Au moment de clore ce travail, il me faut compléter ce que j'ai dit dans la préface. Au cours de l'impression, j'ai été entraîné, par des recherches heureuses, à développer mon sujet dans des proportions que je ne pouvais prévoir. De la notice sommaire est sorti un volume. La carrière de La Fayette a été trop longue et a embrassé trop d'événements pour que le récolement des documents, l'heuristique, pour me servir d'une expression allemande adoptée par la nouvelle école historique[1], ne soit pas incomplet. Soit impuissance, soit ignorance, j'ai certainement négligé des sources où d'autres plus avisés puiseront plus tard. Comment, par exemple, dépouiller toutes les gazettes françaises et étrangères où se cachent tant d'utiles renseignements ? J'ai dû me borner aux plus importantes. Aussi n'ai-je pas la prétention d'avoir épuisé la matière, quelque volumineuse que cette notice paraisse. J'ai seulement tracé, à l'aide des documents épars, les uns connus, les autres inédits ou inutilisés, un tableau aussi exact que possible de la carrière si laborieuse et si romanesque de La Fayette. Les historiens et les critiques y trouveront, j'espère, une base solide. A d'autres érudits le soin d'étudier des points particuliers, de rectifier des inexactitudes, de fixer des dates incertaines, de mettre au jour les documents ou les correspondances enfouis encore dans les archives publiques ou privées pour moi, je ne saurais aller plus avant, car, quand on redescend la colline de la vie, selon la belle expression de Washington, il faut se hâter d'accomplir la tâche commencée, afin de pouvoir aller dormir de l'éternel sommeil, sans regrets et sans remords. Les sources auxquelles j'ai puisé sont indiquées dans la Bibliographie. Je n'en ai usé qu'après en avoir éprouvé l'authenticité et la valeur. Il convient de donner quelques explications sur deux d'entre elles, les Mémoires et les Gazettes. J'ai fait de nombreux emprunts aux Mémoires de La Fayette et surtout à sa correspondance, jugeant équitable de laisser la parole à celui dont je racontais la vie, quitte à consigner les opinions contradictoires. Les lettres expriment les sentiments du moment et elles fournissent des éléments précis qui manquent aux Mémoires, souvent rédigés à distance des événements, sur des notes et sur des souvenirs. Toutefois, il est bon de consulter les Mémoires, en se gardant de leur attribuer d'autre poids que celui d'un témoignage personnel, plus ou moins recommandable selon le mérite intellectuel et le rôle des témoins. Les gazettes et les journaux ont été utilisés à deux fins : 1° pour faire connaître les sentiments d'un parti sur les faits et sur les hommes ; 2° pour fixer des dates ou des points de détail que les autres documents laissent incertains. Les informations des gazettes d'autrefois, comme celles des nôtres, n'étaient pas toujours inexactes, et c'est une mine inépuisable pour le chercheur que les collections de journaux. J'ai aussi l'agréable devoir de remercier ici ceux qui m'ont soutenu de leurs conseils et de leur érudition pendant ces longs mois où j'ai vécu, avec La Fayette, soixante années d'histoire. Des yeux amis ont revu mes épreuves. Je rends grâce à MM. Anatole France, Aulard, A. Tuetey, Maurice Tourneux, Arthur Chuquet, Th. Lhuillier, dont l'affectueuse collaboration a rendu le présent volume moins indigne de ses lecteurs. Et maintenant je livre au public ce travail, tout imparfait qu'il soit, et je le prie d'excuser les fautes de l'auteur. FIN DE L'OUVRAGE |