LES CÉSARS DU TROISIÈME SIÈCLE

TOME TROISIÈME

LIVRE VII. — L'ÉPOQUE DITE DES TRENTE TYRANS - 260-275

CHAPITRE II. — TROIS EMPIRES. - GALLIEN, ODÉNATH, POSTUME - 262-267.

 

 

Telle était donc la situation. De l'île de Man jusqu'aux bords du Tigre, du Zuiderzee jusqu'aux cataractes de Syène, partout on se disait romain. Mais ce monde romain, combien avait-il de maîtres ? Gallien était obéi en Italie, il ne l'était guère au delà. A l'Occident, l'énergie gauloise, entraînant après elle l'Espagne et la Bretagne, opposait Postume aux Francs et aux Alemans sur le Rhin, l'opposait à Gallien du côté des Alpes, et essayait ainsi de fonder un empire séparé qui eût été plus vaste que celui de Charlemagne. A l'Orient, Macrien, Baliste, Odénath, ces deux derniers plus modestes, puisque l'un demeurait préfet du Prétoire et que l'autre s'était seulement proclamé roi de Palmyre, avaient fondé une vaste monarchie asiatique qui eût fait contrepoids à celle de Postume si l'une et l'autre avaient pu durer. Et ce n'était pas tout encore. Entre Rome et la Gaule, entre Rome et l'Asie, des empereurs éphémères avaient surgi. Nous avons nommé un Regillianus, élu quelque part en Illyrie ou sur le Danube ; il avait déjà disparu, assassiné, à ce que l'on croit, par ses propres soldats. Mais un Auréolus venait d'être malgré lui affublé de la pourpre par les légions illyriennes[1]. — Nous ne pouvons que nommer, tant il nous est peu connu, un Celsus qu'en Afrique le proconsul lui-même et le chef militaire romain firent déclarer empereur et que le peuple revêtît en guise de pourpre impériale d'un voile enlevé à la déesse Céleste, la grande déesse de Carthage ; Celsus régna sept jours, après lesquels, vaincu ou trahi, nous ne savons pas, il fut massacré, son image mise au gibet et son corps dévoré par les chiens[2]. — Un Trébellianus qu'on appelait jusque-là l'Archipirate, devenait le roi ou le César des montagnards isauriens dans l'Asie Mineure ; et, dans son château fort bâti sur les hauteurs, il se défendit longtemps contre les généraux de Gallien[3]. — Un Saturninus, chef d'armée, aimé de ses soldats, redouté des barbares, aimable et grave en même temps, fut aussi, nous ne savons même pas dans quelle province, revêtu solennellement de la pourpre ; et dans sa harangue aux soldats il ne put s'empêcher de leur dire : Camarades, vous perdez un bon général, et vous faites un mauvais prince. Au bout de peu de temps, sa fermeté en fait de discipline lui faisait perdre l'affection de l'armée, et il était massacré par ceux qui l'avaient élu[4]. Voilà ce que produisait cette autocratie militaire qui était, à vrai dire, l'unique charte constitutionnelle de l'empire romain.

Ce malheur-là en amenait d'autres ; le plus grand de tous, la persécution reparut. L'acte le plus louable de la vie de Gallien fut mis à néant, sous l'empire de ce Macrien qui avait déjà fait de Valérien un persécuteur. A Césarée en Palestine, un soldat brave, éprouvé, Marinus, allait être nommé centurion. Un envieux le dénonce comme chrétien ; le juge ou le gouverneur interroge Marinus et, comme il confesse sa foi, lui donne un répit de trois heures pour décider ce qu'il doit faire. Marinus va consulter l'évêque Théotecnus, et celui-ci, tout en s'entretenant avec lui, le mène par la main à l'église et au pied de l'autel. Là, relevant la chlamyde du soldat, il lui montre son épée, met en face de lui le livre des Évangiles et lui dit de choisir. Marinas étend la main et prend le livre. Sois donc tout à Dieu, lui dit l'évêque, que Dieu te donne la récompense que tu désires ! va en paix. Marinus sortant de l'église rencontre un messager qui vient l'appeler devant le préteur, parce que les trois heures sont passées. Avec une foi plus décidée qu'il ne l'avait montrée jusque-là, il va au tribunal et du tribunal au lieu du martyre. Un sénateur romain, Astyrius, aimé du prince, riche et noble, renommé par la hardiesse de sa foi, charge sur ses épaules le cadavre de ce soldat supplicié, l'enveloppe d'une pièce d'étoffe blanche, et lui fait de magnifiques obsèques[5]. On revenait ainsi à l'ère des persécutions et des martyrs.

Mais plus que jamais aussi on subissait les châtiments dus aux persécuteurs. L'Égypte qui faisait partie de l'empire de Macrien peut nous donner une idée de ce qui se passait dans l'intérieur de chaque province. L'illustre évêque, Denys d'Alexandrie, à peine revenu de la retraite à laquelle la persécution de Valérien l'avait condamné, trouve la guerre civile installée au milieu de la ville. On se bat pour Macrien, pour Gallien, pour d'autres encore. Comment puis-je, écrit-il à un de ses collègues dans l'épiscopat, communiquer avec ceux qui sont loin de moi, quand je puis à peine me recueillir et causer avec moi-même ? Pour parler à mes frères, à mes voisins, aux membres de mon église, il faut une lettre, et cette lettre a grand'peine à leur parvenir. On irait plus aisément de l'Orient à l'Occident que d'Alexandrie à Alexandrie. La rue qui partage la ville est plus difficile à traverser que le désert pour les Israélites. Le port jadis si paisible me rappelle aujourd'hui la mer que les Hébreux ont franchie, mais où les Égyptiens ont péri : je l'ai vu souvent rouge de sang.... L'air est infecté de cadavres. Et néanmoins les hommes se demandent encore pourquoi tant de pestes et de maladies ; pourquoi notre ville jadis si grande, lorsqu'elle compte tous ses habitants, des enfants aux hommes les plus décrépits, n'en trouve plus même autant qu'elle comptait jadis de vieillards encore vigoureux ! Sur les registres des approvisionnements, il y avait alors plus d'hommes de quarante à soixante-dix ans, qu'il n'y en a de quatorze ans à quatre-vingts.

Et cependant, l'Égypte ne connaissait pas de tous les fléaux qui accablaient l'Empire le plus redoutable peut-être, les invasions des barbares. Elle en était exempte ; elle ne devait pas l'être toujours. Mais presque partout ailleurs, on avait à combattre les barbares, on les combattait avec gloire quelquefois, mais pas avec assez de succès pour les dégoûter de revenir.

Il ne faut pas se figurer, en effet, les invasions de barbares en ce siècle telles qu'ont pu être parfois celles du cinquième siècle : des peuples se soulevant et se déracinant pour ainsi dire du sol qu'ils habitent, arrivant tous, hommes, femmes, enfants, troupeaux, pour conquérir une autre terre et y établir leur demeure. Au temps dont nous parlons, les Francs et les Allemans sur le Rhin, les Allemans et les Goths sur le Danube sont bien plutôt des peuples que Rome a longtemps contenus, refoulés, rejetés dans leurs forêts ; mais quand ils voient Rome s'affaiblir, la barrière moins bien gardée, la sentinelle moins vigilante, moitié vengeance, moitié amour du pillage, ils font une trouée sur la terre romaine ou débarquent en pirates sur le sol romain, dévastent, détruisent, emportent ; et lorsqu'enfin les légions lentement réunies viennent leur opposer une résistance sérieuse, ils se retirent ou se laissent vaincre, contents et glorieux, s'ils peuvent, se sauvant eux et leurs femmes, emporter tout leur butin sur le dos de leurs captifs.

Au moment que nous racontons, c'est surtout par mer que les invasions s'opèrent. Sur le Danube et le Pont-Euxin, la ligue gothique est devenue plus puissante, en même temps que la fédération romaine l'était moins. Les Gépides brouillés avec les Goths se sont réconciliés avec eux ; un peuple nouveau, les Hérules, est arrivé du golfe Méotide avec cinq cents vaisseaux[6]. Une horde de Goths venue par terre possède un instant la Thrace, assiège Thessalonique, pénètre jusqu'en Achaïe. Toute la Grèce est épouvantée ; elle garnit de nouveau de ses soldats les Thermopyles forcées tant de fois ; Athènes relève ses murailles détruites depuis Sylla. Vers le même temps les Scythes, comme disent les historiens, mais pour parler plus exactement, une autre branche des Goths venue par la mer Noire sous les trois chefs, Respa, Viduco et Turvaco, attaque les côtes de l'Hellespont, brûle le temple d'Éphèse, renverse Chalcédoine, dévaste Ilion ; puis, passant sur l'autre rive, occupe la Thrace, prend plaisir à faire usage des eaux chaudes d'Anchialus, et de là repart tranquillement pour son pays natal[7].

Les Francs furent des pirates plus audacieux encore. L'indomptable énergie et l'inquiète activité de ce peuple nous est peinte par un écrivain du quatrième siècle : Une mer agitée par la tempête est pour eux comme la terre ferme, le vent glacial de l'hiver comme les tièdes brises du printemps. Le plus grand malheur à leurs yeux c'est de vivre en paix. Mutilés, ils combattent encore ; ayant fui, ils retournent sur leurs pas. On n'a jamais pu ni leur persuader de vivre en repos, ni les y contraindre. Ils prennent leurs repas sans quitter leurs armes ; ils se livrent au sommeil le casque sur la tête. Ils sont agités comme les flots de la mer[8].

Jusque-là ils avaient combattu principalement sur terre. Mais l'énergie de Postume les arrêtait ; des châteaux forts bâtis sur la rive barbare du Rhin attestaient la puissance de l'Hercule gaulois. Les Francs se brisaient irrités contre cette barrière. Postume sauvait ainsi l'empire, en d'autres termes la civilisation romaine : Si les Germains, dit Pollion, eussent à cette époque, rencontré le même succès que les Goths et les Perses, le nom vénéré de l'empire romain disparaissait[9].

Mais la race franque avait goûté aux joies du pillage, elle savait de quels trésors abondaient les villes romaines, elle ne se résignait pas à s'en passer. Vivant dans les marais de la Hollande, à moitié sur terre et à moitié sur les eaux, le Franc de soldat se fait matelot (faut-il dire de bandit se fait pirate ?) et vaincu sur terre, va tenter la fortune sur l'Océan. Il aborde jusqu'en Espagne où Postume commande toujours, mais commande de loin. Cette contrée, à l'abri jusque-là des invasions barbares, par suite ayant peu de soldats, par suite ne fournissant pas de candidats à l'Empire et restant étrangère aux querelles des compétiteurs qui se disputaient la pourpre, cette contrée obéissait paisiblement à Postume, sans crainte d'être inquiétée par Gallien ; elle pensait traverser impunément la crise des révolutions. Mais elle aussi avait fait couler le sang des martyrs. Les Francs l'occupèrent, ou du moins la pillèrent, douze années durant, selon le récit d'un Romain-Espagnol du cinquième siècle. Tarragone, sa métropole, fut affreusement dévastée, et cent cinquante ans après, on montrait encore les ruines que ces pirates avaient faites. Ils poussèrent jusqu'en Afrique où l'on ne nous conte pas leurs exploits. L'Espagne à l'extrémité occidentale de l'Empire était trop loin de tous les Césars quels qu'ils fussent, pour qu'ils eussent le souci ou le pouvoir de la défendre.

La Gaule les touchait de plus près ; mais, si elle était défendue, elle l'était par ses empereurs à elle, non par les empereurs de Rome. Et, malgré tout, on vit à une époque impossible à déterminer, le roi des Alemans Chrocus, poussé par l'ambition de sa mère, prenant sain doute le moment où le César Postume était occupé à contenir les Francs vers le nord, envahir le pays des Séquanes (Franche-Comté), pousser à l'ouest jusqu'à Angoulême, au midi jusqu'à Arles. Les populations gauloises, abandonnées de leurs Césars, eurent pour défenseurs les évêques chrétiens. — Pendant que le peuple des Gabbali (Gévaudan) s'était retiré sur un point fortifié pour résister à l'ennemi, Privat leur évêque fut pour eux une victime expiatoire. Retiré dans une caverne hors de la ville, il jeûnait et priait, exposé à toutes les fureurs de l'ennemi. Les barbares le saisirent et eussent voulu qu'il trahit ses concitoyens et son Dieu, ceux-là en aidant à les surprendre, celui-ci en sacrifiant aux fausses divinités. Il refusa et fut mis à mort. — A Angoulême, l'évêque Ausone, assiégé avec tout son peuple et le voyant manquer de pain, se dévoue et va auprès des vainqueurs solliciter la paix : C'est moi, dit-il, qui ai conseillé la résistance ; immole-moi, mais épargne-les. — Ces barbares étaient des persécuteurs acharnés. On compte dans les fastes de l'Église cinq évêques qui ont souffert la mort de leur main[10].

Or la même race qui menaçait la Gaule menaçait également l'Italie. Passant les Alpes comme Chrocus passa le Rhin, d'autres Alemans envahissaient l'Italie, descendaient jusqu'à Ravenne, épouvantaient Rome. Et pour que la terreur arrivât dans Rome du Midi comme du Nord, la Sicile, ce pays qui avait vu tant de révoltes d'esclaves, en voyait une nouvelle ; et des bandes de fugitifs devenus brigands, impunis parce que la force manquait pour les punir, effrayaient et dévastaient le pays. Entre le Romain et le barbare, entre une province et la province voisine, entre l'esclave et l'homme libre, la guerre était partout, pendant que Gallien osait écrire sur ses monnaies : La paix partout[11].

Cette vengeance de Dieu par la guerre n'était pas encore assez directe. Il fallait que la nature elle-même s'armât contre le monde romain. Sous le consulat de Gallien et Faustinus (262) il y eut à Rome, dans l'Asie-Mineure, en Afrique, d'effroyables tremblements de terre ; plusieurs jours de ténèbres, un épouvantable mugissement de la terre, et comme un tonnerre souterrain. Bien des édifices furent dévorés avec leurs habitants ; bien des hommes moururent de la seule frayeur ; la terré resta sur plusieurs points marquée de profondes crevasses, au fond desquelles se trouvait de l'eau salée. La mer, en effet, avait eu sa part à cette catastrophe, comme elle l'a souvent aux catastrophes de ce genre, et elle avait débordé sur un grand nombre de villes.

Qu'à la suite de ces maux vint la peste, on plutôt que la peste, endémique dans l'empire romain, eût un redoublement à la suite de tant de guerres, de dévastations et de malheurs, qui peut s'en étonner ? On nous parle de cinq mille hommes morts le même jour de là même maladie — est-ce dans Rome seulement[12] ? Alexandrie eut une grande part de ces douleurs. La paix lui avait été rendue pour un instant ; mais elle commençait à peine à respirer que la terrible peste survint. Ce fut pour les païens un profond sujet d'épouvante, pour les chrétiens une occasion de s'humilier, de prier, de méditer, de souffrir. Ceux-là, devenus fous de terreur, jetaient les malades hors des maisons, abandonnaient leurs amis les plus chers, les laissaient mourants dans la rue ; morts, ne les ensevelissaient pas. Les chrétiens, prêtres, diacres, laïques ; soignaient les malades les guérissaient parfois ; morts, leur fermaient les yeux et la bouche, les emportaient sur leurs épaules, les lavaient, les habillaient pour la tombe, sauf à recevoir bientôt des survivants le même office qu'ils avaient rendu aux morts. Beaucoup, en effet, périrent dans ce saint exercice de la charité, moins nombreux cependant que les païens qui mouraient en foule malgré toutes leurs précautions et tout leur égoïsme. Saint Denys compare ce dévouement à celui du martyre, et l'Église en effet a mis au nombre des saints ces martyrs de la charité dont les noms inconnus sont inscrits au livre de vie[13].

Pendant ce temps de guerres civiles, de guerres étrangères, de dévastations, de tremblements de terre, d'épidémies, que faisait le César Gallien Auguste ? Il est vrai, il faisait consulter les livres de la Sibylle, et par suite ordonnait un sacrifice à Jupiter gardien de la santé. Ses monnaies qui sont une curieuse, mais peu véridique histoire de son temps, sont consacrées les unes à prier pour les malheurs de l'Empire, les autres à proclamer la félicité de l'Empire Elles invoquent Apollon, le dieu de la médecine ; Esculape, conservateur d'Auguste ; le Soleil, conservateur d'Auguste ; Sérapis, compagnon d'Auguste ; Jupiter, pacificateur du monde. Mais en même temps elles osent parler de l'abondance, de l'éternité d'Auguste, de la concorde des armées, de la fidélité des soldats, de la liberté recouvrée. On gravait le mensonge alors aussi délibérément et aussi officiellement que depuis trois siècles on l'imprime.

Mais tout ceci ne préoccupait pas autrement Gallien. Il prenait les maux de l'Empire en patience ; sa philosophie était admirablement joyeuse. — L'Égypte s'est révoltée, venait-on lui dire. — Eh bien ! il faudra savoir nous passer du lin d'Égypte. — L'Asie est dévastée par les Scythes d'un côté, par les tremblements de terre de l'autre. — La fleur de nitre nous manquera, voilà tout. — La Gaule est perdue. — La République, dit-il en riant, sera-t-elle bien malade parce que nous n'aurons plus de manteaux gaulois ?[14] Cet économiste, qui appréciait ainsi la valeur de ses provinces par leurs produits industriels, allait de là dans les tavernes, les maisons de jeux et les mauvais lieux de Rome, voir ses amis les cabaretiers et les prostituées ses amies. On prétend cependant qu'il aima sa femme Salonine, et qu'elle ne fut pas sans quelque crédit auprès de lui ; mais bien plus grand fut à une autre époque celui de la germaine Pipa ou Pipara, qu'il avait achetée, par le don d'une partie de la Pannonie au roi des Marcomans son père, pour en faire, disait-il à cet innocent germain, sa femme, et, disait-il aux Romains, sa concubine[15] Voilà pourquoi Gallien, qui perdait si gaiement son empire, mettait sur ses monnaies : A la gaité (Alacritati).

Dans cette situation si étrange, vint cependant un moment qui fut pour Gallien un éclair de sagesse politique, pour sa fortune un revirement inattendu. Il sentit qu'il fallait prendre son parti de la division de l'Empire, qu'elle était même nécessaire à la défense commune contre les barbares, et que parmi tant d'ennemis, il fallait au moins se faire un allié. Entre ses deux plus proches voisins, Postume dans les Gaules, Auréolus en Illyrie, son choix ne dut guère hésiter. Il lui eût été pénible de traiter avec la révolte gauloise par cela même qu'elle était plus forte, plus nationale, moins exclusivement militaire, et qu'entraînant avec elle la Bretagne et l'Espagne, elle possédait presque une moitié de l'Empire. Aussi, après avoir quelque peu guerroyé contre Auréolus, fit-il sa paix avec lui, l'accepta ou comme son collègue ou comme son lieutenant, et le décida à marcher avec lui contre Postume. C'est peut-être à cette époque qu'il faut rapporter le singulier défi qu'on nous a transmis de Gallien à Postume : Ouvre-moi le passage des Alpes, dit Gallien, combattons à armes égales, et un seul combat terminera la guerre. — Je ne céderai pas les Alpes, répond Postume ; si des Romains m'attaquaient, je les combattrais, mais j'aurais regret de les combattre. Gallien alors propose un combat singulier. — Je n'ai jamais été gladiateur, telle est la réponse. J'ai veillé sur les provinces que tu m'as confiées : ce sont les Gaulois qui m'ont fait empereur ; il me suffit de gouverner et de défendre ceux qui m'ont élu[16].

A plusieurs reprises, autant que nous pouvons en juger par les récits tronqués et obscurs qui nous restent, la guerre recommença entre Postume d'un côté, Auréolus et Gallien de l'autre, Postume éprouva des défaites ; mais le caractère national de sa royauté le Soutint. Il n'avait pas seulement, sous ses ordres les douze ou treize légions romaines du Rhin, de la Bretagne et de l'Espagne ; les populations gauloises lui fournissaient encore des auxiliaires ; les Francs même, qu'il avait énergiquement combattus, lui donnaient de bons soldats, Aussi n'était-ce pas du côté dé l'Occident que la fortune allait redevenir favorable à Gallien, et que son horizon allait s'éclaircir.

C'était l'Orient au contraire qui, après s'être séparé de Rome, revenait vers elle ; c'était l'ambition du César oriental Macrien, qui allait servir Gallien, son ennemi. Ce vieux soldat, persécuteur de l'Église, qui se di, sait tout à l'heure trop infirme pour être empereur en Orient, se jugeait maintenant en état de conquérir le monde romain tout entier. Tenait-il à rallumer dans l'Occident comme il l'avait fait en Orient la persécution que Gallien avait fait cesser ? Quoiqu'il en soit, sa pensée s'était tournée promptement de l'Euphrate vers le Tibre, Ce n'était pas assez pour lui de maintenir l'Orient libre contre Gallien et de le défendre contre Sapor : marcher vers l'Occident, détrôner les tyrans qui le divisaient, détrôner Gallien lui-même, régner seul sur tant de ruines, reconstruire l'unité romaine au bénéfice de sa propre famille : tel était le désir de ce soldat heureux et de ce païen que les sortilèges d'Orient encourageaient à tout oser. Il n'était peut-être César que depuis peu de mois lorsque, laissant les affaires d'Orient à son fils Quietus appuyé par Baliste, il s'achemina avec son fils aîné Junius Macrianus par l'Asie-Mineure, la Thrace, l'Illyrie, pour arriver, si les dieux le permettaient, jusque dans Rome (262).

Cette expédition aventureuse allait amener un dédale de complications qu'il n'est facile ni de bien comprendre ni de bien expliquer. Une usurpation ne se produisait pas sans se heurter contre une autre. Macrien avait envoyé en avant son lieutenant Pison pour soulever l'Achaïe ; Pison se rencontra avec Valens proconsul d'Achaïe, fut vaincu par lui et se retira en Thessalie où, sans que nous sachions bien comment, il se fit empereur pour quelques jours. Valens lui-même, après avoir fait périr Pison, à son tour se proclama César, ç ne trouvant pas d'autre moyen de pourvoir à sa propre sécurité. ; » il y pourvut mal ; car, peu après, il était tué par ses propres soldats[17].

Macrien arrivait enfin pour balayer, il l'espérait, tous ces empereurs, Césars d'un an ou Césars d'un jour, usurpateurs ou princes légitimes — si toutefois dans l'empire romain fondé uniquement sur la force il y avait une légitimité quelconque. Mais Macrien n'eut pas même l'honneur d'être battu par le César de Rome, Gallien. Avant d'avoir atteint la frontière d'Illyrie, il se rencontra avec Auréolus, et sa fortune plia devant la fortune de cet aventurier ; les troupes gagnées par son ennemi l'abandonnèrent sur le champ de bataille ; une cohorte pannonienne, la dernière restée fidèle, avant de passer au vainqueur, accorda à son César la seule grâce qu'il lui demandât, celle de le tuer lui et son fils.

La chute de cet empereur oriental entraînait la chute de son empire. Bientôt celui de ses fils qu'il avait laissé en Asie, poursuivi par des envoyés d'Auréolus ou de Gallien, poursuivi même par les soldats d'Odénath, était assiégé dans Émèse ; et ses compagnons, pour faire leur paix avec le vainqueur, tuaient leur prince et jetaient son corps du haut des remparts. A cette heure-là donc il n'y eut plus (car Odénath, roi de Palmyre, ne prenait pas le titre de César) depuis les Alpes jusqu'à l'Euphrate un autre César ou un autre Auguste que le fils de Valérien.

Quelle joie de telles nouvelles apportèrent dans le palais de Gallien, il est facile de le concevoir. Quelle joie durent-elles apporter dans Rome ? Elle fut probablement médiocre ; Rome vivant trop près de Gallien ne l'aimait pas ; elle avait au contraire de la sympathie pour les Césars éloignés. Mais nous avons du moins un témoignage de la joie bien légitime que la chute de Macrien fit éprouver aux chrétiens d'Orient. Il leur était certes permis de ne voir dans Macrien qu'un persécuteur, et de voir surtout dans Gallien le prince qui, dès le premier jour, avait mis fin aux persécutions. Denys d'Alexandrie remarque quelle a été en général la prompte fin des persécuteurs et en particulier de Macrien : Macrien a péri avec toute sa famille ; mais Gallien reconnu empereur par la volonté de tous, Gallien, qui a régné avant eux, règne après eux  Un nuage obscurcit quelquefois le soleil ; mais le nuage se dissipe et le soleil reparaît dans son éclat. Le pouvoir souverain se rajeunit, se purifie de ses anciennes taches, est plus florissant que jamais... Les impies n'ont duré qu'un jour ; notre religieux empereur est aujourd'hui dans la neuvième apnée de son règne[18].

Et ce succès contre les usurpateurs de la pourpre n'était pas le seul que Gallien remportait par la main d'Odénath. Il avait eu la sagesse, d'après les conseils de son frère Valérien, de ne pas marchander le titre d'Auguste ou au moins celui d'empereur[19] au seul général qui avait eu la modestie de ne pas le prendre ; en d'autres termes, unissant sa cause à celle d'Odénath, le proclamant roi des rois et imperator, il avait reconnu un empire, non pas vassal, mais ami du sien. Or, le César palmyrénien ne tarda pas à payer magnifiquement sa bienvenue à la pourpre romaine. Ce roi des rois, comme il s'appelait, qui ne dédaignait pas de se faire le serviteur de la chose romaine, ce Syrien plus jaloux que les Romains de la gloire de Rome, cet étranger plus attentif à venger son César que le fils même des Césars, avait au milieu des troubles de l'Empire poursuivi la glorieuse pensée de délivrer ou du moins de venger Valérien. Il entra donc en Mésopotamie, reprit toutes les villes que l'Empire persique et l'Empire romain se disputaient, pénétra sur le territoire persique, força le roi Sapor à se réfugier dans sa capitale, l'y assiégea, et, s'il ne put le prendre, revint du moins avec un glorieux trophée de provinces reconquises et de satrapes faits prisonniers. Valérien dans sa hideuse captivité dut être consolé par le dévouement de cet étranger de l'indifférence de son fils.

Malheureusement la mobilité d'esprit de Gallien compromettait tout. Lui qui n'avait jamais marché vers l'Orient, tout à coup s'achemina vers Byzance (203), non pour une guerre, mais pour une vengeance et une vengeance atroce. Cette ville s'était-elle armée pour

°rien ? Nous ne le savons ; ce qui est certain, c'est qu'elle était en armes, et que Gallien était irrité contre elle. Avec des promesses de clémence, il obtint que les portes fussent ouvertes ; puis, manquant à ses promesses, il fit massacrer tout ce qui pouvait porter les armes. Faut-il en croire Trébellius Pollion, d'après lequel l'extermination fut si complète, que, de son temps, il ne restait dans la ville aucune famille originaire de l'ancienne Byzance, sauf celles dont les chefs, à l'époque du massacre, s'étaient heureusement trouvés absents ? Le saint évêque d'Alexandrie, nous pouvons le croire, ne célébra pas le dixième anniversaire de Galien avec autant de cœur qu'il avait célébré le neuvième[20].

Mais, ce dixième anniversaire, Gallien entendait qu'il Mt célébré à Rome, sinon de grand cœur, du moins en grande pompe. C'était pour Rome une solennité extraordinaire que ce jour décennal du prince, quand, par une fortune bien rare, le prince parvenait à ses dix ans de règne. Lorsque ce jour arriva pour Gallien, sur son horizon un instant éclairci, quelques nuages nouveaux s'étaient déjà montrés. En Orient, à côté d'Odénath toujours fidèle, Baliste qui avait fait Macrien empereur avait, à ce qu'il parait, essayé de se faire empereur lui-même[21]. De plus, l'Égypte, un instant rentrée sous le joug de Gallien, en était sortie par une émeute : une querelle entre esclaves et soldats à l'occasion d'un soulier[22] avait ému cette population toujours turbulente ; la maison du gouverneur Émilien avait été assiégée, et lui n'avait trouvé d'autre moyen de sauver sa vie que de se résigner à être empereur (c'était un bien court répit). Empereur, et par conséquent ennemi de Gallien, il ne pouvait se dispenser de fermer les greniers de l'Égypte et d'affamer Rome[23].

Malgré ces fâcheuses nouvelles, Gallien voulait que Rome se réjouît de l'avoir eu dix ans pour empereur (263). Un cortège magnifique s'achemina à travers les rues. A la tête marchaient cent bœufs blancs, leurs cornes attachées par un lien d'or, ayant sur le dos des housses de soie de couleurs brillantes et bigarrées ; quatre cents brebis blanches ; dix éléphants (tout ce qu'il y avait d'éléphants dans Rome) ; mille gladiateurs avec des manteaux dorés comme ceux des matrones deux cents bêtes sauvages de toute espèce, non moins magnifiquement habillées ; des voitures chargées de mimes et d'histrions. Et, pendant que cette pompe animale et humaine gravissait d'un côté le Capitole, un autre cortège plus exclusivement officiel y montait d'un autre côté. C'était Gallien couvert de la toge peinte des consuls et de la tunique palmée des triomphateurs, entouré du Sénat, des préteurs, des chevaliers, des soldats vêtus de blanc, précédé de tout le peuple, nous dit-on, y compris les femmes et les esclaves. Des flambeaux et des lampes allumées, cinq cents hastes d'or, cent drapeaux, drapeaux des corporations, drapeaux des temples, drapeaux des légions, flottaient au-dessus de cette foule. Et, pour que la fête eût bien le caractère d'un triomphe, des prisonniers authentiques ou apocryphes, Goths, Sarmates, Francs, Perses, deux cents an moins de chaque nation, suivaient leur prétendu vainqueur, au milieu des applaudissements, des chants de joie, des farces des baladins.

Mais Rome au fond du cœur n'applaudissait pas ; elle gémissait ou elle raillait. Elle se moquait de Gallien qui, au milieu des pompes de son triomphe, n'était occupé, disait-on, que de son souper du soir et de son spectacle du lendemain. Elle gémissait de voir le César régnant oublier le César captif, le fils oublier le père ; elle savait qu'à cette même heure où Gallien se réjouissait, Valérien vieux et flétri servait comme d'habitude de marchepied à un roi barbare. Il y avait et dans le peuple et dans l'armée des partisans de Postume, d'Émilien, de Regillianus, de Saturninus ; il n'y en avait pas de Gallien, sauf ceux qui étaient payés pour le paraître. Et dans le peuple et dans l'armée, la haine alla jusqu'à l'horreur, quand on sut comment avait été punie une raillerie assez méritée. Sur le passage du groupe des soi-disant prisonniers perses, quelques plaisants se mêlèrent à eux et se mirent à les examiner, un à un, d'un air ébahi ; quand on leur demanda ce qu'ils voulaient : Nous cherchons, dirent-ils, le père de l'Empereur. Gallien le sut et les fit brûler vifs.

Cependant la fortune semblait le favoriser de nouveau. Les Césars que faisait la révolte ne tardaient pas en général à être défaits par l'assassinat, et de temps en temps arrivait à Gallien la nouvelle de quelqu'une de ces sanglantes tragédies que les historiens mentionnent en un seul mot, mais qui portaient la joie an cœur du César de Rome. Regillianus, en Mésie, avait été immolé par ceux-là mêmes, citoyens et soldats, qui l'avaient fait César, et qui craignaient la vengeance de Gallien maintenant plus puissant[24]. Saturninus était tombé victime de son amour pour la discipline[25]. Baliste fut tué ou par les soldats d'Auréoles ou par ceux d'Odénath[26]. A son tour, Émilien, qui dans son gouvernement d'Égypte n'avait manqué ni d'énergie ni de sagesse, fut attaqué dans Alexandrie (264) par un général de Gallien nommé Théodote, dont il faut citer le nom, parce que, par une rare exception, il n'eut ni la fantaisie ni l'obligation de se faire César. Émilien fut vaincu, fait prisonnier, envoyé à Rome et là étranglé par l'ordre de Gallien.

A l'heure donc où nous en sommes venus (264), après toutes ces péripéties d'empereurs proclamés et d'empereurs assassinés, Gallien n'a plus que trois collègues ou compétiteurs : en Illyrie Auréolus, qu'il a fait son allié et son vassal et dont il se sert faute de pouvoir le détrôner ; dans l'Orient, Odénath reconnu par lui chef de l'Empire asiatique, et défenseur contre les Perses du nom et de la civilisation romaine ; dans l'Occident, Postume, portant lui-même les titres de Consul, de César, d'Auguste ; lui aussi, défenseur contre la barbarie germanique de la civilisation et du nom romain ; mais auquel Gallien ne pardonne pas, et contre lequel il combattra toujours. Rome ou du moins Galien peut admettre une royauté lointaine, sur les bords de l'Euphrate ; mais, une royauté qui touche par les Alpes à l'Italie, qui réunit sous sa loi les peuples énergiques de la Gaule et les peuples encore à demi sauvages de la Bretagne, il ne se résigne pas à l'accepter ; il luttera contre elle toute sa vie. Et cependant, trois souverainetés militaires, l'une sur le Rhin, l'autre sur le Danube, l'autre sur l'Euphrate, ayant chacune ses barbares à repousser et sa frontière à défendre ; et au milieu d'elles, Rome, cité reine, ville fédérale, ville pacifique, foyer de la civilisation dont les empires vassaux eussent été les remparts : n'était-ce pas là un beau rêve ?

Mais, répétons-le en passant, il y avait pour le monde entier mieux qu'un beau rêve, il y avait une divine et indestructible espérance. Grâce à Dieu, à travers ce chaos de la vie romaine, et dans cette société si tristement agitée, il y avait toujours et plus que jamais des chrétiens, et leur présence fournit à l'histoire quelques-uns de ces traits qui consolent et qui reposent. Pendant quelques jours Alexandrie s'était vue partagée en deux camps : la citadelle, le Bruchium, où était renfermé le Sénat, défendait encore la cause d'Émilien et était assiégée par l'armée romaine ; le reste de la ville avait accepté l'autorité de Gallien. Les assiégés, hommes, femmes, enfants, souffraient déjà de la faim et de la soif. Mais et dans la ville et dans la citadelle, il y avait des chrétiens. Par dessus les remparts et à travers les soldats ennemis, leur commune charité sut les réunir. Le chrétien Anatolius, chef en ce moment de l'école péripatéticienne d'Alexandrie et l'un des chefs du Sénat, put communiquer en secret avec le chrétien Eusèbe, célèbre comme lui dans la science et aimé du général romain. Eusèbe obtint du général de Gallien amnistie pour tous ceux qui viendraient se soumettre. Anatolius proposa au Sénat de profiter de cette amnistie, et de capituler : sa demande repoussée, il put du moins obtenir que les femmes, les enfants, les vieillards, les blessés eussent la liberté de sortir, laissant d'autant plus de vivres aux défenseurs de la citadelle. Eusèbe de son côté réussit dans la tâche plus difficile d'obtenir du général romain de laisser libre cette sortie. Femmes, enfants, vieillards quittèrent donc la citadelle, et avec eux bien d'autres que la nuit protégea, des hommes déguisés en femmes, des chrétiens surtout auxquels il était certes permis de ne pas vouloir porter les armes contre Gallien. Ces fugitifs, ces malades, ces blessés, épargnés par la clémence du chef romain, furent remis aux mains d'Eusèbe qui les accueillit comme un père, les soigna comme un médecin. les consola comme un apôtre. L'Église ne sépara pas les deux fidèles qui avaient accompli cette œuvre de charité : ils furent l'un après l'autre évêques de Laodicée ; tous deux, ils sont comptés au nombre des saints[27].

 

 

 



[1] M. Acilius Auréolus, commandant en Illyrie, proclamé César (261) par ses soldats, puis associé par Gallien à l'empire, tué en 261 après Gallien. Ses monnaies : concordia militum, concordia equitum. Voir Trébellius Pollion, XXX tyr., 10. Aurel. Victor, de Cæsaribus. Id. Épitomé. Eutrope.

[2] Trébellius Pollio, 28.

[3] Trébellius Pollio, 23.

[4] Trébellius Pollio, 22. De ces trois personnages, il y a des monnaies, mais dont on suspecte l'authenticité.

[5] S. Marin et S. Astère, 3 mars (3 juin ?). V. les martyrologes et D. Ruinart, Acta Selecta.

[6] Georgius Syncellus.

[7] Jornandès, 20.

[8] Libanius, Discours impérial.

[9] XXX tyrann., 5.

[10] Je suis ici le récit de saint Grégoire de Tours (Hist. Franc., I, 32-34), plutôt que celui de Frédégaire et d'Aimoin, écrivains postérieurs, lesquels font Chrocus roi des Vandales et placent son invasion au cinquième siècle. Les martyrs vénérés par l'Église et qui se réfèrent à cette persécution sont : en Auvergne, SS. Anatolianus (Antolein), 6 février ; Limininus, 29 mars ; Cassius, Victorin, Maximin et autres, 15 mai. (Greg. Turon., loc. cit. et de plus De miraculis, 65 ; De gloria confessorum, 30, 35, 36.) — A Angoulême, saint Ausone, évêque, 22 mai. — A Javoulx, dans le Gévaudan, saint Privat, évêque, 21 août (Greg. Turon. ; Fortunat). — A Besançon, saint Antide, évêque, 25 juin, et saint Valérien, diacre de Langres, 22 octobre. — A Langres, saints Desiderius (Didier), évêque, 23 mai ; Florentius et Vandalitius, 27 octobre. — A Alby, Amaranthus 7 novembre (Greg. Turon., De gloria martyrum, 57). — A cette liste, il faudrait ajouter neuf évêques du midi de la France, nommés dans la prière de saint Amatius, évêque d'Avignon, qu'a publiée Polycarpe de la Rivière (V. la Gallia christiana).

[11] VBIQVE PAX. Il y a au droit une tête avec les mots Galliena aug. (serait-ce, comme on l'a dit, une ironie de Postume ?). Une inscription porte : MAGNO ET INVICTO GALLIENO... PACIS R (estitutori). Pacata omnia ignaris publici mali improbe suadebat. Aurelius Victor, De cæsarib., 33.

[12] Trebellius Pollio, in Galieno, 5.

[13] Dionys. Alex., Epist. Paschalis apud Eusèbe, VII, 22. Leur fête est le 28 février.

[14] Trebellius Pollio, in Gallien, 8.

[15] Trebellius Pollio, in Salonino, 3, et les deux Victor.

[16] Incertus auctor apud Mai, Script. veter., t. II.

[17] Non aliter sibi subveniri posse existimans. Trebellius Pollio, XXX Tyr., 18. Voyez, sur Pison, Valens et un autre Valens, oncle de celui-là, qui avait été César en son temps. Ibid., 18-20.

[18] Denys d'Alex., Epistola ad Hermammonem apud. Eusèbe, Hist. Ecclés., VII, 22, 23.

[19] Trebellius Pollion dit qu'il fut fait Auguste. Cependant ses monnaies et ses inscriptions ne lui donnent que les titres de roi des rois ou d'imperator.

[20] Trebellius Pollio in Gallien., 6, 7.

[21] Trebellius Pollio in XXX tyrann., 17, parle avec quelques doutes de la proclamation de Baliste empereur. Empereur ou non, il fut assassiné.

[22] Un esclave cordonnier s'était permis de dire que ses chaussures valaient mieux que celles des soldats.

[23] Sur Æmilianus Alexander ou Alexandrinus, V. Trebellius Pollio, XXX Tyr., 21 ; et une monnaie alexandrine, datée de la première année de ce César, mais très-suspecte.

[24] Trebellius Pollio in XXX tyr., 9.

[25] Trebellius Pollio in XXX tyr., 22.

[26] Trebellius Pollio in XXX tyr., 17.

[27] V. Eusèbe, Hist. ecclés., VII, 11, 32 (d'après S. Denys d'Alexandrie). Sur S. Anatole, évêque de Laodicée. V. encore Hieronym., De viris illustrib., 73 ; sa fête le 3 juillet ; celle de S. Eusèbe le 4 octobre.