La cour de Moulins. — Richesse et fortune du connétable. — Son faste. — Sa puissance. — Ses mécontentements. — Visite de François Ier à Moulins. — Cour plénière. — La duchesse d'Angoulême. — Sa rivalité avec le connétable. — Procès au parlement. — Le chancelier Duprat. — Négociations de l'empereur et du roi d'Angleterre. — Desseins de la coalition. — Conjuration du connétable. — Gentilshommes complices. — Reconstruction de la féodalité. — Fuite et aventures du duc de Bourbon. — Suspension du départ du roi. — Procès des complices du connétable. — Inflexible sévérité. — Confiscations. — Peine de mort. — Organisation du gouvernement avant le départ de François Ier. — Seconde régence de la reine mère.1522-1524. La féodalité avait divisé la nationalité française en plusieurs grands fiefs, qui tous appartenaient à des princes sous l'hommage envers la couronne de France. Ce système, origine et source de tout le pouvoir militaire pendant le moyen âge, plaçait de magnifiques terres et d'opulentes cités aux mains de vassaux presque indépendants, que la politique de Louis XI avait rattachés un moment à la couronne. Dans tout son jeune âge, François Ier avait eu pour ami Charles sire et duc de Bourbon ; et, parvenu au trône, il l'avait fait connétable, à peine âgé de vingt-six ans. Nul n'avait plus de hardiesse, plus de puissance de
caractère, et une vaillance plus incontestable ; possesseur de grands fiefs
delà couronne et issu d'une illustre maison, il était digne d'occuper la plus
haute fonction de la couronne. Le connétable avait épousé Suzanne de Bourbon
Beaujeu, sa cousine, petite-fille de Louis XI, et fille d'Anne de France,
duchesse de Bourbon Beaujeu, qui avait gouverné le royaume sous Charles VIII,
riche héritière en fiefs, car elle possédait l'Auvergne, d'une riche et noble chevalerie ; le lignage de Bourbon était nombreux, la parenté du connétable immense ; et autour de lui se groupaient chanceliers, chambellans, sénéchaux, écuyers, comme à la cour de Fontainebleau, de Paris ou d'Amboise, avec pages, varlets, tournois et fêtes resplendissantes. Ce faste pouvait justement donner un peu de jalousie au roi de France, gêné d'argent et forcé de faire mille emprunts aux Génois, aux Vénitiens, aux usuriers de France et d'Angleterre[1]. Cependant les cors et trompettes avaient retenti ; le sire de Bourbon annonçait une fête suzeraine en sa cour plénière, où le roi de France lui-même devait assister, car un fils lui était né de cette duchesse de Bourbon toute contrefaite. Le connétable le désirait vivement ce fils, parce qu'il lui assurait le plus beau domaine du monde ; et voilà pourquoi fêtes et joutes devaient distraire la chevalerie. Le roi de France y accourut accompagné de madame sa mère pour tenir le fils du connétable sur lé baptistère de la cathédrale : Moulins fut le pompeux séjour du plus merveilleux luxe de chevalerie ; dans les tournois tous les échafauds étaient de bois rare, recouverts de velours bleu ou cramoisi, garni de pierreries, émeraudes, escarboucles : écuyers, pages, varlets, étaient également vêtus de velours, encore plus resplendissants. Quand les lices s'ouvrirent, les banderoles de mille couleurs voltigèrent au vent ; il y eut des lances toutes d'or, des armures travaillées d'acier ; au festin, les vases et plats étaient d'argent ; le noble seigneur du Bourbonnais voulut que ce qui portait blason et armoirie fût nourri à ses frais pendant toute la fête. Ces dépenses aventureuses, excessives, firent penser que son trésor était plus riche que celui du roi ; chasses aux flambeaux, magnifiques tournois durèrent pendant une semaine de joie et de festoiement dont on parla en toute la France[2]. Bien que le connétable eût soin de dire : qu'il ne faisoit tant d'honneur que par considération pour le roi, plusieurs jugèrent qu'il y avait dans cette orgueilleuse prodigalité, une ambition de constater la puissance et la splendeur des Bourbons, maison aussi haute que celle du comte d'Angoulême élevé par la fortune à la couronne de France. Le roi n'aima plus dès lors son beau cousin au caractère taciturne et fier ; sa conduite héroïque, dans la campagne d'Italie, ses formidables coups de lances à Marignane ne l'excusaient pas dans la pensée jalouse du roi, fortement excité par sa mère contre le duc de Bourbon. On narrait sur ce point mille histoires : Mme d'Angoulême, disait-on, longtemps éprise du connétable, n'avait pas trouvé en lui une douce réciprocité ; jeune homme à la noble figure, le connétable n'avait pas écouté la mère de François Ier, un peu vieillie. Ces petites chroniques du XVIe siècle ont servi de texte à des dissertations curieuses, parce que les érudits lourds et pesants aimaient alors à s'arrêter sur les petites intrigues pour expliquer les grands événements. On doit croire surtout que cet éclat de la puissance des Bourbons excitait dans l'âme du roi de France, la volonté d'affaiblir et d'abattre un feudataire trop haut ; peut-être aussi, lorsqu'une guerre considérable appauvrissait les domaines de la couronne, le Trésor voulait s'indemniser par un système de confiscation sur les grands vassaux. L'occasion d'une lutte avec le connétable devait bientôt se présenter. Suzanne de Beaujeu, duchesse de Bourbon, avait épuisé sa vie à la naissance de cet enfant qui ne vécut pas[3] ; alors la question de réversibilité d'héritage fut soulevée par la duchesse d'Angoulême, mère de François Ier. Un moment, disent encore les chroniques, elle eut le désir d'épouser le duc de Bourbon ; elle se proposa et fut refusée ; de dépit elle entama un procès devant le parlement de Paris, sur une question ardue et difficile ; il s'agissait de savoir si, par l'acte de mariage, Suzanne de Beaujeu avait donné la réversibilité de tous ses biens au connétable ; ou bien, si la duchesse d'Angoulême, la plus proche héritière dans le lignage, pouvait les revendiquer. Cette question ne paraissait pas douteuse : le duc de Bourbon aurait-il épousé une princesse difforme, si, par les termes de son contrat, il n'en eût tiré de grands avantages ? Si, de son côté, la duchesse d'Angoulême poursuivait l'instance, c'est qu'elle y était poussée par un sentiment d'animosité amère, et le roi par un peu d'orgueil et beaucoup de cupidité. D'ailleurs on était sûr du parlement de Paris formé avec soin par le roi. La reine mère avait grandi la fortune du chancelier Duprat, le chef et le maître de la magistrature, qui prononçait en dernier ressort. Une fois parfaitement assuré du terrain, un acte du conseil ordonna que les terres et fiefs de Suzanne de Bourbon, duchesse de Beaujeu, seraient réunis à ceux de Mme d'Angoulême, si riche déjà[4] ; faute considérable au milieu des périls de l'invasion, car on pousserait nécessairement l'âme altière du connétable à quelques résolutions désespérées. Noble chevalier, déjà il avait été blessé dans son orgueil ; quand la guerre commençait au nord, lui qui avait si bien mené la gendarmerie à Marignano, ne devait-il pas avoir le commandement le plus avancé des hommes d'armes, et cependant il n'en était rien ; le connétable avait été méprisé ; le duc d'Alençon commandait l'avant-garde, et ces choses-là, un noble cœur ne les oublie pas. C'était au moment où les préparatifs militaires
retentissaient pour le passage de l'armée en Italie. Déjà le duc de Suffolk,
au service de France, sous le nom de Rose-Blanche, traversait les Alpes avec
les lansquenets et deux mille Picards levés en toute hâte ; l'amiral de
Bonnivet plaçait six mille hommes de bonne infanterie, dans le Pas-de-Suse,
et le maréchal de Montmorency, avec plusieurs compagnies de gendarmes,
s'était hâté de marcher sur Turin pour renforcer l'armée d'Italie, si
malheureusement en déroute depuis la fatale journée de L'intermédiaire de cette négociation secrète fut un des
seigneurs de la maison de Croy si dévouée à la race de Bourgogne, le fils du
comte de Rœux, qui portait le titre de seigneur de Beaurein. Sous l'ombre du
tournoi de chevalerie récemment donné à Moulins, Adrien de Croy communiqua
dans de entretiens secrets les desseins de l'empereur au connétable de
Bourbon, et il le fit en paroles entraînantes : N'y
avoit-il pas naguère une race puissante aux brillantes traces de chevalerie, une
maison illustre dont on se souvenoit dans les cours plénières et les
châteaux, la famille de Bourgogne ? Charles-Quint en étoit l'héritier naturel
; mais sa position si élevée, son titre de roi d'Espagne et d'empereur ne lui
permettoit plus de porter sur son front la simple couronne ducale ; la place
de ce grand féodal étoit donc vacante : pourquoi le connétable de Bourbon,
avec ses terres immenses, ses fiefs si plantureux, ne prendroit-il pas l'épée
des ducs Jean ou de Charles le Téméraire ? N'en avoit-il pas toutes les
conditions de courage et de grandeur ? Moulins valoit bien Dijon, et le
palais des ducs de Bourbon pouvoit s'égaler à celui des ducs de Bourgogne[5]. Ceci devait
flatter la vanité du connétable, car l'éclat de la maison de Bourgogne restait
à la mémoire de tous les vassaux comme un magnifique souvenir. Adrien de Croy
inspira une pleine confiance au connétable, en lui parlant surtout de
François Ier comme d'un prince haineux, jaloux de toute supériorité sous la
prépondérance de sa mère qui portait une haine implacable au connétable. Dans
l'esprit de cette chevalerie, les droits de François Ier à la couronne
n'étaient pas en dehors de contestations souveraines ; collatéral éloigné de
la maison de Valois, il n'inspirait pas ce respect d'antique lignée que le
sang royal commandait à tous ; et tant il y avait affaiblissement dans la
majesté royale, que les motifs qui déterminèrent Henri VIII à entrer
complètement dans la ligue contre François Ier, c'était que lui, le
successeur des Edouard et des Henri V, il pourrait encore revendiquer son
titre de roi de France, et planter son gonfanon au léopard sur les tours de
Notre-Dame de Paris. Le dessein d'un morcellement féodal avait été mis en avant par Charles-Quint, afin d'armer le bras des vieux barons contre François Ier et c'est ce qui jetait de l'odieux sur la conjuration du connétable : que le duc de Bourbon se fût ligué avec l'empereur et Henri VIII pour recouvrer son héritage ; ceci n'eût été que le sentiment d'une vengeance naturellement inspirée par les implacables poursuites de la duchesse d'Angoulême ; mais le connétable, en prêtant la main aux Anglais, préparait le retour de ce gouvernement étranger, et pourtant applaudi par les halles et les bourgeois de Paris ; car, il faut bien le dire, un roi très-populaire avait été Henri V, le pupille du duc de Bedford. Depuis, un esprit plus national s'était manifesté, et les prétentions de Henri VIII étaient combattues avec indignation par tout gentilhomme. Dans la campagne qui va s'ouvrir, le roi des Anglais loin de traiter ce dessein de chimère, s'inquiétait même déjà de l'influence que, dans une telle révolution, le connétable devait naturellement prendre : cette reconstruction de la maison de Bourgogne sous un capitaine aussi hardi, aussi puissant que le connétable, le tourmente, lui qui espère la royauté en France, titre qu'il porte encore dans ses chartes ; il lui semble revoir ce prince de la chevalerie, intrépide aux tournois, ce Charles le Téméraire, bien plus puissant que le monarque, en sa cour de Dijon, et que Louis XI avait dompté avec tant de peine ! Le messager de Charles-Quint, Adrien de Croy, avait éloigné de la pensée du connétable, avec beaucoup d'adresse, tout soupçon sur la sincérité des offres de son maître ; il portait à son doigt l'anneau impérial, avec ordre de sceller tout blanc seing, et cet anneau il le donna au duc. Aussi habile que brave, celui-ci ne voulut rien écrire, parce qu'il ne voulait compromettre ni lui ni les siens ; seulement il prit parole de chevalerie d'Adrien de Croy, et cette convention ainsi jurée se résuma dans les points suivants : reconstruction d'un grand fief pour le connétable avec l'épée de lieutenant général dans la guerre d'Italie ; quelques cent mille écus d'or pour les frais de campagne ; enfin le mariage du duc de Bourbon avec la propre sœur de Charles-Quint, la reine de Portugal, veuve depuis quelques mois seulement[6]. Ces stipulations furent convenues après les tournois de Moulins, quand les trompettes retentissaient encore au milieu de la foule émue. Lorsque Adrien de Croy prit congé, il y eut échange d'une cordiale amitié, et d'une foi réciproque avec le duc de Bourbon. Ce projet, pour s'exécuter, avait besoin de quelques amis
; le connétable jeta les yeux autour de lui, et le premier complice fut un
sien parent, brave et digne homme, certes, le comte de Poitiers, sire de
Saint-Vallier, capitaine de cent hommes d'armes, et jusque-là un des plus
fidèles au roi. Saint-Vallier était cousin du connétable ; profondément
haineux contre la comtesse d'Angoulême qui l'avait blessé, lui pourtant si
noble, si désintéressé, car il avait engagé tous ses biens pour la guerre du
roi ; chevalier de l'ordre, il s'était toujours montré tellement intrépide,
qu'on le plaçait à l'avant-garde ; sa position était ambitionnée : c'était le
père de Diane de Poitiers, depuis dix ans déjà la femme du grand sénéchal de
Normandie, Maulévrier-Brézé[7]. Ce fut donc au
comte de Saint-Vallier, son beau cousin, que le connétable de Bourbon confia
les propositions de l'empereur. Il ne lui dit pas tout ; seulement il lui
révéla son dessein de voyager en Italie à la suite des offres pompeuses de
Charles-Quint, D'après son dire, loin d'encourager le duc de Bourbon, le
comte de Saint-Vallier l'en détourna par tous les moyens, en lui présentant le
déshonneur de sa race et le malheur de sa patrie ; mais le connétable qui lui
faisait ces confidences était son cousin charnel : le soir, à la face d'un
autel tout illuminé, le duc avait tiré de son reliquaire d'or un petit
coffret byzantin dans lequel se trouvait le bois de la vraie croix, et, avant
toute révélation, il lui avait dit : Beau cousin,
voici la vraye épine et bois de Toutefois des bruits parvinrent déjà aux oreilles de la duchesse d'Angoulême et de François Ier. Un projet aussi vaste, concerté dans de si larges proportions de révolte, ne pouvait être longtemps ignoré, et quelques-uns de ceux que le connétable avait fait pressentir, sans violer le serment sacré de loyauté, prévinrent le roi : qu'il se tramoit une grande conjuration dont un puissant prince seroit le chef[9]. L'instinct du mal ou une révélation de conscience vient à ceux qui se détestent profondément ; et ce grand prince qui pouvait-il être si ce n'est le connétable de Bourbon, dépouillé de ses biens par un arrêt du parlement, et l'ennemi de la reine mère ? On l'eût donc fait immédiatement arrêter si ces soupçons avaient été fondés sur des pièces écrites, sur des actes scellés, et il n'en existait aucun ; cette tête du connétable était trop haute, sa puissance trop grande parmi les gens d'armes pour qu'on osât l'atteindre sans avoir de preuves authentiques ; l'on attendit. De tous côtés arrivaient des indices sur des mouvements d'armes : étaient-ils dirigés contre la reine mère, François Ier ou contre sa lignée ? Les mécontentements excessifs des peuples augmentaient le danger de la royauté déjà odieuse par les levées de deniers et les persécutions du fisc. Au sein de la noblesse d'ailleurs il y avait un secret penchant pour la libre allure des féodaux en révolte ; si elle avait fidélité pour le roi, elle gardait ses impressions chevaleresques et dés tendances ardentes pour la féodalité ; et cette puissance des grands vassaux qui eux-mêmes avaient plaids de justice, échansons, grands écuyers, sénéchaux, comme les duos de Guyenne, de Normandie ou de Bourgogne. Sous François Ier, il n'y avait plus qu'un roi avec des courtisans, des maîtresses ; lès gentilshommes pouvaient ainsi regretter les beaux jours de la grande féodalité dans les cours plénières de Dijon, de Moulins, de Caen ou de Bordeaux. C'était au moment où François Ier se préparait à passer les Alpes pour relever l'étendard fleurdelisé dans le Milanais ; et cette triste nouvelle d'un mouvement de noblesse dirigé contre sa personne par le connétable, déconcerta tout à coup sa résolution. Comme les avis paraissaient plus positifs encore, il vint lui-même à la cour de Moulins, pour s'expliquer de cœur et de tête avec le connétable[10], qu'il ne voulait point jeter en désespéré dans les bras de ses ennemis ; il lui parla des bruits publics, de la certitude d'un plan de conjuration contre sa personne. Le connétable, avec un semblant de franchise, lui avoua sans déguisement que l'empereur Charles-Quint lui avoit envoyé Adrien de Groy, pour lui faire des propositions d'entrer à son service ; que l'injustice qu'on lui avoit faite en le dépouillant de ses fiefs, alloit le rendre pauvre et misérable, et qu'il falloit bien qu'il trouvât emploi de lés mains autre part ; jusqu'ici il n'avoit point accepté. Le roi lui répondit : Mon brave cousin, je vous ferai justice. Et, comme preuve et gage de bon accord, il lui fit promettre de venir le rejoindre à Lyon, royal campement des troupes qui allaient passer les Alpes : une fois en Italie, il reprendroit le titre de lieutenant-général du duché de Milanais, qu'il avoit si glorieusement conquis à la bataille de Marignan. Le connétable s'engagea, mais plus de bouche que de poitrine. Il avait reçu l'avis qu'une fois à Lyon, il serait arrêté, traduit en parlement, si disposé à servir la haine de la duchesse d'Angoulême. Quand le roi le quitta, il était entouré de surveillants et d'espions qui veillaient à tous ses mouvements ; et, parmi eux, un chevalier du nom de Warty, chargé de presser son départ pour l'Italie. Rusé autant que brave, le connétable se mit au lit, comme s'il était saisi d'une fatale maladie ; en son palais, c'était un bruit à ne plus s'entendre, tant il appelait les médecins, les apothicaires ; son teint était pâle et jaune, son regard affaibli. Toutes les fois que Warty s'approchait de son lit, le connétable lui disait : Vous voyez à quel état misérable je suis réduit, la fièvre me dévore. Et, pour éviter tout soupçon, le connétable se faisait porter en litière, marchant ainsi à petites journées pour rejoindre le roi[11], comme s'il avait un dévouement à toute épreuve et que même la souffrance ne dût pas l'arrêter ! Cette supercherie ne pouvait longtemps durer avec le
caractère impétueux du duc de Bourbon. Le jour même qu'il envoya Warty
annoncer au roi son arrivée à Lyon, il prit avec lui six écuyers les plus
fidèles 5 et leur dit : Foi de connétable, je suis
sur mes pieds comme le fut Ferragus et le bel
Astolphe, lorsqu'ils poursuivirent Angélique. Sus, qui m'aime me suive.
Quittant alors sa litière, il monta son cheval fort dextrement, pour de là
s'en aller d'abord dans le château de Chantelle[12], de son domaine
d'Auvergne, fort bien construit avec ponts-levis, herses et tours armées de
coulevrines. Quand il fut là, il fit dire au sire roi : qu'il étoit prêt à traiter avec lui comme son sujet, mais
avec des conditions et des sécurités, sans madame sa mère. Or, dès
qu'il apprit que François Ier, son beau cousin, profondément irrité, faisait
garder toutes les issues, battre la campagne jusqu'aux frontières, il dit : le temps presse, il faut se mettre en campagne et échapper
au lâche Duprat, à ses gens de justice et à madame d'Angoulême, la mère et la
gouvernante de France. Il se mit donc en marche secrètement, comme
s'il allait suivre une aventure de chevalerie. Aussitôt il vit à ses trousses
les espions, les surveillants, qui partout l'environnaient ; et renvoyant sa
troupe, il ne garda plus avec lui qu'un seul serviteur fidèlement dévoué du
nom de Pompérant, brave écuyer qui portait son étendard dans les batailles.
Il avait lu dans les chroniques que le roi Richard, pour échapper au duo
d'Autriche, s'était déguisé en varlet ; ce qu'un roi avait fait, lui le
connétable pouvait l'oser aussi. Que de merveilleuses aventures arrivèrent au
duc de Bourbon avant de gagner les frontières ! ici f traversant le Rhône par
ruse ; là y tombant au milieu des archers de France ; il échappe de leurs
mains par miracle : à Grenoble même il fut au moment d'être reconnu. Mais la
fortune le servit à souhait, et le connétable toucha C'était certes une bien coupable conjuration que celle qui éclatait au moment même d'une coalition et d'une guerre ; l'armée d'Italie, gendarmes, lansquenets se groupaient autour du roi pour sa campagne au delà des Alpes ; et dans ce même temps un complot si vaste l'arrêtait dans ses desseins. Sur-le-champ le roi revint dans ses châteaux d'Amboise, de Fontainebleau, pour suivre de sa personne les trames préparées parle due de Bourbon ; il éprouvait en ce moment le dépit d'avoir été joué par un prince aussi rusé que brave, qu'il espérait arrêter avant les frontières. Il dut se venger sur ses complices et surtout examiner profondément quel était le but de la conjuration, et s'il pouvait abandonner le royaume de France, alors qu'un complot de noblesse se formait sous l'épée du connétable pour ramener les vieux temps féodaux. La royauté pouvait compter sur les gens de justice et les parlementaires, toujours haineux contre les gentilshommes : jeter un noble à l'échafaud, pour eux c'était' victoire ; et d'ailleurs le chancelier Duprat n'était-il pas l'homme de la reine mère, le plus dévoué de ses serviteurs ? L'instruction fut confiée au parlement de Paris, qui déploya bientôt toutes les rigueurs des ordonnances. Dans ce complot il y avait des accusés présents et des
complices qui, abandonnant le royaume, touchaient la terre étrangère, sorte
de bannis politiques réunis autour du duc de Bourbon. Le plus considérable
des accusés présents était ce sire de Poitiers, comte de Saint-Vallier,
toujours si noble et si dévoué[13] : que pouvait-on
lui reprocher ? il avait su le complot ; mais loin de s'y associer, il avait
cherché à en détourner le connétable ; son seul crime était la non révélation
; n'avait-il pas pour excuse sa loyauté envers son cousin, et le serment sur
le bois de la croix : pouvait-il dénoncer son parent, son supérieur ? Ces
nobles sentiments importaient peu aux gens de justice. Mis à la plus dure
question, parce qu'on voulait des aveux, Saint-Vallier ne dit rien, avec sa
fermeté ordinaire ; il souffrit tant dans les cachots pendant l'instruction
qu'il lui prit une fièvre épouvantable, et que, condamné à mort, dans le
trajet de la prison à l'échafaud, ses cheveux blanchirent. Cependant le
glaive ne le toucha pas ; on lui jeta sa grâce, après cette comédie de la
mort. Quelle grâce, juste ciel ! il fut enfermé entre quatre murailles, et on
lui donnait à manger par un trou, comme à une bête fauve. Ici commence le
roman à côté de l'histoire : François Ier, dit-on, se laissa fléchir par
Diane de Poitiers, qui sacrifia son honneur de jeune fille pour sauver son
père ; or, Diane de Poitiers, à qui les écrivains décernent la double
couronne de vierge et martyre, était mariée depuis dix ans. Les archives
contiennent les lettres de grâce qui furent accordées à la demande des
parents et amis charnels de Jean de Poitiers, sieur de Saint-Vallier ;
et c'est pour avoir révélé la conjuration que le comte Maulévrier de Brézé,
le mari de Diane, obtient de la clémence tardive du roi la grâce de son
beau-père[14].
Les autres gentilshommes, jugés avec le comte de Saint-Vallier, appartenaient
a la meilleure noblesse de France ; c'étaient le sire d'Escars, le seigneur
de Le roi ne s'occupa plus à Paris que de la poursuite du grand procès ; à mesure que l'instruction touchait à sa fin, et que la sentence était prononcée, le roi reprit avec plus de vigueur son dessein de passer une fois encore les Alpes pour se mettre à la tête de sa noble chevalerie. Le royaume venait d'être menacé d'un complot, et il allait le quitter peut-être pour longtemps ! Durant cette absence prolongée, il fallait un gouvernement fort, uni, sous une main prudente et décidée ! Indépendamment de l'amour, ardemment dévoué, qui lui faisait tout accorder à la reine mère, une conviction profonde poussait le roi à lui confier le gouvernement absolu du royaume pendant la campagne d'Italie. La reine mère était l'ennemie naturelle du duc de Bourbon ; par son caractère, par sa ténacité et ses antipathies même, elle surveillerait donc attentivement les nobles, affiliés aux complots qui en voulaient plus encore à la duchesse d'Angoulême qu'au roi de France : quelle plus forte digue opposer à leurs desseins que l'administration de la mère du roi ? La lecture attentive des lettres de régence constatent cette préoccupation ; signées à Gien-sur-Loire[15], registrées au parlement de Paris et à la chambre des comptes, ces lettres contiennent un véritable manifeste sur la situation des affaires : Si le roi quitte son royaume, c'est qu'on lui a enlevé le duché de Milan, la seigneurie de Gênes, héritage de ses prédécesseurs : falloit-il laisser les ennemis maîtres paisibles de cet héritage et renier paisiblement les domaines de ses ancêtres ? Le roi jugeoit donc nécessaire de mettre sur pied une armée considérable, et de se placer à la tête de ses gens d'armes. Chaque province, sans doute, étoit bien gardée par les lieutenants gouverneurs, francs archers et gens d'armes, mais il falloit une tête et une direction à ce gouvernement : qui mieux choisir que la duchesse d'Angoumois, d'Anjou et du Maine, une fois déjà régente du royaume de France avec une incontestable habileté. Cet édit sur la régence était des plus étendus, et le
pouvoir de la reine mère immense, à ce point de nommer
tous les gouverneurs, faire venir à ses ordres le parlement, lever le ban et
arrière-ban, francs archers, changer les garnisons, disposer de tout office
et état, en créer de nouveaux, signer les abolitions de peine ; accorder même
des lettres de noblesse ; taxer tout service, faire statuts et ordonnances.
La constitution d'une régence dans sa plus large expression s'explique par
les circonstances et le récent procès du connétable de Bourbon ; quand un
pouvoir a été attaqué par une conjuration, s'il survit et qu'il la comprime,
il devient plus fort, plus absolu ; et telle était la situation de la
duchesse d'Angoulême ; elle seule avait persécuté le connétable de Bourbon,
contre elle le connétable avait levé son épée, et les complices avaient juré de la faire entrer dans un lieu d'où elle ne sortifoit
plus. Dès lors une fois la conjuration échouée, le roi devait lui
confier le pouvoir, parce qu'elle l'exercerait nécessairement dans un intérêt
de répression indispensable durant la crise. Autour de la reine mère, et
comme l'expression de sa secrète pensée, était lé chancelier Duprat, le plus
dévoué des magistrats à la couronne, et qui visait au rôle de Wolsey en
Angleterre. Or, ce chancelier Duprat devait essentiellement se montrer
inflexible, parce que comme la reine il avait été menacé dans son pouvoir et
dans sa vie même ; maître du parlement, il le mènerait dans le sens des
désirs du roi. Aussi tous les partisans de la reine furent-ils placés autour
d'elle par des avancement rapides : le chancelier Duprat fut désigné pour la
pourpre du cardinalat f Robertet devint le secrétaire intime du roi de France
; l'avocat général Lizet fut premier président du parlement, et Poyet, simple
avocat, conseil de la duchesse, eut l'espérance de la simarre. Tout l'hiver de cette régence fut rempli par le procès des complices du connétable de Bourbon ; et le parlement demeura dans le plus cruel exercice de son autorité[16] ; on n'entendait parler que de la question, de chaînes et de roues de fer, appliquées aux plus fiers gentilshommes pour leur faire avouer ce qu'ils avaient juré de ne point révéler sur la vraie croix. Chaque soir Duprat rendait compte à la reine mère des progrès de l'instruction et des arrêts rendus, ne dissimulant pas qu'un mécontentement général s'élevait partout par suite des ravages des gens de guerre et des exactions des financiers. Deux édits furent rendus avant le départ du roi pour son expédition : l'un tout relatif à la répression des aventuriers, pillards et mangeurs de peuples, défendit, sous peine de mort, de lever gens de guerre sans permission du roi[17]. C'étoit pitié à voir que les grands corps de ces aventuriers, qui n'ont cessé de piller, pulluler, persévérer et continuer en leur meschanceté et malheureuse vie ; ainsi procédant de mal en pis, se sont assemblez par grosses trouppes, bandes et compaignies, et se confians en leur multitude, se sont plus élevez que devant ; et contemnant Dieu, justice et nois dictes ordonnances, outre mesure multiplient leurs pilleries, cruautez et meschancetez ; jusques à vouloir assaillir les villes closes ;, les aucunes desquelles ils ont prinses d'assaut, saccagées, robbées et pillées, forcé filles et femmes, tué les habitants inhumainement, et cruellement traitté les aucuns en leur crevant les yeux et coupant les membres les uns après les autres, sans en avoir aucune pitié, faisant ce que cruelles bestes ne feroient, à nos bons et loyaux subjets, qui les avoient traittez et donné de leurs biens. Desquelles choses advertis, à merveilleux regret et desplaisir, avons par lettres missives, escrites aux gouverneurs des pays et provinces de nostre royaume, déclaré lesdits aventuriers, ennemis de nous et de la chose publique de nostre royaume. Cette ordonnance, fortement répressive, révèle la plaie profonde des gens de guerre qui, sans respect pour aucune nationalité, pillaient amis ou ennemis avec la même rapacité. Lansquenets, soudards d'Allemagne, quels motifs avaient-ils de ménager le pauvre peuple ? L'autre édit réglait l'administration générale des
finances[18]
: toutes les recettes devaient se concentrer au trésor royal, lequel serait
placé au château de Blois pour tout ce qui concernait le domaine ; les
tailles également y seraient portées et mises dans les caveaux, afin de faire
la paye à tous sur le bordereau vérifié par le trésorier des épargnes, et
desquels on ferait quittance. Un triple état serait continuellement soumis au
roi, afin de balancer et vérifier lui-même les recettes et les dépenses. Car, dit l'édit, il faut
éviter la crue de taille, retranchement de gages, emprunts et autres moyens
vexatoires sur nos sujets ; et cependant on doit entretenir grosse et
puissante armée en Italie pour le recouvrement du duché de Milan. Vers
cette campagne d'Italie se tournait en effet toute l'affection de François
Ier ; sa plus grande douleur fut d'être forcé de s'arrêter tout un hiver
avant de passer les Alpes. Le procès du connétable exigeait sa présence ;
c'était le grand intérêt du royaume, et il ne pouvait l'abandonner avant
qu'il fût accompli. Ensuite il devait approfondir l'étendue du mal et savoir
ce qu'il adviendrait de son absence : tout l'inquiétait. Comment allait-il
trouver l'Italie ? quel résultat allait produire la présence du connétable de
Bourbon sous les tentes de l'ennemi ? Le roi demeura donc plein d'impatience
jusqu'à ce que la belliqueuse trompette sonnât le départ en son château de
Blois. Et il faut dire en l'honneur de la chevalerie, qu'il j eut peu de
félons et de discourtois paladins ; chacun, à l'envi, préparait ses armes,
car |
[1] En voici une preuve : Lettre d'un banquier de Milan au roi. — Mss. de Béthune, vol. coté 8875, fol. 84.
Sire, tant et si très humblement que faire puis, me recommande à votre bonne grâce. Sire, j'ay receu vos lettres du XXIIIe jour, et veu les trois lignes qu'il vous a pleu m'escripre de votre main, moy mandant que oultre ce que j'ay fourny pour vos affaires de par de ça depuis la capitulation de Bompins, que je veuille trouver argent pour le payement de 40 mille Souysses moyennant l'ayde de mes parants et amys. Sire, il est vray que l'honneur qu'il vous a pleu moy faire à m'escripre de votre main je l'estime grand, mais il ne me sçauroit eschaufer davantage le bon vouloir que j'ay de vous faire service de toute ma puissance ; et sans actendre vos lettres, j'avois pourveu au payement de VI mille homes de pied de ce pays pour ung mois et demy et pour VI mille Souysses, congnoissant la descente d'eulx estre nécessaire pour la conservation de votre Estat de par de ça, en manière que de mes amys que du mien depuis ung mois en ça j'ay fourny environ six vingt mil L. et verray avec l'aide de Mgr de Lautrec de trouver l'entier payement des X mille Souysses pour ung moys, en actendant estre secouru du cousté de par della, ainsi que me mandez, car de passer plus oultre sans les d. secours de par délia je ne le sçaurois faire, et si votre bon plaisir sera de moy faire rambourser pour tout le prouchain moys d'aoust de ce que j'ay desboursé, vous pouvés estre asseuré que faulte d'argent vos affaires de par de ça ne se porteront point mal, vous suppliant très humblement qu'il vous plaise moy faire advertir du dit remboursement. Sire je prie notre Seigneur vous donner très bonne vie et longue. De Millau le XXIXe jour de juillet. Joffroy Frégos.
[2] Le baptême et le festin furent si somptueux, qu'un roi de France eut été bien empêché d'en faire un pareil, tant pour la grande abondance des vivres, que pour les tournois, mascarades, danse et assemblées de gentilshommes : car il s'y en trouva fort grand nombre. Il y en avoit cinq cents habillés tous de velours, que tout le monde ne porloit pas en ce temps là, et chacun une chaîne d'or au col, faisant trois tours, qui étoit pour lors une grande parade et signe de noblesse et richesse. (Brantôme, Vies des hommes illustres.)
[3] Cet enfant mourut au commencement de 1521, et sa mère le 28 avril de la même année à Châtellerault.
[4] Madame de Savoie met la plus grande importance à ce procès contre le connétable. Voici sur ce point une pièce décisive.
Lettre de madame d'Angoulême à M. de Semblançay. — Bibl. des Célest., collect. de M. Menant, auditeur et doyen de la chambre des compt., tom. VIII, fol. 85.
Monsieur de Samblançay, considérant de quelle importance m'est Taffaire que j'ay de présent à la maison de Bourbon et que l'enjournement sera le principal de la matière, j'ay délibéré de faire faire le voyage de Paris à M. de Senlis pour se trouver à la première assignation et faire par delà ce que par luy entendrés et pour ce je vous prie adviser par ensemble de quels gens je me pourrai servir aux d. affairre et de l'ordre et provisions qu'il y faudra donner tant de la despence qui se y fera que autres choses nécessaires, car lad. matière vaut bien que je ne m'y espargne riens et que la poursuitte se face honnorablement et discrettement, tant pour l'acquit de ma conscience et que je n'entrepreigne chose qui ne soit soutenable que aussy pour la conservation de mes droits et remettant le surplus à Mons. de Senlis ; autre n'aurez pour ceste heure vous disant adieu lequel, je prie vous avoir en sa garde. Escript de Cremieu le VIIe jour de juing. Loyse.
[5] Procès Mss., Bibliothèque du Roi, vol, cot. L., 647.
[6] Procès manuscrit du connétable de Bourbon, vol. cot. L., 647.
[7] Diane de Poitiers, née le 3 septembre 1499, épousa à l'âge de treize ans Louis de Brézé, comte de Maulévrier, dont la mère était fille naturelle de Charles VII et d'Agnès Sorel.
[8] Interrogatoire de St-Vallier du 12 octobre 1523.
[9] Ce fut le comte de Brézé-Maulévrier qui en donna connaissance au roi : sa lettre datée du 10 août 1523 portait : Qu'un prêtre étoit venu le trouver pour lui déclarer que deux hommes de qualité de la province lui avoient appris en confession qu'un des gros personnages du royaume et de sang royal, qu'ils ne lui avoient pas nommé, conspiroit contre l'État avec l'empereur et le roi d'Angleterre. (Mss., Bibl. du Roi, vol. cot. L, 647.)
[10] Belcar, lib. XVII, n° 46.
[11] Dépositions de Perrot de Warty des 17 et 19 septembre 1623.
[12] A son château, le duc de Bourbon écrit à François Ier :
Monseigneur, je vous ai écrit bien amplement par Perot de Warty ; depuis je vous ai dépêché l'évêque d'Autun présent porteur, pour de tant plus par lui vous faire entendre la volonté que j'ai de vous faire service. Je vous supplie, monseigneur, le vouloir croire de ce qu'il vous dira de par moi, et vous assurer sur mon honneur que je ne vous ferai jamais faute. De notre maison de Chantelle, le VII de septembre.
A cette lettre était jointe une instruction conçue en ces termes : Qu'il plaise au roi faire rendre les biens de feu monsieur de Bourbon y il promet de le bien et loyauement servir, et de bon cueur, sans lui faire faute, en tous endroits où il plaira audit seigneur, toutes et quantes fois qu'il lui plaira, et de cela il l'en assurera jusqu'au bout de sa vie, aussi qu'il plaise au dit seigneur pardonner à ceux auxquels il veut mal pour celui affaire, et avoir signé les dites instructions de sa main.
[13] Procès criminel fait contre messire Charles de Bourbon, chevalier de l'ordre du roy, prince et connestable de France, et messire Jean de Poitiers, aussi chevalier de l'ordre, sieur de Saint-Vallier. — Mss., Bibl. du Roi. Rec. de pièces in-4°, vol. coté L, 647, page 20.
Les pièces de ce procès sont :
Lettre du grand seneschal de Normandie.
Information sur lettres du grand seneschal de Normandie.
Confession de St.-Vallier prisonnier au donjon du château de Loches, du vendredy 23 octobre 4523 après disner.
Du samedy, 24 jour dud. moys au matin, au d. château de Loches, devant MM. de Selve et de Louynes.
Arrest contre St.-Vallier.
Dégradation de l'ordre du d. St.-Vallier.
Exécution de l'arrest contre led. St.-Vallier.
Rémission de St.-Vallier.
Lettre de surséance pour St.-Vallier.
Prononciation de l'arrest de Bourbon.
Estat et ordre de la séance du roy, en sa dite cour, pour la prononciation du d. arrest.
[14] Voici ces lettres de grâce datées de Blois, février 1524.
Comme puis naguères notre cher et féal cousin, conseiller et chambellan le comte de Maulévrier-Brezé, grand sénéchal de Normandie, et les parents et amis charnels de Jean de Poictiers, sieur de St.-Vallier, nous ayant en très grande humilité supplié et requis avoir pitié et compassion du dit de Poictiers, sieur de St.-Vallier. Nous ayant considération aux dits services, et principalement à celui que le dit grand sénéchal nous a fait en découvrant les machinations et conspiration, etc.
[15] Gyen sur Loyre, 12 aoust 1523. — Pouvoir de régence de madame, mère du roy. — Mémorial de la chamb. des compt. CC, fol. 246. — Mss. de Béthune, vol. coté 8623, fol. 63.
[16] Lettres patentes envoyées au parlement pour l'instruction du procès dirigé contre le connétable Charles de Bourbon, pendant l'absence du roi. — Tours, 2 juin 1524. Rec. Manuscrit, Bibl. Royale, vol. 9719.
[17] Lyon, 25 septembre 1523. — Fontanon, tom. III, pag. 168.
[18]
Blois, 28 décembre 1523. — Mém. de la ch. des compt. DD. — Fontanon, tom. II, pag. 618.