LA PROVINCE ROMAINE PROCONSULAIRE D’ASIE

DEPUIS SES ORIGINES JUSQU’À LA FIN DU HAUT-EMPIRE

 

QUATRIÈME PARTIE — LES NOUVELLES RELIGIONS

CHAPITRE III — LE CULTE PROVINCIAL DES EMPEREURS ET LES CITÉS NÉOCORES

Texte numérisé et mis en page par Marc Szwajcer

 

 

Nous avons vu, au chapitre précédent, un certain nombre de localités, même secondaires, ayant des prêtres des Augustes, qui supposaient un culte des Césars ; or nulle part nous n’avons eu à consigner le souvenir d’une approbation donnée à ce culte, d’une autorisation fournie par l’autorité romaine, représentée soit par l’Empereur, soit par le Sénat, soit même par le gouverneur. Je conclus donc à la liberté des villes sur ce point ; on ne saurait douter, il est vrai, que le proconsul ou ses agents n’aient exercé une surveillance quelconque, afin de prévenir le manque d’égards qui aurait apparu dans une pompe insuffisante ou des hommages mal entendus ; mais, jusqu’à plus ample informé, il faut croire que ce contrôle demeurait officieux, se faisait sans écritures, sans pièces administratives, et se passait d’une consécration publique, au grand jour.

Il en fut tout autrement du culte provincial. Certes, l’initiative ne vint pas de Rome[1] ; les Empereurs étaient trop avisés pour imposer aux provinciaux de leur rendre de semblables honneurs ; ils préférèrent même se faire prier, affecter le désintéressement et la condescendance ; mais ils tinrent la main à ce que l’Olympe ne leur fût pas si largement ouvert à leur insu ; il était de bonne politique de se montrer rigoureux sur ce chapitre : moins généralisé, soumis à des conditions précises d’établissement et de célébration, le culte des Empereurs risquerait moins de s’avilir, et l’émulation entre les villes qui briguaient l’avantage de se le voir permettre devait fatalement tourner au profit de la cause romaine. En 725/29, Pergame obtint de pouvoir élever un temple à Rome et a Auguste. Les termes dont se sert Dion Cassius (LI, 20, 6) indiquent une autorisation : Καΐσαρ..... έαυτώ τινά (τεμένη), τοΐς μέν Άσιανοΐς έν Περγάμω, τοΐς δέ Βιθυνοΐς έν Νικομηδεία τεμενίσαι έπέτρεψε. Nous apprêtions de même par Tacite[2] que l’Espagne ultérieure avait envoyé des députés au Sénat pour demander l’autorisation d’élever, exemplo Asiae, un temple à Tibère et à sa mère. L’Empereur refusa, disant que pour l’Asie il avait déjà cédé (nous allons voir de quoi il s’agit là) eu égard à la permission donnée antérieurement par Auguste aux Pergaméniens ; celle-ci était motivée du reste par l’adjonction du culte de Rome. Il y aurait eu de l’affectation et de l’orgueil à se faire ériger en divinité dans toutes les provinces. Il n’ajoutait pas, mais cela est clair pour nous, que cette liberté s’imposait davantage en Asie ; les Empereurs ne devaient pas paraître aux yeux des Grecs de moins grands personnages que les rois précédemment déifiés sur cette terre. L’allusion de Tacite au consentement auquel Tibère se laissa entraîner nous est expliquée par le même historien un peu plus loin[3], et rien n’est plus propre que son récit, intégralement reproduit, à nous rendre la physionomie du débat qui s’éleva en ces circonstances.

Tibère..... entendit plusieurs jours les députés de l’Asie. Dans quelle cité serait construit le temple de Tibère ? Onze villes se disputaient cet honneur ; avec des richesses inégales, toutes avaient la même ambition et presque les mêmes titres quant à l’ancienneté de leur origine, leur zèle pour la cause romaine dans les guerres de Persée, d’Aristonicus et des autres rois. Mais d’abord on exclut Tralles, Hypaepa, Laodicée, Magnésie, comme des villes secondaires ; Ilium même, bien que représentant Troie, mère de Rome, ne pouvait arguer que de son antiquité ; on songea à Halicarnasse quelque peu ; elle assurait n’avoir pas ressenti de tremblement de terre depuis douze cents ans ; elle élèverait sur le roc même les fondements de l’édifice. Pergame appuyait ses prétentions sur son temple d’Auguste : on jugea que c’était assez pour elle. Les Éphésiens avaient déjà le culte de Diane, Milet celui d’Apollon. C’est entre Sardes et Smyrne qu’on hésita. Sardes produisit un décret des Étrusques comme preuve de consanguinité : Tyrrhenus et Lydus, fils du roi Atys, s’étaient partagé leurs sujets devenus trop nombreux ; Lydus s’établit dans sa patrie ; Tyrrhenus eut à fonder de nouveaux établissements ; et les deux chefs donnèrent leurs noms aux pays qu’ils occupaient, l’un en Asie, l’autre en Italie ; la puissance des Lydiens s’accrut encore dans la suite ; ils envoyèrent des populations en Grèce, dans la région à laquelle Pélops allait bientôt, lui aussi, attacher son nom. Elle invoquait encore des lettres des généraux romains, les traités conclus avec nous dans la guerre de Macédoine, la fécondité due à ses rivières, la douceur de son ciel, la richesse des campagnes environnantes.

Mais Smyrne, rappelant de même son antiquité, soit qu’elle eût pour fondateur Tantale, fils de Jupiter, et Thésée, de race divine aussi, ou une des Amazones, avait surtout confiance dans les services autrefois reçus d’elle par le peuple romain ; elle avait envoyé des renforts maritimes pour les guerres étrangères, et même pour celle d’Italie ; la première, elle avait élevé un temple à la ville de Rome, sous le consulat de M. Porcius, en un temps où Rome, déjà puissante, n’était pas a encore pourtant à l’apogée de sa domination, ayant encore en face d’elle Carthage et les puissants rois d’Asie. Elle apportait enfin le témoignage de Sylla, dont l’armée, plongée dans la détresse, glacée par l’hiver et n’ayant de quoi se couvrir, avait révélé sa situation à Smyrne, alors que le peuple était assemblé ; et tous les assistants s’étaient dépouillés de leurs vêtements pour les expédier à nos légions. Invités à conclure, les sénateurs préférèrent Smyrne. Vibius Marsus proposa d’envoyer à M. Lepidus, gouverneur de cette province, un légat supplémentaire, qui serait chargé de cette affaire, et, Lepidus refusant modestement de le choisir lui-même, le tirage au sort désigna un prétorien, Valerius Naso.

Nous savons par ailleurs[4] que le Sénat n’intervint pas seulement dans cette querelle à titre d’arbitre, les cités concurrentes n’ayant pu arriver à s’entendre. Si la solution lui appartint, c’est que Tibère, soucieux de correction constitutionnelle, ne voulut pas avoir l’air de s’entremettre dans le gouvernement d’une province sénatoriale, cl l’envoi d’un légat supplémentaire fait assez voir qu’à Rome on avait réellement pris l’affaire en main. Les arguments désespérés dont usèrent quelques villes sont curieux et montrent le prix que toutes attachaient à l’obtention du privilège ; la vanité municipale était une Ibis de plus en cause ; le simple intérêt également : l’afflux d’étrangers qui en résulterait à coup sur représenterait pour l’élue un avantage appréciable. Le culte de l’Empereur se trouvait en rapport étroit avec l’assemblée provinciale, et celle-ci devrait se tenir auprès du temple. Néanmoins, tout en se décidant à récompenser avant tout la fidélité, les grands services rendus, les pères conscrits ne voulurent peut-être pas décourager trop la principale rivale de Smyrne, Sarcles, et il semble qu’ils la dédommagèrent, sinon sur le champ au moins peu après, en admettant que, par exception, l’assemblée de la province se réunît dans ses murs durant un certain nombre d’années. C’est du moins la conclusion que tire, avec beaucoup de vraisemblance, M. Wilhelm Büchner[5] du fait que sur diverses monnaies de Sardes, frappées sous Caligula, on lit : ΚΟΙΝΟΥ ΑΣΙΑΣ[6]. Comme cette ville ne fut favorisée d’un temple provincial qu’a une date ultérieure, on ne voit guère en effet de quelle autre manière expliquer cette légende. La simple participation de Sardes à l’assemblée de la province ne faisait pas de doute et ne méritait pas d’être l’objet d’une indication spéciale.

Au principe, soigneusement observé, du respect de l’initiative des provinciaux, Caligula aurait voulu faire exception, si l’on en croit un passage de Dion Cassius[7] : Gaius, dit-il, ordonna à la province d’Asie de lui consacrer une enceinte à Milet. La raison qu’il donna du choix de celle ville fut qu’Artémis avait déjà pris Éphèse, Auguste Pergame et Tibère Smyrne ; mais le vrai motif, c’est qu’il désirait s’approprier un temple, vaste et magnifique, que les Milésiens construisaient en l’honneur d’Apollon. Caligula était un fou, ce qui explique sa singulière pensée ; du reste le temple d’Apollon Didyméen, dont la reconstruction avait été commencée près de trois siècles auparavant, bien que longtemps après l’incendie, ne fut jamais achevé[8] ; au IIe siècle, Pausanias le devait retrouver dans l’état où l’avaient laissé les ouvriers de Caligula[9]. Tacite ne dit pas qu’au culte de l’Empereur devait être joint dans l’édifice nouveau celui de la déesse Rome ; les divinités parèdres avaient déjà chantre : c’étaient maintenant Livie et le Sénat.

Ainsi, nous constatons que chacun des trois premiers princes s’est fait ou laissé offrir son temple particulier. Leurs successeurs auront-ils pris semblable habitude ?

Nous ne pouvons malheureusement déjà plus, après Calcula, reconstituer chronologiquement la série sans faire intervenir l’hypothèse. D’une part, il semble qu’Éphèse ait reçu de Claude ou de Néron le droit d’édifier un temple impérial[10]. D’autre part, M. Cichorius propose au sujet d’Hiérapolis de Phrygie, une conjecture assurément séduisante[11]. Nous savons que cette ville était dotée d’un culte provincial des Empereurs vers la fin du IIe siècle ; mais déjà antérieurement on relève chez elle des marques de vénération envers les Césars d’une nature toute spéciale. Il existe des monnaies frappées dans ses ateliers, à l’effigie de Claude et de Néron encore tout jeune, ou à celle de la deuxième Agrippine, femme du premier et mère du second, par le magistrat M. Συίλλιος Άντίοχος, et qui présentent en outre l’image d’un temple à six colonnes, avec cette légende : γένει Σεβαστών[12]. Cela permettrait de conclure à l’existence d’un plus ancien culte impérial à Hiérapolis, et d’un Σεβαστεΐον érigé au Ier siècle, qui aurait disparu dans le tremblement de terre éprouvé par cette ville en l’an 60. Waddington avait déjà suggéré que cet Antiochos, vu son nom, était sans doute devenu le client de M. Suillius Nerullinus, le fils du proconsul, qui probablement accompagnait sou père, et qui lui-même gouverna plus lard l’Asie, sous Vespasien. Il place[13] le gouvernement du père vers la fin du règne de Claude, en 52 ou 53 ; on n’a malheureusement pas les moyens de préciser. Comme il s’agit des Augustes seuls, dépourvus de divinités parèdres, il serait peut-être préférable d’écarter l’hypothèse d’un culte municipal ; il est permis toutefois d’hésiter, car un Empereur unique ne s’en trouva pas honoré ; ce fut la série des Augustes. Ainsi, sous cette réserve, Éphèse et Hiérapolis seraient à répartir entre les règnes de Claude et de Néron.

Mais après eux les conjectures même ne sont plus possibles. Entre ces princes et Hadrien, on n’a bruit d’aucune fondation de temple provincial : peut-être chaque Empereur s’est-il désintéressé d’avoir le sien. Pour Galba, Othon, Vitellius, la question ne saurait se poser ; quant à Vespasien, s’il est vrai que cet homme positif disait en mourant par ironie : Je me sens devenir dieu, il dut attacher peu d’importance à ces frivolités. Remarquons de plus qu’à Pergame les hymnodes du dieu Auguste sont en même temps chargés des cérémonies commémoratives à l’anniversaire de chacun des Césars divinisés, y compris l’Empereur régnant, Hadrien. Il est vrai, le temple impérial élevé à Cyzique à cette époque était bien le temple d’Hadrien[14]. Mais Hadrien est à part ; Spartien dit de ce voyageur infatigable : per Asiam iter faciens consecravit templa sui nominis[15], et dans cette Asie qu’il parcourut les habitants s’intéressèrent plus personnellement à lui qu’à un autre prince ; à Cyzique, selon l’historien Socrate[16], il fut appelé deus tertius decimus, ou le premier après les douze dieux de l’Olympe. Curieux compliment ; et nous aimerions à savoir les réflexions qu’il lui a inspirées.

Je crois malgré tout qu’à partir de la seconde moitié au moins du deuxième siècle l’habitude s’est prise de réserver la plus grosse part des sacrifices et fêtes à la gloire de l’Empereur actuellement sur le trône, la série de tous les prédécesseurs ne recevant plus que les honneurs accessoires. Peu importait dès lors que tel temple fût dédié à tel Empereur, puisque le sort commun était réservé à l’un et à l’autre. Les cités ont dû continuer de proposer la dédicace au monarque régnant, prétexte commode pour justifier leurs demandes de privilège ; mais simple politesse banale : les Empereurs n’avaient plus autant d’intérêt à se voir ériger un sanctuaire particulier, puisque tout ce qui existait en Asie de temples des Césars était avant tout au service du dernier couronné.

Il est en somme bien peu de localités auxquelles les textes ou les inscriptions attribuent la prérogative d’avoir possédé un temple impérial en vertu d’une autorisation venue de Rome ; à voir — et nous l’étudierons bientôt — la liste des cités où se réunissait, pour des fêtes religieuses, l’assemblée provinciale, et celle des localités où des jeux impériaux se célébraient, ou ne doute pas un instant qu’un certain nombre d’autres villes n’aient été dotées du même avantage que Pergame, Smyrne, Cyzique, etc. N’est-il aucun moyen détourné de les retrouver ? C’est ici qu’intervient, je crois, le néocorat.

L’institution ainsi dénommée offre pour nous cette particularité intéressante qu’elle est, à bien peu de chose près, bornée à l’Asie proconsulaire ; elle se rencontre très rarement dans les autres provinces d’Orient ; quelques-unes même l’ont complètement ignorée. Comment expliquer le fait ? Le secret nous échappe ; le culte des Empereurs était répandu dans toutes les provinces, et il ne s’agit après tout que d’un titre honorifique. Une difficulté nouvelle lient à ce qu’il n’apparaît que tardivement. A Pergame, qui eut un Σεβαστεΐον dès le règne d’Auguste, la mention du néocorat ne figure sur les médailles et dans les inscriptions, qui sont des témoins peu suspects de négligence, que vers la fin du Ier siècle ou le commencement du second. J’entends que le titre officiel n’est pas usité plus tôt ; mais dans le langage courant, on employait déjà la formule à une époque moins avancée. Quel est l’homme qui ne reconnaît qu’Éphèse est néocore de la grande déesse Artémis ? est-il écrit dans les Actes des Apôtres (XIX, 35). On a rendu compte[17] de cette façon de parler par la tendance des Orientaux à représenter les cités comme jouant, en matière religieuse, un rôle identique à celui des personnes : ou en voit qui sont appelées « nourrissons» d’une divinité[18] ; elles se dirent aussi volontiers gardiennes d’un temple.

Autre imbroglio : la numismatique et l’épigraphie nous font connaître tour à tour : néocorat pur et simple, néocorat des Empereurs, néocorat d’une autre divinité. Pourtant quelques constatations primordiales sont permises au sujet de ces trois formules : la dernière est très rare[19], et sur une, monnaie elle est mise en opposition avec la première : Έφεσίων δίς νεωκόρων καί τής Άρτέμιδος[20]. D’où l’on conclura avec Eckhel[21] que le premier de ces trois néocorats est à confondre avec le second, car, celui d’Artémis restant à part, on ne voit pas lequel pourrait être en cause dans cette ville, hormis celui des Empereurs. D’un autre côté, il ne semble pas que l’addition καί τής Άρτέμιδος explique le δίς ; l’expression ne serait pas claire, ni d’une bonne grécité. Mieux vaut conclure : quand une ville se dit néocore, sans autre explication, ou pour la deuxième, troisième fois, etc., il est question du néocorat impérial.

Il y a certes paradoxe apparent à désigner comme le plus relevé le néocorat le plus simplement et le plus brièvement indiqué ; toutefois il était assez connu pour qu’on n’eût pas besoin de préciser davantage. Tel était le prestige de ce mot qu’employé à propos d’une autre divinité, telle qu’Artémis, il marquait un culte fervent et somptueux, rappelant de loin l’éclat dont brillait le néocorat véritable, celui des Césars. M. Büchner a d’ailleurs reconnu que ce dernier apparaît plus tôt sur les monnaies que l’autre, lequel n’était qu’une imitation ne pouvant tromper personne.

Mais que sont les cités néocores ? Ici je me séparerai dans une certaine mesure de M. Büchner : selon lui, ces villes sont à confondre avec les métropoles. Pourtant, il y a des localités, Philadelphie, Hiérapolis, peut-être Acmonia et Téos, qui portent le titre de néocore, et ne figurent nulle part comme métropoles. N’importe, répond cet auteur ; d’abord le néocorat n’y est attesté que par très peu de documents : ou bien il faut douter de ce néocorat, qui serait usurpé, ou il n’est relatif qu’à une divinité locale, qu’on aura omis de citer. Affirmation hardie ; M. Büchner s’inclinerait-il devant le témoignage d’une inscription découverte postérieurement à sou livre ? C’est une lettre de Caracalla[22], où il est dit à la ligne 20 : J’ai donné la néocorie également aux Philadelphiens. Non, car il ne niait déjà pas cette néocorie et disait : Philadelphie doit être métropole, puisque des κοινά τής Άσίας, jeux solennels, y eurent lieu. — Mais rien ne légitime le rapprochement des métropoles et des κοινά. Nous possédons un certain nombre d’inscriptions et de médailles de cette ville à l’effigie de Caracalla ; aucune ne rappelle la dignité de métropole. A priori du reste, métropole et néocore sont des termes qui n’ont rien de commun. On comprend que les deux titres soient conférés souvent aux mêmes cités, simplement parce qu’elles sont riches et populeuses. Toutes les villes dites πρώτη sont métropoles, et pourtant les deux qualifications ne se confondent pas. Métropole veut dire ville-mère, et probablement centre d’habitation le plus considérable d’une région pouvant passer pour un tout, pour une unité géographique. Néocore signifie gardienne d’un temple, et évidemment d’un temple des Césars, vu l’addition fréquente : τών Σεβαστών.

Seulement, s’agit-il des sanctuaires réservés pour le culte provincial, ou simplement pour un culte local ou municipal ? M. Monceaux[23] s’efforce de prouver la deuxième hypothèse[24]. Elle se heurtait déjà alors à celle grosse objection que beaucoup de villes de second ordre, que j’ai énumérées, nomment des prêtres d’Auguste ou des Augustes, — et d’eux seuls, qui devaient donc avoir leurs temples exclusifs, - que nous en possédons de nombreuses monnaies ou inscriptions, qui toutes passent sous silence la néocorie. On avait aussi le texte de Dion Cassius[25] : Γαίος δέ τή Άσία τώ έθνει τέμενός τι έαυτώ έν Μιλήτω τεμενίσαι έκέλευσε ; έθνος ne peut signifier que la province ; en tout cas τή Άσία ne désigne pas une ville. — Dira-t-on que le cas de Caligula est à part ? Depuis lors la thèse contraire a été une fois de plus démontrée[26]. Cyriaque d’Ancône avait trouvé, dans les ruines du temple d’Hadrien à Cyzique, et inexactement transcrit une inscription métrique que M. Théodore Reinach a restituée[27] :

Έκ δαπέδου μ'ώρθωσεν δλης Άσία [δαπάνησιν],

άφθονίη χειών,δϊος Άριστ(έ)νετος.

Le divin[28] [architecte] Aristenetos m’a construit, avec l’aide de nombreuses mains, depuis les fondations (c’est la formule latine : a solo), aux frais de toute l’Asie. Ainsi, conclut avec raison M. Reinach, le temple d’Hadrien avait été construit, non pas aux frais de Cyzique[29], mais principalement, sinon exclusivement, aux frais de la province d’Asie, du Koinon, car celui-là est le vrai propriétaire. La ville est simplement gardienne de son temple, n’ayant que les frais d’entretien du sanctuaire à sa charge, et peut-être aussi les dépenses courantes du culte. On comprendrait qu’un temple provincial fût construit par la ville même qui en a la garde ; je ne puis admettre pour municipal un temple qui est bâti aux frais de la province[30].

Comment une ville acquérait-elle le droit de s’appeler néocore ? Autant vaut se demander de qui elle recevait celui d’élever un temple aux Empereurs. Dans les premières années du principal, nous avons vu Auguste faire personnellement cette concession à Pergame ; il est vrai que Dion Cassius, écrivain de basse époque, peut s’y être trompé, et du reste le fait est antérieur de deux ans à l’organisation générale des provinces. Sous Tibère, c’est le Sénat qui décida en faveur de Smyrne ; et telle devait être la règle pour une province sénatoriale. Les monnaies en effet invoquent souvent le sénatus-consulte qui a gratifié la ville[31] ; d’ailleurs les autres titres honorifiques, comme celui de métropole, étaient également accordés par sénatus-consulte. Mais M. Büchner généralise trop ce principe : en fait les Césars ont dû plus d’une fois décider personnellement, et il n’est même pas sûr que le Sénat ait toujours ratifié pour la forme. Qu’on se rappelle les termes de la lettre de Caracalla : J’ai donné la néocorie aux Philadelphiens. Et précisément le titre de néocore ne fut réellement porté avec régularité qu’à une époque où les pouvoirs du Sénat étaient illusoires ; il devint pleinement officiel au ne siècle, auparavant on s’en inquiétait peu ; on vit des cités ne s’en parer que longtemps après avoir fait la dédicace du temple et célébré les jeux ; puis on s’aperçut que c’était une formule commode pour résumer les privilèges reçus.

Il semble cependant qu’elle n’ait pas séduit les Asiatiques comme le nom de métropole ou de première ville de l’Asie. Il est singulier de retrouver des médailles frappées la même année dans une même ville, portant ou bien néocore, ou deux fois néocore, alors que la promotion à un rang supérieur par la concession d’un deuxième temple ne s’est certainement pas accomplie dans l’intervalle[32]. Après Caracalla, sur les monnaies de Sardes on grava tantôt δίς, tantôt τρίς νεωκόρ., sans raison apparente. Tout ceci doit s’expliquer par la difficulté qu’on éprouvait à faire entrer une légende un peu longue dans le cercle étroit d’une médaille ; le chiffre fut supprimé quelquefois, ou la mention d’un néocorat de divinité locale ajoutée sans explication, parce que la place faisait défaut. Cette dernière opinion est celle de M. l’abbé Beurlier[33]. Elle ne me paraît pas très certaine. Il y aurait eu là une certaine supercherie, dont beaucoup de petites villes auraient usé sans doute, si elle avait été permise. J’aimerais mieux croire avec Eckhel[34] qu’un des Césars cessait pour quelque motif d’être honoré ; par exemple, parce que sa mémoire était abolie et qu’alors son temple était démoli ou désaffecté[35]. On serait tenté de voir là l’indice tout au moins d’une certaine négligence.

Et pourtant ici encore nous avons le souvenir d’une rivalité comique : il paraît que Pergame fut la première à obtenir un troisième néocorat, car sur plusieurs de ses pièces on lit : Περγαμηνών πρώτων γ’ νεωκόρων[36]. Éphèse se vengea ; elle se fit attribuer coup sur coup le troisième et le quatrième néocorat, et une monnaie porte triomphalement : Έφεσίων μόνων δ’ νεωκόρων[37]. Ils sont arrivés les premiers au troisième honneur ; nous sommes seuls à avoir le quatrième ! Et autour de l’Artémision, on dut trouver la réponse fort spirituelle[38].

On ne peut donc tirer des légendes monétaires des renseignements entièrement satisfaisants sur la date de fondation de chaque temple provincial, l’origine de chaque néocorie ; sur aucune pièce n’est inscrit le titre de néocore avant Antonin le Pieux, et une inscription de Pergame au moins le mentionne sous Trajan[39]. La multiplication des néocorats est, à l’aide de ces sources insuffisantes, difficile à connaître exactement. Voici du moins le tableau provisoire que je crois pouvoir dresser, en suivant l’ordre alphabétique des villes :

Cyzique[40]. — Νεωκόρος, depuis Hadrien. Joh. MALALAS, Chron., 279, éd. Bonn ; CIG, 3665, 3674, 3675 ; DUMONT, Inscriptions de Thrace, 640 ; Ath. Mit., VI (1881), p. 42 ; ECKHEL, II, p. 431 ; Anth. Palat., IX, 656 ; NICETAS, ap. PHILON DE BYZANCE, éd. Orelli, p. 144 ; ARISTID., Or. 16, I, p. 382 sq. Dind.

ΔΙΣ Νεωκόρος, sous Caracalla. MIONNET, II, p. 546, n° 216-220 ; supp., V, p. 340, n° 377-380.

Éphèse. — Ν., vers Claude ou Néron. MIONNET, III, p. 93, n) 253 ; Μουσεΐον, 1880, p. 180 ; IBM, 499, 500.

ΔΙΣ Ν., sous Hadrien. ECKHEL, II, 520 ; MIONNET, III, p. 114, n° 393 ; supp., VI, p. 164, n° 561 ; CIL, III, 6076 ; CIC, 2968, 2987b, 2990, 2992 ; IBM, 541, 606 ; LEB., 140,146, 158a ; BCH, I (1877), p. 292, n° 80.

TPIS N., vers la fin du règne de Septime-Sévère, car avant 210 il n’y a que deux néocories de rappelées. LEB., 147b ; MIONNET, supp., VI, p. 159, n° 524 ; CIG, 2972 ; IMHOOF-BLUMER, Kleinasiatische Münzen, I (1901), p. 60, n° 67.

ΤΕΤΡΑΚΙΣ Ν., sous Gallien. GrCBM, Ionia, p. 106, n° 383 ; et pas avant, car du même règne datent des monnaies attestant le troisième néocorat (Ibid., n° 370). Cf. MACDONALD, Hunterian Collection, II, p. 338-340.

Hiérapolis. — Ν., au moins depuis Caracalla. MIONNET, IV, p. 304, n° 627 ; IMHOOF-BLUMER, Kleinas. Münzen, I, p. 237, 242.

Laodicée du Lycus. — Ν. (On trouve aussi v. Κομόδου κέ Άντωνεινου, et Septime-Sévère est oublié ; les Laodicéens avaient pris parti pour Pescennius Niger ; il dut y avoir des froissements). Peut-être au plus tôt sous Commode. — Il se peut que ce soit à elle que se rapporte le discours d’Ælius Aristide (I, p. 581 Dind.) disant qu’une ville de Phrygie reçut alors l’assemblée provinciale —. CIG, 3938 ; ECKHEL, III, p. 165 ; MIONNET, IV, p. 328, n° 770 ; HEAD, Hist. num., p. 566 ; IMHOOF-BLUMER, Kleinas. Münzen, I, p. 272 sq.

Magnésie du Méandre. — Ν. τής Άρτέμιδος καί τής Άσίας, sous Sévère-Alexandre au plus tard. BABELON, Coll. Waddington, 1751.

Milet. — Ν., sous Balbin (238), on ne sait depuis quand ; le Didymeion ne fut pas achevé, mais cela ne nous interdit pas de remonter jusqu’à Caligula. GrCBM, Ionia, Milet, n° 164 ; IMHOOF-BLUMER, Kleinasiat. Münzen, I, p. 89, n09 29, 30.

Δ. Ν. τών Σεβαστών, d’après une monnaie à l’effigie de Julia Sœmias (BABELON, Coll. Waddington, 1877), donc antérieure à Balbin, car la mère d’Élagabale fut tuée avec son fils en 222. Nouvel exemple de la bizarrerie fréquente signalée plus haut.

Pergame. — Ν. Son premier temple date d’Auguste (a. 725/29). DION CASS., LI, 20 ; TACITE, Ann., IV, 37 ; CIG, 3548 ; LEB., 1722a ; ECKHEL, II, p. 472 ; MIONNET, II, p. 615, n° 649 ; supp., V, p. 447, n° 1043 ; p. 473, 475, n° 1163, 1173.

Δ. Ν., probablement sous Trajan, très honoré dans cette ville ; des Άδριάνεια nouveaux y avaient été institués. LEB., 1721 ; CIG, 3538 ; MIONNET, II, p. 606 et 607 ; n° 607 à 610 ; supp., V, p. 448, n° 1047 ; Zeitschr. f. Num., XXIV (1903), p. 74.

Τρ. Ν., sous Septime-Sévère au plus tard, car elle fut, la première, néocore pour la troisième fois (GrCBM, Lydia, p. 153, n° 317) et au plus tôt, car des monnaies de ce règne portent encore Β Νεωκ. : ECKHEL, II, p. 472 ; MIONNET, supp., V, p. 459, n° 1101 ; MACDONALD, Hunterian Collection, II, p. 284 sq.

Philadelphie. — Ν. — Sous Caracalla. — BURESCH-RIBBECK, p. 16, l. 20 ; MIONNET, III, p. 250, n° 1416 ; IV, p. 105 sq. ; supp., VI, p. 367, n° 1834 ; VII, p. 404 sq. ; IMHOOF-BLUMER, Kleinas. Münzen, I, p. 182.

Sardes. — Ν. — Sous Trajan ou Hadrien. — MIONNET, IV, p. 126, n° 716 ; supp., VII, p. 424, n° 492.

Δ. Ν. — Sous Septime-Sévère. — ECKHEL, III, p. 116 ; MIONNET, IV, p. 132, n° 528, 531.

Τρ. Ν. — Sous Valérien au plus tard. — BABELON, Coll. Waddington, 7059.

Smyrne. — Ν. — Sous Tibère (a. 26). — TACITE, Ann., IV, 55-56 ; LEB., 2 ; Archäol. Zeit., 1878, p. 94, n° 148 ; ECKHEL, II, p. 559 ; MIONNET, supp., VI, p. 340, n° 1687.

Δ. Ν. — Sous Hadrien. — CIG, 3148, l. 37 ; 3151 ? LEB., 8 ; CIL, III, 471 ; MIONNET, supp., VI, p. 343, n° 1704.

Τρ. Ν. — Vers la fin du règne de Septime-Sévère ; en 209 deux néocorats seulement. — CIG, 3179b, 3197, 3202 sq. ; MACDONALD, Hunterian Collection, II, p. 374 sq., 384 sq.

Synnada. — Ν. n’est rappelé nulle part.

Δ. Ν. — Au IIIe siècle. — Rev. archéol., nelle sie, XXXI, p. 195.

Tralles. - Ν. — Peut-être sous Caracalla, en 215. — Ath. Mit., VIII (1883), p. 333 ; XIX (1894), p. 115 ; LEB., 604, 1652e ; MIONNET, supp., VII, p. 474, n° 733. Νεωκόρων τών Σεβ. : IMHOOF-BLUMER, Kleinasiat. Münzen, I, p. 187, n° 4.

Néocorats douteux :

Acmonia. — MIONNET, IV, p. 202 et 203, n° 38 et 48 ; on ne sait si le titre de néocore doit y être attribué à la ville ou à une personne.

Téos. — MIONNET, supp., VI, p. 385, n° 1939 ; seulement ailleurs (III, p. 263, n° 1504) le titre de néocore semble appartenir à une personne.

A supprimer : Attalie de Lydie (BÜCHNER, p. 45) ;

Lampsaque (MIONNET, II, p. 565, n° 330 ; simple faute de copie) ;

Thyatira (MIONNET, IV, p. 169, n° 977 ; titre d’un magistrat éponyme).

On se demandera, en parcourant cette nomenclature, quel intérêt il y avait pour les Empereurs à laisser ou faire élever plusieurs sanctuaires dans une seule ville ; aucun apparemment, aussi je ne crois pas que l’initiative soit venue d’eux. Diverses hypothèses s’offrent à l’esprit : en pratique, chaque temple sert à honorer l’Empereur régnant ; mais il reste nommément dédié à un autre. — Ou encore une nouvelle néocorie résulte de la reconstruction d’un édifice écroulé, ou délabré, ou jugé à la longue trop peu fastueux. Le nombre des villes dotées d’un temple impérial se multipliant, les premières pourvues voyaient les autres s’élever à leur niveau et croyaient déchoir par là même ; il leur fallait un supplément de dignité.

M. Büchner a remarqué justement qu’il y eut surtout deux époques favorables à la création ou à la multiplication des néocories[41] : les règnes de Trajan et Hadrien d’une part, et ceux de Septime-Sévère et de ses fils. Peut-être, dit le même auteur, les uns et les autres gagnèrent-ils un nouveau culte pour avoir introduit de nouvelles populations, dans l’Empire, comme il arriva pour le culte des Empereurs à Rome. C’est assurément vraisemblable, autant que le zèle de Septime-Sévère, qui a dû chercher tous les moyens de fortifier sa position d’Empereur, non adopté[42], mais proclamé. Il y a encore place pour une observation plus simple : les princes qui ont particulièrement favorisé la création de temples impériaux en Asie sont ceux qui ont visité le pays : Hadrien s’y est attardé, et Spartien dit qu’il y fonda des temples ; en effet, trois concessions ou renouvellements de néocorats doivent lui être attribués, et peut-être en faut-il joindre deux ou trois autres. Caracalla a également voyagé en Asie en 215 ; Philadelphie en profita, peut-être Tralles également. La lettre de cet Empereur laisse voir qu’il n’avait pas agi par vanité personnelle, mais sur les sollicitations d’un indigène. On doit croire qu’il parvint au prince, plus d’une fois, des requêtes de ce genre, émanant de la population de toute une ville ; et tandis que l’Empereur pouvait, de loin, les laisser sans réponse, il était bien difficile, dans le pays même et de vive voix, d’y opposer un refus.

 

 

 



[1] KORNEMANN, op. laud., p. 51, note 1 : Von unten, nicht von oben hat die Herrscher-Vergötterung ihren Anfang genommen. Cela est vrai, non seulement des origines, mais aussi de l’époque romaine, en ce qui concerne l’Orient.

[2] Annales, IV, 37.

[3] Annales, IV, 55-56. Ces événements sont de l’année 780/26.

[4] TACITE, Annales, IV, 15 : Decrevere Asiae urbes templum Tiberio matrique ejus ac senatui. Et pennissum statuere.

[5] De Neocoria, p. 30 ; ouvrage essentiel sur la question, que j’ai déjà cité, et auquel je devrai faire plus d’un emprunt.

[6] Cf. WADDINGTON, Fastes, n° 78, p. 122. M. BARCLAY HEAD (GrCBM, Lydia, p. CVIII) suppose, en raison de ces légendes, que sous Tibère un autre temple impérial fut élevé, et à Sardes. Mais rien n’autorise, et rien ne nécessite cette hypothèse.

[7] LIX, 28, 1 ; cf. SUÉTONE, Gaius, 21 : destinaverat..... et Mileti Didymaeum peragere.

[8] L’Asie donna suite pourtant aux ordres de Caligula ; des ouvriers de la province ont alors travaillé au Didymeion, d’après l’interprétation la plus vraisemblable d’une inscription qu’a publiée M. HAUSSOULLIER (Milet et le Didymeion, 1902, p. 264).

[9] PAUSANIAS, VII, 5, 4.

[10] Journal of Philology, VII (1877), p. 145.

[11] Alterthümer con Hierapolis, p. 45.

[12] MIONNET, IV, p. 302, n° 615 : cf. JUDEICH, Inschriften von Hiérapolis, 26.

[13] Fastes, p. 29.

[14] Joh. MALALAS, XI, p. 279, éd. Bonn ; cf. Th. REINACH, BCH, XIV (1890), p. 532.

[15] Vie d’Hadrien, 13, 6.

[16] Histoire ecclésiastique, III, 23, p. 203.

[17] BÜCHNER, op. cit., p. 21.

[18] Éphèse est τροφός τής ίδίας θεοΰ (LEB., 137, l. 12) et Milet τροφός τοΰ Διδυμέου Άπόλλωνος (BCH, I (1877), p. 288, n° 65).

[19] V. les monnaies de Magnésie du Méandre et d’Aezani, néocores d’Artémis et de Zeus ; et CIG, 3841g.

[20] MIONNET, supp.. VI, p. 164, n° 561 et 562.

[21] D.N.V., IV, p. 297.

[22] BURESCH-RIBBECK, p. 16 = Wochenschrift für klassische Philologie, 1891, p. 1242.

[23] De Communi Asiae, p. 18-27. L’opinion de M. BEURLIER est plus flottante (op. cit., p. 216) : l’argument tiré par lui de la présidence des jeux, attribuée à d’autres parfois qu’au grand-prêtre à qui elle revenait de droit, repose sur un postulat.

[24] M. RAMSAY l’adopte comme lui, observant qu’à Laodicée du Lycus il y eut des κοινά Άσίας avant que la ville ne portât le titre de néocore (Cities and Bish., I, p. 58 sq.) ; mais cet argument a déjà été réfuté par l’histoire du titre.

[25] LIX, 28, 1.

[26] Cf. BÜCHNER, De Neocoria, p. 30-61 ; MARQUARDT, Cyzicus und sein Gebiel, p. 84 sq.

[27] BCH, XIV (1890), p. 532.

[28] Simple qualificatif louangeur évidemment ; c’est l’architecte, l’artiste, qui est divin. Mais même en ce sens le titre est surprenant, appliqué au constructeur d’un temple ; voilà un indice nouveau de la facilité avec laquelle les Grecs introduisaient le divin partout ; il suffisait que Cyzique fût fière de la réputation qu’elle avait de fournir nombre d’architectes de grand renom.

[29] Le naïf scholiaste de LUCIEN paraissait indiquer mieux encore : aux frais du trésor public de l’Etal Romain ! (Sur l’Icaroménippe, 24).

[30] Tel est cependant, je dois le dire, l’avis de M. Bruno KEIL ; selon lui, le distique concernait, non pas le temple d’Hadrien, mais celui de Déméter et Perséphone (Kyzikenisches, Hermès, XXXII (1897), p. 497-508). J’avoue que les arguments qu’il invoque ne me persuadent pas.

[31] Éphèse : ECKHEL, II, 517 ; Smyrne : ECKHEL, IV, 297 ; add. Laodicée : MIONNET, IV, p. 328 sq., n° 770-771.

[32] MIONNET, supp., pp. 447, 448, n° 1043 et 1047 (Pergame) ; VII, p. 421, n° 488 et 492 (Sardes).

[33] Op. laud., p. 248 sq. ; sic BARCLAY HEAD, GrCBM, Lydia, p. CVII.

[34] D.N.V., IV, p. 305.

[35] Th. REINACH, Les Néocorats de Cyzique (Rev. Numism., 3e série, VIII (1890), p. 251).

[36] GrCBM, Mysia, p. 153, n° 317 ; Zeitschr. f. Num., XXIV (1903), pp. 75 et 142.

[37] GrCBM, Ionia, p. 106, n" 383 ; MACDONALD, Hunterian Collection, II, p. 284-5.

[38] Cette formule même m’incline à penser que le quatrième néocorat n’est pas celui d’Artémis. Autrement Pergame n’aurait eu qu’à ajouter celui de quelque autre culte en faveur chez elle (Déméter, la Mère des dieux, etc.) pour être, tout aussi bien, quatre fois néocore.

[39] LEB., 1722a.

[40] Cf. Th. REINACH, loc. cit., pp. 241-252.

[41] Le néocorat, à notre connaissance, cessa d’être attribué après Gallien.

[42] Je sais bien qu’après coup il se fit passer pour fils adoptif de Marc-Aurèle ; mais la plupart des Romains sans doute ne furent pas dupes de la supercherie.