LES CÉSARS JUSQU'À NÉRON

 

NÉRON.

 

 

§ I. - NÉRON ET SA FAMILLE.

L'empire était constitué. Il n'est pas d'État dans le monde qui n'ait sa charte, plus réelle et plus sérieuse que ne sont les chartes votées, scellées et imprimées. Dans la charte impériale, chacun avait écrit son mot : Auguste, la concentration des pouvoirs républicains sur la tête du prince ; Tibère, la puissance des délateurs ; Caligula, celle des prétoriens ; Claude, celle des affranchis. Ainsi, la personnalité colossale des Césars avait autour d'elle, et ses électeurs en cuirasse et en bottes d'acier qui avaient puissance pour la créer, et ses espions qui avaient mission pour la soutenir, et ses courtisans-valets dont la charge était de vouloir à sa place. La charte était écrite jusqu'au bénit, les pouvoirs publics étaient au complet.

Aussi avais-je bâte d'arriver à Néron. C'est là le type de l'empereur romain ; c'est au plus haut point cette toute-puissance du mal, ce mépris de l'humanité hors de soi et cette idolâtrie de l'humanité en soi-même, cette aspiration gigantesque et folle vers toute chose surhumaine, cette lutte contre Dieu ; c'est au plus haut point aussi cet imminent péril, cette indicible fragilité du pouvoir ; cette surexaltation de l'individu humain, si colossale et si précaire. Ce Nabuchodonosor qu'on appelle l'empereur romain ne porta jamais plus haut sa tête d'or ; ses pieds d'argile ne furent jamais si prompts à se rompre, et l'on croirait volontiers que la statue colossale que Néron se fit ériger devant son palais ne fit que réaliser le rêve prophétique du roi de Babylone. Mieux qu'aucune autre époque, les treize ans qu'il régna peignent cet état où le dernier terme de sa civilisation avait conduit l'antiquité.

Mais cette histoire est difficile. Le fils du brutal Domitius et de l'infâme Agrippine[1], né les pieds en avant (présage sinistre)[2] ; cet enfant confié d'abord à un danseur et à un barbier, grandit au milieu de la corruption maternelle et de la corruption impériale, parmi cette foule de sales courtisans qui exploitaient et bafouaient Claude. Devenu empereur, c'est-à-dire l'homme du monde le plus puissant, le plus sujet à se corrompre, le plus exposé, à un âge qui n'est pas encore celui de la jeunesse, ce César enfant ne promet rien de bon. Pourtant le voilà au moins un instant les délices du genre humain, l'idole du peuple ; quand il s'agit de signer la sentence de mort d'un voleur, il voudrait ne pas savoir écrire. Chose plus merveilleuse encore, il donne des jeux sans que personne y périsse[3] Pas une goutte de sang proscrit ne coule par son ordre, le carnifex se croise les bras, le délateur mendie son pain en exil ; et Trajan, ce clément empereur que le pape saint Grégoire le Grand, dit-on, pria Dieu de faire entrer par exception dans le paradis, Trajan souhaitait que les meilleures années de son règne eussent ressemblé à ces premières années de Néron. Dès ces premières années, il est vrai, il aura vu son cousin L. Silanus empoisonné par Agrippine, il aura fait périr Britannicus son frère, bientôt après il aura tué sa mère et sa tante : mais il est convenu que ce ne sont pas là des proscrits ; la maison des Césars est au-dessus de la loi pour tuer et pour mourir ; un empereur qui ne fait périr que les siens est un souverain miséricordieux. Et un temps de repos, que le monde n'avait pas eu depuis Auguste, lui est donné sous un prince fratricide. Cependant, au bout de trois ou quatre ans, le charme impérial opère : le vieux démon de Caligula et de Tibère se réveille ; le tigre apprivoisé a léché un peu de sang humain, il sent sa race. Voici les délateurs qui remontent à la surface, les suicides commandés qui se renouvellent., la lancette du chirurgien qui succède au lacet du bourreau et à l'épée du soldat ; c'est un Tibère enfant, un Tibère prodigue, voluptueux, artiste musicien, pantomime, et par cela même plus cruel.

Il est donc bien puissant et bien sûr de son pouvoir ? Il a jeté bien de l'or à ses prétoriens ? il les a bien alléchés aux proscriptions ? Sa garde de Germains est bien nombreuse et bien farouche ? Non : car un beau jour, après que le monde l'aura longtemps souffert sans avoir jamais fait un puissant effort pour le rejeter ; après bien des tentatives vaines, des conspirations de philosophes, de débauchés et de femmes ; après une dernière et plus menaçante entreprise, et au moment où elle avorte ; un homme se présente aux prétoriens, mandataire improvisé à qui personne n'a donné mandat : cet homme promet, au nom d'un général qu'il ne connaît pas, des sommes énormes que celui-ci ne pourra jamais payer ; et par suite de ce marché, les soldats, sans tuer personne, sans se mettre en révolte, quittent seulement avant d'être relevés leur corps de garde du mont Palatin pour se promener dans les faubourgs. Et l'empereur, perdu parce qu'il est seul, va se donner un coup de couteau dans une cave qu'un de ses affranchis veut bien lui prêter pour mourir.

Aurons-nous du moins, contre cette peu croyable histoire, la ressource du paradoxe ? Pourrons-nous bâtir, comme cela se fait agréablement de nos jours, une contre-histoire de notre façon ? Nous ne sommes pas ici dans le vague océan des siècles primitifs : ceci est de la pure et positive histoire. Tacite, tout honnête homme qu'on puisse lui reprocher d'être, est un exact annaliste, un chronologiste scrupuleux, dépouillant, à la manière du président Hénault, les archives du sénat et les Acta diurna, le Moniteur de son temps. Quant à Suétone, je l'ai déjà dit, c'est le sang-froid d'un greffier du parlement ; c'est l'érudit des inscriptions et belles-lettres, qui, pour toutes les rancunes et tout l'esprit de parti du monde, ne perdra pas la petite note qu'il a prise sur son calepin. Ces deux hommes, assez rapprochés de ce temps pour le bien connaître, assez éloignés pour n'en pas trop ressentir les passions, ne sont démentis, pour le corps des faits, ni par Dion Cassius, ni par Plutarque, deux Grecs peu soucieux des ressentiments de la vieille Rome contre Néron.

C'est en racontant cette histoire que je tâcherai de l'expliquer. J'ai déjà montré en Tibère la nature et le principe du pouvoir impérial, pouvoir tout de fait et de terreur, fondé sur l'isolement, la faiblesse, l'effroi de chacun : en Caligula, l'effet de ce pouvoir sur une âme faible et mal élevée, cette maladie particulière de l'esprit que j'appellerai la manie impériale, double exaltation enfantée par le danger et la puissance, désir sans terme et peur sans remède, rage de jouissance et crainte de la mort. J'ai fait, si j'ose dire, d'abord la politique, puis la psychologie des Césars ; reste à les appliquer à Néron.

Néron n'était pas de force à supporter le vertige d'un tel pouvoir ; et qui l'eût supporté à dix-sept ans ? Faible de cœur, comme Caligula le fut d'esprit, doucereux et craintif, artiste incliné devant ses juges,. empereur tremblant devant son peuple ; rougissant aisément ; par embarras d'esprit ou de conscience, se laissant dire de rudes vérités ; n'écoutant le reproche qu'avec une sorte de pudeur qui alla parfois jusqu'à ne pas le punir ; superstitieux enfin, craignant les rêves et les fantômes : ses vices n'avaient rien de hardi ni de grandiose. Lui et son ami Othon — deux polissons qui furent l'un après l'autre maîtres du monde — couraient les rues la nuit, en perruque et en habit d'esclave, et, se croyant déguisés, jetaient les gens dans les égouts, en bernaient d'autres sur des couvertures, outrageaient les femmes, pillaient les boutiques pour revendre le lendemain aux enchères, en plein palais, le fruit de leur pillage, battaient, étaient battus, et revenaient parfois roués de coups[4].

Une fois même, Néron fut presque assommé par un sénateur dont il avait insulté la femme et fut plusieurs jours sans sortir, tant il était défiguré. Il ne connaissait pas son ennemi, et ne pouvait se venger ; mais son ennemi le connaissait et eut la sottise de lui écrire peur s'excuser. Comment, s'écria le prince, cet homme a battu Néron et il ne s'est pas encore tué ! Le pauvre diable fut forcé de se tuer. Mais depuis ce jour, Néron, qui était peureux, se fit suivre de loin par des officiers déguisés. — Beau métier pour des officiers[5] ! — Ce fut toujours le même homme, et ce tapageur nocturne du pont Milvius, dont la joie suprême était de faire l'émeute au spectacle[6], eut beau être tyran et parricide, il demeura toujours un gamin couronné.

Pour faire de cette misérable nature quelque chose de redoutable, et, comme le dit saint Augustin, pour que le suprême modèle des mauvais princes fût cet histrion voluptueux dont on ne devait craindre rien de viril, il fallait son siècle et sa cour, et leur incroyable appétit de servitude. Il fallait un Épaphrodite et un Tigellin, gens qui, même dans une âme pure, eussent su trouver le vice, le choyer et le faire grandir. Il fallait peut-être aussi, ce qui semble au premier coup d'œil le côté le plus innocent du caractère de Néron : ses goûts et ses fantaisies de poète, de musicien, d'artiste. Il y avait chez lui la rage de se faire applaudir, et, comme il n'était au fond qu'un artiste manqué, il lui fallait se faire applaudir bon gré mal gré. A chaque effort malheureux de l'artiste, l'empereur se consolait par une cruauté. Les sifflets du public lyonnais on fait de Collot d'Herbois un homme de sang, et les sifflets du public de Rome, étouffés, mais devinés, ont aidé à faire de Néron un tyran. La prééminence du théâtre sur toutes les choses de la vie humaine a été une des maladies mortelles de l'empire romain ; la prééminence du comédien dans la personne de Néron caractérise Néron parmi les empereurs et, plus que tout le reste peut-être, donne l'explication de ses crimes[7].

Aussi, dès le début, quand Néron était tout miel encore, y avait-il déjà lutte entre les diverses corruptions de la cour à qui le dominerait. C'était, d'un côté, Agrippine, qui, assistant au sénat derrière un rideau, ne voulait pas du pouvoir pour l'adoucir ou le dissimuler, mais pour en user largement, avec la sauvage légitimité du crime, comme l'avait pratiquée son frère Caligula ; c'était, avec Agrippine, tout ce qui tenait à la vieille popularité du nom de Germanicus, nobles, centurions, amis de sa famille, fidèles affranchis de Claude, ralliés à elle depuis qu'elle l'avait empoisonné. D'un autre côté, le stoïcisme, relevé du champ de bataille de Philippes où, avec les cadavres des compagnons de Brutus, il était resté livré aux vautours, promenait déjà dans les rues de Rome la longue barbe et la face ridée de ses philosophes ; quelques-uns de ses disciples aimaient à venir aux soupers de Néron faire étalage de mines renfrognées[8]. Le stoïcisme avait auprès de César ses députés, Sénèque et Burrhus, vertus relatives, honnêtes gens de ce siècle ; car Burrhus, qui, à la mort de Claude, avait aidé à escamoter les droits de Britannicus, et Sénèque, apologiste, sinon conseiller de la mort d'Agrippine, furent néanmoins populaires parmi les gens de bien. On pensa même une fois à faire Sénèque empereur, à cause de l'éclat de ses vertus, dit Tacite[9].

La lutte s'établissait : Point de philosophie, mon fils, disait Agrippine ; elle ne vaut rien pour un empereur[10]. Le vieil instinct des Césars devinait son ennemi. Respecte ta mère, mais sois empereur, lui disait Sénèque. Le prix était à qui flatterait le plus. Les débauches de Néron étaient encore timides : Sénèque lui prêtait le nom d'un de ses parents pour les cacher à Agrippine[11] ; Agrippine, son appartement, sans doute pour les cacher à Sénèque. Les philosophes laissaient monter leur élève sur le théâtre, en gémissant, mais sans rien dire, toujours dans la peur qu'il n'allât plus loin ; et Sénèque, qui avait flairé la bête carnassière, lui adressait son traité de la Clémence, le louant du sang qu'il n'avait pas versé, de peur qu'il n'en versât le lendemain.

Mais, en fait de flatterie, Agrippine était bien novice, les philosophes bien réservés. Néron avait d'autres amis plus infimes et par cela même plus intimes : des affranchis, les meilleurs confidents des Césars qui avaient l'âme basse comme leur imagination était haute. Néron, avec ses goûts de volupté puérile et vulgaire, s'arrangeait fort de la société de ses valets.

Une mère jalouse de dominer, des pédagogues qui lui disputent leur élève, des valets débauchés qui le corrompent, histoire d'écolier ! mais cet écolier de dix-sept ans tenait bien réellement en ses mains le sceptre du monde, pouvait jouer au besoin avec le poison et l'épée, avec les tètes des sénateurs et l'honneur des nobles romaines. Aussi, pendant qu'avec des insinuations habiles et polies, Sénèque et Burrhus supplantent Agrippine[12] ; qu'Agrippine s'irrite, se réconcilie, rallie les mécontents, prend en main la cause de Britannicus qu'elle a si cruellement persécuté : Néron tout à coup échappe à la fois à sa mère et à ses maîtres. Il fait consulter, par le centurion même qui la garde, la vieille Locuste que la vertueuse police de Burrhus allait faire étrangler, et qui, sauvée à temps, y gagne l'impunité, de l'argent et des élèves[13]. — École d'empoisonnement fondée par l'empereur ! — Néron demande à Locuste, non un poison lent, timide, secret, comme celui qu'elle a si raffinement composé pour Claude, mais un poison actif, prompt, foudroyant. — Je crains peut-être, disait le César enfant à cette Brinvilliers, je crains peut-être la loi contre les empoisonneurs[14] ? — Britannicus tombe roide mort à la table impériale (an 55). Pendant qu'on procède en hâte à ses funérailles, et qu'un peu de pluie, essuyant le plâtre dont Néron lui avait fardé le visage, montre au peuple les taches livides du poison, es deux sages du palais, consternés et gémissants, s'enrichissent néanmoins des villas de Britannicus.

Britannicus mort, c'était le tour d'Agrippine. A aucune époque, le rôle des femmes dans l'histoire ne fut aussi violent, aussi tragique, aussi sanguinaire. Ainsi Agrippine, à peine échappée aux rigueurs de Tibère contre sa famille, mariée à cet infâme Domitius dont je parlais tout à l'heure, amante de son frère et prostituée par lui ; puis exilée et menacée de mort ; puis rappelée par Claude, fatiguant de son amour Galba qu'elle veut épouser et qui la repousse, choisissant un mari opulent qu'elle fait mourir et dont elle recueille l'héritage ; puis, femme de Claude, immolant toutes celles qui ont prétendu à cette union, et empoisonnant Claude lui-même : Agrippine vit au milieu d'un chaos de vengeances et de haines, et, toute ressource épuisée, peut-être même l'épouvantable ressource de l'inceste, elle se fait de ses crimes, commis pour Néron, une force et une dernière défense auprès de Néron. Son fils la redoute pour lui avoir longtemps obéi ; et il la tuera parce qu'il la redoute.

Je ne sache rien d'abominable comme le monde qui tourbillonnait autour du palais impérial. Les femmes surtout, qui s'étaient faites hommes par le crime, luttaient d'impudicité pour arriver aux joies de l'homicide. Messaline avait commencé cette effroyable guerre ; Agrippine l'avait renouvelée contre elle et après elle : l'une et l'autre n'avaient pris la peine de compter ni les hommes leurs amants, ni les femmes leurs victimes. Avec son orgueil de belle femme et son orgueil d'impératrice, Agrippine marche environnée de haines féminines, haines implacables qu'elle-même a provoquées. Depuis la mort de Britannicus, sa disgrâce est évidente ; Néron lui a retiré l'escorte de soldats dont elle était accompagnée ; il lui a fait quitter le palais, il ne vient la voir qu'accompagné lui-même de soldats, l'embrasse brièvement (post leve osculum) et s'en va. Aussi Agrippine demeure-t-elle seule ; on l'évite ; elle n'est plus visitée que par quelques femmes qui l'épient[15]. Bientôt un complot se forme contre elle entre Domitia et Silana : la première, tante de Néron, n'était pas sans influence sur lui ; la seconde était une veuve dont Agrippine avait fait rompre le mariage, non qu'elle lui enviât son fiancé, mais seulement pour empêcher que la fortune de Silana, veuve sans enfants, ne passât aux mains d'un mari[16]. Domitia accueille avec joie une dénonciation que Silana lui apporte ; des affranchis et surtout le comédien Pâris, à qui, par amour pour son art, Néron voulait que la porte du palais fût toujours ouverte, font parvenir cette dénonciation à Néron : Agrippine, disent-ils, veut donner sa main et l'empire à Rubellite Plautus, petit-fils de Tibère. Néron allait sur l'heure faire tuer sa mère ; mais Agrippine, éloquente à force de fierté, triomphe cette fois encore, Silana est exilée et un des affranchis puni de mort (an 56)[17].

Alors, dans ce monde infâme, paraît Sabina Poppæa, femme à qui rien ne manqua jamais que la vertu. Elle avait de sa mère, la plus belle femme de son temps, la réputation de beauté et une fortune égale à sa naissance ; avec cela un langage distingué, un esprit qui n'était pas sans grâce, une apparence de modestie, l'habitude des plaisirs. Elle se montrait peu au dehors, toujours le visage à demi voilé, ou pour que le regard ne fût pas rassasié d'elle, ou parce que sa beauté s'en trouvait mieux ; sans pitié pour sa réputation, amants ou maris lui étaient indifférents : elle plaçait son amour où son intérêt le lui faisait mettre[18]. Pour le moment mariée[19] à un chevalier romain, Othon la fait divorcer et l'épouse. Néron l'aime à son tour (an 58), envoie Othon gouverner la Lusitanie, et veut la faire divorcer encore[20]. Mais Poppée divorcera-t-elle donc pour n'être que la maîtresse de César ? Ne brisera-t-elle pas le joug maternel sous lequel Néron est encore courbé ? Laissera-t-elle en place la fille de Claude ? Cela est bon pour l'affranchie Acté ; mais elle, la patricienne, vaut bien Octavie, la fille de Messaline. C'est par le mépris qu'elle agit sur Néron. Voyez comment se laissait mener l'âme petite et misérable de César ! Elle était mariée, après tout, disait-elle ; l'hymen d'Othon était un beau mariage qu'elle ne voulait pas perdre[21]. Elle tenait à cette vie de luxe, vie non pareille, qu'elle trouvait chez son époux ; là, tout était grand et de magnificence et de cœur, tout digne de la première place. Néron, au contraire, amant d'Acté, conjoint d'une esclave, n'avait gagné à cet ignoble commerce que d'abjectes et mesquines habitudes. Enfant maintenu par sa mère dans une rigide tutelle, avant de prétendre à l'empire, qu'il pensât à la liberté !... Il craignait de l'épouser ? Qu'il la renvoyât à Othon ; même au bout du monde, elle aimait mieux ouïr l'opprobre de son empereur qu'en être témoin. Ainsi parlait-on à Néron-César ; ainsi les dédains de Poppée le poussaient au parricide, et cela pendant que les autels fumaient encore de sacrifices offerts aux pieds du dieu Honneur et de la déesse Concorde pour le jour natal d'Agrippine[22].

Mais ici commence, dans Tacite[23], un beau drame dont je ne veux qu'effleurer les détails (an 59).

Par une belle et claire nuit, par une nier paisible, un navire pavoisé glisse légèrement sur le golfe de Baïa. Dans l'intérieur, Agrippine, assise auprès de son serviteur Crépéreius ; Acerronia Poila, son amie, à ses pieds, s'abandonne à la joie et à l'espérance : Néron l'a appelée près de lui, l'a reçue à Baia ; au milieu des fêtes, lui a donné à sa table la première place ; Néron, en la quittant à minuit, lui a baisé les mains et surtout les yeux[24] — signe tout particulier d'une vénération presque religieuse —. Adieu, lui a-t-il dit, ma mère, et soigne ta santé pour moi ; c'est pour toi que je vis et que je règne[25]. Acerronia félicite sa maîtresse, quand tout à coup le pont du navire s'écroule au-dessus de leur tête. Le navire avait été construit avec un soin tout particulier, sur le modèle de ces navires que l'on voyait apparaître dans l'amphithéâtre, et dont les flancs s'ouvraient pour laisser sortir des centaines d'animaux[26]. Crépéreius est écrasé. Au milieu des cris, du tumulte, des ordres contradictoires entre les complices du crime et ceux qui y sont étrangers, le navire penche, il va être submergé. Les deux femmes se jettent à la mer. Acerronia crie : Je suis Agrippine, secourez la mère de César On la tue à coups de rames. Agrippine, blessée, se tait et s'échappe à la nage.

Néron est à Baïa ; Sénèque et Burrhus viennent d'être mandés auprès de lui : Que fera-t-il ? Le crime est manqué, mais il va devenir public. Agrippine peut armer ses esclaves, soulever les soldats, implorer le sénat et le peuple. Sénèque et Burrhus gardent longtemps le silence ; enfin, sur un regard interrogatif de Sénèque : Les soldats du prétoire, dit Burrhus, sont dévoués à la maison de leur prince ; ils se souviennent de Germanicus, ils n'oseront rien coutre sa fille ; qu'Anicet tienne sa promesse ! Anicet, le commandant de la flotte de Misène, a été le conseiller de cette première tentative de meurtre, et ne demande pas mieux que de la renouveler. Hâte-toi, lui dit Néron : dès ce jour, je suis empereur, et je le dois à un affranchi. Voilà tout ce que la philosophie a osé faire pour détourner un tel crime.

Cependant le peuple est en foule sur les côtes du golfe ; les uns montés sur des barques, les autres s'avançant à l'extrémité des digues, ceux-là, dans les flots jusqu'à la poitrine, tendent la main, appellent, répondent ; des torches courent çà et là sur le rivage et sur la mer. Le péril d'Agrippine la rend populaire. Le bruit arrive qu'elle est sauvée, la foule court à sa villa de Baules, pour remercier les dieux avec elle.

Agrippine, couchée dans sa chambre, n'ayant que peu de lumière, une seule esclave auprès d'elle, attend avec anxiété des nouvelles de Néron. Bien que convaincue du crime, elle a senti que le plus sûr est de paraître l'ignorer ; elle a fait dire à son fils le danger qu'elle a couru. Mais personne n'arrive ; son messager ne revient pas ; elle n'entend plus sous ses fenêtres les cris de joie de la foule ; le silence leur a succédé, interrompu de temps à autre par des bruits soudains.

Des hommes armés sont à la porte ; ils ont dispersé le peuple, ils enfoncent la porte, saisissent les esclaves, arrivent à la chambre d'Agrippine. L'esclave qui est auprès d'elle prend la fuite. Toi aussi, tu m'abandonnes ! dit-elle ; elle regarde et voit Anicet : Si Néron t'envoie pour me saluer, dis-lui que je suis rétablie ; si tu viens commettre un crime, je ne croirai jamais que mon fils ait pu t'ordonner le parricide. On l'entoure ; un des compagnons d'Anicet la frappe d'un bâton à la tête. Frappe le ventre, dit-elle à un autre, et elle meurt de plusieurs coups d'épée.

A la mort d'Agrippine éclate toute la servilité romaine. Ce crime indigne, mais il effraie ; et toutes les gloires de Rome, toutes les vertus du sénat sont aux pieds de Néron. Burrhus l'envoie complimenter par les officiers du prétoire ; les villes de Campanie font fumer les autels et remercient les dieux ; Sénèque adresse au sénat l'apologie de son maitre. Le sénat maudit Agrippine au seul moment où elle soit digne de pitié ; le sénat supplie Néron de revenir à Rome. Non-seulement le sénat, mais tout le peuple vient au-devant de lui. — Quel besoin avait le peuple d'être servile à ce point ? — Ici toutes les femmes, là tous les enfants, toutes les tribus de Rome ; et, au milieu des échafauds dressés sur son passage, Néron va rendre grâces au Capitole. Un seul homme protesta : Thraséa, au moment où l'on flétrissait la mémoire d'Agrippine, se leva et sortit du sénat[27].

Néron, pourtant, quand le crime fut consommé, en comprit l'horreur. Ce ne sont pas les remords profonds, dissimulés, de Tibère ; l'âme de Néron n'est pas de force avec son crime ; il passe toute une nuit dans le délire et avec des tressaillements soudains. Mais — ici je traduis Tacite, qui est admirable — la face des lieux ne change pas comme celle de l'homme ; toujours, devant lui, il avait cette mer et ces rivages où déjà, dit-on, des cris plaintifs et la trompette funéraire se faisaient entendre auprès du tombeau d'Agrippine[28]. Il s'éloigne de Baïes ; mais, partout où il va, les mêmes terreurs le poursuivent ; les mêmes réveils le jettent palpitant hors de son lit ; les mêmes trompettes lugubres retentissent à ses oreilles[29]. On remarque qu'à cette époque Néron rêva pour la première fois de sa vie. Ce doit être une chose terrible qu'un premier rêve quand c'est un pareil rêve[30].

A Rome même, et au milieu des pompes de son entrée, l'indignation se fait jour. Une statue d'Agrippine, qu'on n'avait pas eu le temps d'abattre, avait été voilée pour ne pas offusquer les regards de son assassin ; mais la justice populaire avait écrit au-dessous : Je rougis, mais toi, tu n'as pas de honte[31]. Le peuple ose dire au moins à demi-voix ce que le sénat pense. Sur les murs, Néron fit des inscriptions comme celle-ci : Néron, Oreste, Alcméon, assassins de leur mère. A sa propre statue, on a suspendu un sac, comme ceux dans lesquels on cousait les parricides. Des hommes disent tout haut : Néron a tué sa mère ; d'autres les dénoncent, ne serait-ce que pour faire répéter le propos, et Néron n'ose sévir de peur de le faire répéter encore. Un enfant a été exposé avec cet écriteau : Enfant abandonné de peur qu'il ne vienne à tuer sa mère ! Ces protestations anonymes ne valaient pas sans doute l'héroïque protestation de Thraséa, si rare, il faut le dire, dans l'histoire des sénats ; elles témoignent cependant quelle était encore chez ce peuple païen l'horreur du matricide, qui a trouvé des apologistes au sein d'une société chrétienne[32].

Sans nous astreindre à l'ordre des temps, disons la fin de la famille impériale ; lisons dans Tacite le touchant récit des malheurs d'Octavie, que la mort d'Agrippine laissait désormais sans défense ; sa répudiation et son exil commandés par Poppée (an 62) ; la redoutable pitié du peuple, qui avait parfois son franc parler avec Néron et ordonna le rappel de l'exilée ; ses tumultueuses actions de grâces, qui effrayèrent Néron, servirent Poppée, et que l'empereur fit réprimer à coups d'épée, tout épouvanté d'avoir été si clément. A la vue de cette sympathie populaire, l'une des plus énergiques qui aient éclaté sous les empereurs, on comprit que la fille de Claude méritait qu'on lui trouvât un délateur. Ses esclaves, mis à la torture, ne faisaient que protester de son innocence ; on l'accusait d'adultère et il s'agissait de lui trouver un complice ; Néron retrouva cet Anicet qui avait été l'instrument du meurtre d'Agrippine : par promesses et par menaces, il le décida à s'avouer l'amant d'Octavie ; il mêla dans tout cela, selon le vieux principe de Tibère, quelque soupçon de lèse-majesté. Octavie fut condamnée par un conseil d'amis (tout tribunal était bon). Pour Anicet, il fut envoyé en Sardaigne, dans un commode exil où il vécut riche et mourut dans son lit. Il y a eu des siècles plus barbares ; mais en nul siècle la théorie du crime ne fut plus savante, ni la pratique mieux raisonnée que dans celui-là.

Quand on sut Octavie reléguée dans l'île Pandataria[33] (laissez-moi copier Tacite), jamais exilée n'arracha plus de larmes à ceux qui furent témoin de son exil. On se souvenait d'Agrippine bannie par Tibère, de Julie reléguée par Claude. Elles, du moins, étaient dans la force de l'âge ; elles avaient vu quelques beaux jours... Pour Octavie, le jour même de son mariage avait été un jour funèbre, et la maison où elle entra ne lui présenta jamais que des objets de deuil :son père empoisonné ;son frère, aussitôt après, enlevé par un crime pareil ;elle, maîtresse humiliée devant une esclave ;Poppée épousée dans le seul but de la perdre ;une accusation enfin plus cruelle que la plus cruelle mort ;et cette enfant, dans la vingtième année de son âge, environnée de centurions et de soldats, voyant venir son dernier malheur, sentait sa vie comme finie sans avoir encore le repos de la mort. Au bout de peu de jours, on lui fait dire de mourir. Tandis qu'implorant Néron, non plus comme sa femme, mais comme sa sœur, elle invoque les souvenirs communs de Germanicus et jusqu'au nom d'Agrippine, on ouvre ses veines ; et comme le sang, arrêté par la peur, coulait trop lentement, on la jette dans un bain chaud dont la vapeur l'étouffe. Par une recherche de barbarie, sa tête coupée, portée à Rome, passa sous les yeux de Poppée. On fit, en actions de grâces, des offrandes aux temples. Nous rappelons ce fait pour que ceux qui voudront connaître, soit dans ce livre, soit dans tout autre, les malheurs de cette époque, sachent bien à l'avance qu'à chaque exil et à chaque supplice ordonné par le prince, des actions de grâces ne manquaient pas d'être rendues aux dieux : signe autrefois de prospérité publique, devenu alors un signe de malheur[34].

Octavie et la première Agrippine, l'une plus douce et plus humble, l'autre plus forte et plus fière, sont, je crois, les deux seules femmes dignes d'intérêt que j'aie rencontrées depuis le temps d'Auguste. — En même temps, dans Octavie et dans la mère de Néron, nous avons un triste exemple du sort qui attendait les femmes placées près du trône des Césars, soit qu'elles restassent, comme l'une, dans la limite de leur devoir, soit qu'elles s'emportassent, comme l'autre, à toutes les ambitions et à tous les crimes.

La famille impériale était depuis longtemps réduite à des femmes. Vers le temps de la mort d'Agrippine (an 59), Néron visitant Domitia sa tante qui était malade, celle-ci, selon une coutume familière aux vieillards, lui dit en caressant sa barbe naissante : Quand je l'aurai vue coupée je veux mourir. Néron se tournant vers ses voisins : Je la couperai sur l'heure, dit-il en la raillant, et il ordonna aux médecins de la purger fortement. Elle n'était pas morte encore, qu'il s'empara de ses biens et supprima son testament[35]. Il trouvait de sa justice de traiter de la même façon ces deux belles-sœurs, ennemies l'une de l'autre, Domitia et Agrippine.

Restait encore Antonia, fille de Claude. Longtemps persécutée par Agrippine, fume d'abord à un Pompée, puis à un Sylla dont je parlerai bientôt ; deux fois elle était devenue veuve par le fait de la justice impériale. Tel était le sort des princesses du sang : trop honorées pour qu'on ne leur fit pas épouser de grands noms, les grands noms étaient trop redoutés pour qu'elles tardassent à devenir veuves. Quant à Antonia, comme elle était la dernière du sang des Césars, comme, dans un complot dont nous parlerons bientôt, Pison avait paru compter sur elle pour donner au futur empereur, en l'épousant, une sorte de légitimité, Néron à son tour voulut l'épouser. Elle refusa et fut punie de son refus par la mort. Néron, qui avait aussi fait périr le dernier descendant d'Auguste et le dernier descendant de Tibère[36], put se vanter alors (an 67) d'être le seul au monde en droit de prétendre au nom de César.

 

 

 



[1] L. Domitius Ænobarbus, fils de la seconde Agrippine et de Cn. Domitius, né à Antium, le 15 décembre 37, fiancé à Octavie, fille de Claude (49), adopté par Claude (50) et appelé Nero Claudius Cæsar. — Toge virile, 51, — prince de la jeunesse, 51, — épouse Octavie, 53, — devient empereur et revêtu de la puissance tribunitienne, 13 octobre 54, — consul en 55, 57, 58, 60, — imperator, treize fois au moins, — forcé de se tuer, le 9 juin 68. — Sa cooptation comme frère Arvale : Henzen 7419. Il est le premier empereur élu prêtre au delà du nombre par toutes les corporations (Sacerd. coopt. in omn. conl. svpra num ex S C (V. ses monnaies.)

Ses femmes :

1° Octavie, répudiée, exilée, puis mise à mort en juin 62 ;

2° Poppæa Sabina, épousée en 62, tuée par lui d'un coup de pied en 65 ;

3° Statilia Messalina, épousée en 65 ou 66. Elle lui survit.

[2] Pline, Hist. nat., VII, 8.

[3] Suet., in Ner. Neminem occidit ne noxiorum quidem. (c. 12.)

[4] Tacite, Annal., XIII, 25. Suet., in Ner., 26. Xiphilin, d'après Dion, LXI. Pline, Hist. nat., XIII, 22.

[5] Suétone, 26. Dion, LXI, p. 693.

[6] Tacite, Annal., XIII, 25. Suet., 16, 26.

[7] Il cherchait l'art pour l'art, les sensations puissantes, mais toujours dirigées par un certain amour du beau... Peu à peu ce besoin se tourna en frénésie ; il fallait que tout devint spectacle même le crime. Le luxe insensé, les prodigalités, les orgies : spectacle. — Le canal d'Ostie, Rome convertie en port de mer..., tous ces projets avortés, mais annoncés : spectacle. — Rome incendiée, la fumée et la flamme enveloppant les sept collines pendant sept nuits, la tour de Mécène retentissant des accents de la lyre impériale : spectacle. — Les chrétiens enduits de soufre, allumés comme des torches : spectacle. — Le voyage en Grèce.... : spectacle. — Sporus, ses débauches les plus effrénées : spectacle. — Néron vêtu en jeune mariée et conduit en grande pompe : spectacle. — Enfin, l'empereur contemplant le cadavre d'Agrippine, écartant ses vêtements, louant ou critiquant en artiste sa mère qu'il venait de faire assassiner : spectacle. — M. Beulé, Le sang de Germanicus, chap. II.

[8] Tacite, Annal., XIV, 16.

[9] Tacite, Annal., XIV, 65. Et à ce propos, Juvénal, un peu trop confiant, je crois, en la vertu du suffrage universel :

Libera si dentur populo suffragia, quis tam

Perditus, ut dubitet Senecam præferre Neroni ?

(Sat., VIII, 211.)

[10] Suet., 82.

[11] Tacite, Annal., XIII, 2, 12, 13.

[12] Dion, apud Xiphilin, LXI. Tacite, Annal., XIII,5.

[13] Suet., in Ner., 33.

[14] Forsitan legem Juliam timeo ? (Suet., in Ner., 33.)

[15] Tacite, Annal., XIII, 18, 19.

[16] Non ut Africanum sibi seponeret, sed ne opibus et orbitate Silanæ maritus potiretur. Tacite, Annal., XIII, 19.

[17] Tacite, Annal., XIII, 19 et suiv.

[18] Tacite, Annal., XIII, 45.

[19] Agentem in matrimonio Rufii Crispini. Tacite, Annal., XIII, 45.

[20] Ce fait est raconté un peu diversement par les historiens. — V. Tacite, Annal., XIII, 46 ; Hist., I, 3. Suet., in Ner., 35 ; in Othon. Plut., in Galba.

[21] Nec posse matrimonium amittere. (Tacite, Annal., XIII, 46.)

[22] V. les inscriptions des frères Arvales, récemment découvertes et publiées par M. de Rossi (Bulletin d'Archéol. chrét., 1866, p. 57 et suiv.) :

Le 6 novembre 58, on a sacrifié ob natalenm Agrippinæ Augusta matris... Concordiæ ipsius vaccam.

Le 15 décembre : Concordiæ Honoris Ayrippinæ vaccam, Genio ipsius taurum.

[23] Annal., XIV, 1-11.

[24] Oculis inest quædam religio, quos cum osculamur, animum psum videmur attingere. (Pline, Hist. nat., XI, 54.)

[25] Xiphilin, LXI, p. 695.

[26] Xiphilin, ibid.

[27] Tacite, Annal., XIV, 4-12.

[28] Tacite, Annal., XIV, 10. Xiphilin, ibid.

[29] Xiphilin, p. 696.

[30] Suet., 46. Tertullien, de Anima, 44, 49.

[31] Dion, Fragm., dans le cardinal Mai. Scriptorum veterum fragm.

[32] Il y aurait trois plaidoyers à faire : un pour Agrippine, un pour Sénèque, un pour Néron. — Diderot sur Sénèque. Et les écrivains contemporains que j'ai cités dans mon Introduction (1876).

[33] Vendutene, sur la côte de Campanie.

[34] Tacite, Annal., XIV, 63, 61. Le souvenir de cette pauvre jeune femme nous est conservé par une inscription des frères Arvales (Tab., XV. Orelli, 650).

Dans un columbarium de Rome sont mentionnées la coiffeuse (ornatriæ) et le gardien de la vaisselle d'argent (ab argento) d'Octavie. (Borghèse, Opere epigraphice, t. Ier, p. 303). — Ailleurs, sa nourrice, Murat, 918 ; Orelli, 651.

[35] Suet., in Ner., 43. Xiphilin, LXI. La coupe de la première barbe était à Rome une cérémonie religieuse et une solennité de famille.

[36] Lucius Silanus et Rubellius Plautus. J'en parlerai plus tard.