LE GÉNÉRAL LA FAYETTE

1757-1834

 

LE GÉNÉRAL LA FAYETTE.

 

 

VI

 

La Fayette débarque à New-York le 4 août 1784 et est reçu avec enthousiasme. — Il visite Philadelphie et arrive, le 19 août, à Mount Vernon. — Entrevue émouvante avec Washington. — Brillante réception à Baltimore le 1er septembre. — Conférence au fort Schuyler avec les chefs indiens et conclusion d'un traité entre eux et les Américains. — Il visite Albany, Hartford et Worcester. — Entrée triomphale à Boston. — Célébration de l'anniversaire de la capitulation de Cornwallis à Yorktown (19 octobre 1784), et réjouissances à cette occasion. — Réception à Salem le 29 octobre et visite à Cape-Anne, Marble-Head, Beverley, Newbury-Port, Portsmouth, Providence, Rhode-Island et Newport. — Il est conduit par la frégate la Nymphe à l'embouchure de la rivière d'York. — Voyage en Virginie et réception à Williamsburg. — Il retrouve à Richmond, le 15 novembre, Washington et repart avec lui pour Mount Vernon. — Tous deux sont acclamés à Alexandrie et à Annapolis. — La Fayette reçoit de l'Etat de Maryland des lettres de naturalisation. — Touchants adieux de Washington à La Fayette et fragment d'une admirable lettre de lui. — Voyage en Virginie. — Imposante manifestation du Congrès réuni à Trenton, le 11 décembre 1784. — Lettre d'adieux de La Fayette à Washington. — Départ de New-York sur la frégate la Nymphe, le 21 décembre 1784.

 

Après une traversée de trente-quatre jours, La Fayette aborda, dans le port de New-York, le mercredi 4 août 1784 ; il fut reçu avec le plus grand enthousiasme et dès le lendemain on lui offrit un grand dîner[1]. Il visita les fortifications qui avaient été élevées en 1776 pour la défense de la ville et il partit pour Philadelphie, où il arriva le 10 août. Accueilli au son des cloches et au bruit du canon, conduit solennellement chez le gouverneur, il fut acclamé par les habitants, qui illuminèrent leurs maisons. Le 11, le corps législatif de Pennsylvanie vint le féliciter. L'adresse qu'il lui présenta se terminait par ces mots : Puisse votre séjour en Amérique vous être aussi agréable qu'il le sera à une nation qui ne pourra jamais oublier la belle conduite et les grands talents du marquis de La Fayette. Le général répondit en termes émus à ces témoignages si flatteurs[2]. Le 14 août, il quitta Philadelphie, coucha, le 15, à Baltimore et arriva, le 17, à Mount Vernon, but principal de son voyage[3]. Washington reçut La Fayette avec une sollicitude toute paternelle[4]. Les deux amis passèrent ensemble dans cette douce retraite quelques jours heureux, car ils jouissaient de la joie de se revoir après l'accomplissement d'une grande tâche et dans les loisirs d'une paix glorieusement conquise. Il fallut se séparer ; le 28 août 1784, La Fayette prit congé de Washington, mais sous la promesse de se revoir encore avant de rentrer en France. Le 31, il entra dans Baltimore. C'était là qu'il avait, en 1780, réorganisé son armée, grâce au dévouement des citoyens et des citoyennes de la ville. Aussi son souvenir y était-il resté vivace. Le 1er septembre, un dîner de trois cents couverts fut offert au général dans la grande salle de l'Hôtel de Ville et on lui présenta une adresse rappelant qu'il avait été le sauveur de la cité, menacée par l'armée anglaise. La Fayette répondit modestement que cet heureux succès avait été dît plutôt à la bravoure des Américains qu'à ses faibles talents[5]. Les Irlandais nouvellement arrivés à Baltimore le congratulèrent aussi et la soirée se termina par un bal, qui rappela au marquis celui où il avait jadis obtenu que les clames de la ville fissent des chemises pour ses pauvres soldats.

La Fayette s'arracha aux charmes de cette hospitalière cité et revint à New-York le 2 septembre 1784. Il écrivit, le 15, au comte de Vergennes, qu'il partait pour un traité de sauvages[6]. En effet, il se rendit à Albany, où le corps municipal lui offrit un diplôme de citoyen enfermé clans une boîte d'or et donna un grand dîner en son honneur. Le 20 septembre, il s'embarqua sur la rivière d'Hudson, avec le chevalier de Caraman et Barbé de Marbois, pour le fort Schuyler. Une assemblée de sauvages y eut lieu le 26 septembre, dans le but de conclure un traité avec les Américains. La Fayette rappela aux Indiens combien les prédictions qu'il leur avait faites dans sa première réunion avec eux s'étaient réalisées et il les engagea à vivre en bonne intelligence avec les vainqueurs. Il terminait ainsi son discours :

Si vous avez ouvert les oreilles et bien entendu mes paroles, je vous en ai dit assez. Répétez-les les uns aux autres, tandis que sur l'autre bord du grand lac je recevrai avec plaisir de vos nouvelles, et jusqu'au moment où nous fumerons ensemble, où nous coucherons encore sous la même écorce, je vous souhaite bonne santé, chasses heureuses, union, abondance, et le succès de tous les rêves qui vous promettent du bonheur.

Le chef des Mokawks, Tocksicanéhiou, répondit Kayewla — c'était le nom indien du général :

Oui, mon père, nous voyons que tout ce que tu nous as dit est vrai, que l'alliance entre l'Amérique et la France serait une chaîne indissoluble et que ceux qui en douteraient pourraient passer le grand lac et voir par eux-mêmes. Mon père, les paroles que tu as prononcées aujourd'hui seront publiées parmi les six nations ; elles vont fortifier la chaîne d'amitié que nous désirons voir durer toujours.

 

Le lendemain 27 septembre, la Sauterelle, orateur des nations amies, présenta à La Fayette le collier que le comte de Montcalm avait remis aux Indiens en signe d'amitié vingt ans auparavant, et le général, en lui rendant ce gage de paix, félicita les sauvages de leur fidélité. Hoktawitchy, chef huron, et Towanéganda, chef des Sénécas, firent aussi des discours[7]. Cette conférence amena la conclusion d'un traité entre les Américains et les Indiens, qui fut signé le 14 octobre et qui déjoua les intrigues anglaises[8].

La Fayette, satisfait de l'accueil des Indiens et du résultat obtenu, revint à Albany, visita Saratoga, Hartford et Worcester, et s'arrêta à Water-Town, localité située à trois lieues de Boston, et où les habitants de cette cité, venus à sa rencontre, lui offrirent à dîner dans l'auberge de la ville. L'entrée à Boston fut triomphale. La Fayette, accompagné du comte de Granchain, commandant la frégate la Nymphe, du chevalier de Caraman et du major général Henry Knox, précédé de fifres, de tambours et du corps de musique, escorté d'une foule immense, arriva à l'auberge de Whigs et, du haut d'un balcon, remercia les citoyens. Une adresse lui fut présentée par Knox, au nom des officiers de la ligne de Massachusetts. et le général se glorifia d'être le fils adoptif et le disciple de Washington[9]. Le 19 octobre 1784, la ville de Boston célébra l'anniversaire de la reddition de lord Cornwallis à Yorktown. A cette occasion, le Conseil exécutif et les membres des deux Chambres de l'Etat de Massachusetts firent à La Fayette une réception solennelle. Un repas de cinq cents couverts eut lieu à l'Hôtel de Ville et, à un moment donné, un rideau placé derrière le général tomba et laissa voir le portrait de Washington, couronné de lauriers et de fleurs et encadré par les drapeaux de France et d'Amérique. La Fayette ressentit une vive émotion de cette attention délicate ; rien ne pouvait lui plaire davantage que d'être ainsi associé à la gloire de son illustre ami. Un bal suivit le banquet ; la ville était illuminée et dans les jardins de Mme Hayley, sœur de John Wilkes, un des chefs du parti libéral anglais, on tira un feu d'artifice[10].

Le général s'arracha à ces réjouissances et arriva, le 29 octobre, à Salem, toujours accompagné du comte de Grandchain et du chevalier de Caraman. Les cloches sonnaient à toute volée et le peuple l'acclama. Le corps municipal lui présenta une adresse et La Fayette y répondit avec son affabilité habituelle[11]. De Salem, il visita Cape-Anne, Marble-Head, où les veuves étaient nombreuses, car la moitié de la population masculine avait péri pendant la guerre, Beverley, Newbury-Port et Portsmouth. De là, il revint à Boston, visita Providence. Rhode-Island et Newport, qui lui rappelaient tant de souvenirs, repassa par Boston et s'embarqua dans cette ville sur la frégate la Nymphe, qui le conduisit à l'embouchure de la rivière d'York-, dans la baie de Chesapeake. Il voulait revoir cette Virginie, où il avait acquis tant de gloire militaire. Les habitants de Williamsburg vinrent le recevoir et le général Nelson lui donna l'hospitalité[12]. Enfin, le 15 novembre 1784, La Fayette entra dans Richmond, où Washington l'attendait[13]. Après avoir été congratulés par la Chambre des délégués, les deux amis se rendirent à Mount Vernon pour y goûter quelque repos. Puis ils visitèrent les cités d'Alexandria et d'Annapolis, où on les fêta avec enthousiasme. L'Etat de Maryland donna au marquis des lettres de naturalisation pour lui et ses descendants mâles[14]. Enfin, l'heure de la séparation sonna : Washington fit à La Fayette d'affectueux adieux ; il lui donna sa bénédiction paternelle et l'embrassa avec émotion. Il lui remit une lettre destinée à la marquise et où il écrivait :

Le marquis retourne vers vous avec toute la chaleur et l'ardeur d'un amant nouvellement enflammé. Nous vous le rendons en bonne santé, couronné des guirlandes de l'amour et du respect de toutes les parties de l'Union. Puisse ce retour vers vous, sa famille et ses amis, être favorable et aussi heureux que vous pouvez le souhaiter ; puissiez-vous vivre longtemps ensemble, respectés et aimés, et transmettre a une nombreuse postérité les vertus que vous possédez tous deux[15].

Washington quitta Annapolis le 30 novembre 1784, pour rentrer à Mount Vernon. Il a dépeint lui-même à son ami, dans des termes admirables, les impressions de son cœur :

Au moment de notre séparation, sur la route, pendant le voyage, et depuis lors, à toute heure, j'ai ressenti profondément tout ce que le cours des ans, une étroite union et votre mérite m'ont inspiré d'affection, de respect, d'attachement pour vous. Pendant que nos voitures s'éloignaient l'une de l'autre, je me demandais souvent si c'était pour la dernière fois que je vous avais vu ? Et malgré mon désir de dire non, mes craintes répondaient oui. Je rappelais dans mon esprit les jours de ma jeunesse, je trouvais qu'il y avait bien longtemps qu'ils avaient fui pour ne plus revenir, que je descendais à présent la colline que j'ai vue cinquante-deux ans diminuer devant moi ; car je sais qu'on vit peu de temps dans ma famille, et, quoique doué d'une constitution forte, je dois m'attendre à reposer bientôt dans la funèbre demeure de mes pères. Ces pensées obscurcissaient pour moi l'horizon, répandaient un nuage sur l'avenir, par conséquent sur l'espérance de vous revoir. Mais je ne veux pas me plaindre, j'ai eu mon jour[16].

 

Si La Fayette, par l'effet de son âge et de sa nature, n'avait pas de si graves pensées, son cœur n'était pas moins triste en s'éloignant, sur la route de Baltimore, de celui qu'il chérissait comme un père. Il ne fit que traverser cette dernière ville et Philadelphie et il arriva à Trenton, dans le New-Jersey, le 8 décembre 1784. Le Congrès y tenait séance et il résolut de faire en l'honneur du général une imposante manifestation : un Comité, composé d'un membre de chacun des treize États, porta à La Fayette, le 11 décembre, les félicitations du Congrès tout entier. Le héros de cette fête répondit avec émotion :

J'embrasse avec joie cette occasion favorable de remercier le Congrès de la confiance dont il m'a honoré pendant tout le cours de la révolution. Elle commença lorsque, jeune encore et sans expérience, je ne pouvais réclamer que l'adoption paternelle dont mon illustre et respectable ami m'avait cru digne ; elle m'a été continuée avec la plus touchante bienveillance dans toutes les circonstances politiques et militaires de la guerre[17].

De plus, le président du Congrès remit à La Fayette une lettre pour le roi Louis XVI, où les louanges du porteur n'étaient pas épargnées. Le marquis revint à New-York, le 15 décembre 1784, et il eut le plaisir d'y voir son vieil ami et compagnon d'armes, le général Greene, venu à cet effet de Hartford. Enfin, le 21 décembre, il s'embarqua au port de White-Hall avec le chevalier de Caraman sur le canot de la Nymphe, et fut salué par treize coups de canon. A peine arriva-t-il à bord de la frégate, que le capitaine de Grandchain répondit au salut des habitants de New-York[18]. Au moment de quitter l'Amérique, La Fayette remercia Washington de sa lettre du 8 décembre[19] et lui adressa un dernier et tendre adieu :

Non, mon cher général, notre récente séparation ne sera pas un dernier adieu. Mon âme se révolte à cette idée, et, si je pouvais un instant accueillir une telle pensée, en vérité, elle me rendrait malheureux. Je vois bien que vous ne viendrez jamais en France ; je ne puis espérer l'inexprimable plaisir de vous embrasser dans ma maison, de vous recevoir dans une famille où votre nom est adoré...

Adieu, adieu, mon cher général, c'est avec une peine inexprimable que je sens que je vais être séparé de vous par l'Atlantique. Tout ce que l'admiration, le respect, la gratitude, l'amitié et l'amour filial peuvent inspirer, se réunit dans mon cœur pour le dévouer bien tendrement à vous. Je trouve dans votre amitié une félicité que des paroles ne peuvent pas rendre. Adieu, mon cher général ; ce n'est pas sans émotion que j'écris ce mot, quoique je sache que je reviendrai bientôt. Veillez sur votre santé. Donnez-moi de vos nouvelles tous les mois. Adieu, adieu[20].

 

Les pressentiments de Washington ne le trompaient pas ; quoiqu'il dût vivre encore quatorze années, la séparation était définitive et les deux amis ne se revirent jamais.

 

 

 



[1] Cf. Saint-John de Crèvecœur, Lettres d'un cultivateur américain, édition de 1787, t. III, p. 316 et 317. C'est à cet ouvrage que sont empruntés la plupart des détails donnés ici sur le troisième voyage de La Fayette aux Etats-Unis.

[2] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p. 319 à 321.

[3] Cette date est fournie par une lettre du 20 août 1784, adressée par Washington au comte de Rochambeau, et où on lit : Je vous remercie de votre lettre du 16 juin, remise par le marquis de La Fayette, qui est arrivé il y a trois jours. (Cf. Jared Sparks, t. IX. p. 55.)

[4] Washington étendait son affection à la marquise de La Fayette. Le 4 avril 1784, il avait écrit à celle-ci une lettre, dont voici le passage le plus intéressant : Quelque grand que soit votre titre à mon affection, comme femme française ou américaine, ou comme épouse de mon aimable ami, vous en avez d'autres auxquels on peut donner la palme. Les charmes de votre personne et la beauté de votre visage ont un pouvoir plus efficace. C'est cela, Madame, qui vous a fait aimer de moi, et tout ce qui tient à votre nature aura droit à mon affection. George et Virginie, les enfants de votre amour, dont les noms font honneur à mon pays et à moi-même, y ont un double droit et seront l'objet de mes vœux. (Cf. Jared Sparks, t. IX, p. 38.)

[5] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p. 327 et 329. — Voici le texte de cette allocution, tel qu'il fut publié par le Courrier de l'Europe, dans son numéro du 9 novembre 1784, p. 302 :

Messieurs, je me sens infiniment honoré de recevoir ce témoignage flatteur du plaisir que vous cause mon arrivée et j'éprouve la plus vive satisfaction de voir la ville de Baltimore dans un état aussi florissant. C'est à la fermeté et à la bravoure avec lesquelles vous vous êtes conduits contre l'ennemi que vous devez attribuer les heureux succès de vos armes, et non aux faibles talents que je puis avoir en partage. Le bonheur de l'Amérique ne peut m'être indifférent, c'est un devoir sacré pour moi d'y veiller. La déclaration que la France vient de faire de quatre ports francs est une démarche qui, je n'en doute nullement, tournera à l'avantage du commerce de ce pays et resserrera les liens qui doivent h jamais unir les deux nations. Je vous remercie très sincèrement, Messieurs, de vos souhaits obligeants, et voûterai toujours le plaisir le plus vif en apprenant que les citoyens de Baltimore et la nation en général jouissent d'un sort heureux.

[6] Cf. Mémoires de La Fayette.

[7] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p. 334 et 338, et les Mémoires de La Fayette. — Les Indiens donnèrent au chevalier de Caraman le nom de Skana-Houchy.

[8] Le 12 octobre, La Fayette écrivait au comte de Vergennes : Je n'ai pas quitté M. de Marbois ; il vous parlera du traité sauvage où nous avons été ensemble et où l'on a cru que je pouvais être de quelque utilité. Il est impossible de ne pas jouir de l'attachement que ces nations ont conservé pour nous. Ils aiment nos manufactures et peuvent avec un peu de soin nous offrir une petite branche de commerce. (Cf. Mémoires de La Fayette.) — Le Courrier de l'Europe, dans son numéro du 8 mars 1785, t. XVII, p. 147, publia l'information suivante, en annonçant le retour de La Fayette en France : Il a beaucoup contribué à la paix, conclue le 14 octobre dernier au fort Stanwix [Schuyler] entre les nations indiennes de la partie septentrionale et les Etats-Unis de l'Amérique. Le général Washington, M. de Marbois et le chevalier de Caraman assistèrent aux conférences des commissaires du Congrès avec les chefs des sauvages. Les harangues du marquis de La Fayette furent vivement senties et applaudies et elles eurent le succès désiré. — C'était exact, sauf la présence de Washington.

[9] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p. 346 à 349.

[10] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p. 353, et le Courrier de l'Europe, n° du 31 décembre 1784, p. 422.

[11] Le Courrier de l'Europe publia, dans son numéro du 31 décembre 1784, p. 422, l'information suivante sous la rubrique de Salem. 2 novembre : Son arrivée fut annoncée par le son des cloches, et son entrée dans Salem fut précédée et suivie d'une cavalcade des plus nombreuses : la populace, dont toutes les rues étaient remplies, faisait retentir les airs de ses acclamations. Le marquis salua tout le monde avec la plus grande affabilité. Il se rendit à la salle du concert au milieu de ce cortège et fut reçu par le corps municipal, qui lui présenta une adresse, à laquelle cet officier général répondit de la manière la plus obligeante...

[12] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p. 355 à 360.

[13] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p. 364 à 369.

[14] Le Courrier de l'Europe, t. XVII, n° du 20 mai 1785, p. 321, donne le texte de l'acte de naturalisation de La Fayette par les États du Maryland :

L'Assemblée générale de l'État du Maryland, jalouse de perpétuer un nom cher à la patrie et de compter au nombre de ses citoyens le marquis de La Fayette, ayant reconnu qu'à l'âge de dix-neuf ans il abandonna sa patrie et vint exposer sa vie pour la défense des libertés de l'Amérique ; qu'après avoir été nommé major général de l'armée américaine, il refusa généreusement les émoluments attachés à ce grade ; qu'il n'a combattu que pour mériter ce qu'il a obtenu, la réputation d'un zélé patriote et d'un brave soldat : que. nommé au commandement d'une expédition contre le Canada, il s'en acquitta à la satisfaction du Congrès ; qu'à la tête d'une armée en Virginie, il sut rendre inutiles les manœuvres d'un général ennemi des plus distingués, et mérita l'admiration des généraux les plus consommés : qu'il s'est attiré l'attention et s'est concilié l'amitié de l'immortel Washington : enfin qu'il a travaillé et réussi dans tout ce qu'il a entrepris pour porter le nom des États-Unis de l'Amérique au faîte du temple de la gloire : il a été arrêté par l'Assemblée générale du Maryland que mondit sieur marquis de La Fayette et ses descendants mâles seront à jamais et sont dès ce moment reconnus pour sujets de cet Etat, et jouiront dorénavant des immunités, droits et privilèges de citoyens, en se conformant aux lois et à la constitution dudit Etat.

[15] Cette lettre est datée du 25 novembre 1784. (Cf. Jared Sparks, t. IX, p. 73.)

[16] Voici le texte de cette lettre de Washington à La Fayette, datée de Mount Vernon, le 8 décembre 1784 :

In the moment of our separation, upon the road as I travelled, and every hour since, I have felt aIl that love, respect and attachment for y-ou, with which length of years, close connexion, and your merits have inspired me. I often asked myself, as our carriages separated, whether that was the last sight I ever should have of you ? And though I wished to say No, my fears answered Yes. I called to mind the days of my youth, and found they had long since fled to return no more ; that I was now descending the hill I had been iifty-two years climbing, and that, though I was blest with a g00d constitution, I was of a short-lived family, and might s00n expect to be entombed in the mansion of my fathers. These thoughts darkened the shades, and gave a gloom to the picture, and consequently to my prospect of seeing you again. But I will not repine ; I have had my day. (Cf. Jared Sparks, t. IX, p. 77.)

[17] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p. 373 à 375, et le Courrier de l'Europe, n° du 22 février 1785, p. 118.

[18] Cf. Saint-John de Crèvecœur, t. III, p.377. — La date du 25 décembre 1784, donnée par lui, est erronée. Celle des Mémoires de La Fayette, 2 janvier 1785, l'est encore davantage.

[19] C'est la lettre de Washington, dont un passage a été cité plus haut.

[20] Cette lettre fut écrite à bord de la Nymphe, le 21 décembre 1784. Washington adressa à La Fayette, d'Annapolis, le 23 décembre, une lettre où il lui souhaitait bon voyage et lui disait : Vous et vos héritiers mâles, vous avez été faits citoyens de cet État [de Virginie] par un acte de l'Assemblée. Vous en recevrez l'avis officiel. Cela est à propos (This is by the by). (Cf. Jared Sparks, t. IX, p. 82.)