Progrès des Turcs en Hongrie. — Affaiblissement de l’unité catholique. — Disparition du moyen âge. — Morcellement des souverainetés. — Le protestantisme. — Lutte en Allemagne. — Dissolution du vieux droit public. — Influence en France. — Esprit parlementaire. — Universitaire. — Les finances. — Procès de Samblançay. — Noblesse. — Bourgeoisie. — La famille de François Ier pendant sa captivité. — Situation de Paris. — Les châteaux royaux. — La chevalerie. — Composition de l'armée. — Esprit nouveau. — Les chroniques. — Histoire. — La poésie. — Passe-temps et jeux. — Aspect de Paris au retour de François Ier. — Les arts. — Les sciences. — Confusion. — Costume sous lequel se montre la renaissance.1522-1524. Quand le roi François Ier, de bonne mémoire, gémissait en
la captivité de Madrid, quelle était la situation de l'Europe ? Le moyen âge (et j'entends ici la période du VIIe au XVe siècle)
divisait le monde en deux vastes idées, profondément séparées : le
catholicisme et le mahométisme. En vertu de cette division, la chrétienté
s'était levée dans les Croisades, la plus sincère expression du moyen âge.
Aussi la meilleure preuve que la vieille société allait disparaître, c'est
que rois et peuples restaient presque indifférents à la face du débordement
immense des Turcs sur l'Europe. Nul progrès n'était comparable à ceux de
Soliman II ; il venait de conquérir Rhodes, d'expulser les valeureux
chevaliers, alors mendiant un coin de terre en Italie et en Allemagne. De là
d'innombrables armées s'étaient répandues en Hongrie, et 500.000 Turcs, aux
cimeterres ensanglantés, gagnaient la bataille de Mohatz[1] contre Louis, roi
de Hongrie, et s'avançaient vers Bude ; cette cité une fois conquise[2], Cette invasion sauvage, en d'autres temps, eût soulevé la
chrétienté tout entière, comme un seul homme ; et maintenant dans ce conflit
d'intérêts, dans ce heurtement d'opinions et de principes, elle excitait à
peine la sollicitude des princes chrétiens. Deux puissances semblaient seules
s'en occuper avec une sollicitude patriotique ; le pape et les ordres
religieux. Dans l'oubli et l'indifférence de tous les princes chrétiens pour
l'intérêt commun, le souverain pontife et de pauvres moines mendiants
voulaient que l'Europe s'armât pour arrêter ce débordement de barbares qui
brûlaient les bibliothèques comme Omar, et dispersaient les femmes et les
enfants dans les sérails et parmi les janissaires. Et précisément alors il se
trouvait que ces deux puissances si patriotiques, si nationales, étaient
violemment attaquées par le protestantisme, prêché hautement par Luther en
Allemagne. Ce qui brisa le lien commun des souverainetés chrétiennes, le
principe moral de toute unité civilisatrice, ce fut la réforme, ébranlant
d'abord les liens fédératifs et nationaux de l'Allemagne, pour se répandre
ensuite sur l'Europe en discordes sanglantes. Le pape, les ordres religieux
auraient sauvé la nationalité grecque du joug des infidèles, s'il n'y avait
pas eu schisme et réforme. Le projet des cordeliers pour un armement de
l'Europe aurait suffi pour préserver de l'esclavage Rhodes, Chypre, Mais alors Luther désorganisait tout aussi bien les idées
de souveraineté dans les gouvernements, et d'obéissance parmi les peuples,
que celle de propriété entre les suzerains, les vassaux et les monastères ;
aux uns il disait : Pillez les biens de l'Église,
aux autres, secouez l'unité du mariage ; plus de
vœux, plus de soumission. Dans ce chaos qui aurait pu retrouver encore
une idée d'unité et de force pour repousser les Turcs ? Le catholicisme
aurait donc sauvé Depuis le XIVe siècle, l'aspect social n'était plus le même ; des classes inconnues étaient nées, et un esprit nouveau s'était manifesté au milieu des peuples. Le servage une fois aboli ou modifié, il s'était formé une bourgeoisie disputeuse, sorte de juiverie intéressée au milieu de la liberté féodale, parce qu'elle prêtait et qu'elle gagnait tout ce que la chevalerie dépensait avec sa largesse ordinaire ; elle acquit si bons deniers-, si belles maisons, si opulents hôtels, qu'à la fin la bourgeoisie put dominer les gentilshommes, et dans les états, souvent, les vilains eurent la prédominance. De cette classe de bourgeois riche et parcimonieuse étaient sortis les gens de judicature, vieux comme les Établissements de saint Louis, lorsqu'il y eut lois et coutumes écrites, lorsqu'il s'agit de préciser exactement les cas particuliers, les points de droite, il se forma tout naturellement une profession de basoche et de magistrature avec la coutume d'enregistrer les édits pour les publier ensuite. D'où vint la faculté de remontrances, et la magistrature put s'associer à la direction même du gouvernement. Dès ce moment les parlementaires siègent au conseil ; fort instruits dans la législation, le droit romain et coutumes, ils font remontrances dans les affaires, souvent comme un moyen suspensif, et qui sert très-bien les idées du pouvoir. Lorsque surtout le roi a besoin de résister, de prouver qu'il n'est pas le maître de tenir sa parole, alors il fait intervenir les parlementaires, indépendants de sa volonté, et le poussant à ne point accomplir même la foi jurée. Cette intervention de basoche corrompit la pensée de loyauté naïve, le noble caractère de la chevalerie, qui avait détrôné la violence féodale. Mettez à la face d'un beau roman du moyen âge, théâtre d'honneur et de courtoisie, les commentaires de Cujas et de Bartole, leurs subtilités sur le droit, sur les actions mêmes les plus incontestées ; et vous verrez un changement immense dans les mœurs de la société. Déjà même dans François Ier se révèle deux hommes : l'un l'expression de la loyauté et de la force chevaleresques, le héros des romans et des chansons de geste ; l'autre le roi de la judicature, le prince dominé par le parlement et alors faisant chicane ; ce qui ne convenait pas à un gentilhomme. Avec les études de basoche se révèle aussi l'esprit de commentaire, de science et d'érudition, honoré, payé par le roi, et qui exerçait sur lui une véritable domination. Avant ce règne, la science se renfermait exclusivement dans les monastères, sous les voûtes des abbayes et pendant ces longues journées et ces nuits austèrement passées. Les bibliothèques monastiques étaient les seules richesses scientifiques jetées à profusion. Mais au XVIe siècle se répandirent de grandes renommées que l'Europe se disputait comme un trésor ; non point qu'elles fussent capables de répandre les lumières en abondance : les savants s'occupaient exclusivement de l'étude des langues, de la ponctuation des textes hébraïques, des commentaires de législation, travaux en dehors du vulgaire ; et ces savants, attirés à toutes les cours souveraines, étaient fêtés, entourés comme des princes. Les juristes et les érudits furent les grands démolisseurs du moyen âge. Le développement considérable de l'imprimerie depuis
cinquante années aidait cette action des esprits. Lorsqu'on parcourt les
riches galeries de De cette bourgeoisie sortaient encore les gens de finances
et d'argent, maîtres des rôles et des recettes, si utiles au trésor royal et
toujours fort odieux au peuple qui les voyait élever et pendre avec bon
plaisir à Montfaucon. Et il surgit alors une circonstance où le roi satisfit
en quelque sorte la haine publique en élevant aux fourches et patibules le
contrôleur Samblançay, à la suite d'un des procès les plus solennels. Jacques
de Beaune, baron de Samblançay, sortait de race d'argentier et par conséquent
de bourgeoisie. Presque toujours les rois choisissaient des changeurs de
monnaie, moitié juifs et catholiques, faisant commerce étendu, pour leur confier
le trésor et charges de l'État. Le baron de Samblançay était fils de Jean de
Beaune, bourgeois de Tours, argentier de Louis XI et de Charles VIII ; Louis
XI, toujours si fin matois, avait pris tous ses officiers dans la ville de
Tours, parmi les marchands, parce qu'il avait plus de foi en eux que dans les
gentilshommes. Messire de Cette disposition si parcimonieuse de l'escarcelle du roi
avait créé bien des ennemis à Samblançay, et particulièrement la duchesse d'Angoulême,
la mère régente placée à la tête du gouvernement, et qui en voulait diriger
le ressort avec liberté. Il est vrai que Samblançay l'accusait d'avoir retenu
l'argent destiné à la paye des gendarmes, et cette assertion, rien moins que
prouvée, avait fait naître une grande défiance contre l'argentier du roi, qui
chaque année acquérait terres plantureuses au beau pays de Touraine ou
mettait escus sur escus. Le roi voulait-il de l'argent, c'était toujours les
mêmes difficultés, les mêmes embarras : avant de partir pour Pavie, il avait
requis de Samblançay de fournir la paye des gens d'armes et le prix d'achat
des Suisses, et l'argentier l'avait refusé, ainsi toujours en opposition aux
royales vues de François Ier. On ne sait pas tout ce qu'il y a de malheurs
publics dans cette opposition sourde, clandestine, de l'homme qui tient les
cordons de la bourse, contre la tête politique qui dirige les grandes
affaires ; quand cette opposition est poussée trop loin, elle tue les
ressorts mêmes du gouvernement et les empêche de se déployer dans leur
fermeté. François Ier prêt à partir pour le Milanais, blessé de ses refus,
retira donc à Samblançay l'administration des finances, et l'argentier vint
s'abriter dans une de ses terres aux bords du Cher ; plus riche que les
gentilshommes, que les barons, que les gouverneurs et comtes de provinces,
c'était pourtant lui qui avait refusé Ce procès était à peine accompli que François Ier, libre enfin de sa captivité y reprenait ses habitudes de cour, de légèreté et de fantaisie. La reine Claude, la fille de Louis XII, était morte à vingt-cinq ans ; disgraciée de la nature, aux traits amaigris, elle n'avait jamais eu l'amour du roi ; et peut-être sa physionomie enlaidie avait-elle contribué à jeter François Ier, dans ses distractions de maîtresses qui occupaient sa vie à la chasse dans les vastes forêts de Fontainebleau ou de Compiègne[7]. Claude de France laissait plusieurs enfants : l'aîné François, alors à neuf ans, le puîné Henri, et le dernier Charles, duc d'Orléans, le plus gracieux de tous, et à côté de ces trois beaux garçons, deux filles, Madeleine et Marguerite[8] (deux autres, Louise et Charlotte, étaient mortes avant leur mère). Nulles funérailles ne furent comparables à celles de madame Claude de France, célébrées à Blois, à Paris, et dont les gravures contemporaines nous ont retracé les splendides cérémonies. Quand on veut connaître l'art populaire, il faut suivre attentivement ces gravures qui ne disent pas le type parfait d'une époque ; mais le goût général d'un temps, les pensées d'une génération. On voit d'abord madame Claude de France sur son lit de parade, la face découverte, à la manière des religieuses ; autour d'elle se trouvent ses dames, vêtues de noir aussi, et un flambeau à la main ; les moines entourent le cercueil et psalmodient ; puis des fleurs de lis parsemées par milliers comme sur les écussons de France, car les trois fleurs de lis n'étaient point encore le blason immuable de la couronne, ainsi que cela se fit sous les Bourbons. La cour non-seulement était veuve de madame Claude, mais
deux pauvres petits enfants de France étaient partis pour servir d'otages à
leur père, pensée dure et inflexible que d'échanger ainsi le père contre les
fils ! Il semblait que Charles-Quint avait pressenti qu'il fallait rattacher
les liens du traité par le sang[9]. Deux des filles
du roi étaient déjà fiancées, la première, Madeleine, à Jacques V, roi
d'Ecosse, l'allié de Il s'opérait à côté de lui une révolution qui explique la
froide supériorité de Charles-Quint et la faiblesse relative de François Ier.
Qu'était devenue la chevalerie avec ses faux semblants de vie et d'existence
? Travail impossible que de faire renaître ce qui est mort ! La chevalerie,
c'était le moyen âge avec ses prouesses, et dans cette époque de renaissance,
que pouvait-elle opposer à l'artillerie et à la mousquetade ? On avait beau
se barder de fer de la tête aux pieds, caparaçonner les chevaux jusqu'aux
dents ; le canon emportait des rangs entiers de chevaliers et d'écuyers
valeureux. Au courage individuel succédait la force des masses ; de cette
noble chevalerie il ne restait plus que les romans traduits en prose,
imprimés en profusion, et qui laissaient aux mœurs une empreinte de
désintéressement, de loyauté, que la politique italienne allait bientôt détrôner.
Or, ces changements devaient, de toute nécessité, anéantir la supériorité de
François Ier parce qu'il était, lui, la chevalerie incarnée. Les Espagnols la
raillaient déjà comme une chose morte, que le roman de Cervantès plus tard
acheva d'un cruel coup de massue. Le Roman de Si, sous le rapport militaire et politique, François Ier ne suivait pas les tendances de son siècle, il n'en était pas ainsi du mouvement intellectuel qu'il dominait de sa noble impulsion. Comment un prince aussi préoccupé d'expéditions et de batailles put-il s'absorber non-seulement dans les belles chroniques, l'histoire et la poésie, mais encore dans l'étude des langues de l'antiquité ? Qu'un roi protège l'histoire, il peut y avoir là cet égoïsme qui lui fait désirer de voir ses actions de grandeur conservées pour la postérité. Qu'il aime à lire les chroniques, c'est un passe-temps sur les choses anciennes que lui enseigne le sens mystique des choses nouvelles ; qu'il aime aussi la poésie, elle distrait et console. Mais François Ier protège surtout les érudits et les savants ; s'il fonde des chaires, ce n'est ni de poésie, ni d'histoire, mais d'hébreu, de grec ; les livres qu'il encourage et fait imprimer à ses frais, ce sont des commentaires et des scoliastes. Clément Marot n'obtint pas de chaire pour débiter les vers ; valet de chambre du roi, il le suit et l'amuse ; et le prince le protège comme un maître le doit à son serviteur, lorsque Marot est accusé de nouvelles opinions, c'est à François Ier captif à Madrid, qu'il s'adresse pour obtenir sa liberté, lui, le poète détenu dans un puant cachot. Ce grand charme des vers de Clément Marot, François Ier l'apprécia surtout parce qu'il gardait l'empreinte du moyen âge. En Espagne, dans sa triste captivité, ce qui avait consolé le roi, c'était la chasse, qu'enfant il aimait déjà avec passion. son retour, le roi visita d'abord ses forêts chéries, Fontainebleau, Amboise, Compiègne ; les constructions de maisons royales, suspendues quelque temps par les malheurs de la guerre, il les fit continuer avec ardeur ; ordonnant de reproduire comme un souvenir mélancolique le petit palais qu'il occupait à Madrid, un rendez-vous de chasse de chétive apparence, élevé dans le bois de Boulogne, dut prendre le nom de Madrid en mémoire de sa captivité ; comme ces chevaliers longtemps esclaves des infidèles qui gardaient leurs chaînes, pieuses reliques, pour rappeler leur lamentable exil ; il l'embellit d'ornements comme les maisons mauresques. A cette époque on voit lutter les façons d'art d'Italie et d'Espagne : Milan et Tolède, Valence et ses Alcazars ; Vérone et les souvenirs romains ; Burgos et sa cathédrale reviennent à l'esprit du roi et s'y confondent ; il s'y fait un mélange fort curieux qu'on doit signaler comme la seconde manière du siècle de François Ier. Ce goût si prononcé pour les courses lointaines, faisait
préférer au roi la vie des champs à celle des villes ; il est rare de voir
une ordonnance du roi datée de Paris ; c'est toujours d'Amboise, de Blois, de
Chambord, de Gien-sur-Loire, de Fontainebleau, d'Étampes, de
Saint-Germain-en-Laye, de Paris pourtant à cette époque commence à s'embellir. Le
roi se souvenait des belles pompes de son entrée par la porte Saint-Bernard ;
et des fontaines de vin qui coulaient, et des arcs de triomphe, feux de joie
et danses éclatantes qui saluèrent son avènement. En prenant Paris de
l'extrémité de la porte Saint-Honoré, on trouvait d'abord les terrains
achetés par le roi, pour y bâtir une maison de résidence avec jardins (les Tuileries), presque attenant les cours
du Louvre, avec des herses et des tourelles. En face, sur la rive gauche de Depuis le retour d'Italie, les constructions de châteaux et de maisons changent un peu d'aspect ; au XIVe siècle, elles sont le plus souvent toutes de bois, en forme de grange avec de larges toits, sans grâce, et si l'ogive des castels, le feuilleté des créneaux, la grâce des petites tourelles, et par-dessus tout, la magnificence des cathédrales, ne jetaient pas un peu de variété dans la construction des édifices, rien ne serait plus monotone que les monuments que nous reproduisent les manuscrits du XIIIe et XIVe siècle. Mais une fois que l'Italie a été visitée, quand les
troupes du roi ont salué Rome, Parme, Milan, Venise, il se fait, dans les constructions
d'édifices, des changements essentiels. Les maisons paraissent moins grandes
et plus ornées ; des pignons s'avancent sur les rues, et présentent des
figures grotesques, des serpents ailés qui versent l'eau des gouttières. Il y
a beaucoup de balcons ornés de statues incrustées même dans les murs :
partout des arabesques et des petites fontaines comme à Milan ; des
cariatides qui soutiennent les pans de mur, avec une variété incessante
d'ornements : de sorte que les rues ne présentent pas cette uniformité un peu
monotone des cités aux temps modernes, avec leurs rues larges, les places
symétriquement arrangées. Une ville, au XVIe siècle, est un composé de
cathédrales, de maisons aux formes différentes : ici un monastère avec ses
vastes jardins ; là le palais du roi, puis une rue tortueuse de marchands ;
le cimetière, la halle, où se presse et se rue la multitude aux vêtements
variés. Cette cavalcade chevauchant dans la rue des Tournelles, est celle du
seigneur de Nesle, du comte d'Alençon, ou du maréchal de Montmorency, avec
ses pages montés sur des destriers qui caracolent gracieusement pour aller
visiter notre seigneur le roi au Louvre. A côté, les folâtres étudiants
plantent le mai pour faire le feu de joie de La renaissance n'a donc pas encore de caractère précis
dans la littérature, dans la philosophie, dans les sciences, ni dans les arts
: elle reste confuse comme à l'origine de toute révolution. La réforme de
Luther n'est point un véritable système en philosophie : apporte-t-elle
d'autre contingent que l'instrument terrible de l'examen dans la marche des
sociétés ? En histoire, l'Italie présente Machiavel et Guichardin, et Dans les arts, il n'y a pas de système dominant. On trouve à la fois les colifichets du dôme de Milan, le plaqué vénitien, l'ogive du XVe siècle, la tourelle féodale, les pavillons carrés de Florence et des Médicis ; et, par-dessus tout, la surcharge d'ornements corrigés par les grands maîtres que François Ier appelle incessamment autour de lui. Deux monuments de sculpture doivent être comparés, je le répète, parce qu'ils montrent la tendance de cette époque : c'est le tombeau de Louis XII et d'Anne de Bretagne, placé sur un côté de la basilique de Saint-Denis ; et celui de l'empereur Maximilien à Insprück, avec ses magnifiques bas-reliefs. Ils révèlent déjà la grande renaissance et l’union mystique des arts en Italie et en France. |
[1] L'an 932, le 24 de dzoulcaada (29 août 1526 de J-C). Le roi de Hongrie y fut tué.
[2] Bude capitula le 3 de dzouledgé (10 septembre 1526.)
[3]
Dans les Mes. de Béthune, n° 8503, on trouve une lettre de Samblançay à
François Ier datée du 15 octobre 1521 ; il fait au roi de fortes
représentations sur sa dépense, augmentée, dit-il, de
[4]
Lettre de M. de Samblançay au roi, 1527. — Bibl. du Roi, Mss. de
Béthune, n° 8506, fol. 68 (écrite à
Sire à la fin de ma vie j'ay esté enquis si des deniers de vos tailles et des creües qui ont esté levées de mon temps étant en votre service, combien je n'ay receu sire, je vous advertiz que jamais je n'ay receu ne manyé deniers et ont été vos receveurs généraulx qui en tiennent compte.
Sire, j'ay esté enquis de l'argent comptant que je puis avoir receu, ai respondu et pour vérité que depuis l'année 4523, je ne me suis point veu deux mil escus ensemble, après avoir forny les cent mil escus de Mons. d'Albanye et 70.000 pour Bayonne et a présent je ne scaiche or et argent la valeur de trois à quatre cens pièces d'or de toutes sortes ; je vous supply, sire, ayez cette créance, que vous avoir veu en tant d'affaires que vous avez été depuis, j'en eusse esté si malheureux que je ne vous eusse secouru et de tout ce que j'eusse faire, et vous supplye sire, entendre que depuis deux ans j’ay été aux emprunts pour vivre.
Sire j'ay dit le surplus pour vous dire au curé de St.-Nicolas, mon père spirituel et à madame. Je vous supplye le croire et qu'il vous plaise en l'honneur de la sainte passion de notre Seigneur me pardonner si je ne vous ay si bien servy comme je suis tenu et qui vous plaise avoir ma femme et enfants en votre bonne grâce et avoyr pitié d'eux et que y vous plaise me faire acquitter pour ce que j'ay emprunté pour votre service et prie notre Seigneur vous donner très bonne santé. De votre Bastille ce vendredi. Votre très humble, etc. J. de Beaune.
[5] Extrait de l'arrêt du 29 août 1527.
Déclarent ledit Jacques de Beaune être atteint et convaincu de larcins, faussetés, abus, malversation et maie administration des finances du roi, mentionnés au dit procès. £t pour réparation des dits crimes et délits, l'ont déclaré et déclarent être privé et le privent de tous honneurs et estats. Et outre ont icelui condamné et condamnent à être pendu et étranglé à Montfaucon et tous ses biens, meubles et héritages confisquez sur lesquels biens et confiscation sera prinse la somme de trois cent mille livres parisis, tant pour restitution des sommes par ses faussetez mal prises par le d. Jacques de Beaune, sur lés dites finances du roy, qu'autres dommages et intérêts par lui faicts et donnés en icelles laquelle somme les dits juges ont adjugée au roi, pour la dite restitution, et ce sans préjudice de la dette, prétendue par ma dite dame, mère du roi.
[6] Sur le lieutenant criminel et Samblançay (Marot).
Lorsque Maillard, juge d'enfer menoit
A Montfaucon Semblançai l'ame rendre,
A votre advis, lequel des deux tenoit
Meilleur maintien ? Pour le vous faire entendre,
Maillard sembloit homme que mort va prendre,
Et Semblançai fut le ferme vieillard,
Que l’on cuidoit pour vrai qu'il menât pendre,
A Montfaucon le lieutenant Maillard.
[7] La reine Claude mourut à Blois, le 20 juillet 1524.
[8] Marguerite était née à Saint-Germain-en-Laye, le 5 juin 1548. Louise et Charlotte, les deux filles aînées du roi, étaient mortes encore enfants.
[9] J'ai trouvé une lettre de madame Louise de Savoie à ses petits enfants, le Dauphin et le duc d'Orléans, otages en Espagne, 1528. — Bibl. du Roy. Cabinet de Gagnière, Mss., in-f°, sans n., p. 60 :
Puisque vous mes petits amys avez byen cogneu Babon je ne faictz plus de doubte que vous ne cognoyssyez ceux qui sont du roy votre père, mesmement ce porteur qui est la personne de ce monde en qui le d. seigneur et moy avons plus de fyance, pour ceste cause le croirés et prendrez toutes choses qu'il vous dira comme si elles venoient de la bouche du d. sgr ou de celle de votre bonne mère. Loyse.
[10] Voyez : Estat à Pierre Rousseau commis à tenir le compte et faire les payements de l'escuirie, argenterie, chambre aux deniers, gaiges des gentilshommes, dames damoiselles, femmes de chambre, officiers. — T. Mss. de Béthune, vol. cot. 8535, f° 122. Bibl. du Roi.
[11] Saint-Just-sur-Lyon, 1er février 1525-6. Reg. du parl., vol. L, f° 69.
[12] Cognac, 7 mai 1526. — Reg. du parl., vol. L, f° 85.
[13] Cognac, mai 1526. — Reg. du parl., vol. L, f° 304.
[14] Amboise, juillet 1526. — Ord. L, 87.
[15] Chambord, 28 septembre 1526. — Reg. de la cour des mon., vol. cot. G, f° 115.
[16] Saint-Germain-en-Laye, mars 1526-27. — Traité de la police, liv. V, titre 23, p. 1433.
[17] Compiègne, 26 septembre 1527. — Reg. du parl., vol. L, f° 97, et de la ch. des comptes DD.