LE GÉNÉRAL LA FAYETTE

1757-1834

 

LE GÉNÉRAL LA FAYETTE.

 

 

XIX

 

Arrivée de La Fayette à Paris (23 juin 1793). — Il descend chez le duc de La Rochefoucauld. — Il est admis à la barre de l'Assemblée et explique l'objet de sa venue. — Il est attaqué par Guadet et défendu par Ramond. — Sa pétition est renvoyée à la commission des Douze. — Violentes sorties de Brissot, Robespierre, Couthon et La Source contre lui aux Jacobins. — Visite à Louis XVI. — Réunion d'officiers de la garde nationale. — Lettre à l'Assemblée (29 juin). — Départ de Paris (29 juin). — Ordre du jour à son armée (2 juillet). — Conférence à Valenciennes avec Luckner (5 juillet). — Lettre collective au ministre (7 juillet). — Adresse des citoyens de Besançon et protestation des citoyens de Tulle (1er et 2 juillet). — Lettre de Lajard. — Renvoi d'officiers autrichiens prisonniers au duc de Saxe-Teschen. — Il est appelé au commandement de l'armée du Nord (9 juillet). — Embellissements du château de Chavaniac et lettre de l'architecte Vaudoyer (4 juillet). — Conférences à Valenciennes avec Luckner et visite du camp de Famars. — Lettre de Dumouriez au roi (18 juillet). — Opinion des Jacobins de Givet sur La Fayette (15 juillet). — Dénonciations de Collot-d'Herbois, Robespierre et Basire. — La Source réclame sa mise en accusation, Dumolard s'y oppose (21 juillet). — La Fayette est accusé d'avoir proposé à Luckner de marcher sur Paris et il proteste contre les allégations de six députés. — Dénégations de Luckner (2 juillet). — Correspondance avec le ministre de la guerre. — Critiques adressées par le ministre d'Abancourt (26 juillet). — Explications de La Fayette (29 juillet). — Lettre particulière du ministre. — Lettre de Luckner. — Animosité contre Dumouriez. — Il demande que celui-ci quitte son armée (30 juillet, 2 et 4 août). — Circulaire annonçant que la patrie est en danger (5 août). — Nouvelles plaintes contre Dumouriez. — Mot de Gouverneur Morris sur la popularité mourante de La Fayette. — Robespierre réclame sa mise en accusation. — Jean de Bry conclut dans le même sens, mais l'Assemblée repousse cette proposition (4 août). — Fureur populaire. Jugement impératif de La Fayette sur Louis XVI (3 août). — Révolution du 10 août 1792. — La Fayette demande des explications à ce sujet (12 août). — Ordre du jour à son armée et lettres au département des Ardennes et à la municipalité de Sedan (13 août). — Arrestation à Sedan des commissaires de l'Assemblée, Antonelle, Kersaint et Peraldi (14 août). — Il essaie en vain d'entrainer son armée (15 août). — L'ex-constituant Anthoine réclame sa condamnation (12 août). — L'Assemblée nationale rend contre lui un décret d'accusation (19 août). — Lettre à son ancien collègue Dauchy. — Il quitte la France avec vingt-deux officiers, le 19 août 1792, après avoir écrit à la municipalité de Sedan.

 

La Fayette passa par Soissons, où il vit les administrateurs du département de l'Aisne, qui essayèrent de le faire renoncer à son voyage en lui en représentant les périls et l'inutilité, et il arriva à Paris, le jeudi 28 juin 1792. Il descendit chez son plus intime ami, le duc de La Rochefoucauld, dont l'hôtel était situé rue de Seine, n° 41[1]. Il écrivit aussitôt la lettre suivante au président de l'Assemblée nationale :

Paris, ce 28 juin, l'an IV de la liberté. Monsieur le président,

J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien demander à l'Assemblée nationale la permission que je paraisse à la barre et de vous offrir l'hommage de mon respect.

LA FAYETTE[2].

 

L'Assemblée avant accueilli favorablement cette demande, La Fayette se rendit au lieu des séances et parut à la barre. Sa venue fut applaudie par une partie de l'Assemblée et des tribunes. Le général déclara d'abord que sa présence ne compromettait nullement le sort de nos armées, qu'il était venu affirmer l'authenticité de la lettre adressée par lui à l'Assemblée et protester contre les violences commises au château le 20 juin. Il termina en réclamant que les auteurs de ces excès fussent poursuivis comme criminels de lèse-nation[3]. Puis il quitta la barre, salué par les acclamations d'une partie des députés[4]. Guadet, dans un langage mesuré, demanda quels puissants motifs avaient forcé La Fayette à quitter son armée ; il affirma que celui-ci violait la Constitution, s'il était venu sans congé du ministre. Le constitutionnel Ramond fit l'apologie du général et, au milieu du tumulte, réclama et fit voter le renvoi de sa pétition au Comité. Ensuite on repoussa, à une forte majorité, la motion de Guadet, tendant à savoir du ministre de la guerre s'il avait accordé un congé à La Fayette. En somme, l'Assemblée donnait raison à ce dernier, mais c'était là un triomphe éphémère. Le soir même, aux Jacobins, les orateurs les plus qualifiés flétrirent la conduite de La Fayette. Brissot s'écria :

M. de La Fayette a enfin levé le masque, mais il l'a levé trop tôt. Égaré par une ambition aveugle, il vient de s'ériger en modérateur. Cet excès d'audace, pour être prématuré, le perdra ; que dis-je ? il l'a déjà perdu.

Robespierre disait : Je viens maintenant à l'ordre du jour, c'est-à-dire à l'ennemi de la patrie, La Fayette. Couthon affirmait : La Fayette est le plus grand des criminels, et La Source : Oui, Messieurs, La Fayette est un traître, un imposteur ; La Fayette est un scélérat[5].

Le général rendit visite au roi et à la reine, et en reçut un accueil poli et l'affirmation qu'ils étaient persuadés qu'il n'y avait de salut pour eux que dans la Constitution. Madame Elisabeth, touchée de cette démarche, aurait dit qu'il fallait oublier le passé et se jeter avec confiance dans les bras du seul homme qui pût sauver le roi et sa famille. A quoi Marie-Antoinette aurait répondu qu'il valait mieux périr que d'être sauvé par La Fayette et les constitutionnels[6]. La Fayette rentra chez lui, applaudi sur son passage par une foule de citoyens, qui l'accompagnèrent jusqu'à son hôtel de la rue de Bourbon. Il fit demander au roi d'assister à la revue de la garde nationale qu'il devait passer le lendemain ; mais le maire Petion contremanda la revue, et La Fayette fut obligé de se borner à réunir quelques officiers de la garde nationale et à leur représenter les dangers où l'apathie de chacun plongeait la chose publique.

Le 29 juin, un grand nombre de gardes nationaux vinrent manifester devant l'hôtel de La Fayette et planter à la porte un Mai avec des guirlandes tricolores[7]. Le même jour, le général écrivit à l'Assemblée pour lui exprimer son regret de partir avant qu'on eût statué sur sa pétition. Il dénonçait une fois de plus la secte qui entrave toutes les autorités, menace leur indépendance et qui, après avoir provoqué la guerre, s'efforce, en dénaturant notre cause, de lui ôter des défenseurs[8]. Cette lettre fut lue dans la séance du 30 juin et renvoyée à la commission extraordinaire des Douze. La veille, à sept heures du soir, le général avait quitté Paris pour regagner son camp de Maubeuge[9]. Son voyage ne lui avait guère donné que la satisfaction d'avoir exprimé son opinion, sans souci des conséquences qui pouvaient en résulter pour lui.

La Fayette, en sortant de Paris, était escorté de grenadiers de la garde nationale[10] ; entre Louvres et Senlis, sa voiture se rompit deux fois et il fallut que le commandant de la garde nationale de cette dernière ville lui prêtât un carrosse pour continuer sa route[11]. A peine arrivé à Maubeuge, il fit, le 2 juillet 1792, un ordre du jour où il déclarait qu'il n'avait quitté ses troupes qu'à cause du péril imminent de la Constitution et du roi, et que le roi avait reçu, avec une vive sensibilité, les témoignages d'attachement de l'armée[12]. Se conformant aux instructions du ministre de la guerre, qui lui prescrivaient de conférer avec le maréchal Luckner sur le plan de la campagne, La Fayette écrivit à ce dernier, le 3 juillet[13], qu'il partirait le lendemain pour Avesnes, et irait, le 5, le voir à Valenciennes. Il lui proposait de réunir leurs armées pour se porter sur Mons et attaquer le duc de Saxe-Teschen, et chargeait Bureaux de Pusy de porter sa lettre[14]. Celui-ci remit la missive au maréchal, qui répondit, le même jour, que le plan de son collègue lui paraissait impraticable, et accepta le rendez-vous. La Fayette alla à Valenciennes et conféra avec Luckner ; tous deux adressèrent, le 6 juillet, au ministre, le mémoire suivant, pour conseiller au roi de faire la paix :

Le maréchal Luckner et le général La Fayette doivent à leur conscience, à leur amour pour la patrie de représenter de nouveau au roi que les moyens qu'on a mis dans leurs mains pour la défense du royaume sont très disproportionnés avec ceux que les puissances coalisées paraissent avoir préparés. Ils pensent, avec le roi, que nous devons tous périr plutôt que de laisser porter atteinte à la souveraineté nationale et à la cause sacrée de notre liberté ; mais ils se croient obligés de lui dire que, si ces grands intérêts peuvent n'être pas compromis, une paix prompte et honorable serait le plus important service que le roi pût rendre à la nation, et Sa Majesté doit se pénétrer de plus en plus de la nécessité qui la presse de faire toutes les démarches personnelles qui pourront contribuer à nous procurer ce grand bienfait. Telle est l'opinion des deux généraux auxquels le roi a confié les armées ; ils attendent les ordres de Sa Majesté, mais M. de La Fayette commencera dès après-demain à faire filer des troupes de la Capelle vers Montmédy[15].

 

Entre temps. La Fayette recevait une adresse signée par quatre-vingt-seize citoyens de Besançon, en date du 1er juillet 1792, et dans laquelle on lui demandait des explications sur sa correspondance avec Roland, qui, si elle est vraie, ne vous fait pas honneur, mais encore vous place au rang des illustres séditieux, et sur sa lettre à l'Assemblée nationale, qui compromet tout à la fois votre honneur, votre délicatesse et l'emploi dont vous êtes revêtu[16]. Dans sa séance du 2 juillet, l'Assemblée avait reçu une députation de soixante citoyens de Tulle, venant accuser La Fayette, qui n'avait que les vices de Cromwell, de vouloir assassiner la patrie[17]. Le même jour le ministre Lajard écrivait au général de se tenir sur ses gardes :

Vous savez que le bruit a couru qu'on avait envoyé à votre armée quelques agents secrets pour tâcher d'y occasionner une insurrection. Quoique je ne croie pas à ce bruit, je vous engage fort cependant à ne pas le négliger et de vous tenir sur vos gardes[18].

 

Le 8 juillet, La Fayette annonçait, du camp de Cerfontaine, au ministre, qu'il avait renvoyé des officiers autrichiens prisonniers, afin de détruire le préjugé que les généreux ennemis cherchent à établir sur les prétendues rigueurs que nous faisons éprouver à nos prisonniers[19]. Ce préjugé est tel, ajoutait-il, que quelques hulans, lorsque le chirurgien venait les panser, croyaient qu'on voulait les tuer[20]. Le même jour, il demanda qu'on renforçât l'armée du Centre et qu'on eût soin d'armer les volontaires nationaux ![21]

Sur ces entrefaites, La Fayette reçut, sans avoir été consulté[22], le commandement de l'armée du Nord, tandis que celui du Centre fut confié à Luckner, qui devait conserver son autorité sur l'armée du Rhin. Le 9 juillet 1792, le ministre informa de ce chassé-croisé le général :

J'ai reçu, mon cher général, les résultats de la conférence que vous avez eue avec M. le maréchal Luckner. Après en avoir rendu compte au roi et à son conseil, Sa Majesté s'est décidée à vous confier le commandement de l'armée du Nord et à M. le maréchal de Luckner Farinée du Centre. Il convient, comme vous le pensez, de se tenir toujours assez près l'un de l'autre pour agir en commun. Si vous étiez dans le cas de combiner une forte résistance sur un point déterminé, M. le maréchal conservera de plus toute autorité sur l'armée du Rhin. Sa Majesté approuve que, de concert avec M. le maréchal Luckner, vous formiez la composition de deux armées, de manière à conserver auprès de vous les corps, les officiers généraux et d'état-major que vous désirerez avoir immédiatement à vos ordres, sans cependant nuire à la célérité de ce mouvement[23].

 

Pendant que La Fayette était à la frontière, sa femme veillait aux réparations et aux embellissements qui s'accomplissaient au château de Chavaniac sous la direction de l'architecte Vaudoyer. Celui-ci informa, le 4 juillet 1792, le général de l'état des travaux et de l'arrivée de neuf tableaux peints par Houël et représentant des scènes de la Révolution[24].

La Fayette se rendit à Valenciennes et conféra avec Luckner. Tous les deux allèrent, avec Alexandre Berthier et Charles de Lameth, visiter le camp de Famars[25]. Le 17 juillet, il était revenu dans les Ardennes. De Rimogne, près de Rocroi. il rendit compte au ministre de la guerre du combat d'Orchies, qui avait eu lieu dans la nuit du 14 au 15, et où les ennemis avaient enlevé ce poste, repris aussitôt par le général Marassé[26]. Dumouriez, promu lieutenant général après sa sortie du ministère des affaires étrangères, venait d'être envoyé à l'armée de Luckner[27]. Il essayait de desservir La Fayette, sous les ordres duquel il lui répugnait de se trouver, et, le 18 juillet, il écrivait de Valenciennes au roi :

Votre Majesté a l'esprit trop juste pour ne pas juger qu'il est absurde que M. de La Fayette, quelque mérite militaire qu'il puisse avoir, étant lui-même fort occupé sur la Meuse et la Moselle, puisse dicter d'aussi loin les ordres pour la défensive des départements du Nord qu'il ne connaît même pas. Malgré nos opinions contraires, je consentirais, pour le bien de la patrie, à servir sous ses ordres, s'il était sur les lieux, mais ici l'intérêt public s'y oppose[28].

Les Jacobins de Givet s'effrayaient de la popularité du général parmi ses soldats et ils écrivaient, le 15 juillet 1792, à la Société des amis de la Constitution :

La Fayette devient de jour à autre plus puissant. Tous les soldats qu'il commande, à l'exception du corps de l'artillerie, sont un second lui-même, n'ont de pensées, de réflexions que par lui. Il ne se montre point dans son camp, mais ses émissaires roulent et font valoir cette précaution[29].

 

A Paris, les dénonciations se multipliaient. Le 8 juillet, Collot-d'Herbois essaya, en vain, de remettre à l'Assemblée une pétition demandant le jugement de La Fayette et il dut se contenter d'en lire la teneur à la tribune des Jacobins[30]. Le 11, Robespierre disait : La liberté sera en danger tant que La Fayette sera à la tête de nos armées[31]. A l'Assemblée, Basire réclamait, le 13, la mise en accusation du général[32]. En vain, la commission des Douze déclara, le 19 juillet, qu'il n'y avait pas lieu à accusation contre La Fayette, la discussion continua le lendemain. Le 21, le girondin La Source prononça un réquisitoire en règle et Dumolard défendit énergiquement le général. Le débat sur toutes les dénonciations fut ajourné jusqu'à plus ample vérification. On accusait La Fayette d'avoir proposé à Luckner de marcher sur Paris ; on disait que le vieux maréchal, venu pour assister à la fête de la Fédération, avait certifié le fait chez l'évêque de Paris à plusieurs députés, le 17 juillet. Six d'entre eux, Brissot, Guadet, Gensonné, Lamarque, La Source et Delmas, attestèrent de leur signature la teneur des déclarations de Luckner et leur véracité[33]. La Fayette, informé par le ministre de l'intérieur, envoya à celui-ci, le 26 juillet, une courte et énergique protestation. qui se résumait par ces mots : Cela n'est pas vrai. Bureaux de Pusy, mis en cause et mandé à la barre de l'Assemblée, produisit la correspondance de La Fayette et du maréchal Luckner ; ce dernier désavoua les propos qu'on lui avait prêtés et écrivit à son collègue, de Strasbourg, le 25 juillet. à trois heures du matin :

Je suis pressé, mon cher général, de vous témoigner combien les calomnies dont vous me parlez m'ont affecté. Vous me connaissez assez pour que je doive compter que vous n'avez reconnu qu'une intrigue dans les propos, aussi faux qu'impossibles, qu'on m'a prêtés. Confiance dans votre zèle, dans votre activité, désir de nie concerter avec vous ; besoin de vous témoigner en toute occasion loyauté et attachement : tels sont les sentiments qui m'animent, mon cher général, et dont je ne cesserai de vous donner l'assurance[34].

 

L'adjudant général d'Abancourt remplaça Lajard au ministère de la guerre, le 24 juillet 1792, et, le 26, il demanda à La Fayette de lui donner l'état de son armée. Il lui adressa des critiques sur ses mouvements militaires et exprima lavis que son commandement était trop étendu[35]. La Fayette, qui voyait dans le départ de son ami Lajard une nouvelle manœuvre de ses ennemis, ne répondit que le 29 juillet, de Longwy, qu'il avait étendu son commandement sur le désir de Luckner et parce que tout annonçait que les armées coalisées se porteraient sur le Rhin[36]. Le nouveau ministre d'Abancourt, ne recevant pas signe de vie de La Fayette. lui écrivit, le 2 août 1793, une lettre personnelle, où il l'assura de son dévouement pour sa personne et de sa conformité de principes et de sentiments avec ceux qui lui sont attachés[37].

Le 29 juillet, le maréchal Luckner écrivait à La Fayette :

Tout ce que je peux avoir l'honneur de vous dire, c'est que la cabale doit nous traiter également et que je suis prévenu que vous et moi devons être dénoncés et que nous l'avons déjà été aujourd'hui même l'un contre l'autre. En attendant, je puis vous assurer que mon parti est pris. Je veux vivre en repos ; sans cela je me retire... Paris est affreux à mes yeux[38].

 

Le 30 juillet, La Fayette alla de Longwy au camp de Villers-le-Rond. La venue de Dumouriez à l'armée de Luckner et sa nomination au commandement du camp de Maulde l'avaient profondément irrité. Il écrivit au général Arthur Dillon de renvoyer à Metz les officiers généraux appartenant à l'armée de Luckner et il ajouta :

Quant à M. Dumouriez, M. le maréchal de Luckner ni moi ne voulons qu'il reste dans mon armée. Il a eu des ordres de M. le maréchal pour en partir. Ce général a même écrit au roi pour se plaindre formellement de M. Dumouriez et, comme il n'est pas employé dans mon armée et que je n'ai point de commandement à lui donner, vous ne l'emploierez pas et vous lui donnerez l'ordre de partir[39].

L'inimitié de La Fayette pour Dumouriez était grande et réciproque[40]. Le 2 août, étant à Brouelle, près de Sedan, le général insista de nouveau auprès du ministre pour que Dumouriez n'eût aucun commandement dans son armée[41]. Le 4, après avoir donné le plan de ses opérations, il ajoutait :

Mais une nouvelle à laquelle je ne crois point et que je regarde comme une plaisanterie, c'est la résolution que vous auriez prise d'envoyer Dumouriez dans l'armée que je commande. je l'ai accusé hautement de folie ou de trahison envers la chose publique et moi ; je n'examine pas si j'ai eu raison ou tort ; mais, je l'aurais demandé à ses protecteurs eux-mêmes avant que M. Brissot, leur chef, l'eût déclaré le plus vil des intrigants, se peut-il qu'un général d'armée, qui a exprimé sur un lieutenant général une pareille opinion, soit censé pouvoir lui remettre la destinée d'une partie des hommes et des places qui lui sont confiés ?[42]

 

Le 5 août, La Fayette adressa une circulaire aux administrateurs des départements que son armée occupait pour leur déclarer que la patrie était en danger et requérir le rassemblement de la moitié des compagnies de grenadiers et de chasseurs des gardes nationales[43]. Le 7, le ministre de la guerre, d'Abancourt, le remercia de sa lettre du 4 août, la première qu'il eût reçue sur l'état des opérations militaires, et lui confirma que son commandement s'étendait de Montmédy à Dunkerque. Il ajoutait que le roi laissait Dumouriez dans le département du Nord, mais aux ordres immédiats du général Arthur Dillon. Quelques désagréments, disait-il, que vous trouviez dans cette condescendance, elle en a peut-être épargné de plus grandes[44]. Mais La Fayette ne se résignait pas ; le 8 août, il écrivit de Mouzon au ministre pour protester de nouveau contre le maintien de Dumouriez dans son armée et pour dégager sa responsabilité des événements qui pourraient avoir lieu dans la partie de la frontière qui s'étend de Dunkerque à Maubeuge[45].

Les ennemis du général ne perdaient pas leur temps et sapaient une popularité, devenue si chancelante que Gouverneur Morris pouvait écrire à Jefferson, le 1er août 1792 :

Vraiment, je crois que si M. de La Fayette arrivait en ce moment à Paris sans son armée, il serait écharpé... Qu'est-ce donc, je vous prie, que la popularité ?[46]

Dès le 20 juillet, Robespierre avait réclamé à la tribune des Jacobins un décret d'accusation contre La Fayette :

Si La Fayette est impuni, nous n'avons pas de Constitution, car il n'y a pas de Constitution là où il existe un homme au-dessus des lois... Oui, il faut décréter La Fayette ou décréter la contre-révolution[47].

 

Le 4 août 1792, Jean de Bry, au nom de la commission des Douze, requit la mise en accusation de La Fayette, mais, après un débat des plus animés, l'Assemblée nationale repoussa cette proposition, par 406 voix contre 224. Toutefois ce résultat ne fut une victoire, ni pour l'Assemblée, ni pour le général. La foule hua et maltraita les députés de la majorité et le club des Jacobins dénonça La Fayette à l'indignation publique.

En vérité, La Fayette se trouvait dans la situation la plus critique. Il ne savait à quel parti s'arrêter. Les délimitations de son commandement lui causaient des ennuis avec le maréchal Luckner. Il s'inquiétait de voir les Suisses garder exclusivement les places importantes de Flandre. La politique continuait à le tourmenter. Il parlait de Louis Z.VI en ces termes impératifs dans une lettre adressée, le 3 août 1792, à son aide de camp La Colombe :

Ce que vous me mandez, mon cher La Colombe, pour les dispositions du roi me fait plaisir ; mais je vous déclare qu'en fait de liberté je ne me fie à lui, ni à personne, et que, s'il voulait trancher du souverain, je me battrais contre lui tout comme en 1789. Mais si, respectant la souveraineté nationale, il veut assurer dans ce pays-ci une constitution libre, jouer personnellement un rôle admirable. et éviter la perte morale et physique qui l'attend infailliblement au bout du rôle contre-révolutionnaire, alors nous pourrons parler, et ce ne sera jamais que la déclaration des droits à la main[48].

 

La révolution du 10 août 1792 éclaircit la situation politique : la royauté constitutionnelle avait vécu. C'était l'effondrement des rêves, des aspirations de La Fayette, la ruine de l'œuvre qu'il avait élaborée et soutenue. Aussi, quand la nouvelle lui parvint à Sedan, le 12 août, demanda-t-il au ministre de la guerre des explications :

J'apprends, Monsieur, qu'il y a eu de grands mouvements à Paris, et vous sentez que j'attends avec anxiété des nouvelles plus exactes que celles qui me sont parvenues. Les désordres de la capitale sont sans doute payés par les puissances étrangères pour aider la contre-révolution, et cette opinion se fortifie bien par le rapprochement de ces mouvements et de leurs époques avec ceux des puissances étrangères[49].

 

Le 13 août, La Fayette adressa à son armée un ordre du jour faisant connaître la suspension du roi et lui enjoignant de se rallier autour de la Constitution[50]. Le même jour, il écrivit aux administrateurs du département des Ardennes et à la municipalité de Sedan, pour leur affirmer qu'il ne manquerait pas à son serment d'observer la Constitution et qu'il ne courberait sous aucun despotisme une tête qui, depuis que j'existe, a été dévouée à la cause de la liberté et de l'égalité, et souvent risquée pour elle dans les deux hémisphères[51]. Le 14, il fit arrêter, par la municipalité de Sedan, les commissaires Antonelle, Kersaint et Peraldi, qui venaient, au nom de l'Assemblée, faire reconnaitre le nouveau gouvernement[52].

La Fayette résistait donc ouvertement aux hommes qui avaient pris le pouvoir et suspendu Louis XVI. Il se faisait envoyer par ses troupes des adresses de fidélité et de dévouement[53] ; mais il s'aperçut bientôt de l'inanité de ces témoignages. Le 15 août, il passa en revue ses troupes dans la plaine de Sedan et, comptant sur son ancienne popularité. il voulut faire prêter le serment de fidélité à la nation, à la loi et au roi, mais les murmures des officiers et des soldats répondirent seuls à cette invitation. Un capitaine des volontaires de l'Allier lui dit : La liberté, l'égalité, l'Assemblée nationale, voilà les seuls noms qui puissent entrer dans nos serments[54].

Le général constitutionnel, comme on l'appelait, avait perdu tout ascendant sur ses troupes, et le nouveau gouvernement allait lui demander un compte sévère de sa conduite[55]. Le 12 août i 792, l'ex-constituant Anthoine avait résumé le sentiment public dans cette phrase, prononcée au club des Jacobins :

Il faut donc que demain le peuple demande et obtienne la condamnation de La Fayette, le licenciement de l'état-major ; et alors les Autrichiens reculeront, car dès lors ils n'auront plus d'intelligences au milieu de vous[56].

 

Le 17 août, le Conseil exécutif, renseigné sur l'attitude hostile du général, le somma de remettre le commandement de l'armée du Nord à Dumouriez et le manda sur-le-champ à Paris[57]. Thuriot réclama qu'on dressât un tableau des crimes reprochés à La Fayette. Le dimanche 19 août, l'Assemblée nationale rendit le décret suivant :

L'Assemblée nationale, considérant que le général La Fayette a employé les manœuvres les plus odieuses pour égarer l'armée dont le commandement lui avait été confié ; considérant qu'il a cherché à la mettre en état de révolte, en la portant à méconnaître l'autorité des représentants de la nation et à tourner contre la patrie les armes mêmes des soldats de la patrie ; considérant qu'il est prévenu du crime de rébellion contre la loi, de conjuration contre la liberté et de trahison envers la nation, décrète ce qui suit :

Art. Ier. Il y a lieu à accusation contre Motier-La Fayette, ci-devant général de l'armée du Nord.

Art. II. Le pouvoir exécutif est expressément chargé de mettre promptement à exécution le présent décret.

L'Assemblée nationale enjoint à toutes les autorités constituées et à tous les citoyens et soldats de s'assurer dudit Motier-La Fayette par tous les moyens possibles.

Art. III. L'Assemblée nationale défend à l'armée du Nord de reconnaître ledit Motier-La Fayette et de lui porter aucune obéissance ; défend pareillement aux corps administratifs, municipalités, et a. tous fonctionnaires publics de lui prêter aucune assistance et de n'obéir à aucune de ses réquisitions, ainsi qu'à tous dépositaires publics de rien payer pour ladite armée que sur les ordres du général Dumouriez, nommé pour remplacer ledit La Fayette, et ce sous peine d'être déclarés complices de rébellion.

 

La Fayette, proscrit par l'Assemblée nationale et abandonné par son armée, n'avait plus d'autre alternative que la fuite. Il avait foi dans l'avenir, comme il l'écrivait, le 14 août. à son ancien collègue à la Constituante, Dauchy, président du département de l'Oise :

Malgré les malheurs qui désolent notre patrie, j'espère que, comme vous en formez le vœu, les vrais amis de la Constitution et de la liberté finiront par faire triompher, en se réunissant, la cause pour laquelle ils ont juré de vivre ou de mourir[58].

 

Mais le présent était sombre et La Fayette ne se faisait pas illusion sur le sort que lui réservaient des adversaires triomphants. Le 18 août, il se trouvait à Mairy, village du département des Ardennes, près de Mouzon ; le 19, il vint à Bouillon, où Alexandre Lameth, décrété d'arrestation, le rejoignit. Tous deux, sous le prétexte d'une reconnaissance, quittèrent Bouillon. Vingt et un officiers de l'état-major de La Fayette les accompagnaient : les maréchaux de camp César de La Tour-Maubourg, Laumoy et Du Roure ; les colonels Sicard, du 43e régiment, et Victor de La Tour-Maubourg ; les lieutenants-colonels Langlois et Charles de Cadignan ; les adjudants généraux Philippe d'Agrain, aide de camp de Du Roure, et d'Arblay ; les capitaines Masson, Victor Gouvion, Sionville, Alexandre et Louis Romeuf, La Colombe, Curmer et Soubeyran, aide de camp de César de La Tour-Maubourg ; le capitaine du génie Bureaux de Pusy, ex-constituant ; le lieutenant Victor Romeuf et le commissaire des guerres Pillet. Tous franchirent la frontière dans la soirée et entrèrent sur le territoire ennemi.

Avant de quitter la France, La Fayette avait écrit la municipalité de Sedan une lettre d'adieu, où il disait qu'il s'éloignait de Sedan Four ne pas compromettre cette ville :

Le meilleur moyen de la servir est d'éloigner d'elle une tête que tous les ennemis de la liberté ont proscrite et qui ne se courbera jamais sous aucun despotisme. Pénétré de douleur de ne pouvoir plus, en ce moment, être utile à nia patrie, je ne me consolerai qu'en faisant des vœux pour que la cause sacrée de la liberté et de l'égalité, profanée, si elle pouvait l'être, par les crimes d'une faction, ne soit pas, du moins, pour longtemps asservie, et en renouvelant le serment, dans les mains d'une commune vraiment patriote, d'être fidèle aux principes qui ont animé ma vie entière[59].

 

 

 



[1] Cf. Mémoires de La Fayette et Toulongeon, Histoire de France depuis la révolution de 1789, t. Ier, p. 281.

[2] Orig. aut., Archives nationales, C 358.

[3] Orig. aut., Archives nationales, C 358.

[4] Le rédacteur du Journal de la guerre dit, dans son n° LIX, du 29 juin. 1792, que l'apparition de La Fayette à Paris fixa l'attention du public. MM. les Jacobins frémissent de rage, le peuple est partagé, les gens sages sont étonnés. En effet, un général qui quitte son armée au moment où l'ennemi est en présence, doit avoir de grands motifs. Il approuve d'ailleurs les motifs invoqués par le général, mais il est d'avis qu'il pouvait les faire valoir sans quitter son armée. Puis il ajoute : M. de La Fayette est sorti de l'Assemblée ; il a été environné d'un grand nombre de gardes nationaux de tout grade : il a reçu les plus vifs applaudissements. Ainsi qu'à Rome, le triomphateur, monté sur son char, au faite des honneurs, entendait des épigrammes et des vérités dures, M. de La Fayette a dû s'apercevoir que sa personne ne plaisait pas à tous. Quelques cris : à Orléans ! à Orléans ! à Orléans ! n'ont pas flatté ce général. (Cf. Bibl. nat., Lc2 679.)

[5] Cf. Aulard, La Société des Jacobins, t. IV, p. 51 à 57.

[6] Ces propos sont empruntés aux Mémoires de La Fayette. Comment les connut-il, car ils ne furent certainement pas tenus en sa présence ?

[7] On lit dans le Journal de Paris, du 30 juin 1792, n° 182, p. 735 : Quand M. de La Fayette sortit de chez le roi, il fut reconduit par une foule plus nombreuse encore, et qui se grossit jusqu'à la rue de Bourbon, où l'attendait chez lui une multitude de ses frères d'armes. Hier, une affluence plus considérable s'est portée à son hôtel, et on a planté à l'entrée un mai couvert des livrées de la liberté qu'il défendra contre tous les despotismes.

[8] Orig., Archives nationales, C 358.

[9] Le Journal de la guerre, dans son n° LIX, du 29 juin 1792, annonça en ces termes le départ de La Fayette : M. de La Fayette a été très bien reçu au château des Tuileries ; il est reparti hier à sept heures du soir pour son armée. Toutes les réflexions qu'on a pu faire sur son arrivée, même les miennes, tombent par ce prompt départ.

[10] Cf. Mémoires de Chaumette sur la révolution du 10 août 1792, publiée par Aulard, p. 29, note 2.

[11] Cf. Journal de la guerre, n° LXV, du 5 juillet 1792.

[12] Cet ordre du jour fut lu par le député Goupilleau dans la séance de l'Assemblée du 7 juillet. (Cf. Moniteur, t. XIII. p. 69.)

[13] Et non le 2, comme le portent, par erreur, les Mémoires.

[14] Copie, Archives nationales, C 358.

[15] Arch. hist. de la guerre. armée du Nord. — Cette lettre ne se trouve pas reproduite dans les Mémoires de La Fayette.

[16] Orig., Archives nationales, C 358. — Cf. Pièces justificatives, n° XXIV.

[17] Cf. Moniteur, t. XIII, p. 30.

[18] Lettre du 2 juillet 1792. (Orig. aut., Archives nationales, DX V2.)

[19] La Fayette avait écrit, le 4 juillet 1792, au duc de Saxe-Teschen, et celui-ci lui avait répondu, le 8. (Cf. Mémoires.)

[20] Orig., Arch. hist. de la guerre, armée du Centre.

[21] Orig., Arch. hist. de la guerre, armée du Centre.

[22] La Fayette se plaint de ce fait dans ses mémoires.

[23] Arch. hist. de la guerre, armée du Centre, cahier n° 1 bis. — Cf. A. Chuquet, La Première invasion prussienne, p. 49.

[24] Orig. aut.. Archives nationales, C 358. — Voici quelques passages de ce curieux document :

Les citoyens de Chavaniac regrettent beaucoup vos girouettes, que j'ai supprimées suivant vos ordres. Ils craignent, disent-ils, de ne plus pouvoir semer, récolter, faner, couper le bois à bons moments. Le projet de Mme La Fayette est d'en replacer une quelque part ailleurs que chez vous. Il n'y a que la maison du curé ou le clocher ; et, pour la mettre au clocher, il faudrait en ôter la croix, ce qui serait peut-être sujet à inconvénient. Ne pourrait-on pas la mettre sur quelque mont voisin, sur un arbre de la liberté ?... J'ai reçu les neuf tableaux des événements de la Révolution que vous ayez ordonnés à M. Houe], avant votre départ. Ils sont : l'Événement du prince Lambesc ; Prise d'armes au Garde-meuble ; Prise d'armes aux Invalides ; Prise de la Bastille ; Intérieur de la Bastille ; Quête de Mme de La Fayette au Sépulcre ; Bénédiction des drapeaux à Notre-Dame ; Arrivée du roi à Paris le 17 juillet ; Arrivée du roi à Paris le 6 octobre... Si le temps me l'eût permis, j'aurais eu du plaisir à concourir au monument de ln liberté à élever sur les ruines de la Bastille, et si autrefois, sans avoir un aussi beau sujet, j'ai pu avoir quelques succès, j'aurais espéré qu'échauffé par un motif aussi puissant j'aurais pu en obtenir de plus honorables. Mon séjour à Chavaniac m'empêche d'exécuter mes pensées, mais je m'en console et m'en glorifie même en pensant que, si je n'élève pas l'arbre de la liberté, je bâtis le temple de celui qui en fut le défenseur en Amérique (la galerie Washington) et l'asile de celui qui le premier l'apporta, la propagea et la protégea en France (votre demeure).

[25] Cf. Journal de la guerre, n° LXXX, du 11 juillet 1792.

[26] Arch. hist. de la guerre, année du Nord.

[27] Cf. A. Chuquet, La première invasion prussienne, p. 48 et 49.

[28] Orig. aut., Arch. hist. de la guerre, armée du Nord. — Le même jour, 18 juillet 1792, Dumouriez écrivit à La Fayette sur les opérations militaires.

[29] Cf. Journal des débats et de la correspondance de la Société des amis de la Constitution, n° 82, du 26 juillet 1792.

[30] Cf. Aulard, La Société des Jacobins, t, IV, p. 81.

[31] Cf. Aulard, La Société des Jacobins, t. IV, p. 91.

[32] Cf. Moniteur, t. XIII, p. 154.

[33] Orig., Arch. nat.. C 147, n° 227. — Cf. Pièces justificatives, n° XXV.

[34] Copie certifiée par Bureaux-Pusy (Arch. nat., C 358). — Le maire de Strasbourg, Dietrich, écrivait sur ce sujet à La Fayette, le 20 juillet (Orig. aut., Arch. nat., C 358) :

Strasbourg, le 26 juillet, à onze heures et demie du matin, l'an IV.

M. de Broglie a passé la nuit avec le maréchal lorsqu'il a reçu votre courrier. Vous aurez eu lieu d'être content de sa réponse. J'écris celle-ci par le retour d'un courrier extraordinaire expédié par le ministre de l'intérieur au maréchal. Je présume que ces dépêches ont pour objet de le faire expliquer. Nous défendrons la Constitution dans notre coin et nous nous battrons bien. Pourquoi M. de La Rochefoucauld a-t-il abandonné la partie ?

DIETRICH.

[35] Arch. hist. de la guerre. armée du Nord, et Arch. nat., DN V2.

[36] Copie, Arch. hist. de la guerre, armée du Nord.

[37] Orig. aut., Archives nationales, DX V2. — Cf. Pièces justificatives, n° XXVI.

[38] Archives nationales, C 358.

[39] Copie. Arch. hist. de la guerre, armée du Nord.

[40] Elle survécut aux événements : Dumouriez attaqua violemment dans ses Mémoires La Fayette, qui se défendit par un mémoire intitulé : Sur la vie et mémoires du général Dumouriez, et publié en appendice des Mémoires.

[41] Orig., Arch. hist. de la guerre, armée du Nord. — Dumouriez témoignait aussi de la répugnance à servir sous La Fayette. (Cf. lettre de lui au ministre, datée du camp de Maulde, 5 août 1792. Arch. hist. de la guerre, armée du Nord.)

[42] Orig., Arch. hist. de la guerre, armée du Nord.

[43] Impr., Arch. hist. de la guerre, armée du Nord.

[44] Orig., Arch. nat., DX V2.

[45] Orig., Arch. hist. de la guerre, armée du Nord.

[46] Cf. Mémorial de Gouverneur Morris, t. II, p. 158.

[47] Cf. Aulard, La Société des Jacobins, t. IV, p. 126.

[48] Cf. Mémoires de La Fayette.

[49] Orig., Arch. hist. de la guerre, armée du Nord. — Servan, qui avait remplacé d'Abancourt au ministère de la guerre immédiatement après la journée du 10 août, répondit, le 16 août, à La Fayette qu'il croyait, comme lui, que les désordres de la capitale avaient été incités par les puissances étrangères, mais que la vigueur du peuple avait vaincu le despotisme. Il est probable que La Fayette ne reçut pas cette lettre.

[50] Cf. Moniteur, t. XIII, p. 451.

[51] Cf. Moniteur, t. XIII, p. 480.

[52] Cf. Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public, t. Ier, p. 16.

[53] Plusieurs de ces adresses, en date des 13 et 14 août 1792, et émanées des divers régiments de l'armée du Nord, sont conservées aux Archives nationales, C 358.

[54] Cf. A. Chuquet, La première invasion prussienne, p. 55.

[55] Le Moniteur, ordinairement favorable à La Fayette, l'accabla, dès qu'il vit la fortune tourner. Le 10 août 1792, il condamna en ces termes la conduite du général : Le général La Fayette est condamné aux yeux de l'Europe entière par le décret même qui l'absout. Pour avoir le prétexte de demander impérieusement la répression des sociétés patriotiques, il avait accusé l'Assemblée nationale d'être soumise à leur influence. Or, le décret démontre évidemment que l'Assemblée n'y est nullement soumise donc le général dénonciateur a calomnié les sociétés et l'Assemblée ; donc l'Assemblée, par son décret d'absolution, prouve à toute l'Europe qu'il était coupable.

[56] Cf. Aulard, La Société des Jacobins, t. IV, p. 197.

[57] Voici le texte de l'arrêté du Conseil exécutif provisoire :

Le Conseil exécutif provisoire, assemblé au lieu de ses séances, délibérant sur les dispositions que les circonstances exigent relativement aux armées ;

Considérant que le pouvoir conféré aux commissaires de l'Assemblée nationale, envoyés à l'armée de M. de La Fayette. de suspendre ou destituer les généraux, s'est trouvé paralysé par l'arrestation desdits commissaires à Sedan, dénoncée à l'Assemblée nationale ;

Arrête que M. de La Fayette remettra à M. Dumouriez le commandement de l'armée du Nord et viendra sur-le-champ à Paris rendre compte de sa conduite ;

Que, jusqu'à ce que M. Dumouriez ait pu prendre ce commandement ou qu'il ait commis un officier général à sa place, l'armée restera sous les ordres du plus ancien des officiers généraux qui commandent sous M. de La Fayette.

Le Conseil charge le ministre de la guerre de faire toutes dispositions pour que ces ordres parviennent à MM. de La Fayette et Dumouriez le plus promptement qu'il sera possible, comme aussi de prendre les mesures nécessaires pour leur exécution.

Fait et délibéré au Conseil à Paris ce jourd'hui 17 août 1792, l'an IV de la liberté.

[58] Minute. Archives nationales, C 358.

[59] Copie, Arch.nat., C 358, pièce n° 27. — Le 19 août, les commissaires à l'armée du Centre, Baudin, Isnard et Quinette, écrivaient de Reims à l'Assemblée nationale (Orig., Arch. nat., C 358, n° 22) : Nous croyons qu'il est temps de séparer La Fayette de son armée par un acte qui en impose aux coupables et qui réveille le courage des hommes faibles ou trompés. Il faut contre lui un décret d'accusation. Il serait bon de demander aux armées la prestation de serment de défendre la liberté et l'égalité. Elles ne peuvent rester à la solde de la nation et servir un général qui veut les mener à la guerre civile.