Quatre années de bon temps. — L'hôtel de Rambouillet. — Les expédients de d'Emery. — Misère publique. — Edit du toisé. — Emeutes ; le curé Merlin neveu. Triomphes des armées. — Charges et compensations. — Agitations du parlement ; arrestations ; soupçons d'empoisonnements. — Portraits de Condé père et fils. — Embastillement du poète Sarrasin. — L'avis salutaire. — Maladie du roi ; orgie de Gaston d'Orléans. — Les premiers frondeurs. — Prophéties de Nostradamus. — Les bagatelles, la canaille. — L'arrêt d'union ou d'oignon, qui fait pleurer.— Du 1er janvier 1644 à juin 1648. — L'année 1643 finissait par le triomphe de Mazarin en politique, par le triomphe du duc d'Enghien sur les armées espagnoles. Autant le premier acquérait de réputation comme ministre, autant le second en obtenait comme général. Les importants abattus, la maison de Condé devait être satisfaite : Beaufort, le duc de Mercœur et le duc de Vendôme ne les offusquaient plus à la cour. Tout se soumit au cardinal devenu premier ministre (fin décembre 1643). Celui-ci appela au conseil Particelli d'Emery pour les finances, Michel Letellier pour la guerre, Pierre Séguier pour les sceaux. Rien ne paraissait plus contrarier les plans de Mazarin, qui ne différait pas tant qu'on le prétendait de l'autre cardinal. La France allait jouir de quatre années de gloire ; les gouvernants allaient exercer, pendant quatre années, un pouvoir non disputé, entravé à peine. La reine régente, qui n'aimait plus le triste château de Saint-Germain, où elle avait vécu constamment malheureuse, avait même quitté le Louvre, et était venue habiter en hiver le Palais-Royal, legs splendide de Richelieu à la couronne ; en été, l'agréable résidence de Ruel. La cour se livrait aux plaisirs : elle devenait le paradis des femmes galantes. Fortunes dissipées à grand train, élévations subites non motivées, brigues parfois habiles, parfois ridicules, et toujours facilement déjouées par Mazarin, qui opposait aux emportements français son flegme italien en disant : Le temps et moi, tel était l'aspect des hautes régions politiques. J'ai vu, dit Saint-Évremond, J'ai vu le temps de la bonne Régence, Temps où régnait une heureuse abondance, Temps où la ville aussi bien que la cour Ne respiraient que les jeux et l'amour. Une politique indulgente De notre nature innocente Favorisait tous les désirs : Tout goût paraissait légitime ; La douce erreur ne s'appelait point crime ; Les vices délicats se nommaient des plaisirs. Anne d'Autriche et sa cour faisaient de fréquents voyages à Fontainebleau ; à Ruel, les divertissements se succédaient. Le jeu florissait dans les salons du Louvre comme dans ceux des gentilshommes. Cette passion descendait jusqu'aux classes moyennes et inférieures. La marquise de Rambouillet acheta le droit d'établir une blanque royale (une loterie), avec privilège de vingt ans pour l'exploitation[1]. Des titres de noblesse avaient été donnés aux membres du parlement (juillet 1644), et la même faveur s'était étendue bientôt aux membres de la cour des comptes et du grand conseil (décembre), ce qui rendait les magistrats mondains et dépensiers, mœurs jusqu'alors inusitées chez les hommes de robe. Le langage et les formes des Français d'alors étaient tout exquis, imprégnés des parfums de la galanterie que l'on pratiquait dans les coteries littéraires, dans les collations joyeuses, et surtout dans le sanctuaire du bel-esprit, — l'hôtel de Rambouillet. Cet hôtel, selon Saint-Simon, était le rendez-vous de tout ce qui était le plus distingué en condition et en mérite ; un tribunal avec qui il fallait compter, et dont la décision avait un grand poids dans le monde, sur la conduite et sur la réputation des personnes de la cour et du grand monde. Il aimait la médisance bien tournée et les chroniques senti-scandaleuses. Les longs romans de Scuderi et les petits vers des poètes précieux entretenaient dans les esprits les idées romanesques, galantes et aventureuses. Pas de belle dame qui n'eût son hardi chevalier ; pas de beaux yeux qui n'eussent fait s'armer quelques seigneurs enflammés, et dont les regards n'eussent coûté la vie à un comte de Coligny, par exemple. Mais, si l'on s'amusait beaucoup en haut, en bas l'on souffrait, non sans se plaindre, lorsque les occasions s'en présentaient, et elles n'étaient pas rares. Le parlement recevait à tout instant des supplications ; les misères publiques le touchaient, et les victimes des mesures prises par d'Emery le regardaient comme un dieu vengeur et libérateur. Beaucoup d'années de guerres avaient tant épuisé les ressources financières, que, pour payer l'armée comme pour soutenir le luxe effréné de la cour, Mazarin augmentait incessamment les impôts ; d'Émery ne reculait devant aucun expédient. Cependant des révoltes avaient eu lieu çà et là en 1643 ; chacun déclamait contre les exactions violentes des traitants, la puissance exagérée des intendants, et la cruauté des fusiliers. Au moment où le gouvernement pensait à réduire les tailles, les insurrections des croquants, qui, trois années auparavant, avaient troublé la Gascogne, s'étaient renouvelées dans la Haute-Guienne. Sept ou huit mille paysans, révoltés contre les tailles, et encouragés par quelques gentilshommes, avaient assiégé dans Villefranche le comte de Noailles, gouverneur du Rouergue, pillé Espalion, qui ne prenait pas parti pour eux, et menacé Rodez, sans pouvoir en enfoncer les portes. L'intendant de Guienne, le lieutenant-général d'Auvergne, et l'évêque de Saint-Flour, frère du comte de Noailles, étaient arrivés au secours de ce seigneur avec quelques troupes et un gros de noblesse. Le siée de Villefranche fut levé ; on prit et pendit les chefs des rebelles ; le reste se dissipa. L'issue des jacqueries montagnardes était toujours la même pour le paysan, remarque Henri Martin. Comme de nos jours, en Russie, aux émeutes, aux luttes sanglantes, succédaient les sanglantes punitions. La misère et la faim, mauvaises conseillères, ont toujours et partout fait naître des soupçons irraisonnables, produit des excès terribles. A la même époque, le peuple de Paris avait poursuivi par les rues les jésuites qu'il accusait d'être cause de la cherté des grains, pour avoir enlevé quantité de blé et fait transporter en pays étrangers. Le gouvernement avait pris la défense de la compagnie contre cette calomnie, contre ces imputations vraisemblables, sinon vraies ; mais on n'avait pas éclairci la question. Mazarin appelait, d'ailleurs, les Théatins en France, ordre créé en 1514, dans le royaume de Naples, et dont le but était d'édifier le clergé, de le rendre à l'esprit de désintéressement et de ferveur, d'instruire la jeunesse, d'assister les malades, de combattre les erreurs de la foi. Protégés par le ministre, ces religieux devaient suivre la fortune de leur protecteur. Paris et les provinces jouissaient donc d'une tranquillité apparente. Cette tranquillité devait infailliblement être troublée, tôt ou tard, par les importants, qui songeaient à une revanche, et qui étaient prêts à s'unir aux premiers mécontents venus ; par les petits-maîtres, amis du duc d'Enghien le victorieux, et par tous ceux enfin qui, par calcul ou par conviction, se faisaient les champions de la cause populaire. Les importants redisaient encore le rondeau suivant imité de celui que l'on avait dit à la mort de Richelieu : Il n'est pas mort, il n'a que changé d'âge, Ce cardinal, dont chacun en enrage.... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Or nous taisons, de peur d'entrer en cage. Il est en cour l'éminent personnage, Et pour durer encor plus de vingt ans. Demandez-leur à tous ces importants, Ils vous diront d'un moult piteux langage : Il n'est pas mort. Ils avaient trouvé dans les mots Jules de Mazarin l'anagramme : Je suis Armand. A vrai dire, bien des gens ne voulaient plus de premier ministre et diffamaient le ministériat, venin doux et lent qui corrompt les parties les plus saines de l'Etat, charme trompeur pour le peuple, piège tendu à la royauté ; ils n'admettaient pas plus Mazarin que Richelieu ; ils prétendaient que le roi devait gouverner seul ; ils déclaraient ne connaître de ministre qu'à Charenton ou aux Mathurins ; ils s'indignaient de ce que Mazarin osât opprimer la puissance royale. Nombre de seigneurs, de magistrats, de bourgeois, désiraient ardemment voir cesser le régime des régences de favori et de ministres. Obéir au roi seul, voilà ra devise parlementaire, car le roi est à l'Etat ce que le cœur est au corps, le soleil à la nature, le père à la famille, le pilote au vaisseau, car la France, qui ressemble au ciel, ne peut souffrir qu'un soleil. Le parlement avait été consulté pour la régence : il ne termina pas là son rôle, et, en corps, ou par chacun de ses membres en particulier, il se constitua juge des différends qui s'élevèrent entre les gouvernants et les gouvernés, il se plaça entre le ministériat et la personne royale. Par un édit, appelé édit du toisé, le conseil imposa (15 mars 1644) une taxe proportionnelle sur chaque propriétaire de nouvelles maisons bâties contrairement à un vieil édit de 1548, dans les faubourgs de Paris. Cette mesure était le fruit des recherches de d'Emery, qui se plaisait à remettre en vigueur, pour pressurer le peuple, des lois et ordonnances tombées en désuétude. L'exécution du toisé présentait des difficultés extrêmes. D'abord ce furent les officiers du Châtelet qui y procédèrent dans le faubourg Saint-Antoine. Puis, après remontrances de la grand'chambre du parlement à la reine, le toisé fut fait, trois mois plus tard, par des conseillers d'Etat et des maitres des requêtes : ce qui vida la question de juridiction. Mais le peuple n'envisageait en pareil cas qu'une chose, chose vexatoire, le surcroît d'impôt. Aussi le parlement envoya-t-il les gens du roi à Ruel (juillet) : il fallait s'entendre, prévenir les complications. Pendant ce temps, une émeute faillit d'ensanglanter Paris. Les mutins parcoururent les rues, ralliés autour d'un drapeau formé d'un bâton auquel ils avaient attaché un mouchoir. On se répandit en propos injurieux contre d'Emery, dont on menaça de brûler la maison, Chacun savait bien qu'une bonne partie des impôts était détournée des coffres du roi. Par bonheur, le premier président Molé apaisa les séditieux ; la cour revint avec regret de Ruel, et le prince de Condé, soutien naturel de l'autorité, fit exécuter sous ses yeux le toisé d'une maison du faubourg Saint-Germain. Cette émeute n'avait ni chef ni dessein, selon Orner Talon ; elle préoccupa néanmoins le gouvernement, qui réduisit la taxe pour le toisé à Paris, et, par contre, augmenta les tailles de cinq à six millions dans les campagnes. Sous le titre de subsistances des gens de guerre, on établit une grosse taxe sur les moulins. Peu après, nouvelle sédition à Paris, dans le quartier des halles. Merlin, curé de Saint-Eustache, meurt, et l'archevêque, selon son droit incontestable, donne la cure vacante à Poncet, recommandé vivement par la reine. Mais le défunt, fort aimé du peuple de sa paroisse, a résigné en mourant son bénéfice à son neveu, qui porte le même nom que lui. Il en résulte un conflit. Poncet veut se mettre en possession de la cure ; mais Merlin neveu s'y oppose, et près de lui se range un bataillon sacré de paroissiens. Quelques archers de la ville et quelques gardes sont envoyés pour soutenir Poncet, pour dissiper le populaire. Vainqueurs, les paroissiens s'emparent de l'église, montent au clocher, sonnent le tocsin, et projettent d'aller incendier l'hôtel du chancelier Séguier, qui, comme eux paroissien de Saint-Eustache, n'a pas pris le parti de leur protégé. Les harengères des halles, plus animées encore que les hommes, envoient à ce sujet une députation vers Anne d'Autriche, qui croit devoir les recevoir dans les appartements du Palais-Royal. Les députées déclarent que les Merlin ont été leur curé de père en fils, qu'elles n'en peuvent souffrir d'autres. Enfin les bourgeois parlent de résistance complète à l'autorité, et déjà ils se barricadent dans les halles. On les apaise, mais en leur accordant Merlin neveu pour curé. Cette seconde émeute, les écrivains du temps la traitent volontiers de farce plaisante, car ils ne prévoient pas les malheurs que peuvent amener par la suite ces habitudes du peuple et des bourgeois prompts à prendre les armes. L'année 1644 s'écoule d'ailleurs assez glorieusement pour qu'on l'appelle à bon droit l'année des Te Deum, des victoires ou des conquêtes. Le duc d'Enghien à Fribourg (avril), et le duc d'Orléans devant Gravelines (juillet), ajoutent aux trophées de la France deux palmes nouvelles ; et si Lérida s'est rendue aux Espagnols, après une défaite du maréchal de la Motte, l'excellente tournure des négociations pour la paix à Munster fait prendre patience à ceux que d'Emery pressure. L'année 1644 voit du Plessis-Praslin investir Rosas (5 mai), d'Harcourt vaincre les Espagnols à Llorenz (31 mai), et le duc d'Enghien triompher si merveilleusement à Nordlingen (3 août), qu'une estampe allégorique peut, sans trop de flatterie, représenter l'Allemagne aux pieds du roy, pendant qu'une autre, rappelant l'entrée de d'Enghien à Philisbourg, a ces vers pour texte : Il vient, il voit, il vainct : tout cède à sa valeur ; La fortune le suit, la gloire l'accompagne ; Il brave les périls, il dompte les malheurs, Et le bruit de son nom fait trembler l'Allemagne. Tout 1644 et tout 1645 ne sont pas moins remarquables par les levées d'impôts. Il faut payer, payer toujours, pour acquérir de la gloire. Mille moyens déguisés amènent l'argent au fisc, et surtout dans les mains des partisans, prennent à ferme le produit des édits bursaux, des créations d'office, etc. Tantôt on demande des avances énormes aux fermiers et receveurs généraux, à intérêts usuraires ; tantôt on retranche les quartiers de rentes sur l'Hôtel-de-Ville, et l'on supprime un grand nombre de pensions. La maison du roi est privée de son traitement. Un million cinq cent mille livres de rentes nouvelles sont créées. Et, pour comble, l'Etat vend une multitude de charges inutiles, dont les noms bizarres excitent partout la risée, — offices de conseillers du roi, contrôleurs de bois de chauffage, de jurés crieurs de vin, de jurés vendeurs de foin, etc., etc. Les agents de banque, de change et de marchandises, commencent d'exister à Paris (février 1645). Comme compensation, le gouvernement a ordonné par un édit de construire un canal en Languedoc et de dessécher un marais (mars 1644) ; il a réglé les droits des curés pour les sépultures ; il a fait une loi somptuaire et défendu aux particuliers de porter sur leurs habits aucuns passements d'or et d'argent (mai) ; il a établi, à la Savonnerie, une manufacture de tapis de Turquie (octobre) ; il a créé deux maîtres de chaque métier dans toutes les villes du royaume, en faveur du retour de la reine d'Angleterre, femme de Charles en France (novembre) ; il a fondé un hôpital de charité à Charenton (février 1645), seize hôtels des monnaies dans le royaume (mars), une justice souveraine dans les iles de l'Amérique (août), etc., etc. Enfin, par le fait du cardinal Mazarin, l'opéra est importé en France. Dans la grande salle du Petit-Bourbon, des acteurs italiens représentent pour la première fois la Noce supposée, de Giulio Strozzi, — avec décorations, machines et changements de scène jusqu'à présent inconnus en deçà des Alpes, de Giacomo Torelli, — avec des ballets fort industrieux et récréatifs, de Giovanni Batista Balbi. Le désir du peuple, qui ne participe point aux nouveaux plaisirs, et qui ne profite pas encore des quelques améliorations administratives énumérées plus haut, c'est tout simplement la fin des hostilités avec l'Espagne. On avait plaisanté Mazarin ; on commence de le haïr. Le peuple se figure, à tort ou à raison, que le ministre redoute la paix et préfère de beaucoup l'état de guerre dont il ne souffre pas, lui, l'état de guerre, si commode pour demander aux sujets de l'argent et des hommes ! Le nom de Fronde n'existe pas encore, mais la discorde règne déjà, et nous avons indiqué des préludes de troubles politiques. Dès le mois de mars 1645, par suite de démêlés habituels entre les conseillers des enquêtes et des requêtes, et la grand'chambre où Mazarin conservait toujours la majorité, le cardinal résolut de sévir contre les plus fougueux de la compagnie qui prenait en mains la défense des intérêts du public. Il y avait eu désordre. Toutes les femmes des pauvres gens des faubourgs étaient entrées dans la grand'chambre — pendant la séance publique du 27 mars —, et trois ou quatre, se mettant à genoux à l'entrée du parquet, avaient imploré justice et miséricorde, se plaignant de leur pauvreté, des charges qui leur étaient imposées, des soldats qu'on leur donnait à loger. On avait vu, sur le refus du premier président d'assembler toutes les chambres, les jeunes conseillers des enquêtes faire pour ainsi dire violence à la grand'chambre et l'envahir. Obéissant d'ailleurs à la discipline séculaire de la compagnie, ils n'avaient proféré aucune parole jusqu'à l'heure où l'audience se terminait. Le public seul avait parlé. Mazarin usa de mesures violentes, lui qui déclarait si souvent ne vouloir gouverner que par les conseils du parlement et regarder les magistrats comme les tuteurs du roi mineur, lui que ceux-ci avaient toujours trouvé gracieux, de facile accès, d'une aménité toute maligne, tout italienne. Dans la nuit du 27 au 28 mars, trois membres des enquêtes reçurent un ordre d'exil : c'étaient le président Gayant, les conseillers Lecomte et Queslin, chefs de l'opposition. Le président Barillon, autrefois partisan d'Anne d'Autriche en disgrâce, et depuis important, fut plus mal traité encore. Des archers l'arrêtèrent chez lui et le dirigèrent vers la citadelle de Pignerol. Gayant avait, deux années auparavant, manifesté ses opinions avec trop de hardiesse, en citant ces vers de Pibrac : Je hais ces mots de puissance absolue, De plein pouvoir, de propre mouvement. Barillon, lui aussi, à la même époque, avait parlé trop franchement des ministres de l'ancienne tyrannie, sans prévoir ce qui pouvait arriver, sans craindre les brusqueries de la fortune. C'était un ancien partisan d'Anne d'Autriche en disgrâce ; et il exigeait beaucoup de celle qui ne voulait rien accorder aux amis passés, devenus inutiles, sinon embarrassants. Aussitôt, l'esprit de corps, tenace et rancunier, se réveille dans le parlement. Toutes les chambres s'assemblent. On se rend en costume, à pied, huissiers en avant, au Palais-Royal : on demande le retour des exilés. Grâce à cette manifestation, Gayant, Lecomte et Queslin reviennent (21 avril 1645) ; mais Barillon reste à Pignerol pour des considérations d'Etat, pour des causes étrangères à l'affaire des enquêtes, dit-on, jusqu'à ce que le parlement soit jt.ge dans son procès. Le parlement fait de nouvelles remontrances pour obtenir la liberté du magistrat prisonnier : elles demeurent sans effet (30 mai). Peut-être Mazarin eût-il cédé ; mais Anne d'Autriche tient ferme. Une grave mésintelligence s'établit entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire. Trois mois durant, le parlement s'abstient de rendre la justice. La mort seule de Barillon met fin à la lutte ; Gayant meurt aussi. Alors le bruit se répand que les deux courageux magistrats ont péri empoisonnés, et la foule ajoute foi à ces bruits sans vraisemblance. Néanmoins, le parlement reprend ses travaux ordinaires ; tout semble rentré dans le devoir ; la cour croit avoir vaincu ses ennemis. Ses ennemis, elle les réchauffe dans son sein. Les amants de la gloire prétendent gouverner ; le duc d'Enghien et ses petits-maitres, dont nous avons plus haut tracé le portrait, entrainent le pouvoir sur une pente qui mène à l'absolutisme, terrain glissant et qui entraîne ; la monarchie ainsi conseillée devra lutter avec vigueur. Le temps des petites mutineries d'une part, et d'autre part des petites résistances, se passe complètement. Voici venir le moment où ceux avec lesquels le duc d'Enghien marchera se livreront à la violence, voici l'époque de transition où, comme nous l'avons dit, les derniers importants et les petits-maîtres à leur naissance vont se fondre, qui dans le parti des frondeurs, qui dans celui des mazarins. L'année 1646 s'était écoulée sans grands événements, autres que ceux de la guerre. On avait seulement blâmé le premier ministre d'avoir guerroyé en Italie, parce que le pape Urbain VIII osait refuser le chapeau de cardinal à son frère, .Michel Mazarin, religieux dominicain, puis archevêque d'Aix. Un traité avait été passé, après quelques hostilités, entre le chef du pouvoir en France et le chef de la chrétienté. Michel Mazarin, promu à la dignité tant enviée par lui, avait pris le titre de cardinal de Sainte-Cécile (1646), qu'il porta sans l'illustrer. Il était bien en cour et célébrait parfois la messe, pour la régente, au Val-de-Grâce. L'ambition de la maison de Condé avait éprouvé un échec, lorsque, par la mort du duc de Brézé, la charge de surintendant de la navigation étant devenue vacante, Anne d'Autriche s'était fait adjuger cette charge avec dispense de serment, au préjudice du duc d'Enghien, en faveur de lui le prince de Condé la demandait. Sujet de mécontentement pour le jeune héros, dont le père mourut bientôt (26 décembre 1646), lui laissant le titre de prince et un million de rente, avec de grands gouvernements. Henri II de Condé avait vécu en avare : il ne possédait encore que dix mille livres de revenu sous le roi Henri IV. Assez débauché, pourvu qu'il lui en comtat peu d'argent, on l'accusait d'avoir triche au jeu dans sa jeunesse, avec les écoliers de Bourges, qui vidaient leur escarcelle en sa compagnie. Bien des gens, Bautru en tète, lui reprochaient un vice honteux ; dans une chanson, on faisait aller tous les beaux garçons de la cour au devant de lui. Il avait, selon Tallemant des Réaux, l'âme d'un intendant de grande maison : jamais homme n'a tenu ses papiers en meilleur ordre. Henri II de Condé ne brillait pas par la vaillance ; il est vrai, disait-il, je suis poltron, mais ce b..... de Vendôme l'est encore plus que moi. Homme d'affaire avant tout, il avait haussé bien des fermes, prêté à de gros intérêts, et gagné de belles terres à la confiscation du rebelle Montmorency, décapité. En politique, il ne manquait pas de solidité, comprenait et faisait respecter grandement les prérogatives du sang royal, et possédait une volonté telle que, selon plusieurs contemporains, on perdit beaucoup à sa mort. Il naissait un million de rente. Tel père, tel fils, dit le proverbe ; mais on ne l'eût pas appliqué en cette occasion. Le duc d'Enghien ne ressemblait guère à son père. A lui de relever la gloire de la maison, depuis longtemps abaissée, d'être magnifique au lieu d'accumuler les richesses, d'obtenir et de mériter les grands commandements militaires, d'acquérir prématurément le renom d'illustre guerrier, de ressembler à l'aigle, au moral comme au physique. Dans son regard presque dur, il y avait un éclat fulgurant ; dans son nez grand et courbe, quelque close d'orgueilleusement terrible ; dans son allure et dans ses gestes, une certaine forme impérative qui trahissait son besoin de domination. Devenu prince de Condé, Monsieur le Prince, comme on disait alors, le vainqueur de l'Allemagne, un moment rassasié, n'en traitait pas moins Mazarin avec une sorte de dédain affecté. Il s'indignait qu'un aventurier marchât avant lui dans les conseils de l'Etat ; il le jalousait, et il aspirait à devenir le protecteur ostensible d'Anne d'Autriche et de Louis XIV. Il ne parlait aux courtisans qu'avec un air de commandement, ainsi qu'un chef à ses soldats. Evidemment, Monsieur le Prince était destiné à un avenir brillant, à imposer ses caprices, à commettre des fautes. Viennent les occasions, et il se montrera ! Bien que Mazarin aimât peu les hommes de lettres, si recherchés par Richelieu, il les gratifiait, et ne les punissait guère quand ils n'attaquaient que lui. En 1647, le poète Jean-François Sarrasin fut, par exception, embastillé. Qu'avait donc osé ce rimeur normand, qui fut secrétaire des commandements du prince de Conti ? On le soupçonnait d'avoir, un jour de verve, écrit de méchants vers contre le roi, à l'occasion des machines des comédiens italiens. Ami du plaisir, Sarrasin se désola en prison, et le séjour qu'il y fit contribua sans doute à tourner son esprit du côté de la satire. Quoi qu'il en soit, à ce propos le public murmura, en ne s'occupant guère de la délivrance de Montrésor, ni du rappel de la duchesse de Montbazon, ni de l'admission de Châteauneuf auprès de la reine, ni de la rentrée du duc de Bouillon en France après trois années d'absence. Non ; ce qui émouvait la fibre du peuple parisien, c'étaient les bons mots répétés de tel ou tel poète contre les hommes de la cour, les épigrammes contre le premier président Matthieu Molé, qu'il surnommait la Grande-Barbe, et les chansons menaçantes, imprimées ou non imprimées, contre les collecteurs d'impôts. Il parut un Avis salutaire donné à Mazarin, pour sagement vivre à l'avenir. Cet écrit, l'un des premiers lancés à la tête du cardinal, obtint un succès qui faisait présager les Mazarinades. Condé et ses amis trouvèrent la plaisanterie bonne, et l'on parla en riant du plaisant avis. Déjà le bon temps s'en allait, le bon temps célébré par Saint-Évremond. La misère croissait toujours. Au commencement de 1647, le maréchal de Plessis-Praslin partit pour châtier les révoltés du Languedoc, qui avaient refusé trois années de suite le don gratuit réclamé par la cour ; le peuple de Montpellier avait massacré quelques percepteurs des droits du roi. Depuis la mise des tailles en parti, les partisans avaient tant accablé les campagnards, que la cour des aides avait dit renouveler les anciennes défenses de saisir les bestiaux et les outils des laboureurs pour non-paiement des tailles. Chose remarquable ! le parlement, qui se vantait de protéger les masses, donnait, en décembre 1647, une preuve entre cent autres, du peu que pouvait gagner la cause du progrès, de la civilisation, du bien-être général, à la victoire politique de l'aristocratie de robe : il remit en vigueur toutes les peines atroces du moyen âge contre les gens qui blasphémaient non pas seulement Dieu, mais la Vierge et les saints. Or, Richelieu, le tyran, avait de fait supprimé ces peines. Le peuple se trouvait oublié, entre les prétentions rivales du parlement et de la cour ; mais, si les magistrats agissaient tièdement en faveur du bien de tous, les Parisiens se disposaient à saisir les occasions de s'agiter que leur présenteraient les querelles du parlement avec Mazarin. D'un autre côté, certains courtisans aspiraient de plus en plus à renverser l'Italien. Un incident survint, qui leur semblait favorable, mais ils n'éprouvèrent qu'une fausse joie. Louis XIV revenait du spectacle, le 14 novembre 1647, lorsqu'il fut attaqué de la petite vérole. Il tomba en danger extrême. Anne d'Autriche, éplorée, se montra mère dévouée. Elle passa jours et nuits à soigner l'auguste enfant, pendant que de honteuses intrigues se nouaient à la cour et au parlement. Chez l'abbé de La Rivière, favori du duc d'Orléans, et, comme on sait, généralement méprisé, chez cet indigne prêtre à qui Mazarin promettait toujours un chapeau de cardinal sans jamais le lui obtenir, il y eut grand souper offert au duc d'Orléans, au moment même où la santé du petit roi ne laissait plus aucune espérance. Dans ce souper, on descendit jusqu'à la débauche : le duc d'Elbeuf but à la santé du nouveau régent, de Gaston d'Orléans, de qui l'ambition sans énergie se mettait encore une fois à jour. Aime d'Autriche et Mazarin cherchèrent alors des soutiens dans le parlement, dont aussitôt les prétentions augmentèrent, et où Chavigny et Châteauneuf, mécontents par habitude, cabalèrent avec succès. Un noyau de frondeurs se forma, et parmi eux, le président de Longueil espéra se venger de ce que la surintendance des finances n'avait pas été accordée au président des Maisons, son frère. Irrité aussi, le président Potier de Blancménil ne pardonnait pas à Mazarin la disgrâce de son frère Augustin Potier, l'évêque de Beauvais. Le conseiller Pierre de Broussel, enfin, se plaignait de ce que la reine avait refusé à son fils, qui se destinait à la carrière des armes, une compagnie dans le régiment des gardes. Louis XIV guérit : courtisans et magistrats en étaient pour leurs peines, pour leurs espérances. Les premiers se remirent à saluer, à aduler leur jeune maitre, Anne d'Autriche et Mazarin ; mais les seconds, trop engagés envers le peuple, continuèrent de se laisser aller au mouvement général de haine contre le ministre, ce nouveau Samson dont la régente était la Dalila, au dire de quelques malins esprits ; et, les uns par véritable intérêt pour les masses, les autres par violent dépit, firent au pouvoir la plus rude guerre, avec l'aide de la population parisienne, maintenant tout affolée de politique. En effet, dit madame de Motteville, chaque marchand dans sa boutique raisonnait des affaires d'État. Ils étaient infectés de l'amour du bien public qu'ils estimaient plus que leur avantage particulier. Tous s'entretenaient de la récente révolte de Naples, du pêcheur Masaniello ; beaucoup pensaient qu'on l'imiterait avec succès en France. La révolution d'Angleterre, aussi, tournait un peu les tètes, et la venue de la femme de Charles l prouvait bien qu'aucune majesté ne demeurait inviolable devant des sujets armés. Que dire encore ? Des prédictions de Nostradamus, fort accréditées chez le peuple, annonçaient, pour l'année 1648, de graves révolutions dans l'État. L'une d'elles portait : Les règlements jà faits perdront toute puissance, Et les désespérés crieront hautement : Dieu veuille accompagner la cour du Parlement, Qui travaille en ce temps à refleurir la France ! Depuis longtemps le parlement frondait l'administration de Mazarin, qui, pour subvenir aux frais de la guerre, levait, à l'exemple de son prédécesseur, de monstrueuses sommes de deniers. Impôts nouveaux, création de charges inutiles, emprunts à quinze pour cent, anticipations sur les revenus de l'Etat, retenues sur les traitements des fonctionnaires publics, etc., tout annonçait un désarroi complet, que le faste majestueux de Richelieu avait su dissimuler, mais que la rapacité et l'avarice de Mazarin laissaient voir aux populations dans toute sa hideuse nudité. L'opposition parlementaire, qu'on nous pardonne cette expression ressemblant à un anachronisme, marcha très vite. Outre les faits signalés plus haut, il faut rappeler succinctement ceux qui motivèrent des troubles sérieux. Le parlement osa proposer la réunion des cours souveraines, afin de travailler à réformer l'Etat que le mauvais ménage de l'administration mettait en péril ; et il refusa d'enregistrer (1646) l'édit du tarif, qui établissait un droit d'octroi sur toutes les denrées entrant dans Paris. Mazarin, impatienté, dit qu'il s'étonnait qu'un corps aussi respectable que le parlement s'amusai, à ces bagatelles. Mot imprudent, mot malheureux, que s'empressèrent de commenter ses plus adroits ennemis. Le cardinal, prétendirent-ils, considérait les intérêts du peuple comme des bagatelles. Un lit de justice fut tenu par l'enfant-roi (7 septembre 1647). En cette assemblée solennelle, le chancelier Séguier déclara inhabilement à ceux qui refusaient d'enregistrer l'édit du tarif : Il y a deux sortes de conscience : l'une d'Etat, qu'il faut accommoder à la nécessité des affaires ; l'autre, aux actions particulières. Ce propos tenu par le chancelier, qui avait été partisan des boues de Paris, jeta beaucoup de défaveur sur le ministère. Séguier parla encore des nécessités de la guerre ; mais l'avocat général Omer Talon répondit, entre autres choses, que les victoires ne diminuent rien de la misère des peuples ; qu'il y a des provinces entières où l'on ne se nourrit que d'un peu de pain d'avoine et de son. Ces palmes et ces lauriers, pour lesquels accroître on travaille tant les peuples, ne sont point comptés parmi les bonnes plantes, parce qu'elles ne portent aucun fruit qui soit bon pour la vie... Sire, toutes les provinces sont appauvries et épuisées. Pour fournir au luxe de Paris, on a mis imposition et fait des levées su toutes les choses dont on s'est pu imaginer. Il ne reste plus à vos sujets que leurs âmes, lesquelles, si elles eussent été vénales, il y a longtemps qu'on les aurait mises à l'encan. Il ajouta, critiquant les lits de justice, qui ôtent toute liberté au parlement : Ils semblent établir un gouvernement bon parmi les Scythes et les Barbares septentrionaux qui n'ont que le visage d'hommes. Langage hardi, insolite, mais bien admissible, car Orner Talon, dans ce lit de justice, avait entendu Louis XIV, âgé de sept ans, agir de propre mouvement et de puissance absolue, et bégayer, d'une voix tout enfantine, que son chancelier allait expliquer sa volonté. C'était là une fiction ridicule, que des hommes instruits et sérieux acceptaient seulement pour la forme, et comme une chose d'usage. Les magistrats n'oubliaient pas que Mazarin parlait par la bouche du petit roi. Cependant, l'enregistrement eut lieu. Mais, le surlendemain, les magistrats le déclarèrent nul. Irritée, Anne d'Autriche s'indigna que cette canaille s'ingérât de réformer l'Etat. Le duc d'Orléans et le prince de Condé déclarèrent qu'ils soutiendraient la royauté menacée. La lutte commença. Chacun, noble, ou magistrat, ou bourgeois, choisit son camp C'en était fait. Au plus fort de triompher ! La reine régente défendit au parlement de prendre connaissance des édits royaux jusqu'à ce qu'il dit déclaré en forme s'il prétendait avoir le droit de borner les volontés du roi. A cette défense, qui voulait résoudre tout d'abord
affirmativement les questions de royauté absolue, l'indignation s'empara des
magistrats et du public. Tout le monde s'éveilla,
écrit Retz ; l'on chercha comme à tâtons les lois ; l'on
s'effara, et, dans cette agitation, ces questions, d'obscures qu'elles
étaient, et vénérables par leur obscurité, devinrent problématiques, et de
là, à l'égard de la moitié du monde, odieuses. Après nouvelles
délibérations, l'octroi fut modifié et adopté ; niais le parlement ne se
réduisit pas au silence. Il décida qu'on ajouterait ces mots : Sous le bon plaisir du roi, à ses arrêts, et, sans rien déclarer en forme, il persista à
contrôler les actes du gouvernement, qui, de son coté, créa bientôt de
nouvelles charges judiciaires, et exigea des magistrats, lors du
renouvellement dit bail de la paulette,
quatre années de gages en manière de prêt. La paulette
était un droit annuel établi par le chancelier Paulet, sous le ministère du
duc de Sully. Chaque magistrat payait annuellement une certaine somme à
l'épargne, moyennant quoi l'office, en cas de mort du titulaire, appartenait
à la veuve ou à ses héritiers. Nous sommes en 1648. Le premier arrêt du parlement de Paris (13 mai) contient les germes d'une insurrection : les cours se sont rassemblées pour le rendre. Par l'arrêt d'union, elles conviennent de s'occuper des affaires et de la réforme de l'État, dans une assemblée composée de députés des trois cours souveraines. Il ne s'agit donc plus de simples remontrances : c'est une coalition des parlementaires avec la magistrature financière, une menace faite à la couronne. Qu'on juge de l'irritation d'Anne d'Autriche et de Mazarin en apprenant ce que celui-ci, avec son accent italien, appelle l'arrêt d'oignon. Un arrêt du roi casse l'arrêt d'union (10 juin), sans empêcher l'assemblée projetée ; le secrétaire d'État Guénégaud et Claude d'Acigné, seigneur de Carnavalet, lieutenant des gardes du corps du roi, sont expédiés (15 juin) au palais pour déchirer l'arrêt. Dès l'entrée de ces messieurs au greffe, les clercs de la basoche et les marchands du palais, ceux-ci ayant fermé boutique, s'ameutent par centaines contre de Guénégaud et Carnavalet, profèrent des cris de mort et les forcent de battre en retraite. Le même jour, on passe en revue les huit compagnies des gardes suisses dans la plaine de Madrid, à l'extrémité du bois de Boulogne. En vain la Cour multiplie successivement les caresses et les menaces : l'emprunt forcé, qui s'attaque à leur bourse, donne aux magistrats une héroïque fermeté. Ils se réunissent dans la chambre de Saint-Louis, au palais, pour confirmer leur premier arrêt (16 juin), et le peuple s'agite en leur faveur. Le roi a révoqué le droit annuel de la paulette (31 mai), et l'on publie ce sonnet contre Mazarin : Qu'est-ce que cet arrêt d'oignon Qui nous cause tant de grabouge ? Dit tout trie à son compagnon Ce pantalon à bonnet rouge ; Lors une femme qui l'entend Et pense que par mocquerie L'union des cours il prétend Ainsi tourner en raillerie : Cet oignon te fera pleurer, Et ne pourras le digérer, Dit-elle alors tout en colère. Une autre dist : Tu te déçois ; Cet Italien, me commère, Ne fait qu'escorcher le français ! |