VIE ET MORT DE BYZANCE

LIVRE PREMIER. — L'EMPIRE ROMAIN UNIVERSEL (395-717)

 

CHAPITRE UNIQUE.

 

 

1. Comment l’Empire d’Orient acquit son indépendance

 

L’Empire d’Orient fut constitué à la mort de Théodose (janvier 395), dans ses limites territoriales. Pour saisir la portée de cet événement, il faut se rappeler que la division de l’Empire romain entre Arcadius et Honorius n’avait aucun caractère immuable, que les deux moitiés du monde romain vivaient presque toujours séparées depuis Dioclétien[1] et que ce fut une circonstance imprévisible, l’établissement des peuples germaniques en Occident, qui rendit définitive une division destinée à rester transitoire. Pendant qu’en Occident les chefs des milices fédérées ruinaient l’autorité impériale, l’Empire d’Orient échappait à cette mainmise. L’expulsion de ces milices hors de son territoire est le premier chapitre de ses annales, le fondement même de son indépendance, après des luttes qui durèrent près d’un siècle (395-488).

Théodose n’avait rien trouvé de mieux pour défendre l’Empire que d’y cantonner les Goths en masses compactes et de conférer les plus hauts grades de l’armée à leurs chefs nationaux. De là chez ceux-ci des ambitions jamais satisfaites et des révoltes, accompagnées de pillages, comme celle d’Alaric (395-397) qui, par bonheur pour l’Orient, alla chercher fortune en Italie avec son peuple wisigoth[2].

Même ambition chez Gaïnas, un autre général goth de Théodose, qui fit assassiner le préfet du prétoire Rufin (novembre 395). Chargé de réprimer la révolte du chef des fédérés goths d’Asie Mineure, Tribigild, il s’entendit avec le rebelle et, reparaissant en maître à Constantinople, il exigea d’Arcadius l’exécution de son ministre favori, l’eunuque Eutrope. Mais pour la première fois les populations civiles réagirent. En Asie Mineure des troupes de paysans s’opposèrent efficacement à Tribigild. A Constantinople il y eut un tel soulèvement contre les Goths qu’ils évacuèrent la ville avec armes et bagages et que Gaïnas les suivit (12 juillet 400)[3].

Le pouvoir civil l’emporta momentanément à Constantinople, mais, après la mort de Théodose II sans héritier mâle, sa sœur, Pulchérie, qu’il avait associée au trône, dut, pour le conserver, épouser un soldat obscur, Marcien, chef de la garde des buccellaires de l’Alain Aspar, comte, maître de la milice et consul en 434, chef renommé et très populaire chez les fédérés[4]. Il n’est pas douteux qu’Aspar, que sa foi arienne écartait du trône, ait imposé son protégé à Pulchérie. Marcien étant mort le 26 janvier 455, Aspar le remplaça par un autre de ses clients, le Thrace Léon, simple tribun d’une troupe d’intendance (7 février 457)[5]. La dynastie théodosienne était éteinte[6], il n’y avait plus d’empereur en Occident depuis la déposition d’Avitus (octobre 456) et pendant treize jours, du 26 janvier au 7 février 457, le trône fut vacant dans les deux moitiés du monde romain. Genséric à Carthage, Théodoric II à Toulouse, Ricimer à Ravenne, Aspar à Constantinople en étaient les maîtres[7]. Il entrait dans les projets d’Aspar de fonder une dynastie en faisant occuper le trône par Léon jusqu’à ce que son jeune fils, Patricius, qui serait d’abord créé César, fût en âge de lui succéder[8], mais, s’il s’était flatté de trouver dans son protégé un instrument docile, il ne tarda pas à être détrompé.

Effrayé en effet de la place que son protecteur tenait dans l’État, Léon opposa aux troupes gothiques une milice indigène recrutée dans la population guerrière des montagnes d’Isaurie, maria sa fille aînée Ariadne à leur chef, Tarasicodissa, qui échangea son nom barbare contre celui de Zénon, lui donna à commander un corps de sa garde, puis le nomma magister militum per Orientem à la place du fils aîné d’Aspar (466-467). Une lutte terrible commença entre les deux milices et le premier acte de cette tragédie se termina par le meurtre d’Aspar et de ses fils, attirés par traîtrise dans un festin (471)[9].

Il en résulta entre les Isauriens et les fédérés ostrogoths cantonnés en Pannonie une guerre civile qui désola l’Empire pendant vingt ans. Les provinces en faisaient malheureusement les frais et les belligérants ne suspendaient leurs hostilités que lorsque la région qu’ils pillaient ne pouvait plus les nourrir[10]. Après la mort de Léon, la succession au trône devint l’enjeu de la lutte. Le beau-frère du défunt, Basiliscus, favorable aux Goths, parvint à se substituer à Zénon qui se réfugia en Isaurie, mais après vingt mois de règne il fut renversé lui-même[11] et Zénon restauré dut faire face à l’ensemble des fédérés gothiques. A son principal adversaire, Théodoric Strabo (le Louche) il opposa son homonyme, Théodoric l’Amale, le futur conquérant de l’Italie, gardé en otage à Constantinople depuis 459[12], mais les deux princes s’unirent contre lui. Zénon ayant réussi à détacher Strabo de cette alliance (478), l’Amale continua la guerre et, déjà politique avisé, traversa la Macédoine et, s’emparant de Dyrrachium, en fit une place de sûreté. Il parvint ainsi à obtenir de Zénon des titres, de l’or et un cantonnement pour son peuple en Mésie (483), puis, au bout de quatre ans, les ressources de cette province étant épuisées, il marcha sur Constantinople dont il vint ravager la banlieue[13]. Tout était à recommencer.

Ce fut alors que les adversaires se mirent d’accord pour adopter une solution dont les conséquences historiques devaient être considérables. Théodoric fut chargé de reconquérir l’Italie, au pouvoir d’Odoacre et des Hérules depuis 476[14]. Au printemps de 488, il évacuait la Mésie et entraînait son peuple vers des destinées nouvelles. La question des milices gothiques était résolue ; celle des milices isauriennes, aussi dangereuses pour le pouvoir, ne l’était pas encore.

En effet, après la mort de Zénon (9 avril 491), Longin, son frère, s’entendit avec les Isauriens pour se faire proclamer empereur, mais la veuve du défunt, Ariadne, gagna le sénat et fit élire un dignitaire âgé de 60 ans, le silentiaire Anastase[15]. Aussitôt les Isauriens prirent les armes, mais le nouveau prince rassembla d’autres troupes et les expulsa de Constantinople. Loin d’accepter leur défaite, ils regagnèrent leur pays, formèrent une nouvelle armée et prirent la route du Bosphore. Anastase improvisa aussi une armée qui arrêta et battit les rebelles à Cotyæon (Kutayeh) en Phrygie et les força à se réfugier dans le Taurus, où ils tinrent encore la campagne pendant six ans (491-497)[16].

Au cours de sa longue histoire, l’Empire d’Orient devait être encore bien des fois troublé par des révoltes militaires, mais qui ne furent que des querelles entre prétendants au trône. Le danger auquel il échappa au Ve siècle, la conquête, l’absorption par des milices étrangères, le menaçait au contraire dans son existence. Et ce fut parce qu’il évita le sort funeste qui avait accablé l’Occident, qu’il perpétua sur le Bosphore la tradition de l’Empire romain, dont il se considérait à bon droit comme l’héritier légitime.

Et pendant ces luttes tragiques l’Empire d’Orient avait eu à se défendre contre d’autres périls non moins pressants. Sa frontière du Danube était menacée par les Huns auxquels il versait un véritable tribut sous forme d’annone et il en enrôlait un certain nombre dans ses armées. Ces relations pacifiques furent rompues lorsque leurs hordes éparses et les peuples qu’elles avaient soumis furent rassemblés sous le commandement unique du chef impitoyable et insatiable qu’était Attila. Des expéditions de pillage ravagèrent les provinces balkaniques en 435, en 441, en 447, chacune suivie d’un traité de plus en plus onéreux pour l’Empire[17]. Il en fut ainsi jusqu’au jour où les exigences d’Attila se heurtèrent à la fermeté de Marcien, qui refusa d’acquitter le tribut promis par le honteux traité de 449[18]. Attila, semble-t-il, n’osa essayer de forcer la grande muraille de Constantinople, construite par le préfet Anthémius en 413 et restaurée à la hâte par Cyrus, lors de l’invasion de 447[19]. Les Huns prirent subitement la route de l’Occident, libérant ainsi Byzance de leur menace perpétuelle.

En Asie la paix régna jusqu’à la fin du Ve siècle avec la Perse sassanide et nulle circonstance ne pouvait être plus favorable à l’affermissement du jeune Empire d’Orient. Les deux États se considéraient comme les seuls civilisés et leur solidarité en face des barbares s’affirmait par la défense à frais communs des passes du Caucase contre les Huns Ephtalites qui menaçaient également les deux empires. Ce fut justement le refus par Anastase de verser la subvention habituelle en 496 qui provoqua une guerre de trois ans (502-505) dont le théâtre fut la Haute Mésopotamie. Par le traité signé entre Anastase et Kawadh, les Perses restituèrent, moyennant une forte indemnité, les villes qu’ils avaient prises et, pour assurer la frontière, Anastase fonda en face de la ville perse de Nisibe la puissante forteresse de Dara[20].

Obligés de défendre l’existence même de leur État, les souverains de Constantinople ne pouvaient songer à s’opposer aux entreprises des milices barbares en Occident. Les interventions de Léon pour placer sur le trône occidental des hommes de la valeur d’un Majorien (457 461) et d’un Anthémius (467-472) furent stériles[21]. Plus efficace aurait pu être la lutte contre les Vandales, dont la marine menaçait les deux moitiés de l’Empire et venait écumer les côtes de Grèce. Mais les tentatives dirigées contre Carthage se heurtèrent à la diplomatie cauteleuse et à la perfidie de Genséric, qui sut par des négociations rendre inutile la flotte qui avait fait escale en Sicile en 441[22], et déjouer la coalition formée contre lui par les deux empires en 468 en incendiant la magnifique armada que Léon avait eu le tort de confier à l’incapable Basiliscus[23]. Par la paix perpétuelle signée en 475 entre Zénon et Genséric[24], renouvelée par Anastase et Trasamond[25], l’Afrique semblait échapper définitivement à l’Empire.

Et tout en conquérant son indépendance, Byzance prenait déjà la physionomie caractéristique qui persista pendant toute son histoire, romaine par ses traditions, hellénique par sa culture, orientale par ses méthodes de gouvernement, qui donnaient souvent une place exagérée dans l’État à l’entourage privé du prince, aux eunuques de son cubiculum, aux impératrices et aux princesses qui se disputèrent le pouvoir sous les deux derniers représentants de la dynastie théodosienne[26].

Ce ne fut donc pas à ces princes dégénérés, qui passèrent une existence oisive, confinée au Grand Palais, que l’Empire d’Orient dut son salut, mais aux hommes d’État d’origine romaine, un Aurélien, un Anthémius, dont ils surent parfois s’entourer, et aussi aux hommes nouveaux qui furent leurs successeurs et, à défaut de qualités brillantes, eurent l’énergie nécessaire pour défendre l’État contre les périls qui le menaçaient.

C’est à ces bons serviteurs qu’est due l’activité législative de cette époque, et d’abord le premier recueil officiel des constitutions impériales, rassemblées jusque-là dans des collections privées, le Code Théodosien, promulgué au nom de Théodose II et Valentinien III le 15 février 438[27] et complété par un grand nombre de novelles, recueillies plus tard par le Code Justinien.

Byzance revendiquait ainsi l’héritage de Rome et manifestait en même temps son activité créatrice, mais ce qui est plus remarquable encore, l’État prit à sa charge la sauvegarde de la culture antique par la fondation au Capitole d’un auditorium, véritable Université dotée de 31 chaires partagées entre les langues grecque et latine[28], point de départ d’une tradition qui devait se perpétuer jusqu’aux derniers jours de l’Empire.

Cependant, des maux qui dataient de loin rendaient la situation intérieure incertaine : le développement inquiétant de la grande propriété qui mettait en péril l’autorité de l’État, la fiscalité qui dépeuplait les campagnes et ruinait les bourgeoisies urbaines, l’indiscipline du peuple des grandes villes favorisée par les factions du Cirque, surtout l’agitation religieuse génératrice de révoltes et de difficultés insurmontables.

C’était d’abord la lutte contre le paganisme, encore très répandu dans les hautes classes et dans les campagnes en dépit des édits impériaux, en Grèce, où l’Université d’Athènes était comme son dernier refuge, en Égypte[29], en Syrie[30], à Constantinople même, où des chaires officielles étaient occupées par des païens[31]. L’action du gouvernement, obligé à des ménagements, était souvent dépassée par des explosions de fureur populaire qui ensanglantaient les villes[32]. Une tentative comme celle de Pamprepios pour rétablir le culte aboli montre qu’à la fin du Ve siècle la question du paganisme était toujours pendante[33].

De même l’application des édits impériaux contre les hérésies condamnées par les conciles était une source de difficultés. Les milices fédérées qui professaient l’arianisme s’étaient fait concéder le libre exercice de leur religion et même plusieurs églises de Constantinople, qui leur furent retirées après la chute de Gaïnas[34].

Mais l’agitation la plus dangereuse était due aux conflits qui régnaient entre les théologiens. Spéculant sur les dogmes, ils cherchaient à s’appuyer sur le pouvoir impérial et à soulever l’opinion populaire pour imposer leurs doctrines, d’où les schismes, les émeutes, les persécutions et les menaces de guerre civile. Dès le début du Ve siècle les controverses étaient si acharnées qu’on en discutait passionnément dans les boutiques de Constantinople[35]. La lutte portait sur la définition de la nature du Christ, homme, né d’une simple femme, qui par ses vertus avait mérité de s’unir au Verbe éternel d’après l’école d’Antioche, resté Dieu dans sa vie terrestre sans confusion avec la nature humaine d’après celle d’Alexandrie[36]. Les deux doctrines, l’une rationaliste, l’autre mystique, mettaient en péril le dogme de l’Incarnation reconnu par le concile de Nicée. Celle des deux personnes et des deux natures, soutenue par le patriarche de Constantinople Nestorius (428-431), fut condamnée, grâce à l’autorité du patriarche d’Alexandrie, Cyrille, au concile œcuménique d’Éphèse (431)[37]. Nestorius fut déposé et ses adhérents expulsés de l’Empire portèrent sa doctrine en Perse, d’où elle devait rayonner jusqu’en Chine[38].

La doctrine de la nature unique du Christ (monophysite) fut défendue par un moine de Constantinople, Eutychès, qui fut excommunié par le synode patriarcal en 448[39], mais que Dioscore, successeur de Cyrille à Alexandrie, essaya de faire réhabiliter dans un concile tumultueux, connu sous le nom de brigandage d’Éphèse (août 449)[40]. Pour calmer l’agitation qui s’ensuivit, Marcien et Pulchérie convoquèrent à Chalcédoine un concile œcuménique qui déposa Dioscore et approuva la doctrine exposée par le pape Léon, à qui Eutychès avait fait appel, dans sa lettre dogmatique : un seul Seigneur en deux natures sans confusion ni séparation[41] (octobre 451).

Loin de ramener la paix, le concile de Chalcédoine, dont les décisions furent rendues obligatoires par des édits impériaux, provoqua un soulèvement dans tout l’Orient, un schisme dans chaque église, des troubles graves en Égypte[42]. Pendant son règne très court (475-476), Basiliscus força les évêques à signer son Encyclique, qui le rejetait. Poussé par le patriarche Acace, Zénon publia en 482 un Édit d’union (Henotikon) qui n’eut d’autre résultat que de provoquer un schisme de 34 ans (484-518) entre Rome et Constantinople[43].

Telle était la situation au moment de l’avènement d’Anastase. Son règne, une fois la menace des milices barbares conjurée, aurait pu être réparateur, car ce modeste silentiaire se montra excellent administrateur. Soucieux d’assurer la sécurité de l’Empire, il restaura les places fortes des frontières, réorganisa les corps de limitanei, chargés de les défendre, et protégea les abords de Constantinople par la construction de son Long Mur[44]. Pour remédier à la mauvaise administration des villes, il publia une loi hardie, inspirée par son conseiller le Syrien Marinus, préfet du prétoire, — en attribuant leur administration à un fonctionnaire d’État[45]. En supprimant les dépenses inutiles, il allégea les charges des populations et remplit le trésor public[46], mais, en dépit de ces sages réformes, à cause de sa politique religieuse, il laissa l’Empire dans un état troublé.

Par son passé en effet il était suspect de sympathies pour les monophysites et, avant de le couronner, le patriarche Euphemios exigea de lui une profession de foi par laquelle il s’engageait à respecter les décrets de Chalcédoine[47]. Ménageant d’abord les orthodoxes, il fit, pour mettre fin au schisme avec Rome, plusieurs tentatives sans résultat[48], puis il se mit à favoriser ouvertement les monophysites, déposant successivement Euphemios (496), puis son successeur Macedonius (511), puis Flavien, patriarche d’Antioche, remplacé en 512 par le grand théologien du parti monophysite, Sévère[49]. Une véritable terreur régna dans le clergé orthodoxe, dont les résistances étaient punies de dépositions et d’exil. Des émeutes qui éclatèrent à Constantinople furent réprimées cruellement et en 513, prenant en main la cause des orthodoxes, le comte Vitalien, petit-fils d’Aspar, chef de l’armée du Danube, se révolta et, avec des alternatives de succès et de revers, tint la campagne jusqu’à la mort d’Anastase en 518[50]. Après avoir donné aux monophysites des positions inexpugnables qui rendaient toute conciliation impossible, Anastase laissait l’Empire en proie à des divisions irrémédiables et menacé d’une guerre civile.

 

2. L’Œuvre de restauration de Justinien.

 

Partant des résultats acquis par les empereurs du Ve siècle, Justin et surtout Justinien entreprirent de les compléter, en rendant la paix religieuse à l’Empire et en restaurant l’Orbis romanus dans son intégrité.

Anastase laissait trois neveux, mais son principal ministre, l’eunuque Amantius, dévoué aux monophysites, voulait donner le trône à l’un de ses familiers[51]. Déjouant ses projets, le Sénat, d’accord avec le peuple de Constantinople, proclama empereur le comte des excubiteurs Justin. Agé de 68 ans, d’une famille de paysans macédoniens de la région de Skupi (Skoplje), fils de ses œuvres et peu lettré, il avait fait sa carrière dans l’armée. Il était attaché à l’orthodoxie du concile de Chalcédoine[52] (9 juillet 518).

Sans enfants, Justin avait adopté son neveu Fl. Petrus Sabbatius Iustinianus, né à Tauresium en 482[53], et lui avait fait donner une brillante et solide instruction. Une fois empereur, Justin résolut d’en faire son successeur et lui conféra titres et honneurs. Consul en 521, Justinien se rendit populaire par ses dépenses fastueuses[54]. Catholique zélé, il prit la plus grande part au rétablissement de l’orthodoxie.

Six jours après l’avènement de Justin, le patriarche Jean, entouré par une foule déchaînée, dut monter à l’ambon et reconnaître le concile de Chalcédoine[55] et un édit de Justin exigea la même adhésion de tous les évêques et de tous les sujets de l’Empire[56]. Une réaction violente contre les monophysites agita tout l’Orient. A Antioche, Sévère fut remplacé par un orthodoxe et s’enfuit à Alexandrie[57]. Les dépositions et exils d’évêques, les persécutions contre les moines, surtout en Syrie, furent nombreuses[58]. Après de longues négociations entre Justin et le pape Hormisdas, auxquelles Justinien participa, des légats pontificaux vinrent à Constantinople et mirent fin au schisme qui durait depuis 34 ans[59].

Dans son zèle orthodoxe, Justin publia (vers 524) un édit contre les ariens, qui atteignait les Goths et autres Germains au service de l’Empire et fit fermer leurs églises à Constantinople[60]. Il en résulta un conflit avec Théodoric qui menaça d’user de représailles et força le pape Jean Ier à se rendre à Constantinople pour demander l’abrogation de l’édit. Reçu avec les plus grands honneurs, le pape obtint seulement que les fédérés goths en fussent exceptés[61]. Théodoric mécontent jeta le pape dans une prison où il mourut et prépara un édit de confiscation des églises orthodoxes, mais il termina lui-même ses jours le 30 août 526[62]. Moins d’un an après, Justin mourait à son tour (1er août 527), après avoir conféré le titre d’Auguste à son neveu et l’avoir fait couronner par le patriarche avec sa femme Théodora[63].

Justinien fut donc reconnu empereur sans difficulté. Pendant le règne de son oncle il avait pu se faire une idée des obstacles qu’il rencontrerait sur sa route : turbulence du peuple de Constantinople et des factions du Cirque, résistance des Orientaux aux édits orthodoxes de Justin, conflits avec la Perse. Doué de qualités brillantes, possédant un savoir encyclopédique et une grande facilité d’assimilation, avec un goût particulier pour la théologie, il manifesta son activité dans tous les domaines, tranchant lui-même toutes les questions du fond de son palais, qu’il ne semble jamais avoir quitté pendant tout son règne, menant une vie très simple, presque ascétique, mais soucieux de faire respecter le prestige impérial par la magnificence des cérémonies et attaché à la tradition de l’ancienne Rome, dont il rappelait avec fierté les fastes dans ses édits[64]. Faire régner l’ordre par la force des lois dans l’État comme dans l’Église, tel était le premier article de son programme. Mais cet homme, dont la volonté était en apparence si absolue, qui se considérait comme seul responsable devant Dieu du salut de l’Empire, qui voulait tout voir par lui-même et décider tout en dernier ressort, se défiait des volontés indépendantes de la sienne et employait souvent des subalternes dont il subissait l’influence. Parmi ses collaborateurs l’impératrice Théodora tient la première place. D’origine très basse, ancienne actrice qui figurait au Cirque dans les tableaux vivants, elle mena sur le trône une vie irréprochable, fondant des monastères, aimant le faste et la représentation[65], comblée d’honneurs par son époux, qui appréciait la solidité de son esprit et la consultait souvent. Très pieuse, mais attachée par ses origines à la doctrine monophysite, elle protégeait ouvertement ses coreligionnaires et son action devait être prépondérante dans la politique religieuse de Justinien[66].

Le règne de Justinien, qui dura 38 ans, se partage en trois périodes très nettes. De 527 à 533, il élabore et précise son programme de gouvernement, acquiert l’autorité et le prestige et manifeste son désir de réaliser l’unité dans tous les domaines. La période suivante (533-540) est celle de l’action victorieuse ; la dernière période, la plus longue, est celle des difficultés et des revers (540-565).

La première pensée de Justinien paraît avoir été de réaliser l’unité législative et d’établir l’enseignement du droit sur la base inébranlable de la jurisprudence romaine. Sept mois après son avènement, le 23 février 528, il nommait une commission chargée de rédiger un nouveau code des constitutions impériales, en éliminant les lois périmées et en y agrégeant les nombreuses novelles postérieures à la publication du Code Théodosien[67]. Le 7 avril 529, le Code Justinien était promulgué[68], mais dès 534 l’empereur en publiait une deuxième édition, la seule qui nous soit parvenue. Le 25 décembre 530, une commission présidée par Tribonien dut extraire de l’œuvre des anciens jurisconsultes les règles de droit privé toujours applicables et en constituer un code. Ce fut le recueil des Pandectes ou Digeste, promulgué le 15 décembre 533. Le 21 novembre précédent, la publication des Institutes, manuel destiné à l’étude du droit et mis au courant de la nouvelle législation, compléta ce monument incomparable[69].

Ces travaux se poursuivaient au milieu des soucis que donnait la situation de l’Empire. A Constantinople les querelles incessantes entre les factions du Cirque, l’âpreté du préfet du prétoire Jean de Cappadoce et des condamnations arbitraires prononcées par le préfet de la ville amenèrent la terrible révolte qui éclata à l’Hippodrome en présence de l’empereur et dura une semaine, du 11 au 18 janvier 532[70]. Les émeutiers incendièrent le palais du préfet et le feu gagna le Grand Palais, l’église Sainte-Sophie et les quartiers voisins. Un neveu d’Anastase, Hypatios, fut proclamé empereur. Justinien songeait à fuir en Asie, lorsque Théodora releva son courage. Les troupes commandées par Bélisaire et Narsès cernèrent les rebelles qui furent massacrés impitoyablement. Justinien avait dompté les éléments de désordre et son pouvoir était désormais assuré. Au lendemain même de sa victoire, il commença à réédifier somptueusement les édifices incendiés. Dès le mois de février 532, commençaient les travaux de Sainte-Sophie sur les plans grandioses d’Isidore de Milet et d’Anthémius de Tralles et, cinq ans plus tard, le 26 décembre 537, avait lieu sa dédicace solennelle[71].

Dès son avènement Justinien s’occupa de la question religieuse et, dans son désir d’unité, aggrava les lois contre les dissidents. Une loi publiée vers 528 obligea les païens à se faire instruire et baptiser sous peine de confiscation[72]. Des moines monophysites dirigés par Jean d’Asie convertirent en masse les paysans d’Anatolie[73]. L’École d’Athènes fut fermée en 529 et ses maîtres se réfugièrent en Perse[74]. Les hérétiques furent exclus de toutes les fonctions[75], Seuls les monophysites échappèrent aux poursuites et Théodora put installer au palais de Hormisdas un véritable monastère monophysite, tandis que le culte dissident était célébré ouvertement au faubourg des Sykes[76]. Justinien avait conçu le projet de rallier les monophysites à l’orthodoxie moyennant quelques concessions[77]. En 533 il présida une conférence entre évêques orthodoxes et monophysites et publia ses deux premiers édits dogmatiques où il condamnait les doctrines à tendance nestorienne des moines Acémètes, afin de faciliter le rapprochement[78].

A l’extérieur la guerre avec la Perse, qui menaçait depuis longtemps, éclata à propos du protectorat des peuples du Caucase en 527. Bélisaire, gouverneur de Dara, repoussa victorieusement l’attaque des Perses contre cette place (530) et les empêcha d’envahir la Syrie par la victoire qu’il remporta à Callinicum sur l’Euphrate (531). En 532 un nouveau roi de Perse, Chosroès Anourschivan, proposa à Justinien un traité de paix éternelle, que l’empereur, tout entier à ses projets sur l’Occident, se hâta de signer, mais, pour se garantir contre la Perse, il noua des alliances précieuses avec les princes du Caucase et le négus d’Éthiopie[79]. Pour faire contrepoids à l’état arabe de Hîra, au service des Perses, il créa en 531 celui de Bostra, dont le chef, Harith-ibn-Gabala (Aréthas) de la dynastie des Ghassanides, chrétien et monophysite, reçut les titres de phylarque et de patrice[80].

Ce fut alors que, se sentant les mains libres, Justinien crut le moment venu d’accomplir son grand dessein : reconquérir l’Occident, restaurer l’Empire romain dans son intégrité. Les circonstances étaient favorables. En Afrique le roi vandale Hildéric, ami de l’Empire et protecteur des catholiques, avait été déposé et remplacé par Gélimer, dévoué à l’arianisme[81]. En Italie, depuis la mort de Théodoric, sa fille Amalasonthe était régente au nom de son fils, Athanaric, mais celui-ci étant mort en 534, Amalasonthe dut partager le pouvoir avec son cousin, Théodat, qui l’interna dans une île du lac de Bolsena et la fit étrangler (535). Justinien se déclara son vengeur[82]. Chez les Francs, Justinien était l’allié de Théodebert, fils de Clovis, contre les Ostrogoths qui occupaient la Provence[83].

Gélimer ayant repoussé les satisfactions demandées par Justinien, la guerre contre les Vandales fut décidée[84].

Au mois de juin 533, Bélisaire, dont la réputation était déjà grande[85] quittait Constantinople avec une armée de 15.000 hommes et une flotte de 92 dromons, débarquait sans résistance à 5 journées de Carthage (septembre), battait Gélimer à Decimum, entrait à Carthage, bien accueilli de la population, et, après avoir infligé une nouvelle défaite à Gélimer, le faisait prisonnier dans Hippone (mars 534)[86]. Enthousiasmé par un succès aussi rapide, Justinien réorganisait l’administration de l’Afrique (13 avril 534), constituée en préfecture du prétoire et divisée en sept provinces[87]. Mais la conquête était loin d’être achevée. Le successeur de Bélisaire, Solomon, dut réprimer une insurrection des Berbères qui n’avaient jamais été soumis aux Vandales. En 536 Bélisaire revint de Sicile, rappelé par une révolte des ariens de Carthage. Ce fut seulement en 539 que la province fut réellement pacifiée par Solomon, créé préfet du prétoire, que les villes d’Afrique furent restaurées et qu’un limes bien fortifié fut organisé en face des Berbères[88].

La reconquête de l’Italie devait être bien plus difficile. Tout en négociant avec les diverses factions des Goths, Justinien préparait deux expéditions : l’une, commandée par Mundus, attaqua la Dalmatie et reprit Salone ; l’autre, sous la conduite de Bélisaire, débarqua en Sicile, d’où les Goths furent chassés (hiver de 535) 106[89]. Les négociations entre Justinien et Théodat continuaient toujours et la rupture n’eut lieu qu’après le refus du chef goth de se rendre à discrétion[90]. Au printemps de 536 l’armée de Bélisaire passa le détroit de Messine. Naples fut prise après 20 jours de siège. Théodat s’enfuit à Rome, mais un guerrier goth le tua et on élut à sa place un soldat obscur, Vitigès, qui ne put empêcher Bélisaire d’entrer triomphalement à Rome (10 décembre), mais qui l’y assiégea à son tour pendant plus d’un an. Contraint par la famine, qui se mit dans le camp des Goths, à lever le siège (mars 538)[91], il organisa la résistance dans l’Italie du nord, dont la conquête fut longue et pénible, retardée par la rivalité de Bélisaire avec l’eunuque Narsès, qui avait amené des renforts[92] ; et ce fut seulement en mai 540 que Bélisaire entra à Ravenne et captura Vitigès qu’il emmena à Constantinople[93]. Justinien n’avait même pas attendu la fin de la campagne pour rétablir la préfecture du prétoire d’Italie[94]. Croyant la conquête terminée, il prit le titre de Gothicus et diminua les effectifs du corps d’occupation : il ne devait pas tarder à s’en repentir.

A l’intérieur cette période fut remarquable par l’activité législative de Justinien dans tous les domaines : réforme administrative destinée à protéger les populations contre les injustices, à réprimer les abus de pouvoir des grands propriétaires disposant de soldats privés (buccellaires), à supprimer la vénalité des charges[95] ; et, d’autre part, législation ecclésiastique réglementant l’usage du droit d’asile et donnant aux monastères un véritable code disciplinaire[96]. C’est de cette époque que date l’édit qui réorganisa l’administration de l’Égypte[97].

En même temps Justinien continuait à faire des avances aux monophysites, appelait Sévère à Constantinople et laissait Théodora faire élire des patriarches suspects d’hérésie, Anthime à Constantinople, Théodose à Alexandrie, où une formidable émeute fut suivie d’un schisme (535)[98]. Justinien se préparait à tenir une nouvelle conférence de rapprochement, lorsque le pape Agapet, envoyé en ambassade par Théodat, arriva à Constantinople (2 février 536), où il devait mourir quelques mois plus tard[99]. Il détermina Justinien à faire déposer les deux patriarches hétérodoxes et à expulser les monophysites de Constantinople. Sévère se réfugia en Égypte où il mourut et fut canonisé (538)[100]. L’Église monophysite était atteinte, mais, grâce à Théodora qui laissait les évêques réfugiés dans son palais, dont l’ex patriarche Théodose, faire des ordinations, sa hiérarchie fut reconstituée[101]. La même impératrice fit déposer par Bélisaire le pape Silvère, accusé injustement d’intelligence avec les Goths qui assiégeaient Rome (mars 537) et le fit remplacer par le diacre Vigile, ancien apocrisiaire à Constantinople, qu’elle considérait comme plus docile[102].

Ce fut à la même époque, vers 535, que Justinien fit fermer le temple d’Isis de l’île de Philæ, resté ouvert aux Nubiens en vertu d’un traité conclu par Dioclétien avec leurs tribus[103]. Le christianisme était d’ailleurs propagé dans ces régions, ainsi qu’en Éthiopie et en Arabie, mais par des missionnaires monophysites[104].

Telle était la situation de l’Empire en 540. Justinien pouvait se vanter d’avoir accompli ses principaux desseins, mais la rançon de cette politique de prestige fut l’épuisement des ressources de l’État, au moment où il allait avoir à défendre péniblement les résultats acquis contre trois attaques simultanées.

Avant même que la guerre d’Italie fût terminée, le roi de Perse Chosroès, poussé par des ambassadeurs goths[105], envahit la Syrie à l’improviste, s’empara d’Antioche et, après avoir incendié la ville, emmena les habitants en captivité[106]. Une nouvelle guerre de Perse commença. Elle ne fut pas marquée par des opérations de grande envergure, mais par des tentatives persanes d’invasion dans les provinces frontières, auxquelles Bélisaire répondit par des contre-attaques. Une trêve fut signée en 545 et renouvelée jusqu’à la conclusion d’une paix de 50 ans en 562[107].

Mais en même temps les Goths, mal soumis, se soulevaient et proclamaient roi un chef énergique, Totila, le plus redoutable adversaire que Justinien ait trouvé sur son chemin, résolu à restaurer la domination de sa race sur l’Italie (542)[108]. Ses succès devant les chefs impériaux divisés entre eux furent rapides. En 543 il s’emparait de Naples et attaquait Otrante. Bélisaire renvoyé en Italie, mais sans armée et sans ressources, ne put l’empêcher d’entrer à Rome (17 décembre 546), qu’il menaçait de détruire en changeant son emplacement en pâturage[109]. Puis, à la nouvelle d’une défaite de ses armées dans le sud, il évacua la ville et la laissa déserte, emmenant avec lui le sénat et tous les habitants. Bélisaire ayant été rappelé à Constantinople, Totila reprit Rome, créa une flotte et fit la conquête de la Sicile (549-550)[110].

Justinien se décida alors à envoyer en Italie la plus forte armée qu’il ait jamais levée (22.000 hommes) et la plaça sous le commandement de Narsès, qui mit deux ans à faire ses préparatifs et exigea de pleins pouvoirs. Gagnant Ravenne, restée aux Romains, par la Dalmatie, il marcha sur Rome par Rimini et la voie Flaminia et écrasa les forces de Totila, qui fut tué dans la bataille à Tadinæ — près de Gualdo Tadino actuel — dans l’Apennin (553)[111]. Les Goths se rassemblèrent sous un nouveau roi, Teïas, mais Narsès, après avoir pris Rome, anéantit leur dernière armée au pied du Vésuve dans une bataille acharnée qui dura deux jours[112]. Narsès dut ensuite expulser d’Italie les Francs de Théodebald et des bandes d’Alamans qui avaient profité de ces luttes pour occuper la Ligurie et s’étaient avancés jusque dans la Campanie (554)[113]. L’Italie était recouvrée et, dans la Pragmatique Sanction par laquelle il en réorganisa l’administration, Justinien se vantait de l’avoir arrachée à la tyrannie et d’y avoir établi une paix parfaite, mais elle sortait de cette guerre dévastée, dépeuplée, appauvrie pour longtemps : les campagnes désertes, les ouvrages d’art, routes, aqueducs, digues, en ruines, les villes amoindries et décimées par la peste : tel est le tableau que les contemporains tracent de l’Italie[114].

Au plus fort de la guerre de Totila, en 544, une nouvelle insurrection berbère éclata en Afrique, où l’armée d’occupation était insuffisante, provoquée par la maladresse de Sergius, neveu de Solomon, gouverneur de Tripolitaine. En attaquant les révoltés, Solomon périt dans un combat à Sufétula (Sbaïtla)[115] et bientôt toute l’Afrique fut en pleine anarchie. Un duc de Numidie, Guntharit, essaya de s’emparer de Carthage avec l’appui des Maures (546). Justinien mit alors à la tête de l’armée d’Afrique un excellent chef de guerre, ancien lieutenant de Bélisaire, Jean Troglita, qui vint à bout de l’insurrection en 548[116], sans d’ailleurs avoir pu pacifier entièrement les tribus maures qui se soulevèrent encore en 563[117].

Le rétablissement de l’autorité impériale en Afrique et en Italie ne constituait qu’une partie du programme de Justinien. Ses visées s’étendaient à tout l’Occident, comme le prouvent ses rapports diplomatiques avec les rois francs qui lui témoignaient le même respect qu’à un suzerain[118].

Il saisit donc l’occasion qui s’offrait à lui d’intervenir chez les Wisigoths d’Espagne, dont le roi Agila, attaché à l’arianisme, cherchait à soumettre la Bétique, où dominaient les orthodoxes, révoltés sous le commandement d’un noble, Athanagild. Celui-ci, se sentant impuissant à détrôner Agila par ses propres forces, demanda secours à Justinien, qui, en 554, lui envoya quelques troupes stationnées en Sicile, et commandées par le patrice Liberius, un ancien sénateur romain octogénaire. Grâce à ces secours, Athanagild battit Agila, qui fut tué près de Séville. De gré ou de force Athanagild dut céder à l’Empire Séville, Cordoue, Malaga, Carthagène, puis, ayant été proclamé roi, il se retira à Tolède[119]. Réduit à ces limites étroites, cet établissement lointain ne pouvait avoir aucun avenir.

Décidé à faire porter son principal effort sur l’Occident, Justinien manqua des forces suffisantes pour défendre la frontière du Danube et c’est là le côté le plus faible de son œuvre militaire. Non qu’il se soit désintéressé de la défense de cette frontière, mais, en l’absence d’armées disponibles, il crut pouvoir en assurer l’inviolabilité, d’une part en construisant un grand nombre de forteresses qui formaient jusqu’à trois lignes de défense de la rive droite du Danube à la Thrace, complétées par les fortifications du Long Mur d’Anastase, des Thermopyles et de plus de 400 villes ou châteaux d’Illyricum et de Grèce[120] ; d’autre part, en poussant les uns contre les autres les peuples cantonnés au nord du fleuve ou en Norique : les Lombards contre les Gépides qui occupaient la plaine hongroise, les Huns Outigours établis à l’est de la mer d’Azov contre les Huns Koutrigours (entre le Don et le Dniester) alliés des Gépides, enfin un peuple nouveau venu, les Avars — en réalité branche des Turcs Olgours, les Ouar-Khouni, échappés à la domination des véritables Avars[121] — contre tous les peuples du Danube[122]. Pour surveiller la frontière une sorte de Marche fut organisée en Basse Mésie et en Petite Scythie sous le commandement d’un chef éprouvé, Bonus[123].

Mais les forteresses étaient occupées par des effectifs trop faibles pour être efficaces. Les barbares passaient à travers les mailles du filet : Slaves[124], Bulgares, Huns, dont les bandes ne comprenaient pas plus de quelques milliers d’hommes, venaient impunément piller et dévaster les provinces en massacrant les habitants. En 539-540 ils étendent leurs ravages de l’Adriatique aux abords de Constantinople, forcent le passage des Thermopyles et mettent la Grèce à feu et à sang[125]. En 558 une horde de 7.000 Koutrigours peut franchir le mur d’Anastase et jeter la panique dans Constantinople : Bélisaire, avec quelques centaines de vétérans et une partie des habitants, parvint cependant à repousser leurs assauts et à les mettre en fuite[126].

Et les maux intérieurs ne firent que s’aggraver pendant cette période, marquée par l’échec final des tentatives de conciliation religieuse que Justinien poursuivait à tout prix. Plusieurs théologiens lui ayant persuadé que l’un des principaux motifs de la résistance des monophysites provenait de la réhabilitation par le concile de Chalcédoine de plusieurs écrits à tendance nestorienne, l’empereur, qui venait de publier en 543 un édit dogmatique condamnant les doctrines origénistes des moines de Palestine, s’imagina avoir trouvé un terrain d’entente. Dans un nouvel édit, publié vers 544, il condamna de son propre chef les écrits de Théodore de Mopsueste, le maître de Nestorius, Théodoret de Cyr, son condisciple, Ibas, évêque d’Édesse[127]. Loin d’apaiser les esprits, cette condamnation des Trois Chapitres, ainsi qu’on appela les livres incriminés, jeta le plus grand trouble dans l’Église et souleva les protestations des évêques d’Afrique et de tout l’Occident.

Le pape Vigile ayant réservé sa décision fut embarqué de force pour Constantinople[128]. Après avoir refusé d’abord de souscrire à l’édit, il publia sa sentence (Judicatum) qui condamnait les Trois Chapitres, mais avec de fortes réserves (11 avril 548)[129]. De tous côtés et jusque dans l’entourage du pape des protestations s’élevèrent, si violentes, si unanimes, que Vigile retira le Judicatum et conseilla à Justinien de convoquer un concile œcuménique[130].

Mais l’indécision du pape et l’entêtement de l’empereur provoquèrent entre eux un conflit irréductible, lorsque, violant la promesse qu’il avait faite de s’abstenir de tout acte avant la réunion du concile, Justinien publia une Confession de foi, dans laquelle, se considérant comme le gardien de l’orthodoxie, il condamnait de nouveau les Trois Chapitres[131]. Vigile refusa de la recevoir et, devant l’irritation de l’empereur, se réfugia dans une église, d’où Justinien essaya en vain de l’arracher par la force, puis le 23 décembre 552 il s’enfuit à Chalcédoine et protesta dans une Encyclique contre le traitement qui lui avait été infligé. Alors Justinien céda et força les évêques excommuniés par le pape à lui faire leur soumission. Vigile revint à Constantinople, mais refusa de participer aux travaux du concile qui se tint du 5 mai au 2 juin 553 et condamna formellement les Trois Chapitres[132].

Le résultat fut tout autre que celui qu’avait espéré l’empereur. Après avoir résisté six mois, Vigile finit par accepter le concile et mourut pendant son retour à Rome le 7 juin 555[133]. En revanche l’opposition fut vive en Occident, et particulièrement en Afrique, et même en Italie, où se produisit un schisme entre le nouveau pape, Pélage, et une partie des évêques, sans d’ailleurs que les décrets du concile eussent ramené les monophysites à l’orthodoxie[134].

La faillite de la politique religieuse de Justinien était complète et, à force de raffiner sur les dogmes, il finit par tomber lui-même dans l’hérésie de ceux qu’il voulait ramener à la vraie foi. Il se laissa gagner par la doctrine égyptienne d’après laquelle le corps de Jésus sur la croix était resté incorruptible (aphtartodocétisme), exila le patriarche Eutychios qui refusait de l’approuver (22 janvier 565), et se préparait à publier un édit imposant sa croyance à tout l’Empire lorsqu’il mourut[135].

Pendant cette période d’agitation, la situation intérieure avait empiré. Théodora avait obtenu la disgrâce de Jean de Cappadoce (541) et mourut elle-même en 548, laissant Justinien désemparé. Dans les provinces ravagées par les barbares, la fiscalité était de plus en plus oppressive, aggravée par la corruption des fonctionnaires, que l’empereur flétrissait en vain dans son ordonnance de réforme de 556, qui reproduisait presque entièrement celle de 535[136]. Le mécontentement grandissait à Constantinople et dans les grandes villes où les Verts et les Bleus fomentaient de nouvelles émeutes. En 562 un complot fut ourdi contre le vieil empereur et Bélisaire, accusé d’y avoir participé, fut privé de ses honneurs[137]. Vieilli, fatigué, irrésolu, l’esprit absorbé presque exclusivement par les questions théologiques, Justinien mourut à l’âge de 82 ans le 14 novembre 565 et sa mort fut saluée d’un soupir de soulagement par tous ses sujets[138].

Ce n’est pas sur cette fin misérable qu’il faut le juger. En dépit de ses travers il a fait œuvre de grand souverain et il a donné à l’Empire une contexture solide qui lui a permis de supporter longtemps les assauts des barbares et de rayonner dans le monde par l’éclat de sa civilisation. La liberté de la navigation rétablie dans la Méditerranée, l’œuvre juridique des Romains perpétuée, l’Église d’Orient pourvue d’une législation disciplinaire qu’elle conserve encore, la protection de ses missionnaires, l’impulsion donnée aux lettres, à l’enseignement, à la formation d’un art byzantin, tels sont les services qu’il a rendus. Ce n’est pas dans le pamphlet haineux attribué à Procope qu’il faut chercher le véritable Justinien[139] ; ses erreurs sont incontestables, ses défauts se sont accusés avec l’âge et il a légué à ses successeurs des difficultés insolubles son règne n’en tient pas moins une place fondamentale dans la vie historique de l’Empire d’Orient et même de l’Europe.

 

3. L’Héritage de Justinien (565-602).

 

Malgré l’état troublé dans lequel Justinien laissa l’Empire, son œuvre ne périclita pas et les frontières qu’il avait données à la Romania étaient encore intactes en 602, mais, loin de réaliser ses plans, ses trois premiers successeurs durent se contenter de maintenir sur les frontières une défensive, parfois d’ailleurs victorieuse.

Avec ces trois princes reparaît un mode de succession qui rappelle celui des Antonins, l’adoption, Le successeur de Justinien fut l’un de ses neveux, Justin le Curopalate, marié à Sophie, nièce de Théodora[140]. Après neuf ans de règne, en 574, il eut des accès de folie qui rendirent indispensable la création d’un second empereur. Dans un intervalle de lucidité Justin adopta comme fils et nomma César l’un de ses meilleurs hommes de guerre, vainqueur des Avars, Tibère, d’origine thrace, qu’il connaissait depuis son enfance. Justin mourut en octobre[141], après avoir décerné le titre d’Auguste à Tibère, qui lui succéda sans difficulté 158 et, à la fin d’un règne très court (578-582), maria l’une de ses filles à l’un des généraux les plus en vue, Maurice, d’une famille romaine établie en Cappadoce, le créa César, puis, à son lit de mort, Auguste (13 août 582)[142]. Maurice, au contraire, eut l’ambition de fonder une dynastie et, en 590, proclama Auguste son fils aîné Théodose, âgé de 4 ans[143]. Bien plus, dans son testament il partageait l’Empire entre ses fils, donnant à Théodose l’Orient, à Tibère Rome et l’Occident[144], mais la révolte militaire qui le renversa devait rendre vaines ces dispositions.

La première tâche qui s’imposait aux successeurs de Justinien était le rétablissement de l’ordre et de la situation financière, obérée en grande partie par les lourds tributs payés à la Perse ou aux barbares sous forme de subventions ou d’annones[145]. Justin montra dès son avènement qu’il voulait guérir ces maux, en faisant rembourser d’abord les emprunts à court terme, plus ou moins forcés, par lesquels son prédécesseur comblait les vides du Trésor[146] et, comme on le verra, préféra la guerre à la sujétion économique dans laquelle l’Empire se trouvait vis-à-vis des barbares. Mais, après avoir remis, comme don de joyeux avènement, les arriérés des impôts, il se montra ensuite très strict envers les contribuables, tout en s’efforçant de faire régner dans les provinces la sécurité et la justice[147].

Les deux successeurs de Justin, Tibère et Maurice, gouvernèrent l’État avec la même sagesse, mais Tibère, qui ne fit que passer sur le trône, a laissé une réputation de prince libéral et généreux, qui parvint jusqu’en Occident[148]. Maurice, au contraire, avec des qualités remarquables, homme de guerre, lettré, bon administrateur, plein d’humanité et soucieux de venir en aide aux nécessiteux[149], se rendit impopulaire, en particulier dans les armées, en pratiquant une politique d’économie qui le fit taxer d’avarice et qui causa sa chute. Il se fit aussi beaucoup d’ennemis en révoquant d’excellents généraux, en les remplaçant par des parents et des favoris incapables[150] et en favorisant aveuglément la faction des Verts[151].

Dans les questions religieuses Justin II et ses deux successeurs montrèrent la même modération, le même désir de pacification et cette politique, si différente de celle de Justinien, leur fut facilitée par les dissentiments mutuels des sectes jacobites[152]. Justin commença par rappeler tous les évêques exilés, sauf le patriarche Eutychios, mais, encore imbu des méthodes de son oncle, poursuivit la chimère de la conciliation. Un premier Hénotikon, omettant le concile de Chalcédoine, fut suivi de conférences qui n’aboutirent pas (567). Un second Hénotikon, accepté d’avance par les chefs jacobites, fut imposé à tous par la force ; les emprisonnements et les persécutions recommencèrent (571)[153].

Tibère y mit fin et, en 574, replaça même sur le trône patriarcal Eutychios, exilé depuis 565[154]. Maurice fit preuve de la même modération, tout en restant fidèle à l’orthodoxie : cependant, lorsqu’un intérêt politique était engagé, il montrait une grande fermeté[155].

Ce fut d’autre part sous son règne que se posa pour la première fois la question des rapports entre le Saint-Siège et le gouvernement impérial, non plus comme naguère à propos des dogmes, mais sur le terrain juridique. Bien qu’en principe le pape Grégoire le Grand (590-604) se reconnaisse le sujet de l’empereur[156], il n’en revendique pas moins tous les droits du siège apostolique sur toutes les églises au point de vue spirituel et même disciplinaire : de là ses interventions dans les affaires des patriarcats d’Orient et de Constantinople dont il reçoit les appels[157] ; de là le conflit de préséance, qui avait éclaté sous son prédécesseur Pélage II et le patriarche Jean le Jeûneur au sujet du titre d’œcuménique[158] ; de là enfin son différend avec Maurice à propos d’une loi qui interdisait l’entrée dans les monastères aux fonctionnaires, soldats et curiales avant la reddition de leurs comptes ou l’accomplissement de leur service. Ce conflit n’eut pas d’ailleurs l’acuité qu’on lui prête quelquefois et semble s’être terminé par un compromis[159]. Le pape ne s’en posait pas moins comme le gardien suprême de la discipline chrétienne, même vis-à-vis de l’empereur et il y avait là une grande nouveauté.

De toutes les difficultés léguées par Justinien à ses successeurs, la plus grande était la défense de l’Empire et, sur cette question, comme sur les précédentes, on remarque chez eux une continuité de vues et d’action politique imposée par les circonstances et qui aboutit à un renversement de la politique de leur grand prédécesseur. Justinien avait porté tout son effort vers l’Occident et croyait défendre les frontières par l’organisation d’un limes puissamment fortifié et la distribution d’annones, tributs déguisés, aux peuples voisins. Justin II et, après lui, Tibère et Maurice organisent la défensive en Occident, cherchent à supprimer les tributs qui grèvent le budget de l’Empire et à acquérir la prépondérance en Orient, en Arménie, dans les pays du Caucase, magnifiques territoires de recrutement, où ils pourraient enrôler les armées nécessaires à la défense des frontières, mais seulement après avoir fait disparaître la domination perse de ces régions. Cette politique exigeait la dénonciation du traité onéreux signé par Justinien en 562 et la guerre avec la Perse. La paix signée pour 50 ans fut donc rompue au bout de 10 ans : la guerre qui commença entre l’Empire et les Sassanides allait durer un demi-siècle, jusqu’à l’écrasement de la Perse par Héraclius.

Elle fut précédée d’une lutte diplomatique chez les vassaux et les voisins des deux empires. Justin fit alliance avec le Khagan des Turcs occidentaux originaires de l’Altaï, qui, après s’être révoltés contre les Mongols (Jouan-Jouan), avaient fondé un grand empire qui s’étendait des frontières de la Chine à la Transoxiane et était en conflit avec la Perse[160]. Il s’était aussi ménagé des intelligences chez les sujets arméniens des Perses[161] et chez les Ibères que la maladresse et la dureté des gouverneurs perses entraînèrent à la révolte[162]. En 572, Justin ayant refusé d’acquitter le tribut dû à la Perse par le traité de 562, la guerre commença sur les frontières des deux empires et fut menée par Justinien, un petit-neveu du grand empereur, qui s’empara de Dwin, mais ne put empêcher le roi Chosroès de prendre la place importante de Dara (mai 573)[163]. L’état maladif de Justin II obligea le gouvernement impérial à conclure une trêve, pendant laquelle Tibère, proclamé César, put faire des levées importantes (574)[164] ; puis, au cours des même négociations destinées à prolonger la trêve, Chosroès envahit brusquement l’Arménie romaine, ne put prendre Theodosiopolis (Erzeroum), se dirigea sur la Cappadoce, mais se heurta près de Mélitène aux forces de Justinien, qui obligea son armée à repasser l’Euphrate en désordre et lui infligea la plus grande défaite que les Perses aient jamais subie au cours de ces guerres (575)[165]. Justinien réoccupa la Persarménie, mais l’indiscipline de son armée de barbares lui valut plusieurs défaites qui firent rompre les négociations engagées pour la signature de la paix (576-577)[166].

De nouveau en 578 Chosroès rompit les pourparlers et envahit l’Arménie romaine, mais il trouva en face de lui Maurice, que Tibère avait substitué à Justinien comme stratège autocrator. Avec Maurice la guerre entrait dans une phase décisive. Disposant d’une armée bien entraînée, formée de barbares et, ce qui était une nouveauté, de recrues levées par lui en Asie Mineure et en Syrie, il força les Perses à battre en retraite et occupa lui-même l’Arzanène persane jusqu’au lac de Van[167]. La mort du vieux Chosroès Anourschivan (579), fit échouer de nouvelles négociations, son fils et successeur Hormizd IV étant décidé à continuer la guerre[168]. Des dissentiments avec le chef des auxiliaires arabes, le Ghassanide Mundar, ne permirent pas à Maurice de marcher sur Ctésiphon (580)[169] : il empêcha du moins une nouvelle invasion du territoire romain et dégagea Édesse par sa victoire sur les Perses à Constantine (Tela d’Manzalat) (581)[170].

Devenu empereur, Maurice concentra toutes ses forces contre la Perse avec la volonté bien nette d’abattre sa puissance et prit l’offensive en Mésopotamie dès 583. La guerre se poursuivit dans cette région pendant huit ans (583-591). La mutinerie de l’armée impériale, due à une réduction de solde, contraria l’offensive romaine (588) malgré ses victoires[171] et ce ne fut pas à une action militaire, mais à une révolution dynastique, que fut due la décision l’un des principaux chefs perses, Bahram, se révolta contre Hormizd qui fut déposé et, refusant de reconnaître les droits de l’héritier légitime, Chosroès II, se fit proclamer roi[172]. La guerre civile éclata en Perse et Chosroès, ayant été complètement battu, n’eut d’autre ressource que de se réfugier dans l’Empire romain où, par ordre de Maurice, il reçut la plus magnifique hospitalité (février-mars 590)[173]. Pendant ce temps ses partisans reformaient une armée en Azerbaïdjan et Chosroès, accompagné par des troupes romaines, mit l’armée de Bahram en déroute et recouvra son royaume (591). Pour prix des services qu’il en avait reçus, il cédait à l’Empire Dara et Martyropolis, que les Romains n’avaient pu reprendre et consentait à une rectification importante de la frontière[174].

Dans la pensée de Maurice et de ses prédécesseurs l’anéantissement ou du moins la neutralité de la Perse devait leur laisser les mains libres en Occident. Malheureusement ce résultat fut atteint trop tardivement pour permettre à l’Empire de conserver intactes sa frontière du Danube et ses possessions occidentales.

En 565 les frontières du nord étaient occupées par les Lombards, les Gépides et les Avars. Narsès avait enrôlé des Lombards dans son armée et Justinien avait cherché à les pousser contre les Gépides, qui avaient enlevé à l’Empire Sirmium (Mitrovitza) et Singidunum (Belgrade). Justin II trouva avec raison les Gépides moins dangereux que les Lombards et en 566 il leur envoya des secours en leur faisant promettre de restituer Sirmium, mais, comme ils ne tenaient pas leur promesse, il les abandonna et laissa détruire leur État par une coalition des Lombards et des Avars[175]. C’était là une grosse faute, dont les conséquences se firent immédiatement sentir : les Avars, déjà établis entre la Tisza et le Danube, occupèrent le territoire gépide, réclamèrent la possession de Sirmium et un tribut ; s’étant heurtés à un refus, ils ravagèrent la Dalmatie et la Thrace et obtinrent en 571 un traité qui leur laissait les terres des Gépides, sauf Sirmium[176]. Par contre, poussés par leurs alliés, les Lombards envahissaient l’Italie avec l’intention de s’y établir[177].

Ce fut la migration de tout un peuple qui s’abattit sur la péninsule à partir d’avril 568, sans rencontrer l’armée impériale occupée contre les Avars. Les seules forces organisées étaient les milices et les garnisons des villes qui résistèrent longtemps à l’abri de leurs remparts. Aussi la conquête fut très lente. Milan tomba au pouvoir d’Alboin qui s’y fit couronner roi le 4 septembre 569. Pavie fut assiégée trois ans avant de succomber en 572[178]. Le meurtre d’Alboin (juin 572), suivi d’une période d’anarchie pendant laquelle la nation lombarde fut gouvernée par ses chefs de guerre, les ducs, ralentit encore la conquête, mais non les pillages du plat pays. Ce fut seulement après la défaite de la seule expédition envoyée en 575 par Justin en Italie[179] qu’une nouvelle extension lombarde eut lieu dans la plaine du Pô, dans les Alpes, où elle se heurta aux Francs, en Toscane, dans les Apennins. Ces établissements dispersés ne formaient pas un territoire compact. En 578 les Lombards s’emparèrent du port de Ravenne, Classis, mais ne purent occuper la ville dont ils interceptaient les communications avec Rome, qu’ils commencèrent à attaquer en 579. Aux demandes de secours des Romains, Tibère répondait par des envois d’argent pour acheter les chefs lombards et provoquer l’intervention des Francs[180].

Tibère prenait alors l’offensive en Perse et supportait en même temps une nouvelle attaque des Avars, dont les vassaux slaves venaient impunément piller la Thrace et pénétraient jusqu’en Grèce (578-581). Sans armée à leur opposer, Tibère imagina de s’allier contre eux avec les Avars qui, en effet, arrachèrent leur butin aux Slaves ; mais au cours des négociations, Balan, leur Khagan, s’empara par surprise de Sirmium, dernière ville impériale de Pannonie et, pour éviter une nouvelle guerre, le basileus dut payer les arriérés du tribut refusé par Justin (582)[181]. Puis l’avènement de Maurice remit tout en question (14 août 582), Balan ne se croyant pas lié à son égard par le traité conclu avec Tibère et envoyant ses hordes en Thrace jusqu’aux ports de la mer Noire. Il fallut acheter leur retraite par une augmentation du tribut, mais, pendant que Maurice était engagé en Perse, les Avars, violant ce second traité, poussèrent contre l’Empire les Slaves qui, d’une part, allèrent assiéger Thessalonique (586) et, de l’autre, s’avançaient jusqu’au mur d’Anastase. Les Avars eux-mêmes passaient les Balkans après avoir envahi la Mésie. Cette fois la riposte fut efficace. Grâce à une tactique adaptée à celle de l’ennemi, les Slaves furent expulsés de Thrace et les Avars refoulés au-delà du Danube après avoir perdu une bataille devant Andrinople (587)[182].

Tout entier à ses plans de conquête de la Perse et à sa résistance aux agressions des Avars, Maurice, sans négliger l’Occident, dut se borner à y organiser une défensive active, d’abord en créant en Italie et en Afrique un commandement unique par la concentration des pouvoirs civil et militaire entre les mains d’un exarque, véritable vice-empereur, chargé de diriger la défense[183], ensuite en négociant une alliance avec Childebert II, roi des Francs d’Austrasie, qui s’engagea à attaquer les Lombards[184].

De 584 à 590 il y eut cinq expéditions franques en Italie, mais elles ne donnèrent pas les résultats espérés. Ou les Francs restaient dans l’inaction et l’on voit Maurice réclamer à Childebert les subsides qu’il lui a envoyés[185], ou ils pillaient la région pour leur compte, ou même ils traitaient avec les Lombards. Surtout ils ne parvenaient pas à combiner leurs opérations avec celles des troupes impériales, comme il arriva en 590, alors que l’exarque Romain n’ayant pu les rejoindre au jour fixé, les Francs repassèrent les Alpes sans l’attendre et firent ainsi échouer l’attaque projetée contre Milan[186]. L’Empire conserva du moins ses positions et les exarques Smaragdus (585-589) et Romain (589-596), malgré de faibles effectifs, mais aussi en achetant des chefs lombards, purent reprendre quelques positions importantes, comme le port de Classis en 589[187].

Après l’avènement du pape Grégoire le Grand (février 590), la question lombarde prit un autre aspect. Ariulf, duc de Spolète, attaqua brusquement Rome (été de 592), tandis que le duc de Bénévent menaçait Naples. Devant l’inaction de l’exarque Romain, le pape prit toutes les mesures de défense et le roi Agilulf ayant paru à son tour devant Rome, il n’hésita pas à signer une trêve avec lui moyennant un tribut (594)[188]. Dès lors un conflit s’éleva entre la politique de Maurice et de l’exarque Romain, qui ne voulaient laisser nul répit aux Lombards, et celle du pape, qui se rendait compte de l’impuissance des forces impériales et se préoccupait surtout d’empêcher les Lombards d’occuper Rome et d’épargner aux populations les horreurs d’une guerre inutile. D’autre part Grégoire trouvait une base d’entente dans les dispositions de la reine Théodelinde, de religion catholique. Après une forte résistance de Maurice[189], le point de vue du pape finit par l’emporter et un nouvel exarque, Callinicus, signait en 598 avec le roi Agilulf une trêve, qui fut renouvelée en 603[190].

Dans le reste de l’Occident l’action de Constantinople, sans être nulle, ne pouvait être que superficielle. La province d’Afrique, véritablement prospère sous Justin II, subit en 569 une invasion des Maures dont le chef, Garmul, battit successivement trois armées impériales, mais fut lui-même vaincu et tué par Gennadius (578), qui, devenu exarque d’Afrique, acheva de pacifier la province (591)[191].

En Espagne le roi wisigoth Leovigild (568-586) enleva Séville, Cordoue, Sidonia à la province impériale, au cours de la guerre qu’il soutint contre son fils Hermenegild, converti au catholicisme et révolté contre lui. Appuyé par le gouverneur impérial, mais trahi par lui, Hermenegild fut mis à mort, mais son jeune fils, Athanagild, trouva un asile à Constantinople[192]. Sous le successeur de Léovigild, Reccared, qui embrassa le catholicisme, le magister militum Comentiolus paraît avoir recouvré une bonne partie des possessions byzantines[193].

Enfin la diplomatie impériale était très active en Gaule, surtout pendant le règne de Maurice, dont l’alliance avec Sigebert contre les Lombards fut l’occasion de nombreux échanges de lettres et d’ambassades. Depuis le règne de Justin, un prince franc, bâtard de Clotaire, proscrit par les siens, Gondovald, s’était réfugié à Constantinople, lorsqu’à la suite d’une intrigue de Brunehaut et des grands d’Austrasie, il fut invité à venir en Gaule réclamer l’héritage de son père. Maurice, qui comptait peut-être sur lui pour agir sur Childebert II, le fit partir avec une grosse somme d’argent. Après une première tentative qui échoua, en 582, Gondovald fut élevé sur le pavois à Brive et fut un moment le maître de la Gaule méridionale, mais à la suite de la réconciliation entre Gontran et Childebert, il fut abandonné de ses partisans et tué par trahison à Comminges (mars 585)[194]. Maurice voulait sans doute se servir de lui pour renforcer son alliance avec l’Austrasie, mais non, comme on l’a supposé, pour une pénétration en Gaule, qui eût été purement chimérique[195].

A partir de 591, l’heureuse issue de sa guerre contre la Perse permit à Maurice de consacrer toutes ses forces à la défense de l’Empire contre les Avars et de rappeler en Europe une partie de l’armée d’Orient avec son meilleur général, Priscus[196]. Baïan, qui s’était tenu tranquille depuis sa défaite d’Andrinople (587), mais qui préparait sa revanche, se jeta sur Singidunum qu’il mit à rançon, puis, faisant sa jonction avec les hordes slaves à Sirmium, passa la Save sur un pont de bateaux, traversa la Mésie, atteignit la mer Noire à Anchiale, mais n’osant attaquer Constantinople, se porta vers Andrinople. Priscus essaya de l’arrêter, mais, par suite de l’infériorité de ses forces dut s’enfermer dans Tzurulon (Tchorlou), puis, sur le bruit qu’une flotte impériale allait pénétrer dans le Danube, Baïan traita avec Priscus et se retira moyennant une indemnité peu considérable (592)[197].

Ainsi commença une guerre qui devait durer dix ans et dont la possession des passages du Danube fut le principal enjeu. Il semble que l’objectif de Baïan ait été d’atteindre la mer Noire, comme le montrent son expédition de 592 et celle de 600, lorsqu’il attaque la Dobroudja et assiège Tomi[198], avec l’intention vraisemblable d’interdire aux flottes impériales la pénétration dans le Danube. Au contraire l’objectif de Maurice, qui eût voulu commander lui-même son armée[199], et celui de Priscus, est l’offensive à fond qui permettrait de porter la guerre au-delà du Danube et d’atteindre les Avars et les Slaves dans leurs repaires. En 593 Priscus pénètre en Valachie et s’empare des camps où les Slaves entassaient leur butin. Malheureusement les mutineries de ses troupes et une attaque des Avars l’empêchent de continuer son offensive (594-595). Maurice le rappelle et le remplace par son frère, l’incapable Pierre, qui ne peut parvenir à passer le Danube (596-597). Réintégré dans son commandement en 598, Priscus ne peut que reprendre Singidunum, démantelée par les Avars, et ce n’est qu’en 601 qu’il exécute son plan d’attaque de la région transdanubienne[200].

Après la campagne des Avars en Dobroudja, mal défendue par Corneatiolus[201], et leur apparition subite devant Constantinople, Maurice avait dû signer un traité onéreux, mais qu’il était décidé à rompre[202]. Il concentra donc à Singidunum les deux armées de Priscus et de Corneatiolus. Les Avars ne purent empêcher Priscus de faire traverser le Danube à toute son armée et par des manœuvres savantes au cours de cinq batailles meurtrières pour les barbares, tantôt formant ses troupes en carrés pour résister à leurs assauts, tantôt les chargeant avec furie, de les rejeter en désordre au-delà de la Tisza après leur avoir fait un nombre incalculable de prisonniers. Jamais Baïan, qui perdit plusieurs de ses fils au cours des combats et faillit être pris lui-même, n’avait subi une pareille défaite. Il eût suffi de pousser les avantages à fond pour détruire à jamais la puissance des Avars, mais les fautes de Maurice et l’indiscipline de l’armée rendirent les victoires de Priscus stériles[203].

En quelques mois la situation fut renversée. Maurice rappela encore Priscus et le remplaça par Pierre ; celui-ci, après avoir passé l’été 602 dans l’inaction, fit traverser le Danube à une partie de ses troupes, qui massacrèrent un grand nombre de barbares, mais, quand elles revinrent chargées de butin, elles reçurent de Maurice l’ordre de passer l’hiver au-delà du fleuve[204]. Aussitôt elles se révoltèrent et franchirent le Danube malgré leur chef, puis, Pierre ayant en vain fait demander à Maurice de révoquer son ordre, les mutins élevèrent sur un bouclier un de leurs centurions, Phocas, le proclamèrent exarque de l’armée et marchèrent sur Constantinople[205]. La cause de Maurice était perdue d’avance : détesté, bafoué publiquement, il n’avait plus aucun prestige[206]. Les factions du Cirque (dèmes) auxquelles il avait confié la défense de la ville l’abandonnèrent. Le 22 novembre, à l’approche des révoltés, il s’enfuit avec sa famille et se réfugia dans une église voisine de Nicomédie. Le lendemain Phocas était proclamé empereur, et le 27 novembre Maurice et cinq de ses fils amenés à Chalcédoine y subirent le dernier supplice[207].

 

4. Le premier démembrement de l’Empire (602-642).

 

En dépit des obstacles qu’ils avaient trouvés devant eux, Maurice et ses deux prédécesseurs avaient pu sauvegarder l’extension territoriale de l’Empire due à Justinien et même améliorer la situation de ses frontières. En 602 le danger perse avait disparu, les Lombards étaient neutralisés et un coup mortel avait été porté à la confédération des Avars. Ce fut la situation troublée à l’intérieur qui rendit vaines ces victoires. Pendant les huit années du règne de Phocas tous les résultats obtenus furent remis en question et, au moment où Héraclius prit le pouvoir, l’Empire était menacé de dissolution. Devant la tâche écrasante qui leur incombait, cet empereur et les princes de la dynastie qu’il fonda luttèrent avec un courage surhumain et parfois même parurent toucher au succès décisif, mais l’expérience ne tarda pas à leur démontrer que la conception d’un empire universel, défendu par les seules forces de Constantinople, ne répondait plus à l’état du monde. Les Héraclides furent malgré eux les liquidateurs de la politique de Justinien. Obligés de sacrifier les provinces extérieures, ils parvinrent du moins à sauver Constantinople et le repli même auquel ils furent contraints leur permit de faire front plus facilement sur les deux routes d’invasion qui partaient du Danube et de l’Orient. Cette période, marquée par une réforme de l’État, dont les institutions furent adaptées aux conditions nouvelles, est donc décisive dans l’histoire de Byzance ; l’ancien orbis romanus a vécu ; l’Empire d’Orient est constitué dans son véritable cadre géographique[208].

Soldat inculte sorti du rang, tempérament despotique, coléreux, cruel et vindicatif, Phocas s’appuya sur les éléments inférieurs de l’armée et sur la démagogie des grandes villes, représentée par les dèmes. Il eut contre lui l’aristocratie administrative et une partie des chefs militaires qu’il chercha à se concilier, comme Priscus, le vainqueur des Perses et des Avars, dont il fit son gendre[209]. En Italie, où Maurice était impopulaire, le nouveau pouvoir fut accueilli avec un véritable enthousiasme[210] et l’on peut voir encore aujourd’hui les restes de la colonne triomphale érigée sur le Forum romain en 608 en l’honneur de Phocas[211]. Surtout Phocas, qui faisait profession d’orthodoxie, eut les meilleurs rapports avec le pape Grégoire le Grand, qui mourut en 604 après le triomphe de sa politique pacifique vis-à-vis des Lombards[212], ainsi qu’avec ses successeurs. Il fut interdit au patriarche de Constantinople de prendre le titre d’œcuménique et le Siège de saint Pierre fut reconnu comme la tête de toutes les églises[213].

Ce fut du côté de l’Orient que vinrent les difficultés. La révolte de Narsès, qui se saisit d’Édesse et d’Hiérapolis, échoua complètement[214]. Plus grave fut l’hostilité du roi de Perse Chosroès II qui n’attendait qu’une occasion pour reprendre à l’Empire toutes ses concessions. Se posant en vengeur de Maurice, il protégea un aventurier qu’on faisait passer pour l’infortuné Théodose[215] (605), puis il assiégea la forteresse de Dara, la clef de l’Empire, qu’il avait dû rétrocéder, la reprit au bout d’un an et en abattit les murailles (604-605)[216]. La frontière était ouverte : une armée perse sous Schahin envahit l’Arménie romaine, où elle prit Theodosiopolis (607), alla assiéger Césarée de Cappadoce et envoya ses batteurs d’estrade jusqu’au Bosphore, à Chalcédoine (610) ; une autre armée, celle de Schahrbaraz, soumettait les villes de la Haute Mésopotamie, Mardin, Amida, Édesse[217].

La confusion fut encore augmentée en Orient par les mesures que Phocas, strictement orthodoxe, prit contre les monophysites en Syrie et en Égypte, sans d’ailleurs que ceux-ci aient considéré les Perses, suivis de leurs évêques nestoriens, comme des libérateurs[218].

A Constantinople, Germain, qui avait vu avec peine l’Empire lui échapper, fomenta successivement deux complots pour renverser Phocas. Le premier au début du règne, dans lequel il mit en avant l’impératrice Constantina, veuve de Maurice, et ses trois filles, se termina par une émeute des factions et fut réprimé d’une manière relativement bénigne[219]. Dans le second entrèrent plusieurs hauts dignitaires, qui furent dénoncés par un traître et mis à mort, ainsi que Germain, Constantina et ses filles[220] (605).

Dans les provinces régnait une véritable anarchie. L’invasion perse avait exaspéré la haine séculaire entre les chrétiens et les Juifs, accusés d’aider les Perses qu’ils regardaient comme des libérateurs, et qui, d’autre part, se mêlaient aux querelles des factions du Cirque, afin de pouvoir massacrer impunément les chrétiens[221]. En 608 une guerre civile éclata dans toutes les villes de Syrie, où le désordre était encore augmenté par la révolte des monophysites contre les édits impériaux. La répression, confiée à Bonose, comte d’Orient, fut particulièrement cruelle à Antioche et à Laodicée[222]. Puis ce furent les Juifs d’Antioche qui se révoltèrent à leur tour et massacrèrent le patriarche Anastase (septembre 610) sans que Phocas, renversé le 5 octobre suivant, ait eu la possibilité de réprimer ces troubles[223].

Lassés enfin de ce régime abject, les mécontents trouvèrent un chef résolu dans la personne d’Héraclius, exarque d’Afrique, qui avait eu une glorieuse carrière dans les armées de Maurice et qui, sollicité par Priscus lui-même et un grand nombre de membres de l’aristocratie, organisa en 608 une expédition commandée par son neveu Nicétas et dirigée sur l’Égypte, dont les forces lui paraissaient nécessaires pour la réussite de son entreprise. Ce fut seulement lorsque Nicétas, maître d’Alexandrie, put s’y maintenir malgré la diversion de Bonose, obligé de se rembarquer, que l’exarque équipa une flotte commandée par son fils, Héraclius, qui parvint devant Constantinople le 2 octobre 610, pénétra dans le port Sophien, qui lui fut livré par les Verts, pendant que Phocas, abandonné de tous, se réfugiait dans une église, d’où il fut tiré le surlendemain pour être mis à mort[224]. Le jour même Héraclius, fils de l’exarque, était couronné empereur par le patriarche[225].

Mais la chute de Phocas n’arrêta pas la tempête qui s’abattit sur l’Empire et lui enleva en quelques années toutes ses provinces d’Orient : en 611 Schahrbaraz s’empara d’Antioche et la défensive improvisée par Héraclius avec l’aide de Priscus et de Philippicus, en 612, ne put empêcher les Perses d’envahir la Syrie, de prendre Jérusalem (5 mai 614), d’où ils emmenèrent le patriarche et les habitants en captivité après s’être saisis de la relique de la Vraie Croix[226]. En 615, traversant l’Asie Mineure sans résistance, Schahin s’emparait de Chalcédoine. Héraclius essaya de négocier et fit envoyer à Chosroès par le Sénat une lettre qui n’obtint aucune réponse[227]. La conquête de l’Égypte, dont le blé servait à l’alimentation de Constantinople, et la prise d’Alexandrie (617-619) achevèrent la détresse de l’Empire[228]. L’ancien empire des Achéménides semblait rétabli et Héraclius aurait songé à se réfugier à Carthage[229]. Au même moment les rois wisigoths Sisebuth et Swintila enlevaient à Byzance ses lointaines possessions d’Espagne[230] et, la frontière du Danube n’étant plus défendue, les Avars et les Slaves recommençaient leurs incursions. Les Slaves se livraient à la piraterie dans la Méditerranée et l’armée des Avars, commandée par le nouveau Khagan, fils de Baïan, paraissait devant Constantinople (juin 617), cherchait sous prétexte de négociation à attirer Héraclius dans un guet-apens et soumettait la banlieue de la ville et le faubourg des Blachernes à un pillage en règle[231].

Agé de 35 ans à son avènement, doué de qualités brillantes et plein d’ardeur, Héraclius entreprit avec une véritable vaillance la tâche écrasante de relever l’Empire en rétablissant l’ordre, en réformant l’État, en réorganisant l’armée et en reprenant aux Perses les provinces perdues. Encore plus que Maurice il subordonna toute son action politique à l’attaque de la Perse, mais il lui fallut d’abord organiser son gouvernement, trouver des ressources financières, lever et exercer une nouvelle armée. Dans cette œuvre intérieure, que l’on connaît mal, il fut aidé par l’Église et par le patriarche Sergius[232]. Désireux de fonder une dynastie, il associa ses deux premiers enfants à l’Empire dès leur naissance et confia à ses parents, à ses frères, à son cousin Nicétas les plus hautes fonctions de l’État[233]. Après la mort d’Eudokia (612), Héraclius épousa en secondes noces sa nièce Martine (614), dont il eut neuf enfants, mais cette union, prohibée par les canons, contribua à diminuer sa popularité[234].

Tout entier à ses projets d’offensive contre la Perse, Héraclius passa plusieurs années à reconstituer une armée solide et bien aguerrie, l’entraînant par des exercices fréquents, excitant son ardeur par des proclamations qui présentaient la future expédition comme une guerre sainte et décidant d’en prendre lui-même le commandement, après avoir désigné son fils aîné comme son successeur et confié sa tutelle au patriarche et au magister militum Bonus[235].

Au lieu de chercher d’abord à recouvrer la Syrie et l’Égypte, Héraclius résolut d’attaquer la Perse au cœur même de sa puissance en entraînant contre elle les peuples guerriers de l’Arménie et du Caucase. Il mit six ans à réaliser cette conception digne d’Annibal et qui fait de lui le plus grand stratège qu’ait produit l’Empire romain depuis Trajan.

Son premier objectif fut de dégager l’Asie Mineure et de pénétrer en Arménie pour renforcer son armée. Ce résultat fut atteint dans sa première campagne (622). Après avoir tourné les positions de Schahrbaraz en Cappadoce, il le rejeta sur l’Antitaurus, puis pénétra en Arménie, d’où au printemps de 623 il envahit subitement la Médie Atropatène (Azerbaïdjan), faillit prendre Chosroès lui-même à Gandzak (Tabriz) et alla hiverner en Transcaucasie dans la vallée du Cyrus (Koura)[236].

Les Perses répondirent à cette attaque par une contre-offensive redoutable. Bien qu’en 624 Héraclius leur ait infligé trois défaites et capturé le camp de Schahrbaraz près du lac de Van, il ne put pénétrer dans leur pays et dut même, après avoir soutenu contre Schahrbaraz une lutte serrée dans la région des sources de l’Euphrate, se replier sur la Cilicie, puis sur la ligne de l’Halys (Kyzil-Irmak) (625)[237]. Chosroès fit alors un effort suprême pour obliger son adversaire à abandonner son entreprise. En 626, après avoir conclu une alliance avec les Avars, il tenta une diversion sur Constantinople. Pendant que Schahrbaraz occupait Chalcédoine et que Schahin attaquait Héraclius, les Avars parurent devant la ville impériale (29 juin) et, après les tentatives inutiles de négociations, en commencèrent le siège ; mais les défenseurs résistèrent aux assauts redoutables qui se succédèrent du 2 au 7 août et, après avoir incendié ses machines de guerre, le Khan battit en retraite[238] et le peuple rendit grâces à la Panaghia qui avait sauvé la cité[239].

Sans se laisser arrêter par cette diversion, Héraclius avait laissé son frère Théodore tenir tête à Schahin, et remontant vers le nord, atteint le Lazique, fait alliance avec le peuple turc des Khazars, qui ne purent l’aider à prendre Tiflis, et commencé à envahir la Perse en descendant la vallée du Tigre (décembre 627). Sa victoire sur une armée perse devant les ruines de Ninive lui ouvrit la route de Ctésiphon et, occupant successivement les paradis et les palais royaux, il parvint à quelques lieues de la capitale (février 628)[240]. Là il apprit la chute de Chosroès, détrôné par l’un de ses fils, Kawadh, qui se hâta de conclure la paix avec lui (3 avril)[241]. Les Perses évacuèrent tout de suite l’Arménie, mais Schahrbaraz, s’étant révolté, conserva la Syrie et l’Égypte jusqu’à l’été de 629[242], Après sa rentrée triomphale à Constantinople (août 629), Héraclius alla recevoir la Vraie Croix qu’il rapporta lui-même à Jérusalem (mars 630)[243].

En quelques années Héraclius avait résolu une question séculaire. Les deux puissances qui menaçaient l’Empire sur ses deux fronts étaient abattues. L’État sassanide se débattait au milieu des guerres civiles ; celui des Avars n’avait pu se relever de la défaite de 626 et ne pouvait empêcher ses vassaux, Slaves, Huns et Bulgares, de s’émanciper de son joug. Héraclius, mettant à profit ces événements, eut pour allié Kowrat, regardé comme l’ancêtre des Khans bulgares (636)[244] et, ne pouvant expulser les Slaves établis depuis le début du VIIe siècle en Dalmatie, en Istrie, en Mésie et jusqu’en Macédoine, il prit au service de l’Empire les deux tribus yougoslaves des Serbes et des Croates qui furent installées en Illyrie[245] et commencèrent à recevoir le christianisme[246]. Le Danube et l’Euphrate étaient redevenus les frontières de l’Empire.

Mais la victoire n’avait pas aplani les difficultés intérieures. Pendant les années qui suivirent son retour à Constantinople, Héraclius prit une série de mesures importantes qui constituèrent une véritable réforme de l’État. C’est alors que dans ses protocoles, il prend le titre de basileus, qui n’avait eu jusque-là aucune valeur officielle[247], qu’il règle la succession au trône afin d’empêcher les compétitions entre les enfants issus de ses deux mariages[248] et qu’il reconstitue ses forces militaires sur des bases nouvelles. Sa victoire l’avait mis en possession de ces territoires de l’Arménie et du Caucase, dont les peuples guerriers fournissaient à l’Empire ses meilleurs soldats. Héraclius fit de l’Arménie un territoire de recrutement en plaçant à sa tête des membres de la noblesse indigène et en leur conférant les pouvoirs militaires et civils. Telle serait l’origine du thème des Arméniaques[249].

Héraclius a recherché ainsi l’ordre et l’unité dans tous les domaines, mais, comme ses prédécesseurs, le désir d’étendre cette recherche au domaine spirituel le conduisit à des fautes irréparables. Deux graves difficultés sollicitaient ses efforts : la question des juifs, qui avaient profité des querelles entre les dèmes pour se soulever et massacrer des chrétiens et que l’on accusait avec raison d’avoir favorisé l’invasion perse au début du règne d’Héraclius[250], et l’éternelle question monophysite qui continuait à agiter les provinces d’Orient. Leur occupation par les Perses pendant de longues années avait eu pour résultat la fuite ou l’expulsion du clergé orthodoxe et, en Égypte particulièrement, le triomphe des Jacobites[251].

En ce qui concerne Héraclius, il ne semble pas que les mesures qu’il prit contre les Juifs soient dues à un fanatisme religieux. En 630 il leur défendit d’habiter Jérusalem, certainement pour éviter des troubles et des représailles inévitables[252], mais il ne trouva d’autre solution pour les assimiler aux habitants de l’Empire que de les obliger à se faire baptiser et il publia son édit vers 634, à la veille de l’invasion arabe[253], mesure chimérique qui ne pouvait qu’exaspérer la haine des Juifs contre les chrétiens.

Les mesures qu’il prit, poussé d’ailleurs par le patriarche Sergius, pour établir l’union religieuse, eurent des conséquences encore plus néfastes. Sergius croyait avoir trouvé une formule assez compréhensive pour rallier les Jacobites au concile de Chalcédoine, en soutenant que l’unité de personne du Christ supposait en lui une seule manière d’agir, une seule activité[254]. Confiant dans cette doctrine, Héraclius la fit propager en Arménie, où l’attachement au dogme monophysite était un obstacle au loyalisme envers l’Empire[255]. Une adhésion importante fut celle de Cyrus, évêque du Phase, que l’empereur créa patriarche d’Alexandrie en 631 en lui donnant les pouvoirs civils nécessaires au rétablissement de l’ordre en Égypte[256]. La même propagande eut lieu dans tout l’Empire, mais se heurta à l’opposition du patriarche de Jérusalem, Sophronius, et du moine Maxime[257], tandis que le pape Honorius, consulté par Sergius, se montrait favorable à sa doctrine[258]. Les esprits étaient ainsi divisés et un édit impérial sur la foi (fin de 634) avait été assez mal accueilli, lorsque commença l’invasion arabe[259]. Ce n’était plus l’orthodoxie, mais l’existence du christianisme même qui était en cause.

Loin de correspondre à un plan systématique, l’invasion arabe est due sans doute à la force d’expansion de la nouvelle religion, mais surtout à la faiblesse de la résistance que les conquérants trouvèrent devant eux. Les razzias des tribus de Bédouins aux frontières romaine et perse n’étaient pas rares, même avant l’islam et, d’autre part, sans parler des caravanes de marchands et des tribus nomades qui les parcouraient sans cesse, la Mésopotamie perse et la Syrie renfermaient déjà une forte proportion d’Arabes fixés au sol[260]. Les incursions dans les deux empires, qui commencèrent du vivant de Mahomet, n’étaient donc pas une nouveauté, mais, après la mort du prophète, une fois l’Arabie convertie presque entièrement à l’islam, ces expéditions prirent plus d’ampleur. Au même moment, vers 634, la tribu des Bakr détruisait l’État arabe chrétien des Lakhmides, vassal de la Perse, et des forces commandées par l’Ommiade Yézid entraient en Palestine et mettaient en déroute les milices levées à la hâte par Sergius, gouverneur de Césarée, tué au cours d’un combat[261].

Les Arabes furent amenés ainsi à pousser plus loin leurs avantages et envahirent à la fois la Perse et la Syrie romaine, après avoir reçu des renforts. En Perse les forces du roi Iezdegerd ne purent tenir devant le flot des envahisseurs ; la vic-

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toire des Arabes à Qadisiya leur livra Ctésiphon, celle de Nekhavend au sud d’Ecbatane acheva la déroute du dernier Sassanide (637), qui se réfugia en Transoxiane où il fut tué en 651[262]. En Syrie les Arabes, qui avaient continué leur marche et fait capituler Damas, rétrogradèrent à l’approche de l’armée importante envoyée par Héraclius, mais, par suite de la discorde entre les chefs byzantins et la trahison d’un corps d’Arabes chrétiens, la bataille qui se livra sur les bords de l’Yarmouk (20 août 636) fut un désastre pour l’empire et entraîna l’évacuation de la Syrie, dont toutes les villes tombèrent aux mains de l’ennemi[263]. A la fin de 637 Jérusalem capitulait et le calife Omar y fit son entrée (février 638)[264], puis ce fut le tour d’Antioche, de Césarée, d’Édesse et de la Mésopotamie romaine (639)[265]. A la fin de la même année, Amrou pénétrait en Égypte.

Loin de se ressaisir devant une pareille catastrophe, Héraclius poursuivait la chimère du ralliement des jacobites à l’orthodoxie, afin de combattre leurs tendances au séparatisme. Le monoénergisme ayant donné des résultats insuffisants, un nouvel édit dogmatique, l’Ekthesis (exposition), fut promulgué à la fin de 638. Rédigé par Sergius et par l’higoumène Pyrrhus qui devait lui succéder, l’édit affirmait l’harmonie entre la volonté divine et la volonté humaine du Christ qui aboutissait à une volonté unique[266]. Au lieu de calmer les esprits, cette doctrine monothélite ne fit que les diviser davantage, sans gagner l’assentiment des jacobites et provoqua un nouveau conflit entre les papes et Constantinople[267].

La conquête de l’Égypte, qui dura moins de trois ans (décembre 639-juillet 642), n’avait été nullement préméditée par Amrou, parti avec 4.000 hommes pour faire une simple démonstration, mais, ne trouvant aucune résistance, il demanda des renforts à Omar et, après avoir pris Péluse, au lieu de s’engager dans le réseau des bouches du Nil et des canaux, il se porta à travers le désert jusqu’à la pointe du Delta, à Héliopolis, où il battit la garnison de la forteresse de Babylone (juillet 640), qu’il assiégea ensuite[268]. Cette arrivée subite des Arabes répandit la terreur dans toute l’Égypte, mal défendue par des troupes peu exercées. Pris de panique, les habitants des villes se réfugiaient à Alexandrie. Le patriarche Cyrus, qui avait ouvert des négociations avec Amrou, fut rappelé à Constantinople et disgracié[269] ; le blocus d’Alexandrie durait depuis plusieurs mois lorsque Héraclius mourut le 11 février 641, laissant en plein désarroi l’Empire qu’il avait d’abord sauvé[270].

Sa succession même, qu’il avait réglée de manière à éviter les compétitions, donna lieu à des troubles qui agitèrent l’Empire pendant toute une année et se terminèrent par une tragédie, le supplice de Martine et de son fils Héracléonas, à la suite d’un pronunciamiento de l’armée d’Asie, tandis que Constant, le fils du Nouveau Constantin, âgé de onze ans, devenait seul Auguste sous la tutelle du patriarche et du Sénat (novembre 641)[271].

Le début du nouveau règne fut marqué par la perte définitive de l’Égypte. Après la prise de la citadelle de Babylone (9 avril 641) et de Nikiou (3 mai), suivie de la soumission de la Haute Égypte, Alexandrie tenait seule encore, mais les querelles entre les chefs et les émeutes des factions entravaient la défense[272]. Renvoyé avec de pleins pouvoirs en Égypte, le patriarche Cyrus n’y parut que pour signer avec Amrou un traité de capitulation (novembre), mais l’évacuation définitive n’eut lieu que onze mois plus tard, le 29 novembre 642[273].

 

5. La liquidation de l’Empire romain universel (642-728).

 

L’existence d’un empire universel, dominant à la fois l’Occident et l’Orient, était liée à la possession de l’Égypte. C’était ce qu’avaient bien compris Auguste et ses successeurs. Après la perte de cette source de richesse et de puissance, l’Empire était obligé de se resserrer dans les limites du domaine géographique de Constantinople. Mais il eut d’abord à sauver son existence et ce fut la tâche des trois derniers Héraclides.

La conquête de l’Égypte en effet n’avait pas arrêté l’offensive arabe, qui attaquait toutes les frontières romaines à la fois : conquête par Amrou de Cyrène, de la Pentapole, de Tripoli et pénétration arabe dans l’oasis du Fezzan (642)[274] ; après la prise de Césarée de Palestine (mai 642) eut lieu l’invasion de la Cilicie, puis en 647, celle de la Cappadoce par Moavyah, gouverneur de Syrie, qui atteignit la Phrygie, tandis qu’un de ses lieutenants pénétrait en Arménie et détruisait la forteresse de Dwin[275].

Contre ces attaques multipliées la réaction du gouvernement impérial fut d’abord assez faible. Une expédition envoyée en Égypte réussit à reprendre Alexandrie, mais ne put s’y maintenir (645-646)[276], La lutte fut plus vive en Arménie, où il s’agissait de conserver une source essentielle de recrutement militaire ; la situation paraissait d’autant plus favorable à l’Empire, qu’un grand nombre de chefs de clans et de nobles avait émigré à Constantinople et occupait de hautes fonctions, mais l’obstination du gouvernement impérial à vouloir soumettre l’Église arménienne au patriarcat byzantin et à lui imposer la reconnaissance du concile de Chalcédoine[277] produisit une telle désaffection pour l’Empire, qu’en 653 le chef de l’armée arménienne, Théodore Rechtouni, traita avec Moavyah et ouvrit ainsi le pays aux Arabes[278]. L’expédition du basileus Constant, qui vint lui-même en Arménie et obtint la soumission du catholikos Nersès II et d’un grand nombre de nobles, rendit quelque prestige à l’Empire[279], mais les succès de Moavyah en Asie Mineure (657-661) détachèrent pour longtemps la Grande Arménie de Byzance qui conserva seulement une partie de l’ancienne Persarménie[280] et continua à enrôler un grand nombre d’Arméniens et de Géorgiens dans ses armées.

La politique religieuse de Constant eut des conséquences encore plus néfastes en Occident. L’Église d’Afrique avait été au cours des luttes religieuses la forteresse de l’orthodoxie[281] et c’est ce qui explique l’agitation qui se produisit dans la province, lorsqu’un grand nombre d’Égyptiens monophysites, fuyant devant l’invasion arabe, vinrent s’y réfugier. L’exarque Georges, aidé du moine Maxime, entreprit la conversion de gré ou de force des nouveaux venus à l’orthodoxie[282]. D’autre part les papes Jean VI (640-642) et Théodore Ier (642-649) ne cessaient de manifester leur réprobation pour l’Ekthesis, supprimée pendant le court règne de Constantin III (12 février-25 mai 641), mais redevenue la loi de l’Empire. Ce fut à la suite d’une démarche du pape Théodore à Constantinople qu’une dispute publique sur le dogme eut lieu à Carthage, entre Maxime et le patriarche Pyrrhus (juillet 645), lequel, s’étant déclaré convaincu par son adversaire, se rendit à Rome et abjura la doctrine monothélite en présence du pape Théodore[283].

Ce coup de théâtre fut loin de ramener la paix. Des conciles provinciaux tenus en Afrique condamnèrent de nouveau le monothélisme, puis l’agitation prit un caractère politique. L’exarque Grégoire, successeur de Georges, se révolta (647), fut proclamé empereur et, s’étant rendu à Sufétula (Sbaïtla) pour soulever les tribus berbères, se trouva en face d’une incursion arabe et périt dans le combat. L’Afrique n’en resta pas moins séparée de l’Empire jusqu’en 660[284]. D’autre part, à la suite des conciles tenus en Afrique le pape somma le patriarche Paul d’abjurer le monothélisme et, sur son refus, l’excommunia (647), mais par un nouveau coup de théâtre, Pyrrhus dénonçait son abjuration[285]. La cour impériale crut trouver une solution à ces difficultés en interdisant sous les peines les plus sévères toute discussion sur une ou plusieurs volontés — édit appelé le Typos, la règle, 648 —[286], mais cette solution négative fut repoussée avec indignation et le pape Martin, successeur de Théodore, tint dans la basilique du Latran un concile où 105 évêques condamnèrent à la fois l’Ekthésis et le Typos (octobre 649)[287]. A cette protestation le gouvernement de Constant répondit par un coup de force le pape fut enlevé violemment de la basilique du Latran par l’exarque de Ravenne, Théodore Kalliopas (juin 653), embarqué la nuit sur le Tibre et emmené à Constantinople où il n’arriva que le 17 septembre 654[288]. Là, accusé de haute trahison[289], il fut traité en criminel d’État, traduit devant un tribunal laïc, dégradé ignominieusement du sacerdoce, enfermé dans la prison du Prétoire avec les voleurs et les assassins, puis exilé à Kherson, où il mourut après un long martyre le 16 septembre 655, tandis que Pyrrhus était rétabli au patriarcat[290]. Avec un véritable acharnement les chefs monothélites se vengèrent ensuite sur Maxime, qu’ils essayèrent de suborner en obtenant son adhésion au Typos, allant même jusqu’à le faire gracier (septembre 656), puis, sur son refus, le replongeant dans sa prison où, torturé avec deux de ses disciples, il mourut en martyr le 13 août 662[291]. Ce traitement odieux excita l’indignation des contemporains et desservit la cause du monothélisme que, devant le danger arabe, Constant finit par abandonner[292]. Il n’y eut pas de réconciliation véritable, mais les polémiques cessèrent.

Le péril en effet était pressant. Il s’était produit un fait nouveau, qui allait rendre encore plus redoutables les menaces de l’islam contre la chrétienté. Pour la première fois depuis les conquêtes d’Alexandre, une puissance asiatique s’installait d’une manière permanente sur les rives de la Méditerranée[293], les Perses n’ayant pu s’y maintenir que quelques années et n’ayant pas eu le temps d’en tirer beaucoup d’avantages. Tout au contraire, le gouverneur arabe de Syrie, le Koraïchite Moavyah, comprit le premier l’importance de la guerre maritime et équipa en 649 une flotte qui alla piller l’île de Chypre, s’empara d’Arad (650) et de la côte d’Isaurie, où furent organisés des chantiers de construction navale.

Après une trêve de trois ans signée avec l’Empire, ce fut le pillage de l’île de Rhodes (654), l’attaque de la Crète et de l’île de Cos (655), enfin la première tentative pour attaquer Constantinople ; pendant qu’une armée envahissait la Cappadoce, une flotte, partie de Tripoli de Syrie, se dirigeait vers les détroits et infligeait une grande défaite à l’escadre impériale commandée par Constant lui-même[294]. Byzance perdait ainsi la maîtrise de la mer qu’elle possédait depuis la destruction du royaume vandale. La route de Constantinople était ouverte, mais la guerre civile qui éclata chez les Arabes, après le meurtre du calife Othman (17 juin 656)[295], força Moavyah à renoncer à ses projets et à signer un traité par lequel il se reconnaissait tributaire de l’Empire (659)[296].

Proclamé calife à Jérusalem (juillet 660), Moavyah mit fin à la guerre civile et après le meurtre d’Ali (24 janvier 661) son pouvoir fut incontesté, mais il dut passer plusieurs années à transformer l’État patriarcal des premiers califes en une monarchie administrative et militaire qui le fit surnommer le Chosroès des Arabes[297]. Ce ne fut guère qu’en 670 qu’il put reprendre ses projets contre Constantinople. Comment l’Empire profita-t-il de cette accalmie pour organiser sa défense, c’est ce qu’il est difficile de savoir à cause de la pauvreté des sources. En 658 Constant dirigea une expédition contre les Slaves et revint avec beaucoup de prisonniers[298], puis en 660 il quitta brusquement Constantinople et séjourna longtemps à Thessalonique et à Athènes. De là, à la tête d’une armée importante, composée surtout d’Arméniens, il partit pour l’Italie et aborda à Tarente, d’où il parvint à rétablir l’ordre en Afrique, puis il sembla commencer une offensive contre les Lombards, mais se contenta d’assiéger Bénévent qui capitula (663)[299]. Après une visite à Rome, où il fut reçu en grande pompe par le pape Vitalien[300], Constant s’embarqua pour Naples, puis gagna Syracuse où il fixa sa résidence et où il avait donné l’ordre de faire venir l’impératrice et ses enfants. Il y vécut cinq ans et fut assassiné dans son bain en 668 par un officier du palais[301]. Il est difficile de deviner ses véritables projets, mais le choix de Syracuse comme résidence semble indiquer qu’il voulait organiser une base de résistance aux Arabes en s’établissant entre les deux bassins de la Méditerranée, à proximité de Carthage et de l’Afrique[302].

Cependant, son pouvoir étant affermi, Moavyah avait repris ses attaques par terre et par mer contre l’Empire[303], mais, dès 670, toute son activité est dirigée du côté de Constantinople : sa flotte franchit l’Hellespont et l’émir Phadalas, qui la commande, s’établit dans la péninsule de Cyzique, base excellente d’attaque contre la ville impériale[304].

Cette fois, tout au moins, Byzance ne fut pas prise au dépourvu. La succession de Constant avait failli troubler l’Empire. Après son meurtre, l’armée avait proclamé empereur un stratège arménien, Miziz, et il fallut une expédition pour réduire cette révolte[305]. A Constantinople les trois fils de Constant avaient été couronnés Augustes[306], mais seul, l’aîné, Constantin, âgé de 14 ans, prit le pouvoir et, malgré une sédition des troupes d’Anatolie qui réclamaient trois empereurs[307], écarta du trône ses deux frères qui furent en outre cruellement mutilés[308]. Ces incidents n’avaient pas empêché ceux qui exerçaient le pouvoir de suivre avec attention les préparatifs de Moavyah. Les murailles de Constantinople furent restaurées[309] et une flotte importante fut équipée. Ce fut en outre à cette époque qu’un architecte syrien, Callinicus, vendit à l’Empire le secret du feu marin ou feu grégeois, liquide à base d’huile de naphte, qui brûlait facilement sur l’eau et que l’on lançait à l’aide de tubes munis de propulseurs[310]. Cette invention devait assurer longtemps la supériorité à la marine impériale et l’on en fit l’épreuve au cours du siège de Constantinople par les Arabes.

Pendant cinq ans de suite (673-677) la flotte arabe, qui hivernait à Cyzique, vint au début du printemps essayer de forcer l’entrée de la Corne d’Or. Se heurtant chaque fois a une défense bien organisée, les Arabes finirent par abandonner le siège (25 juin 677), mais, assiégés à leur tour dans Cyzique, ils perdirent une grande partie de leurs troupes et, pris pendant leur retraite par une violente tempête sur les côtes de Pamphylie, ils subirent un véritable désastre, aggravé par les attaques de la flotte impériale[311]. Pour la première fois l’islam avait reculé et Byzance constituait la borne atteinte par l’invasion arabe. Moavyah signa avec l’Empire une paix de trente ans[312].

Malheureusement ce grand succès fut suivi d’un désastre qui devait peser lourdement sur les destinées de Byzance. Vers 642 les Bulgares, peuple turc établi entre le Kouban et la mer d’Azov, et dont le Khan, Kowrat, avait été l’allié d’Héraclius, furent attaqués par leurs congénères, les Khazars, qui obligèrent une partie de leur peuple à accepter leur suzeraineté, tandis que les autres, sous Asparouch, fils de Kowrat, émigraient vers l’ouest et occupaient la Dobroudja[313]. Cette irruption soudaine causa une vive émotion à Constantinople et une expédition commandée par Constantin IV lui-même fut organisée en 679, mais se termina par une déroute, dont la conséquence fut l’établissement des Bulgares en Scythie, où les ports de la mer Noire, comme Odessos (Varna), tombèrent entre leurs mains, et en Mésie entre le Danube et les Balkans[314]. Ces provinces étaient habitées par des Slaves qui, plus nombreux que les envahisseurs, fusionnèrent avec eux et finirent par leur imposer leur langue[315]. Vite résigné à sa défaite, Constantin IV céda à Asparouch les territoires qu’il occupait en s’engageant à lui verser un tribut annuel[316]. Jusque-là l’Empire avait perdu des provinces extérieures, mal rattachées au point de vue géographique à Constantinople : la constitution de l’État bulgare entamait son domaine naturel. C’était un ennemi attaché à ses flancs, qui interceptait les routes du Danube et devenait pour la ville impériale une menace perpétuelle.

La liquidation de la querelle monothélite et le rétablissement de la paix religieuse, troublée depuis plus de trois siècles, apportèrent du moins un grand soulagement à l’Empire. Ce résultat fut dû à l’initiative personnelle de Constantin IV qui, malgré l’opposition du haut clergé, correspondit lui-même avec les papes Donus et Agathon (678-679)[317] et provoqua la réunion d’un concile œcuménique qui se tint à Constantinople, au palais impérial, du 7 novembre 680 au 16 septembre 681.

Préparé par de nombreux synodes provinciaux et des consultations d’évêques occidentaux, ce concile rétablit véritablement l’unité de l’Église[318] et, jusqu’à sa mort, Constantin IV entretint les meilleures relations avec les papes. Malgré l’échec que lui avaient infligé les Bulgares, son règne de 17 ans fut vraiment réparateur, mais il mourut brusquement en 685 à l’âge de 32 ans, laissant pour lui succéder un fils de 16 ans, auquel il avait imposé le grand nom de Justinien[319].

Avec des qualités remarquables et un caractère énergique, ce dernier rejeton des Héraclides avait hérité de toutes les tares de ses ascendants, de la neurasthénie d’Héraclius, de la violence et de la cruauté de Constant II[320]. Très vaniteux, il cherchait à copier en tout son illustre homonyme, appelant sa femme Théodora, fondant des villes auxquelles il donnait son nom, régentant l’Église et cherchant à acquérir la réputation d’un législateur. Ce qu’on doit reconnaître en lui, c’est son désir très vif de relever l’Empire et d’établir sa défense sur des bases inébranlables, aussi bien contre les Slaves que contre les Arabes. Renvoyant les conseillers de son père, il se constitua un gouvernement qu’il eut bien en main, mais dont la fiscalité et la dureté devaient amener sa chute[321].

Assurer la défense permanente des frontières et, avant tout, protéger Constantinople par des forces de couverture établies en Thrace, tel fut le programme défensif de Justinien II, qui ne fit d’ailleurs que donner un caractère général et systématique à des mesures de circonstance prises au jour le jour par ses prédécesseurs. C’est sous son règne que l’on saisit le premier développement de l’institution des thèmes, c’est-à-dire des corps d’armée cantonnés dans des provinces qui sont leurs bases de recrutement et dont les chefs exercent les pouvoirs civils et militaires[322].

Peu après l’avènement de Justinien II, l’assemblée convoquée pour vérifier l’authenticité des actes du VI concile œcuménique comprenait les représentants des thèmes : Opsikion, Anatoliques, Thracésiens, Arméniaques, Karabisianoi (flotte), Italie, Sicile, Afrique[323]. Justinien II s’appliqua à étendre cette organisation et à repeupler les régions dévastées à la suite des guerres par des transports de populations. En 688, après avoir renouvelé la paix avec les Arabes et en vertu du traité conclu avec le calife, il reçut dans l’Empire 12.000 guerriers Mardaïtes du Liban, réfractaires à la domination musulmane, et les établit avec leurs familles, les uns dans la région d’Attalie en Pamphylie, les autres dans le Péloponnèse, dans l’île de Céphalonie et en Épire[324]. Le même traité lui ayant cédé la moitié de l’île de Chypre, il en transporta des habitants dans la péninsule de Cyzique, dépeuplée pendant l’occupation arabe (690-691)[325]. Enfin, après avoir dirigé une expédition contre les tribus slaves qui infestaient la région de Thessalonique (689), il en enrôla un grand nombre qui firent partie du thème de l’Opsikion, transporté de Thrace en Bithynie pour couvrir Constantinople contre une attaque venue d’Asie[326].

On a restitué à Justinien II la paternité d’un certain nombre de lois organiques, dont on faisait jusqu’ici honneur aux empereurs iconoclastes. Telle est la Loi Agricole, qui porte le nom de Justinien et dont les dispositions favorables au développement de la petite propriété libre concordent avec la politique militaire de ce prince[327].

Ses interventions dans le domaine religieux ne furent pas aussi heureuses. Ne perdant du moins aucune occasion d’affirmer son orthodoxie, il réunit, comme on vient de le dire, une grande assemblée à la fois ecclésiastique et laïque pour collationner et authentifier les actes du VIe concile œcuménique[328], qui furent ensuite envoyés à Rome. Dans une pensée louable, frappé du désordre et de l’indiscipline qui régnaient dans la société tant laïque qu’ecclésiastique[329], Justinien II convoqua à Constantinople un concile destiné à réformer la discipline canonique, dont les Ve et VIe conciles ne s’étaient pas occupés. Ce concile désigné sous le nom de Quinisexte, comme complétant l’œuvre des deux conciles précédents, se tint en 692 au palais impérial[330].

Tout se serait bien passé si le concile, composé exclusivement d’évêques orientaux, n’avait émis la prétention d’être considéré comme œcuménique et de légiférer pour toute l’Église, sans tenir compte des différences politiques et sociales et des traditions souvent très anciennes de chaque région et avec un caractère d’hostilité contre les usages de l’Occident et des églises d’Arménie. Il en résulta un nouveau conflit entre l’empereur et le pape Sergius que Justinien ordonna d’amener à Constantinople, mais qui fut défendu cette fois contre l’envoyé impérial par les milices de Ravenne et de Rome[331].

A l’extérieur Justinien il profita à son avènement des guerres civiles du califat pour reprendre l’Arménie, grâce à la campagne victorieuse de Léonce (686 687)[332], mais ce succès fut compromis par les pillages des troupes et la pression exercée sur le clergé arménien pour l’obliger à se soumettre au patriarcat byzantin[333]. Puis, en 693, Justinien, croyant l’occasion favorable, rompit le traité conclu avec le calife, mais fut prévenu par les Arabes qui envahirent le territoire romain et infligèrent à l’empereur une défaite, due à la trahison des troupes slaves, dont la conséquence fut la perte de l’Arménie que les Arabes réoccupèrent sans résistance[334]. C’était la faillite de la sage politique de paix suivie jusqu’alors et la perspective d’une nouvelle lutte avec l’islam, au moment où l’Empire allait se trouver désorganisé par des troubles intérieurs.

Le caractère impérieux et fantasque du jeune basileus, la dureté et la brutalité de ses deux ministres favoris, l’eunuque Étienne, sacellaire, et l’ancien moine Théodote, logothète du Trésor, excitaient de nombreux mécontentements. Toute marque d’opposition était cruellement réprimée et les prisons regorgeaient de captifs, parmi lesquels des chefs d’armée comme Léonce, le conquérant de l’Arménie[335], qui méditait avec ses compagnons le renversement de Justinien. Libéré au bout de trois ans et nommé stratège de l’Hellade, Léonce exécuta son dessein avec une facilité qui montre combien le régime était discrédité. Les deux ministres de Justinien furent brûlés vifs et lui-même, conduit à l’Hippodrome, dut subir l’ablation du nez et fut exilé à Kherson (694)[336].

Cette révolution témoignait du mal profond qui avait atteint la société byzantine. Par ses maladresses et ses excentricités Justinien II avait compromis l’attachement de la population et surtout de l’armée à la dynastie héraclide. Or l’armée était le pouvoir prépondérant et l’indiscipline était dans l’armée. La chute de Justinien allait être le début d’une série de coups d’état militaires qui se succédèrent pendant 22 ans. De 695 à 717 sept empereurs furent proclamés et renversés tour à tour et cette crise, la plus grave qu’on ait vue depuis le Ve siècle, faillit emporter l’Empire. Les Arabes, le croyant à bout de force, cherchèrent à lui porter le dernier coup en préparant une offensive suprême contre Constantinople. Achèvement de la conquête de l’Afrique, marche sur la ville impériale à travers l’Asie Mineure et développement de la marine de guerre, tels furent désormais leurs objectifs.

Ainsi de 695 à 717 chacun des règnes éphémères, qui se succèdent au milieu des agitations, est marqué par quelque nouveau désastre. Pendant celui de Léonce (695-698) la lutte eut lieu autour de Carthage, prise par Hassan en 695, délivrée par le patrice Jean, chef de l’expédition navale envoyée en 697, et reprise définitivement par Hassan (printemps de 698), qui commença à la démolir de fond en comble[337]. L’Afrique était déjà à moitié perdue pour l’Empire depuis l’expédition d’Ogba, fils d’An-Nafir, qui, après s’être attaché à soumettre les Berbères et à les convertir à l’islam, avait fondé en 670 au milieu de la Byzacène, à égale distance de la côte et des massifs montagneux, la forteresse de Kairouan, destinée à contenir les incursions des nouveaux convertis[338].

Après la perte de Carthage, la flotte impériale en retraite fit escale en Crète et les chefs de l’armée, redoutant la colère de Léonce, proclamèrent empereur le drongaire du thème des Cibyrrhéotes, Apsimar, qui prit le nom de Tibère, et détrôna facilement Léonce[339]. Pendant son règne relativement long (698-705), il eut à se défendre contre des complots incessants, ne put empêcher les Arabes d’achever la conquête de l’Afrique, poursuivie par Hassan, puis par Mouçâ qui atteignit l’Océan Atlantique en 704[340], mais organisa d’une manière plus efficace la défense de l’Asie Mineure, grâce aux talents militaires d’Héraclius, son frère.

Non seulement Héraclius défendit avec succès la frontière, mais il envahit la Syrie et s’avança jusqu’à Samosate où il fit un grand butin[341]. Une tentative d’invasion de l’Arménie eut moins de succès, malgré la révolte du généralissime Sempad contre les Arabes[342].

Les efforts réels de Tibère III pour défendre l’Empire furent arrêtés par un événement qui porta la confusion à son comble, la restauration de Justinien II. Après des aventures romanesques, plusieurs fois sur le point d’être livré à Tibère III, il avait fui de Kherson chez les Khazars, dont le Khan lui avait donné sa sœur en mariage (704), puis, après une navigation périlleuse, auprès du Khan bulgare Terbel qui lui donna une petite armée avec laquelle il pénétra de force à Constantinople sans que Tibère pût faire la moindre résistance (septembre 705)[343]. Pendant ce second règne qui dura six ans, Justinien ne s’occupa que de ses vengeances et, pris d’une véritable folie furieuse, imagina les supplices les plus raffinés pour punir quiconque lui avait nui[344]. La terrible exécution militaire de Ravenne (709) fut ordonnée en représailles contre la milice ravennate qui avait empêché l’arrestation du pape Sergius quatorze ans plus tôt[345]. Au même moment, un nouveau pape, Constantin VI, était mandé à Constantinople et y était reçu d’ailleurs avec les plus grands honneurs pour en repartir en 711, vraisemblablement après avoir fait quelques concessions à l’empereur au sujet du concile Quinisexte[346]. Justinien voulait surtout se venger de Kherson où il avait été mal accueilli et ce fut ce qui causa sa perte.

Trois expéditions en effet furent envoyées à Kherson avec les ordres les plus impitoyables. La première, commandée par Étienne le Farouche, ramena à Constantinople plusieurs notables, ce qui parut insuffisant à Justinien ; la seconde fut détruite par la tempête. Apprenant que l’empereur en préparait une troisième, les habitants de Kherson se révoltèrent, appelèrent les Khazars à leur secours, massacrèrent les membres d’une mission envoyée par Justinien et proclamèrent empereur un stratège arménien, exilé sous Tibère pour avoir rêvé l’Empire (Théophane), Vardan, qui prit le nom de Philippikos. Après avoir essayé en vain d’assiéger Kherson, le chef de la troisième expédition, Maurus, se rallia au nouveau basileus et l’amena à Constantinople.

Justinien, qui essaya de résister avec une troupe de Bulgares, fut pris et décapité (décembre 711)[347]. Avec lui s’éteignait la dynastie d’Héraclius ; l’Empire était livré aux aventures.

Philippikos, dont le règne dura 17 mois (décembre 711-3 juin 713) se, montra tout à fait inférieur à la tâche écrasante qui l’attendait. D’une famille restée fidèle au monothélisme, il voulut imposer cette doctrine périmée à tout l’Empire, fit détruire un tableau qui représentait le sixième concile, ordonna d’en brûler les actes, déposa le patriarche Cyrus et publia un édit dogmatique que le pape refusa de recevoir[348]. Arménien, il entreprit de rallier son pays d’origine au patriarcat byzantin et expulsa tous ceux qui résistèrent. Le résultat fut un exode des Arméniens chez les Arabes et de nouvelles protestations de l’Église arménienne contre les chalcédonites. A partir de ce moment, les Arméniens cessèrent de compter sur Byzance pour être délivrés du joug arabe[349].

En revanche aucun effort n’était fait pour défendre les frontières. En 717 sous prétexte de venger Justinien, leur allié, les Bulgares vinrent ravager la Thrace et l’armée impériale était tellement désorganisée qu’il fallut pour les en chasser faire passer en Europe les troupes de l’Opsikion[350]. Ce fut le moment que les Arabes choisirent pour reprendre leur marche à travers l’Asie Mineure et atteindre la mer Noire, où l’émir de Mésopotamie prenait Amasée du Pont (712), tandis qu’à l’ouest, Abbas occupait Antioche de Pisidie (713)[351]. Le 3 juin de cette année Philippikos était assassiné à la suite d’un complot dirigé par le comte de l’Opsikion[352].

Son successeur fut un fonctionnaire civil, le protoasecretis Artemios qui prit le nom d’Anastase. Son premier soin fut de rétablir l’orthodoxie et de punir les meurtriers de son prédécesseur[353]. La situation de l’Empire et même de la chrétienté était vraiment tragique. L’Espagne wisigothique avait été conquise en trois ans (722-724) par les Arabes et un archevêque de Tolède fugitif était arrivé à Constantinople[354]. Au courant du désordre qui régnait dans l’Empire, le calife Walid prépara une offensive formidable contre la ville impériale, qui se trouva constituer en 714 le dernier boulevard de la chrétienté.

Pendant son règne éphémère (juin 713-janvier 726), Anastase II prit toutes les mesures de défense qui étaient en son pouvoir : envoi d’une mission à Damas pour avoir des renseignements sur les préparatifs arabes, constitution de stocks de blé dans les greniers publics, ordre aux habitants de Constantinople de se pourvoir de vivres pour trois ans, équipement d’une flotte, réparation des murs[355]. Mais sa bonne volonté ne put venir à bout de l’indiscipline de l’armée. Les troupes des thèmes concentrées à Rhodes pour attaquer la flotte arabe se révoltèrent, assassinèrent leur général, firent voile pour Constantinople, débarquèrent à Adramyttion en Mysie et couronnèrent empereur malgré lui un receveur d’impôts, que l’on appela Théodose. Le thème de l’Opsikion se joignit aux révoltés[356] (août 716). Bien que les rebelles se fussent rendus maîtres de Chrysopolis, la résistance d’Anastase dura six mois et ce fut par trahison qu’ils entrèrent à Constantinople. Anastase abdiqua et devint moine à Thessalonique, mais cette solution ne fit pas cesser la guerre civile devant l’ennemi. La plupart des thèmes d’Asie refusèrent de reconnaître Théodose III : Léon l’Isaurien, stratège des Anatoliques, et Artavasde, stratège des Arméniaques, s’unirent pour marcher sur Constantinople, non sans avoir négocié avec les Arabes qui occupaient la Galatie. Le 25 mars 717, Théodose ayant abdiqué, Léon était couronné empereur par le patriarche Germain[357]. Avec lui allait se terminer la période d’anarchie qui durait depuis vingt-deux ans et qui menaçait l’Empire dans son existence.

 

 

 



[1] De 286 à 392 (en 106 ans), les deux moitiés de l’Empire ne furent réunies que pendant 25 ans.

[2] LOT (F.), Les invasions germaniques, 65-71 ; SCHUTTE, Der Aufstand des Leon Tornikios (1047), 349-354 ; BURY (J. B.), History of the later Roman Empire, 109-115 ; LOT (F.), Les destinées de l’Empire en Occident de 395 à 888, H. G. (M. A.), 25-27 ; RUFIN, Ecclesiasticæ historiæ, I. IX, P. L., XXI, 540.

[3] BURY (J. B.), History of the later Roman Empire (802-867), I, 127-135 ; KOULAKOVSKY, Istoriia Vizantii, I, 160-168 (récit le plus complet). Les contemporains saisirent l’importance de l’événement, que Synesius alors à Constantinople raconta dans un roman à clef : De la Providence, P. G., LXVIII, 1209 et s.

[4] PARGOIRE, L’Église byzantine de 527 à 847, I, 520-521 ; BURY (J.-B.), History of the later Roman Empire, I, 235-237 ; TOESCA (P.), Storia dell’arte italiana, I, 330 (disque de Florence montrant Aspar en costume consulaire) ; D. H. G. E., 1062-1066.

[5] BURY (J. B.), op. cit., I, 314-316, récit d’après le procès verbal de l’intronisation conservé par Pierre le Patrice, CONSTANTIN VII Porphyrogénète, (De Cerimoniis aulæ byzantinæ), 745 769.

[6] Sauf Eudoxia, fille de Théodose II, et ses deux filles alors captives de Genséric.

[7] BRÉHIER (L.), La crise de l’Empire romain en 457, Ext. de M. S, 1929., 86-87.

[8] BRÉHIER (L.), La crise de l’Empire romain en 457, 89 ; D. H. G. E., 1064. D’après Théodoric alors otage à Constantinople, Aspar aurait refusé l’Empire pour lui-même (Anagnosticum regis, A. A., XII, 425).

[9] D. H. G. E., 1066 ; STEIN (E.), Geschichte des spätrömische Reiches, I, 529-534 ; BURY (J. B.), op. cit., I, 316-320. Des négociations avaient eu lieu à Chalcédoine, où Léon avait feint de se réconcilier avec Aspar.

[10] Ce fut pour cette raison que Théodoric Strabo, après avoir ravagé la Macédoine, traita avec Léon en 473. Sur ce traité : STEIN, op. cit., I, 534.

[11] A la suite d’un complot organisé par Vérine, veuve Léon, Zénon s’était réfugié en Isaurie, D. H. G. E., 1237-1239 ; BURY, op. cit., I, 391.

[12] D’après le traité conclu entre Léon et Théodemir, père de Théodoric qui venait de piller l’Illyricum, STEIN (E.), op. cit., I, 527.

[13] LOT (F.), Les destinées de l’Empire en Occident de 395 à 888, H. G. (M. A.), I, 1928, p. 107 ; BURY, op. cit., I, 421-422 ; MARTROYE (F.), L’Occident à l’époque byzantine : Goths et Vandales, 15.

[14] D’après certaines sources, ce fut Théodoric qui offrit à Zénon de conquérir l’Italie (A. A., V, 132-133 ; PAUL DIACRE, De gestis Langobardorum, S. R. L., I, 100). D’après d’autres, la proposition vint de Zénon (Anonyme Valois, Pars posterior, IX, I, p. 316 ; IORDANIS, Romana et Getica, V, 1, 9). Le premier témoignage est le plus vraisemblable. Théodoric venait de donner asile au chef des Ruges chassé de son royaume par Odoacre, MARTROYE, op. cit., 10-11. Sur la nature du pouvoir conféré à Théodoric, F. LOT, op. cit., 111-112.

[15] D. H. G. E., 1447. Sur son intronisation, voir procès-verbal recueilli par Pierre le Patrice, CONSTANTIN VII Porphyrogénète, op. cit., 769-782 ; cf. BURY, op. cit., I, 429-432.

[16] BURY, op. cit., 432-433.

[17] GROUSSET, L’Empire des steppes, 115-124 ; F. LOT, Les invasions germaniques, 100-104 ; BURY, op. cit., I, 271-276. Récit de l’ambassade de Priscus en 448, PRISCUS PANITES (Excerpta de legationibus), F. H. G., IV, 69-110 ; BURY, op. cit., I, 279-288.

[18] Ce tribut se montait à plus de cent livres d’or, LYDUS (Jean), De magistratibus populi romani, 132 ; THÉOPHANE le Confesseur, Chronographia, 108 (a. 5946).

[19] C. I. L., III, 1, 734 ; WEIGAND, Das goldene Thor in Konstantinopel (ext. de A. M,, 1914, p. l9).

[20] DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental de 395 à 1081, H. G. (M. A.), III, 42-43 ; GUTERBROCK, Byzanz und Persien, 29-31 ; BURY, op. cit., II, l-15 ; HONIGMANN, Die Ostgrenze des byzantinischen Reiches von 363 bis 1071, C. B., 9-12 ; CHAPOT (V.), La frontière de l’Euphrate de Pompée à la conquête arabe, 312-319.

[21] BRÉHIER (L.), La crise de l’Empire romain en 457, 94-96 ; BURY, op. cit., I, 335.

[22] MARTROYE, Genséric. La conquête vandale en Afrique et la destruction de l’Empire d’Occident, 133-136.

[23] MARTROYE, Genséric, 213-224 ; BURY, op. cit., I, 332-337.

[24] MARTROYE, Genséric..., 253 255.

[25] THÉOPHANE le Confesseur, op. cit., I, 187, 17-19.

[26] Sous Arcadius, Eutrope. Sous Théodose II, rivalité entre Pulchérie et l’impératrice Athenaïs Eudoxie, puis l’eunuque Chrysaphios. DIEHL (Ch.), Une république patricienne. Venise, Byzance : grandeur et décadence. I, 7-10, 39-42.

[27] KRÜGER, Histoire des sources du droit romain, 381 et s ; BURY, op. cit., I, 232-235 ; STEIN (E.), Geschichte des spätrömischen Reiches, I, 431. Depuis 448 les lois promulguées à Constantinople ne sont plus envoyées à Rome (Millet, M. G., 629-630).

[28] C. th. XIV, IX, 3 (1) ; BRÉHIER (L.), Notes sur l’histoire de l’enseignement supérieur à Byzance, ext. B. N., III, 1926, p. 7 et 82-94.

[29] MASPERO (J.), Horapollon et la fin du paganisme égyptien, ext. B. I. F. A. O., XI, 1914 p. 164-195 ; WILCKEN, Heidnisches und christliches aus Ægypten, ext. A. P., I, 1901, p. 407 419.

[30] Sur la destruction de temples de Gaza en 402, MARC LE DIACRE, Vie de Porphyre, évêque de Gaza, XLVII-LXX et ch. 63-69.

[31] ASMUS, Pamprepios... B. Z.. XXII, 1913, p. 326. De même à Alexandrie. Sur Jean Philoponos, MASPERO (J.), Histoire des patriarches d’Alexandrie (518-610), 47.

[32] Comme celle d’Alexandrie ensanglantée par le meurtre d’Hipathie (mars 415). BURY, op. cit., I, 216-221.

[33] Au moment de la révolte d’Illus en 484, ASMUS, op. cit., 336-337.

[34] Voir ZEILLER, M. A. H., 1904, p. 30 et s.

[35] HESSELING, Essai sur la civilisation byzantine, 24 (vers 395, d’après saint Grégoire de Nysse).

[36] DUCHESNE (L.), Églises séparées, 38-40 ; DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental de 395 à 1081, loc. cit., 22-24.

[37] FLICHE et MARTIN, Histoire de l’Eglise, IV, 163-186 ; DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 26-28.

[38] Le nestorianisme se maintint à l’école d’Édesse, fermée en 489 par ordre de Zénon et transportée à Nisibe en Perse, FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 326-328 ; LABOURT, Le christianisme dans l’Empire perse..., 131-141. Sur l’expansion du nestorianisme en Extrême-Orient et l’inscription de Si-gnan-fou, D. A. C. L., III, 1353-1385.

[39] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 211-217.

[40] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 220-223.

[41] FLICHE et MARTIN, op. cit, IV, 219 et 224-240 ; DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 30 à 33.

[42] Après la mort de Marcien (457), élection au patriarcat d’Alexandrie du monophysite Timothée et massacre du patriarche orthodoxe Proterius (28 mars), FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 280.

[43] DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 34-35 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 284-297.

[44] DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 42-46 ; D. H. G. E., II, 1449-1451 ; MASPERO (J.), Organisation militaire de l’Egypte byzantine, 23-25.

[45] LYDUS (Jean), De magistratibus populi romani, III, 49, 138 ; BURY (J. B.), History of the later Roman Empire, I, 442-444.

[46] DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 44.

[47] D. H. G. E., II, 1448 ; SICKEL, Das byzantinische Krönungsrecht bis zum Xter Jahrhunderts, ext. B. Z., VII, 1898, p.522-523. Avant son avènement il aurait été chassé de l’Église par Euphemios, THÉOPHANE le Confesseur, Chronographia, I, 134, 19-24.

[48] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 301-307.

[49] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 308-320.

[50] DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 45 ; BURY, op. cit., I, 447-452.

[51] BURY, op. cit., II, 16 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., 65 et s.

[52] DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 47-48.

[53] VULIČ (N.), Origine et race de l’empereur Justinien, 5-8.

[54] MARCELLINUS COMES, éd. Mommsen, a. 521 ; DARKO, Byzantinisch-ungarische Beziehungen in der zweiten Hälfte des XIII. Jahrhunderts, 6-7, fig. 3 (diptyque consulaire de Justinien).

[55] DUCHESNE (L.), L’Église au VIe siècle, 46 ; MASPERO, Histoire des patriarches d’Alexandrie, 67.

[56] OMAN (Ch.), A history of the art of war in the Middle Age. II, 180 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 426-427.

[57] MASPERO, op. cit., 69-70 : VASILJEV, B. Z., XXXIII, 1933, 71.

[58] MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle, II, 170-176.

[59] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 427-429 ; DUCHESNE, op. cit.. 49-64 ; Correspondance entre le pape et Constantinople (Collectio Avellana), C. S. E. L., XXXV : Epistulæ imperatorum, pontificum aliorum inde ab a. CCLCXVII usque ad a. DLIII datæ.

[60] BURY, op. cit., II, 156.

[61] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 435.

[62] Liber pontificalis Ecclesiæ Romanæ, I, 276 ; Anonyme Valois, Pars posterior, 328.

[63] Le 4 avril précédent, BURY, op. cit., II, 23.

[64] Préface II du Code (début). Dans ses édits il rappelle Enée, reipublicæ princeps, les rois de Rome, le grand César, le pieux Auguste.

[65] Mosaïques du chœur de Saint-Vital à Ravenne : entrée de Théodora dans la basilique. Reproduction, NICÉPHORE LE PATRIARCHE, Ίστορία σύντομος, Breviarium, pl. X.

[66] DIEHL, Théodora, impératrice de Byzance, sur sa religion, id., 233-288.

[67] C. J., préface I, ad senatum.

[68] C. J., préface II.

[69] C. J., préface III ; Dig., préfaces 1 et 2 ; Inst. proæmium.

[70] DIEHL, Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle, 455-456 ; BURY, op. cit., II, 39-48, 71-74 ; Principales sources : PROCOPE DE CÉSARÉE, Bellum Persicum, I, 24-25 ; MARCELLINUS COMES, a. 532 ; MALALAS (J.), Chronographie, P. G., XCVII, 688-690. Dialogue entre Justinien et les factions à l’Hippodrome (11 janvier) dans Théophane. Cette émeute porte le nom de Sédition Nika, du cri de guerre des insurgés. THÉOPHANE LE CONFESSEUR, Chronographia, 88 (a. 6024).

[71] DIEHL, Manuel d’art byzantin, 154-156 ; ID., Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle, 467-495.

[72] C. I. C. I., C. J., XI, 9-10 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., IV 442-443.

[73] R. O. C., II, 1897, p. 482 et s. ; DUCHESNE (L.), L’Eglise au VIe siècle, 276-280 ; MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle, II, 207-208.

[74] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 445.

[75] C. I. C. I., C. J., IV, 20 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 447.

[76] DUCHESNE, Les protégés de Théodora, M. A. H., 35, 1915, 57-79.

[77] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 448-449.

[78] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 449-451. DUCHESNE, L’Église au VIe siècle, 82-85 ; C. J., I, 6-7.

[79] DIEHL, Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle, 381-385 et 394-398.

[80] DIEHL, Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle, 387-396 ; BURY, History of the later Roman Empire, II, 91-92.

[81] MARTROYE, L’Occident à l’époque byzantine : Goths et Vandales, 213-221 ; DIEHL, op. cit., 173-174.

[82] MARTROYE, op. cit., 155-174 et 260-279.

[83] PROCOPE DE CÉSARÉE, Bellum gothicum, I, 5 et 13.

[84] Malgré les avis de Jean de Cappadoce, PROCOPE, Bellum vandalicum, I, 10.

[85] Sur ses origines, BRÉHIER (L.), dans D. H. G. E., VII, 776 et s.

[86] DIEHL, Justinien et la civilisation byzantine..., 174-177 ; MARTROYE, op. cit., 226-253 ; BURY, op. cit., II, 129-139.

[87] C. J., I, XXVII, 1 et 2 (pragmatique sanction, à Bélisaire, organisant le régime militaire) ; DIEHL, L’Afrique byzantine, 98-101.

[88] DIEHL, op. cit., 51-86.

[89] DIEHL, Justinien et la civilisation byzantine, 182-183 ; MARTROYE, L’Occident à l’époque byzantine : Goths et Vandales, 283-284.

[90] Théodat venait d’apprendre que les Goths avaient repris Salone. PROCOPE DE CÉSARÉE, Bellum gothicum, I, 6-7 ; MARTROYE, op. cit., 284.

[91] DIEHL, Justinien..., 183-185 ; MARTROYE, op. cit., 290-292 et 309-360.

[92] MARTROYE, op. cit., 361-389.

[93] DIEHL, op. cit., 187-189 ; MARTROYE, op. cit., 390-403. Les Goths avaient offert à Bélisaire de le faire empereur d’Occident, PROCOPE DE CÉSARÉE, op. cit., II, 29.

[94] PROCOPE, op. cit., I, 20 (Fidelius nommé en cette qualité par Bélisaire).

[95] N. J., 8 et 17 (535) ; DIEHL, Justinien..., 276-280 ; STEIN, dans B. Z., XXX, 378, attribue une grande part dans ces réformes à Jean de Cappadoce.

[96] N. J., 5 (535).

[97] JUSTINIEN, édit., XIII ; sur sa date, ROUILLARD (G.), L’administration de l’Égypte byzantine, 20-25.

[98] MASPERO (J.), Histoire des patriarches d’Alexandrie, 100-123 ; MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle, II, 208-220 ; DIEHL, Théodora, impératrice de Byzance, 255-260.

[99] FLICHE et MARTIN, Histoire de l’Église, IV, 453-455 ; Liber pontificalis Ecclesiæ Romanæ, I, 287-288 ; LIBERATUS, Breviarium causæ Nestorianum et Eutychianorum, 1038 et s.

[100] DIEHL, Théodora..., 261263 ; DUCHESNE, L’Église au VIe siècle, 96-97 ; N. J., 42 (6 août 536) ; JEAN D’ASIE (ou D’ÉPHÈSE), Histoire de l’Église, 245 et s. Synaxaire arabe-jacobite dans P. O. III, 3, 418-419.

[101] DUCHESNE dans M. A. H., 1915, 62 et s. ; sur l’action de Jacques Baradée, MASPERO, op. cit., 183 et s. ; FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 456.

[102] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 457-458 ; Liber pontoficalis..., I, 291-293 ; DUCHESNE, L’Église au VIe siècle, 151-154.

[103] PROCOPE DE CÉSARÉE, Bellum persicum, I, 19 ; le traité renouvelé sous Marcien en 451, PRISCUS PANITES (Excerpta de legationibus), F. H. G., IV, 69-110 ; WILCKEN, Heidnisches und Christliches aus Ægypten, 396-436 ; DUCHESNE, Églises séparées, 290.

[104] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 518-519.

[105] En 539, PROCOPE DE CÉSARÉE, Bellum gothicum, II, 4 ; Bellum persicum, II, 1 ; MARTROYE, L’Occident à l’époque byzantine..., 401-402.

[106] PROCOPE, Bellum persicum, II, 8-11, DIEHL, Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle, 213-215.

[107] Sur les conditions : GUTERBOCK, Byzanz und Persien, 57 ; HONIGMANN, Die Ostgrenze des byzantinischen Reiches von 363 bis 1071, C. B., 1935, p. 20 ; PHILIPPSON, Das Byzantinische Reich als geographische Erscheinung, 172.

[108] PROCOPE, Bellum gothicum, III, 1 ; DIEHL, Justinien..., 191-193 ; sur ses projets, S. REINACH dans A. I. C. R., 1906, p. 213.

[109] PROCOPE, Bellum gothicum, III, 13-20.

[110] PROCOPE, Bellum gothicum, III, 20-22 ; DIEHL, op. cit., 193-196.

[111] PROCOPE, B. G., IV, 32 LOT (F.), Les destinées de l’Empire en Occident de 395 à 888, H. G. (M. A.), I, 1928, p. 198 ; BURY, History of the later Roman Empire, II, 261-269 et 288-291.

[112] PROCOPE, op. cit., IV, 34. 35 ; MARTROYE, op. cit., 541-546. BURY, B. G., II, 270-274.

[113] MARTROYE, op. cit., 547 593 ; DIEHL, op. cit., 199-200 ; BURY, op. cit., II, 274-281.

[114] PAUL DIACRE, De gestis Langobardorum, S. R. L., II, 4 ; DIEHL, op. cit., 200-203 ; DIEHL, Etudes sur l’administration byzantine dans l’Exarchat de Ravenne, 157 et s.

[115] PROCOPE, Bellum vandalicum, II, 21 ; DIEHL, L’Afrique byzantine, 363-381 ; BURY, op. cit., II, 145.

[116] DIEHL, op. cit., 363-381 ; BURY, op. cit., II, 147 ; Corippus, Iohannis, A. A., III, 2.

[117] DIEHL, op. cit., 456.

[118] GASQUET (A.), L’empire byzantin et la monarchie franque, 162-170.

[119] DIEHL, Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle, 204-207 ; A. LAMBERT dans D. H. G. E., IV, 1297-1301.

[120] PROCOPE, De Ædificiis, 2-9 ; DIEHL, op. cit., 239-246 ; BURY, op. cit., II, 308-310.

[121] Sur les migrations des Avars et leurs premiers rapports avec Byzance, GROUSSET, L’Empire des steppes, 127, 226-228, 26 ; STEIN (E.), Studien zur Geschichte des byzantinischen Reiches, 8 ; HAUPTMANN dans B. N., IV, 147148.

[122] En particulier aux Huns Koutrigours et aux Slaves, BURY, op. cit., II, 314-316.

[123] N. J., 50 (537), BURY, op. cit., II, 340-341.

[124] Sur leur apparition et leurs premières invasions, DVORNIK, Les Slaves, Byzance et Rome au IXe siècle, 1-4 ; VASILIEV (A.), Istorja Vizantii, I, 184, et dans V. V., V, 1898, p. 404 et s.

[125] DIEHL, Justinien..., 218-220 (témoignage de JEAN D’ÉPHÈSE dans R. O. C., 1897, p. 485).

[126] BURY, op. cit., II, 304-308.

[127] Édit contre les Origénistes dans M. C., IX, 487-534 ; FLICHE et MARTIN, Histoire de l’Église, IV, 460-462.

[128] Parti le 22 novembre 545, il n’arriva à Constantinople que le 25 janvier 547 après un long séjour en Sicile. FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 463-464.

[129] H. L., III, 26 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 465.

[130] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 465-468.

[131] M. C., IX, 63.

[132] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 468-476 ; actes du concile connus par une seule traduction latine dans M. C., IX, 157-419 ; H. L., III, 1, 105-132.

[133] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 476-477 ; sur le voyage et la mort de Vigile, Liber pontificalis Ecclesiæ Romanæ, I, 299.

[134] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 477-480.

[135] Doctrine répandue en Égypte par Julien d’Halicarnasse sous le règne de Justin Ier, DUCHESNE, L’Eglise au VIe siècle, 71 ; JUGIE dans E. O., XXIV, 1925 ; SCHLUMBERGER (G.), Campagnes du roi Amaury de Jérusalem en Égypte, IV, 480-481 ; GRONDUS, L’iconographie byzantine du Crucifié mort..., 36-40.

[136] DIEHL, op. cit., 295-313. Sur la situation financière à la mort de Justinien, voir la préface de la novelle de Justin II, R. K. O. R., n° 4.

[137] MALALAS, dans H., VI, 378-380 ; BRÉHIER (L.), dans D. H. G. E., VII, 786.

[138] EVAGRIUS, VI, 1, cité par DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental de 395 à 1081, H. G. (M. A.), III, 1936, p. 121.

[139] Sur la valeur de l’Histoire Secrète voir l’analyse critique et les justes conclusions de DIEHL, Justinien et la civilisation byzantine au VIe siècle, XVI-XIX, et du même : Théodora, impératrice de Byzance, 59-68. Cf. DIEHL, Justinien..., 417-430.

[140] DIEHL, Justinien..., 426-427 ; MASPERO, Histoire des patriarches d’Alexandrie, 165-166 ; STEIN (E.), Studien zur Geschichte des byzantinischen Reiches, 26 ; EVAGRIOS, Histoire ecclésiastique, P. G., LXXXVI, V. 1.

[141] Chronique Pascale (ou Alexandrine), P. G., DCLXXXIX ; THÉOPHYLACTE DE SIMOCATTA, Histoires (582-602), III, 16 ; EVAGRIOS, op. cit., V, 23 ; JEAN D’ASIE (ou D’ÉPHÈSE), Histoire de l’Église, H. E., V, 13 ; STEIN, op. cit., 46, 56, 77.

[142] THÉOPHYLACTE DE SIMOCATTA, op. cit., I, 1 ; EVAGRIOS, op. cit., V, 22 ; GRÉGOIRE DE TOURS, Historia Francorum, VI, 30 ; STEIN, op. cit., 70, 98, 99 ; MASPERO, op. cit., 253.

[143] Le dimanche de Pâques 29 mars 582, THÉOPHYLACTE DE SIMOCATTA, op. cit., VIII, 4 ; Chronique Pascale (ou Alexandrine), 377 ; R. K. O. R., 136.

[144] THÉOPHYLACTE DE SIMOCATTA, op. cit., VIII, 11 ; IORGA (N.), Histoire de la vie byzantine, I, 267.

[145] STEIN, op. cit., 3-4. En 565 les sommes payées aux Perses, Avars, Huns, Arabes sont évaluées à 3.000 livres d’or.

[146] R. K. O. R., 4 ; novelle 148 (566).

[147] DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental de 395 à 1081, 134.

[148] GRÉGOIRE DE TOURS, Historia Francorum, V, 19. Même opinion des chroniqueurs orientaux : JEAN DE NIKIOU, Chronique copte, 522 ; STEIN (E.), op. cit., 88 ; PAUL DIACRE, De gestis Langobardorum, III, 12.

[149] Mesures en faveur des évêques chassés de leurs sièges par les invasions slaves (591) et des soldats devenus infirmes. R. K. O. R., 105 et 115.

[150] DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental de 385 à 1081, 137 ; OSTROGORSKY (G.), Geschichte des byzantinischen Staates, 49 ; IORGA, op. cit., 262-263.

[151] JANNSSENS (Yvonne), dans B. N., XI, 1936, p. 499 et s.

[152] Nom donné aux monophysites, de Jacques Baradaï, évêque d’Edesse. Sur les sectes jacobites (on en comptait vingt et Égypte), FLICHE et MARTIN, op cit., IV, 484 ; MASPERO, Histoire des patriarches d’Alexandrie, 191 et s.

[153] FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 485-488 ; textes des édits d’union dans EVAGRIOS, Histoire ecclésiastique, V, 4.

[154] R. P. B., 260 ; Vie d’Eutychios, patriarche de Constantinople ; FLICHE et MARTIN, op. cit., IV, 488 ; DUCHESNE, L’Église au VIe siècle, 256 ; MASPERO, op. cit., 250 et s.

[155] Edit établissant le rite orthodoxe en Arménie, R. K. O. R., 93 ; édit contre les donatistes d’Afrique, FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 218. Sur la légende orientale de Maurice, regardé comme un saint, P. O., V, 773-778.

[156] Protocoles de ses lettres, titres de dominus meus, dominus omnium. Reg. Greg., III, 61, 64, V, 30-35.

[157] FLICHE et MARTIN, op cit., V, 57-64 ; BATIFFOL (P.), Saint Grégoire le Grand (Les Saints), ch. VIII ; DUCHESNE, Églises séparées, 229-239.

[158] FLICHE et MARTIN, op. cit. V, 64-69 ; VAILHÉ dans E. O., XI 1908, p. 161-171.

[159] R. K. O. R., 110 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 60-61 ; PATRONO, Studi bizantini. Dei conflitti tra l’imperatore Maurizio Tiberio e il papa Gregorio Magno, 61 et s.

[160] GROUSSET, L’Empire de steppes, 110-129 ; STEIN (E.), Studien zur Geschichte des byzantinischen Reiches, 18-19.

[161] DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 128-129 ; STEIN, op. cit., 21-24 ; PATRONO, Bizantini i Persiani alla fine del VI secolo, 180-185 ; sur la Persarménie, PHILIPPSON, Das Byzantinische Reich als geographische Erscheinung, 172.

[162] En imposant la construction d’un temple du feu à Dwir JEAN D’ASIE (ou D’ÉPHÈSE), Histoire de l’Église, II, 18-23 ; témoignage de GRÉGOIRE DE TOURS, Historia Francorum, IV, 40. Voir CARRIÈRE dans l’Annuaire de l’École pratique des Hautes Etudes, 1898, l-23.

[163] Sources dans STEIN, op cit., 24-25 et 40-48 ; sur l’ensemble de la guerre, HONIGMANN, Die Ostgrenze des byzantinischen Reiches von 363 bis 1071, 20-27, DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 129 131 ; GUTENBOCK, Byzanz und Persien, 110-128.

[164] STEIN, op. cit., 59-60 ; chiffres exagérés d’Evagrius et Jean d’Éphèse.

[165] STEIN, op. cit., 63-69.

[166] STEIN, op. cit., 69-70.

[167] STEIN, op. cit., 70-79. PATRONO, Bizantini e Persiani..., 198-199.

[168] STEIN, op. cit., 89-91 ; PATRONO, op. cit., 199-203.

[169] STEIN, op. cit., 91-95. Mundar, fils et successeur du phylarque Aréthas (voir plus haut), monophysite et, comme son père, protecteur de ses coreligionnaires, NÖDELKE, Die Chassaniden Fürsten aus dem Hanse Gafnâ’s, IV 488 et 490, semble avoir été accusé à tort de trahison, HIGGINS (J.), The persian war of the Emperor Maurice, I. Chronology, 27-35 Arrêté par trahison, il fut interné à Constantinople.

[170] STEIN, op. cit., 96-97.

[171] R. K. O. R., 88 ; PATRONO, op. cit., 218-232. Sur la chronologie des guerres de Maurice en Perse d’après le calendrier sassanide, HIGGINS, op. cit., 1-2 et 72 et s. ; EVAGRIOS, Histoire ecclésiastique, VI, 4.

[172] Récits persans de TABARI, Histoire des Perses Sassanides, 272-274, et de l’Anonyme Fourmont, H. A. I., VII, 1733, 325 333 ; PATRONO, op. cit., 232-258.

[173] R. K. O. R., 97-101.

[174] HONIGMANN, op. cit., 28 s 37 ; R. K. O. R., 104 ; PHILIPPSON, Das Byzantinische Reich als geographische Erscheinung, 172 ; sur le remaniement des provinces qui suivit la signature du traité, GEORGES DE CHYPRE, Descriptio orbis romani, et BASILE L’ARMÉNIEN, Nea Taktika, LI et s. ; EVAGRIOS, op. cit., VI, 17-19.

[175] THÉOPHYLACTE DE SIMOCATTA, Histoires, VI, 10 ; MÉNANDRE LE PROTECTEUR, Histoire, Fragments, frag. 25 et 28 ; STEIN, op. cit., 8-9 ; HARTMANN, Geschichte Italiens, II, 1, 17, 31 ; PAUL DIACRE, De gestis Langobardorum, I, 23, 27.

[176] STEIN, op. cit., 10-13, R. K. O. R., 21 ; HAUPTMANN dans B. N., IV, 1927, p. 150-153.

[177] En cas d’insuccès, les Avars s’étaient engagés à recevoir les Lombards en Pannonie, où ils laissèrent quelques éléments. HAUPTMANN, op. cit., 153-154.

[178] PAUL DIACRE, op. cit., II, 7-9, 25-26 ; LOT (F.), Les destinées de l’Empire en Occident de 395 à 888, p. 211 ; GASQUET, R. H., XXXIII, 1887, p. 58 et s.

[179] Elle était commandée par Baduarius, gendre de Justin, STEIN, op. cit., 104.

[180] MÉNANDRE LE PROTECTEUR, Histoire, Fragments, 49-62. STEIN, op. cit., 106 ; PAUL DIACRE, op. cit., III, 13.

[181] STEIN, op. cit., 105-106 ; MÉNANDRE LE PROTECTEUR, op. cit., fr. 64-65 ; JEAN D’ASIE (ou D’ÉPHÈSE), Histoire de l’Église, VI, 24 (276) ; DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental... Sirmium se défendit trois ans. HAUPTMANN dans B. N., IV, 1927, 160-161.

[182] MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle, II, 361-364, TAFRALI, Thessalonique, des origines au XIVe siècle, 104-108.

[183] Ce fut vers 584 que Maurice créa les exarques d’Italie et d’Afrique, auxquels tous les chefs civils et militaires furent subordonnés, DIEHL, Études sur l’administration byzantine dans l’Exarchat de Ravenne, 17-18 ; du même, L’Afrique byzantine, 478-479.

[184] Moyennant 58.000 sous d’or, PAUL DIACRE, De gestis Langobardorum, III, 17 ; GRÉGOIRE DE TOURS, Historia Francorum, VI, 42 ; R. K. O. R., 83.

[185] En 584, 585, 588, 589, 590. Correspondance de Maurice avec Childebert, R. K. O. R., 84-85.

[186] PAUL DIACRE, op. cit., III, 17, 22, 29, 31 ; GRÉGOIRE DE TOURS, op. cit., X, 3 ; GASQUET (A.), L’empire byzantin et la monarchie franque, 193-204.

[187] LOT (F.), Les destinées de l’Empire en Occident..., 212-213 ; DIEHL, op. cit., 206-209 ; THÉOPHANE LE CONFESSEUR, Le monde oriental..., 128.

[188] FLICHE et MARTIN, Histoire de l’Église, V, 49-50 ; Reg. Greg., VII, 13 ; PAUL DIACRE, Vita Gregori Magni, 26.

[189] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 51 ; PAUL DIACRE, De gestis Langobardorum, IV, 5-6, 9.

[190] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 52 ; DIEHL, Études sur l’administration byzantine dans l’Exarchat de Ravenne, 69 ; sur les motifs de Maurice, PATRONO Studi bizantini. Dei conflitti... 55-57.

[191] DIEHL, L’Afrique byzantine, 457-482 ; AUDOLLENT (A.), Carthage romaine, 133-134.

[192] STEIN, Studien zur Geschichte des byzantinischen Reiches, 14 et s. ; GÖRRES dans B. Z., XV1 1907, 519 et s. ; LOT (F.), op. cit., 233-236.

[193] Sur l’importance de la province byzantine, GÖRRES, op cit., 516, 526 et s. Comentiolus qu’on retrouve dans la guerre contre les Avars, est connu comme gouverneur d’Espagne par un inscription latine de Carthagène datée de 589-590. GÖRRES, ibid. 534.

[194] GRÉGOIRE DE TOURS, op cit., VI, 24 ; VII, 10, 27, 30-38 LOT (F.), op. cit., 260-261 ; GASQUET, L’Empire byzantin et la monarchie franque, 183-193.

[195] LOT (F.), op. cit., 260 et 274 ; sur les rapports postérieurs de Maurice avec l’Austrasie et son traité avec Brunehaut en 602, GÖRRES dans B. Z., XIX, 1910, 434 et s., d’après les Epistolæ Austrasicæ dans M. G. E., III, 139 et s.

[196] Sur la date de ce rappel (592), BAYNES dans Xenia, 32-42.

[197] THÉOPHYLACTE DE SIMOCATTA, Histoires, VI, 4-5 ; HAUPTMANN, op. cit., 161.

[198] THÉOPHYLACTE, VII, 13.

[199] Parti à la tête de l’armée, il alla jusqu’à Anchialé où, cédant aux sollicitations des siens, il remit le commandement à Priscus (592), THÉOPHYLACTE, op. cit., VI, l-2 ; THÉOPHANE LE CONFESSEUR, Chronographia, 268-269.

[200] THÉOPHYLACTE, op. cit., VI, 6-9, VII, 1, 10-11.

[201] THÉOPHYLACTE, op. cit., VII, 13-14.

[202] THÉOPHYLACTE, op. cit., VII, 5. D’après le traité signé à Drizipara, le Danube devait former la frontière commune, le tribut était augmenté de 20.000 aurei. D’après HAUPTMANN, op. cit., 169, Maurice ignorait l’état d’infériorité des Avars décimés par la peste.

[203] Ibidem, VII, 7-11, VIII. 1-4 ; THÉOPHANE LE CONFESSEUR, Chronographia, 276.

[204] THÉOPHYLACTE, op. cit., VIII, 5-6.

[205] THÉOPHYLACTE, op. cit., VIII, 7-8.

[206] THÉOPHYLACTE, op. cit., VIII, 4 ; THÉOPHANE, op. cit., 283 ; JEAN D’ANTIOCHE, Chronique copte, fr. 218 Invectives rythmées contre Maurice dans B. Z., XXI, 1912, 34-35. Sur l’affaiblissement de l’autorité impériale, DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental de 395 à 1081, 137-138.

[207] THÉOPHYLACTE, op. cit., VIII, 8-13 ; THÉOPHANE, op. cit., 287-289 ; DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 138-139.

[208] Cf. Introduction et BRÉHIER (L.), dans J. S., XV, 1917, 401-402.

[209] En 607. Sur l’incident ridicule de l’Hippodrome, cf. THÉOPHANE, op. cit., 294.

[210] Reg. Greg., XIII, 34 Sur la réception des icônes impériales, FLICHE et MARTIN, Histoire de l’Église, V, 70.

[211] H. LECLERCQ dans D. A. C., XIV, 1939, 749 et s., (inscription de l’exarque Smaragdus).

[212] Reg. Greg., XIII, 41, 42, 43 ; sur le ton de ces lettres, BATIFFOL (P.), Saint Grégoire le Grand (Les Saints), 211-212. Sur la trêve avec les Lombards (603), Reg. Greg., XIII, 36, et FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 52-53.

[213] R. K. O. R., 155 ; Liber pontificalis Ecclesiæ Romanæ, I, 316 ; PAUL DIACRE, De gestis Langobardorum, IV, 36 (mai 609) ; R. P. R., 1905.

[214] THÉOPHANE, op. cit., 291293 ; THÉOPHYLACTE, op. cit., VIII, 15. Narsès se rendit à Domentiolus, frère de Phocas, sur la foi d’un sauf-conduit et fut brûlé vif à son arrivée à Constantinople.

[215] THÉOPHANE, op. cit., 288-291.

[216] Ibidem, 292-293 ; MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle, II, 378.

[217] Anonyme Guidi, Chronique, de 590 à la conquête arabe, C. S. C. O., III, Scriptores Syri, 24 ; TABARI, Histoire des Perses Sassanides, 290-292 ; DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 140 ; KOULAKOVSKY (J.), Istoriia Vizantii, III, 10-12.

[218] DUCHESNE, L’Église au VIe siècle, 369-375 ; MASPERO, Histoire des patriarches d’Alexandrie, 274-276 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 71-73.

[219] THÉOPHANE LE CONFESSEUR, op. cit., 293 (Germain et les princesses sont enfermés dans des monastères).

[220] Ibidem, 295 ; PERNICE (A.), L’imperatore Eraclio ; sur les dates et les confusions de Théophane voir ce dernier ouvrage, p. 305 et s.

[221] De leur propre aveu, Didascalia Jacobi nuper baptizati (602-610), 39 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 74.

[222] Examen critique de la chronologie de Théophane par KOULAKOVSKY dans V. V., XXI, 1914, 1-14. Cf. BRÉHIER (L.), dans J. S., XV, 1917, 404-406.

[223] THÉOPHANE, op. cit., 296 ; DUCHESNE, op. cit., 372 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 74-75.

[224] DIEHL, L’Afrique byzantine, 517-519 ; PERNICE, op. cit., 25-41 ; KOULAKOVSKY, Istoriia Vizantii, III, 18-27 ; FLICHE et MARTIN, V, 76-77.

[225] Le 5 octobre 610 à l’intérieur du Palais et il épousa en même temps Eudokia. THÉOPHANE, op. cit., 299. Il avait voulu s’effacer devant Priscus. NICÉPHORE LE PATRIARCHE (Breviarium), 5.

[226] THÉOPHANE, op. cit., 299-301, SEBEOS, Histoire d’Héraclius, 64-70 ; sur la prise de Jérusalem, récit d’ANTIOCHUS LE STATÈGE dans R. O. C., 1897, et E. H. R., 1910 ; PERNICE, op. cit., 58 66 ; KOULAKOVSKI, op. cit., III, 33-39 ; DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 144 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 79-82.

[227] Texte dans la Chronique Pascale (ou Alexandrine), P. G. ; EUTYCHIUS, Annales, 992-996 ; cf. SEBEOS, op. cit., 78-79 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 40-43.

[228] THÉOPHANE, op. cit., 301 ; Anonyme Guidi. Chronique, XXII-XXIII ; PERNICE, op. cit., 77-82 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 46-48 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 83.

[229] Détail connu seulement par Nicéphore le Patriarche (son Breviarium, p. 12).

[230] GORRES dans B. Z., XVI, 1907, 530-532 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 237-238 ; DIEHL, L’Afrique byzantine, 531.

[231] PERNICE, op. cit., 95-97 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 53-56 ; sur la date, BAYNES dans B. Z., XXI, 1912, 110-128.

[232] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 85-86 ; R. K. O. R., 165, 173-176. Recours aux trésors d’église.

[233] Nicétas fut successivement préfet augustal, comte des excubiteurs, exarque d’Afrique. DIEHL, L’Afrique byzantine, 524-525.

[234] THÉOPHANE, op. cit., 300 ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, Breviarium, 14-15.

[235] PERNICE, op. cit., 103-104 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 5863. Le Strategikon, attribué à tort à Maurice, paraît reproduire l’organisation de l’armée d’Héraclius et dater de la période antérieure à l’expédition en Perse, comme le montre Darko dans B. N., XII, 1937, 119 et s. Cf. AUSSARESSES, L’armée byzantine à la fin du VIe siècle (d’après le Strategicon de Maurice) ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 90-92.

[236] THÉOPHANE, op. cit., 302. 308 ; SEBEOS, Histoire d’Héraclius, 80-81 ; PISIDÈS (Georges), De expeditione persica, II, 2l7-358 du même : Heraclias, II, 167. 230. Récits de l’ensemble de la guerre : DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental de 395 à 1081, 146-151 ; PERNICE, op. cit., III, 61-120.

[237] THÉOPHANE, op. cit., 312-314.

[238] PISIDÈS (G.), Bellum avaricum ; THÉODORE DE SYNCELLE, Homélie sur le siège de Constantinople ; THÉOPHANE, op. cit., 315-316 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 408-409 ; SCHLUMBERGER (G.), Récits de Byzance et des croisades, 1-12.

[239] Chronique Pascale (ou Alexandrine), a. 6134, 1016 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 95 96 et 496 (question de l’hymne Acathiste).

[240] THÉOPHANE, op. cit., 317 327 ; SEBEOS, op. cit., 84-87.

[241] TABARI, Histoire des Perses Sassanides, 356-361 ; Chronique Pascale (ou Alexandrine), a. 6136, 1017, 1019 (texte de la lettre d’Héraclius au Sénat).

[242] L’évacuation de ces provinces fut réglée dans l’entrevue entre Héraclius et Schahrbaraz à Arabyssos (Cappadoce) en juillet 629, FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 98-99.

[243] THÉOPHANE, op. cit., 328329 ; SEBEOS, op. cit., 90-91 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 427 ; VINCENT et ABEL, Jérusalem nouvelle, 838-839 et 852-853 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 99-100.

[244] JEAN DE NIKIOU, Chronique Copte, 580 ; RUNCIMAN (St.), A history of the first Bulgarian Empire, 13-16 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 107.

[245] Cet événement n’est connu que par le De administrando Imperio, 29-32. Sur les discussions auxquelles ce témoignage a donné lieu, DVORNIK, Les Slaves, Byzance et Rome au IXe siècle, 6-9 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 146-149.

[246] DVORNIK, op. cit., 71-77, et 99-105.

[247] BRÉHIER (L.), L’origine des titres impériaux à Byzance, Ext. B. Z., XV, 1906, 172 et s.

[248] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 107, d’après la chronologie fixée par VOLOTOV dans V. V. XIV, 1907, 74-76.

[249] KOULAKOVSKY, op. cit., III, 396-398, résumé dans J. S., XV, 1917, 412 ; DARKO dans A. C. E. B., V, 1939, 92-93.

[250] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 108-109 ; BRATIANU, G. I. dans R. H. S. E., XVIII, 1941 49-67. Après la prise d’Acre (Ptolémaïs) par les Perses, les Juifs avaient démoli les églises et massacré les chrétiens. Voir B. Z., XX, 574.

[251] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 88-89 et 111 ; MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle, II, 379-381.

[252] A Tibériade Héraclius reçut l’hospitalité d’un Juif notable. THÉOPHANE, op. cit., 328 s. KOULAKOVSKY, op. cit., III, 116 et 118. Faits légendaires raconté par Eutychius, 1088-1090.

[253] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 110-111.

[254] DUCHESNE, L’Église au VIe siècle, 391-393.

[255] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 113-117. Sur le caractère nationaliste de cette opposition, LAURENT (Joseph), L’Arménie entre Byzance et l’Islam, 137.

[256] THÉOPHANE, op. cit., 330 ; SÉVÈRE D’ASCHMOUNEIN, Histoire des Patriarches d’Alexandrie, 489-492 (Vie du jacobite Benjamin).

[257] FLICHE et MARTIN, op cit., V, 118-120 ; DUCHESNE, op. cit., 602-603.

[258] Lettres de Sergius et d’Honorius dans M. C., XI, 533 544 ; H. L., IV, 243-247 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 121-123.

[259] R. K. O. R., 205 ; THÉOPHANE, op. cit., 330.

[260] DUSSAUD, Les Arabes en Syrie avant l’Islam.

[261] DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental..., 186-189.

[262] DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 190-192 ; SEBEOS, Histoire d’Héraclius, 99-100 ; KOULAKOVSKY, Istoriia Vizantii, III, 424-430.

[263] THÉOPHANE, op. cit., 338 SEBEOS, op. cit., 97-98 ; MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle. II, 420-424 ; DIEHL et MARÇAIS. op. cit., 192 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 128-130.

[264] VINCENT et ABEL, Jérusalem nouvelle, II, 930-932 ; THÉOPHANE, op. cit., 339 ; EUTHYCHIUS, Annales, 1099 ; MICHEL LE SYRIEN, II, 425-426.

[265] THÉOPHANE, op. cit., II, 340 ; MICHEL LE SYRIEN, op. cit., II, 167.

[266] Texte dans M. C., X 991-998 ; H. L., 111, 1, 388 et s., Sur la doctrine monothélite : DUCHESNE, L’Eglise au VIe siècle. 408-410 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 131-132.

[267] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 132-134. Sur la violence faits au pape Séverin : Liber pontificalis Ecclesiæ Romanæ, I, 324-328.

[268] DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 193-194 ; JEAN DE NIKIOU, Chronique copte, 556-570 ; sur les sources : BROOKS dans B. Z., IV, 1895, 435 et s. ; MASPERO (J.), Organisation militaire de l’Égypte byzantine, 9, 28 et s., 118 ; ROUILLARD (G.), L’administration de l’Égypte byzantine, 241-245. ASSELINEAU dans R. H., CXIX, 1915, 305 et s.

[269] NICÉPHORE LE PATRIARCHE, Breviarium, 24-25 ; THÉOPHANE, op. cit., 338 ; BUTLER, The arab conquest of Egypt, 137-138 ; VOLOTOV dans V. V., XIV, 1907, 98-102.

[270] THÉOPHANE, op. cit., 341 ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, op. cit., 27.

[271] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 143-145 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 171-181.

[272] JEAN DE NIKIOU, op. cit., 570.

[273] JEAN DE NIKIOU, op. cit., 562-578 ; BUTLER op. cit., 323-326, et sur l’identification de Cyrus avec l’Al-Mokaukis des sources arabes, 508-526 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 153-155.

[274] JEAN DE NIKIOU, op. cit., 578 ; EUTYCHIUS, Annales, 1112 ; KOULAKOVSKY, Istoriia Vizantii, III, 193

[275] MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle, II, 441-444 ; SEBEOS, Histoire d’Héraclius, 108 110 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 189-202 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 156.

[276] EUTYCHIUS, op. cit., 1112 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 155 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 193.

[277] SEBEOS, op. cit., 105-108, 191, 199 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 205. A l’édit de Constant imposant l’adhésion au concile de Chalcédoine, R. K. O. R., 227, le concile de Dwin (651) répondit par un refus. SEBEOS, op. cit., 112.

[278] LAURENT (Joseph), L’Arménie entre Byzance et l’Islam, 200 ; SEBEOS, op. cit., 134 ; sur les confusions de Théophane à ce propos, voir PEETERS dans B. N., VIII, 1933, 405-423 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 205.

[279] SEBEOS, op. cit., 133-138 ; LAURENT (J.), op. cit., 201.

[280] Les Arabes revinrent en Arménie dès 655, SEBEOS, op. cit., 145-148 ; LAURENT, op. cit., 202.

[281] AUDOLLENT (Aug.), dans D. H. G. E., I, 705-861 (Afrique).

[282] Pendant son passage au pouvoir (mai-novembre 641) Maxime arrêta cette propagande et révoqua l’exarque Georges. R. K. O. R., 619 ; DIEHL, L’Afrique byzantine, 565.

[283] FLICHE et MARTIN, V, 163-164 ; DUCHESNE, L’Église au VIe siècle, 437 ; GRUMEL dans E. O., XXX, 1927, 30 ; procès-verbal de la dispute dans M. C., 709-760. Cf. H. L., III, 1, 401-425. Pyrrhus avait dû abdiquer le patriarcat en 641. THÉOPHANE, Chronographia, 341 ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, Breviarium, 30-31.

[284] THÉOPHANE, op. cit., 343 ; MICHEL LE SYRIEN, op. cit., II, 440 ; Vie de Maxime le Confesseur, P. G., XC, 67-110, p. 112 ; DIEHL, L’Afrique byzantine, 545-547 ; AUDOLLENT, Carthage romaine, 137.

[285] Liber pontificalis Ecclesiæ Romanæ, I, 332 ; V, 165-166.

[286] R. K. O. R., 225 ; texte dans M. C., X, 1029-1032 ; H. L., III, 1, 432, 434.

[287] Liber pontificalis, I, 338 ; actes dans M. C., X, 863-1170 ; H. L., III, 1, 434, 451 ; FLICHE et MARTIN, Histoire de l’Église, V, 166-169.

[288] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 169-171 (sur les sources, id. 170, 170,2).

[289] Il fut accusé à tort d’avoir poussé à la révolte l’exarque Olympios, chargé de l’arrêter en octobre 649, Liber pontificalis, 337-338.

[290] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 171-173.

[291] FLICHE et MARTIN, op. cit, V, 173-175 (sur les sources, id., 173, 1. Voir M. P. G., XC, 109-172).

[292] FLICHE et MARTIN, op. cit, V, 176-177. Es 657 le pape Vitalien notifie son élection à l’empereur qui l’approuve et envoie sa lettre synodale au patriarche.

[293] PHILIPPSON, Das Byzantinische Reich als geographische Erscheinung, 19 et s.

[294] THÉOPHANE, op. cit., 343-346 ; MICHEL LE SYRIEN, op. cit., II, 441-442 ; SEBEOS, op. cit., 110, 111.

[295] DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental, de 395 à 1081, 196-199.

[296] R. K. O. R., 230 ; THÉOPHANE, op. cit., 346-347 ; MICHEL LE SYRIEN, op. cit., II, 450.

[297] LAMMENS, Etudes sur le règne du calife omayade Mo’awia, I, 66 ; DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 198-203.

[298] THÉOPHANE, op. cit., 347 (a. 6149) ; ÉLIE DE NISIBE, Chronique syriaque, 64 ; TAFRALI (O.), Thessalonique, des origines an XIVe siècle, 134-135. On ignore dans quelle région eut lieu cette expédition. On suppose qu’elle dégagea Thessalonique.

[299] THÉOPHANE, op. cit., T, 348 (a. 6153) ; OSTROGORSKY (G.), Studien zur Geschichte des Byzantinischen Staates, 77 ; DIEHL, Etudes sur l’administration byzantine dans l’Exarchat de Ravenne, 253-257 ; du même : L’Afrique byzantine, 570-571 ; PAUL DIACRE, De gestis Langobardorum, V, 11.

[300] Liber pontificalis, I, 348.

[301] THÉOPHANE, op. cit., 351-352. (a. 6160) ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, Breviarium, 31-32, MICHEL LE SYRIEN, op. cit., II, 445.

[302] D’après les sources orientales, Constant envoya en 667 une expédition pour défendre la Byzacène contre les Arabes. DIEHL, L’Afrique byzantine, 570 ; KOULAKOVSKY, Istoriia Vizantii, III, 225.

[303] Raids périodiques en Asie Mineure, FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 182, et en 669 expédition contre la Sicile et pillage de Syracuse. Liber pontificalis, I, 346.

[304] THÉOPHANE, op. cit., 35 : (a. 6162).

[305] Liber pontificalis, I, 34 (attribue la répression à l’armée d’Italie). THÉOPHANE, op. cit. 352 (a. 6160) et MICHEL LE SYRIEN, op. cit., II, 451-455, affirment qu’il y eut une expédition de Constantin IV en Sicile. Sur cette question voir BROOKS dans B. Z., XVII 1908, 455-459 et GRÉGOIRE (H.) dans B. N., XIII, 1938, 165-171.

[306] Fait connu par le privilège que Constant II accorda à l’archevêque de Ravenne, 1er mars 666, R. K. O. R., 233.

[307] THÉOPHANE, op. cit., 35 (a. 6161) ; FLICHE et MARTIN op. cit., V, 181.

[308] Ils continuèrent à porter le titre impérial jusqu’en 681.

[309] D’après une inscription Voir GRÉGOIRE (H.), dans B. N. 1938, 165-171.

[310] THÉOPHANE, op. cit., 352 (a. 6164) ; VASILIEV (A.), The Goths in the Crimea, ch. 48, 369 ; MICHEL LE SYRIEN, op. cit., II, 455.

[311] THÉOPHANE, op. cit., 353-354 (a. 6165) ; MILLET, PARGOIRE et PETIT, Recueil des inscriptions chrétiennes de l’Athos, 32-33 ; DIEHL et MARÇAIS, op. cit., 241-242 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 237.

[312] La révolte des Mardaïtes du Liban décida Moavyah à demander la paix, d’après Théophane, qui insiste sur l’effet prodigieux produit par ce traité en Europe (dans sa Chronographia, I, 355-356, a. 6169) ; R. K. O. R., 239.

[313] GROUSSET, L’Empire des steppes, 232 ; RUNCIMAN (St.), A history of the first Bulgarian Empire, 16-21.

[314] THÉOPHANE, op. cit., 356-360 (a. 6171) ; RUNCIMAN, op. cit., 22-29 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 248.

[315] DUJČEV dans A. I. K., X, 1938, 145-154 ; DVORNIK, Les Slaves, Byzance et Rome au IXe siècle, 9-10 ; KOULAKOVSKY op. cit., III, 249.

[316] R. K. O. R., 243 (vers janvier 679) ; THÉOPHANE, op. cit., 359 ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, Breviarium, 35.

[317] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 183-191 ; Liber pontificalis, 348-363 ; R. K. O. R., 242.

[318] Actes dans M. C., XI, 195-922 ; H. L., III, 1, 484-490 ; DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental..., 242-243.

[319] THÉOPHANE, op. cit., 361 (a. 6177) ; MILLET, PARGOIRE et PETIT, op. cit., 36.

[320] DIEHL, Choses et gens de Byzance, 174-177.

[321] KOULAKOVSKY, op. cit., III, 253.

[322] Voir Institutions, dans M. B. E. H., n° 32 bis.

[323] D’après la lettre de Justinien II au pape Conon (17 février 687). R. K. O. R., 254. Texte dans M. C., XI, 737-738 ; DVORNIK..., I, 368.

[324] Sur le traité, R. K. O. R., 257 ; DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental..., 208 ; HONIGMANN, Die Ostgrenze des byzantinischen Reiches..., 40-41 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, o 255 ; THÉOPHANE, op. cit., 363 (a. 6178).

[325] THÉOPHANE, op. cit., 365 (a. 6183) ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 478-479 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 261-262.

[326] THÉOPHANE, op. cit., 365-366 (a. 6185) ; sur les critiques de Théophane au sujet de cette politique de colonisation : OSTROGORSKY, Geschichte des byzantinischen Staates, 86.

[327] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 438-439, 1 (bibliographie au sujet de l’attribution).

[328] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 191-193.

[329] Sur le désordre de la société, DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental..., 232-235.

[330] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 195-196. Actes dans M. C., XI, 921-936 ; H. L., III, 1, 560 et s. On le désigne aussi sous le nom de Concile in Trullo, parce qu’il se tint, comme le VIe concile d’ailleurs, dans une salle du palais impérial, couverte d’une coupole (trullos).

[331] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 196-197 ; Liber pontificalis, I, 372-375 ; DIEHL, Choses et gens de Byzance, 184 185.

[332] LAURENT (Jos.), L’Arménie entre Byzance et l’Islam, 202-203 ; THÉOPHANE, op. cit., 363 (a. 6178).

[333] KOULAKOVSKY, op. cit., III, 257.

[334] KOULAKOVSKY, op. cit., III, 264. Sur l’emplacement du champ de bataille, Sébastopolis, et la date, voir BROOKS, B. Z., XVIII, 1909, 154 ; THÉOPHANE, op. cit., 365-366 (a, 6184) ; ibidem, 203.

[335] KOULAKOVSKY, op. cit., III, 267-268.

[336] THÉOPHANE, op. cit., 368. 370 (a. 6187) ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, Breviarium, 37-39 : KOULAKOVSKY, op. cit., III, 275 276 ; DIEHL, Choses et gens de Byzance, 187-189.

[337] THÉOPHANE, op. cit., 370 (a. 6189) ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, op. cit., 39 ; DIEHL, L’Afrique byzantine, 580-586 ; AUDOLLENT, Carthage romaine, 138-141.

[338] DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental..., 206-207 ; DIEHL, L’Afrique byzantine, 563-576 ; AUDOLLENT dans D. H. G. E., X, 1494-1495 Kairouan fut occupée de 670 à 688 par un chef berbère, DIEHL, L’Afrique byzantine, 576-579.

[339] THÉOPHANE, op. cit., 37( (a. 6190) ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, op. cit., 40 ; KOULAKOVSKY, op cit., III, 280.

[340] KOULAKOVSKY, op. cit., III, 280-281 ; DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental..., 246.

[341] THÉOPHANE, op. cit., 37-l. 372 (a. 6192) ; MICHEL LE SYRIEN, Chronique universelle, II, 474 478 ; Chronica Minora, VII, 75.

[342] LAURENT (Jos.), op. cit., 204-205 ; KOULAKOVSKY, op. cit. III, 283.

[343] DIEHL, Choses et gens de Byzance, 190-196 ; VASILIEV, The Goths in the Crimea, 81 ; THÉOPHANE, op. cit., 374 (a. 6198) ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, op cit., 42.

[344] KOULAKOVSKY, op. cit. III, 288-289 ; DIEHL, Choses et gens de Byzance, 197-198.

[345] AGNELLUS, Liber pontificalis Ecclesiæ Ravennatis, 367-370 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III 294.

[346] Liber pontificalis Ecclesiæ Romanæ, I, 376 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 198-200.

[347] THÉOPHANE, op. cit., 377-381 (a. 6203) ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, op. cit., 44-47 ; DIEHL, Choses et gens de Byzance, 201-211 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 299-302 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 205-206.

[348] FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 206-208.

[349] En 719 le concile de Mantzikert rejetait de nouveau la doctrine de Chalcédoine, LAURENT (Jos.), L’Arménie entre Byzance et l’Islam, 205-206 ; KOULAKOVSKY, op. cit., 311-312.

[350] THÉOPHANE, op. cit., 382 (a. 6204) ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, op. cit., 48 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 310-311 ; DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental..., 247.

[351] THÉOPHANE, op. cit., 383 (a. 6205) ; NICÉPHORE LE PATRIARCHE, op. cit., 49 ; en 711 l’Empire avait perdu sa dernière place en Afrique, Septem Fratres (Ceuta), KOULAKOVSKY, op. cit., III, 303.

[352] THÉOPHANE, op. cit., 383 (a. 6205) ; NICÉPHORE, op. cit., 49 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 312 313.

[353] M. C., XII, 193-208 ; Liber pontificalis Ecclesiæ Romanæ, 1, 392 ; R. P. B., 322-324.

[354] GAMS (Series episcoporum, 81) le fait s’enfuir à Rome.

[355] THÉOPHANE, op. cit., 383-384 (a. 6206) ; NICÉPHORE, op. cit., 49. Walid était mort (début de 715) et son successeur, Soliman, poussait les préparatifs, THÉOPHANE, 384 (a. 6207) ; NICÉPHORE, 50.

[356] THÉOPHANE, 384-385 (a. 6207) ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 317-318.

[357] THÉOPHANE, 385-391 (a. 6207-6208) ; NICÉPHORE, 50-52 ; DIEHL et MARÇAIS, Le monde oriental..., 247-248 ; KOULAKOVSKY, op. cit., III, 318-319 ; FLICHE et MARTIN, op. cit., V, 208, 209.