LES CÉSARS DU TROISIÈME SIÈCLE

TOME TROISIÈME

APPENDICE

SUR L'ÉDIT DE MAXIMUM DE DIOCLÉTIEN.

 

 

Cet édit nous est connu par le passage de Lactance cité dans le texte, par Idace (Fasti consulares, ad annum 302), et par de nombreux fragments d'inscriptions qui nous permettent d'en recomposer une grande partie. La première connue a été une inscription de Stratonicée en Carie ; puis d'autres se sont trouvées, dont une en Égypte qui a été apportée à Aix en Provence, d'autres dans l'Asie-Mineure et en Laconie. On peut les lire soit dans le cardinal Mai, Scriptorum veterum nova collectio, tom. V, p. 301, soit dans un ouvrage, le dernier paru, si je ne me trompe, et le plus complet, l'ouvrage de M. Waddington  : Édit de Dioclétien établissant le maximum dans l'Empire romain, avec nouveaux fragments et commentaires. — Paris, 1864.

L'édit débute par les titres des quatre princes au nom desquels il est publié. Ce préambule est cité par Henzen (5560). J'en ai fait usage dans plusieurs endroits de mon ouvrage pour établir les titres et la chronologie des quatre empereurs. Mais quoique l'édit soit fait, comme c'était l'usage, au nom des quatre princes, il est probable qu'il a été l'œuvre de Dioclétien seul et ne s'est exécuté que dans ses états. Les inscriptions qui le relatent ne se rencontrent que dans les états de Dioclétien.

Après ce préambule viennent des considérants en style ampoulé, je les analyse et j'en cite quelques fragments dans le passage ci-dessus indiqué.

Puis enfin, la série des prix maxima, classés par chapitres selon les différents genres de travaux ou de marchandises. Nous retrouvons la trace de dix-sept de ces chapitres. Le premier traitait des céréales, le second des vins, bières, etc., le troisième de l'huile, vinaigre, sel, etc., le septième, du salaire des ouvriers, etc.

Je ne puis entrer dans tout le détail. Je relève seulement d'après les calculs de M. Waddington, quelques-unes de ces fixations de maximum, réduites en poids, mesures et monnaies modernes. Il faut ne pas oublier que ce sont des prix limités par l'autorité, par conséquent inférieurs à ce qu'aurait été le taux naturel da commerce.

Ainsi nous voyons le prix du seigle (sicale sive centenum) fixé à 21 fr. 55 ou 25 fr. 25 l'hectolitre ; celui de l'avoine à 10 fr. 75. Le litre de vin (qualité ordinaire) est de 0 fr. 92 cent., l'huile 38 ; la viande de porc, le kilogramme, 2 fr. 28 ; celle de bœuf, I fr. 52 ; une paire de poulets, 3 fr. 72 ; un lièvre, 9 fr. 30, etc.

L'ouvrier ordinaire gagne par jour, étant nourri, 1 fr. 55 ; le maçon et le charpentier, 3 fr. 10 ; le peintre en bâtiment, 4 fr. 65 ; le peintre décorateur, 9 fr. 30 ; le berger, 1 fr. 24 ; le barbier, par chaque personne rasée, 12 cent.

Le maître de lecture (par élève et par mois), 3 fr.10. Le maître de calcul, 4 fr. 65, le maître d'écriture, 3 fr. 10 ; le grammairien, 12 fr. 40 ; le rhéteur ou sophiste, 15 fr. 50.

Une requête d'avocat se paie 12 fr. 40 ; l'obtention d'un jugement 62 fr.

Le cent d'œufs se paie 6 fr. 20, le cent d'huhres de même, etc.

Une grande caracalle 25 fr., une petite, 20.

L'espace me manque ici pour examiner les conclusions à tirer de ces faits au sujet de la rareté ou de l'abondance des denrées dans l'Empire romain.