§ I. — SES PREMIERS DÉVELOPPEMENTS. J'ai déjà montré le néant et l'impuissance de la
philosophie au milieu des guerres civiles ; son discrédit, sou impopularité,
son absence de sérieux sous les empereurs. L'esprit humain semblait devenu
stérile, et, après s'être épuisé à produire les systèmes innombrables de Deux choses demeuraient cependant, qui prenaient le nom de philosophie plutôt qu'elles ne le méritaient ; dans la morale, cet esprit romain, logique, consciencieux et grave, mais trop exclusivement pratique pour atteindre les spéculations élevées ; dans la théologie, si e puis ici me servir de ce mot, une sorte de religiosité orientale caractérisée par les symboles et les enseignements allégoriques, amie des superstitions, des oracles, des observances mystérieuses, et qui était déjà voisine de la théurgie. Le stoïcisme, depuis plusieurs générations exclusivement renfermé, nous l'avons dit, dans la théorie des devoirs, s'identifiait volontiers à la première de ces tendances. Son enseignement, aux mains des Caton, des Tubéron, des Favonius, était devenu romain plus que grec. Il avait cette exaltation orgueilleuse et cette sévérité rigide de la vertu romaine ; il avait aussi son caractère pratique, son éloignement pour la spéculation, son dédain pour la science. Cette école, qui préférait à toit l'étude des devoirs, en déduisait les règles avec rigueur, les enseignait sans adoucissement, les imposait sans pitié ; c'était, disions-nous, l'école des jurisconsultes : philosophie exigeante et superbe, qui fondait tout sur la puissance de la règle et sur la force de la raison, et qui prétendait que l'homme tirât de son propre fonds sa vertu tout entière. A d'autres âmes, à des Ames plus faibles peut-être, peut-être
aussi plus élevées, à des Grecs ou à des Romains devenus Grecs, le
pythagoréisme offrait les rêves de l'Orient. L'enseignement pythagorique
n'imposait pas à la nature humaine un aussi lourd fardeau ; il lui trouvait
plus de secours, il lui permettait plus de consolations. Il ne repoussait pas
avec la même rigueur toute spéculation inutile à la conduite de la vie. Plus
théologique que le stoïcisme, il rapprochait davantage l'homme de Ces deux écoles, disons mieux, ces deux influences, car il n'y avait pas d'écoles constituées, contenaient les destinées futures de toute la philosophie païenne. Cette intelligence sévère et précise du devoir, telle que l'avaient développée les stoïciens embellie et adoucie par quelque chose de plus religieux et de plus noble, devait aboutir au stoïcisme d'Épictète et de Marc-Aurèle, glorieuse école non de philosophes, mais de moralistes. Cette théurgie pythagoricienne, élevée, malgré ses puérilités superstitieuses, à une puissance toute nouvelle de conception philosophique, devait, au bout de deux ou trois siècles, produire ce néo-platonisme d'Alexandrie, dernière lueur de l'hellénisme et de la philosophie mourante, dernier soutien et dernier apologiste du polythéisme depuis longtemps condamné. Mais ce travail ne devait s'opérer qu'après de longues années.
Dans l'atonie philosophique qui suivit les guerres civiles de Rome, les
traces du pythagoréisme et du stoïcisme, comme celles de toute philosophie,
sont rares et obscures. Nous allons tâcher de démêler un rayon de lumière au
milieu des ténèbres d'un siècle inintelligent, de rechercher le filon
inaperçu qui nous mènera jusqu'à une mine plus abondante, de rattacher les
uns aux autres des noms sans gloire et d'obscures générations de philosophes,
pour montrer dans les docteurs, futurs de l'école d'Alexandrie les descendants
éloignés des grands maîtres de Le stoïcisme politique des Tubéron et des Brutus avait été vaincu à Pharsale. César, qui régnait sous le nom de dictateur, offrit le laticlave à un homme que sa naissance appelait à suivre la carrière des honneurs : Quintus Sextius le refusa pour se jeter dans la philosophie[4]. Sextius, dit Sénèque, philosophait avec le cœur d'un Romain, avec le langage d'un Grec. Ou plutôt, il ne professait, n'argumentait, ne disputait pas[5] ; dans ses écrits mêmes, il agissait et il vivait. L'homme le plus sage, disait-il, doit être, comme une armée en marche, toujours prêt à combattre l'ennemi. L'ambition comme l'énergie romaine ne laissait pas que de lui être restée au cœur, et, dans son regret de ces honneurs qu'il avait abandonnés, il fut un moment sur le point de se jeter à la mer[6]. Mais la philosophie lui apprenait à vivre. Le pythagoréisme lui avait enseigné la frugalité[7], et cette pratique pieuse transmise par le maître de Samos à ses disciples, de se retirer tous les soirs dans le secret de son âme, d'interroger sa conscience, de repasser et de juger toutes les actions et toutes les pensées du jour[8]. D'un autre côté, le stoïcisme, — quoique ce mélange de traditions diverses fît contester à Sextius le titre de stoïcien[9] —, le stoïcisme lui enseignait cette orgueilleuse doctrine que Jupiter n'est pas plus puissant que l'homme de bien[10]. Sextius et son fils, qui philosopha après lui sous le règne d'Auguste, formèrent une école pleine, à son principe, de zèle et de vigueur, mais bientôt éteinte par la lourde et inintelligente influence que répandait le trône des Césars[11]. Nous lisons cependant que Sotion et Fabianus furent au nombre de ses auditeurs. Fabianus, rhéteur plus que philosophe, écrivit cependant, à ce que l'on rapporte, plus de livres de philosophie que Cicéron. Il nous est représenté comme un homme dont le visage était plein de douceur, l'éloquence simple, élégante, facile, la science étendue, la pensée rapide, concise, élevée ; quoique rhéteur, moraliste sérieux, ennemi des vices de son époque, ennemi surtout de son esprit déclamatoire et de sa philosophie théâtrale[12]. Sotion[13] se rattachait au pythagoréisme ; il le fit aimer à Sénèque encore enfant, il enseignait la métempsychose, et soutenait que rien ne périt dans le monde, mais que tout, au contraire, subit d'éternelles et constantes révolutions, tandis que Fabianus, avec les stoïques, croyait à l'embrasement universel. Attale le stoïcien nous est mieux connu. li vit un jour
passer les dépouilles d'une ville prise que l'on portait en triomphe. Il
trouva le cortège bien court : Toute cette richesse,
dit-il, ne remplit pas une journée ; devrait-elle remplir
notre vie ?[14] Ne demandez pas
à cette philosophie une logique plus suivie, une spéculation plus haute ;
elle tenait école, non pas de science, mais de vertu : elle ne professait
pas, elle prêchait. Elle prêchait la probité, le courage, la force, la
frugalité, la tempérance à ce siècle lâche, sensuel et fastueux. Elle
imposait d'austères observances, l'abstinence de la chair, la dureté de la
couche, la renonciation aux délices de la table. Ce n'était pas une raison
puissante, c'était une déclamation éloquente et honnête. Les disciples
venaient autour de cette chaire ; les uns simples curieux, amateurs de
rhétorique, qui notaient sur leurs tablettes les beaux mots et les phrases
sonores ; les autres qui prenaient au sérieux l'homme et la vertu, qui se
pressaient autour du maître, l'interrogeaient, sortaient de ces entretiens
plus courageux, plus tempérants, plus amis de la pauvreté, et prenaient en
pitié le genre humain si inférieur à un seul homme[15]. L'orgueil, en
effet, était au fond de cette vertu. Le philosophe Attale disait fièrement
qu'il était roi, pendant que la police de Séjan, qui spéculait sur les vices
et gouvernait par le désordre, inquiète de cette insurrection de la vertu,
commençait à soupçonner le philosophe et à manœuvrer autour de lui[16]. Voilà ce qu'il y avait de philosophie sous Tibère. Je laisse de côté l'influence platonicienne représentée à Alexandrie par le juif Philon qui se sert du platonisme pour expliquer et pour défendre la religion de Moïse : travaux propres au judaïsme, dont Rome pouvait ressentir, mais dont elle n'avouait pas l'influence. Pour Rome et pour le monde, les noms presque inconnus de quelques moralistes épars, un certain mélange de la morale pratique du stoïcisme avec l'esprit d'observance des pythagoriciens, des lambeaux de science et d'une science souvent superstitieuse[17], nul dogme principal, nul ensemble de doctrines : voilà ce que nous présente l'histoire de la philosophie avant le siècle de Néron : voilà quelles traces obscures et rares nous sont restées de tout le labeur de l'esprit humain pendant cinquante ans. Mais, sous Claude, — la foi chrétienne entre dans Rome.
Sous Néron, quelques années après, — le stoïcisme romain se réveille, non pas
plus philosophique ni plus savant, mais plus activement moraliste, plus
important, plus politique, ressuscitant davantage la grande secte qui avait
combattu à Pharsale et à Philippes. César le soupçonne, les centurions le
raillent, les délateurs tournent autour de lui ; peu lui importe[18] : Réveille-toi, crie-t-il à ce siècle de centurions
et de délateurs ; soulève ta tête encore assoupie
par les excès de la veille. As-tu un terme pour ton voyage ? as-tu un but
pour tes flèches ? ou bien vis-tu au hasard, au jour le jour, sans y penser ?...
Qui sommes-nous ? Pour quelle vie venons-nous en ce
monde ? Quelle règle nous est imposée ? Quelle carrière nous est ouverte ?
L'or que nous recherchons, dans quelle mesure devons-nous le souhaiter ? Dans
quelle mesure pourra-t-il nous servir ? Notre patrie et nos parents, quels
droits ont-ils sur nous ? Enfin, qu'est-ce que Dieu a voulu faire de chacun
de nous et quelle place nous a-t-il donnée dans l'ordre des choses humaines ?
— Homme, voilà ce que tu dois apprendre ![19] En racontant le règne de Néron, j'ai déjà dit ce que cette école avait été comme parti politique, son alliance avec les traditions et avec les hommes de l'ancienne aristocratie romaine, ses vicissitudes, ses luttes, sa défaite ; j'ai nommé ses héros et ses martyrs, Cassius, Silanus, Soranus, Thraséa. Ce qu'elle était, comme doctrine philosophique, comme puissance morale, me reste à dire aujourd'hui. Mais ce travail est difficile. Un même instinct moral, bien plutôt qu'une doctrine commune, rapprochait ces hommes que Néron frappa tous de mort ou d'exil, les tenait unis devant lui et les réunit dans l'histoire. — Démétrius était cynique, disait-on. Ce n'est pas qu'il portât la besace ni qu'il mendiât sur les places publiques, comme ces philosophes bouffons dont s'amusait la populace. Mais hardi, parlant sans art, avec une rude éloquence ; attaquant, au milieu même des fêtes de Néron, toutes les recherches de la mollesse romaine ; couchant sur la dure ; se moquant des affranchis de César ; rejetant les dons de Caligula ; répondant hardiment à Néron ; ami de Thraséa, dont il recueillit le dernier soupir ; du reste, harangueur plutôt que philosophe : il semblait, dit Sénèque avec emphase, que la nature l'eût mis au monde pour que ni les exemples ni les reproches ne manquassent à un siècle dépravé[20]. Dans le stoïcien Musonius Rufus, apparaît un commencement de cette morale supérieure, plus pure que ne l'avait été celle d'aucun païen, et qui, plus tard, se révéla tout entière dans Épictète et dans Marc-Aurèle. A certains égards même, il est au-dessus d'eux. Ce n'est point la dureté stoïque, cette sagesse impossible, ce mépris de l'homme, cet orgueil de la vertu qui se rend farouche au lieu d'être forte. Il ne brise pas les liens de la famille ; il veut même que le philosophe soit marié, parce que le mariage, dit-il, est naturel et nécessaire. Il est plus sage que Marc-Aurèle qui permet le suicide[21] ; et, quand Thraséa lui dit : J'aimerais mieux la mort aujourd'hui que l'exil demain. — Si tu regardes, lui répondit-il, la mort comme un plus grand mal, ton souhait est d'un insensé ; si tu la regardes comme un moindre mal, qui t'a donné le droit de choisir ?[22] Il est plus pur qu'Épictète qui n'ose tout à fait interdire la débauche ; et il défend, comme le fait la loi de Dieu, tout ce qui n'a pas pour sanction le mariage et pour but l'accroissement des familles. Ailleurs, son langage se rapproche de celui des livres chrétiens : L'intempérance est une grande occasion de pécher ; tenez-vous en garde contre elle deux fois par jour[23]. — Évitez les paroles obscènes, parce qu'elles conduisent aux actions. — N'ayez qu'un seul habit[24]. — Si vous voulez ne pas commettre de fautes, regardez le, jour où vous êtes comme le dernier jour de votre vie[25]. Il dit avec un certain bonheur d'expression : Après une bonne action, la peine qu'elle a pu nous coûter est finie, il nous reste le plaisir de l'avoir faite : après une mauvaise action, le plaisir est passé et la honte subsiste[26]. Aussi le nom de Musonius a-t-il obtenu les louanges les plus diverses. Philostrate le loue, comme le philosophe qui a le plus approché de son dieu, le fabuleux Apollonios ; Julien l'Apostat vante sa patience ; et les Pères de l'Église, par un témoignage autrement glorieux, le comptent avec Socrate parmi les païens dont les exemples peuvent être cités même par des chrétiens[27]. Vient enfin Sénèque, celui par lequel nous connaissons quelque chose de cette philosophie, et le seul qui nous laisse des écrits où nous puissions la juger. J'hésite en parlant de Sénèque. Ce fils d'un rhéteur espagnol, élevé au milieu de l'emphase paternelle et de la corruption de Rome sous Tibère ; ce parleur à la mode, qui essaie de tout, plaidoyers, poèmes, dialogues ; ce confident d'Agrippine, panégyriste officiel de Claude, précepteur et faiseur de discours de Néron, enrichi par son terrible élève, ne se présente pas dans l'histoire avec l'aspect presque mythologique d'un Pythagore, ni même (quoique Platon n'ait pas été sans faiblesses) avec l'aspect grave et antique d'un Platon. Ce n'est pas une vertu dégagée de toute concession aux petitesses humaines. Il faut songer en quel monde il vécut et quelle place il tint dans ce monde. De plus, il faut connaître quel est le vrai temps de la philosophie de Sénèque. L'homme de cour qu'Agrippine avait placé auprès de Néron, à cause de sa réputation de rhéteur et de la politesse de ses manières[28], le poète léger[29], le ministre de Néron, qui possédait de si beaux jardins et une table si somptueuse, pouvait bien prendre la vertu pour une de ses thèses de rhétorique, et la pousser jusqu'à l'hyperbole, mais non pas jusqu'à la pratique. Il convenait même, avec une certaine bonne foi, qu'un luxe comme le sien convenait assez mal à la philosophie. En face de ses ennemis, il s'accusait de cette villa si ornée, de ces pages si bien vêtus, de ces esclaves si nombreux : Je le confesse, disait-il, je ne suis pas un sage. Que votre jalousie soit satisfaite, je ne le serai jamais. Je tache seulement de retrancher chaque jour quelque chose de mes vices, de reprendre chaque jour quelqu'une de mes erreurs. Je me sens encore profondément enfoncé dans le mal... Je fais l'éloge de la vertu et non de moi. Quand j'attaque les vices, j'attaque les miens tous les premiers[30]... Mais un peu plus tard, — Burrhus était mort (63) — ; Néron commençait à trahir ses libres allures ; la cour devenait dangereuse aux philosophes. Épouvanté par l'incendie de Rome et par l'horrible supplice des chrétiens (an 65), Sénèque cherchait à se tenir en arrière pour ne pas porter le poids de tant de sacrilèges[31]. Dans cette retraite dangereuse et menacée, sa philosophie devint plus grave, plus mûre, plus sérieuse. Le seul voisinage de Néron et la crainte d'un empoisonnement[32] prescrivaient une vie plus sévère à cet homme qui, dès sa jeunesse, avait abandonné l'usage des bains, des parfums, du vin et des délicatesses de la table[33]. Le temps ne lui manquait plus pour se rappeler les leçons des philosophes qui avaient enflammé sa jeunesse d'un ardent amour pour la frugalité et la vertu, affaibli, il en convenait, par les années[34]. De cette retraite datent la plupart de ses ouvrages et les plus graves[35] ; ses lettres à Lucilius surtout, où sa philosophie, plus familière, est aussi plus sérieuse, où sa pensée, plus épurée, s'élève davantage, et, en même temps plus naïve, sourit parfois, conte avec grâce et nous repose de la monotone emphase des déclamateurs de ce temps[36]. Sénèque, de plus, a le mérite de n'appartenir à aucune école et de les représenter toutes. Les grandes écoles n'existaient plus que dans les livres. Stoïcisme, platonisme, cynisme, ces mots ne désignaient plus des sectes vivantes encore, mais des systèmes écrits, des livres muets, des hommes morts depuis longtemps. La succession des mitres avait cessé. Forcément éclectiques, le stoïcien n'acceptait pas tout Zénon, ni le cynique tout Antisthène. Pour Sénèque surtout, une curiosité active, un certain goût de vérité l'avait promené au pied de toutes les chaires. Il avait été pythagoricien avec Sotion[37] ; il avait admiré le stoïcien Attale ; il cite continuellement Épicure[38] que pourtant il n'aime pas. Dans sa vieillesse, il allait encore à l'école du stoïcien Métronacte[39]. Il s'arrêtait pour causer avec le cynique demi-nu Démétrius, et revenait le proclamant le plus sage des hommes[40]. Ni les juifs, ni les chrétiens ne purent lui être inconnus. Il est vrai : sa philosophie ne saurait être une, empruntée à tant de sources. Il n'aura la vérité que par fragments ; il l'aura partielle, mêlée, incomplète. Mais, d'un autre côté, cette philosophie qui marche sans parti pris a quelque chose de plus sincère et de plus désintéressé. Stoïcien, parce qu'il a trouvé dans le Portique un instinct moral qui le touche, Sénèque cependant se sent blessé plus d'une fois par les spéculations insensées du Portique. Il n'appartient à aucun maitre ; il n'obéit pas, il approuve[41]. Et de plus, dans son inconsistance même et ses contradictions, Sénèque est le fidèle miroir de la philosophie de son temps ; et c'est d'après ses écrits, éclairés par quelques fragments venus du dehors, que nous allons chercher à la faire connaître. |
[1] Senec., de Brevitate vitæ, 14 ; Ép., 64, 108.
[2] Le philosophe Arcésilas exilé pour cause de magie, sous Auguste.
[3] Sur la philosophie des nombres, V. Porphyre, in Vita Pythag., 32, 53 ; Plutarque, de έέ Delphico ; Gellius, III, 10 ; Macrobe, in Somnio Scipion., I, 5, 6 ; Hierocles, Carmen aureum ; Teunemann, Hist. de la philosophie, 4e période, II, 2, § 4.
[4] Senec, Ép. 98.
[5] Virum acrem, græcis verbis, romanis moribus philosophantem. (Senec., Ép. 59.) Alii instituant, disputant, cavillantur... vivit, viget, liber est, supra hominem est. (Ép. 64.)
[6] Plutarque, Quomodo sentias te proficere.
[7] Il s'abstenait de la chair des animaux, non pour la même cause que les Pythagoriciens qui croyaient à la métempsychose, mais par crainte d'être cruel, et parce que les aliments végétaux suffisent. Senec., Ép. 108.
[8] De Ira, III, 36.
[9] Magni viri, et, licet negent, Stoici. (Ép. 64.) — Il disait, en effet, comme les stoïciens, que Jupiter n'est pas plus puissant que le sage. Ép. 72.
[10] Ép. 73.
[11] Sextiorum nova et romani roboris secta, cum magno impetu cepisset, inter initia ipsa exstincta est. (Senec., Natur., quæst., VII, 32.) — Un jour, pour prouver que lui aussi, s'il eût voulu, il aurait pu s'enrichir, il fit sur l'huile une spéculation heureuse et rendit ensuite l'argent qu'il avait gagné. — Il disait encore : Iratis profuit aspexisse speculum. (Senec., de Ira, II, 36.)
V. encore, sur les Sextii, Pline, Hist. nat., XVIII, 28 ; Sénèque le père, Controv., II, præf. Burigny, Mémoire de l'Académie des inscriptions, t. XXXI (1761).
Autres philosophes du temps d'Auguste : Aréus ou Arius,
philosophe d'Auguste, (Senec., ad Marciam, 4, et Dion, LII, p. 491.) —
Athénodore de Tarse, stoïcien, cité par Strabon ; ami de Cicéron (Attic.,
XVI, II) ; histoire d'un fantôme qui lui apparut (Pline, Ép. VII, 27) ; il
donne des leçons à Auguste, à Apollonie ; son influence sur l'esprit d'Auguste
; témoignage que lui rend Mécène (Dion, ibid. Julian., de Cæs.
Zosime, Elien, Senec.) ; son trait de hardiesse vis-à-vis de l'empereur (Dion,
LVI, p. 598) ; il obtient, dans sa vieillesse, la permission de retourner à
Tarse (Plutarque) ; son rôle politique dans cette ville (Strabon. Dion
Chrysost., in Tars.) ; il meurt à 82 ans et est déifié par les Tarsiens
(Lucien, Macrobii). Ses ouvrages : des Catégories, contre
Aristote ; de
Un Q. Septimius tenait école de philosophie sous Auguste. Suet., de Illustr. grammat., 18. Horace, Ode II, 6 ; Ép. I, 9.
[12] V., sur Papirius Fabianus, Sénèque le père, Controv., Præf. Sénèque, de Brev. vitæ, 10, 14, ; Ép. 11, 40, 52, 58, 100, 101 ; Natur. quæst., III, 27. Pline, Hist. nat., XXXVI, 15.
[13] (An de J.-C. 14. Hieron., ab Euseb. chronic.) V., sur Sotion, Eusèbe, ibid. ; Senec., Ép. 49 et 108 ; Gellius, I, 8. Il était d'Alexandrie et il avait fait un traité de la colère. Eusèbe, Stobée.
[14] Senec., Ép. 110.
[15] Ép. 77, 108.
[16] Sénèque le père, Suasoriæ, II. — V. encore sur Attale, Senec., Nat. quæst., II, 50 ; Ép. 9, 72, 110. — La mémoire des amis morts, disait-il, est comme un fruit un peu amer, mais qui finit par plaire, ou comme un vin vieux dont le temps finit par ôter l'aigreur. (Ép. 63.)
[17] Attale avait écrit sur la divination par la foudre. Sénèque écrit d'après lui sur le même sujet. Nat. quæst., II, 50.
[18] V. Tacite, Annal., XIV, 16, 57, 59 ; XVI, 22, 34. Suet., in Nér., 52. Sur le caractère politique et presque séditieux du stoïcisme, Sénèque (Ép. 73) cherche à l'en défendre. V. aussi Épictète, ap. Arrien, I, 19 ; IV, 1, 7 et ailleurs.
[19] Perse, III, 58 et s.
[20] V., sur Démétrius, Senec, de Providentia, 3, 5 ; de Benef., VII, 1, 2, 8, 9, 11 ; Nat. quæst., IV, in præf. ; Ép. 20, 62, 91 ; de Vita beata, 18 ; — Sa hardiesse vis-à vis de Caligula (Senec., de Benef., VII, 11) ; vis-à-vis de Néron (Épictète, apud Arrien, I, 25. Philostrate, in Apol., IV, 8 ; VII, 5) ; — ami d'Apollonius (Philostrate, ibid., IV, 25, 42 ; V, 19, 61.) Apollonius l'appelait son chien, VI, 31, 33 ; — ami de Thraséa, assiste à ses derniers moments (Tacite, Annal., XVI, 34) ; — exilé par Néron (Philostrate, IV, 14 ; V, 1, 9), revient à Rome sous Vespasien (Tacite, Hist., IV, 40. Suet., in Vespas., 13. Dion, LXVI, 13). Il vivait encore sous Domitien.
[21] Marc-Aurèle, VIII, 47. Marc-Aurèle semble ailleurs (IX, 3) interdire le suicide ; mais ce passage est beaucoup moins positif que le premier.
[22] Épictète, apud Arrien, I, 1.
[23] Apud Stobæum.
[24] Comparez : Nolite possidere aurum neque argentum... neque duas tunicas. (Matthieu, X, 9, 10.). Et præcepit eis... ne induerentur duabus tunicis. (Marc, VI, 8, 9.) Nihil tuleritis in via... neque duas tunicas habeatis. (Luc, IX, 3.)
[25] In omnibus operibus tuis memorare novissima tua et in æternum non peccabis. (Eccli., VII, 40.)
[26] Aulu-Gelle, XVI, 1.
[27] C. Musonius Rufus, natif de Bolsène, chevalier romain (Tacite, Hist., III, 81) ; philosophe stoïque ; selon Philostrate (IV, 12), astrologue ; — emprisonné au moment de la conjuration de Pison ; — détourne Rubellius Plautus d'aspirer à l'empire (Tacite, Annal., XIV, 59 ; Philos., ibid.) ; — banni en 65 (Tacite, Annal., XV, 71. Dion, LXII). — Il a de nombreux disciples (Tacite aux deux endroits cités. Pline, III, Ép. 11). — Forcé de travailler à la coupure de l'isthme de Corinthe (Lucien, in Ner. Philost, V, 1, 9 ; VI, 6.) — Son exil à Gyare. (Philost., VII, 16. Ces faits, rapportés par Philostrate, sont très-douteux.) — Rappelé probablement par Galba (68), cherche à apaiser les guerres civiles (Tacite, Hist., III, 81), poursuit les délateurs (Id., ibid., IV, 10, 40). — Selon les uns, reste seul à Rome quand Vespasien expulsa tous les philosophes ; selon d'autres, rappelé par Titus (Pline, loc. cit. Dion, LXVI, p. 751).
Dans toutes les sectes de philosophie..., quelques hommes ont tellement changé leur nature, qu'ils ont mérité d'être proposés comme les modèles d'une vie excellente. Ainsi, parmi les héros, on nomme Ulysse et Hercule ; dans les siècles les plus récents, Socrate et en dernier lieu Musonius. Origène, contra Celsum, III, 66. — Les stoïciens ont du moins perfectionné la morale... ; mais ceux qui ont suivi cette pure doctrine n'ont pu échapper à la haine ni aux persécutions. Nous pouvons citer Héraclite que nous nommions tout à l'heure, Musonius qui a vécu de notre temps, et d'autres encore. Car les démons ont toujours su faire que la haine des hommes poursuivît ceux qui, d'une manière ou d'une autre, cherchaient à vivre selon la raison et à fuir le vice. Saint Justin, Apolog., II, 8. — V. encore, sur Musonius Rufus, Plutarque, de Vitando ære alieno ; Aulu-Gelle, V, 1 ; IX, 2 ; XVI, 1 ; XVIII, 2 ; Stobée, in Sermo. ; Suidas, in Μονσονεος ; Burigny, Mém. de l'Acad. des insc., t. XXXI.
Autre stoïcien au temps de Néron : Cornutus, exilé en
67 (Dion, LXII). Ses ouvrages (Aulu-Gelle, II, 6 ; Eusèbe, 122. Théodore,
Porphyre, VI, 19 ; Hieronym., Ép. 84). Son ouvrage sur
[28] Claritudo studiorum. (Tacite, Annal., XII, 10.) Præceptis eloquentiæ et comitate honesta. (XIII, 2.)
[29] Pline, Ép. V, 3, et quelques vers qui nous restent et qu'on attribue à Sénèque.
[30] De Vita beata, 17.
[31] V. Tacite, Annal., XIV, 52, 53 ; XV, 45.
[32] V. Tacite, Annal., XV, 45.
[33] Ép. 83, 108. Je juge nécessaire de faire ce que bien des grands hommes ont fait, de prendre quelques jours pendant lesquels nous nous exerçons à la pauvreté véritable par une pauvreté imaginaire. Ép. 20.
[34] Ép. 18.
[35] Voici l'ordre chronologique des écrits de Sénèque, selon Fabricius et M. Fleury (Saint Paul et Sénèque, t. I, p. 264) : Sous Caligula : de Ira. — Sous Claude, et pendant l'exil de Sénèque (ans 41-50) : ad Helviam, ad Polyb., ad Marciam, de Constantia sapientis, de Otio sap. — Après son retour (50-55) : de Provid., de Animi tranquillitate. — Peu après la mort de Claude (an 55) : l'Apocoloquintose. — Sous Néron : de Clementia, de Brevitate vitæ, de Vita beata, de Benef. — Vers la fin de sa vie (63-65) : Epistolæ ad Lucilium, Quæst. naturales.
[36] V. l'épître VI à Lucilius, où Sénèque raconte ce que M. Fleury appelle sa conversion et ce que lui-même appelle sa transfiguration. Je la cite dans l'appendice.
[37] Ép. 108. Hieronym., de Scrip. ecclés., 12.
[38] V. surtout Ép. 20, 21. Je fais avec Épicure, dit-il, ce que l'on fait au sénat, où quand une opinion émise avant la vôtre ne vous convient qu'en partie, on demande la division. Ép. 21.
[39] Ép. 76.
[40] Ép. 62.
[41] Non sequor, sed assentior. (Ép. 80.) V. aussi de Vita beata, 3. Ép. 45.