LA PROVINCE ROMAINE PROCONSULAIRE D’ASIE

DEPUIS SES ORIGINES JUSQU’À LA FIN DU HAUT-EMPIRE

 

QUATRIÈME PARTIE — LES NOUVELLES RELIGIONS

CHAPITRE VI — LES FÊTES ET LES JEUX PUBLICS

Texte numérisé et mis en page par Marc Szwajcer

 

 

Je ne songe pas à entrer dans une étude complète du sujet, qui serait fort longue, mais il importe d’en donner un aperçu, car l’influence romaine a également pénétré par cette porte[1]. Le désir de simplifier m’amène à réunir dans le même chapitre les jeux municipaux et les jeux provinciaux ; au fond, leur caractère est le même, au point de vue religieux comme au point de vue politique, et les uns et les autres ont été un moyen de flatterie à l’égard de l’Empereur régnant.

Les concours n’étaient pas chez les Grecs, comme les spectacles d’aujourd’hui, de simples fêtes toutes profanes, c’étaient en principe des cérémonies sacrées ; on donnait des jeux, non pas purement et simplement, mais pour un dieu : c’était une forme du culte. De là vient que, dans l’organisation de ces concours, nous voyons si souvent intervenir des fonctionnaires religieux : un asiarque est quelquefois en même temps agonothète. En parlant des liturgies, j’ai été conduit à citer la plupart des ministres des jeux ; on a vu l’extrême variété d’attributions de ce genre de dignitaires, les conditions, très différentes suivant les villes, dans lesquelles ils s’acquittaient de leurs fonctions, consentant, sur leur bourse particulière, des sacrifices plus ou moins considérables. Il y a des agonothètes qui font les frais des récompenses, prennent soin de l’érection des statues que le peuple et le conseil décernent aux vainqueurs, et en versent le prix[2]. D’autres ne sont que des gérants, la boulé honorant elle-même le triomphateur έκ τών έαυτής πόρων[3]. Un épistate ou curateur se trouve quelquefois auprès de l’agonothète ; mais pas toujours, et ce dernier cumule fréquemment[4] ces deux ordres d’attributions. L’agonothète, en principe, n’a sans doute pas à contribuer de ses deniers ; peut-être ne garde-t-il à sa charge que la besogne matérielle des préparatifs, avec la présidence.

Il y avait deux sortes de jeux ou concours : les jeux scéniques (avec une variété qu’on appelait thyméliques) et les jeux gymniques. La préférence des Romains pour les derniers était très marquée, mais leur influence ne suffit pas à affaiblir la vive passion que les Grecs éprouvaient pour les autres. Les rivalités de ville à ville étaient stimulées, mais se taisaient en face d’un spectacle d’un grand éclat, et les populations d’alentour y venaient assister sans froissements d’amour-propre. La prêtresse Tata, à Aphrodisias, avait fait à ses concitoyens un genre nouveau de largesses en organisant des concours de cet ordre avec un tel faste que les habitants de toutes les villes voisines avaient afflué à Aphrodisias qui regorgeait de visiteurs[5] ; on voyait des acteurs en scène (σκηνικοί άγώνες), et des joueurs de flûte et des citharistes exécutaient des morceaux dans l’orchestre (θυμελικοί). Tata, nous dit l’inscription qui nous renseigne, τά πρωτεύοντα έν τή Άσία άκροάματα πρώτως ήγαγεν καί έδειξεν τή πατρίδι. Elle n’eut sans doute pas seulement recours aux artistes locaux, mais aux grandes compagnies qui existèrent de tout temps.

Déjà à l’époque alexandrine s’étaient formés des collèges d’artistes musiciens, accompagnés de poètes et d’histrions, extrêmement nombreux et placés sous l’invocation de Dionysos, dieu du théâtre. Constitués d’abord séparément dans chaque ville, ces synodes s’étaient agrégés eu une grande compagnie qui eut quelque temps son centre à Téos et fut honorée du droit d’asile. Elle se dispersa un jour[6] ; il y eut à nouveau des σπεΐραι ou petites confédérations[7]. Puis la tendance à se grouper en masse reprit le dessus ; nous le constatons sous les Antonins, et le mouvement paraît remonter au temps d’Hadrien ; les serviteurs de Dionysos formèrent une gigantesque corporation œcuménique, σύνοδος τών άπό τής οίκουμένης, qui n’absorba pas tous les petits collèges antérieurs[8], mais comprit au moins des artistes du monde entier et joignit au patronage de Dionysos celui des Empereurs[9]. Cette compagnie colossale, tout en conservant son unité, était divisée, dans l’intérêt même de son administration, en sections locales, dont les comités dirigeants se répartissaient entre les diverses parties de l’Empire. Une inscription nous fait connaître deux de ces branches de la grande compagnie ressortissant à Rome et à Éphèse[10]. Elle est en même temps un exemple des décrets que ces compagnies rendaient quelquefois, en faveur de quelque riche particulier dont les libéralités leur avaient été utiles. Les signatures montrent dans les membres de la société des hommes libres ; quelques-uns même soûl citoyens romains[11]. Ces hommes n’avaient pas de patrie réelle ; ils étaient citoyens de différentes villes qui leur avaient fait l’honneur de leur conférer le droit de cité, après quelque brillante victoire.

Mais il n’y avait pas que la fédération des artistes dionysiaques qui fût organisée sur ce modèle ; diverses inscriptions nous mentionnent également un synode œcuménique des hiéronices et des stéphanites[12], dont la prospérité dura plusieurs siècles ; une de ses sections formait une corporation reconnue à Tralles, et elle figure dans les dédicaces honorifiques à côté de la gérousie et des neoi ; elle concourut aux jeux Olympiques de la même ville. En cela elle ressemblait à la confrérie dionysiaque ; elle s’en distinguait en ce qu’elle ne comprenait pas uniquement des artistes acteurs ou musiciens, mais aussi des athlètes ; nous le voyons par l’épithète d’άλείπτης[13] donnée à l’un de ces hommes dans la lettre de Marc-Antoine au Koinon d’Asie. La société avait un patron ou proxène[14], et elle dépendait dans une large mesure du gouvernement de Rome.

Les Romains avaient conçu de tout temps nu profond mépris pour le métier d’acteur ; ils excluaient les gens de théâtre des magistratures et mettaient sur le même rang un histrion et un leno[15]. Ils atténuèrent ce dédain quand ils se trouvèrent en Grèce en face d’artistes dionysiaques, considérés dans ce pays comme des personnages sacrés ; la présence de ces hommes à Téos valut à la ville, de la part de Rome, reconnaissance du droit d’asile ; et la grande confédération des hiéronices et des stéphanites reçut des privilèges que Marc Antoine renouvela et que nous connaissons par les recommandations qu’il fit à ce sujet à l’assemblée provinciale : dispense de liturgies, du logement des gens de guerre, du service militaire, à une époque où on recrutait tant de soldats pour la guerre civile !

Une inscription nous permet de nous rendre compte, au moins en partie, de la physionomie de ces spectacles ; elle fait allusion aux jeux donnés à Aphrodisias à l’aide des sommes léguées par le riche Lysimaque[16] : artistes et spectateurs avaient été convoqués au son de la trompette ; les agonistes sont appelés dans leur ordre ; le héraut commande le silence, proclame le nom et la patrie de chaque concurrent[17]. On commence, semble-t-il, par déclamer des vers adressés aux mânes de Lysimaque, en finissant par un éloge de l’Empereur régnant[18] ; et ainsi s’achève le prologue. Puis concert de flûtes, d’instruments à cordes ; les chants se font entendre ensuite : voix de solistes ou chœurs. Et notons cette mention curieuse d’un κιθαρωδός enfant récompensé. Le chœur entonne des fragments de poètes tragiques. Et les histrions entrent en scène, car la partie purement musicale est terminée. En guise d’intermèdes, on danse la pyrrhique[19], ou des citharistes hommes se font entendre à nouveau.

Mais les concours gymniques n’avaient pas moins de vogue que les jeux scéniques : les spectacles du cirque et du stade faisaient les délices des Romains établis en Asie[20] : et le grand nombre de gymnases dont les inscriptions nous révèlent l’existence dans les villes de la proconsulaire, l’importance qu’y prenaient le- distributions d’huile nous éclairent assez sur le goût des Grecs eux-mêmes pour ces divertissements ; les habitants aimaient non seulement à y assister, mais à y prendre part : les neoi avaient des concours particuliers où ils luttaient entre eux[21], et même de jeunes enfants ; s’entraînaient à des combats, où le vainqueur gagnait pareillement l’estime publique[22]. Il arrivait que des fils de très illustres familles entreprissent un voyage dès leur enfance pour se mêler à des concours d’athlètes dans des villes éloignées et revenir chez eux chargés de couronnes et de prix[23].

Les anciens grands jeux de la Grèce sont en honneur ; les inscriptions qui rappellent les hauts faits des athlètes digues de mémoire attestent la mode persistante de tous les exercices du pentathle : jusqu’à une époque fort tardive, on voit encore porté avec orgueil ce titre d’alytarque, donné à l’organisateur suprême des jeux olympiques[24]. Mais les autres genres d’exercices plus proprement romains s’étaient imposés non moins complètement au pays : les combats de bêtes dans le cirque (venationes), grande attraction en Italie, avaient conquis bien des suffrages ; les représentations de gladiateurs s’étaient singulièrement multipliées, à en juger par le nombre des tombeaux particuliers réserves aux hommes de cette condition, et au fronton desquels on inscrivait celle formule toute latine : φαμιλία μονομάχων[25].

Des jeux nouveaux vinrent en honneur, parce qu’ils faisaient fureur en Italie : il en est un curieux, qu’on appelait les ταυροκαθάψια[26], exercice dangereux et d’une conception bizarre, exigeant de l’agilité et de l’audace, sans présenter pourtant ce caractère artistique et harmonieux, auquel étaient marqués ceux de l’ancienne Grèce. Originaire pourtant de Thessalie, il s’était vulgarisé à Rome où les Empereurs l’appréciaient, et de là il se répandit à Athènes et en Orient ; il y fit si belle fortune qu’on s’y intéressa parfois durant plusieurs jours consécutifs[27]. Le jeu présentait des risques, et c’est pourquoi, dans certaines villes, on lui réservait les condamnés à mort ; mais ailleurs, et notamment à Éphèse, on voyait s’y livrer par goût des jeunes gens des plus nobles familles[28].

Les maîtres de l’Asie, qui lui avaient donné des routes, des aqueducs, ne se bornèrent peut-être pas à des travaux utiles ; du moins on a retrouvé à Aphrodisias les traces d’un stade dont la disposition indique clairement une construction d’époque assez basse et une imitation des modèles romains. Dans ce domaine comme dans les autres, nous entrevoyons que l’autorité supérieure se fit un moyen de gouvernement de l’octroi de privilèges artistiques à quelques cités ; cinq inscriptions d’Aphrodisias mentionnent des ίερούς άγώνας donnés dans cette ville, prérogative rare due à une générosité qui émanait probablement de l’Empereur. Ils étaient accompagnés en effet d’actions de grâces solennelles, auxquelles on invitait à s’associer les habitants des villes voisines ; l’archonte adresse des remerciements aux représentants d’Apollonie du Salbacos, Cibyra, Héraclée, Hiérapolis et Tabæ, qui avaient accepté[29].

Au luxe et à la fréquence de ces solennités correspondaient la large variété et le haut prix des récompenses : c’était, soit une couronne, d’où le nom d’ άγώνες στεφανΐται[30] ou φύλλινοι[31], soit une somme d’argent, ce qui valait aux jeux la qualification d’άργυρΐται ou θεματικοί[32] ou θεματΐται[33], ou encore χρηματΐται[34]. Le prix atteignait parfois jusqu’à un talent, pour les concours dits άγώνες ταλαντιαΐοι[35]. On est stupéfait d’apprendre que les jeux les plus estimés ne procuraient au vainqueur qu’une couronne de feuillage ; mais celle apparence de désintéressement s’explique par des satisfactions de vanité. Le plus grand triomphe était obtenu dans les jeux (ε)ίσελαστικοί[36] : le vainqueur avait le droit d’être introduit (είσελαύνειν) en grande pompe dans sa patrie, le front ceint de sa couronne et monté sur un quadrige, par la broche pratiquée spécialement pour lui dans les murs de la ville[37].

La hiérarchie des récompenses et des honneurs variait enfin naturellement suivant que les jeux, dits œcuméniques, se passaient devant des spectateurs du monde entier, ou qu’il ne s’agissait que de πολιτικοί άγώνες, les citoyens, ou leurs fils, étant seuls admis à concourir[38]. Les premiers surpassaient les autres, niais personne ne méprisait les derniers ; il ne fallait pas que là gloire athlétique passât tout entière à ces étrangers qui s’enrichissaient en parcourant le monde romain ; plus d’un citoyen sédentaire ne renonçait pas à l’ambition de devenir dans sa cité un παραδοξος, nom réservé au vainqueur d’un grand jeu dans la langue grecque d’alors, profondément dégénérée. La distribution des récompenses était d’ailleurs une partie du spectacle fort goûtée ; et comme il y avait lieu de prévenir les entraînements de générosité de la foule — à moins que les jeux ne provinssent d’une libéralité particulière, auquel cas il fallait bien tenir compte de la volonté du donateur —, le logiste fixait le montant des prix aussi bien que des sommes à consacrer à l’organisation des jeux. Les Hellènes avaient peut-être l’admiration facile ; une fois on récompensa un champion qui, sans vaincre absolument, avait fait belle figure dans la lutte[39].

Les Grecs d’Asie, qui avaient si volontiers élevé à leurs maîtres des statues et des temples, leur dédièrent des jeux de très bonne heure aussi. L’exemple avait été donné déjà par Alabanda, même au temps de l’indépendance[40] ; les habitants de Magnésie du Méandre le suivirent sans retard. Une inscription de cette ville[41] — en deux fragments, dont l’un est de la fin du IIe siècle avant notre ère, l’autre du commencement du premier — donne les noms des concurrents qui ένίκων τόν άγώνα τών ‘Ρωμαίων. Ils sont nommés ποιηταί καινών δραμάτων et divisés en trois catégories suivant leurs spécialités : τρσγωδιών, κωμωδιών, σατύρων. Ces solennités artistiques semblent s’être poursuivies durant une longue période[42].

Les premiers gouverneurs honnêtes et consciencieux furent glorifiés sous cette forme : je rappellerai le grand-pontife Mucius Scævola, pour qui furent célébrés des Μουκίεια[43], L. Valerius Flaccus et les fonds réunis à Tralles pour l’honorer dignement[44], C. Marius Censorinus, à la gloire de qui prirent naissance les Censorinea de Mylasa[45]. Mais les gouverneurs ne jouirent pas d’un privilège exclusif : Milet donna des jeux Capitolins, du nom d’une vieille divinité romaine[46] ; à Éphèse, il en fut célébré en l’honneur de Rome seule[47], ainsi qu’à Stratonicée[48] et à Rhodes[49] et dans la ville voisine de Lagina, pour Hécate et Rome tout ensemble. La victoire d’Actium avait décidé les Grecs à manifester un grand enthousiasme pour fléchir le vainqueur qui pouvait les traiter à sa guise : on la célébra, à Samos où Auguste passa plusieurs hivers, par des jeux nouveaux auxquels il est clair que l’Empereur dut assister[50] ; des Άκτια sont rappelés aussi sur plusieurs monnaies d’Hiérapolis[51], on en donnait encore à Sardes au temps de Caracalla et même sous Sévère-Alexandre[52] ; et il en dut exister d’autres, car le retentissement de la victoire avait été très grand en Lydie, où Ton prit cet événement pour point de départ d’une ère nouvelle. Il y eut pareillement des Agrippea à Cos[53]. Les fêtes marchaient de pair avec la religion, ou plutôt elles en faisaient partie intégrante ; elles suivirent donc la même évolution : nous avons constaté l’association des anciens cultes avec celui des Empereurs ; cette méthode fut naturellement appliquée aux jeux.

Si nous commençons par la capitale, nous verrons que les Βαρβίλληα, fameux concours d’athlètes et de musiciens[54], étaient devenus οί άγώνες Σεβαστοί Βαρβίλληοι[55], et Hadrien avait, avec Zeus Olympien, sa part d’hommage dans les Άδριάνεις Όλύμπια έν Έφέσω[56].Téos professait une grande vénération pour Dionysos ; sous les Empereurs il y eut des πενταετηρικοί άγώνες Διονυσιακοί Καισάρηοι[57] ; à Philadelphie : τά μεγάλα Σεβαστά Άναείτεια, rappelant à la fois le culte des Césars et celui d’Anaïtis, divinité de Lydie[58]. A Hiérapolis, les Πύθια Άκτια Λητ<ι>όεις Πύθια[59]. A Pergame, avant que le nom des divinités locales eût disparu, ce qui se produisit de bonne heure, on célébra des Τραΐάνεια Δειφίλεια[60] ; à Laodicée, ce sont des Δεΐα Σεβαστά οίκουμενικά[61]. Mais ces associations ne furent peut-être pas générales, ou elles n’eurent dans quelques localités qu’une durée éphémère : les jeux en l’honneur des anciennes divinités ne disparurent pourtant pas : il y eut des Άρτεμίσια à Éphèse, célébrés chaque année au mois d’Artémisios[62], et où l’on ne voit aucune part laissée au culte des Césars ; Thyatira garda ses Τυρίμνεια, ainsi appelés du nom de la vieille divinité nationale, Tyrimnas[63]. Seulement ces exemples se font toujours plus rares, alors qu’au contraire la série des jeux consacrés aux Empereurs s’accroît régulièrement. Les Αύγούστεια sont particulièrement nombreux, mais on se rappelle qu’il n’est pas toujours aisé de savoir si ce nom d’Auguste, sous ses diverses formes, désigne réellement le vainqueur d’Actium ou simplement quelqu’un de ses successeurs. On trouve ainsi à Éphèse un άγωνοθέτης τών τοΰ Σεβαστοΰ άγώνων dans une inscription qui paraît dater de Claude[64]. Il y eut des Αύγούστεια à Thyatira[65], dégagés des anciens μεγάλα ίερά Αύγούστεια ίσοπύθια[66] ou οίκουμενικοί άγώνες Αύγούστειοι Πύθιοι[67], à Tralles également et à Gadi[68]. On tint compte quelque temps du compromis qu’Auguste avait adopté pour calmer les susceptibilités romaines, en ne permettant pas qu’on séparât sou culte de celui de Rome[69]. Les Καισάρεια ou Καισάρηα ne sont pas plus rares ; il en fut donné dans de nombreuses villes d’Asie[70].

Du reste, sur l’organisation des jeux comme sur l’établissement des sanctuaires impériaux, Rome eut soin de maintenir son contrôle discret, mais toujours en éveil, et nous avons trace, encore ici, de la nécessité formelle, dans certains cas, d’une autorisation préalable ; il nous est resté le fragment suivant d’un sénatus-consulte rendu eu réponse à une demande des Pergaméniens : Il convient que le certamen είσελαστικόν qui a été établi en l’honneur du temple de Jupiter Amicalis et de l’Empereur Trajan soit donné dans les mêmes conditions que celui qui est célébré en l’honneur de Rome et d’Auguste.....[71] Suit sur la pierre le début d’une constitution impériale : Comme, suivant ma constitution, un jeu quinquennal eiselastikon a été fondé à Pergame par mon ami le sénateur Julius Quadratus, et que le Sénat l’a décrété ejusdem juris que le concours institué dans la même cité en l’honneur de Rome et d’Auguste, il faudra que les mêmes récompenses soient distribuées aux vainqueurs dans ce jeu et dans l’autre.

Qui se chargera de faire, à l’aide de ces deux textes, le départ entre les droits de décision de l’Empereur et ceux du Sénat en matière de jeux ? Il y eut une première constitution impériale, puis un sénatus-consulte et une nouvelle constitution de teneur conforme au sénatus-consulte. Tout devait dépendre en pratique du désir plus ou moins grand de l’Empereur de tout régler par lui-même : ainsi Hadrien, philhellène et curieux de tout ce qui touchait à l’art, intervint sans doute en personne plus fréquemment qu’un autre ; il rendit une constitution réglementant des fêtes de Smyrne, probablement les Olympia Jovialia Hadrianea, car dans cette ville il était qualifié d’Olympios ; elle était assez détaillée, puisque les habitants demandèrent à son successeur, Antonin le Pieux, de leur en envoyer un exemplaire[72], — afin, je pense, d’en connaître les dispositions exactes.

En général, le prince ne devait pas s’occuper de ces questions secondaires ; le logiste, son représentant, suffisait à préserver les intérêts et la dignité de Rome. Il semble même que ce fonctionnaire ait laissé aux villes à cet égard une certaine liberté d’allures. A Aezani, le peuple rendit un décret qui, dans l’état mutilé où il nous est parvenu, demeure obscur ; on y croit voir seulement que l’assemblée accepte ou approuve la donation des revenus d’un village, affectés dorénavant aux concours institués eu l’honneur d’Auguste et de Livie[73]. Un décret de Chios a pour objet l’emploi du principal et des intérêts d’une somme donnée ou léguée à la ville pour la célébration des jeux Augustes[74] : ces fonds seront placés intégralement ; interdiction aux administrateurs, pour cinq ans, de loucher au capital et aux arrérages ; ils verseront ensuite les intérêts entre les mains des commissaires des fêtes peu de temps avant qu’elles ne commencent. — Les provinciaux devaient solliciter quelquefois l’intervention de l’autorité romaine, mais dans une autre intention : les fêtes duraient d’habitude plusieurs jours, des foires s’ouvraient en même temps dans le voisinage du temple ; il est possible que, contrairement à la pratique ordinaire, la liberté des transactions dans ces marchés ou bazars[75] ait été complète et que les vendeurs n’aient eu à payer aucun droit. On a pu le déduire d’une inscription d’une autre province[76], et celle de Pergame, citée plus haut, mentionne (à la ligne 30) des gens du marché ; on ne comprendrait pas cette allusion, si l’Empereur n’avait accordé quelques diminutions de droits ou franchises douanières, pour qu’acheté à bas prix le vin coulât à flots dans ces cérémonies.

Un point à noter, c’est que, dans la liste des jeux impériaux, parmi les noms particuliers des Césars, très peu sont représentés. Au premier siècle, Αύγούστεα ou Σεβαστά reste la dénomination habituelle ; beaucoup de jeux portent ensuite le nom d’Hadrien[77]. Puis ce sont des Άντώνεια ou Άντωνείνις[78], nom général pour les fêtes en l’honneur de tous les Antonins — et cependant il existait des Κομμόδεια[79] ; on inaugure des Φιλαδέλφεια pour se réjouir de la concorde, bien éphémère, de Caracalla et de Geta[80]. Viennent ensuite les Σεβήρεια ou Σεβήρειοι άγώνες[81], que je croirais devoir rapporter seulement à Sévère-Alexandre, car Septime-Sévère fut sans doute compté au nombre des Antonins.

A Aphrodisias, ce sont enfin les Γορδιάνεια ou Γορδίανα[82], (on ajoute même Καπιτώλια), qui portent parfois le nom plus complet d’Αττάλεια Γορδιάνηα Καπιτώλια. Comment expliquer ces qualifications ? On peut songer à quelque Attale qui aurait institué ces concours à ses frais, encore que l’usage ne soit pas en Asie de donner à des jeux le nom de leur fondateur, mais plutôt celui de la divinité ou du personnage en l’honneur de qui ils sont célébrés. M. Ramsay croirait volontiers à un vieux souvenir de l’époque royale, qui se serait réveillé, attendu, dit-il, qu’il y a au IIIe siècle, dans les cités d’Asie, des signes d’une résurrection du sentiment national et d’un rajeunissement des institutions ; on revient aux coutumes antérieures à la domination de Rome[83]. Mais d’abord, à supposer qu’un sentiment national — de quelle nation ? — ait reparu à cette époque, je n’imagine guère qu’il ait pu se rallier autour du nom des Attales, qui n’étaient rien moins pour ces populations que des chefs nationaux. D’autre part, comment le fait n’est-il constaté qu’à Aphrodisias ? Nous n’avons pas d’exemples semblables pour Pergame, la capitale pourtant dé l’ancienne dynastie ; nos sources n’indiquent aucun autre concours dont le nom rappelle à l’époque romaine quelque roi de ce pays.

Ces fêtes se sont multipliées dès la fin des temps hellénistiques ; elles se renouvellent plus fréquemment, et plus d’une ville qui n’en avait pas tenté l’entreprise, se met à en organiser. Il faut ici écarter la notion du néocorat. Sans doute, dans toutes les cités néocores, actives et riches, il dut y avoir des jeux ; mais d’autres, non néocores, en célébrèrent aussi eu l’honneur du prince régnant. Le Koinon d’Asie suffisait à construire et entretenir des temples sur plusieurs points de la proconsulaire, mais non à célébrer des concours provinciaux, tous les ans, dans des régions diverses ; on n’en put donner à ses frais et sous sa direction que dans une ville à la fois, celle où se réunissait l’assemblée provinciale. Ceux-là s’appelaient les κοινά Άσίας, du nom de l’assemblée ; mais quelquefois ils portaient en outre d’autres noms, qui rappellent ceux d’un Empereur ou des Césars en général. En souvenir de ces fêtes dirigées par le Koinon sur leur territoire, les cités frappaient volontiers des médailles commémoratives signées de l’asiarque ou du magistrat éponyme ; les inscriptions font aussi, à ces joyeux événements, des allusions fréquentes, et ce double secours nous permet de dresser le tableau suivant des Koina dont il nous est parlé ; on remarquera qu’ils ne sont signalés que dans des cités néocores, mais dans presque toutes ; et si quelques-unes font encore défaut dans cette récapitulation ; ce n’est, il faut le croire, qu’insuffisance de documents.

CyziqueCIG, 3674, 3675 : Άδριάνεια Όλύμπια κοινόν Άσίας ; IBM, 611 ; KAIBEL, IGS, 738.

Éphèse — IBM, 605 : κοινά Άσίας έν Έφέσω άγενείων πυγμήν ; ECKHEL, II, p. 521 ; BCH, XI (1887), p. 80.

Hiérapolis — BABELON, Coll. Waddington, 6185.

LaodicéeIBM, 605 ; HEAD, Hist. num., p. 566.

PergameCIG, 1720, 2810, 2810b add., 5806 ; KAIBEL, IGS, 746 ; BCH, V (1881), p. 231 : ‘Ρωμαΐα Σεβαστά τά τιθεμένα ύπό τοΰ κοινοΰ τής Άσίας έν Περγάμω (alors sans doute qu’il n’y avait pas encore d’autre temple provincial que celui de Pergame) ; XI (1887), p. 80.

PhiladelphieCIG, 1068, 3428 ; BCH, IX (1885), p.69, l. 34-5 ; Ath. Mit., XXV (1900), p. 123, 124 ; BABELON, Coll. Waddington, 5158.

SardesCIG, 5918a ; CIA, III, 129 ; KAIBEL, IGS, 1113 ; Ath. Mit., VIII (1883), p. 327 ; HEAD, Hist. num., p. 553.

SmyrneCIG, 247, 1720, 2810b add., 3208, 3910, 5804, 5913, 5918b ; CIA, III, 128, 129 ; KAIBEL, IGS, 739, 746, 747,1102, 1113 ; Ath. Mit., VII (1882), p. 255 ; PHILOSTR., p. 530, éd. Didot ; GrCBM, Ionia, p. 283 : πρώτα[84] κοινά Άσίασ Σμυρναίων ; p. 294, 295, 299 : — έν Σμύρνη ; MACDONALD, Hunterian Collection, II, p. 383, 388.

A l’époque de l’indépendance déjà, on distinguait les jeux suivant leur périodicité : ils étaient dits πενταετηρικοί, τετρετηρικοί, τριωτηρικοί, κατ' έτος enfin quand ils avaient lieu chaque année. La plupart, sans doute, revenaient tous les cinq ans ; Suétone parle de jeux quinquennaux organisés dans quelques villes[85] ; les frais, en effet, étaient lourds, et d’assez petites villes en avaient fait l’entreprise sans être aidées par des fondations particulières. Mais en était-il ainsi des Κοινά Άσίας ? C’est l’avis de M. Monceaux[86]. J’avoue n’être pas très touché par ses arguments.

Il cite une inscription où on lit : les Isthmiques et les Koina d’Asie et les autres jeux quinquennaux[87]. En langue française, il n’y aurait pas de doute, il ne s’agirait dans ce texte que de jeux quinquennaux ; mais la phrase grecque n’a pas la même inflexibilité. Et, ce qui le prouve bien, c’est une autre inscription, citée par M. Monceaux lui-même, et qui porte : Les Isthmiques et les Koina d’Asie et les autres jeux quinquennaux et triennaux[88]. Ce sont les mêmes qu’on voit mentionnés dans les deux cas ; ils ne pourraient avoir à la fois deux périodicités différentes.

Ce rapprochement a sans doute une tout autre portée : on prend soin de désigner seulement, parmi les jeux municipaux, ceux qu’il était d’usage de célébrer à plus longs intervalles ; cette rareté permettait un plus grand faste, en rapport avec la pompe déployée dans les jeux provinciaux.

L’inscription d’Éphèse invoquée par le même auteur — Tib. Julius Reginus, asiarque pour la deuxième fois des temples d’Éphèse τής φιζ’ πενταετηρίδος[89] — n’a rien de décisif. Nous ignorons le rôle de l’asiarque en matière de jeux ; au surplus, il s’agit là, non de l’asiarque suprême, sans titre additionnel restrictif, mais de l’asiarque d’un temple ; cette πενταετηρίς me paraît avoir un caractère essentiellement local. Enfin, étant donné la longueur de notre liste d’asiarques, M. Monceaux devrait aujourd’hui renoncer, ou à sa définition de ces personnages, ou à sa thèse de la quinquennalité.

Un autre texte épigraphique sur lequel se fonde encore cet auteur — Archiereus d’Asie pour les temples... ayant été stéphanéphore et agonothète trois fois pour les grands jeux quinquennaux[90] — n’apporte pas plus de lumière, et la mention des jeux ne me semble devoir être rapprochée que de celle de l’agonothète. Pourquoi cette formule ne désignerait-elle pas des jeux municipaux ? Dans la capitale, par exemple, il y a encore des μεγάλα Έφέσηα ίερά ίσελαστικά[91] ; aucun nom d’Empereur n’est venu s’ajouter à cette dénomination bien qu’elle s’applique à des jeux μεγάλα.

Je n’attacherai pas plus d’importance à un autre rapprochement : Σμύρναν κοινόν Άσίας άγενείων πά[λην...] καί τόν έν Άλεξανδρεία ίερόν πενταετηρικόν άγώνα[92] ; s’il fallait reconnaître le même caractère de quinquennalité au premier des jeux cités, c’est aux κοινόν Άσίας de Smyrne que cela s’appliquerait.

On espérerait obtenir de plus complets éclaircissements d’une longue nomenclature de victoires remportées par un athlète du second siècle[93]. Il cite parmi ses triomphes : Άθήνας έ Παναθήναια, Όλύμπεια, Πανελλήνια, Άδριάνια δίς (l. 25) et Ζμύρναν έ κοινά Άσίας δίς..... όμοίως έν Ζμύρνη Όλύμπια καί Άδριάνια Όλύμπια (l. 26-27). Cet έ signifierait-il πενταετηρίδα ? Il est fort peu probable ; ce serait un genre d’abréviation insolite ; de plus il convient de remarquer que les victoires remportées à Athènes sont au nombre de cinq ; nous sommes conduits à traduire par πεντάκις. C’est ce que fait Bœckh, ajoutant, pour expliquer le défaut de concordance en ce qui concerne les victoires de Smyrne : nisi siglum contrascit vitii aliquid, videndum ne in Olympiis aut Hadrianeis Olympiis δίς exciderit. Sans doute les Panathénées étaient quinquennales ; mais l’athlète n’y a été couronné qu’une fois. Il a eu deux triomphes aux κοινά Άσίας. Or il se donne comme un simple pancratiaste (l. 18-19), qui a cessé de concourir à l’âge de 25 ans (l. 36), après six ans d’activité. Il lui a fallu prendre part à deux pancraces, donc à deux κοινά, et à deux κοινά à Smyrne. Mais au deuxième siècle Smyrne n’est point seule à avoir un temple provincial ; quatre ou cinq villes sont dans ce cas ; pour les jeux provinciaux, son tour ne reviendrait donc qu’au bout d’un très long intervalle[94]. La chose devient possible au contraire, si on suppose les fêtes annuelles. Cette solution apparaît encore inévitable, je le répète, si réellement les asiarques ont eu dans ces jeux provinciaux le rôle qu’on leur suppose ; car la liste de ceux que nous connaissons est fort longue. Il est vrai qu’un certain mystère plane encore sur leur qualité.

Mais la vraisemblance conduit au résultat que j’indique. Pourquoi y avait-il en Asie tant de cités néocores admises à donner l’hospitalité à l’assemblée provinciale ? Il avait fallu faire cette concession à leur amour-propre, à leur esprit de rivalité. Or leur nombre a varié assez souvent. Pour les jeux provinciaux, s’ils avaient été quinquennaux, il eût été bien difficile d’établir entre elles un roulement combiné avec celui qui réglait la tenue de l’assemblée elle-même. Elles n’auraient toléré un passe-droit que par force, et Rome cherchait avant tout à éviter ces contestations entre les Grecs. Tout ceci m’amène à penser que les Κοινά Άσίας étaient en réalité annuels[95]. J’irai même plus loin : je suis convaincu que c’était là l’intérêt principal qu’offrait aux Hellènes l’assemblée provinciale, ce qui lui donnait de l’éclat et du prestige et déterminait les citoyens des villes un peu reculées à venir prendre part à ses travaux. Quant aux Romains, ils ne pouvaient que flatter et stimuler ce beau zèle, utile à leur cause dans une certaine mesure.

Les jeux publics, en somme, étaient pour les Grecs de ce temps un objet de vive curiosité et une source de jouissances inappréciables. En dépit d’un certain abandon d’eux-mêmes en face de leurs maîtres, effet de la lassitude, causée par de trop longues luttes, et de l’impression constante d’une force insurmontable qui les maintenait sous le joug, ils avaient cependant gardé quelque chose de leurs anciennes traditions : l’activité physique et intellectuelle. Ne pouvant l’appliquer à de grandes causes, ils l’avaient fait servir du moins à leurs divertissements. On le voit assez par la prospérité des compagnies d’artistes, le nombre des libéralités faites par des particuliers pour soutenir les institutions agonistiques, la multiplicité des monuments qui éternisent la mémoire des vainqueurs, la vie grecque d’alors n’était qu’une succession de panégyries et de fêtes, auxquelles chacun prenait part, tantôt dans sa patrie, tantôt chez le voisin. A cela surtout, et à l’ornement des places publiques, tendaient toutes ces liturgies que nous avons étudiées. Et pourtant, malgré cette frivolité croissante et ce goût des plaisirs, où s’abaissaient par degrés leur caractère, jadis superbe, et leur molle raison, les Grecs d’Asie trouvaient le moyen d’accueillir chez eux, où elle devait prospérer, une religion nouvelle, celle des pauvres, et qui prêchait l’austérité. On ne donnerait donc qu’une idée incomplète, par suite inexacte, de la province d’Asie, si l’on n’essayait, sans prétendre épuiser le sujet, ni s’appesantir sur les questions les plus générales et les plus connues, de montrer les conditions spéciales de développement que rencontra dans ce pays le christianisme et les caractères un peu particuliers que lui imprima le tour d’esprit de la population.

 

 

 



[1] Cf. la dissertation plusieurs fois citée de M. LIERMANN, Analecta epigraphica.

[2] Μουσεΐον, 1815-76, p. 127. En voici un qui s’est chargé de toutes les dépenses, BCH, XI (1887), p. 464, n° 29.

[3] Revue des Et. gr., IV (1891), p. 174, n° 2, l. 4.

[4] Exemple à Pergame : CIG, 3521.

[5] LEB., 1602 = CIG, 2820, l. 19.

[6] Cette dispersion était déjà accomplie au moment de la formation de la province ; cf. POLAND, De collegiis artificum Dionysiacorum, Progr. Dresd., Wetl. Gymn., 1895, n° 138. Auprès de la grande association des artistes il y avait un κοινόν τών συναγωνιστών à Téos, association peut-être d’auxiliaires de la troupe, figurants divers, machinistes, serviteurs, etc. (ZIKBABTH, Griech. Vereinswesen, p. 81).

[7] V. BURESCH-RIBBECK, p. 12.

[8] On en trouve encore quelques-uns de séparés après Hadrien : ainsi à Lébédos sous Philippe — CIG, 2933 ; cf. 6829, du temps de Septime-Sévère. Ils choisissaient de préférence comme centres les petites localités, où il leur était plus facile de conquérir une situation en évidence (ZIEBARTH, op. laud., p. 80-81).

[9] Cf. FOUCART, De collegiis scenicorum artificum, Parisiis, 1873, p. 93 sq.

[10] BCH, IX (1885), p. 124-131. — Un procurateur impérial est honoré i Tralles au Ier siècle, semble-t-il, par le synode des artistes dionysiaques de l’Ionie et de l’Hellespont, dont il a été l’agonothète et le logiste (LEB., 605 = CIG, 2933).

[11] Pourtant, ces synodes sont plus démocratiques que les associations de culte ; il s’y est rarement formé cette aristocratie de fonctionnaires recrutée parmi les riches (Cf. ZIEBARTH, loc. cit.).

[12] Tralles : Ath. Mit., XXI (1896), p. 263 ; CIG, 2931.

[13] C’est-à-dire : qui frotte avec de l’huile ou un onguent — Hermès, 1897, p. 518.

[14] Rev. de Philol., XIX (1895), p. 131.

[15] Cf. CICÉRON, de rep., IV, 10, 10 ; TITE-LIVE, VII, 2 ; Lex Julia municipalis, CIL, I, 126, l. 123.

[16] CIG, 2759. - Cf. LIERMANN, p. 122.

[17] POLLUX, IV, 91 sq. ; un autre héraut lui était adjoint, pour le cas où il serait vainqueur lui-même, afin qu’il n’eût pas à annoncer sa propre victoire : POLLUX, IV, 85-91 ; CICÉRON, Ep. ad fam., V, 12, 8.

[18] Ce panégyrique eu vers était débité par un poète ; le Carie a compté plusieurs spécialistes en ce genre : Nysa, BCH, IX (1885), p. 121 sq., l. 1, l. 65.

[19] Cf. Téos : CIG, 3089 et 3090.

[20] Les athlètes et champions divers du cirque, rivaux dans des jeux qui n’exigeaient pas le nombreux personnel des concours musicaux, n’avaient pas les mêmes motifs de se réunir en collèges, et en fait nous connaissons peu d’associations de cet ordre ; cf. cependant celle des κυνηγοί de Mylasa gladiateurs qui luttent contre les bêtes fauves. — BÉRARD, BCH, XV (1891), p. 541), et le κοι[ν]όν τών λαμπαδιστών έν Πάτμωι καί με[τ]εχόντων τοΰ άλείμματος (DITTENBERGER, SIG, 2e éd., 681 — add. HAUSSOULLIER, Rev. de Philol., XXVI (1902), p. 138).

[21] CIG, 3503 ; LEB., 1657.

[22] Tralles : Ath. Mit., VIII (1883), p. 325 ; cf. FRÄNKEL, CIPel, I (1902), 206.

[23] Cf. le cas d’Aeneas, de la grande famille des Zénon : Aphrodisias : LEB., 1616a (IIIe siècle).

[24] Tralles : Ath. Mit., VIII (1883), p. 323, 325 (IIe siècle).

[25] Cos : CIG, 2511 ; Cyzique : 3677 ; Mytilène, 2191b ; Smyrne : 3213 ; Tralles : LEB., 615.

[26] Un sophiste du IIIe siècle, HELIODORE d’Émèse, nous donne l’origine de ce genre de sport (Aethiopic, X, 28-30, éd. Coraïs, p. 428). Un certain Théagène se trouvait dans un temple pour sacrifier ; des chevaux et des taureaux, victimes désignées, soudain effrayés par la vue d’une girafe, rompirent leurs liens. Théagène sauta sur le cheval le plus rapproché ; un taureau furieux le menaçait ; il l’agaça de son bâton, et quand les deux bêtes furent près l’une de l’autre au point de se toucher, il sauta du cheval au cou du taureau, plaça sa tête entre les cornes de l’animal, qu’il saisit des deux mains, et de ses jambes lui étreignit les épaules. Bientôt, épuisé par le poids de son adversaire, l’animal tomba sur les genoux, puis sur la tête, et ses cornes s’enfoncèrent en terre, ses pieds de derrière s’agitant désespérément, tandis que son vainqueur élevait la main en signe de triomphe.

[27] Smyrne : CIG, 3212 ; Pergame : FRÄNKEL, 523 ; add. Aphrodisias : CIG, 2759b et peut-être ARISTID., XXVI, p. 506 Dind. — SUÉTONE (Claude, 21) parle de ταυροκαθάπται ; c’était donc une classe d’hommes particulière.

[28] ARTEMIDOR., Oneirocritic, I, 8, p. 15.

[29] CIG, 2761 à 2705. — LIERMAHN, op. laud., p. 165.

[30] POLLUX, III, 153, 8.

[31] HESYCHIUS, h. u.

[32] POLLUX, III, 153, 8.

[33] CIG, 5913, l. 33.

[34] CIG, 2374, l. 53.

[35] CIG, 2739 = LEB., 1620d.

[36] PLINE, Epist., X, (ad Tr.) 119 et 120.

[37] Tralles : CIG, 2932 ; Éphèse : IBM, 605 ; Laodicée : JHSt, XVII (1897), p. 409, l. 7.

[38] CIG, 3059, 4472.

[39] CIG, 2811.

[40] TITE-LIVE, XLIII, 6.

[41] KERN, Inschr. v. Magn., 88.

[42] KERN, Inschr. v. Magn., 127, nouvelle mention d’un vainqueur aux ‘Ρωμαΐα.

[43] PSEUDO-ASCONIUS, In Verres, II, p. 210. — Cf. FOUCART, Rev. de Phil., XXV (1901), p. 85.

[44] CICÉRON, pro Flacco, 25, 59.

[45] CIG, 2698b.

[46] Rev. archéol., 1874, II, p. 112.

[47] Rev. des Et. anc., III (1901), p. 267.

[48] Pap. Am. Sch., I, n° 28, l. 21-22.

[49] IGI, I, 46, l. 2 ; 730, l. 7, 15, 19, 23.

[50] Ath. Mit., IX (1884), p. 262.

[51] Cf. RAMSAY, Cities and Bithoprics, I, p. 108.

[52] MACDONALD, Hunterian Collection, II, p. 466, n° 23, 24, 26.

[53] BCH, V (1881), p. 230, n° 20, l. 13.

[54] IBM, 605.

[55] CIG, 2741, l. 23 ; 2810, l. 9 ; 3208, l. 14 ; 3675, 5801, l. 22 ; 5913, l. 31 ; 5918.

[56] CIG, 2810, 5913.

[57] CIG, 3082, l. 6-8.

[58] LEB., 655 = CIG, 3424.

[59] JUDEICH, Alt. v. Hier., 15.

[60] CIL, III, 7086 = FRÄNKEL, 269.

[61] JHSt, XVII (1897), p. 409.

[62] IBM, 482. l. 29 sq.

[63] Ath. Mit., XVI (1891), p. 132.

[64] LEB., 141 = CIG, 2961b.

[65] CIG, 3206 A ; Rev. des Et. anc., III (1901), p. 265.

[66] CIG, 3498.

[67] Ath. Mit., XII (1887), p. 253, n° 18 ; MIONNET, IV, p. 269, n° 977 ; supp., VII, p. 456, n° 642.

[68] ECKHEL, IV, p. 436.

[69] WADDINGTON a-t-il restitué exactement (l. 5) l’inscription suivante : [π]ερί μήνα έκτον πρό τής εϊς Ρώμην [καί Σεβαστόν έορτής] ? (LEB., 1620c). Ce n’est qu’une conjecture, d’ailleurs très vraisemblable, basée sur l’étendue de la lacune. — Mais peut-être faut-il entendre ainsi les ‘Ρωμαϊα Σεβαστά qu’on retrouve ailleurs (BCH, V (1881), p. 232, n° 20, l. 5).

[70] Milet : Rev. de Philol., XXI (1897), p. 42, n° 17, l. 8-9 ; Cos : BCH, V (1881), p. 230, n° 20, l. 9-11 ; Halicarnasse : ibid., l. 17-18 ; Sardes : ibid., l. 22 ; Metropolis : ibid., p. 232, l. 15.

[71] CIL, III, 7086 = FRÄNKEL, 269.

[72] CIL, III, 411. — Cf. CIG, 3137.

[73] LEB., 857-859.

[74] HOMOLLE, BCH, XVI (1892), p. 323.

[75] Cf. HARPOCRATION et SUIDAS, au mot σκηνίτης.

[76] Cf. FOUCART, Inscriptions du Péloponnèse, p. 115.

[77] CIG, 1731, 2810, 2987b, 3208, l. 6 et 16 ; 3428, 5913, l. 26-27 ; 5916 ; sur des monnaies on trouve réunis : Augusteia Hadriana (MIONNET, IV, p. 115, n° 1010 et 1011). Exceptionnellement, on rencontre un agonothète τών μεγάλων Κλαυδιήων (KERN, Inschr. v. Magn., 163).

[78] BCH, X (1886), p. 415, n° 23 ; ECKHEL, IV, p. 434.

[79] A Milet, Pergame, Smyrne : CIG, 1720, 2882, l. 3 ; 2885e add., l. 16 ; 3208, l.12.

[80] ECKHEL, III, p. 111 ; IV, p. 450 ; DION CASS., LXXVII, 1.

[81] ECKHEL, IV, p. 453 ; CIG, 3303, 4472, l. 9.

[82] CIG, 2801 ; ECKHEL, IV, p. 435.

[83] Cities and Bishoprics, I, p. 188.

[84] Comment expliquer cette épithète de πρώτα, alors qu’elle apparaît sur de» monnaies du IIIe siècle ? Peut-être est-ce encore un souvenir du titre, porté par Smyrne, de cité première de l’Asie.

[85] V. Auguste, 59.

[86] Op. cit., p. 55 sq.

[87] CIG, 1421.

[88] CIG, 1420.

[89] IBM, 605.

[90] CIG, add., 3813a9.

[91] CIG, 3208, 5916, 5917.

[92] CIG, 5804.

[93] CIG, 5913.

[94] Seize ou vingt ans. Inutile de rappeler comment cette quinquennalité s’accomplit : un cycle s’achève en réalité au bout de quatre ans, la coutume étant de compter les deux années extrêmes. Notre façon de calculer aujourd’hui en laisserait une de côté.

[95] Je crois voir que c’est aussi l’opinion de M. FOUGÈRES (cf. Dict. des ant. De DAREMBERG-SAGLIO, u. Κοινόν, p. 846).