LES GUERRES DE LA RÉVOLUTION

HONDSCHOOTE

 

CHAPITRE III. — HOUCHARD.

 

 

Le successeur de Kilmaine. — Diettmann. — Jean-Nicolas Houchard. — Berthelmy — Organisation de l'état-major. — Plaintes de Houchard et de Berthelmy. — État de l'armée. — Jeanbon et Prieur de la Marne. — Bentabole. — Billaud-Varenne et Niou. — Les plans et cartes de Gay-Vernon. — Rapport de Ronsin.

 

Kilmaine n'avait été nommé que provisoirement. Le 22 juillet, le Conseil exécutif conférait le commandement des armées du Nord et des Ardennes à Diettmann. C'était la seconde fois que ce Diettmann recevait la succession de Custine. On l'avait mis à la tète de l'armée du Rhin lorsque le général Moustache partait pour la Flandre. Mais Diettmann n'était, comme on disait dès cette époque, qu'une. vieille culotte de peau. Après le combat de Rülzheim, il avait déclaré qu'il ne pouvait mener les troupes, qu'il ne connaissait ni les positions, ni les mouvements, ni les cartes et ne savait rien de ce que doit savoir un général en chef. Il refusa donc de diriger les armées du Nord et des Ardennes et assura de nouveau qu'il ne possédait pas les aptitudes nécessaires pour manier des masses, qu'il était attaché à sa division de cavalerie, qu'il n'avait d'autre désir, d'autre ambition, que de rester à ce poste. Les commissaires de la Convention, Louis et Pflieger, tentèrent inutilement de fléchir son inaltérable modestie.

Mais déjà Bouchotte se repentait de son choix. L'armée du Nord ne voulait pas de Diettmann. Elle l'avait vu de près, et le bruit courait qu'il était l'ami de Dumouriez, qu'il avait, au 4 avril, essayé de soulever le camp de Maulde et engagé les soldats à la désertion, qu'il professait des principes anticiviques. Celliez écrivait au ministre que l'arrivée de Diettmann produirait une secousse dangereuse, et Gay-Vernon, qu'il serait dénoncé dès le premier jour[1].

Quel général fallait-il donc envoyer dans la Flandre ? Ce général, disaient Celliez et Varin, devait être, avant tout, bien intentionné, et sans-culotte, et ils n'entendaient prononcer que deux noms : celui de Houchard et celui de Ferrier. Le Conseil exécutif fit ce que proposaient ses commissaires ; il décida, le 1er août, que Ferrier remplacerait Houchard à l'armée de la Moselle et que Houchard commanderait les armées du Nord et des Ardennes.

Jean-Nicolas Houchard avait six pieds de haut, des manières âpres, l'œil terrible, l'allure fière et sauvage, le visage défiguré par trois estafilades et par une plaie (l'arme à. feu, la bouche déplacée et remontant vers l'oreille gauche, la lèvre supérieure fendue en deux, la joue droite sillonnée de deux balafres parallèles. Aussi Custine l'envoyait-il porter une sommation au gouverneur de Mayence : ce que le messager avait de dur et de rébarbatif répondait aux menaces du message. Il était d'origine germanique ; ses aïeux avaient francisé leur nom dont la forme primitive est Huschard. Il naquit à Forbach, et passa sa jeunesse à Sarrebourg où son père exerçait un emploi dans l'administration des subsistances militaires. Son éducation fut négligée et il parla toute sa vie un français assez étrange, mêlé de mots allemands, et qu'une difficulté de prononciation rendait plus raboteux, plus barbare encore. Jusqu'à son dernier jour, il fit dans ses rapports et ses lettres des fautes grossières, et il écrivait cartier pour quartier, pensement pour pansement, l'apelle pour l'appel, inanition pour inanité et envoiera pour enverra. Enrôlé au régiment de Royal-Allemand cavalerie, sous-lieutenant de grenadiers, puis cornette aux volontaires de Hainaut, il prit part aux six campagnes de la guerre de Hanovre et reçut à Sondershausen un coup de feu à la cuisse, et à Minden, outre une contusion à la jambe, trois coups de sabre sur la tète. Sous-lieutenant aux dragons de la légion de Lorraine, il se distingua de nouveau par son intrépidité dans l'expédition de Corse. Il avait eu la mâchoire fracassée par un coup de fauconnier et s'était fait panser lorsque les ennemis attaquèrent le village où se trouvait l'ambulance ; il sortit de son lit et, le chef emmailloté, rejoignit son peloton qu'il anima de son exemple. Cette prouesse lui valut une pension ou gratification annuelle de deux cents livres qui lui fut octroyée sur la caisse de l'extraordinaire des guerres, et bientôt après, le brevet de lieutenant. Promu premier lieutenant, puis lieutenant avec rang de capitaine au 3e régiment de dragons, alors Bourbon-dragons, nommé chevalier de Saint-Louis, il avait épousé la fille du notaire de Sarrebourg, Catherine Henriet, et songeait à demander sa retraite et à vivre désormais sur son bien. La Révolution éclata. Houchard était en garnison à Ardres, dans le Pas-de-Calais. Il n'y a pas moyen, marquait-il à sa femme, de quitter dans des moments où la patrie est en danger ; il faut que tout Français la défende de son pouvoir. Il sut conserver la discipline ; ses dragons, assurait-il, n'avaient rien à dire puisqu'on ne les tracassait pas, et il espérait les mener jusqu'au bout. Il se prononçait pour l'Assemblée contre le roi ; il blâmait les prêtres réfractaires qui forçaient la Constituante à prendre un parti violent, et lorsque des commissaires présidaient à la prestation du nouveau serment, il était, avec le quartier-maître Dufrénoy, le seul officier du régiment qui les suivît au club. Pourvu d'une compagnie, il fut envoyé à l'armée du Rhin. Custine, qui possédait la faïencerie de Niderviller, près de Sarrebourg, avait noué depuis trente ans avec Houchard des relations de voisinage et d'amitié ; il le choisit pour aide de camp. Vint la déclaration de guerre, puis la chute de la royauté. Les commissaires de la Législative qui parcouraient l'Alsace, nommèrent Houchard colonel du e régiment de chasseurs à cheval : il avait pour lui, disaient-ils, l'expérience, des blessures, la voix publique, et la juste confiance de Custine. Le nom de Houchard paraît dès lors à chaque page de l'histoire de' l'armée du Rhin. Il guide l'avant-garde française à l'affaire de Spire ; il entre à Francfort, s'empare des salines de Nauheim, impose à la Wetteravie des contributions ; il bat à Limbourg un détachement de l'avant-garde prussienne ; il essaie de défendre Hochheim ; après Bingen il est à l'arrière-garde et repousse, à Ober-Flörsheim, l'attaque de Brunswick. Six mois lui suffirent pour s'élever aux premiers grades : général de brigade le 1er décembre 1792 et de division le 8 mars suivant, il obtint, le 29 avril 1793, le commandement de l'armée de la Moselle. Il avait tenté de débloquer Mayence et il se réinstallait dans ses cantonnements de la Sarre lorsqu'il reçut l'ordre de remplacer Custine dans les Flandres[2].

Il n'était que sabreur et n'entendait rien aux grandes opérations. Custine louait sa probité sévère et sa vaillance, mais ajoutait que Houchard, excellent pour entraîner une avant-garde, échouerait dans le commandement d'une armée, qu'on lui faisait un funeste présent en le mettant à la tète des troupes, qu'une pareille tâche serait au-dessus de ses forces et qu'il faudrait le diriger. Xavier Audouin disait qu'il n'avait de militaire que la bravoure et qu'employé dans les remontes, il était plutôt marchand de chevaux qu'officier et connaissait mieux les foires du Limousin que les garnisons et les camps. Lacoste et Guyardin assuraient qu'il avait la réputation de bien conduire une division, mais qu'il ne pouvait commander une armée ni prendre de grandes mesures, qu'il n'agissait que par les conseils de son intime Berthelmy. Delbrel était d'avis qu'il montrait du courage lorsqu'il n'avait à manier que plusieurs régiments, mais qu'il n'avait pas toujours l'audace qu'exigent les circonstances et que la conscience de son incapacité le rendait plus timide encore. Il fut, rapporte Legrand, accablé de ses fonctions ; il eût été un très bon chef de partisans ; on en fit un mauvais général, et il gagna la bataille .d'Hondschoote grâce aux dispositions de Gay-Vernon. Lui-même, modeste et très sincère, avouait qu'il n'osait rien exécuter sans l'assistance d'autrui, et il n'accepta le commandement des armées de la Moselle et du Rhin qu'à condition d'être entouré et secondé par des gens dont il avait éprouvé les talents. Avec quelle minutie et quel amour du détail il traçait, de sa lourde main, le 23 août 1793, un règlement sur le service des troupes à cheval ! On sent qu'il est là dans son élément et comme chez lui, qu'il ne voit au monde et ne sait qu'une chose, le métier de cavalier[3].

Mais les commissaires de la Convention Pflieger et Louis prônaient ses longs services. Sa valeur, et sa franchise passaient en proverbe. Il était actif, vigilant infatigable. Dans un temps où la discipline semblait inutile et ridicule, il la maintenait avec fermeté. A toute heure de la nuit, il visitait les avant-postes, et lorsque les soldats voulaient aller au cabaret, ils mettaient plus de sentinelles à l'endroit où Houchard pouvait arriver qu'à l'endroit où l'ennemi pouvait venir. Enfin, jusqu'aux dernières semaines de juillet, personne ne contestait, ne suspectait son républicanisme. Merlin de Thionville avait dit qu'il détestait les nobles et les rois. Thirion le vantait aux Jacobins comme un véritable sans-culotte, dont Custine avait calomnié les talents. Kilmaine, qui ne ressentait ni envie ni jalousie contre son successeur, tenait le choix de Houchard pour excellent : on n'avait aucun prétexte de dénonciation contre lui ; il était à.la fois très bon officier et très bon patriote ; il aurait sûrement l'affection de l'armée. Il faut, écrivait Gay-Vernon à Audouin, que Houchard vienne nous aider. Les administrateurs de la Moselle déclaraient que Houchard avait essuyé sous l'ancien régime des injustices et des dégoûts, qu'il devait tout à la Révolution, que nulle calomnie ne diminuerait la confiance qu'il inspirait. Lorsque les Girondins de Bordeaux, de Dax, de Lyon l'engageaient à combattre l'anarchie, il leur répondait qu'ils étaient les ennemis de la République et non les amis de la liberté et de l'égalité, qu'ils se laissaient tromper par les lâches fédéralistes et les complices de Dumouriez, et que lui, Houchard, chef des sans-culottes de l'armée, les engageait à sortir de l'erreur où ils étaient plongés. Au camp de Gavrelle, lorsqu'il passa la première revue des troupes, il portait sur la tête un énorme bonnet rouge ; mais ses devanciers n'avaient pas accoutumé l'armée du Nord à cette singulière coiffure indigne d'un général ; les soldats éclatèrent de rire et Houchard ne se montra plus qu'en chapeau[4].

Le Comité de salut public nomma donc Houchard. La situation, lui mandait-il, était critique : Valenciennes avait capitulé ; la consternation régnait à Paris ; dans cette extrémité, le Comité jetait les yeux sur Houchard ; le général méritait la confiance de la patrie ; on chérissait son nom depuis longtemps ; il n'écouterait aucune des considérations qui pourraient le retenir à l'armée de la Moselle : le point du plus grand péril était le poste d'un républicain. Et Barère annonçait à la Convention que Houchard, connu par son patriotisme, allait courir au plus pressé et se rendre au fort du danger : l'armée du Nord l'attendait ; celle de la Moselle dont les opérations étaient changées par la prise de Mayence, sacrifierait volontiers à la cause de la République son attachement pour ce chef estimable[5].

La Flandre n'était pas du tout le théâtre auquel aspirait Houchard. Il eût mieux aimé rester sur la Sarre. Mais l'arrêté du Comité était précis et impérieux, sous sa forme flatteuse. Houchard partit douze heures après avoir reçu sa lettre de service, et il écrivait incontinent à Paris qu'il ne négligerait aucun moyen pour mettre les armées dans la plus grande activité. Il partait sous de tristes auspices. Depuis quelques jours, malgré son origine plébéienne et son dévouement au système populaire, les Jacobins strasbourgeois le dénonçaient, l'enveloppaient dans la proscription dont ils frappaient Custine, Beauharnais et Ferrier. A l'instant même où la Convention et le Comité lui donnaient la principale armée de la République, il était calomnié dans son propre camp, et les représentants l'accusaient de tiédeur et d'incapacité. Lacoste et Guyardin prétendaient qu'il était le plus froid des patriotes, qu'il parlait rudement aux soldats et les maltraitait, qu'il avait marché trop tard au secours de Mayence et mis dix jours. pour faire quinze lieues, que son armée supérieurement organisée avait honteusement reculé, que cette retraite des troupes était une réelle trahison et qu'il fallait s'en prendre à leur général. Personne, marquaient Jeanbon Saint-André et Prieur de la Marne, ne nous a encore dit du bien de Houchard et tout le monde nous en a dit du mal. Le commissaire du Conseil exécutif, Valmont, assurait qu'il avait transpercé de son épée un pauvre maraudeur qui volait un chou. Houchard sut les calomnies dont il était l'objet. La veille de son départ, les habitants de Sarrebourg le déclaraient traître à la patrie et menaçaient de démolir sa maison, de pendre sa femme et ses enfants. Il n'eut que le temps d'aller à Sarrebourg et de se justifier. Mais que de douloureuses réflexions il fit sur le chemin en gagnant son nouveau poste ! Il mandait de Reims à Bouchotte que sa vie était empoisonnée par la plus atroce diffamation et qu'il avait souffert le dernier supplice ; il souhaitait de comparaître avec Valmont devant un Conseil de guerre, afin de confondre ce monstre qui propageait sur son compte tous ces bruits outrageants : Il faut qu'une de nos deux têtes saute, et ce ne sera pas la mienne ! Il ajoutait que, dans une telle position, il ne saurait conduire une armée ni servir la République comme général ; il était parti pour obéir, mais il désirait être au plus tôt remplacé.

Bouchotte le calma, le radoucit. Il appréciait Houchard et dès le mois de juin lui promettait de rendre définitif son brevet provisoire de commandant en chef, parce qu'il connaissait son civisme et ses capacités : s'il l'appelait à l'armée du Nord, c'est qu'il était convaincu de son zèle républicain et qu'il attendait de lui des efforts qui consoleraient la patrie affligée. Montrez, lui avait-il écrit, montrez aux autres peuples que les sans-culottes qui ont eu le désir bien naturel d'un meilleur gouvernement, ont aussi en eux les moyens de l'affermir. Il répondit donc aux doléances de Houchard sur un ton amical : la République comptait sur le patriotisme du général ; le héros de Limbourg et de Hochheim continuerait à la servir avec dévouement, ne fût-ce que pour désespérer ses détracteurs, et oublierait les incidents qui l'avaient tourmenté : Dans ce moment chacun s'oublie pour ne penser qu'à la République[6].

Mais Houchard voulait avoir avec lui Berthelmy. Ce Berthelmy que presque tous appelaient alors Barthélemy, était ingénieur des ponts et chaussées à Tulle et président de la Société des Amis de la Constitution lorsqu'il fut élu capitaine des grenadiers du 1er bataillon des volontaires de la Corrèze. L'administration de son département obtint qu'il reprendrait son poste après la guerre ; elle vantait avec emphase son ardeur infatigable, ses qualités sociales, et affirmait qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait saisi avant lui cette facilité d'exécution que les ravins multipliés et les montagnes continuelles ne peuvent déconcerter, qu'il trouvait de la plaine partout et possédait le talent bien rare de faire beaucoup d'ouvrage avec peu de dépense. Envoyé à l'armée du Rhin et nommé adjoint à l'état-major, Berthelmy fut après le 10 août, un des premiers à se prononcer contre la royauté déchue, et il répandit dans le camp une lettre où il priait ses camarades de ne discuter nullement les affaires politiques, de ne publier aucune déclaration, de ne penser qu'aux ennemis du dehors, aux émigrés et autres tigres qui profiteraient des dissensions et du désarroi de l'armée, de ne pas perdre de vue ces adversaires irréconciliables, de se borner à ce seul objet de leurs fatigues et de leur dévouement. Promu adjudant-général, il s'attira la confiance de Custine. Il sert, disait ce dernier, avec la plus grande distinction ; c'est un bon ingénieur, un homme probe, vraiment civique et, au mois d'avril 1793, le conquérant de Mayence envoyait le jeune officier à l'armée de la Moselle pour assurer l'exécution de ses ordres et imposer ses volontés au vieux d'Aboville. Mais Berthelmy se défiait de Custine, et lorsqu'il fut chef de brigade et premier aide-de-camp de Houchard, il s'éleva vivement, violemment, contre le plan d'opérations qui morcelait les armées de la Moselle et du Rhin et dirigeait leurs meilleurs bataillons sur Valenciennes. Il accompagna les commissaires Maribon-Montaut et Du Roy à Paris pour combattre devant le Comité le chassé-croisé que demandait Custine, Il blâma son ami Gay-Vernon de rester près du général Moustache, et dès qu'il sut la capitulation de Mayence, il écrivit à Houchard que Custine était un traître qu'on devait arrêter sur-le-champ. Il se proclamait jacobin enragé, jurait que personne ne le surpassait en patriotisme, regrettait d'avoir atteint les grades supérieurs et de n'être pas simple grenadier, parce qu'il suffisait de devenir officier pour encourir le soupçon. Et, en effet, malgré sa ferveur révolutionnaire, Berthelmy était suspect. Valmont le traitait d'aristocrate et d'homme dangereux. Ronsin disait qu'il avait de la suffisance, l'amour de la domination et beaucoup de ressemblance avec Gay-Vernon. Lacoste et Guyardin le qualifiaient d'ambitieux, d'intrigant et prétendaient qu'il était détesté de l'armée. Jeanbon Saint-André et Prieur de la Marne jugeaient que ce petit officier se permettait de lestes propos et se donnait des airs de commandant un chef, que s'il allait en Flandre, ce serait lui qui, sous le nom de Houchard, mènerait et manierait l'armée du Nord, et ils le requirent de se rendre à Paris pour expliquer sa conduite au Comité de salut public. Mais Houchard réclamait Berthelmy à cor et à cri, le déclarait essentiel et indispensable, protestait qu'on n'avait aucune raison de douter de lui. Bouchotte, cédant à ses instances, finit, en dépit des représentants et de leurs objections, par nommer Berthelmy général de brigade et chef de l'état-major de l'armée du Nord. Berthelmy alléguait qu'il était trop jeune, qu'il n'avait pas les connaissances de tactique nécessaires, qu'on ne pouvait le forcer à être général. Humainement parlant, lui répondit Bouchotte, on ne peut vous forcer à être général, mais il faudra bien que vous acceptiez[7].

Houchard arriva le 9 août à Vitry où Kilmaine avait d'abord établi le quartier-général. Il examina sur-le-champ les positions et les approuva, bien qu'il eût, ainsi que Kilmaine, préféré de camper derrière les sources de l'Escaut. Mais, dès ses premiers pas, il fut dans un embarras extrême. Il ne connaissait personne dans l'armée qu'il venait commander, et il la trouvait absolument désorganisée par la suspension du chef de l'état-major Des Bruslys et d'une vingtaine d'officiers supérieurs. Y a-t-il, s'écriait le malheureux, une situation plus cruelle ? Il se jeta dans les bras de Gay-Vernon qu'il avait vu cinq ou six fois à Mayence et dans l'entourage de Custine, le nomma son sauveur, le supplia de faire sa correspondance. Il se hâta de demander à Bouchotte les appuis qui lui manquaient. Il demanda Berthelmy qui n'était pas encore à son poste. Il demanda Schauenburg qui s'entendait à dresser les soldats et à leur inspirer l'amour de leurs devoirs : s'il avait cet habile officier, l'armée du Nord changerait de face, et, en six semaines, son infanterie, qui ne tenait pas en plaine, serait capable d'attendre de pied ferme les escadrons impériaux. Il demanda Kilmaine : il avait le besoin le plus pressant d'un général qui combattait depuis dix mois sur cette frontière, et qui seul pouvait conduire l'avant-garde. Il demanda l'adjudant-général Jarry que le ministre allait suspendre, et il loua le zèle de Jarry, sa fermeté, sa naissance roturière, ses sentiments républicains[8].

Berthelmy se présenta le 10 août. Mais Bouchotte ne voulut donner à Houchard ni Schauenburg, ni Kilmaine, ni Jarry. Schauenburg devait rester à l'armée de la Moselle où il était général en chef et d'ailleurs Bouchotte méditait déjà la suspension de ce ci-devant. Kilmaine ne serait plus employé : Les circonstances, disait le ministre, ont forcé à faire ce changement, et la conduite de ceux qui, jusqu'à ce moment, tout en paraissant servir la République, avaient l'air de penser à autre chose, en nécessitera encore de plus considérables. Enfin, Jarry avait, avec Chérin, arrêté le commissaire Celliez, et Bouchotte déclarait qu'après avoir pris des renseignements, il ne saurait conserver Jarry : On peut, mandait-il à Houchard, on peut quelquefois se masquer vis-à-vis des supérieurs qui ne sont pas à même d'être aussi bien instruits qu'il le faudrait pour déjouer toutes les trames dont nous avons été trop longtemps victimes, et il priait le général de réparer par son activité le déficit des circonstances[9].

Ces belles paroles ne consolaient pas Houchard, et, s'il possédait Berthelmy, il ne laissait pas de gémir sur le labyrinthe affreux dans lequel il se voyait engagé, sur le délabrement de son état-major, sur l'ignorance et la mollesse de ses officiers, sur l'état décousu d'une armée encore étourdie de sa retraite précipitée. Les adjudants-généraux, envoyés par le ministre, n'avaient pas la moindre teinture de la guerre et n'étaient propres qu'au travail du bureau. Je ferai tout ce que vous voudrez, tout ce que je pourrai, écrivait Houchard à Bouchotte, je me servirai de tous les moyens bons ou mauvais que vous me donnerez, mais la machine n'en ira pas mieux. Comme Lamarche, comme Custine, comme Kilmaine, il redoutait la cavalerie des alliés, cette cavalerie énorme qui pouvait entourer les Français de tous côtés et qui couvrait si bien les mouvements des Austro-Anglais qu'il était impossible d'agir et de mordre sur leur infanterie, Il craignait que Cobourg ne vînt se poster soudain sur le chemin d'Arras et lui couper les vivres, intercepter les routes de Saint-Quentin, d'Arras et de Bapaume, et il conjurait le ministre d'envoyer à Saint-Omer et à Lille des approvisionnements considérables pour la nourriture des troupes.

Berthelmy s'exprimait de même. Pas un seul adjoint de l'état-major qui connût l'armée, et il n'avait aucun des quatre adjudants-généraux qu'il devait avoir. Il répétait que la cavalerie était nulle, qu'il fallait pourtant opposer cavalerie à cavalerie, qu'on ne serait actif et hardi que lorsque l'infanterie, jusqu'alors étonnée par les escadrons des alliés, reprendrait son assiette. L'armée, disait-il aussi, avait un nombre prodigieux d'hommes, et elle n'était pas forte parce qu'elle se disséminait, s'éparpillait sans ordre sur tous les points ; elle renfermait une infinie quantité de bataillons étrangers et de corps francs qui comptaient chacun cinquante à cent cinquante hommes et presque autant d'officiers que de soldats. Le service des subsistances était dans l'état le plus déplorable et la plupart des places manquaient de munitions de bouche. En aucun pays, il n'y avait autant d'avoine que dans la Flandre, et l'avoine faisait défaut[10] !

L'insubordination, la licence renaissaient. Sous le commandement de Custine, l'armée s'exerçait assidûment et ne murmurait pas ; à peine était-il parti que la discipline dont il était l'âme, n'existait plus[11]. Colaud s'indignait de la conduite de ses flanqueurs de gauche qui dévastaient la campagne et commettaient des actes de brigandage. Les Autrichiens, écrivait-il, ne feraient pas pis, et il menaçait d'arrêter les soldats et les officiers qu'on trouverait hors du camp sans une permission signée du commandant de leur bataillon[12].

Le soldat, ébranlé par des revers multipliés, n'avait plus confiance dans ses chefs. Il se plaignait d'avoir abandonné le camp de César qu'il croyait formidable, se plaignait de ne voir jamais de généraux à la tête des colonnes. Après avoir visité les positions de Gavrelle et de Biache, Jeanbon Saint-André et Prieur de la Marne remarquaient que l'armée saignait encore des plaies que lui avaient faites ses échecs réitérés, qu'un sentiment de crainte se mêlait à son patriotisme et à son désir de marcher en avant. Serons-nous toujours trahis ? demandait-elle aux représentants. Bentabole, qui s'attachait surtout à connaître l'esprit public, confessait ses inquiétudes : les volontaires lui semblaient généralement bons, mais les troupes de ligne étaient évidemment égarées, très froides pour la République, et du reste rebutées de leur inaction, dégoûtées par tant de trahisons et de retraites[13].

Billaud-Varenne et Niou confirmaient le témoignage de leurs collègues. Envoyés le 29 juillet dans le Nord et le Pas-de-Calais par le Comité de salut public pour appréhender tous les suspects et saisir leurs papiers, ils avaient fait des arrestations, apposé des scellés, examiné la maison et les caves du collège anglais de Saint-Omer. Mais ils n'avaient pas négligé de parcourir les places fortes et les camps. Ils rapportaient qu'on disait communément à Douai que la ville succomberait après quinze jours de siège. Ils avaient vu Houchard : Il arrive, c'est déjà quelque chose : le soldat parait avoir confiance en lui, et lui-même annonce le plus grand zèle. Mais l'armée, ajoutaient-ils, serait, de l'aveu de Des Bruslys, taillée en pièces si les alliés l'attaquaient avec plus de vigueur ; elle était trop faible ; elle ne comptait que quarante mille hommes ; elle manquait de poudre et de canons ; elle n'avait que dix-neuf pièces de position, au lieu d'en avoir cinquante, et chaque bataillon ne possédait que deux caissons de cartouches. Le régiment de Chamborant, ainsi que plusieurs dépôts de cavalerie, languissait dans l'inaction, faute de montures, tandis qu'à Paris, sous les yeux de la Convention, des sybarites employaient une multitude de chevaux à traîner inutilement leur stupide existence ! Ils avaient passé les bataillons en revue et on leur avait crié : Point de trahison, point de marche rétrograde ! Enfin, Billaud-Varenne et Niou proposaient au Comité de réduire et d'épurer les Commissions ; il y avait, suivant eux, trop de représentants, et leurs passages fréquents fatiguaient les administrations des départements ; la différence de leurs opinions amenait la différence des opérations, et les mesures de sûreté et de salut public s'exécutaient mollement et sans ensemble. Mais Niou et Billaud-Varenne ne s'avisaient-ils pas de saisir les papiers de Gay-Vernon et de les emporter à Paris ? Or il y avait, dans ces papiers, des notes précieuses, des plans, des mémoires sur les forteresses et la frontière du Nord. Bouchotte les avait confiés à Gay-Vernon qui devait les remettre à Houchard. Quelques jours se passèrent en pourparlers : Houchard réclamait avec instance ces documents qui lui seraient de la plus grande utilité ; Bouchotte priait le Comité de renvoyer promptement au général les plans et les cartes qui ne tenaient pas à la correspondance particulière ; le Comité engageait le ministre à s'adresser directement aux représentants Niou et Billaud-Varenne. Ce ne fut qu'au 21 août que les papiers rentrèrent dans les mains de Houchard[14].

Ronsin avait reçu pareillement une mission dans le Nord. Il connaissait la contrée : il assistait à Jemappes, et il avait publié un Détail circonstancié de la fameuse bataille ; il avait remplacé Malus en Belgique dans les fonctions de commissaire ordonnateur en chef et, lorsqu'éclata la révolte de Dumouriez, il inspectait les villes du Nord et le port de Dunkerque. Lui aussi fit son rapport sur la situation. Il qualifiait de nobles ou d'étrangers la plupart des généraux que Bouchotte avait déjà suspendus ou mis en arrestation. Comme tout le monde, il demandait de gros renforts de cavalerie et retraçait la détresse de Chamborant qui n'avait plus que deux à trois cents chevaux. Il racontait brièvement la journée du 8 août où les routes de l'Artois étaient couvertes de soldats errants qui cherchaient leurs drapeaux et leurs chefs. Non sans exagération, il assurait que le camp était rempli de traîtres, de lâches et d'espions. Mais les pages les plus intéressantes de sa relation concernaient l'état-major. L'homme de lettres, l'auteur dramatique que la Révolution chargea d'approvisionner et de commander ses armées, a su, d'un coup d'œil perçant, observer, juger les personnages. Houchard, disait Ronsin, était excellent militaire, bien que facile, un peu lent, incapable de profiter des avantages que lui offriraient les circonstances, trop enclin à perdre le temps en délibérations. Aussi devait-on mettre à côté de lui des gens actifs et imbus de l'esprit révolutionnaire. Pour l'instant, il s'abandonnait à Berthelmy et à Gay-Vernon. Ces deux hommes menaient réellement l'armée du Nord. Mais ils excitaient l'envie de deux autres officiers qui, sans être bien sors, avaient de l'esprit et tous les moyens qui en dérivent, Thüring et Sauveur Chénier. Enfin, il y avait un tiers parti, composé d'un général de très fraîche date, Landrin, et des Belges Davaine et Lamy, tous trois étroitement liés, censurant déjà le nouvel état-major, et n'aimant ni Berthelmy et Gay-Vernon, ni Thüring et Chénier. Ainsi, concluait Ronsin, l'unité n'existe pas autour de Houchard ; il ne sera occupé que de petites querelles personnelles ; c'est aux représentants à s'emparer de sa confiance pour contre-balancer chacun de ces trois partis[15].

 

 

 



[1] Wissembourg, 26 et 59 ; Celliez et Varin, Gay-Vernon à Bouchotte, 28 juillet (A. G.) ; Rec. Aulard, V, 443. Cf. sur Diettmann une note d'Et. Charavay, Le Vengeur, p. 13 : né à Lunéville le 21 novembre 1739, gendarme d'Artois (1760), colonel du 22e cavalerie (5 février 1792), maréchal de camp (22 mai 1792), lieutenant-général (12 sept. 1792), Dominique Diettmann mourut à Colmar le 19 mars 1794.

[2] Cf. sur Houchard les Mém. de Beugnot, I, 226 ; Chassignet, Un soldat lorrain, 1886, p. 12-20 ; Charavay, Carnot, I, 48, 55, 75 ; Expédition de Custine, 10, 53, 92, 111, 126-128, 176, 252 ; Wissembourg, 14-16, 39, 46-59. Il était né à Forbach le 24 janvier 1738 de Jean-Bernard Houchard et de Marie-Madeleine Knœpfler. Il s'enrôle dans Royal-Allemand cavalerie le 4 novembre 1755, devient sous-lieutenant de grenadiers le ter janvier 1760 et cornette le 30 décembre 1761 aux volontaires de Hainaut, sous-lieutenant aux dragons de Lorraine le 24 avril 1763 et lieutenant au même régiment le 20 août 1773, lieutenant aux dragons de Bourbon le 7 mai 1776, premier lieutenant le 5 décembre 1776, lieutenant avec commission de capitaine le 8 avril 1779. Il avait fait, en volontaire, les campagnes de 1758, de 1759 et, en officier, les campagnes de 1760, de 1'761, de 1762 et celle de Corse, (1769). Il fut pourvu d'une compagnie le 15 septembre 1791 et nommé aide de camp de Custine le 15 octobre de la même année. Son mariage eut lieu le 8 janvier 1780 ; ses amis et camarades assistaient à la bénédiction nuptiale, et parmi eux, Landremont et Schauenburg : ni Houchard, ni Landremont, ni Schauenburg ne se doutaient alors, dans la petite église de Sarrebourg, qu'ils seraient tous trois, en 1793, généraux en chef de la République et/tous trt is destitués le même jour.

[3] Custine à Pache, 14 et 25 nov. 1792, et note de Xavier Audouin ; note de Legrand ; Lacoste et Guyardin au Comité, 4 et 6 août 1193 ; Houchard à Bouchotte, 24 mai ; règlement du 23 août pour le service des grand'gardes et piquets de cavalerie (A. G.) ; Delbrel, Notes historiques, 57.

[4] Pflieger et Louis au Comité, 26 juillet ; Kilmaine à Bouchotte, 4 août ; Gay-Vernon à Audouin, 3 août ; Raynaud, Merlin, 1860, II, 82 ; Wissembourg, 39 ; Moniteur, 22 juillet ; Journal de la Montagne, 13 juin (séance des Jacobins du 9 juin) ; Gay-Vernon, Custine et Houchard, 229. Cf. Bigarré (Mém. 39) qui raconte également que le général Canuel, en Bretagne, portait sur la tête un énorme bonnet rouge.

[5] Le Comité à Houchard, 31 juillet (A. G.) ; Moniteur du 9 août.

[6] Houchard à Bouchotte, 3 et 7 août ; Bouchotte à Houchard, 12juin, 3 et 9 août ; Lacoste et Guyardin, Jeanbon et Prieur au Comité, et 6 août (A. G.)

[7] Le Directoire de la Corrèze à l'Assemblée, 20 oct. 1791 (A. N. DXV, 6) ; Moniteur 25 août 1792 (lettre que Brival lit à la Législative et qui est sûrement de Berthelmy) ; Moniteur 31 juillet 1793 ; Wissembourg, 5 et 40 ; De Seilhac, Les bat. des volontaires de la Corrèze, 106-114, (Mém. justificatif de Berthelmy) ; autre mem. de Berthelmy (A. N. w. 296) ; Custine à Pache, 31 oct. 1792 : Gay-Vernon à Berthelmy, 11 juillet 1793 : Lacoste et Guyardin au Comité, 4 et 6 août ; Jeanbon et Prieur au Comité, 6 août ; rapport de Ronsin, 17 août (A. G.). Etienne-Ambroise Berthelmy était né le 24 septembre 1764 à Vauvillers (Haute-Saône). Successivement attaché aux travaux de navigation de la Charente, élève de l'école des ponts et chaussées où il remporta trois premiers prix, employé à diverses constructions de ponts, notamment à Pont-Saint-Maxence et à Gray, il avait né nommé, le 5 décembre 1787, sous-ingénieur pour le Bas-Limousin, avec résidence à Tulle. Capitaine de grena tiers le 10 octobre 1791, adjudant-général chef de bataillon le 29 avril 1793, et recommandé trois jours auparavant (26 avril) au ministre pour le grade de général de brigade, — grade qu'il refusa nettement le 26 juin en déclarant qu'il voulait rester à l'armée de la Moselle parce qu'il avait l'habitude du travail avec Houchard — Berthelmy se laissa faire général le 9 août. Mais, comme on le verra plus loin, il fut suspendu le 22 septembre et enfermé à l'Abbaye. Mis en liberté le 20 thermidor, employé à l'armée des Pyrénées occidentales (25 prairial an III) et maintenu dans ses fonctions (10 brumaire an IV), Berthelmy ne reparut plus dans les camps. Réintégré à Tulle dans l'administration des ponts et chaussées, puis commissaire du Directoire exécutif près l'administration centrale de la Corrèze, agent-général des contributions, membre du Conseil des Cinq-Cents, où il contribua à l'organisation de l'Ecole polytechnique, un instant membre du Tribunat, Berthelmy se tint à l'écart sous l'Empire. Promu chevalier de Saint-Louis le 19 juillet 1814 et admis au traitement de réforme de son grade le 20 août suivant, il sollicita en 1816 la suppression de ce traitement de réforme pour jouir d'un traitement d'activité comme ingénieur des ponts et chaussées. Après 1830, il fut, durant trois ans, maire de la commune de Chameyrat. Il mourut au mois de juin 1841 à Paris où il avait entrepris un voyage. Cf. les documents de la guerre et l'article de G. Clément Simon. (Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze, I, 1879, p. 559-567.)

[8] Houchard à Bouchotte, 10, 11, 12 août et mémoire du 29 sept. (A. G.).

[9] Bouchotte à Houchard (note marginale à une lettre de Houchard du 12 août et 19 août) ; Jarry fut suspendu le 19 août.

[10] Houchard à Bouchotte, 11, 12, 17 août ;'mémoire de Houchard, 29 sept. ; Berthelmy à Bouchotte, 17 août (A. G.).

[11] Témoignage de Gobert.

[12] Colaud aux généraux, 13 août. Cf. le mot d'un officier du 1er bataillon de la Sarthe à Viger (21 août) : La conduite licencieuse et intempérante des soldats est la preuve convaincante que Pitt a répandu son or dans les armées. Voir aussi l'arrêté pris le 13 août par Carnot et Le Tourneur (Charavay, Carnot, II, 452) : Dans l'évacuation du camp de Paillencourt, plusieurs individus de l'armée se sont portés aux excès les plus condamnables et livrés au pillage des maisons de la campagne.

[13] Journal de Bricard, 71 ; Rapport de Jeanbon et de Prieur ; lettre de Bentabole, 13 août ; Rec. Aulard, V, 540.

[14] Billaud-Varenne et Niou au Comité, 11 août ; Houchard à Bouchotte, 16 août et note de Bouchotte ; Bouchotte au Comité, 19 août (avec la réponse du Comité) et aux représentants, 21 août. Il est donc faux que Billaud ait emporté à Paris, comme l'a dit Gay-Vernon fils (Custine et Houchard, 230), les registres d'ordres et de correspondance, qu'il ait refusé de les rendre parce qu'il les avait trouvés dans une cuisine et voulait montrer au Comité la négligence de l'état-major, que Gay-Vernon objecta vainement qu'on avait établi le bureau dans la cuisine parce qu'elle était la pièce la plus spacieuse de la maison. Il s'agit de mémoires et de cartes que Billaud avait saisis parce qu'il avait mission d'apposer les scellés sur les papiers de Gay-Vernon.

[15] Rapport de Ronsin, 17 août (A.G.) ; Cf. ce rapport dans Charavay, Carnot, t. III, p. 9-20.