LES CÉSARS JUSQU'À NÉRON

TABLEAU DU MONDE ROMAIN SOUS LES PREMIERS EMPEREURS

LIVRE DEUXIÈME. — DES DOCTRINES

CHAPITRE PREMIER. — DÉCADENCE DES RELIGIONS NATIONALES.

 

 

§ II. — INFLUENCE DE LA CONQUÊTE ROMAINE.

Rome attaquait le monde, forte de ses armes et de ses dieux. Il entrait également dans sa pensée de désarmer les peuples en gardant précieusement ses armes, de les dépouiller de leur culte en conservant toute la pureté du sien. Pour elle et pour ses adversaires, là foi faisait partie du lien national ; les dieux étaient un signe d'indépendance.

Mais ce n'était pas en les brisant par la force, c'était en les absorbant parla tolérance que Rome prétendait annuler les religions rivales. Au pied des murs d'une ville assiégée, elle demandait respectueusement au dieu de cette ville de passer dans le camp romain, où il serait bien traité[1] : le dieu venait, et le peuple à la fin devait suivre. Au milieu du pillage, Rome fléchissait le genou devant le dieu vaincu. En faisant sa cour aux divinités, elle gagnait les peuples. Elle disait que dans le butin de chaque victoire elle avait trouvé une idole[2], et qu'en adorant tous les dieux, elle avait conquis tous les royaumes[3].

Il arriva cependant, au moins une fois, que le dieu résista, que, trop national, il ne se laissa pas mener au Capitole à la suite du char de triomphe. Il fallut alors que Rome se départit de sa tolérance et extirpât ce tronc orgueilleux qui gênait sa marche. C'est ainsi que fut proscrit le druidisme, parce que l'indépendance gauloise était liée de trop près à ce culte. Mais cet exemple, si je ne me trompe, est unique. Le judaïsme lui-même, si opposé aux rites de la religion romaine et qui les détestait si hautement, ne fut point persécuté — excepté sous le règne de l'insensé Caligula —. Ses synagogues vécurent librement dans tout l'empire, parce que le judaïsme, quoiqu'il fût une religion nationale, ne se constitua pas une religion de la révolte, que son sacerdoce ne se refusa pas à prier pour les Césars, et qu'il fut permis à ceux-ci de présenter une victime au temple de Jérusalem. Pourquoi en fut-il autrement du christianisme, qui n'était pas non plus une religion de la révolte, qui priait pour les empereurs, et qui, dans sa détestation de l'idolâtrie, n'allait pas plus loin que les Juifs ? Diverses raisons peuvent en être données ; mais la principale et la plus vraie, c'est que le disciple n'est pas au-dessus du Maître[4], et que les disciples du Dieu crucifié devaient, pour le salut du genre humain, être crucifiés comme lui.

Ainsi, non pas détruites par la force, mais annulées par la tolérance, les religions nationales des peuples païens perdirent toute leur énergie. La Gaule et l'Espagne dressèrent des autels à Jupiter. Isis et Sérapis eurent plus que jamais des temples à Corinthe, à Athènes, à Delphes même[5]. L'Afrique adora en même temps et ses dieux puniques venus de Phénicie, et les dieux grecs qui lui arrivaient par Cyrène, et les dieux romains que les Scipions lui avaient apportés. Mais surtout devait disparaître le caractère politique des religions, celui qui liait le culte au patriotisme : en Grèce, les fêtes nationales, les amphictyonies cessèrent ; Olympie n'offrit plus de sacrifices au nom de tous les Hellènes[6] ; la Pythie, qui avait influé sur le gouvernement des peuples, ne rendit plus d'oracles que sur des intérêts privés. La hiérarchie des prêtres égyptiens, jadis puissance prépondérante dans l'État, ne fut plus qu'une pauvre école de déchiffreurs d'hiéroglyphes[7].

Mais cette nationalité de la religion qu'elle détruisait au dehors, Rome prétendait la garder pour elle. Dans Rome et autour des sanctuaires romains, le sénat, juge sévère, faisait la police contre les dieux étrangers, maintenait la pureté du culte comme celle du sang romain, gardait le Capitole comme le Forum. Il consentait, il est vrai, après les épreuves légitimes, à admettre dans la cité les dieux comme les peuples. Les divinités vaincues, naturalisées par un sénatus-consulte (dii municipes), devenaient dieux romains : Rome avait eu le temps de les façonner à sa guise et de les purifier d'une théologie trop grossière[8]. Que nul, dit Cicéron, commentant les règles du droit pontifical, que nul n'ait des dieux à lui, que nul n'adore des dieux étrangers ou des dieux nouveaux qui n'auraient pas été officiellement reçus dans la cité[9].

Mais Rome pouvait-elle éviter la réaction de ce cosmopolitisme religieux qu'elle propageait dans le reste du monde ? Les cultes nationaux, altérés par le mélange de son culte, ne devaient-ils pas refluer sur elle ?

Dès le temps de la seconde guerre punique, à cette époque de péril et d'exaltation, où le patriotisme romain s'était montré si puissant et si uni, toutes les fibres superstitieuses de l'âme avaient été profondément remuées. Rome commençait à être en rapport avec l'Orient, dont les religions sensuelles et grossières, en même temps que mystérieuses et sombres, convenaient à la gravité du caractère, comme à la lenteur des imaginations romaines. Le sénat lui-même cédait aux influences populaires, et on le vit, sur de prétendus oracles, envoyer chercher en Asie, par le plus honnête homme de Rome, la déesse de Pessinunte, qui n'était autre chose qu'une pierre noire[10]. Ces années de combats avaient attristé les âmes populaires ; elles se jetaient dans les excès de la superstition : Il semblait, dit Tite-Live, qu'au milieu de tant d'épreuves, ou les hommes ou les dieux eussent été tout à coup changés. Ce n'était plus en secret et sous le toit domestique que les rites romains étaient négligés ; le Forum et le Capitole étaient remplis de femmes, sacrifiant et priant avec des cérémonies étrangères. Les devins et les prêtres séduisaient le peuple, augmenté encore de ces nombreux paysans que la détresse et la peur avaient poussés dans Rome... Quand les édiles voulurent éloigner cette foule du Forum, peu s'en fallut qu'on ne les maltraitât... Le préteur dut intervenir ; le sénat défendit de nouveau tout sacrifice étranger, fit brûler tous les livres de divination et de prières[11]. — Un peu plus tard (an de Rome 534), un consul ne put trouver un ouvrier pour démolir le temple du dieu égyptien Sérapis, et dut lui-même s'armer de la hache[12]. — En 569, le peuple se jetait dans les mystères impurs et sanguinaires des bacchanales ; sept mille personnes, hommes et femmes, réunies dans des assemblées nocturnes, y pratiquaient la magie, les empoisonnements, l'impudicité ; le sénat intervint et prononça des peines rigoureuses[13]. — Plus tard (614), il était forcé d'expulser les astrologues chaldéens[14] ; — et enfin (659), il rendait un décret contre les immolations humaines[15].

Le sénat combattait ainsi les mystères et les doctrines de l'Orient ; mais qui eût arrêté la poétique invasion de la mythologie grecque ? Ces fables entées sur des traditions communes, ces dieux parents des dieux romains, amenés sur la terre d'Évandre, retrouvaient un frère dans chacun des dieux pélasgiques de la vieille Italie. La Junon romaine se trouvait être la Grecque Héra ; l'hermaphrodite Djanus-Djana (Janus et Diane) n'était plus que la chasseresse Artémis ; les Camènes se perdaient avec les Muses dans un mutuel embrassement. Ainsi diminuait le sérieux de la fable romaine. Ces dieux familiers de la Grèce apportaient là leurs allures terrestres, leur laisser-aller poétique, leurs scandaleuses aventures. Non comme absurdes, mais comme poétiques, ces fables, jouées au théâtre, chantées aux repas, se laissaient toucher de trop près ; l'habitude venait de prendre la scène pour le temple, l'histrion pour le prêtre, de faire descendre l'Olympe jusqu'à la poésie, au lieu de faire monter la poésie jusqu'à l'Olympe : chose d'autant plus grave chez les Romains que l'histrion et la poésie étaient chez eux bien plus décriés que chez les Grecs. Dans Rome qui, elle, avait été près de deux siècles sans idoles, les Manlius et les Cincinnatus n'avaient pas ainsi plaisanté avec ces dieux de bois auxquels ils offraient du vin et du sel, en leur chantant de grossières chansons osques ou sabines, et laissant la Grèce, avec ses hymnes pindariques et ses belles hécatombes, se mettre à l'aise vis-à-vis de ses dieux d'ivoire et d'or.

Ce n'est pas assez. Qui eût opposé une digue à l'invasion, non-seulement des poètes et des mythologues, mais des philosophes ? Dès le temps des Scipions, la philosophie grecque pénétrait dans Rome. Ennius leur client traduisait Évhémère. La ville d'Athènes (an 598) envoyait comme ambassadeurs à Rome trois philosophes, l'académicien Carnéade, le stoïcien Diogène, le péripatéticien Critolaüs, vivants symboles de la bigarrure et des contradictions de la philosophie grecque. Avec eux, la discussion et le sophisme entraient dans Rome ; ce qui jamais n'avait été mis en doute était discuté ; les sages s'effrayaient ; Caton menaçait et grondait. Mais la jeunesse n'en courait pas moins à cette école où Carnéade, avec une égale éloquence, parlait pour la justice ou contre la justice[16]. Plus tard, Blosius, élève du Grec Antipater, inspirait aux Gracques la première pensée de leurs tentatives démocratiques. En vain, le sénat fermait-il les écoles des philosophes[17] ; les philosophes revenaient toujours ; la Grèce, cette séduisante captive, avait toujours pour son vainqueur un charme de plus ; le goût s'accroissait chaque jour de parler grec, d'aller à Athènes, d'écouter les sophistes, de lire les poètes, de s'instruire à l'école des grammairiens, des rhéteurs et des philosophes.

L'épicuréisme surtout, cette doctrine qui avait révolté, dès le premier abord, l'austérité et le bon sens romains, l'épicuréisme que le vieux Fabius souhaitait à ses ennemis comme le plus grand des fléaux, l'épicuréisme était venu de bonne heure en Italie. Promptement répandu[18] par des écrivains italiens[19], facile à l'intelligence comme à la pratique, conseillant le repos, la vie paisible, la crainte des affaires, l'épicuréisme convenait merveilleusement à des esprits peu philosophiques et peu pénétrants, à ces proconsuls qui revenaient d'Asie chargés d'or et accoutumés aux voluptés étrangères. Nulle secte ne comptait plus de disciples. La poésie de Lucrèce inaugurait son triomphe. Gloire au sage de la Grèce, disait-il, par lequel nous avons été affranchis ![20]

On conçoit, au reste, que, stoïque, épicurien, académicien, disciple d'Aristote, l'élève des philosophes ne crût guère aux dieux de Rome. Le mot de Caton était connu : Comment un augure peut-il sans rire regarder en face un autre augure ? Ennius et Pacuvius se moquent assez hardiment de cette divination augurale ; le premier se montre franchement épicurien, le second panthéiste[21]. Au temps de Cicéron, les gens d'esprit croyaient plus ou moins aux dieux, aux dieux de Rome nullement. Il était reçu que ceux qui étudiaient la philosophie méconnaissaient tous la Divinité[22]. Et dans Salluste, lorsque César au sénat prêche le néant après la mort, remarquez que Caton ne lui dit pas : C'est faux, mais seulement : Tu sors de la croyance officielle[23].

Et cependant, altérée par l'orientalisme, corrompue par les fables grecques, attaquée par les philosophes, la foi romaine était-elle détruite ? Non ; car le peuple n'était pas philosophe : un certain préjugé dans la masse des esprits romains combattait la philosophie, et Cicéron n'ose aborder cette science sans préparation et sans excuse[24]. Pour le peuple, la foi aux dieux de Rome, plus frivole et plus mêlée, gardait cependant encore sa puissance aristocratique, sa grandeur historique, sa sainteté héréditaire. Au peuple, il fallait parler dieux, temples, prodiges ; le peuple sifflait César pour avoir violé le temple de Saturne[25]. Il fallait ménager la religion du soldat, et ce n'est qu'a l'aide d'apparitions et d'oracles, en pleurant, en protestant, en déchirant ses habits, que César décida son armée à marcher contre Rome[26]. Dans la guerre de Pharsale, Pompée parlant aux légions du sénat et des lois violées est écouté froidement ; Caton leur parle des dieux de la patrie et les conduit à la victoire[27].

Le contraste ainsi établi entre les hommes instruits et le vulgaire, entre la doctrine de l'école et la doctrine de l'État, que devaient faire les sages ? Fallait-il déchirer le voile, abattre l'idole, détromper le monde, et, après avoir renversé la religion qui avait prêté à la chose publique le soutien de ses mensonges, prier la philosophie de prêter à la chose publique l'appui de sa vérité ?

Mais la vérité philosophique, où était-elle donc ? Les trois grandes écoles permanentes de Zénon, de Carnéade, d'Épicure, s'entendaient assez bien pour affaiblir la foi religieuse. Cela fait, rien de commun ne demeurait entre elles. L'épicurien avait pour principe de ne pas se mêler de la chose publique, à plus forte raison de ne pas se dévouer. L'académicien arrondissait ses périodes, discutait le pour et le contre et ne concluait pas. Là certes n'était pas le salut de l'empire.

Au stoïcisme appartenaient, il est vrai, des prétentions plus dogmatiques et une morale plus grave. Nature intelligente et nature corporelle, âmes et corps, hommes et dieux, tout, disaient les stoïciens, fait partie d'un seul être et s'enchâsse dans un système harmonieux ; la gloire de chaque portion est de ne pas troubler cette harmonie et de marcher d'accord avec le tout. La nature matérielle le fait sans peine et sans mérite, puisqu'elle n'a pas de pensée qui discerne, ni de volonté qui résiste. Les dieux le font sans mérite également, puisque dans cette harmonie ils trouvent leur félicité actuelle, sensible, permanente. Mais l'homme, qui ne peut accomplir cette loi qu'avec labeur, l'accomplit aussi avec gloire. L'homme, en accomplissant cette loi, peut s'égaler aux dieux ; il peut être par la force de son âme ce que sont les dieux par la félicité de leur condition, impassible, imperturbable, supérieur à toute douleur et à toute crainte. Mais il faut pour cela qu'il écoute sa raison, organe de la loi universelle ; sa raison lui enseignera que rien n'est bon que ce qui est juste, rien n'est mauvais que ce qui est honteux : qu'il ne redoute donc ni la souffrance, ni la misère, ni la mort ; ce ne sont point des maux.

Cette morale était véritablement la partie puissante du stoïcisme ; celle dont le développement avait donné le plus de gloire à Chrysippe, le premier successeur de Zénon ; celle que les derniers maîtres, Panétius et Posidonius, avaient fait prévaloir sur la philosophie physique et le panthéisme de Zénon. La doctrine pratique dominait la doctrine spéculative ; elle attirait au Portique les âmes les plus hautes, tandis que le vulgaire des âmes allait à Épicure. Elle jetait les hommes dans la vie active, elle les dévouait à leur patrie ; Brutus et Ca7ton s'étaient instruits à cette école.

Mais voulez-vous en bien connaître la valeur ? Consultez Cicéron, par excellence l'homme intelligent de son siècle, âme ouverte à tout bien, mais esprit capable de tout discuter. Cicéron est, en fait de morale, disciple de Posidonius et de Panétius ; ses Offices sont modelés sur leurs ouvrages[28] ; il établit avec eux le principe du droit et de la justice. La justice est chose si salutaire, si sainte, si désirable, que Cicéron est tout prêt à l'affirmer[29]. Mais cependant un scrupule le trouble : Carnéade est derrière lui qui l'obsède de son doute académique et de ses perpétuelles objections. L'Académie, cette perturbatrice de toute certitude[30], le tourmente de sa critique imperturbable et de son éternelle suspension des jugements. Cicéron la supplie de garder le silence : il tremble qu'elle ne se prenne à ce beau système et ne le mette en poudre. Il voudrait l'apaiser et la contenir, il n'ose l'expulser[31].

Pourquoi ces craintes ? pourquoi Cicéron se sent-il si faible ? pourquoi la morale du Portique est-elle si désarmée devant le scepticisme académique ? Cela est tout simple, la base lui manque ; la raison de croire n'existe pas. Sur le panthéisme et le fatalisme, que peut-on fonder en fait de morale ? La morale du Portique n'est pas le fruit de son dogme, elle n'est pas la conclusion régulière d'une doctrine quelconque. C'est tout simplement un effort instinctif, une conception héroïque de l'orgueil humain, sans fondement logique, sans raison acceptable, sans justification vis-à-vis des hommes, par suite sans autorité sur eux.

Ainsi, en définitive, Cicéron accepte le doute de Carnéade comme le dernier corollaire de la philosophie grecque. Immortalité des âmes, existence des dieux, sublimes croyances que Cicéron, suivant l'instinct naturellement religieux de son âme, voudrait affirmer comme certaines, et qu'il est réduit à présenter comme probables[32] ! Il les fait prêcher par un stoïcien comme on nomme un avocat d'office à une cause douteuse. Quant à lui, retranché derrière son doute philosophique, il écoute ses interlocuteurs, l'épicurien avec chagrin et répugnance, le stoïcien avec affection et plaisir, trouvant ses discours bons, vertueux, plausibles, probables même, mais n'osant prononcer qu'ils sont vrais[33].

Que reste-t-il maintenant à la philosophie, si ce n'est de faire son dernier effort et de produire comme suprême conséquence le scepticisme absolu ? Énésidème arrive, qui ne se contente pas du demi-scepticisme, du probabilisme ingénieux de Carnéade ; il réveille le système oublié de Pyrrhon. Contre l'Académie, contre le Portique, contre l'école même d'Épicure, il pose en principe le doute absolu et la complète impuissance de toutes les spéculations humaines[34].

Arrêtons-nous un instant en face de cette négation de toute vérité, qu'Énésidème proclame après Pyrrhon, et qui semble le triste et définitif résultat de tout le travail philosophique soit dans la Grèce, soit dans le monde romain. Donnerons-nous raison à Pyrrhon et à Énésidème ? Dirons-nous que l'esprit humain, livré à lui-même, doit arriver logiquement à la confession de sa radicale impuissance à obtenir la moindre parcelle de la vérité ? Dénierons-nous à quelques-unes des grandes vérités que le christianisme a fait luire sur le monde, au dogme de l'existence et de l'unité de Dieu, à la notion du devoir et à celle de l'immortalité de l'âme, ces preuves logiques, que la révélation chrétienne sans doute rend inutiles, mais dont l'esprit de l'homme aime toujours à les entourer ?

Consultons ici un plus grand docteur et un plus grand philosophe qu'Aristote ou Platon. Saint Paul ne nie pas que, dans le seul spectacle de ce monde, il n'y ait une preuve et de la providence et de l'unité et de l'éternité de Dieu, que les vertus invisibles de Dieu ne se révèlent par des preuves visibles, assez certaines pour convaincre tout homme de bonne foi. Pourquoi donc ces grandes vérités ont-elles subi tant d'altération, et ne sont-elles jamais devenues populaires ? Pourquoi le Dieu un, éternel, créateur, a-t-il été nié par un grand nombre, méconnu par presque tous, tout au plus timidement et obscurément confessé par quelques philosophes qui tremblaient de laisser voir au vulgaire le rayon de vérité qu'ils possédaient ? Saint Paul l'explique : ils ont connu Dieu ; ce n'est pas leur intelligence qui leur a fait défaut ; c'est leur cœur qui s'est obscurci ; c'est l'orgueil et les passions des sens, qui les ont empêchés de glorifier Dieu comme Dieu et de lui rendre leurs actions de grâce. Et par là ils sont inexcusables, pour avoir connu et n'avoir point cru, pour avoir détenu la vérité de Dieu captive dans l'injustice[35].

Le pyrrhonisme n'est donc pas la conclusion logique de toute spéculation humaine ; la raison de l'homme n'est donc pas absolument incapable de parvenir à la vérité. Mais les passions la troublent ; mais sa lumière n'est pas assez forte pour tenir contre les obscurités qui s'élèvent d'un cœur corrompu. C'est là ce qui fait que l'homme s'évanouit dans ses pensées, et que, grâce au trouble de l'âme, cette connaissance de la vérité par la raison n'en devient pas une formelle reconnaissance par le cœur. L'homme connaît, mais l'homme n'est pas persuadé : l'intelligence arrive au but, ou du moins peut y arriver ; le cœur, avec ses passions superbes ou honteuses, ne la suit pas, ou même l'arrête. Ce qui est logiquement possible, est moralement impossible presque toujours : mal que la loi du Christ a doublement réparé en éclairant l'intelligence et en purifiant le cœur, en donnant à la vérité une tout autre évidence, aux passions un tout autre frein !

Au reste, voulez-vous juger la puissance de la philosophie ? Mettez en action les philosophes. Cassius et Brutus, allant au combat de Philippes, tiennent l'un pour Épicure, l'autre pour Zénon ; l'un tout prêt à se tuer pour sortir d'embarras, l'autre, hésitant davantage, plus pénétré de la pensée du devoir, mais qui se tuera pourtant avant que sa cause ne soit perdue. Cicéron, vrai disciple de Carnéade, suspend son jugement et le suspend si bien qu'il oscille toute sa vie. Atticus, en sa qualité d'épicurien, se juge dispensé de prendre parti, conseille Cicéron sans se compromettre, lui recommande néanmoins de brûler ses lettres, et s'arrange toujours pour être le meilleur ami du vainqueur.

La philosophie n'eut donc pas tort de reconnaître sa propre impuissance. Elle se rendit justice en s'effaçant devant une religion décriée, mais plus salutaire pourtant et plus puissante qu'elle. Elle ne prétendit pas gouverner le monde ; elle se voila pour ne pas le troubler. Cicéron à la tribune lit sa prière à la déesse d'Enna, et César lui-même monta à genoux les degrés du Capitole[36].

Mais de là aussi, une comédie singulière dans les coulisses de laquelle Cicéron nous mène avec une entière confiance. — Cicéron l'augure, au Forum le plus croyant des Romains, lui qui dans son livre des Lois nous a donné avec un respectueux détail toute la législation sacerdotale, Cicéron se promène entre son frère et Atticus dans son gymnase de Tusculum. Là, il confesse que la science des augures est fort respectable, et pour le bien de la chose publique, et pour le maintien de la religion nationale[37] ; mais, ajoute-t-il, nous sommes seuls, nous pouvons parler en liberté[38]. Et, comme ceci est lire d'un livre destiné à être copié par les librarii et à passer dans les mains de tous les hommes instruits, cela veut dire : Nous ne sommes ici que tous les gens polis et éclairés de la république, nous n'avons pas à craindre que quelque paysan fanatique ou quelque dévot du bas peuple nous entende et se scandalise de nos paroles.

Or, voici ce que Cicéron nous apprend : Il y a, comme par le passé, des augures, des aruspices ; on enferme toujours les poulets sacrés dans une cage, afin de voir s'ils mangeront ; mais on a soin qu'ils soient à jeun ; ainsi le présage ne manque jamais d'être favorable. — On regarde avec grand soin les entrailles des victimes, pour redire les choses extraordinaires qu'on y a vues. Croit-on pourtant que les dieux prennent la peine, au moment du sacrifice, de transformer les entrailles afin de les rendre prophétiques ? Pas une vieille femme ne le croit, si ce n'est peut-être le peuple romain. — On monte sur une colline pour observer le ciel, on passe la nuit sous la tente augurale, fort exactement sans doute, et, sans avoir mis la tête hors de la tente, on redescend en disant qu'un éclair s'est fait voir à gauche. — Les aruspices, dont le devoir est de regarder les oiseaux voler, en demandent des nouvelles aux gardiens des volières sacrées et disent au peuple romain ce qui leur plaît. — Les aruspices de guerre sont une entrave et une gêne ; afin de s'en débarrasser, on a des généraux à qui les lois ne permettent pas de les prendre : et, pour ne pas être dérangé par une rencontre de mauvais augure, Marcellus, dans ses campagnes, se faisait porter en litière fermée[39]. — Quant aux présages, Cicéron jadis a fait grand bruit d'une statue de Jupiter qui fut placée au Forum à l'heure même où le complot de Catilina était découvert ; cette coïncidence, disait-il alors, était un signe manifeste de la providence des dieux. Aujourd'hui, est-ce la Providence, est-ce la paresse de l'ouvrier, est-ce le manque de fonds qui retarda jusqu'à ce jour le placement de la statue ? Cicéron, moins sûr de son fait, avoue qu'il n'en sait rien. — Voici de quelle mystification exercée sur le peuple romain Marcus Tullius nous donne aujourd'hui le mot[40].

Mais dans l'esprit de l'homme, plus encore dans celui du philosophe, une telle duplicité, justifiée, par la politique, entraîne avec soi quelques remords. On se tourmente pour résoudre cette contradiction, pour concilier ce double rôle, pour accommoder ensemble cette religion qui affirme trop et cette philosophie qui n'ose rien affirmer. L'homme d'État et le philosophe ne pourront-ils dans une même âme bien vivre ensemble ? Scævola le pontife, et après lui Varron[41], le plus savant des Romains, ont voulu écrire le traité de paix. Varron, d'abord, avoue franchement que si la religion romaine était à refaire, il ne la referait pas telle qu'elle est. Mais telle qu'elle est il faut la prendre, et il s'agit de l'expliquer. C'est par des distinctions que l'expliqueront Varron et Scævola : Il y a trois théologies, disent-ils :une théologie fabuleuse, c'est celle des poètes ; de celle-là on fait bon marché ; on la livre aux histrions et au théâtre ; il est permis de n'en rien croire :une théologie civile, celle des hommes d'État ; celle-là est sainte, honorable, digne de respect ; c'est la foi des aïeux, la religion du peuple ; le sage doit au moins faire semblant d'y croire, ou plutôt le sage y croit, mais il sait comment on doit la comprendre. — Il y a enfin une théologie naturelle, celle des philosophes ; celle-là est bonne, plausible et vraie ; que dis-je ? elle explique les autres et fait comprendre comment tant de fables, absurdes au pied de la lettre, sont vraies en un certain sens. Or, ce sens mystérieux n'est autre chose que le lieu commun des stoïciens, l'explication des fables par le panthéisme cosmogonique, que nous avons montrée circulant du Portique à Éleusis et d'Éleusis au Portique. Tout n'est qu'allégorie : les dieux, c'est le monde ; les querelles des dieux sont les luttes des éléments ; leurs adultères qui vous scandalisent ne sont que des phénomènes de l'ordre physique[42]. Voilà le secret de Varron. Ainsi la religion est purifiée ; la distinction est faite entre la théologie des pontifes et celle des pontes, entre le temple et le théâtre, entre la croyance et la mythologie, entre Rome et la Grèce. Les fables frivoles, les fables grecques, sont renvoyées aux poètes ; les fables sérieuses et politiques, les fables romaines, sont gardées par l'homme d'État et légitimées aux yeux du philosophe : il suffit d'en connaître le sens.

Mais non, dira saint Augustin, vous ne séparerez pas ce qui est si intimement allié. Séparerez-vous Hercule de sa barbe, Mercure de son caducée, Junon de Jupiter, Jupiter de sa nourrice ? Rome et la Grèce, la poésie et la foi sont trop unies ensemble ; les mensonges explicables tiennent de trop près à ceux que l'allégorie elle-même ne sait pas expliquer. En vain nous rendrons les poètes responsables de mille absurdités, il en restera encore mille autres sur le compte des pontifes[43].

Et encore, cette explication si salutaire, Varron défend de la produire au peuple ! Il faut que cette religion, confinée dans l'école, se garde de venir au Forum ; elle y serait lapidée ! Il ne faut pas dire au peuple (est-ce crainte de l'irriter ou de trop l'instruire ?) que les dieux véritables n'ont point de sexe, point d'âge, point de corps, que les idoles peuvent être les images des dieux, non les dieux eux-mêmes. Il y a des vérités qu'il est bon que le vulgaire ne sache pas ; il y a des mensonges qu'il est bon de lui laisser croire ; il faut ici, comme chez les Grecs, des initiations et des mystères[44].

Mais ce secret, sera-t-il possible de le garder longtemps ? Ce secret de Varron, ce secret du stoïcisme, ce secret d'Éleusis ; cette hypothèse matérialiste et panthéistique, la seule chose que le génie humain ait su trouver, soit pour expliquer les fables, soit pour épurer la religion ; ce secret bientôt ne sera plus le secret de personne. Le peuple le connaîtra, mais pour s'en moquer. Le peuple moins philosophe aimera mieux être tout simplement athée ou tout simplement crédule. Il n'a pas besoin qu'on lui parle de Cérès, de Proserpine et de Pluton uniquement pour lui apprendre que le grain de blé se corrompt et devient fécond dans le sein de la terre. Il aime mieux sa Cérès vivante que la Cérès gerbe de blé, son Jupiter de chair et d'os qu'un Jupiter réduit à l'état d'éther et de nuage. Le peuple prend les fables au pied de la lettre, parce que l'explication lui parait, non pas trop profonde, mais trop banale ; il prend ses dieux, en un mot, pour d'assez misérables coquins, mais des coquins dont les aventures lui plaisent, comme ces bouffons de nos théâtres, les Falstaff et les Crispins qu'on méprise, mais qui amusent. Je sais bien, dit avec beaucoup de raison Denys d'Halicarnasse, que plusieurs philosophes expliquent par L'allégorie la plupart des fables les plus impures. Mais cette philosophie n'a été que celle du petit nombre. Le grand nombre, le vulgaire sans philosophie, prend toujours les fables dans le sens le plus vulgaire ; et alors, ou il méprise les dieux dont la conduite a été si dépravée, ou bien il arrive à ne pas reculer devant les actions les plus coupables, parce que les dieux ne s'en abstiennent point[45].

Voilà donc où en étaient et la philosophie et les religions nationales, l'une incertaine, impuissante, impopulaire ; les autres, toujours populaires, mais corrompues par leur mélange, battues en brèche par le raisonnement, sans gravité, sans autorité, sans consistance.

 

 

 



[1] Il est constant que toutes les villes sont sous la tutelle de quelque dieu ; et ce fut une coutume secrète des Romains, que beaucoup ont ignorée, lorsqu'ils étaient sur le point de prendre une ville, d'évoquer par une certaine formule de prières les dieux tutélaires de cette ville. Car, ou ils pensaient que sans cela ils ne prendraient pas la ville, ou ils se seraient crus coupables, s'ils la prenaient, d'avoir des dieux pour prisonniers. C'est pour cela qu'ils ont voulu tenir cachés et le nom du dieu tutélaire de Rome et le nom latin de cette ville.... Or, la formule consacrée était celle-ci : S'il y a un dieu ou une déesse qui ait pris sous sa tutelle le peuple et la ville de Carthage ; dieu, qui que tu sois, je te prie, je t'adjure et te demande en grâce de quitter le peuple et la ville de Carthage, de sortir de la ville et des temples..., de venir à Rome, chez moi et les miens... et que notre ville, nos temples, nos sacrifices te soient plus agréables... Si tu fais ainsi, je voue des temples et des jeux à ta divinité. Macrobe, III, 9.

[2] . . . . .Spoliis sibimet nova numina fecit. Prudentius, Contra Symmach., I, 352.

[3] Sic, dum universarum gentium sacra suscipiunt, regna etiam meruerunt. (Minucius Félix, in Octavio.)

[4] Matthieu, X, 24.

[5] Pausanias, I, 18 ; II, 4. Capitole à Autun ; temple de Jupiter Capitolin à Corinthe, etc. Eumen., de Rest. schol. — Statue colossale de Mercure en Auvergne. Pline, Hist. nat., XXXIV, 7. Offrandes du roi de Bretagne au Capitole. Strabon, IV.

[6] Pausanias, V, 13.

[7] Strabon, XVII.

[8] Et ce que j'ai admiré surtout, c'est qu'au milieu du concours de tous les peuples, dans une même ville où chacun apporte ses dieux, aucune cérémonie étrangère n'a été reçue dans le culte public, ou si, par l'ordre des oracles, quelques-unes l'ont été, les Romains les observent selon leurs propres rites, et les purifient des fables qui les déshonorent. Denys d'Halicarnasse, II, 3. — Ainsi la mère des dieux apportée de Pessinunte (an de Rome 547). Tite-Live, XXIX, 10, 11, 14. — Le culte de Cérès adopté et la qualité de citoyenne donnée à la prêtresse d'Éleusis, afin que citoyenne elle priât pour ses concitoyens. Cicéron, pro Balbo, 24. — Dans une épidémie, le serpent Esculape apporté à Rome (an 461). Tite-Live, X, 47 ; XI ; Épit. XXXIX, 11.

[9] Ne quis separatim deos habento ; neque novos, neque advenus nisi publice adscitos colunto. (Cicéron, de Legib., II, 8. V. aussi Servius, Æneid., VIII, 187. Tertull, Apol., 5. et pour l'application de ce principe, Tite-Live, IV, 30 ; XXV, 1 ; XXXIX, 16.)

[10] Tite-Live, XXIX, 10, 11, 14 (an de Rome 547).

[11] Tite-Live, XXV, 1 (an de Rome 524).

[12] Valère Maxime, I, § 3.

[13] Tite-Live, XXXIX, 8-19, et le S.-C. rendu à ce sujet et retrouvé sur une table de bronze en Campanie.

[14] Valère Maxime, I, § 1.

[15] Pline, Hist. nat., XXX, 1.

[16] Diogène Laërte, IV, 62. Plutarque, in Catone Maj., 22. Cicéron, Academic., II, 45 ; de Orat., II, 37, 38 ; III, 18. Gellius, VII, 14. Pline, Hist. nat., VII, 30, (31).

[17] Pline, Hist. nat., VII, 30, (31).

[18] Cicéron, de Finib., I, 7 ; Fam., XV, 19 ; Tuscul., IV, 3. Senec., Ép. 21. Lactance, Divin. instit., III, 17.

[19] Catius et Amafanius, les premiers écrivains épicuriens en Italie. (Cicéron, Tuscul., ibid. ; Fam., XV, 19.)

[20] Lucrèce, de Rer. nat.

[21] Ego deum genus esse semper dixi et dicam cœlitum,

Sed eos non curare opinor quid agat hominum genus ;

Nam si curent, bene bonis sit, male malis ; quod nunc abest.

(Vers d'Ennius, rétablis d'après Cicéron. Divin., II, 50 ; Nat. D., III, 32, et ce langage, dit Cicéron, était vivement applaudi au théâtre. Divin., ibid.)

Nam istis qui linguam avium intelligunt,

Plusque ex alieno jecore sapiunt quàm ex suo,

Magis audiendum quam auscultandum censeo.

(Pacuvius, in Chryse.)

Quidquid est hoc, omnia animat, format, alit, creat,

Sepelit recipitque in sese omnia : omniumque idem est pater ;

Indidemque eadem oriuntur ex integro atque eodem occidunt.

(Id., ibid.)

[22] Cicéron, de Invent., I, 29.

[23] Salluste, in Catilin., 50, 51, 52.

[24] Acad. quæst., I, 2, 3 ; Divin., I, 12 ; de Finibus, I, 1.

[25] Cicéron, Fam., X, 8 ; Attic., VIII, 21 ; X, 2, 4, 8.

[26] Suet., in Cæs., 33.

[27] Plutarque, in Cæs.

[28] Attic., XVI, 23 ; Offic., I, 2.

[29] Academ., IV, 46 ; Leg., I, 7, 13, 14, 18.

[30] Turbatricem omnium rerum. (Leg., I, 13.)

[31] Exoremus ut sileat.... Si invaserit in hæc, nimias edet ruinas, quam ego placare cupio, submovere non audeo. (Leg., I, 13.)

[32] De Inventione, I, 20 ; Tuscul., I, 49. Sulpitius, l'ami de Cicéron, doute de l'immortalité de l'âme : Si quis in inferis sensus est. (Fam., IV, 5.) Cicéron, plaidant pour Cluentius, la nie pour le besoin de la cause ; dans sa correspondance il semble au moins l'oublier (Ad Fam., V, 16 ; VI, 21, 3) ; mais, à la fin de sa vie, lorsqu'il pleure sa fille, il admet cette foi consolante. V. les fragments de sa Consolation cités par lui-même (Tuscul., I, 27) et par Lactance. (Div. instit., I, 5 ; de Ira Dei, 10.) Ce beau mot des Tusculanes : Personne ne m'ôtera mon immortalité. Nemo me de immortalitate depellet (I, 32) est dans la bouche, non de Cicéron, mais de son interlocuteur.

[33] Ita discessimus ut Velleio Cottæ disputatio verior, mihi Balbi ad veritatis similitudinem videretur esse propensior. (De Nat. Deor., III, in fine.)

[34] Sur Énésidème, V. son successeur, Sextus Empiricus.

[35] Rom., I, 19, 20 et sqq.

[36] V. de Aruspsc. responsis, et Dion, LIII.

[37] Cicéron, de Divin., II, 12, 35.

[38] Cicéron, de Divin., II, 12.

[39] Div., II, 33-36. Cicéron ailleurs encore (Fam., VI, 6) témoigne qu'il préfère ses propres inspirations à la divination des aruspices. Sur les oracles sibyllins et leur sérieux. Div., II, 34.

[40] Comparer ici de Div., I, 12 ; II, 20, 21 ; et 8. V. Dion, XXXVII, 34.

[41] Apud Augustin, de Civ. Dei, IV, 27.

[42] Voyez Varron, apud Augustin, de Civ. Dei, IV, 31, 32 ; VI, 3-5, 25 ; VII, 5, 6, 23 ; VIII, 5.

[43] Voyez Varron, apud Augustin, de Civ. Dei, VI, 8 ; VII, 1, 3, 28.

[44] Apud Augustin, de Civ. Dei, IV, 26, 27, 31. Scævola en dit autant. Ibid., IV, 27.

[45] Antiq. rom., II, 69.