XIII. — 1570-1571.La paix du 11 août 1570 fut si favorable à la réforme,
qu'où a dit, dans les pamphlets et chroniques des parlementaires et des
huguenots, que jamais celle paix n'avait été sincère, et que Catherine de
Médicis ne l'avait signée qu'avec la volonté secrète d'en violer les
conditions et de tendre un piège au parti calviniste. Si telle avait été la
situation des choses et la pensée définitive du traité, évidemment le pape
Pie V, si zélé pour l'extirpation de l'hérésie, et le roi d'Espagne, les
chefs du mouvement catholique, confidents nécessaires de la reine mère, en
eussent été instruits : comment alors pourrait-on expliquer les lettres de
reproches très-violentes que le pape[1] et le roi
Philippe II adressent à Catherine de Médicis sur cette faiblesse qui lui a
fait accepter les conditions exécrables du traité[2] ? Comment
expliquer qu'aussitôt après sa signature, les ardents catholiques sous les
Guise, se séparant de Catherine de Médicis, signent L'esprit de ce traité au contraire était tout à fait conforme à la politique si constamment modérée de la reine mère et au désir qu'elle avait d'apaiser les âmes. Y avait-il un acte, un fait de sa vie qui ne fût conforme à la pensée de pacifier les troubles suscités par deux religions rivales ? Ces tendances de Catherine de Médicis ne changèrent pas un seul moment. Avec la fixité du but elle varia quelquefois dans les moyens, mais elle n'abdiqua jamais son caractère ni sa mission. Par le traité du 11 août 1670, elle crut avoir atteint définitivement la paix qu'elle se proposait : la reine mère espéra, chose impossible, faire vivre sous les mêmes lambris du Louvre, aux doux murmures des fêtes et des plaisirs, les catholiques et les huguenots. Elle comptait assouplir des corps de bronze sous des feuilles de rose[3]. Jamais, en effet, plus brillante et noble cour que celle de Charles IX. Le roi alors, à dix-neuf ans accomplis, était le type de la gentilhommerie élégante au milieu de cette vie de bals, de mascarades, noël de nuit, astrologie, pièces de théâtre jouées par les comédiens nouveaux venus d'Italie. La reine mère songeait à marier le jeune roi, le plus beau, le plus aimable cavalier de sa cour : à l'époque de l'effervescence et de la victoire des catholiques, elle avait songé à une infante d'Espagne. Il faut, écrivait-elle à Philippe II, que mon fils se marie bientôt ; il en a grandement envie et je serai bien aise, avant de mourir, de lui voir des enfans. Je lui ai parlé de l'infante Isabelle que V. M. a promise : il en a paru fort content ; mais il faut que dans trois mois l'affaire soit terminée[4]. L'Espagne était alors un grand appui pour la reine. Dès que le parti huguenot prit une certaine position dans le conseil, en vertu de l'édit de tolérance, l'idée du mariage espagnol fut abandonnée, et Catherine de Médicis sollicita et obtint une des filles de l'empereur d'Allemagne, ce pays où vivaient en paix, sous des lois impartiales, les catholiques et les protestants[5]. Toujours dans cette pensée de fusion, Catherine de Médicis négociait le mariage du duc d'Anjou, son fils, avec Elisabeth d'Angleterre, vieille folle amoureuse, la protectrice de la réforme, malgré la différence d'âge et d'opinion. Au point de vue politique, depuis l'arrivée de l'amiral Coligny au Louvre, il était fort question d'une campagne en Flandre dirigée contre les Espagnols : l'amiral Coligny avait présenté au roi un mémoire parfaitement rédigé pour lui démontrer l'importance d'une campagne en Flandre, afin de soutenir les insurgés. Les calvinistes, maîtres de la direction des affaires étrangères, voulurent aussi dominer le gouvernement intérieur, et c'est dans ce dessein qu'ils exigèrent que la cour quittât Paris pour résider à Blois, selon leur vieux projet. Catherine de Médicis consentit à tout, bien que les plaintes incessantes des huguenots et leurs démarches devinssent impératives et insupportables[6]. Pour donner un gage nouveau et positif à la fusion, la reine mère proposa le mariage de Marguerite, sa fille[7], avec le jeune Henri de Béarn, caractère de Gascogne, brave et hâbleur, le propre fils de l'austère calviniste Jeanne d'Albret, déclarant que ce seroit le plus étroit et ferme lien pour maintenir la paix entre ses sujets. La reine mère disait que c'étoit trop guerroyer, qu'il falloit adviser par toute voie de vivre en bonne amitié les uns les autres. Quand l'amiral vint au Louvre, on lui fit merveilleux accueil, et, selon l'avis de Catherine de Médicis, on dut aller au plus pressé, le mariage de Marguerite de Valois et du prince de Béarn. La reine mère, pour le singulier amour qu'elle portait à sa fille, lui donnait 200 mille livres tournois[8] ; et le Béarnais, pauvre gentillâtre, dut quitter ses vilains hauts-de-chausses pour les habits de drap d'or émaillé de pierreries. En outre, le duc d'Anjou n'ayant pas accepté son mariage avec Elisabeth d'Angleterre (il était trop fervent catholique), Catherine de Médicis, qui ne renonçait pas à ses projets, songea au duc d'Alençon, son dernier fils, pour le remplacer dans les noces : d'Alençon n'avait que dix-huit ans, tandis qu'Elisabeth en avait trente-cinq. Ne savez-vous me dire si la reine Elisabeth, ma bonne cousine, agréeroit pour époux le duc d'Alençon ? Telles furent les ouvertures très-nettes faites par Catherine de Médicis à l'ambassadeur d'Angleterre Smith[9]. Si ce mariage se faisoit, je passerois la mer pour la voir, continua la reine mère, car c'est la chose que je désire le plus. Votre maîtresse ne voit-elle pas qu'elle ne sera jamais en repos qu'elle ne soit mariée.... Je ne doute point qu'elle puisse avoir cinq ou six enfans.... Il faut au moins deux garçons, afin que, s'il en meurt un, il puisse eu demeurer un autre. Il faut quatre ou cinq filles pour faire alliance avec d'autres princes. L'ambassadeur répondit : Vous croyez donc, madame, que Mgr le duc d'Alençon iroit bien vite en besogne. Catherine se prit à rire. Il le désire infiniment ; il n'est pas moins vigoureux et gaillard que son frère d'Anjou[10]. Tel était l'esprit rieur et gracieux de la reine mère, alors parvenue à sa cinquante-deuxième année, toute heureuse d'avoir accompli ses desseins d'apaisement parmi les huguenots. Le parti calviniste, maître de l'esprit du roi et du conseil, développait librement son système : à l'extérieur, en soutenant les insurgés des Pays-Bas ; à l'Intérieur, les concessions succédaient aux concessions[11] ; et la grande faute que firent les chefs du calvinisme, ce fut de quitter Blois, où ils étaient maîtres du peuple, pour se rendre à Paris, où la multitude était ardemment catholique ; mais on courrait célébrer le mariage tant désiré de Henri de Béarn et de Marguerite de Valois, la gracieuse sœur du roi Charles IX. Catherine de Médicis prépara les plus grandes pompes, les solennités les plus magnifiques. On a encore écrit, dans les pamphlets et chroniques, que ce mariage fut un piège tendu à la crédulité des
huguenots. Mais pourquoi le pape Pie V aurait-il refusé les dispenses,
si ce mariage n'avait été qu'un piège ? Comment, tout colère contre le pape,
on vit Charles IX s'écrier devant Jeanne d'Albret : Ma
tante, je vous honore plus que le pape et aime plus ma sœur que je ne le
crains ; je ne suis pas huguenot, mais ne suis pas sot. Aussi, si le pape
fait trop la beste, je prendrai Margot par la main et la mènerai espouser en
plein prêche[12]. Est-ce là
toujours de l'hypocrisie et de la duplicité ? Je le répète, Pie V et Philippe
II furent sérieusement affectés de ce mariage. La reine Catherine de Médicis
y qui redoutait alors les Guise et les commencements de XIV. — 1572.La ville de Paris était alors la cité profondément
catholique : sa bourgeoisie, ses confréries de métiers avaient leur orgueil,
leur symbole religieux dans Notre-Dame. Tout ce peuple ardent, remuant,
détestait les huguenots, qui blessaient ses croyances, ses habitudes du moyen
âge. A plusieurs reprises Paris s'était soulevé contre le prêche par de
grandes dévastations[14] ; il n'avait pas
besoin, pour s'irriter, d'excitation personnelle. Au fond du cœur, le peuple
souhaitait les vêpres siciliennes
contre cette chevalerie calviniste venue du Béarn et de Le parti huguenot avait dans sa nature deux mauvaises conditions qui devaient tôt ou tard le compromettre et le perdre : à la fois actif et faible, il imposait des changements, s'agitait, remuait sans cesse contre le vieil ordre de choses ; comme il avait parfois la conscience de sa faiblesse et de son infériorité, il demandait, il imposait des garanties toujours nouvelles pour sa sûreté et son ambition. Depuis l'entrée de Coligny dans le conseil du roi, les huguenots étaient devenus insupportables. En pleine possession de la liberté du prêche et de la conscience avec des villes de sûreté, droit d'armement, que voulaient-ils de plus ? Ils imposaient néanmoins au roi et à Catherine de Médicis la nécessité coûteuse d'une expédition en Flandre, pour soutenir les révoltes contre le duc d'Albe, et la guerre même contre Philippe II d'Espagne[15]. Coligny ne répondait de l'obéissance dans son parti, que moyennant ces concessions impératives, il accablait le roi de ses remontrances, de ses plaintes. Jamais Charles IX ne s'irritait contre celui qu'il appelait son père ; il lui accordait tout avec une bonté infinie et presque filiale, car le caractère de l'amiral lui plaisait. Quand Coligny se crut assez fort auprès de Charles IX pour le dominer, il résolut hardiment d'attaquer l'influence de Catherine de Médicis, trop dessinée dans le sens de la modération pour entrer en plein dans les projets absolus des calvinistes[16]. En politique, les partis se servent d'abord des modérés pour lutter contre leurs adversaires ; puis, quand ils espèrent le triomphe complet, ils s'en débarrassent comme de liens importuns qui les arrêtent dans le développement de leurs desseins. Catherine de Médicis, parfaitement informée des projets des huguenots sous l'amiral Coligny, dut se tourner plus activement encore vers les modérés du parti catholique, pour former un contrepoids à l'influence turbulente et dominatrice des calvinistes. Ceux-ci multipliaient leurs importunités, appelant même à leur aide les reîtres, les lansquenets, exigeant que le roi envoyât aux Pays-Bas un corps de troupes contre les Espagnols, au profit des insurgés anabaptistes qui ravageaient les églises de Flandre. Au reste, le roi Charles IX, à la voix de Coligny, couvrait partout de sa protection les huguenots inquiets et soulevés dans les provinces. Mais, en dehors de cette action impartiale de la cour de Charles IX, il était une opinion populaire que la politique du roi ne pouvait calmer et encore moins absorber, et cette opinion avait ses chefs, ses desseins, ses vengeances même à exercer. A Paris, les halles, les corporations, la bourgeoisie municipale détestaient les huguenots et surveillaient leurs moindres mouvements ; les catholiques avaient leurs réunions particulières, leurs sociétés secrètes qui n'attendaient qu'un instant favorable pour éclater malgré le roi. En plusieurs circonstances de l'histoire, il s'est produit cette situation respective, de deux partis qui, malgré le pouvoir, veulent en venir aux armes, et pour cela il n'est pas besoin d'excitation ou de complicité des gouvernements ; chaque cœur irrité, chaque opinion froissée porte avec elle sa vengeance ; ceux qui supposent des délibérations préalables, des préparations réfléchies pour arriver aux batailles civiles font du drame et non pas de l'histoire. Il suffit de parcourir les registres du conseil municipal de la ville de Paris[17], pour voir que la bourgeoisie et le peuple étaient fatigués des exigences et de la position hautaine prise par les huguenots à Paris, auprès de Charles IX, dont ils dominaient les conseils. Catherine de Médicis, qui connaissait cette force et cette opinion du peuple, ne voulait pas la heurter, car le pouvoir de fait se serait placé dans la main des Guise, au cas où la multitude se serait crue abandonnée par la royauté des Valois. La reine mère, d'ailleurs, avait peu à se louer de l'amiral, qui voulait la perdre auprès de son fils et lui arracher le pouvoir. Les Guise, à leur tour, avaient un vieux compte de sang à régler avec Gaspard de Coligny ; Poltrot, le familier de M. l'amiral, n'avait-il pas arquebuse traîtreusement et par derrière le grand François de Guise ? En vain, la reine Catherine de Médicis avait commandé le silence et l'oubli ; les Guise, plutôt que d'obéir, avaient quitté la cour à Blois, pour venir se réfugier auprès du peuple de Paris. L'amiral, se rendant donc du Louvre à son logis, fut atteint d'une balle qui le blessa légèrement à la main[18] ; le coupable se nommait Maurevel, familier de la maison de Guise, comme Poltrot l'était de l'amiral. Quand on vint dire cette nouvelle au roi Charles IX, le jeune prince, jetant sa raquette sur le sol du Louvre, s'écria : Mordieu, je ne serai donc jamais tranquille ! et il ajouta une menace contre les Guise, ces perturbateurs de tout repos ; ces paroles étaient jetées avec trop d'amertume et de colère pour être encore une hypocrisie ! La blessure de l'amiral est du 22 août 1572. Tout respire déjà la guerre civile entre les partis ; les huguenots, justement irrités de l'attentat dirigé contre Coligny, parcourent les rues du faubourg Saint-Germain, où ils sont campés, annonçant un jour prochain de vengeance. Les catholiques, peuple et bourgeoisie, remplissent la ville de pamphlets sur les horribles menées des huguenots et sur les mauvais desseins de la cour ; heureusement, disent-ils[19], le peuple est ligué sous un chef digne de lui, le duc de Guise. Pas un mot d'éloge pour le roi Charles IX et Catherine de Médicis, suspects aux catholiques depuis la paix de 1570. Si le roi et la reine mère avaient préparé, comme on l'a dit, une journée de vengeance et de triomphe, est-ce qu'ils ne l'auraient pas annoncé à Philippe II, et au pape dont ils auraient invoqué les conseils et l'appui[20] ? Nulle trace n'existe dans les correspondances les plus secrètes. Le roi Charles IX, alors rapproché de Coligny suspect aux Guise, méditait une éclatante répression contre les Lorrains : chacun avait la conviction profonde qu'il y avait un grand péril pour les catholiques, car jamais les huguenots n'avaient été plus menaçants qu'après la blessure reçue par l'amiral, leur chef adoré ; ce qui pourtant jusqu'ici n'était qu'une représaille de l'assassinat du duc de Guise. Presque aussitôt le jeune roi de Navarre et le prince de Condé se rendirent au Louvre, où étaient Charles IX et sa mère ; ils déclarèrent : qu'il n'y avait plus de sûreté pour eux à Paris, à moins qu'on ne leur donnât de nouveaux gages de protection[21] et des garanties contre les catholiques ; ils demandaient donc à se retirer. Charles IX, tout rouge de colère, s'emporta contre les Guise et les papistes, qui sans cesse selon lui renouvelaient les troubles ; Catherine de Médicis ajouta : La blessure de M. l'admiral est un grand outrage fait au roy. Si l'on supporte cela aujourd'huy, on prendra la hardiesse d'en faire autant dans le Louvre, une autre fois dedans son lit et l'autre dedans son sein, entre ses bras. Charles IX ajouta : Je veux qu'on poursuive celui qui a fait le coup. Et comme le prince de Condé demandait que, pour la protection de leurs prêches et de leur personne, tous ceux de la religion pussent se réunir en armes autour de la maison de l'amiral, la reine mère le lui accorda sans difficulté avec des paroles pleines de sens et de confiance. Le roi Charles IX fit plus encore : pour honorer le parti
calviniste, il résolut, lui et sa mère, de faire une visite publique et
solennelle à Coligny, blessé en son hôtel de la rue Béthisi ; tous deux
partirent du Louvre avec une brillante suite et entrèrent jusqu'en la chambre
de l'amiral. Catherine de Médicis et son fils se montrèrent tendres,
affectueux, patients auprès du blessé, tandis que Coligny déclamait avec une
grande vivacité : N'est-ce pas une honte, sire, que
votre promesse de pacification soit chaque jour vilainement violée ?[22] — Nous y mettrons bon ordre, monsieur l'admiral,
répondit Charles IX, et je viens d'envoyer des
commissaires, à cet effet, dans toutes les provinces. Voici ma mère qui peut
vous assurer de cela[23]. — C'est vrai, monsieur l'admiral, et vous le savez bien,
dit la reine. Coligny, s'échauffant toujours, s'écria : Oui, bien le sais, madame, l'on a envoyé des commissaires
dans les provinces, parmi lesquels il y en a qui m'ont condamné à être pendu,
et proposé 60 mille écus de récompense à celui qui vous apporteroit ma teste.
— Nous en enverrons d'autres, monsieur l'admiral,
qui ne seront point suspects. — Combien que
je ne sois qu'une femme, ajouta Catherine, je suis d'avis qu'on y pourvoie de
bonne heure. Ensuite le roi, toujours plus tendre envers Coligny,
demanda à voir la balle qui l'avait blessé ; Catherine la prit, la pesa dans
ses mains[24]
: Je suis bien aise que la balle ne soit pas restée
dedans, car il me souvient lorsque M. de Guise fut tué devant Orléans, les
médecins me dirent quelquefois que si la balle eût esté hors, encore qu'elle
fût empoisonnée, n'y avoit aucun danger de mort. La reine mère
rappelait ici un amer souvenir de la guerre civile, et peut-être le
jetait-elle dans sa conversation avec l'amiral, afin de constater qu'elle ne
le croyait pas coupable du meurtre du duc de Guise ; ou bien faisait-elle une
allusion au souvenir sanglant de cet autre coup d'arquebuse ; elle semblait
dire : Les Guise n'ont fait que se venger. C'est de la représaille : du calme
donc, de la modération, monsieur l'amiral ! XV. — Août 1572.Il est impossible de ne pas voir jusqu'ici dans les démarches, les paroles, les actes de Charles IX et de Catherine de Médicis, un immense désir d'éviter la terrible collision qui se préparait entre deux partis en armes. Supposer une hypocrisie si longtemps prolongée, sans que les calvinistes et leur chef s'en fussent aperçus, serait attribuer une crédulité enfantine à Coligny et Dandelot, qui certes ne manquaient pas de méfiance et de roideur ! D'ailleurs, à tant d'hypocrisie il fallait un but, un intérêt, et la reine Catherine de Médicis n'ignorait pas que toute mesure rigoureuse prise contre les huguenots plaçait le pouvoir dans les mains des Guise, qu'elle redoutait bien autrement que Coligny. Catherine de Médicis voulait donc se tenir dans un milieu calme, impartial, jeter de la glace sur ces têtes bouillonnantes. Mais aurait-elle assez de force pour contenir les partis ? Les catholiques suivaient toutes les démarches des huguenots, qui voulaient s'emparer de Charles IX et de Catherine sa mère les conduire à Blois, afin de mettre le triomphe de leur opinion sous le scel de l'autorité royale. La fermentation la plus vive régnait à Paris : pour empêcher cette nouvelle conjuration d'Amboise, la garde bourgeoise, les confréries de métiers étaient sous les armes ; les arquebuses et les pertuisanes étaient rendues aux compagnies municipales[25]. La force et la popularité des Guise avaient grandi à ce point qu'ils restaient maîtres du gouvernement municipal. L'autorité royale n'était plus qu'un pouvoir secondaire que se disputaient les catholiques et les huguenots. Le 22 août, au soir, les princes de la maison de Guise,
forts de leur popularité, et sachant ce que Coligny imposait au conseil, se
rendent au Louvre : ils y trouvent le roi avec sa mère. Là ils leur disent,
en présence de plusieurs : Qu'il leur sembloit que
Sa Majesté n'avoit point leur service à gré depuis longtemps, et s'ils
eussent pensé qu'en se retirant en leur province le roi y eût pris plaisir,
pour lui complaire ils n'eussent pas failli de se retirer de la cour. Le
roi, avec un mauvais visage et paroles pires,
leur répondit : Qu'ils s'en allassent où ils
voudroient et qu'il sauroit toujours les trouver, s'il estoit constaté qu'ils
fussent coupables de ce qui avoit été fait à l'admiral. Après avoir
subi ces dures paroles avec une résignation pleine de dignité, MM. de Guise
montèrent à cheval et se retirèrent en toute hâte[26]. Remarquons bien
que cette violente rupture s'accomplit l'avant-veille de Mais, les Guise étaient trop puissants à Paris, trop nécessaires à la vie municipale des citoyens, pour que la bourgeoisie et le peuple catholique les laissassent se retirer en dehors des murs de la cité. Aussi le duc de Guise et ses frères furent-ils entourés par leurs amis au delà de la porte Saint-Antoine, et forcés de rentrer secrètement à Paris : ils vinrent loger à l'hôtel de ville même, au milieu des chefs populaires toujours inquiets de l'attitude impérative des huguenots auprès du roi. Le 23 août, au soir, tous les corps de métiers étaient en armes, prêts à un coup de main sérieux. La veille les quarteniers avoient visité les hostelleries pour prendre le nom de tous les étrangers[27] : il se fit une émotion telle, à Paris, que Coligny et les huguenots s'en alarmèrent, et des députés vinrent encore au Louvre pour demander des explications au roi et une sauvegarde. Charles IX, qui protégeait visiblement les calvinistes, fit venir auprès de lui sa mère, et avec une attitude inquiète et un peu irritée il s'écria : Madame, qu'y a-t-il ? que veut dire ceci ? on me dit que le peuple se mutine et prend les armes. — Il ne fait ni l'un ni l'autre, répondit Catherine de Médicis ; mais s'il vous souvient, vous avez ordonné ce matin que chacun se tînt en son quartier de peur de troubles. Le duc d'Anjou prit la parole ensuite : Puisque M. l'admiral redoute quelque chose, il faut que Cossein et cinquante archers de la garde protègent son logis. — J'accepte[28], répondit Coligny. Un nouvel ordre du roi ordonna d'éloigner tout gentilhomme catholique des camps et hôtels de huguenots, afin d'éviter une collision redoutée. Toute la journée du 23, les deux partis s'observèrent. Les calvinistes, préparés et en armes, jetaient des menaces de terrible vengeance contre le peuple de Paris ; ils brandissaient dans toutes les rues leurs arquebuses et pertuisanes[29] : Il faudra bien nous faire justice nous-mêmes de Henri de Guise, si le roy ne nous la fait. L'amiral de Coligny, si calme habituellement, ne se contenait plus dans ses propos. Si mon bras est blessé, ma teste ne l'est pas : s'il me faut couper le bras, j'aurai la teste de ceux qui en sont cause. Jactances fort imprudentes en l'état d'irritation des esprits ! Enfin, pour satisfaire les calvinistes profondément
irrités, le roi ordonna ce jour-là même des poursuites devant le parlement
contre le duc de Guise[30], comme une
menace jetée au parti des catholiques alors réunis à l'hôtel de ville en
assemblée sous les armes. Il est possible que la reine mère ait connu l'existence
de ces assemblées municipales, qu'elle y eût même des amis, des affiliés ;
mais l'opinion catholique, menacée par les paroles et les actes des huguenots,
était assez forte pour se réunir avec ou sans permission de la reine mère.
Les esprits sérieux, qui ont assisté aux grandes luttes de partis dans les
époques modernes, savent que le pouvoir n'est souvent pour rien dans les
heurtements de la guerre civile. Il assiste, seconde, profite quelquefois des
incidents et des résultats, mais l'impulsion est en dehors de lui ; elle est
dans les cœurs haineux et les opinions ardentes. On a supposé des conseils
tenus aux Tuileries, des délibérations discutées, prises la nuit par Charles
IX et Catherine de Médicis. Tous ces incidents d'un drame n'étaient pas
nécessaires : les halles de Paris, les métiers, la bourgeoisie armés
n'avaient besoin de personne et encore moins d'une délibération du conseil du
roi pour courir sur les huguenots qui les insultaient chaque jour : des
matières inflammables étaient amoncelées, il suffisait du plus petit
froissement pour allumer l'incendie, et c'est ce qu'on n'a pas assez remarqué
en écrivant l'histoire de Il y a plusieurs incidents dans la sanglante nuit qu'il
est essentiel de suivre afin de s'expliquer la fatale mêlée : sur un côté du
tableau, il y a l'histoire de la vengeance des Guise contre l'amiral Coligny,
vieille dette de sang à régler. Coligny, dans l'opinion des Guise, avait fait
arquebuser leur glorieux père par Poltrot devant Orléans[31] ; les Guise
avaient déjà essayé leur vengeance en dirigeant contre Coligny l'arquebuse de
Maurevel, un des familiers de leur hôtel. Le coup n'avait pas réussi ; ils savaient
même que Coligny et ses amis avaient obtenu du roi l'autorisation de les
poursuivre devant le parlement. Les domestiques, les familiers de la maison
de Lorraine attaquèrent donc l'hôtel de Coligny à main armée, comme les
choses se passaient pendant ce siècle entre féodaux qui se détestaient.
Behem, qui porta le premier coup à l'amiral, était un Allemand, sorte de
lansquenet très-dévoué à la maison de Lorraine ; il vengeait la mémoire
bien-aimée de son maître. La scène ensuite se développa dans les conditions
sanglantes de l'esprit du temps. Ce sont les pamphlets huguenots, la poésie
de Voltaire (leur copiste), qui ont
flétri les actions des Guise, tandis qu'ils ont exalté l'héroïsme des amis de
l'amiral Coligny. Si les acteurs farouches de cette vengeance féodale
revenaient à la vie, ils souriraient de dédain à ces vers de Le second épisode qui ôte à La nuit qu'on a depuis appelée de Et, qu'on le remarque, il ne s'agit pas ici de récits trouvés dans les mémoires que la passion a pu dicter, que le ressentiment a pu répandre, mais d'actes authentiques émanés de l'autorité publique ; or, ce qu'il y a de plus curieux encore, ce sont les lettres circulaires que le 24 août au matin le roi et Catherine de Médicis écrivent à tous les gouverneurs de province, afin d'éviter que les scènes de désordre se répètent dans leurs gouvernements. Ces lettres donnent leur véritable sens aux massacres de la nuit du 23 août : Ayant appris que les parens et
amis de l'admiral avoient résolu de venger la blessure qu'il avoit reçue (disent les lettres),
MM. de Guise ont assemblé, pour les prévenir, un grand nombre de
gentilshommes et de bourgeois de Paris, avec le secours desquels ils ont
forcé les gardes que j'avois donnés au dit admiral, et ils l'ont tué et tous
ceux qui se sont trouvés avec lui. Cet exemple a été suivi avec tant de violence
et de fureur dans tous les autres endroits de la ville, que l'on n'y a pu
remédier ; comme ce mal est arrivé contre ma volonté, je veux et
j'entends que tous les gouverneurs de province soient attentifs à les
réprimer dans leurs districts, décernant la peine de mort contre ceux qui
n'obéiroient pas[36]. La preuve est authentique. Il y a loin du texte de cette
circulaire à toutes les fables racontées dans les mémoires, aussi vrai que
les coups d'arquebuse tirés de ce balcon du Louvre, qui ne fut construit que
sous Henri III. Veut-on des preuves plus précises encore ? Le roi, par le
conseil de sa mère, écrivait à M. de Prie, lieutenant général en Touraine, et
au sieur de Montpezat, sénéchal du Poitou : .... La
sédition qui est, grâce à Dieu, de cette heure amortie, étoit advenue par la
querelle particulière qui de longtemps est entre les deux maisons (Guise et Châtillon).
Et doutant qu'il est grandement à craindre que telle exécution ne soulève mes
sujets les uns contre les autres et ne fasse grand massacre par les villes de
mon royaume, de quoi j'aurois un merveilleux regret, je vous prie de faire
publier et entendre que chacun ait à demeurer en repos et sûreté en sa
maison, faisant observer scrupuleusement notre édit de pacification....
En présence de ces pièces authentiques, que deviennent les petits billets
inventés par les historiens spirituels, avec de belles phrases et des jeux de
mots empruntés aux formules du XVIIIe siècle ? Les actes que je rapporte sont
conservés dans les plus précieux recueils sur l'histoire de France[37], avec tous les
caractères et pièces contemporains. Qui peut donc dire encore que Catherine de Médicis et
Charles IX préparèrent XVI. — Août 1572 (suite).Il arrive constamment dans l'histoire politique des États ce fait de haute curiosité ; un pouvoir, d'abord, n'a pas voulu une mesure, il l'a même repoussée de toutes ses forces, il en a rejeté la responsabilité ; et lorsque pourtant cette mesure a réussi, lorsque l'opinion publique s'est prononcée avec énergie en sa faveur, le pouvoir qui l'avait repoussée l'adopte, la proclame, s'y identifie, comme s'il n'avait jamais voulu ni pensé autrement. C'est ce qui arriva certainement après la nuit sanglante du 24 août 1572[38]. Ni Catherine de Médicis ni Charles IX n'avaient voulu l'exécution des huguenots : si même on les avait personnellement interrogés, ils auraient repoussé de toute la force de leur pensée une mesure qui plaçait la couronne sous les Guise ; mais l'exécution accomplie malgré eux, ils durent l'accepter comme François II et Catherine de Médicis avaient accepté l'exécution d'Amboise, qui avait mis le pouvoir dans les mains de ces mêmes Guise. Les motifs qui déterminèrent Catherine de Médicis et
Charles IX à pleinement accepter la responsabilité de la nuit de Si on lit les écrits qui furent alors publiés dans les
émotions mêmes de la journée, on reconnaît la joie immense du peuple de
Paris, après cette nuit d'une mêlée sanglante. Les poètes, qui ne sont jamais
les derniers à flatter les partis et les pouvoirs vainqueurs, écrivirent des
sonnets, des vers, des poèmes, des tragédies en l'honneur des confréries
parisiennes qui venaient de débarrasser la cité des huguenots. — Paris
n'eut-il pas toujours ses journées qu'il appelle glorieuses ; et le parti qui
proscrit l'autre n'est-il pas dans la joie ! — Parmi les pièces de vers les
plus remarquables se trouve une Tragédie de Coligni[40] étrange par son
esprit et par sa forme : Dandelot sort des enfers accompagné des furies ;
Coligny le reçoit pour lui révéler ses projets qui sont de transférer la
couronne sur sa tête : Admiral mon ami,
répond Montgomery, c'est moi qui ai jadis renversé
mort Henri II à Paris, j'espère bien encore tuer le roy et renverser son
frère. A ces paroles, le peuple françois indigné appelle de ses cris la mort
de ce meurtrier endiablé. Alors commence l'action dramatique. Cette
tragédie en vers était entremêlée de joyeux couplets qui se récitaient sur
les places et dans les carrefours de Paris où il y avait foule de
processions, comme si elles avaient obtenu une grande victoire. Le 25 août,
une aubépine fleurit tout à coup au marché des Innocents, le peuple accourut
en foule autour de la fleur épanouie : on fit une fête pour célébrer cette
manifestation de la nature belle et joyeuse, en faveur de la sainte
délivrance[41]. Il eût donc été impossible à Catherine de Médicis, à Charles IX de ne pas se mêler à ces manifestations du peuple, à moins d'abdiquer leur pouvoir et de se découronner. Aussi, dès le 27 août, on aperçoit un changement complet dans les actes et les paroles du roi et de sa mère ; peut-être aussi éprouvaient-ils une sorte de satisfaction de ne plus avoir à subir les impératives exigences de Coligny et de ses amis qui chaque jour venaient au Louvre imposer leur volonté dans la politique intérieure et extérieure de l'État[42]. Après une séance au parlement, dans laquelle M. le président de Thou exalta la grande et merveilleuse prudence du roi et la beauté de l'exécution, une déclaration fut enregistrée au parlement et à l'unanimité, qui portait : Que ce qui estoit advenu l'avoit esté par l'exprès commandement du roy et ne devoit pas contrevenir à ses édits de pacification, maïs seulement pour obvier et prévenir une malheureuse et détestable conjuration faicte par l'admiral Coligni, qui en estoit le chef, contre la personne du dit seigneur roy et l'Etat ; de plus contre la royne mère, messieurs ses frères ; pourquoi Sa Majesté fait savoir à toutes personnes quelconques de la religion réformée, qu'elle veut et entend qu'ils puissent vivre en paix, eux et leur famille, femmes et enfans[43]. Le parlement fit même le procès à la mémoire de Coligny ; ses biens furent confisqués comme rebelle au roi et à l'État ; sa postérité condamnée à l'exil. Le parlement distinguait entre la conspiration et la liberté ; il frappait les rebelles. Les formes légales étaient gardées dans cet arrêt, et les exécutions fatales de la nuit du 24 août étaient approuvées par ce qu'il y avait de plus grave, de plus austère en France, la cour du parlement de Paris. La politique du conseil était donc de transformer en
conspiration réprimée la mêlée sanglante de Catherine de Médicis, une fois lancée dans le mouvement répressif, s'y abandonne entièrement : elle en écrit bien à l'aise au roi d'Espagne Philippe II, le roi très-catholique ; on dirait qu'elle veut faire oublier ses hésitations premières : Monsieur mon fils, je ne fais nul doute que vous ne ressentiez comme nous-mesme la heur que Dieu nous a faite de nous donner les moyens, au roy mon fils, de se desfaire de ses sujets rebelles à Dieu et à lui, et qu'il lui ait plu lui faire la grâce de nous préserver et nous tous de tomber dans leurs mains (les rebelles), et cette occasion continuera et augmentera encore l'amitié entre Votre Majesté et le roy son frère, qui est la chose du monde que je désire le plus[46]. Catherine de Médicis espérait se donner un appui dans le roi Philippe II, et trouver en Sa Majesté catholique un instrument de résistance contre la toute-puissance des Guise. Désormais elle se montre, plus que les princes lorrains, dévouée aux opinions, aux idées catholiques triomphantes ; c'est Catherine de Médicis qui préside aux abjurations du roi de Navarre et du prince de Condé[47], dont l'original fut envoyé à Rome. Catherine se substitue aux Guise tant qu'elle peut dans les questions de gouvernement, et ceux-ci, qui ne veulent pas effaroucher la cour par l'expression de leur trop hautaine puissance, se montrent fort respectueux pour Charles IX et pour Catherine de Médicis : il leur suffit d'engager de plus en plus le roi et sa mère dans les voies du catholicisme, de telle sorte que la couronne ne puisse plus s'en séparer. Quand le pouvoir royal dépendra tout à fait des catholiques, rien ne sera plus facile aux Guise, adorés des multitudes, que de s'emparer de l'autorité. Ils n'auront plus à craindre des rivalités et même de concurrence ; le roi et sa mère ne seront plus que des noms sous la main des princes de la maison de Lorraine ! |
[1] Bref de Pie V, 25 septembre 1570.
[2] Le pape dit : Lois infâmes et perverses, ibidem.
[3] Coligny était accouru l'un des premiers pour prendre place au conseil. Mss. de Béthune, n° 8732.
[4] Lettre autographe, Archives de Simancas, B, 26.
[5] Le mariage fut célébré à Paris le 6 mars 1571.
[6]
Des pourparlers faits à
[7]
Elle avait été promise à un Guise : Brochure de l'estat de
[8] Pourparlers du mariage entre le prince de Navarre et la sœur du Roy, 1571.
[9] Dépêches secrètes, écrites de Blois, 1571, par Smith, envoyé en France.
[10] Dépêches de Smith, écrites de Blois, 1571.
[11] Édit du mois de mars 1572.
[12]
De l'estat de
[13] Discours des nopces du Roy de Navarre et de Marguerite, sœur du Roy, août 1572.
[14] Témoin les grandes émeutes contre le prêche de Charenton, et le pillage qui suivit la destruction de la croix de Gastine, 1570-1572.
[15]
De l'estat de
[16] Coligny se croyait parfaitement sûr de dominer Charles IX, ainsi qu'il résulte de ses lettres. (Portefeuille Fontanieu, Biblioth. imp., n° 324, 325, 326.)
[17] Tome X des Registres de l'hostel de ville. Une crise se prépare, et on l'aperçoit par la multiplicité des actes du conseil ou corps municipal.
[18] Une brochure du temps porte ce titre : Comment M. l'admiral fut blessé, août 1572.
[19]
De l'estat de
[20]
Les archives de Simancas ne contiennent rien sur
[21]
De l'estat de
[22]
De
[23]
[24]
Estat de
[25] Registres de l'hostel de ville, t. X, ad annum 1572.
[26]
De l'estat de
[27] Registres de l'hostel de ville, vol. X.
[28]
De l'estat de
[29] Discours sur la cause des exécutions faictes et personnes de ceux qui avaient conjuré contre le Roy et son Estat, Paris, à l'Olivier, rue Saint-Jacques, 1572.
[30] L'ordre du roi de poursuivre le duc de Guise pour l'arquebusade qui avait blessé l'amiral, fut adressé au parlement le 22 août 1572. On le trouve mss. Béthune, n° 576.
[31] Jamais catastrophe ne donna lieu à plus de pamphlets. Voyez le plus curieux : Passio domini nostri Gaspardi Colligni, secundum Bartholomeum, 1572.
[32]
Tous les récits qui ont été écrits contre le roi Charles IX et la reine
Catherine de Médicis ont été puisés dans un pamphlet publié sous ce titre : Discours
d'un courtisan catholique découvrant les ruses du Roy et de
[33] Le Réveil matin des François, composé en forme de dialogues, par Eusèbe Philadelphe, 1572.
[34] J'ai compté pamphlets ou simples écrits plus de quarante. Le plus curieux porte ce titre : Dialogus quo multa exponuntur quæ lutheranis et hugonotis Gallis acciderunt. (Orangiæ, 1575, in-fol.)
[35] Ces pièces sont empruntées aux Registres de l'hostel de ville. Curieux recueil, t. X, fol. 9 à 13.
[36] Portefeuille Fontanieu, cartons 324, 325, 326.
[37] Le recueil de Fontanieu (conseiller d'État) se compose de huit cent quarante et un portefeuilles qui appartiennent au département des mss. (Biblioth. imp.)
[38] Le 24 août, au malin, Charles IX écrivait : Je suis ici avec le roi de Navarre et le prince de Condé (huguenots), prêts à partager la même fortune. (Lettre autographe, mss. Fontanieu, cartons de 324 à 326.)
[39]
Voyez le pamphlet fort gai sur
[40] La tragédie de feu Gaspard de Coligni, jadis admiral de France, contenant ce qui advint à Paris le 24 août 1572.
[41] Journal dit de Henri III, ad annum 1572.
[42] Registre du parlement, 1572.
[43] Déclaration du Roy sur la cause et occasion de la mort de l'admiral, le 24 août 1572.
[44] Dépêche secrète du sieur Walsingham à M. Smith, secrétaire d'État de la reine Elisabeth, 2 septembre 1572.
[45] Allusion à l'entrevue de Charles IX avec sa sœur, femme de Philippe II et du duc d'Albe, ce glorieux soldat des grands jours de bataille.
[46] Archives de Simancas, cote B, 34. Il y a un petit billet de Charles IX joint à celui de sa mère, écrit dans le même sens et avec les mêmes espérances.
[47] Le roi de Navarre et le prince de Condé avaient rédigé et envoyé leur abjuration au pape en termes fort soumis, 30 août 1572.