HISTOIRE DES EMPEREURS ROMAINS

 

PERTINAX

LIVRE UNIQUE

 

 

Q. SOSIUS FALCO. - C. JULIUS ERUCIUS CLARUS. AN R. 945. DE J.-C. 193.

Après la mort de Commode, le premier soin de ceux qui l'avaient tué fut d'assurer leur vie en travaillant à lui donner un successeur qui leur eût obligation de l'empire. Ils jetèrent les yeux sur Pertinax, qui de l'état le plus bas s'était élevé, par son mérite et par la protection de Marc Aurèle, à un rang où il ne voyait plus au-dessus de lui que le trône. Il avait été fait consul par ce sage prince, et revêtu successivement de divers gouvernements de provinces, ou commandements militaires. Il fut longtemps sénateur et même consulaire, sans avoir jamais vu le sénat ; car les emplois dont on le chargeait le tinrent continuellement éloigné de Rome, et il fut consul sans y mettre le pied, Il entra donc au sénat pour la première fois sous le règne de Commode ; et bientôt après la haine et la jalousie dé Pérennis lui attirèrent, comme on l'a vu, une disgrâce et un exil de trois ans. Après la chute de ce ministre, Pertinax reprit faveur. La bassesse de sa naissance pouvait bien être une recommandation pour lui auprès de Commode. Ce qui est certain, c'est que depuis son rappel il fut toujours employé sous ce règne, et placée dans les postes les plus brillants : commandant des légions de la Grande-Bretagne, ensuite surintendant des vivres, puis proconsul d'Afrique, et enfin consul pour la seconde fois, et gouverneur de Rome. Il exerçait cette dernière charge lorsque Commode périt.

La gloire de Pertinax égalait ou même surpassait l'éclat de ses dignités. Il s'était montré également propre aux emplois militaires et civils. Brave et habile guerrier, son nom était devenu la terreur des Barbares ; et en même temps il avait su maintenir la discipline avec sévérité parmi des troupes mutines et séditieuses. Dans le gouvernement de Rome, il se conduisit avec une douceur, une affabilité, une bonté, qui le firent aimer de tout le monde. Simple et modeste jusqu'à reconnaître même alors pour son patron Lollianus Avitus[1], dont il était devenu au moins l'égal, mais qu'il respectait toujours avec reconnaissance comme le premier auteur de sa fortune ; ennemi du luxe, amateur de la frugalité, l'histoire. ne lui reproche qu'une économie poussée trop loin, et. l'habitude de promettre plus qu'il n'avait dessein de tenir, pour payer en belles paroles ceux qu'il ne pouvait satisfaire par les effets.

Personne donc n'était plus digne de l'empire que Pertinax., et les conjurés se faisaient un honneur infini, en le plaçant sur le trône. Si nous en croyons Capitolin et Julien l'apostat, il avait été instruit de leur complot contre la vie de Commode. Dion et Hérodien supposent le contraire : et leur sentiment est plus probable, vu le peu de temps qui s'écoula entre le dessein et l'exécution.

Dès que Commode eut expiré sous la main de Narcisse, Lætus et Éclectus, qui sentirent la nécessité de se hâter, vinrent trouver Pertinax, le mirent au fait, et l'invitèrent à s'emparer de la place vacante. Selon Hérodien, Pertinax, en les voyant entrer dans sa chambre, crut tout d'un coup qu'ils venaient pour le tuer par ordre de Commode, et il les prévint en leur disant que depuis longtemps il s'attendait à n'être pas plus épargné que les autres amis de Marc Aurèle, et comptait que chaque nuit serait la dernière de sa vie ; qu'ils pouvaient exécuter leur commission. Lorsqu'ils se furent expliqués, il balança s'il accepterait leur offre, mais seulement jusqu'à ce qu'il se fût bien assuré de la mort de Commode. Il envoya un homme à lui pour examiner et visiter le cadavre ; et sur sa réponse, conforme au discours du préfet du prétoire et du chambellan, il se laissa conduire par Lætus au camp des prétoriens.

Il craignait néanmoins, non sans fondement, de ne point trouver des dispositions favorables dans les gens de guerre, de qui Commode était aimé. Pour aider leur détermination, il résolut de se procurer l'appui du peuple. On était en pleine nuit, et par ses ordres quelques-uns de Ceux qui se trouvaient autour de lui se répandirent dans les différents quartiers de la ville, criant à haute voix dans les rues que Commode était mort, et que Pertinax allait au camp prendre possession de l'empire.

Cette nouvelle produisit un mouvement étonnant dans Rome. On se lève avec précipitation, on sort des maisons, on se félicite mutuellement, surtout les grands et les riches, d'être délivrés d'une tyrannie cruelle et insupportable. Les uns courent au temple, pour rendre leurs actions de grâces aux dieux. Le plus grand nombre s'attroupe autour du camp pour imposer aux soldats, à qui ils pensaient qu'un gouvernement sévère, tel que celui qu'annonçait le nom de Pertinax, conviendrait moins que la licence dans laquelle Commode les avait entretenus.

Cependant Pertinax et Lætus arrivent au camp : et celui-ci, par l'autorité que lui donnait sa charge de préfet du prétoire ; ayant convoqué les soldats, commença par leur notifier la mort de Commode, mais en déguisant l'atrocité du fait, et faisant passer cette mort pour l'effet d'une subite apoplexie ; après quoi il ajouta : Pour remplir la place de l'empereur que la mort vous a enlevé, le peuple romain et moi nous vous présentons un homme d'un âge vénérable (Pertinax avait alors soixante et six ans), de mœurs pures, d'une valeur éprouvée dans la guerre. Votre bonne fortune vous donne, non un empereur, mais un père. Vous le savez : son élévation ne sera pas agréable pour vous seuls ; elle répandra la joie parmi les légions des frontières, qui toutes ont été témoins de ses exploits. Il ne nous faudra plus acheter la faix des Barbares à prix d'argent et l'expérience de ce qu'ils ont souffert de sa part les contiendra par la crainte.

Pertinax prit ensuite la parole, et promit aux prétoriens douze mille sesterces[2] par tête. Cette largesse, l'estime qu'ils ne pouvaient refuser à celui qui leur parlait, la déférence pour Lætus leur chef, qui, tout méchant homme qu'il était, parait néanmoins avoir eu de la tête et de la vigueur, tout cela inclinait les soldats à goûter la proposition qui leur était faite. Un mot de Pertinax leur déplut. Il leur dit qu'il s'était glissé bien des abus sous le gouvernement précédent, mais qu'avec leur secours il espérait les réformer. Cette annonce semblait aux prétoriens une menace qui les regardait directement, parce qu'ils savaient que Commode leur avait accordé une infinité de choses contre les règles. Ils balançaient donc et gardaient le silence. Le peuple, qui était entré en foule dans le camp, leur donna le ton. Il proclama Pertinax Auguste, avec les plus vifs transports de joie, et les prétoriens suivirent, plus par bienséance et par une espèce de nécessité que par une sincère affection.

Du camp, Pertinax se transporta au sénat qui s'assembla pendant qu'il était encore nuit. Il y parut sans aucune des marques de la dignité impériale, comme attendant de l'autorité de la compagnie la décision de son état. Cette modestie était placée, et conforme aux vrais principes de l'ancien gouvernement. Mais de plus elle avait pour motif une inquiétude secrète, qui tourmentait Pertinax. Il avait craint de la part des soldats leur affection pour Commode : il craignait de la part du sénat le dédain pour l'obscurité de sa naissance. Il déclara même que, nommé empereur par les soldats, il renonçait volontiers à l'éclat du pouvoir suprême, trop onéreux pour un homme de son fige, et trop difficile dans les circonstances ; et il invita d'abord Pompéien, gendre de Marc Aurèle, ensuite Acilius Glabrio, le plus noble des patriciens, à prendre une place qui leur convenait mieux qu'à lui. Cette déclaration et cette offre venaient trop tard. Pertinax avait fait la première et la plus importante démarche en se procurant le suffrage des soldats, et le sénat était trop sage pour se commettre avec les gens de guerre. Glabrio prit la parole, et dit à Pertinax : Vous me croyez digne de l'empire, je vous le défère ; et tout ce que nous sommes de sénateurs, nous vous décernons tous les honneurs et tous les droits du pouvoir suprême. Le sénat applaudit. Pertinax fut déclaré Auguste d'un consentement unanime, et Commode ennemi public ; et c'est à ce moment que doivent se rapporter les acclamations dont j'ai parlé d'avance contre la mémoire de ce malheureux prince. On conféra à son successeur tous les titres de la puissance impériale à la fois, jusqu'à celui de Père de la patrie, que les empereurs avaient coutume de ne recevoir qu'après un certain temps ; et il souhaita lui-même qu'on y ajoutât celui de Prince du sénat, qui était presque tombé en oubli et en désuétude, titre populaire, et qui rappelait l'idée de l'ancienne république. Le sénat voulait aussi décorer l'épouse de Pertinax, Flavia Titiana, du nom d'Augusta, et son fils du nom de César. Pertinax refusa l'honneur que l'on déférait à sa femme ; et par rapport à son fils, il déclara vouloir attendre un âge plus mûr, et des preuves de vertu qui l'en eussent rendu digne.

Ce ne fut qu'après ces préliminaires, dans lesquels on reconnaît toutes les formalités d'une élection, que Pertinax monta au trône impérial, comme forcé par le vœu de la compagnie. Il rendit grues au sénat, en faisant sentir néanmoins combien il craignait les difficultés de la place sublime à laquelle on venait de l'élever. Il promit un gouvernement conforme aux lois, dirigé par les conseils du sénat, et qui tiendrait plus de l'aristocratie qu'il ne serait monarchique. Enfin il témoigna sa reconnaissance à Lætus, auteur de la mort de Commode — car il n'y avait plus de raison d'user de dissimulation à cet égard —, et à l'amitié duquel il était redevable de l'empire.

Lætus, par bien des endroits, était assurément indigne d'être loué en plein sénat ; et Q. Sosius Falco, qui entrait en possession du consulat ce jour-là même, 1er janvier, jeune ambitieux dont les vues se portaient très-haut, crut trouver dans cet éloge une occasion de soulever les esprits contre Pertinax. On peut juger, lui dit-il avec audace, quel empereur nous aurons en vous, lorsqu'on vous entend louer les ministres des crimes de Commode. Pertinax se posséda, et il se contenta de lui répondre : Consul, vous êtes jeune : vous ignorez ce que c'est que la nécessité d'obéir. Ils ont exécuté malgré eux les ordres qu'ils recevaient ; mais au premier moment favorable ils ont fait éclater leurs véritables sentiments.

Si Pertinax parlait sincèrement, il connaissait mal Lætus, et il lui attribuait des motifs plus nobles et plus purs que ceux qui l'avaient fait agir. Au reste, on voit que le meurtre de Commode était universellement approuvé. Personne ne doutait chez les païens qu'il ne fût permis, et même louable de tuer un tyran. La douceur de l'Évangile a seule la gloire d'avoir proscrit cette doctrine, qui met en péril la vie même des meilleurs princes.

Ainsi finit l'assemblée du sénat, au sortir de laquelle le nouvel empereur alla.au Capitole, offrir ses vœux, et fut ensuite mené en pompe au palais impérial. Le soir, il invita les magistrats et les premiers du sénat à souper avec lui, renouvelant un usage que Commode avait interrompu : et dans le repas il montra une gaîté douce et une familiarité qui mettaient en liberté ses convives, et qui leur rendaient le nouveau prince aimable, par la comparaison surtout avec les hauteurs et les dédains de son prédécesseur.

Le sénat, le peuple, étaient donc dans la joie, et formaient les plus heureux présages sur le gouvernement, d'un empereur sage et modéré. Il n'en était pas de même des prétoriens, à qui la licence plaisait, et que la tyrannie de Commode, dont ils avaient été les instruments, élevait sur la tête de leurs concitoyens. Ils ne pouvaient douter que l'intention de Pertinax ne fut de rétablir le bon ordre parmi eux, et de les maintenir dans le devoir. Le premier jour il donna pour mot au tribun : Faisons le service ; laissant à entendre que par le passé la discipline s'observait si mal dans leur corps, qu'ils avaient besoin d'un nouvel apprentissage. Il leur fit défense de maltraiter les gens du peuple, de frapper aucun de ceux qui se présenteraient pour approcher de sa personne. Mécontents de ces commencements, et inquiets pour la suite, les prétoriens regrettèrent Commode, et ils poussaient des soupirs lorsqu'ils voyaient abattre ses statues.

Dès le 3 janvier, jour auquel on faisait tous les ans des vœux publics pour la prospérité des empereurs, ils entreprirent de changer l'état des choses, et ils enlevèrent un illustre sénateur, nommé Triarius Maternus Lascivius, pour le mener au camp et l'élever à l'empire. Triarius n'était point complice de leur dessein : il résista, il se sauva d'entre leurs mains presque nu, et étant venu se rendre au palais auprès de Pertinax, de là il se retira à la campagne.

Pertinax conçut qu'il avait besoin de ménager extrêmement des troupes capables de tels excès, et il se mit en devoir de les satisfaire. Il confirma tous les privilèges et tous les dons que Commode leur avait faits ; et il prit des mesures efficaces pour s'acquitter promptement de la largesse qu'il leur avait promise. Il ne trouvait dans le trésor qu'un million[3] de sesterces. Sa ressource fut de vendre tout l'attirail du luxe insensé de son prédécesseur. Il mit donc en vente les statues et les tableaux du palais, les meubles superbes, la vaisselle d'or et d'argent enrichie de pierreries, les chevaux, les esclaves destinés à la débauche, tout ce qui avait servi à Commode pour ses combats contre les gladiateurs, ou pour la conduite des chariots. L'histoire remarque en particulier des voitures fabriquées avec de singulières attentions de commodités : les unes, dont les sièges mobiles pouvaient se tourner à volonté, soit qu'il fallût éviter le soleil, ou profiter d'un vent frais ; les autres qui mesuraient le chemin qu'elles faisaient, et qui marquaient les heures. Le produit de cette vente suffit à Pertinax pour payer douze mille[4] sesterces par tête aux prétoriens, et quatre cents[5] aux citoyens du peuple.

Outre ce premier et principal avantage qu'il retirait d'un encan si précieux, il y envisageait encore un autre point de vue : il était bien aise de décrier de plus en plus la mémoire de Commode, en étalant sous les yeux du public les preuves de la folie monstrueuse de ce prince. Lætus le servit parfaitement dans ce dessein. Il rechercha tous les indignes ministres des plaisirs de Commode ; il fit afficher leurs noms, qui seuls et par eux-mêmes annonçaient l'infamie ; et dans les condamnations qu'il prononça contre eux, il eut soin d'exprimer les sommes auxquelles se montaient leurs biens qu'il confisquait, et qui souvent se trouvèrent excéder la fortune des plus riches sénateurs que Commode avait fait périr pour s'emparer de leur dépouille.

Il fit encore une démarche d'éclat qui tendait au même but dans un autre genre. Des députés d'une nation barbare étaient venus à Rome recevoir la pension que Commode payait à leurs chefs, pour acheter d'eux la paix ; et ils n'étaient pas encore sortis des terres de l'empire lorsque arriva la révolution. Lætus fit courir après eux, et leur demanda l'or qui leur avait été remis. Portez dans votre pays, leur dit-il, la nouvelle du changement dont vous êtes témoins. Dites à ceux qui vous ont envoyés que c'est maintenant Pertinax qui gouverne l'empire. La différence entre les deux gouvernements ne pouvait être rendue plus sensible, que par cette hauteur envers des peuples à qui précédemment on payait tribut. Et l'effet y répondit. Les Barbares furent contenus par la crainte du nom gerce seul de Pertinax.

L'estime pour sa vertu était universelle. Lorsque la nouvelle de la mort de Commode et de l'élection de Pertinax arriva dans les provinces, on hésita à y ajouter foi. On craignit que ce ne fut un piège tendu par Commode pour avoir occasion d'exercer ses cruautés et ses rapines. Dans cette incertitude, plusieurs gouverneurs prirent le parti d'attendre la confirmation, et même de faire mettre en prison les courriers, sûrs que si la nouvelle était vraie, Pertinax leur pardonnerait aisément une faute qui ne venait point de mauvaise volonté. Les peuples alliés de l'empire n'avaient pas de lui une moins haute idée. Son élévation les combla de joie, et ils s'empressèrent d'envoyer des ambassadeurs pour en féliciter le sénat et le peuple romain.

Au moyen des précautions que le nouvel empereur avait employées pour calmer les prétoriens, il jouit de quelque tranquillité, et il fit paraître, pendant le temps qu'elle dura, toutes les vertus d'un grand et sage prince.

J'ai déjà touché l'article de sa modestie par rapport à sa famille. Il ne fit rien pour elle, sinon qu'il nomma préfet de la ville en sa place Flavius Sulpicianus son beau-père. Mais ce sénateur, au jugement de Dion, était digne de l'emploi, quand même il n'eût pas été beau-père de l'empereur.

J'ai dit qu'il refusa pour sa femme le titre d'Augusta, et pour son fils celui de César. Plus d'un motif le portait à ne point honorer beaucoup une épouse qui n'avait elle-même nul soin de son honneur, et qui entretenait une intrigue publique avec un joueur d'instrument. Pour ce qui est de son fils, il parait que le goût de modestie influa seul dans la conduite qu'il tint à son égard. Ce fils était encore très-jeune, et son père craignait que la simplicité de l'âge ne fût trop aisément corrompue par le poison de la grandeur. Il ne le logea point dans le palais, et après l'avoir émancipé aussi bien qu'une fille qu'il avait, il leur partagea tout ce qu'il possédait comme particulier, et les établit chez leur grand-père maternel, préfet de la ville. De là le fils de l'empereur allait aux écoles publiques, sans être en rien distingué de ceux de son âge. Pertinax le voyait rarement, et toujours sans faste, en bon père de famille.

Il observa la même modestie, autant que son rang le pouvait permettre, en ce qui regardait sa personne. Loin de s'oublier dans une si haute élévation, il se rappelait volontiers son premier état, et il faisait souvent manger avec lui Valérianus, qui avait été soli collègue et son confrère dans la profession publique des lettres. Il se rendait accessible à tous, écoutant ce que chacun avait à lui dire, et répondant avec bonté. Il vivait familièrement avec les sénateurs, et les traitait dans le commerce ordinaire presque comme ses égaux. Assidu au sénat, duquel il ne s'absenta jamais, ses manières à l'égard de la compagnie allaient jusqu'au respect. Il rendait de grands honneurs à Pompéien et à Glabrio, dont un prince moins judicieux que lui aurait peut-être pris ombrage. Il ne voulut point que l'on marquât à son nom aucun des effets ou des édifices dont il jouissait comme empereur. Ce n'était pas à lui que tout cela appartenait, selon sa façon de penser, mais à l'empire.

Sous Commode la dépense de la table de l'empereur avait été énorme ; Pertinax la réforma, et la réduisit aux règles d'une honnête frugalité. Il y invitait souvent des sénateurs ; et il envoyait à ceux qui n'y venaient pas des plats de sa table, non comme des mets exquis, mais comme des marques de son attention. La simplicité de ces présents apprêtait à rire aux riches et aux somptueux ; mais ceux d'entre nous, dit Dion, qui estimaient plus la vertu que le luxe, les recevaient avec joie et avec admiration.

Capitolin a suivi le jugement de ces amateurs du faste que blâme Dion. Il accuse Pertinax d'une avarice sordide, et il en cite entre autres preuves ces envois d'une moitié de chapon, ou d'un fricandeau. Sans doute une telle simplicité n'a point de quoi frapper les yeux, et cet empereur, en retranchant tout d'un coup par la moitié la dépense de sa maison, fit disparaître une vaine pompe, qui plaît aux hommes vains. Mais que l'on compare à ce faux brillant les biens solides que produit une sage économie. Dans un règne qui dura moins de trois mois, Pertinax acquitta les dettes qu'il avait contractées à son avènement à l'empire ; il assura des récompenses pour les services militaires ; il établit des fonds pour les ouvrages publics ; il trouva de l'argent pour la réparation' des grands chemins ; il paya d'anciennes dettes de l'état ; en un mot, il remplit le trésor impérial, que son prédécesseur avait épuisé, et il le mit au niveau de toutes les dépenses nécessaires. Une telle administration mérite les plus grands éloges, et marque un prince qui connaît ses devoirs, et qui a le goût de la véritable grandeur.

Parmi les avantages dont Rome fut redevable à la frugalité de Pertinax, je compterai encore la réforme du luxe des particuliers, qui eurent honte de ne pas imiter l'exemple du prince. De là Suivit un bien public, la diminution du prix des denrées, qui, n'étant plus enlevées par ces hommes somptueux à qui rien ne cote pour se satisfaire, demeurèrent à la portée du commun des citoyens.

Il est important d'observer que les sommes immenses dont Pertinax eut besoin pour faire face à tous les objets différents que j'ai cités, n'étaient point le fruit de l'injustice ni d'une avidité tyrannique. Loin d'écouter les délateurs, il punit rigoureusement ceux qui dans les temps précédents avaient fait cet infâme métier. Il abolit les accusations pour cause de lèse-majesté. Il déclara qu'il ne recevrait aucun legs testamentaire de ceux qui auraient des héritiers légitimes, et qu'au lieu d'envahir les successions sur le plus léger prétexte, comme avait fait son prédécesseur, il n'en recueillerait aucune à laquelle il ne fût appelé selon toutes les formalités des lois ; et il ajouta cette parole remarquable : Il est plus beau et plus juste de laisser la république pauvre, que de l'enrichir par les rapines et par des voies odieuses. Il est vrai que Pertinax, contre la parole qu'il avait donnée un peu trop précipitamment, fut obligé de lever avec Sévérité certains droits dont Commode avait accordé la remise. Mais le bon usage qu'il faisait de l'argent lui en revenait, et la nécessité, doivent lui servir d'excuses. Les droits qu'il exigea étaient apparemment anciens et établis par un long usage ; car, pour ce qui est des péages nouveaux, que la tyrannie des financiers avait introduits, Hérodien assure que Pertinax les supprima, ne voulant point gêner la liberté du commerce.

Il songea à augmenter les revenus de l'état, non en terres incultes à ceux grossissant les impôts, mais en mettant en valeur beaucoup de terres qui demeuraient incultes, soit dans les provinces, soit même en Italie. Il fit don de toutes les terres qui étaient dans ce cas, même de celles qui faisaient partie du domaine impérial, à quiconque entreprendrait de les cultiver ; et afin d'en faciliter l'exploitation, il accorda aux nouveaux possesseurs une exemption d'impôts pour dix ans, sachant bien que, si son projet réussissait, la république recueillerait ensuite avec usure ce qu'elle semblait perdre dans le moment actuel.

Zélateur de l'équité et des lois, il rendait souvent la justice par lui-même. Il rétablit la mémoire de ceux qui avaient souffert d'injustes condamnations sous Commode, ou, s'ils vivaient encore, il les rappela d'exil.

Il rendit à ceux-ci, ou aux héritiers des morts, leurs biens confisqués ; et je ne saurais croire, sur le témoignage du seul Capitolin, qu'il leur ait fait acheter cette justice. J'ai dit qu'il punit les délateurs. S'ils étaient esclaves, il leur fit expier leur crime par le supplice de la croix. Il restitua à leurs maîtres les esclaves qui s'étaient dérobés des maisons particulières pour entrer dans celle du prince. Il réprima la licence des affranchis du palais, qui sous le règne précédent avaient disposé de tout avec un pouvoir tyrannique ; et il les dépouilla des richesses immenses qu'ils avaient acquises, en achetant à vil prix les biens de ceux que Commode avait condamnés. Ses anciennes connaissances, citoyens de la petite ville d'Alba Pompéia sa patrie, accoururent à Rome dès qu'ils le surent sur le trône, pleins d'une espérance avide d'être inondés de ses bienfaits. Ils furent trompés dans leur attente, et Pertinax ne crut point devoir employer les revenus publics à enrichir ceux que des liaisons privées attachaient à sa personne.

Par une conduite si parfaite dans tontes ses parties, il renouvelait l'heureux règne de Marc Aurèle ; et, faisant goûter à tous les douceurs d'un gouvernement équitable et modéré, il comblait d'une double joie ceux qui retrouvaient en lui le sage prince dont la mémoire leur était infiniment chère.

Dans cette satisfaction universelle, deux ordres de personnes, dont l'insolence et l'avidité avaient profité sous Commode de la misère publique, étaient étrangement irrités contre Pertinax, les prétoriens et la vieille cour ; et ils jurèrent la perte d'un réformateur qui captivait leurs injustes désirs. Pertinax n'avait encore déplacé aucun de ceux à qui son prédécesseur avait confié quelque partie du ministère ; mais ils savaient qu'il attendait le 21 d'avril[6], jour anniversaire de la fondation de Rome, comme un jour de renouvellement où il changerait toute la face de la cour. Ils prirent le parti de ne lui pas en donner le temps, et quelques affranchis eurent la pensée de l'étouffer dans le bain : mais ce projet, trop hasardeux dans l'exécution, fut abandonné ; et le préfet du prétoire La3tus se chargea de la manœuvre, en recourant à d'autres voies.

Cet officier, qui avait mis Pertinax sur le trône, s'en était bientôt après repenti. Il avait espéré régner sous le nom d'un prince qui lui serait redevable du rang suprême ; et il voyait que Pertinax non seulement gouvernait par lui-même, mais le consultait peu, ne lui donnait aucun crédit, et le taxait souvent d'imprudence et de vues fausses dans les affaires. Comme c'était une âme tyrannique, qui n'avait ôté la vie à Commode que par des vues d'intérêt particulier, et qui en lui choisissant un successeur vertueux s'était proposé uniquement de donner à son attentat une couleur de zèle pour le bien public, son ambition frustrée le détermina à détruire son propre ouvrage par un second crime encore plus grand que le premier. Il trouvait les soldats qui lui obéissaient très-disposés à seconder ses fureurs, et il prit soin de nourrir et d'aigrir en eux ce levain d'animosité et de révolte. Il forma donc son plan, et il résolut d'élever à l'empire Sosius Falco, de qui j'ai déjà rapporté un trait audacieux, et que la splendeur de sa naissance et ses richesses semblaient mettre à portée de la première place.

Lætus épia le moment où Pertinax était allé faire un petit voyage sur la côte (vraisemblablement à Ostie), et là donner ses ordres par rapport à l'approvisionnement de la ville, auquel il apportait une extrême attention. Le préfet du prétoire comptait profiter de cet intervalle pour mener Falco au camp des prétoriens. Pertinax en fut averti, et, revenant en diligence, il déconcerta l'intrigue avant qu'elle pût éclore. Il se plaignit dans le sénat de l'infidélité des soldats, à qui, malgré l'épuisement du trésor public, il avait fait une très-grande largesse. Falco fut accusé, et il allait être condamné par les sénateurs, si Pertinax ne s'y fût opposé avec force. Non, s'écria-t-il, je ne souffrirai jamais que sous mon gouvernement un sénateur, même coupable, soit mis à mort. Quelques-uns ont prétendu que Falco n'avait pas été instruit du complot formé pour l'élever sur le trône : c'est ce qui n'est guère probable, et le mot de Pertinax suppose manifestement le contraire. Ce qui est certain, c'est qu'il vécut depuis jouissant de toute sa fortune, et qu'il mourut tranquillement, laissant son fils pour héritier. Il est encore plus étonnant que l'anus soit demeuré en place : il faut croire qu'il avait si bien caché son jeu que Pertinax ou ne le soupçonna pas, ou ne se crut pas en état de le convaincre. L'impunité ne changea pas ce perfide, et il abusa du pouvoir qu'on lui laissait pour pousser en avant son entreprise criminelle, et pour envenimer de plus en plus, sous une fausse apparence de zèle, la haine des soldats.

Capitolin mêle dans son récit l'aventure assez mal débrouillée d'un esclave qui, se faisant passer pour le fils de Fabia, fille de Marc Aurèle, s'attribuait à ce titre des droits sur la succession la maison impériale. Il fut reconnu, fouetté, et rendu à son maître. Lætus saisit ce prétexte de sévir contre plusieurs soldats, qui furent punis de mort comme complices des desseins insensés de ce misérable. Il avait pour but de porter à son comble l'indignation des prétoriens, qui voyaient, sur la déposition d'un esclave, verser le sang de leurs camarades.

Ce noir projet réussit. Tout d'un coup trois cents[7] des plus forcenés partent du camp, traversent la ville en plein jour, et marchent l'épée nue à la main vers le palais impérial. Il fallait qu'ils fussent bien assurés de ne trouver aucun obstacle, ni de la part de ceux qui faisaient la garde, ni de la part des officiers de l'intérieur du palais, sans quoi leur entreprise aurait été aussi folle que criminelle, et sans aucune espérance de succès. Pertinax, averti de leur approche, envoya au-devant d'eux Lætus, tant il était mal informé des intrigues de ce traître. Lætus, auteur du complot, mais qui ne voulait se déclarer qu'à coup sûr, évita la rencontre des soldats, et se retira dans sa maison. Les assassins arrivent et trouvent toutes les portes ouvertes, toutes les avenues libres. La garde leur livre les passages ; les affranchis et les chambellans, loin de leur faire résistance, allument encore par des exhortations leur audace et leur fureur.

Dans un danger si pressant, plusieurs conseillaient à Pertinax de mettre sa vie en sûreté par une prompte fuite ; et Dion assure que la chose était aisée, et que si ce prince se fût dérobé à la première fougue des soldats, il aurait trouvé dans l'affection du peuple une sauvegarde et un rempart. Pertinax en crut trop son courage : il se persuada que tout sentiment n'était pas éteint dans le cœur des prétoriens, et que la vue de leur empereur leur imposerait. Il s'avança donc vers eux d'un air intrépide, d'une contenance fière ; et il eut d'abord lieu de s'applaudir de sa hardiesse, car il se fit écouter. Quoi ! leur dit-il, vous qui par état devez veiller à la défense de vos princes, et écarter de leurs personnes les dangers même du dehors, c'est vous qui vous en rendez les meurtriers ! De quoi avez-vous à vous plaindre ? Prétendez-vous venger la mort de Commode ? j'en suis innocent. Et d'ailleurs, tout ce que vous avez droit d'attendre d'un bon et sage empereur, je suis prêt à vous l'accorder.

Ce peu de paroles, prononcé avec majesté, faisait son impression : déjà, baissant les yeux en terre, la plupart remettaient leur épée dans le fourreau. L'un d'entre eux, Tongrien de nation, plus féroce et plus intraitable que les autres, leur reprocha ce mouvement de repentir comme une faiblesse ; et, joignant l'exemple aux discours, il porta de sa pique le premier coup à l'empereur. Il réveilla ainsi dans le cœur de ses compagnons toute leur rage, qui n'était qu'assoupie. Ils se préparèrent à le suivre ; et Pertinax, voyant qu'il n'y avait plus de ressource, s'enveloppa la tête dans sa toge, et, invoquant Jupiter Vengeur, il se laissa percer sans faire une inutile résistance. Un seul homme lui témoigna de la fidélité en ce funeste moment : ce fut le chambellan Éclectus, l'un des meurtriers de Commode, qui, plein de courage, combattit contre les assassins, en blessa quelques-uns, et se fit tuer auprès de son maître.

Les prétoriens coupèrent la tète de Pertinax, et, l'ayant mise au bout d'une pique, ils emportèrent à travers la ville cet horrible trophée dans leur camp.

Ce funeste événement arriva le 28 mars de l'an de J.-C. 193. Pertinax était né le 1er août de l'an 126 ; ainsi il périt âgé de soixante- six ans et près de huit mois, n'ayant pas régné trois mois entiers. Il laissa un fils et une fille, qui vécurent dans la condition privée, sans que jamais personne leur ait attribué ni qu'ils aient eux-mêmes revendiqué aucun droit au trône ; et c'est une preuve, entre un grand nombre d'autres, que l'empire n'était nullement héréditaire chez les Romains.

Dion avance que cet empereur s'attira sa triste catastrophe pour s'être trop précipité de réformer l'état, et pour n'avoir pas su, quelque expérience qu'il eût dans les affaires, que la sagesse politique demande que l'on n'attaque pas tous les abus à la fois, et que l'on travaille lentement à les détruire par parties et les uns après les autres. Peut-être cette réflexion est-elle fondée ; peut-être aussi nous sera-t-il permis de dire qu'il est aisé de juger par l'événement, et que les hommes sont communément ingénieux à trouver les causes des malheurs après qu'ils sont arrivés.

Il est certain que Pertinax a été l'un des plus grands princes qui aient jamais occupé le trône des Césars, quoique la courte durée de son règne ne lui ait pas permis de développer ses talents. Le sénat et le peuple eurent la liberté de témoigner leurs sentiments à son égard sous l'empire de Sévère, et ils firent de lui un éloge parfait par des acclamations que le cœur dictait, et dont la vérité est prouvée par les faits. Sous Pertinax, s'écriaient-ils à l'envi, nous avons vécu sans inquiétude ; nous avons été libres de toute crainte. Il a été pour nous un bon père, le père du sénat, le père de tous les gens de bien. L'empereur Sévère fit lui-même son oraison funèbre ; et voici, suivant un fragment de Dion, qui parait tiré de ce discours, le tableau qu'il traça de Pertinax : La valeur guerrière dégénère facilement en férocité, et la sagesse politique en mollesse. Pertinax réunit ces deux vertus, sans le mélange des défauts qui souvent les accompagnent ; sagement hardi contre les ennemis du dehors et contre les séditieux, modéré et équitable envers les citoyens, et protecteur des bons. Sa vertu ne se démentit point au faîte de la grandeur ; et, soutenant avec dignité et sans enflure la majesté du rang suprême, jamais il ne le déshonora par la bassesse, jamais il ne le rendit odieux par l'orgueil. Grave sans austérité, doux sans faiblesse, prudent sans finesse maligne, juste sans discussions scrupuleuses, économe sans avarice, magnanime sans fierté.

Cet éloge ne laisse rien à désirer ; mais nous devons nous souvenir que nous le tirons d'un panégyrique, et, sur deux articles que j'ai déjà touchés, il exige quelque restriction. Ainsi il est difficile de laver entièrement Pertinax du reproche d'avarice, que Capitolin appuie de détails circonstanciés. Cet écrivain assure que Pertinax, après avoir fait paraître de l'intégrité et du désintéressement pendant la vie de Marc Aurèle, changea de conduite après la mort de ce vertueux prince, et manifesta son amour pour l'argent ; qu'il devint riche tout d'un coup, caractère des fortunes suspectes ; et qu'il étendit ses domaines par des usurpations sur ses voisins, qu'il avait ruinés par ses usures ; qu'étant général d'armée, il vendit les grades militaires ; enfin qu'il exerça, et particulier et même empereur, des trafics sordides et plus dignes de son premier état que de celui auquel son mérite l'avait élevé. Il semble qu'un témoignage de cette nature doive prévaloir sur l'autorité d'Hérodien, qui dit seulement en général que Pertinax vécut pauvre sous le règne de Commode, et que ce fut même :a pauvreté qui fit sa sûreté.

On lui a reproché en second lieu d'avoir été plus libéral en paroles qu'en effets, et plus attentif à conformer son discours aux besoins des circonstances, qu'à le régler sur une exacte franchise. Ce défaut, observé par Capitolin, pourrait bien en avoir imposé à cet historien lui-même, qui rapporte sérieusement que Pertinax redouta la dignité impériale, qu'il n'en portait les ornements qu'avec une sorte de saisissement et d'effroi, et qu'il eut dessein de l'abdiquer dès qu'il le pourrait sans péril. La manière dont Pertinax avait accepté l'empire ne donne pas lieu de croire que le poids lui en Mt désagréable : on y remarque plutôt du désir et de l'empressement. Ces démonstrations de crainte et d'envie de retourner à la condition privée n'étaient sans doute, chez lui comme chez Auguste, qu'un langage modeste, destiné à faire honneur à celui qui le tenait.

Ses mœurs ne furent pas plus rangées que celles de sa femme, et l'histoire nomme une Cornificia qu'il aima passionnément, et aux dépens de sa réputation.

Malgré ces taches sur sa vie, Pertinax a mérité de grands éloges, et il est le dernier de cette chaîne de bons princes qui, ayant commencé à Vespasien, ne fut interrompue que par Domitien et par Commode. Nous n'en trouverons plus qui mérite ce titre jusqu'à Alexandre Sévère.

Je ne dois point finir ce qui regarde Pertinax sans lui faire honneur du beau témoignage que lui rendit par la conduite de par sa conduite Pompéien, gendre de Marc Aurèle, Pompéien, l'honneur du sénat et le Caton de son siècle. Cet illustre sénateur, ne pouvant supporter la vue des horribles excès de Commode son beau-frère, s'était retiré de Rome sous prétexte d'infirmités. Il reparut dès qu'il sut qu'il s'agissait de mettre Pertinax sur le trône, et il y demeura pendant toute la durée de son règne, trop court pour le bonheur de l'empire. Quand Pertinax ne fut plus, les infirmités de Pompéien revinrent, et on ne le revit plus dans la ville.

Il n'est plus guère parlé de Pompéien dans l'histoire, où il fait le plus beau rôle de tous les particuliers ses contemporains. Choisi pour gendre par Marc Aurèle à cause de sa vertu, grand homme de guerre, grand homme de bien, auteur des avis les plus sages tant que Commode daigna le consulter, ne prenant aucune part ni aux crimes de cet empereur ni aux attentats tramés contre lui, et sensible aux droits de l'affinité jusqu'à verser des larmes sur la mort d'un prince sous lequel sa vie n'avait pas été assurée un instant.

 

 

 



[1] Ce sénateur est nommé par Victor Lollius Gentianus ; mais il est visiblement le même que Capitolin dans la vie de Pertinax, I, appelle Lollianus Avitus.

[2] Quinze cents livres.

[3] Cent vingt-cinq mille livres.

[4] Quinze cents livres.

[5] Cinquante livres.

[6] Quelques-uns font tomber au vingt avril la fondation de Rome. Cette différence n'est ici d'aucune conséquence.

[7] Dion ne dit que deux cents.