§ III. — Mais à Toutes deux surtout, condamnées par leur gloire même et
leur puissance à être le perpétuel théâtre des guerres internationales ou des
guerres civiles, portaient d'ineffaçables traces de ces luttes bien plus
inhumaines que ne le sont les guerres modernes. C'est à peine si dans
l'Europe actuelle nous pouvons compter huit ou dix villes dont le nom, connu
il y a quatre siècles, ne se retrouve plus aujourd'hui ; tandis que Pline et
Strabon vont nous montrer l'Italie, Les peuples antiques n'avaient qu'un temps : j'ai dit
pourquoi. La décadence de Et quand, sous le règne de Tibère, Strabon, ce Grec d'Asie, décrit la péninsule hellénique, c'est le passé qu'il décrit, au lieu du présent. Le présent n'a rien qui puisse consoler son zèle filial ; les villes sont détruites, les populations dispersées, les plaines désertes, le commerce, sauf celui de Corinthe, anéanti : les cantons qui fournissaient tant d'hommes à la flotte d'Agamemnon sont habités par quelques pâtres et par le publicain romain qui exige la dime de leurs troupeaux. Les amphictyonies, les fêtes nationales ont cessé ; les oracles se sont éteints ; ce n'est pas seulement la liberté ou la foi, c'est le peuple qui leur manque[1]. Aussi, c'est la vieille Grèce que Strabon cherche à travers
Si maintenant, partis pour l'Italie, nous côtoyons ce
rivage méridional de Et néanmoins, quel magnifique vestibule va nous donner
entrée dans l'Italie ! C'est dans la riche et commerçante Pouzzoles,
intermédiaire de Rome avec Alexandrie et Carthage, que nous mettons le pied
sur la terre italique ; autour de nous est l'admirable pourtour du golfe de
Naples qui semble (tant les cités et les
villas se touchent de près !) être le quai d'une ville immense ;
autour de nous Baia, rendez-vous des voluptés romaines, avec les innombrables
palais des Lucullus, des Hortensius, des César ; Naples, cité grecque, ville
d'oisiveté et de délices ; Herculanum et Pompéi, mêlées de l'élégance
hellénique, de la mollesse campanienne et de la corruption romaine[10]. Mais ce coin de
l'Italie n'est guère que la maison de campagne des sénateurs et des
affranchis de César, gardée pendant l'hiver par leurs clients. Partout
ailleurs dans la péninsule, sauf peut-être dans les villes du nord, Côme,
Milan, Crémone, cités gauloises devenues colonies romaines et qui semblent
avoir part à la prospérité de Mais ce sont les vertes croupes de l'Apennin, ces
montagnes et ces vallées autrefois si riches en hommes et en soldats ; c'est J'ai ailleurs longuement développé le principe de cet appauvrissement de l'Italie. Les guerres civiles l'avaient aggravé encore, et une cause toujours subsistante devait accroître chaque jour les progrès du mal. A la suite des conquêtes romaines, les proconsuls et les publicains qui revenaient d'Asie, après avoir pillé les trésors séculaires des rois macédoniens, n'enrichissaient pas l'Italie ; ils enrichissaient tout au plus leur propre famille. Il y a plus, cet accroissement de' quelques fortunes de sénateurs ou de maltôtiers était bien plutôt une diminution réelle de la fortune de tous. Le goût du luxe rendait tributaire des pays étrangers un peuple que ses habitudes, son éducation, ses lois, tout détournait de l'industrie. Et non-seulement, comme nous l'avons vu ailleurs, la conquête amenait la multitude des esclaves — cette plaie de la vieillesse des nations antiques, qui devait toujours finir par les tuer —, mais encore, par cela même que beaucoup d'or circulait, les denrées utiles étaient plus chères, et comme le pays produisait peu, il en restait d'autant plus pauvre. A ce pays, sur qui pesaient encore des lois de douanes conçues dans un esprit tout fiscal, que pouvait donner son commerce avec l'étranger ? Pour les pauvres, rien qui pût améliorer leur sort, si ce n'est ces importations de blé, si funestes sous un, autre rapport. Pour les riches, mille produits inutiles, dont les barbares qui les vendaient ignoraient eux-mêmes l'usage, et contre lesquels l'Italie n'avait pas d'échanges à donner, si ce n'est ses vins et un peu de corail. Aussi les écrivains se plaignent-ils de l'inégalité de ce trafic. Selon Pline, le commerce avec l'Inde, l'Arabie et le pays des Sères coûtait pour le moins 100 millions de sesterces chaque année[13]. En un mot, pour parler le langage moderne, l'Italie romaine était un grand consommateur qui ne produisait pas. Disons-le donc : si l'abondance du numéraire constitue la richesse, si les belles villas, les édifices fastueux, les jouissances monstrueusement recherchées de quelques centaines de parvenus sont le bien-être et la fortune d'un pays, l'Italie était riche ; jamais magnificence plus stérile, luxe plus profondément dévastateur ne donna à une contrée désolée un embellissement trompeur, comparable aux bas-reliefs d'un tombeau. Mais si le nombre et la verdeur des populations, si leur activité agricole, industrielle ou militaire, si la santé et la vertu constituent la véritable fortune d'une nation, l'Italie était pauvre. La population de Rome, celle même des autres villes, pouvait végéter, entre le théâtre et les portiques, se tenant au pied de la table du riche pour recueillir les miettes de son festin, et tendant la main, dans Rome à César, ailleurs aux décurions. Encore ces largesses de quelques citoyens, vaniteuses et intéressées, devaient-elles, sous le règne des empereurs, diminuer chaque jour. Mais la grande plaie, c'était, je ne dirai pas seulement l'affaiblissement et la pauvreté, mais l'absence de la race agricole. Cette partie de la population qui recrute les armées, qui monte les vaisseaux, cette hardie race campagnarde (bold peasantry) qui est la moelle des peuples modernes, celle-là, à proprement parler, n'existait pas. De rares cultivateurs, sans ressources et sans pain quand ils étaient libres, le plus souvent esclaves, étaient ceux sur lesquels retombait de tout son poids la misère de l'Italie, et cet immense appesantissement de la grandeur romaine. Tel avait donc été, en dernière analyse, l'étrange
résultat de la conquête romaine. Cet Occident, barbare deux siècles
auparavant, Mais le monde, à son tour, devait s'en ressentir. La plaie qui avait attaqué le cœur devait corrompre les membres ; cet affaiblissement maladif de ce que je veux appeler les parties nobles de l'empire devait se répandre aux extrémités. Le chancre gagnait déjà ; le mal commençait à se propager dans les provinces. De là, pendant les siècles qui suivirent, cette grande atonie de l'empire, cette prostration de toutes les forces, de toutes les intelligences, de tous les courages. Car H y a un signe presque matériel de l'influence qu'un
peuple a exercée sur l'éducation d'un autre : c'est la langue, l'élément le
plus positif, le signe le plus cons-. tant, le témoignage le plus irrécusable
de la nationalité. Quand la langue a disparu, on peut dire que la nation
n'est plus ; quand les langues se sont mêlées, il ne faut guère penser à
distinguer les nations. La puissance de la conquête romaine nous est attestée
par l'effacement des langues qui la précédèrent. Rome,
dit Pline, a ramené à une langue commune les idiomes
sauvages et distords des races humaines[14]. L'idiome
celtique ne resta dominant que dans Sur ces débris des langues nationales s'élevait la suprématie
des deux langues maîtresses, le latin et le grec. Le latin était la langue de
l'Occident ; c'était, au temps de Strabon, celle de l'Espagne[18] ; c'était déjà,
sous Auguste, celle de Rome, en effet, prétendait maintenir la dignité officielle de sa langue ; sa langue seule pouvait figurer dans les actes solennels du droit (acta legitima), seule était parlée au tribunal des proconsuls ; et c'était une honte, presque un crime de lèse-majesté, si un magistrat romain en parlait officiellement une autre[22]. Mais hors du sénat et du tribunal, chez lui, dans l'intimité de l'entretien et du repas, le Romain tant soit peu bien élevé retourne au grec, cette seconde langue maternelle que dès son enfance il a su parler comme la sienne. Tu sais nos deux langues ? dit Claude à un barbare qui parlait le grec et le latin[23]. Tibère, qui raie un mot grec introduit par mégarde dans un sénatus-consulte[24], Tibère parle grec entre ses grammairiens et ses affranchis. Claude, qui ôte le droit de cité à un homme parce qu'il ne sait pas le latin[25], Claude écrit en grec ses histoires ; il répond en grec aux députés de l'Orient, et donne pour mot d'ordre un vers d'Homère[26]. Le grec est la langue de la science, de la société, de la famille même ; on écrit, on cause, on rit, on pleure, on aime en grec ; Ζωή καί ψυχή[27] est la chère et doucereuse parole des coquettes romaines. Et ainsi la suprématie intellectuelle de la langue grecque efface la suprématie légale de la langue latine. D'autant mieux que le Grec conserve sa dignité et ne se compromet pas à parler latin. Cette langue barbare, qu'il faut savoir sans doute pour lire l'édit du proconsul ou le registre du cens, peut-elle être bonne à autre chose ? Quel Grec, quel Oriental l'a jamais écrite, l'a jamais tenue pour langue littéraire et intelligente[28] ? Le Grec veut bien donner des leçons de rhétorique à ses maîtres ; mais il faut d'abord que ses maîtres, devenus ses écoliers, apprennent sa langue. Le Grec veut bien être le bouffon, le parasite, le philosophe domestique du Romain ; mais ses bouffonneries, ses quolibets, à plus forte raison sa philosophie, parleront grec. De l'Espagne, des Gaules, de l'Afrique, viennent en foule les Mela, les Valerius Caton, les Sénèque, des rhéteurs et des grammairiens, tous latins et parlant la langue de leurs maîtres ; mais tout ce qui vient de l'Orient, poètes, artistes, déclamateurs, est Hellène et reste Hellène. Eh bien ! ce qui est vrai de la langue est vrai de la
civilisation, des idées, de la nation elle-même. Cicéron nous est témoin du
mépris officiel des Romains pour Voilà comme parle Cicéron à la tribune : mais ensuite il descend, revient chez lui, rencontre le philosophe Diogène, son commensal, et lui parle grec. S'il veut lire, ce ne sera pas le rude Ennius, ce sera Simonide ou Homère. S'il connaît un digne emploi de ses loisirs, c'est de traduire la philosophie grecque et d'apprendre à ses Romains à balbutier la langue de l'abstraction dont les termes manquent à leur idiome. Son ami Pomponius n'est plus Romain, il est Athénien comme son surnom le dit : et c'est à lui que Cicéron s'adresse lorsqu'il veut curieusement orner sa galerie de ces bronzes et de ces sculptures grecques pour lesquelles il témoignait tout à l'heure tant de mépris. Enfin, pour achever de réhabiliter les Grecs, lorsque Quintus est envoyé comme préteur dans la province d'Asie, Cicéron, son frère, lui adresse ces belles paroles : Souviens-toi que ceux auxquels tu vas commander sont des Grecs, le Peuple qui a civilisé les nations, qui leur a enseigné l'humanité et la douceur, auquel enfin Rome doit ses lumières[33]. Ce mépris convenu, ce dénigrement officiel du Romain pour
le Grec, démenti par sa Vie de chaque jour, ressemblait assez à celui de
l'Anglais pour tout ce qui n'est pas lui, pour Cette scission du monde romain en deux parts avait besoin
d'être étudiée ; nous n'avons pas craint de la développer avec détail, parce
qu'elle est un des points de départ de l'histoire moderne. Les pays qu'avait
civilisés Alexandre ne ressemblèrent jamais aux pays civilisés par les fils
de Romulus. Lorsque l'unité de l'empire fut brisée, il se rompit
naturellement à l'endroit de cette grande soudure entre l'esprit romain et
l'esprit grec. L'Afrique, l'Espagne, Mais ici un grand fait doit être observé. L'esprit grec, divers, indépendant, tout individuel, résistait naturellement à l'unité. Au moment où se rompait l'unité de l'empire, il allait briser celle de l'Église. Les églises grecques se séparèrent, les unes sous Eutychès, d'autres sous Nestorius ; et Photius, cinq siècles après le partage définitif de l'empire romain, consommait la grande déviation de l'Orient. Par ce fait, l'Orient, déchu de la civilisation chrétienne, fut livré au mahométisme, aux révolutions, aux barbares, et à des barbares qu'il ne pouvait plus civiliser : il resta donc méprisé, misérable, dégradé. L'Occident, au contraire, quand l'unité de l'empire n'exista plus, garda l'unité de foi et l'unité de civilisation, la fédération romaine préparait humainement la grande fédération catholique. César et Auguste unissaient et civilisaient l'Occident pour le compte de cet humble pécheur de Bethsaïde, qui naquit inconnu sous leur empire. Cette unité romaine si forte et si active devait tomber au jour de sa chute en des mains plus dignes. Ainsi l'association des peuples latins ne fut pas rompue. Rome demeura la ville souveraine du monde et la patronne de l'Occident ; Rome ne s'était pas en vain appelée la ville éternelle. Tandis que le schisme triomphait dans l'Orient, l'hérésie disparaissait de l'Occident sans qu'on entendit même parler de sa chute. L'Occident marchait sous le bâton pastoral du batelier galiléen, plus croyant et plus dévoué qu'il n'avait marché sous l'épée de ses Césars. D'un autre côté, Rome et l'Italie, par leur position
géographique, par leurs antiques relations avec Le supplice de l'Orient a-t-il assez duré ? Les douze
siècles de l'hégire ont-ils été assez longs pour satisfaire à la justice de
Dieu ? Les bruits d'affaissements et de ruines qui nous arrivent de ce côté
doivent-ils nous faire éprouver quelque espérance ? Le manifeste déclin de
deux grandes puissances musulmanes, Alors renaîtrait dans les mêmes lieux l'unité romaine, mais autrement grande, autrement profonde, autrement sainte. Rome, sans laquelle il n'y a pas d'unité, Rome, dont l'empire est sans fin (imperium sine fine dedi, disait Virgile, meilleur prophète qu'il ne croyait être), Rome retrouverait ses alliés de l'Orient qui, après avoir subi, le sceptre de Néron, ont pu se révolter contre le joug paternel du serviteur des serviteurs de Dieu. Le même monde lui obéirait, elle enverrait ses légats aux mêmes lieux, elle retrouverait ses mêmes diocèses (car l'Église a emprunté de la domination romaine jusqu'à son langage) ; elle réunirait sous son patronage les mêmes noms et les mêmes peuples qu'au siècle des Cicéron et des Césars, disons mieux, au siècle des Constantin, des Sylvestre, des Athanase et des Jérôme. Qui sait ? qui peut prédire ? qui connaît et comprend
quelque chose ? Qu'il nous suffise d'avoir montré, dans l'unité romaine, la
bien imparfaite préparation et le bien terrestre symbole de l'unité
catholique. Le monde, au reste, s'est agrandi. Rome païenne s'arrêtait devant
des barrières que Rome chrétienne a su franchir. Ses voyageurs et ses soldats
ne dépassèrent ni l'Elbe, ni le Tigre, ni l'Atlas ; où se sont arrêtés les
soldats de |
[1] Plutarque, de Oracul. defectu. Strabon.
[2] V. Strabon, VIII, IX, X, et Pausanias, VIII, 33, 36 ; X, 32.
[3] Fair
Immortal though no more ; though fallen great.
(BYRON.)
[4] Tacite, Annal., II, 53. Datum id fœderi sociæ et vetustæ urbis.
[5] Inscriptions latines de Corinthe. Palais des empereurs à Corinthe. Pausanias, II, 8. Elle eut le titre de colonie romaine.
[6] Sur Olympie, V. Pausanias, V, 9-23.
[7] Pline, ex Muciano, Hist. nat., XXXIV, 7.
[8] V. entre autres, Cicéron, in Verr., I, 2 ; III, 14, 21.
[9] Temple de Vénus Erycine, relevé par Tibère, et plus tard par Claude. Tacite, Annal., IV, 43. Suet., in Claud., 25. Strabon, VI.
[10] Sur Baïa, V. Senec., Epist., 51 ; Strabon, V ; Horace, I, Ép. I, 15. Villæ de Lucullus, d'Hortensius, de Marius, de Pompée, de César, de Domitia, d'Agrippine, de Pison. Senec., Ép. 51. Tacite, Annal., XIII, 21 ; XIV, 4 ; XV, 52. Plutarque, in Mario. — Sur la grotte de Pausilippe, Strabon, V ; Senec., Ép. 57. — Sur Pouzzoles, Cicéron, pro Planco, 26. Strabon, V. — Sur Naples, Senec., Ép., 76. Strabon, Horace, etc. — Sur Pompéi, Herculanum, etc., Senec., Ép. 149. Natur. quæst., VI, 1, etc.
[11] Tacite, Annal., XIV, 27. De même pour Capoue et Nucérie, XIII, 31.
[12] Frontinus, de Coloniis.
[13] 25 millions de fr. Pline, Hist. nat., XII, 18. Dans ce compte, l'Inde entrait au moins pour moitié. Id., XI, 23. Et Tibère dans Tacite (Annal., III, 53) : Lapidum causa pecuniæ nostræ ad externas hostilesve gentes transferuntur.
[14] Hist. nat., III, 5.
[15] V. Strabon.
[16] V. Apulée (Apolog.) et saint Augustin.
[17] Strabon, XIII.
[18] Strabon, III.
[19] Velleius Paterculus, II, 110.
[20] Tacite, Annal., II, 10, 13. V. aussi Suet., in Claud., 1.
[21] Valère Maxime, II, 2, § 2.
[22] Quo scilicet latinæ vocis honor per omnes gentes venerabilior diffunderetur : nec illis deerant studia doctrinæ, sed nulla non in re pallium togæ subjici debere arbitrabantur, indignum esse existimantes illecebris et suavitate litterarum imperii pondus et auctoritatem domari. Valère Max., II, 2, § 2. V. aussi Cicéron.
[23] Suet., in Claud., 42.
[24] Suet., in Tiber., 71. Augustin, de Civit. Dei, XIX, 7. Pline, Hist. nat., III, 5.
[25] Suet., in Claud., 16. Sur la rigueur avec laquelle Claude et Tibère maintiennent l'usage officiel du latin. V. t. II, Claude, § II. La censure. — Dion, LVII p. 612. B.
[26]
Suet., in Claud., 43. Il cite des vers d'Homère dans ses jugements, il
recommande
[27] Mon âme et ma vie. V. Juvénal, VI, 194.
[28] Plutarque ne savait pas parler le latin : Il avait cependant fait plusieurs voyages à Rome et en Italie ; mais, chargé de traiter des affaires publiques, et, de plus, donnant des leçons de philosophie, il n'eut pas le temps d'apprendre la langue. Il commença fort tard à lire les écrits des Romains, et, en les lisant. il comprenait les termes par les faits qu'il savait d'avance, plutôt que les termes ne servaient à lui expliquer les faits. C'est ce qu'il dit lui-même in Vita Demosth. V. dans Aulu-Gelle les railleries que font dans un festin quelques rhéteurs grecs d'un rhéteur latin et de la littérature latine.... Tanquam barbarum et agrestem.... lingua quæ nullas voluptates haberet. (N. A., XIX, 9.)
[29]
Et magis etiam tum quum plus mihi erat otii.
(Pro Flacco, 4.)
[30] Cicéron, pro Flacco, 4.
[31] Cicéron, in Verrem de Signis, 2.... On les appelait des Canéphores.... Mais qui donc en était l'auteur ?... Vous avez raison. C'est, disait-on, Polyclète. L'affectation est ici d'autant plus remarquable que ce discours n'a jamais été prononcé. Ailleurs : Des statues qui pourraient charmer, non seulement un connaisseur comme Verrès, mais même des ignorants, comme ils nous appellent ; un Cupidon de Praxitèle : car, tout en faisant mon enquête contre lui, j'ai fini par apprendre des noms des artistes. Ibid. — Je n'ai rien vu de plus beau, bien que, du reste, je n'entende rien à tout cela. Ibid., 43. — C'est étrange combien ces choses que nous méprisons ont du prix pour les Grecs. Aussi nos aïeux.... les leur ont-ils laissées comme consolation de leur servitude. Ibid., 60.
[32] V. Cicéron, in Verrem ; V. aussi Philippica, II, où il reproche à Antoine d'avoir paru indutus Gallicis ; et Suet., in Tiber., 13 (où il reproche à Tibère d'avoir quitté la toge pour le pallium) ; et Id., in Aug., 40, sur la suprématie de la toge sur la tunique. Dion fait le même reproche à Caligula, LIX.
[33] Ad Quint., I, 1. Pline en dit autant à son ami. Ép. VIII, 24.
[34] Tite-Live, XXXIX, 19.
[35] Pedibus intectis. (Tacite, Annal., II.) (Des crepidæ au lieu des calcei.)
[36] Otiosa Neapolis. (Horace.) — Urbs Græca. (Tacite, Annal., XV, 33.)
[38] V. Strabon, V.
[39] Græci.... qui sua tantum mirantur. (Annal., II, in fine.) Et Pline : Græci genus hominum in laudes suas effusissimum. (Hist. nat., III, 5.)
[40]
Tanquam mundus, sese excutiendo, rejecta vetustate,
candidam ecclesiarum vestem indueret, dit Radulphus Glaber (Hist.
Franc., III, 4), en peignant ce mouvement de joie que ressentit l'Europe,