LES GUERRES DE LA RÉVOLUTION

MAYENCE

PREMIÈRE PARTIE. — LES PATRIOTES

 

CHAPITRE III. — LES ÉLECTIONS.

 

 

I. Simon et Grégoire. Forster et Meyenfeld. Proclamations de Custine et de Simon. Enseignement de Forster. — II. Protestations. Résistance de Mayence. Vigoureuses mesures des conventionnels. Le vote. — III. Nackenheim. Dispositions du plat pays. Les commissaires électoraux. Bingen. Worms. Spire. La principauté de Linange. Winnweiler. — IV. Ce que furent les élections. Réorganisation du club mayençais.

 

I. Dès que Simon et Grégoire furent arrivés, ils se mirent à l'œuvre. Ils s'efforcèrent d'abord de gagner la confiance de la population. Ils donnèrent des audiences depuis huit heures du matin jusqu'au soir. Ils redressèrent quelques torts commis par les agents militaires. Ils surent obtenir l'estime et l'affection des Mayençais. On vantait leur caractère doux et humain[1]. Si tous les Français vous ressemblaient, disait-on à Grégoire, les Allemands auraient reçu votre nation à bras ouverts.

Grégoire tomba malade et le 7 février envoya sa démission à Le Brun. Simon proposait de le remplacer par son beau-frère André Meyer. Le ministre lui répondit qu'il était contraire aux principes de la République française d'employer deux proches parents dans la même mission, et il nomma Forster dont il louait le zèle et les talents. Simon et Grégoire applaudirent à ce choix : Simon jugeait que Forster était recommandable tant par son intelligence que par ses vertus et son républicanisme ; ce citoyen, disait-il, s'est absolument consacré à la cause de la liberté et de l'égalité ; ses écrits patriotiques sont connus dans toute l'Allemagne, et Grégoire mandait, de son côté, qu'il se félicitait d'avoir pour successeur un homme dont le mérite et le civisme ne laissaient rien à désirer. Mais Forster, après avoir activement secondé Simon durant la maladie de Grégoire, avait dû se rendre dans le plat pays pour hâter l'exécution des décrets ; il siégerait évidemment dans la Convention nationale rhénane, il serait sûrement un des meilleurs membres et l'un des matadors de l'Assemblée, il devrait donc rester à son poste de représentant. Simon obtint que Meyenfeld remplacerait l'ami Forster. Ce Meyenfeld, ancien tabellion, que Le Brun connaissait, était professeur à Heidelberg ; menacé d'emprisonnement pour ses liaisons révolutionnaires, il avait fui le Palatinat ; familier avec les patriotes de la région rhénane, écrivant très bien les deux langues, il fournit à Simon une précieuse assistance[2].

Énergique, déterminé, Simon s'était marqué son but dès le premier jour : municipaliser le pays par tous les moyens, convoquer une Convention et lui faire voter un décret qui porterait le vœu de la réunion départementaire à la France. Il conféra longuement avec les matadors et surtout avec Forster ; il lança de tous côtés des adresses en langue allemande ; il répandit à pleines poignées des écrits patriotiques en vers et en prose ; il inséra dans les journaux de pompeux éloges de la Révolution qui venait assurer à chacun sa part de bonheur. Il tâcha de calmer les craintes qu'avait excitées le mandat avocatoire impérial du 19 décembre 1792 : les neveux de ces antiques Germains, si jaloux de leur liberté, n'étaient-ils plus animés d'une civique ardeur ? Il promit que tout Allemand dont les despotes auraient confisqué les biens, serait largement indemnisé de ses pertes : la République Française n'avait-elle pas saisi les domaines des princes possessionnés en Alsace et en Lorraine ? Il envoya dans la campagne des commissaires subdélégués, au nombre de cinquante, qui lui furent indiqués par Forster et qui devaient prêcher l'Évangile révolutionnaire. Enfin, de concert avec Custine, Merlin, Reubell, Haussmann, il fixa la date des élections populaires au 24 février et l'ouverture de la Convention nationale rhénane au 10 mars. Chaque commune aurait un député ; les villes de Worms et de Spire éliraient chacune deux députés ; Mayence serait divisée en six sections qui nommeraient chacune leur représentant. On ne compterait pas les voix. Mais il était facile d'intimider les malveillants et d'éloigner, avant les élections, les instigateurs du parti aristocratique ; seuls les adhérents de la France se présenteraient au scrutin. Qu'importait le chiffre des votants ? Partout, disait Simon, il y aura au moins un nombre quelconque qui élira. Le procès-verbal de la nomination de chaque député contiendra les pleins pouvoirs de choisir un gouvernement calqué sur la liberté et l'égalité, et nous espérons avoir assez d'influence sur la majorité pour obtenir un vœu de réunion. Il désignait à l'avance les membres de cette majorité : ce seraient les clubistes de Mayence qu'il envoyait comme missionnaires dans le plat pays, et qui sauraient s'imposer eux-mêmes au choix des électeurs ou faire nommer les patriotes éprouvés dont ils avaient la liste[3].

Le 18 février paraissait une proclamation de Custine : les populations des contrées situées entre Landau, la Moselle et le Rhin étaient convoquées en assemblées primaires ; les nobles, les ecclésiastiques, les anciens fonctionnaires devaient déclarer par écrit qu'ils renonçaient solennellement à leurs princes et à leurs privilèges et qu'ils seraient à jamais fidèles aux principes de liberté et d'égalité ; quiconque négligerait ou refuserait de faire cette déclaration à la municipalité de sa résidence, serait regardé comme ennemi de la République française, et sur-le-champ expulsé du pays[4].

Simon et Grégoire joignirent leurs proclamations à celle du général. Ils rappelèrent que la Savoie, Nice, Liège avaient demandé la réunion ; les nations, disaient-ils, devaient s'allier contre les tyrans, dicter désormais leur propre loi, obéir uniquement aux personnes qu'elles auraient chargées d'exécuter cette loi. Ils assuraient que, malgré l'annexion, nul ne serait forcé de quitter son métier ou sa charrue pour suivre le tambour, et que la République n'accepterait dans son armée que les volontaires. Ils juraient que la France n'abandonnerait jamais ceux qui se seraient déclarés en sa faveur, et qu'elle ne laisserait pas les Mayençais, une fois libres, retomber dans les griffes des despotes. Si les Allemands se montraient les bâtards énervés de leurs ancêtres, ils seraient traités en esclaves, en ennemis, et l'on mettrait leur fortune en séquestre. Mais les commissaires du pouvoir exécutif comptaient que les citoyens des bords du Rhin se rangeraient du côté des Français. Les combattants de Jemappes n'étaient-ils pas animés de l'enthousiasme de la liberté ? Luttant par passion, comme des lions, et non comme des machines, traînant avec eux plus de canons que tous les autres peuples de l'Europe, possédant l'artillerie la mieux servie, disposant de l'énorme ressource des biens nationaux, n'avaient-ils pas la certitude de vaincre[5] ?

Forster, qui soutenait les commissaires avec ses conseils et sa plume, avait traduit en langue allemande leur proclamation. Il rédigea, de son côté, un Enseignement, destiné aux assemblées électorales. Chaque commune se réunirait le dimanche 24 février 1793, à huit heures du matin, après la messe, pour élire sa municipalité, composée d'un maire, d'un procureur de la commune, de deux municipaux au moins et de douze au plus, suivant le nombre des habitants. Les éligibles seraient âgés de vingt-cinq ans. Les électeurs devaient avoir vingt et un ans et demeurer depuis douze mois dans une des localités situées entre Landau et la Moselle. Ils écriraient sur un billet les noms de leurs candidats ou, s'ils étaient illettrés, les dicteraient aux scrutateurs en présence d'un ami qui savait lire. Ils nommeraient d'abord un président, trois scrutateurs et un secrétaire. Le bureau constitué, ils éliraient le maire et le procureur de la commune, puis les municipaux, enfin le député qui les représenterait dans la Convention nationale de Mayence. Forster accompagnait ces instructions de curieux éclaircissements sur les noms et les devoirs des nouveaux fonctionnaires. Il expliquait les mots de municipalité et de maire ; on les comprendrait bientôt, disait-il, et une chose n'était pas mauvaise parce qu'elle était récente ou étrangère ; les pommes de terre, les Grundbirn, venaient d'Amérique, et on les trouvait bonnes et saines ; il en serait de même de la municipalité, c'est-à-dire de l'autorité qui administrait les biens, exerçait la police et maintenait l'ordre ; du maire, c'est-à-dire du premier des municipaux ; du procureur, homme d'affaires et avoué de la commune[6].

 

II. Mais Forster prévoyait une vive et tenace opposition. La République française, mandait-il à Le Brun[7], ne pourra faire le bonheur de ce pays, à moins d'user de tous les droits que lui donne sa sollicitude maternelle. De toutes parts, on accueillit avec répugnance la nouvelle organisation qu'annonçaient les proclamations de Custine et des commissaires nationaux. Le pouvoir révolutionnaire, affirmait un pamphlétaire du temps, est le pouvoir du pillage, Plünderungsgewalt : les Français ne prennent rien, mais ils gardent tout, comme le lion de la fable, pour les frais de la guerre. Il comparait la future république mayençaise à une fille qui paierait les dettes immenses de sa mère. Il suppliait ses concitoyens de lutter de toutes leurs forces contre la Révolution, ce monstre, cette furie étrangère et dégouttante de sang qui venait, un beau masque sur le visage et la torche incendiaire dans la main, remplir d'horreurs leur patrie[8].

Un autre écrivait que le bandeau lui tombait des yeux, que le secret des Jacobins se dévoilait. Liberté signifie faire ce que veulent les Français, et égalité, leur donner sa bourse... Allemands, un fanatisme, plus redoutable que celui de Mahomet, vous menace, l'Europe et vous ! Sa foi est exclusive, et hors d'elle point de salut ; lui aussi, aspire à la domination du monde, et regarde la fortune des infidèles comme l'héritage de ses apôtres ![9]

Les Français, disait Girtanner, prétendent apporter la liberté. Ils jouent sur les mots. C'est leur liberté qu'ils nous apportent, sans réserve ni modification d'aucune sorte. Ils blâment l'intolérance du christianisme ; mais eux-mêmes ne sont-ils pas en politique les hommes les plus intolérants du monde ? Et un peuple qui n'a plus ni lois, ni mœurs, ni religion, veut nous réunir ! Nous enverrons à la Convention de Paris quelques députés ! Mais lequel d'entre eux possédera suffisamment le français pour se faire entendre parmi tant de langues agiles et de têtes superficielles, au milieu du tumulte des tribunes, dans une assemblée où la majorité des voix décide tout ? Régner, ajoutait Girtanner, tel est le but des nouveaux Francs ; ils aiment la liberté, mais pour commander aux autres ; ils parlent avec exaltation de la Loi, mais pour l'imposer aux autres, sans l'observer eux-mêmes ; ils désirent fonder une république, mais une république universelle dont la France sera le centre[10] !

Reubell et Merlin, s'écriait un quatrième, non sans force injures, êtes-vous assez ineptes pour vous imaginer que les Allemands prêteraient votre abominable serment inventé dans l'enfer et rédigé dans un hôpital de fous ? que ce peuple sage renoncerait à ses maîtres, à ses magistrats, à son caractère, pour porter votre ridicule bonnet ? que dès qu'il vous verrait, il jurerait d'être à vous ? Les clubistes vous ont dit que les Allemands étaient enthousiasmés de votre Révolution, et vous l'avez cru ! Ils vous ont dit que les Allemands étaient sans énergie, qu'il fallait les tourmenter pour vous en faire obéir, et vous l'avez cru ! Ignorez-vous que ces cuistres ne connaissent pas les Allemands ![11]

Cependant les journalistes républicains s'efforçaient de convertir les Mayençais et, dans un langage tantôt conciliant, tantôt plein de menaces, de les attirer à leur opinion. Unissez-vous à la France, disait Forster[12], à une nation de vingt-cinq millions d'hommes, assez forte et puissante pour renverser les trônes comme des châteaux de cartes et pour déjouer les aventureux desseins des despotes ! Eveillez-vous de votre sommeil ! prenez courage et devenez des Allemands libres, frères et amis des Français ! Böhmer soutenait que tout Mayençais qui refusait de prêter serment et de voter, déclarait la guerre au peuple français et devait quitter une place en état de siège[13]. Les patriotes, écrivait-on à Paris, projettent de chasser tous ceux qui ne participeront pas à l'élection[14].

La ville resta sourde à ces exhortations. Le clergé, les tribunaux, la Chambre des finances protestèrent contre les décrets. Les corporations firent de même. Si les Mayençais juraient, assuraient-elles, le roi de Prusse confisquerait leurs biens de l'autre rive ; il mettrait la main sur leurs marchandises qui se trouvaient à Saint-Goar ; il leur interdirait l'accès de la foire de Francfort, sans laquelle leur commerce ne pouvait vivre et prospérer : Mayence n'existe que par cette foire ; c'est là que l'ouvrier achète ses outils, c'est là que le débiteur se libère ; c'est le seul débouché pour l'industrie ; sans Francfort, Mayence n'aurait ni cuir, ni toile, ni fils, ni étoffes de laine, ni objets de première nécessité. On assaillait la municipalité de réclamations et de prières ; on la sollicitait de s'associer aux démarches de la population, et la municipalité, au dire des clubistes, loin de se montrer avec vigueur, avait l'air de capituler avec les malveillants[15]. Emus de cette opposition unanime, Simon et Grégoire résolurent, en l'absence des représentants, de suspendre la prestation du serment. Wimpffen, qui remplaçait Custine, consentit à demander les ordres de la Convention. Déjà Daniel Dumont rédigeait la pétition qui serait soumise à l'Assemblée[16].

Mais ce même jour, 21 février, au milieu de la joie qui régnait à Mayence, arrivèrent à l'improviste les trois commissaires Haussmann, Merlin et Reubell. Ils déclarèrent que les élections auraient lieu sur-le-champ. Tout changea et, comme disait le correspondant d'un journal parisien, les sans-culottes mirent les aristocrates à la raison. Simon et Grégoire se rétractèrent. Wimpffen désavoua sa proclamation. Une députation de douze Mayençais courut au Château ; les conventionnels, impassibles, inexorables, la reçurent sans se lever de leur table, sans se découvrir, sans répondre que par monosyllabes. Enfin, Reubell prit la parole : Tout est inutile, les assemblées primaires se réuniront au jour fixé, et si vous bougez, les canons de la citadelle réduiront votre ville en cendres. Vous n'êtes que des esclaves, et un républicain se déshonore en échangeant un seul mot avec vous. On devrait vous mettre une pierre au cou et vous jeter dans le Rhin pour vous envoyer plus vite au-devant des Prussiens, vos sauveurs. — Mais la capitulation du 21 octobre permet aux Mayençais de quitter la ville et d'emporter leurs effets avec eux. — Elle a été faite pour les amis de la République et non pour ses ennemis ; d'ailleurs, ceux d'entre vous qui désiraient se retirer, auraient dû partir depuis longtemps[17]. — Mais ne pourrons-nous envoyer une députation à la Convention nationale ?Nous représentons la Convention ; nous décidons de toutes choses sans appel ; dès que nous sommes dans une ville, tout autre pouvoir cesse ; ni Wimpffen ni Custine n'ont à commander ici. Et Reubell reprocha vivement à Wimpffen sa condescendance[18].

Le lendemain, dix députés des corporations apportèrent aux commissaires la pétition que Daniel Dumont avait rédigée. Les représentants leur firent le même accueil. Point de délai ni de retard ; élections immédiates. Ils lancèrent une proclamation comminatoire : l'intrigue, le fanatisme, l'hypocrisie et l'intérêt privé s'agitaient en vain pour enchaîner de nouveau la population mayençaise ; il fallait choisir entre l'amitié et la haine des Français, entre la liberté et l'esclavage ; les assemblées primaires se tiendraient le 24 février, et tous les citoyens prêteraient le serment prescrit[19].

Leurs arrêtés se succédaient. Ils publièrent le décret du 31 janvier. Ils répétèrent aux Mayençais qu'aucun d'entre eux ne serait contraint de servir sous les drapeaux de la France. Ils leur intimèrent l'ordre de livrer à l'arsenal toutes leurs armes, fusils, pistolets, sabres, épées courtes, et de ne plus paraître dans les rues, après huit heures du soir, sans une lanterne. Ils abolirent les corporations. Ils déportèrent au-delà du Rhin Daniel Dumont, les membres du vicariat archiépiscopal, d'autres encore. Dans cette crise, ils ne voyaient de salut qu'en un système de terreur. L'ancien Électeur et le roi de Prusse, écrivait Reubell, ont gagné les prêtres, et ces messieurs font à leur ordinaire ; ils nous donnent une besogne immense. Les prêtres, mandait Simon, ont fait une sainte coalition et nous donnent du fil à retordre ; nous les travaillons à revanche ; ça ira, mais pas sans peine, et quelques jours plus tard, Haussmann disait à la Convention : Les fauteurs et adhérents du despotisme ont cherché à faire échouer nos opérations, à exciter le peuple, et même à renouveler la scène de Francfort ; mais notre fermeté et des mesures vigoureuses ont anéanti leurs machinations. Nous avons exporté ou arrêté les chefs de complots ; c'étaient presque toujours des prêtres, des baillis ou des agents connus de l'Électeur ; leurs biens ont été mis sous la main de la nation[20].

Le vote de Mayence commença donc le dimanche 24 février, par un jour pluvieux et sombre, au milieu d'un profond silence qui n'était troublé que par le son des cloches et par le bruit des patrouilles de cavalerie. Il eut lieu dans six églises de la ville et ne fut clos que le surlendemain au soir. Près de 300 électeurs se présentèrent[21]. C'était peu ; mais, suivant le mot de Bohmer, cette poignée de citoyens formait l'élite de la population et, comme disaient les commissaires, les vrais patriotes tenaient-ils jamais compte du nombre ? Macké devint maire ; Wassmann, procureur de la commune ; Niederhuber, substitut du procureur. Umpfenbach, Hafelin, Cronauer, Emmerich, Nikhl, Falciola père, Euler entrè rent au conseil municipal. Forster, Hofmann, Metternich, Razen, Westhofen, Eckel, allèrent siéger à la Convention nationale rhéno-germanique.

Forster tonnait dans son journal contre l'endurcissement d'un peuple fanatique et ignorant. Mais ces invectives ne servaient de rien. Metternich avouait, le 27 février, que le nouveau régime était de plus en plus détesté, et qu'on avait des preuves innombrables de cette aversion. Vainement on essaya d'arracher encore, par une énergique sommation, la formule d'hommage aux récalcitrants. Vainement on les menaça de livrer leurs noms aux commissaires de la Convention. Vainement on leur permit de prêter serment entre les mains d'un seul municipal. Il n'y avait à Mayence, au 5 mars, que 345 jureurs[22].

Seuls peut-être de tout le pays rhénan, les habitants de Nackenheim procédèrent aux élections avec enthousiasme. Ils nommèrent député leur curé Arand, illuminèrent leurs maisons, tirèrent le canon et, avec le lieutenant-colonel Mainoni et les volontaires du 6a bataillon du Bas-Rhin qui cantonnaient dans le village, ils parcoururent les rues et la rive du fleuve au son de la musique et en criant : Vive la République ![23]

Les gens de Nackenheim trouvèrent peu d'imitateurs. De la Nahe à la Queich, les habitants des campagnes refusèrent le serment, non par répugnance pour le serment, non par sentiment de patriotisme germanique, non par haine nationale d'Allemands contre Welches. Mais les prêtres leur défendaient de lire les proclamations françaises et d'écouter les commissaires électoraux. Mais les curés leur faisaient croire que les républicains voulaient ruiner la religion catholique et décréter le divorce. Mais eux-mêmes s'imaginaient qu'une fois le serment prêté, ils devraient s'enrôler dans l'armée française et, selon l'expression d'un député de la Convention rhénane, ils aimaient mieux boire une chope de vin et manger un rôti de veau que de porter le fusil. Enfin, ils savaient que l'établissement des nationaux n'était que passager, et ils appréhendaient les représailles des Austro-Prussiens victorieux. Assurez-nous, disaient-ils aux soldats de Custine, que vous resterez, que vous êtes fixés pour longtemps chez nous, que votre pouvoir est ferme, bien assis, et nous ferons ce que vous désirez. Ne nous payez pas de mots : gagnez des batailles, chassez vos ennemis de nos frontières, obligez-les à vous reconnaître comme les plus forts, exigez d'eux qu'ils n'envahissent plus notre contrée. Mais, en attendant, laissez-nous tels que nous sommes, et ne nous imposez pas de changements inutiles et funestes. Tel était, écrit un contemporain, le langage unanime des pays occupés par les Français[24].

Les Français employèrent la force. Presque partout les commissaires électoraux[25] parurent escortés de troupes et, de l'aveu de Forster, résolus d'agir contre la volonté du peuple et dans l'intérêt de la République. Presque partout, comme dit Simon, ils furent soutenus de baïonnettes et, ainsi qu'on l'avait prévu, élus membres de la Convention. Ils expulsèrent, emprisonnèrent, ou consignèrent dans leurs maisons les fonctionnaires de l'ancien régime et les ecclésiastiques ; ils déportèrent au-delà du Rhin quelques-uns des plus rétifs, onze paysans de Finthen, les curés de Nieder-Saulheim, d'Ober-Olm et de Weisenau, tous ceux que Simon nommait les insectes venimeux ; ils frappèrent d'une amende les villages et les petites villes ; ils les menacèrent d'une exécution militaire ; bref, ils n'épargnèrent aucun moyen pour subjuguer les esprits par la crainte[26].

Et pourtant, malgré les détachements dont ils disposaient, malgré les arrestations, les incarcérations, les proscriptions, malgré leurs harangues et les appels dont ils inondaient le pays, ces commissaires à poigne et chefs de dragonnades[27] ne réussirent pas à vaincre l'obstination allemande. Deidesheim, Edesheim, Geinsheim, Hanhofen, Kirrweilef, Maikammer dans l'évêché de Spire, Kirchheimbolanden et Alsenz dans la principauté de Nassau-Weilbourg, Bayerfeld, Cölln, Obermoschel, Steckweiler dans le duché de Deux-Ponts, refusèrent le serment avec opiniâtreté[28]. Les habitants de Gabsbeim, au nombre de 82, se réunirent à la maison commune et s'engagèrent solennellement à demeurer les vrais sujets du baron de Dalberg[29]. Ceux de Herrnsheim et d'Abenheim déclarèrent pareillement que Dalberg était le seul qui pût exiger leur hommage[30]. Des bailliages entiers, assurait Dorsch, n'ont pas juré[31]. Ces Rhénans, mandait Custine, veulent rester esclaves ; nos commissaires ont eu peu de connaissance de leur esprit et de leur génie ; ils pensaient en un jour changer leur caractère, et ces hommes flegmatiques se sont révoltés contre de semblables idées[32]. Et l'adjudant-général Lafont s'écriait : Ne songeons point à donner la liberté à des brutes[33] ; traitons-les en ennemis ! Mais Beurnonville qui mêlait dans ses discours le bon sens à la fanfaronnade, ne disait-il pas dès le 14 décembre qu'il n'y avait pas en Allemagne un seul endroit qui désirait pleinement la liberté ? Lui aussi, ajoutait-il, pouvait envoyer, comme ses collègues, des milliers de procès-verbaux qui constataient des plantations d'arbres de la liberté et l'emphase patriotique des Lapons du pays de Trêves ; devait-on croire à des grimaces qui n'étaient dictées que par la peur[34] ?

Bingen, Worms, Spire suivirent l'exemple de Mayence. Les habitants de Bingen séduits par les secrètes promesses de leurs anciens despotes, refusèrent de jurer et remirent aux commissaires une protestation sous forme de mémoire. Mais, dit Böhmer, on leur donna bientôt à comprendre que la nation française ne manquait pas de moyens pour faire prévaloir sa volonté. Le curé de Bingen et tous les capucins de la ville, à l'exception d'un seul qui prêta le serment, furent transportés à Mayence, puis sur la rive droite du Rhin. Et, ajoute Böhmer, il fallait voir tout Bingen courir à l'assemblée électorale. Spectacle vraiment républicain ! Un peu de vigueur avait suffi pour rompre la cabale ![35]

Depuis longtemps fermentait à Worms une sourde colère contre la France. En vain, le 12 novembre 1792, Bohmer, accompagné de Dorsch, avait installé le club en triomphe dans la plus belle salle du Château et déposé sur le bureau un livre rouge où s'inscriraient les hommes libres. La Gazette de Mayence ne dissimulait pas la résistance qu'il avait rencontrée, et il eut bientôt la mortification d'apprendre la disparition de son livre rouge[36]. Seuls, les réformés de Worms, jusqu'alors méprisés et laissés à l'écart, se prononçaient pour la France. Mais les luthériens qui formaient, avant l'expédition de Custine, le parti le plus puissant, reprochaient au général d'avoir fait maire et procureur deux papistes, Winckelmann et Loewer. Les catholiques ne se montraient pas moins mécontents : les uns se voyaient ravir, par le décret du 15 décembre, les biens ecclésiastiques et leur emploi à la cour épiscopale ou dans les couvents et abbayes ; les autres, artisans et petits marchands, perdaient une riche clientèle, et d'ailleurs, disait-on, l'intolérance était si grande à Worms qu'elle influait sur le débit du hareng et de la morue. Les clubistes tremblants avaient suspendu leurs séances. Les assemblées primaires du 24 février ne comptèrent pas vingt personnes. Il fallut user de rigueur. Nous ne voulons pas, écrivaient les commissaires de la Convention, augmenter nos armées ou les souiller de lâches soldats ; mais nous emploierons à des travaux militaires tous ceux qui n'ont pas le cœur d'être des hommes. Haussmann accourut à Worms. La garnison prit les armes et amena ses canons sur la place ; les artilleurs, mèche allumée, se tinrent près de leurs pièces. Trois des principaux opposants, l'avocat Leutner, le juif baptisé Wolfgang, l'ex-sénateur Bruch furent arrêtés, et deux ministres luthériens, Bauer[37] et Eberwein, déportés sur-le-champ au-delà du Rhin. Il faut, objectait Bauer, donner à Dieu ce qui est à Dieu et à l'Empereur ce qui est à l'Empereur. — Soit, répondait Böhmer, mais l'apôtre parlait ainsi dans une province conquise par l'Empereur, et donner à l'Empereur ce qui lui était dû, signifiait sans nul doute se soumettre aux lois du conquérant. Enfin, le maire Winckelmann essaya, dans une adroite proclamation, de dissiper les craintes et les scrupules. Ne valait-il pas mieux élire ses magistrats que de les accepter de la main des Français ? Ne pouvait-on jurer fidélité au peuple, non au peuple français, mais au peuple de Worms, c'est-à-dire à soi-même ? Ne pouvait-on rendre hommage aux vainqueurs pour conserver leur bienveillance et sauver la cité ? Les assemblées primaires se réunirent du 7 au 11 mars. Le pasteur réformé Endemann[38] et le commissaire Betz[39] briguaient les suffrages de 250 électeurs. Ils échouèrent. Knode et Louis Heisel furent nommés députés à la Convention. Winckelmann resta maire, et la Gazette de Mayence applaudit à ce choix : on n'eut jamais imaginé pareil résultat dans une ville où le fanatisme luthérien aurait regardé comme un crime, quelques mois auparavant, de confier à un catholique, non pas une magistrature, mais une place de veilleur de nuit[40].

Les habitants de Spire furent aussi rebelles que ceux de Worms. Là aussi, Böhmer avait installé le 13 novembre précédent une Société patriotique que présidait Holtzmann et menait Petersen. Mais bientôt, comme les clubs des cités belges, le club de Spire ne se composa que de Français[41]. La bourgeoisie, par l'organe des douze chefs des corporations, déclara qu'elle était heureuse de son sort et satisfaite de son Magistrat, qu'elle ne désirait aucun changement, qu'elle croyait avoir une constitution aussi libre, aussi démocratique que possible[42]. Six commissaires, six clubistes mayençais, et Dorsch à leur tête, vinrent peser sur le vote. Ils cédèrent aux instances des bourgeois, et consentirent à retarder les élections. Deux députés de la ville coururent à Mayence, mais ils ne purent fléchir Reubell et Merlin. Le vote eut lieu le 8, le 9 et le 10 mars ; 140 électeurs, rassemblés dans l'église des Franciscains, choisirent Frédéric Reissinger pour les représenter à la Convention mayençaise ; 202, réunis dans le temple luthérien, nommèrent Max Arnold Fabricius. Le maire et commissaire national Petersen, l'apôtre de la Révolution, l'orateur attitré du jacobinisme, n'avait eu, malgré ses manœuvres, que six voix contre Reissinger et une seule contre Fabricius[43].

De vives résistances se produisirent en certains endroits, surtout dans la principauté de Linange[44]. Dürkheim se soumit aisément. Mais Grünstadt fit une opposition énergique. Forster et Blessmann s'étaient rendus dans cette ville. Ils sommèrent les trois comtes de Linange de devenir Français. Les seigneurs protestèrent, la population s'ameuta, un volontaire fut blessé. On dut appeler des renforts. Forster se saisit des châteaux de Linange, désarma la garnison et envoya les trois comtes à Landau[45].

L'insurrection de Winnweiler, dans le comté de Falkenstein, fut la plus redoutable. Les gens du pays, armés de haches, de faux et de fourches, étaient, dit-on, au nombre de quatre mille. Ils arrêtèrent quatre commissaires qui venaient de Mayence et chassèrent leur escorte. Les clubistes prisonniers durent jurer de ne rien entreprendre contre l'Empereur. On les força même de donner aux troupes françaises qui marchaient à leur secours, l'ordre de ne pas avancer. Mais, sans tenir compte de leur lettre, le général Landremont poussa sur Winnweiler avec 400 cavaliers et deux bataillons de volontaires. Le rassemblement se dissipa. Il y avait, dit le général, beaucoup de paysans sur les hauteurs à droite et à gauche ; dès qu'ils aperçurent nos éclaireurs, ils se sauvèrent et coururent comme des lièvres. Le calme ne se rétablit pas entièrement. Mais Hofmann et Merlin entrèrent à Winnweiler avec du canon ; les habitants les plus compromis s'étaient enfuis dans les bois ; la population dut déposer les armes, prêter serment et assister à la plantation d'un arbre de la liberté[46].

 

IV. Ainsi fut élue la Convention rhénane, ou, comme on l'appela, la Convention rhéno-germanique, ou Convention teutonique, ou encore Convention nationale des Allemands libres. Tous ses membres, écrivait Simon le 9 mars, sont nos amis ; j'ai eu soin de les proposer moi-même ou de les faire proposer sous main aux gens de la campagne qui étaient, pour la plupart, fort en peine de trouver des députés.

Mais cette assemblée, nommée révolutionnairement sous la pression du sabre et par la minorité des électeurs, représentait-elle le pays entre Bingen et Landau[47] ? 125 localités au plus envoyèrent leurs députés à Mayence. Encore y eut-il, dans le nombre, des villages que le décret du 14 mars allait incorporer et qui demandèrent leur annexion une seconde fois : Altdorf, Essingen, Freisbach, Grommersheim, Niederhochstadt. Enfin, et naturellement, les communes du Palatinat, engagées et comme enchevêtrées au milieu de la contrée qu'on essayait de franciser, n'avaient pas voté. Vainement les commissaires voulaient rompre cette malheureuse neutralité palatine et alléguaient que la France ne se faisait pas la part assez belle, qu'elle devait prendre le gâteau tout entier. Il faut, disait Simon, que les villes et villages enclavés puissent au plus vite être municipalisés et réunis au reste, pour arrondir le département. Lorsque Le Brun permit aux conventionnels d'agir comme bon leur semblait, il était trop tard ; Custine, battu, se rejetait en Alsace[48].

La réorganisation du club précéda la réunion de l'assemblée. Depuis longtemps la société avait perdu tout crédit et toute considération. Abandonnée des Mayençais, elle ne se recrutait que parmi les paysans du voisinage et les Français de la garnison[49]. Très peu de membres assistaient aux séances. Lorsque le bureau fut réélu le 29 janvier, le président Metternich et le vice-président Cotta n'obtinrent, le premier, que vingt, le second, que vingt-cinq voix. Un grand nombre de clubistes s'étaient inscrits sur le livre rouge et avaient juré de vivre libres ou de mourir, mais, bien qu'on les eût traités de feuillants, de royalistes et de sacerdocrates, ils refusaient de prêter le nouveau serment. Le club, disait Simon, ne vaut rien, et l'on ne peut plus se servir de son influence pour former l'opinion. Il le reconstitua habilement. Il fit éliminer d'abord tous les membres gangrenés qui n'avaient pris aucune part aux élections populaires du 24 février, puis il frappa le grand coup. Le 46 mars, Merlin de Thionville se rendait à la Société et, pourfendant l'air de son sabre, s'écriait qu'il brisait le club. La Société n'est plus, ajouta Simon, mais une autre plus brillante sort de ses ruines. Les députés de la Convention nationale formèrent le noyau de cette Société régénérée, qui reçut le nom de Société des Allemands libres et qui fut présidée par Forster. Ils pourraient ainsi, mandait Simon à Le Brun, préparer les matériaux importants sur lesquels la nouvelle assemblée aurait à décréter ; par là, la majorité du club devenait bonne, et les délibérations, étant d'un grand intérêt, attiraient beaucoup d'auditeurs et inspiraient de la confiance et de l'estime ; ce qui, jusqu'ici, manquait au club[50].

 

 

 



[1] Darst., 658 ; cf. Klein, 406 et 416.

[2] Louis Meyenfeld était né à Gratz. Agréé, le 20 mars, par Le Brun et chargé, en 1793, après le siège de Mayence, d'une mission à Besançon, il devint successivement greffier de la régence de Kreuznach (il fait, le 1er janvier 1798, prêter serment aux magistrats de Spire, cf. Remling, II, 363), membre de l'administration centrale et conseiller de préfecture du Mont-Tonnerre (Bockenheimer, Gesch., 97, 108, 182), assesseur au tribunal des douanes. Shée le jugeait ainsi : C'est un homme d'un grand caractère, tel qu'il en faut dans un arrondissement qui, comme celui de Prüm, a souvent vu sa tranquillité troublée par les incursions et les machinations des chouans belges. (Note du 3 prairial an VIII, A. N.) — Mais Simon avait d'autres collaborateurs. Il prit d'abord pour secrétaire l'étudiant et clubiste Lehné. Puis, avec l'autorisation de Le Brun, il se donna comme adjoint, Guillot, secrétaire des représentants, qui était au courant des affaires et l'avait beaucoup soutenu dans la correspondance française pendant l'absence des commissaires de la Convention. Il demandait comme second adjoint Blessmann, que tous les patriotes d'ici reconnaissent pour un homme laborieux et exact ; mais Le Brun le somma de choisir entre Guillot et Blessmann. Simon choisit Guillot. Sur sa proposition, acceptée par Le Brun, Lehné reçut une gratification de 200 livres. Guillot et Forster, qui avait beaucoup travaillé avec lui dans le temps où Grégoire se trouvait hors d'état de faire la moindre chose, obtinrent chacun une gratification de 300 livres (Correspondance de Simon et de Le Brun, A. N.).

[3] Rapport du 13 août (A. E.) ; proclamation touchant le prétendu mandat impérial advocatoire (texte français, A. N. ; texte allemand, Darst., 624-629) ; lettre du 20 février 1793 à Le Brun (A. N.) ; cf. Forster, VIII, 330.

[4] Proclamation datée du 16 février, affichée le 18 à Mayence, Darst., 676-679.

[5] Darst., 679-700. Une autre proclamation (id., 700-703) annonce que les Français ont proclamé la liberté de conscience, qu'ils ne veulent porter atteinte à la religion d'aucun citoyen, quel qu'il soit, et que les privilégiés ne renonceront aux évêques de Worms et de Spire qu'en tant que ces évêques sont princes laïques.

[6] Klein, Forster in Mainz, 467-484.

[7] Forster à Le Brun, 7 février 1793 (A. E.).

[8] Ein Wort an die Mainzer, p. 8-10.

[9] Der Mainzer an seine deutschen Mitbürger, p. 19-20.

[10] Die Franzosen am Rheinstrome, I, p. 71-74.

[11] Sur Custine et Mayence, par un citoyen manque, p. 6-7.

[12] Klein, Forster in Mainz, 318.

[13] Mainzer Zeitunq, 23 février 1793.

[14] Le Batave, n° 22 (lettre de Mayence, 20 février : on présume que les suffrages tomberont sur Macké pour maire et sur Boost pour procureur de la commune).

[15] Belag., 121 ; Darst., 651 ; Nau, V, 585 ; Le Batave, n° 24 ; Le Républicain, n° 129 (Lettres de Mayence du 1er mars et du 22 février 1793).

[16] Belag., 122 ; Darst., 654-656, etc.

[17] Tel n'était pas l'avis de Simon (à Le Brun, 9 mars 1793, A. N.).  Il pensait que la capitulation n'avait fixé aucun terme fatal et qu'un traité, douteux sur un point, devait toujours s'appliquer en faveur du plus faible ; la générosité, disait-il, et l'honneur de la nation française me paraissent, l'exiger. Selon lui, on ne devait séquestrer que les biens des .Mayençais, qui seraient notoirement amis et fauteurs de l'ancien Electeur. Mais les conventionnels eurent gain de cause ; le décret du 31 janvier leur donnait le pouvoir de trancher toutes les questions qui s'élevaient sur la forme et les opérations des assemblées électorales.

[18] Belag., 123-126 ; Darst., 658-661.

[19] Mainz im Genusse der Freikeit, 114-116 ; Die franz. Revol. in Beziehung auf die Stadt Mainz, 24-25, etc., etc.

[20] Cf. outre les ouvrages déjà cités, Simon à Le Brun, 25 février 1793 (avec les mots de Reubell en marge, A. N.) ; discours de Haussmann, 30 mars 1793 (Rec. Aulard, II, 579-581).

[21] Belag., 133-134 ; Forster Briefw. mit Sömmerring, 611 ; Mainzer Zeitung, 4 mars 1793 ; Mainz im Grenusse der Freiheit, 135 ; Die franz. Revol. in Bezieh. auf Mainz., 25.

[22] Forster, VIII, 332 (cf. Klein, Forster in Mainz, 443) ; Der Bürgerfreund, 27 févr. ; Nau, V, 587 ; Der Mainzer an. seine deutschen Mitbürger, 18.

[23] Mainzer Zeitung, 25 février (lettres de Stamm et d'Arand) ; Nau, V, 586.

[24] Simon à Le Brun, 9 mars 1793 (A. E.) ; Mainz im Genusse der Freiheit, 93 ; Preuss. Augenzeuge, 151 ; Klein, Forster in Mainz, 440 ; Die Franz. am Rheinstrome, II, 233-234 ; Nau, IV, 484, 491-492 ; cf. V, 579-580, la situation à Flonheim et à Uffhofen.

[25] On les nomma commissaires délégués du pouvoir exécutif pour l'exécution du décret du 15 décembre ou commissaires pour la municipalisation. Les clubistes de Mayence, matadors et subalternes, formaient le personnel presque entier : à Nackenheim, Stamm ; — à Spire, Dorsch et cinq autres, J.-A. Becker, Caprano, Lux, Schlemmer et le secrétaire Guill. Eyrer (cf. sur ce Norvégien de naissance, Remling, I, 257) ; — dans le pays de Linange et de Falkenstein, Forster et Hofmann ; — à Finthen, Metternich, avec Euler, Ployer et Rompel ; — à Göllheim et alentours, Blessmann ; — à Bodenheim, les deux frères Falciola, l'ecclésiastique et le marchand, Ritz, le vitrier Müller ; — à Kirchheim-Bolanden, Hatelin et Stumme ; — Meuth ; — à Meisenbeim, Obermoschel, etc., Pape, Fuchs, et les deux étudiants Ott et Christophe Gerlach ; — à Bingen, Bittong, Theyer et Preyser junior. Ils trouvèrent des auxiliaires dans le pays : à Worms, Jean-Louis Eitelwein (qui devint président de l'administration du canton de Harskirchen), et Pistorius (qui devait suivre comme employé les Mayençais en Vendée) ; à Spire, Petersen, Reissinger et les greffiers Ohlenschlager et Deines ; à Landau, le fougueux jacobin Treiber (plus tard administrateur du Bas-Rhin et commissaire du Directoire exécutif dans le canton de Dahn). Ils furent aidés par des ecclésiastiques : Bollermann d'Oberbörrstadt, Henri Guill. Chelius d'Ilbesheim (cf. Laukhard, III, 349, et Remling, I, 527 ; il devint commissaire du gouvernement près le canton de Kirchheim-Bolanden), Jean Henri Hierthes d'Essingen (cf. Remling, I, 316), Jean Höpfner de Battenberg, Simon d'Ebertsheim, Streuber de Kerzenheim, et par des hommes de loi, par Mossdorff (cf. plus loin), par l'avocat Krieger de Grünstadt, par l'avocat Carl Christian Parcus (qui fut nommé juge provisoire et administrateur des biens de l'Etat dans le comté de Linange, et qui devint, en l'an V, directeur général des pays conquis sur la rive droite du Rhin ; cf. Remling, I, 268 et 273, II, 271 et 445), Citons encore Holtzmeister (qui reçut le 21 mai un secours de 200 francs), Zimmermann (cf. Custine, 214), et Georges-Antoine Gugel, homme de loi, qui fut nommé administrateur du comté de Falkenstein, s'eagagea plus tard comme volontaire dans le bataillon de l'Union levé par les jacobins de Strasbourg, et devint contrôleur-général des fournitures de l'arrondissement de Lautern, puis membre de l'administration centrale du Mont-Tonnerre, et receveur particulier à Kaiserslautern. (Une note, du 17 juillet 1811, le nomme bon comptable, honnête homme et bon citoyen. Cf. Remling, II, 137 et 445 ; Bockenheimer, M. P., 47, et Gresch., 96 ; A. E. et A. N.)

[26] Forster, VIII, 325 ; Rapport de Simon, 13 août, et lettre du 9 mars ; Preuss. Augenzeuge, 153 ; Mainz im Geniisse der Freiheit, 126-128 ; Ein paar Worte an die teutschen Emigranten, 29 ; Darst., 781.

[27] Maint im Genusse der Freiheit, 125.

[28] Remling, I, 251-294.

[29] Klein, 445.

[30] Révolutions-Almanach von 1794, p. 321.

[31] Nau, IV, 508, cf. Belag., 142.

[32] Custine à Le Brun, 10 avril 1793 (A. E.).

[33] Rapport de Lafont, 18 avril 1793 (A, G.) ; cf. le mot de Mainz im Genusse der Freiheit, 6, que le Français voit dans l'Allemand un unbelebtes Erdkloss ou, comme dit un des collaborateurs du Révolutions-Almanach (1794, p. 22) das Vieh in dem Norden, wie chemals. Voir aussi Custine, 221-222 (assertions de Couturier et de Blanier).

[34] Rousset, Les Volontaires, p. 140.

[35] Mainzer Zeitung, 16 mars 1793 ; Darst., 674 et 760 ; Klein, 446.

[36] Die Franz. am Rheinstrome, I, 97 ; Gesch., 246 ; Remling, I, 97.

[37] Cf. sur Bauer le Tagebuch de Schaber, 10.

[38] Endemann, réfugié en Alsace au mois d'avril, reçut de Haussmann, de même que Chelius, Eitelwein, Eyrer et Petersen, une indemnité de 400 livres (A. N., DXLII, 4).

[39] Cf. sur Betz, Darst., 407 et 428 ; Reynaud, Merlin, II, 49 ; Klein, 279 ; Remling, II, 40 ; il devint inspecteur des forêts à Bingen.

[40] Die Franz, am Rheinstrome, I, 36-39 ; Mainzer Zeitung, 28 févr., 2, 4, 9, 11, 14 mars 1793.

[41] Remling, I, 96-97 et 246 ; président, Ch. Salles ; secrétaire, Falgères ; membres, Demestre, Thiellay, Raingure, Aillaud, Denis, Fèvre.

[42] Remling, I, 96-98, 234-236 ; cf. Nau, V, 565.

[43] Remling, I, 234-251.

[44] La maison de Linange se divisait en deux lignes : Westerbourg et Dabo (Dachsbourg). Les Linange-Westerbourg comprenaient deux branches, la branche Christophine et la branche Georgine, qui possédaient en commun Grünstadt, Wattenheim, Munchweiler, Quirnheim et Westerbourg ; la branche Christophine avait, en outre, Vieux-Linange, Hertlingshausen, etc. ; la ligne Georgine, la moitié de Neuf-Linange, Obrigbeim, Gemunden. Les Linange-Dabo possédaient Dürkheim, Hartenbourg, Hochspeyer, Gross = et Kleinbockenheim, Heidesheim, Guntersblum.

[45] Mainzer Zeitung, 4 et 7 mars 1793 ; Forster, VIII, 331 ; Klein, Forster in Mainz., 311-314 ; Remling, I, 264-275 ; les trois comtes, Charles Woldemar, comte régnant de Linange-Westerbourg, Ferdinand-Charles, comte héréditaire, et Frédéric, comte de Linange, furent enfermés, le 28 avril, dans l'Abbaye ; cf. Moniteur, 2 mai et 17 juillet 1793.

[46] Landremont à Ligniville, 2 mars 1793 (A. G.) ; Merlin à Beurnonville, 8 mars (Rec. Aulard, II, 294) ; Remling. I, 284-289 ; Mainzer Zeitung, 4 mars 1793 ; Nau, V, 588-590 (Rapport de Rougemaître).

[47] Révolutions-Almanach von 1794, p. 117. 1 Ce sont des députés que personne n'a envoyés, des représentants qui ne représentent personne. (Sur Custine et Mayence, par un citoyen manqué, p. 8.) Un député de l'Assemblée remarquait que beaucoup de communes n'avaient pas envoyé leur représentant aus Furcht, par peur (Nau, IV, 494 ; cf. Darst., 778).

[48] Custine, 216 ; Simon à Le Brun, 9 mars 1793 (A. N.) ; cf. Belag., 148, et Moniteur, du 20 avril (lettre de Stuttgart, qui a peut-être G. Kerner pour auteur : C'est un véritable sujet de peine pour un politique que de vous voir mendier l'amitié du Palatinat... On vous trompe en vous leurrant de cette neutralité palatine) ; note de Legrand (A. G. Pourquoi cette manie de municipaliser ? La réunion des pays du Rhin était une opération chimérique tant qu'on exceptait les communes palatines qui sont mêlées aux autres ; on eût mieux fait de remettre cette réunion à la paix et de se contenter du serment ordinaire que le vainqueur est en droit d'exiger du vaincu.)

[49] On trouve dans les Listes et ailleurs les noms suivants où il y a sûrement des fautes et confusions : Bapil, soldat ; de Blou, général ; Bois, soldat (cf. Nau, V, 565) ; Bonbaier, national ; Bonma, national ; Chapuis ; Chirnes ; Cotta ; Custine ; Cyre, officier ; Debois. chirurgien ; Desfieu ; Drouet ; Eoyk, volontaire ; Fagot, officier ; Feriox, soldat ; Ferrari, chasseur ; Fleury, volontaire ; Fresneau, secrétaire de Custine ; Gomber, grenadier de Mâcon (Bockenheimer, Zwei Sitz, 29) ; Gromment, vol. ; Herf, vol. ; Kleber, vol. ; Lalanne, officier ; Lalippo, vol. ; Lang, commissaire des guerres ; Larade, officier ; Larre ; Latitigant ; Laurent (cf. Nau, V, 596, et Klein 452) ; Léonard, garde-magasin ; Lotane, officier ; Marco et Meyer, off. de l'état-major ; Mercier ; Merlin de Thionville ; Ouvrier ; Paul, chirurgien ; Petrimoux, employé aux charrois ; Pomat, docteur à l'armée ; Rambeau ; Rigaut (cf. Nau, V, 590 et 594) ; Rougemaître, garde national (cf. Klein, 422, note, 451-452 ; Remling, I, 544 et le rapport de Becker ; il fut posté, durant le siège, comme observateur sur la tour Saint-Etienne) ; Scherb, adjudant-général ; Schlipp, capitaine de charretiers ; Simon, commissaire national ; Stamm ; Thierri : Thionville, capitaine du 1er bataillon de Versailles ; Tœlle ; Tousoet ; Verneau, ingénieur (Vernon ?) ; Vernois, secrétaire ; Volmar, soldat.

[50] Rapport de Simon, 13 août 1793 (A. E.), cf. lettre du 9 mars (A. N.) ; Le Républicain, n° 150 (lettre du 20 mars] ; Forster, VIII, 333 ; Darst., 783 ; Belag., 165 ; Mainz im Genusse der Freiheit, 185 ; Nau, IV, 389, V, 587 et 593 ; Klein, 371-372, 449-453, et Forster in Mainz, 451.