblance que, là aussi, préexistait une ancienne confédération qui fut simplement incorporée dans la grande fédération internationale. L’Etat crisæo-delphique lui-même semble avoir été primitivement un membre indépendant d’une association semblable, car Strophios de Grisa passe pour le fondateur de l’amphictyonie pythique[33]. Mais cet état de choses changea. Grisa perdit son indépendance ; le temple d’Apollon pythien fut placé sous la surveillance d’une autorité fédérale, et, dans ce troisième groupe ou groupe parnassique prit place, à côté des Phocidiens, des Béotiens et de leurs voisins du sud les Ioniens, la tribu des Doriens. Tout nous fait supposer que c’est elle dont le déplacement donna le branle au mouvement qui rapprocha les trois groupes de la Grèce continentale et établit une vaste solidarité entre les peuples helléniques. Les règlements de l’amphictyonie qui s’était définitivement installée à Delphes appartiennent à une époque où les tribus vivaient éparses dans les campagnes et n’avaient encore d’autres centres régionaux que les sanctuaires autour desquels s’étaient groupées les habitations des hommes. Dans l’intérieur de l’amphictyonie, on ne vit jamais s’introduire d’inégalités légalement sanctionnées. Au contraire, même après que certaines tribus furent devenues des États puissants tandis que d’autres restaient à l’état de cantons ruraux, toutes conservèrent les mêmes droits au sein de l’association fédérale. Enfin, les dispositions du pacte fédéral lui-même sont marquées au sceau d’une simplicité tout à fait archaïque. Elles se réduisaient à peu près à deux règles de droit international que les confédérés juraient d’observer : aucune tribu hellénique ne doit saccager de fond en comble la résidence d’une autre, et aucune ville hellénique ne doit être privée d’eau par les assiégeants. Ce sont les premières tentatives faites pour introduire dans un pays déchiré par les guerres intestines des principes plus humains. Le but qu’on se propose n’est pas encore d’abolir les luttes à main armée, ni surtout d’imprimer à toutes les forces une direction commune, mais seulement d’obtenir qu’un groupe de tribus se considèrent comme solidaires, se reconnaissent en vertu de ce principe des obligations réciproques et, dans le cas d’un conflit inévitable, s’abstiennent au moins les unes vis-à-vis des autres des dernières mesures de rigueur[34]. Si sommaires et si insignifiantes que soient ces dispositions, les plus anciens débris qui nous restent du droit public des Hellènes, pourtant d’immenses résultats, qui ne sont point contenus dans ces statuts, sont dus à l’institution et à l’extension de la grande amphictyonie. Et d’abord, le culte du dieu fédéral et l’ordonnance de la solennité principale obligea d’établir un accord étendu aux autres fêtes et à tout le système religieux. Un certain nombre de rites furent déclarés obligatoires pour tous, et on dressa un canon des douze divinités amphictyoniques[35]. Ce n’est pas l’instinct religieux qui a prosterné le peuple grec devant les douze dieux ; ce n’est pas un besoin religieux qui a créé cet aréopage divin. Aussi les douze dieux n’avaient-ils en Grèce ni temple ni culte commun. Leur nombre se retrouve fréquemment, surtout chez les Ioniens, comme base d’un système politique[36] et l’institution tout entière a un caractère essentiellement politique. On voulait introduire jusque dans le monde divin un règlement commun et une statistique définitive ; faire, en un mot, de la cour céleste une copie de la confédération fondée sur la terre. C’est pour cela que la légende raconte que Deucalion éleva le premier autel aux douze dieux en Thessalie[37] et appelle ce même Deucalion le père d’Amphictyon. C’est pour cela que les douze dieux symbolisaient les relations pacifiques entre les peuples et étaient adorés spécialement sur les places publiques et dans les ports[38] ; les plus anciens navigateurs, les Argonautes, leur élèvent un autel à l’entrée du Pont, pour annexer, en quelque sorte, au monde commercial des Grecs les rivages nouvellement découverts. L’unité religieuse, une fois établie, réagit puissamment sur toutes les habitudes sociales. En effet, les fêtes des dieux devinrent des solennités fédérales. L’ordre de ces fêtes fit adopter un calendrier commun. Il fallut une caisse commune pour subvenir à l’entretien des édifices religieux et aux frais des sacrifices ; on dut régulariser les revenus des temples. Le trésor ainsi amassé rendit indispensable une autorité administrative dont l’élection exigea des réunions, dont la gestion dut être surveillée par les représentants des tribus intéressées. En cas de dissentiment entre les Amphictyons, il fallait une autorité judiciaire, dont la sentence fût obligatoire pour tous, afin de maintenir la paix publique ou de punir au nom du dieu ceux qui l’auraient violée. Ainsi, bien humble au début, où il se bornait à la communauté des fêtes annuelles, un progrès continu transforma la vie publique tout entière ; on put enfin déposer les armes ; le commerce fut protégé, la sainteté des temples et des autels reconnue. Enfin, résultat plus important que tous les autres, l’esprit de corps se développa parmi les membres de l’amphictyonie. Ainsi, d’un agrégat de tribus naquit un peuple, et à ce peuple il fallut un nom générique qui le distinguât, lui et ses institutions politiques et religieuses, de toutes les autres populations. Ce nom fédéral, fixé d’un commun accord, fut celui d’Hellènes, qui remplaça le nom collectif plus ancien de Grækes et prit de jour en jour une extension plus grande sur le versant oriental de la Grèce, à chaque progrès de la confédération. Ce qui prouve bien la connexité de ce nouveau nom national avec l’amphictyonie, c’est que les Grecs se représentèrent Hellen et Deucalion, les représentants mythiques de leur nationalité et de leur confraternité, comme unis entre eux par les liens du sang. C’est pour cela aussi que le nom d’Hellènes eut dès le principe un caractère général et national, par comparaison avec les noms de tribus, et en même temps un caractère exclusif, parce qu’il opposait les peuples amphictyoniques aux peuples non amphictyoniques[39]. Après avoir été à l’origine un nom honorifique réservé aux prêtres, il ne fut jamais accaparé par une tribu en particulier, mais il pouvait s’appliquer par excellence à ceux qui, comme les Doriens, personnifiaient plus spécialement l’amphictyonie. En même temps qu’elle achevait de se constituer, la nationalité hellénique fixait l’étendue de son domaine : de même que les tribus se condensaient en un peuple, de même les cantons formèrent un territoire fédéral, et les patries particulières une grande patrie. Ici apparaît la différence essentielle qui se remarque entre l’histoire des peuples sédentaires et celle des peuples maritimes. Tandis que, tout entiers à leur commerce, les Grecs navigateurs ne songeaient pas à établir une distinction bien tranchée entre les Hellènes et les Barbares et se trouvaient chez eux sur toutes les côtes où les portaient leurs courses aventureuses, les peuples sédentaires de l’amphictyonie s’habituèrent les premiers à considérer comme leur pays commun un espace bien délimité, à l’aimer, l’honorer et le défendre comme leur patrie. L’embouchure du Pénée, avec l’Homolion, marqua la frontière de ce pays au nord et l’Olympe devint la sentinelle avancée de l’Hellade[40]. Ces événements d’une si grande portée se sont accomplis en Thessalie. La Thessalie fut, pendant longtemps, l’Hellade proprement dite ; les Hellènes, avec une piété qui ne se démentit jamais, ont toujours vénéré l’Olympe comme la patrie de leurs dieux et la vallée du Pénée comme le berceau de leurs institutions politiques. Le mérite des Doriens a été de transporter les nobles germes de la nation future, de la Thessalie, où leur épanouissement était entravé par l’invasion de peuples plus barbares, dans les régions du midi où ces germes firent preuve d’une vitalité inattendue et prirent un développement admirable. Les Hellènes continuèrent à étendre jusqu’à l’Olympe les limites de leur patrie et à considérer le défilé de Tempé comme la porte de l’Hellade. Mais, avec le temps, la Thessalie leur devint de plus en plus étrangère ; les liens se relâchèrent, et l’on en vint à regarder les Thessaliens eux-mêmes comme des demi-barbares, contre lesquels la Grèce moyenne dut se précautionner et se défendre. De là la vieille inimitié entre les Phocéens et les Thessaliens. La Grèce moyenne se sépara du nord ; l’Hellade proprement dite perdit plus de la moitié de son étendue ; les Thermopyles furent la Tempé de la patrie restreinte et le Parnasse le nouveau centre autour duquel se déroulèrent les destinées ultérieures de la Grèce européenne. |
[1] NIESE (ap. Hermès, XII, 409 sqq.) regarde Γραικοί comme un nom ethnologique traduit, du latin. Γραΐοι ou Γράοι était la forme la plus simple : Γραικοί la forme dérivée. C’est par hasard que la dernière s’est seule conservée.
[2] Dodone a été retrouvée, à 18 kilomètres sud-ouest de Joannina, dans la vallée de Tcharacovitza, par C. Carapanos. il y avait la des ruines considérables qu’on attribuait précédemment à Passaron (C. CARAPANOS, Dodone et ses ruines, ap. Revue Archéologique, juin 1877. Cf. Sitzungsber. der K. Bayer. Akad. d. Wiss., 1877, p. 163 sqq. Dodone et ses ruines, Paris, 1878).
[3] G. CURTIUS, Grundz. der gr. Etymol., 4e éd., p. 537). — OVERBECK, Zeus-Relig., p. 35. — HOMÈRE, Iliade, 235. STEPH. BYZ., s. v. ARISTOTE, Meteor., I, 11. L’assertion d’Aristote est appuyée par la tradition qui attribue la fondation de Dodone à Deucalion et à Pyrrha (PLUTARQUE, Pyrchus, 1).
[4] STRABON, p. 324. Archœol. Zeitung, 1855, p. 37.
[5] STEPH. BYZ., s. v.
[6] Sur Dioné et les Péléiades, v. WELCKER, Griech. Götterlehre, I, 352 sqq.
[7] L’existence de deux Dodone, l’une en Épire, l’autre en Thessalie, est admise par WELCKER (Griech. Götterlehre, I, p. 199. BURSIAN, Geogr. Griechenlands, I, 23. OVERBECK, Zeus-Religion, p. 31,) dans les Abh. der philol. hist. Cl. der E. Sächs. Ges. d. Wiss.). L’opinion contraire est soutenue par UNGER (Philologus, XX, 377).
[8] Émigration des Thessaliens hors de la Thesprotie (HÉRODOTE, VII, 176).
[9] Arné-Kierion (BURSIAN, Geogr. Griech., I, 73).
[10] Ce sont là les Pénestes (ATHÉNÉE, Deipn., VI, p. 264. ARISTOTE, Politique, p. 44, 27, éd. Bekker, 1855).
[11] ARISTOTE, Politique, p. 115, 6.
[12] STEPH. BYZ., s. v.
[13] THUCYDIDE, I, 12. DIODORE, IV, 77. STRABON, p. 401.
[14] O. MUELLER, Orchomenos, p. 384.
[15] STRABON, p. 411.
[16] STEPH. BYZ., s. v. Ναιρώνεια.
[17] PLUTARQUE, Cimon, 1. O. MUELLER, Orchomenos, p. 386. Cf. GISEKE, Thrak.-pelasg. Stæmme der Balkanhalbinsel, p. 75.
[18] MUELLER, Orchomenos, p. 122.
[19] Indépendance de Platée (THUCYDIDE, III, 61) : de Thespies (PAUSANIAS, IX, 20, 6. DIODORE, IV, 29).
[20] Les Doriens sont des μετανάσται par opposition avec les Athéniens autochtones (HÉRODOTE, VII, 101). Cf. HÉRODOTE, I, 56 ; VIII, 43.
[21] DIODORE, IV, 37. O. MUELLER, Die Dorier, I, 47 sqq.
[22] BŒCKH, Expl. Pind. Olymp., VII, 76.
[23] Les Doriens dans la Perrhébie (SCHOL. ARISTOPHANE, p. 502, éd. Dübner. Liv. XLII, 53. 55. O. MUELLER, Dorier, I, 27).
[24] Le Pythion près de Selos, à l’église des Apôtres (HEUZEY, le Mont Olympe, 1860, p. 58. Gœtt. Gelehrt. Anzeigen, 1860, p. 1382. BURSIAN, Geogr. Griech., I, 51).
[25] HÉRODOTE, I, 56.
[26] Tétrapole dorienne aux alentours du Parnasse (STRABON, IX, 427). — Κοινόν τών Δωριέων subsistant encore en Doride, au second siècle de l’ère chrétienne (Archæol. Zeitung, 1855, p. 37. WESCHER et FOUCART, Inscr. de Delphes, n° 365.
[27] ÆLIEN, Var. Hist., III, 1.
[28] Les σύνοδοι et πανηγύρεις religieuses se transforment en groupes fermés comprenant les peuplades circonvoisines, autrement dit, en Amphictyonies désignées par des noms collectifs absolument conventionnels, comme celui des Γραικοί, plus tard Έλληνες. Cf. la chronique des Marbres de Paros, lig. 8-11.
[29] Les trois groupes étaient composés comme il suit : 1° Les Œtéens à Anthéla (HÉRODOTE, VII, 200), 2° Les tribus thessaliennes qui avaient leur centre à Tempé. 3° Les tribus du Parnasse qui avaient leur centre à Delphes. La combinaison de ces habitudes religieuses et l’organisation de l’amphictyonie delphique se fit à l’imitation du système adopté aux Thermopyles (SCHOL. EURIPIDE, Oreste, 1087). La liste des peuples se tire de deux textes combinés, PAUSANIAS, X, 8. ÆSCHINE, Fals. leg., § 112. Sur l’histoire et l’organisation des suffrages, voyez SAUPPE, De amphictyonia delphica, 1873. Bursians Jahresbericht, 1873, p. 1226. 1380.
[30] THUCYDIDE, III. 92. Cf. O. MUELLER, Dorier, I, 44.
[31] Héraclès à Trachis (Hermès, VII, 381).
[32] PLUTARQUE, Quæst. græc., 13. 26.
[33] L. PRELLER, Ausgew. Aufsätze, p. 234.
[34] Les associations amphictyoniques créent des νόμοι et όρκοι, obligatoires pour leurs membres, et dont un débris nous a été conservé par Eschine (Fals. leg., § 115).
[35] Document épigraphique concernant le culte des douze dieux (Monatsber. d. Berlin. Akad., 1877, p. 475).
[36] Sur ce nombre conventionnel, voyez ROSS, Archæol. Aufsætze, I, 266.
[37] HELLANIC., fr. 15. Fragm. Hist. græc., I, p. 48. L. PRELLER, Griech. Mythol., I, 86. II, 232.
[38] PETERSEN, Das Zwölfgöttersystem der Griechen und Römer, Hamburg, 1868. Cf. Archæol. Zeitung, 1866, p. 290.
[39] Hellen et Amphictyon : les guerres helléniques considérées comme guerres nationales (Rhein. Mus., XXIV, 308).
[40] STRABON, VII, 334. SCYLAX, 33. BURSIAN, Geogr. Griech., I, 3.