Le présent ouvrage, composé à l'occasion du fameux Cent-cinquantenaire, venait tout juste d'être terminé au printemps de l'année 1939, lorsque s'ouvrit le grand drame qui, depuis, a secoué l'Europe. L'attention du public étant désormais ailleurs, il nous a fallu renoncer à le faire paraître. Mais nos malheurs récents nous amènent aujourd'hui à faire un retour sur nous-mêmes et à rechercher, en toute sincérité, le point de départ de toute une série de fautes, de celles-là mêmes qui nous ont conduits là où nous en sommes. Or nous croyons notre travail susceptible peut-être de quelque intérêt à cet égard. C'est pourquoi nous nous décidons à le publier tel qu'il a été écrit il y a plus de dix-huit mois, sans rien y ajouter d'autre que les présentes lignes et celles de l'extrême-fin. Bien qu'elle soit sortie de méditations relatives à la seule Révolution française, cette étude, à la lumière des événements actuels, semble avoir une portée plus générale. Cruciale, l'année 1789 nous paraît maintenant l'avoir été, non seulement pour l'histoire de notre grande Révolution, mais encore pour toute l'histoire contemporaine, celle de tous les pays en général aussi bien que la nôtre propre. Nos grands ancêtres ayant travaillé pour l'univers, contrairement aux Anglo-Saxons des deux hémisphères dont les Révolutions ont été surtout nationales, la prodigieuse fortune des idées qu'ils ont lancées dans le monde n'a rien qui doive surprendre. Cette fortune a été telle que le développement indéfini de ces idées a paru caractériser essentiellement les temps modernes et donner la formule politique définitive, celle où l'Etat serait fondé sur le consentement des individus affranchis au préalable de toute sujétion par la révolte. L'assaut donné à la Bastille au nom de la liberté est à l'origine de toutes les Révolutions européennes ou extra-européennes du XIXe et des premières années du XXe siècle comme la séparation de Luther et de Rome a donné le branle à la Réforme religieuse dans la chrétienté au XVIe siècle. Cependant, entre la Réforme du XVIe et la Révolution de la fin du XVIIIe il y a une différence capitale : la première a été une révolte de la conscience et n'a nullement été faite au nom de la liberté, tandis que la seconde n'a visé que cette dernière et ne s'est pas occupée de la notion du devoir moral. A la base de l'ordre de choses nouveau qui allait remplacer dans tous les pays l'Ancien Régime fondé sur l'absolutisme et le privilège, les Français de 1789 ont ainsi placé un moteur à explosions dépourvu de régulateur et de frein. Aussi est-ce à la destruction de toute autorité et de toute hiérarchie que devait mener le développement logique et sans contre-partie du fameux article 1er de la Déclaration des Droits : Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Il est absurde, nous n'hésitons pas à le dire, de prétendre fonder la société sur de pareilles bases. D'une part, en effet, proclamer l'égalité originelle des droits, alors que le droit égal pour chacun d'exercer librement ses facultés ne tarde pas à ramener, par la sélection naturelle, l'inégalité des conditions, c'est provoquer le concours universel des revendications et déchaîner le tumulte des sentiments égoïstes de jalousie et d'envie, alors que le fonctionnement régulier d'une société bien organisée réclame la soumission de tous ses membres à l'autorité publique et leur commune solidarité. Ce qu'il faut à la société comme assises, c'est, tout au contraire, l'inégalité des conditions dans l'égalité des devoirs. Cette double nécessité a d'ailleurs été reconnue par les révolutionnaires mêmes. La Convention en l'an III et la Constituante de 1848 joindront, dans leurs Déclarations, les Devoirs aux Droits. Quant à celle de 1789, elle a admis comme indispensables les distinctions sociales. Seulement, en présentant ces dernières plutôt comme un sacrifice pénible de l'individu que comme une nécessité vitale de la société, elle a sapé, à sa base même, la notion de discipline sociale. Après la destruction justifiée du système nocif des castes artificiellement fermées, le principe de l'égalité originelle des droits conduira, dans l'avenir, à réclamer la disparition de ces éléments naturels et sains de toute société organisée que sont les classes sociales et la famille elle-même. En exaltant l'égoïsme individuel, ce principe tend, en effet, à affaiblir l'utilité sociale de tels cadres, dont le maintien ne saurait plus se justifier par la raison de l'utilité commune dès l'instant qu'ont disparu les fortes traditions de leurs membres pour ne laisser subsister d'autre lien entre ces derniers que les seuls intérêts matériels. La conséquence logique de l'aversion foncière pour toute hiérarchie doit ainsi forcément amener, un jour, la transformation de la société humaine en un véritable troupeau. D'autre part, si la liberté est le bien le plus précieux de l'homme, celui qui le distingue de l'esclave, sa stricte limitation est indispensable à la vie de l'homme en société. Au delà d'un certain degré, en effet, la liberté du citoyen devient mortelle pour la cité, son développement excessif menant droit à l'anarchie, dans les deux sens donnés à ce mot : destruction de l'autorité ainsi que désordres sociaux. D'abord, il est dans la nature de la liberté de chercher sans cesse à s'étendre aux dépens du pouvoir public : quand l'Etat dérive de l'individu, l'individu tend à circonscrire toujours davantage le domaine de l'Etat, dans lequel il ne voit qu'une gêne, puis, devant l'incapacité notoire de ce dernier, incapacité qui est pourtant de son fait, à le taxer d'impuissance congénitale pour lui marchander davantage encore la soumission qu'il lui doit. Ensuite, en laissant aux individus isolés toute latitude de se grouper à leur guise — la liberté d'association ne paraissant pas moins naturelle que celles de conscience ou d'opinion —, en laissant ensuite à ces groupements — toujours par souci du respect de la liberté — la faculté de poursuivre des buts opposés entre eux ou aux siens sans limitation ni contrôle sérieux de sa part, l'Etat assiste bientôt, impuissant, et, dans plus d'un cas, diminué, à des conflits d'intérêts de plus en plus graves et dont il devient l'enjeu faute d'avoir su s'en montrer l'arbitre. Or l'harmonie, la concorde sont la condition et le signe même de la santé sociale. Entre les intérêts particuliers — individuels ou collectifs — la seule lutte admissible est à qui servira le mieux l'intérêt général. Mais l'aboutissement fatal d'un système qui laisse aux intérêts particuliers la faculté de poursuivre exclusivement et jusqu'au bout leurs fins propres sans prendre en considération les intérêts voisins ou rivaux, c'est la guerre civile, ouverte ou larvée. Les grèves et les lock-outs sur le terrain économique, la mortelle lutte des classes sur le terrain politique et social, sans compter les menaces, les exigences ou les refus concertés d'obéissance des fonctionnaires, ainsi que les manœuvres criminelles des commerçants ou des fabricants pour augmenter artificiellement leurs bénéfices normaux aux dépens des consommateurs, toutes ces choses, qui sont les conséquences logiques de la liberté illimitée, ne sauraient être regardées comme compatibles avec le fonctionnement régulier d'une société organisée au mieux des intérêts de tous. Et c'est ce que comprennent fort bien ceux d'entre les fauteurs d'anarchie qui poursuivent, à travers ces universels conflits et en utilisant la liberté comme moyen, une fin nettement autoritaire, la dictature du prolétariat — ou la dictature tout court. Il est donc parfaitement déraisonnable de vouloir fonder une société sur la liberté et sur l'égalité de ses membres. Seule une haute conscience de leurs devoirs chez tous les citoyens — devoirs envers l'Etat et devoirs envers leurs semblables — pourrait rendre viable une telle conception. Mais, en prenant les hommes tels qu'ils sont — et tels qu'ils demeureraient avec tout autre système social — il faut bien se résigner à considérer l'individu en fonction de la société et renoncer à bâtir la société en partant de l'individu. Une société bien construite donne le plus de bonheur possible au plus grand nombre de ses citoyens et ce n'est certes pas le cas lorsqu'on sacrifie l'organisation de la collectivité aux exigences sans bornes de l'individu. Si encore ce sacrifice était efficace ! Mais il reste parfaitement vain. Dans une société ainsi comprise, en effet, la liberté et l'égalité ne sont qu'illusoires. Délivré de toute sujétion apparente, celle d'Etat comme celle de classe, l'individu n'est pourtant pas vraiment souverain et indépendant. Les groupements formés par lui pour défendre ses intérêts — professionnels ou autres — sont menés, en fait, par des personnages qui restent dans la coulisse et qui poursuivent leurs fins particulières. Lui-même se trouve réduit au rôle d'instrument ; il est un simple jouet, celui d'organismes occultes et puissants — politiques ou économiques — en qui réside, beaucoup plus que dans la Nation, la souveraine puissance. Et c'est précisément la conscience de cet état de choses, une fois bien acquise par les esprits clairvoyants, qui est à l'origine des incessantes, et de jour en jour plus graves, agitations politiques et sociales dans lesquelles se débat, à la fin, et toujours plus vainement, le régime agonisant. Comme remède, les uns préconisent alors le retour pur et simple à l'arbitraire et au privilège. Les autres, prisonniers de leur idéologie et de leur jargon révolutionnaires, poussent à une dernière révolution qui finirait certainement par aboutir à un résultat analogue. Mais, pour trouver le véritable remède, bien peu songent à remonter à la source même du mal, à en dénoncer l'origine. Cette origine, nous la voyons dans l'erreur fondamentale commise en 1789 lorsqu'au lieu de transformer l'arbitraire et le bon plaisir d'un souverain absolu en une autorité inspirée par l'amour du pays et simplement guidée et soutenue par une opinion patriote et avertie, au lieu de chercher la solution dans une combinaison raisonnable de la puissance d'en haut et de la liberté d'en bas toutes deux associées dans un commun amour de la patrie et fortifiées par la renaissance de la conscience nationale, on a tout simplement pris le contre-pied de ce qui existait jusque-là et voulu faire dépendre le pouvoir et la société elle-même du seul consentement de l'individu. En fait, la société n'est pas née à la suite d'un contrat librement passé entre égaux : c'est là une simple vue de l'esprit, une conception juridique, donc artificielle. Elle doit son existence à l'amour des couples humains, au respect des enfants pour les parents et à la crainte du plus fort qui, seuls, peuvent lui permettre de continuer à vivre à défaut d'un esprit civique poussé jusqu'au fanatisme. Ainsi, la liberté et l'égalité ne sont pas à la base, au point de départ ; ce ne sont pas des droits naturels, comme l'ont soutenu les hommes de 1789 pour garantir l'individu contre l'oubli par le gouvernement de ses devoirs envers lui. Elles sont des acquisitions ; elles doivent être seulement une récompense : la récompense du dévouement à la chose publique. Voilà pour le point de vue général. Et voici ce que nous semble devoir suggérer un retour sur le cas particulier de notre propre pays, notre récente expérience nous fournissant ici, hélas ! un contrôle précieux. D'abord, la confirmation des idées générales que nous venons d'esquisser et dont toute notre histoire, depuis un siècle et demi, fournit l'éclatante démonstration. A une réforme de l'Etat qui aurait remplacé, comme principe moteur de l'autorité publique, l'intérêt ou les caprices d'une famille et de son entourage par le sentiment du devoir envers la nation, à une réforme de la société qui aurait brisé les cloisons étanches entre des classes égoïstes et fermées pour reconnaître la seule hiérarchie des valeurs, nos pères ayant préféré la révolte dont l'essence est de repousser toute autorité et de ruiner toute hiérarchie, deux germes mortels : l'anarchie et l'égocentrisme ont été déposés dans ce fruit précieux mûri par des siècles d'histoire que représente la Patrie. Et ces germes ont fini sous nos yeux par pourrir le fruit tout entier. Ensuite, en l'an de grâce 1789, a été rompue une longue tradition française, en faveur d'une conception doctrinale sans racines dans notre passé mais prête à accueillir tous les hommes de la terre. Tandis que, sur les frontières, l'ardent amour de la patrie allait enflammer tous les cœurs et armer les bras de tous ses défenseurs en 1792 et 1793, le terme de patriote était réservé, à l'arrière, depuis le début de la grande tourmente révolutionnaire, aux partisans des idées nouvelles, et le but du patriotisme de l'an II allait être, non pas de grandir la France, mais de municipaliser, de jacobiniser tout l'univers. Ainsi, dès cette aube des temps nouveaux, l'égoïsme sacré d'antan était déjà à la veille de se voir remplacer, dans le fonds de nos consciences, par un internationalisme plus imprudent encore que généreux. Nous venons de voir aujourd'hui les désastreux effets de cet abandon. Enfin, en cette même année 1789, ont été instaurées chez nous de nouvelles mœurs politiques, celles des continuelles secousses intérieures et des discussions interminables. D'une part, le fameux char de l'Etat a commencé d'être mené suivant une méthode en tous points opposée aux errements du passé : au lieu de se borner à corriger sans cesse la conduite de l'attelage, on a préféré changer à chaque instant de conducteur, trop souvent en jetant brutalement celui-ci à terre. De l'autre, la manie de la controverse, chez un peuple aussi bavard que le nôtre, a engendré le byzantinisme et conduit à l'impuissance : les partis se sont annulés réciproquement, les chefs se sont mutuellement neutralisés, et un jour est venu fatalement où la machine s'est trouvée bloquée, ne laissant plus d'autre issue que le recours à l'arbitraire et à la confusion des pouvoirs. En tournant le dos à ses propres principes, le régime s'est ainsi condamné lui-même. La politique, comme la langue d'Esope, est à la fois la meilleure des choses et la pire. C'est la meilleure, la plus bienfaisante, quand elle est vraiment l'art de gouverner. C'est la plus néfaste et la plus grotesque quand elle devient une carrière pour laquelle chacun se croit né. Il s'agit alors d'une véritable gangrène qui finit, comme cela vient d'être notre cas, par atteindre le pays entier. Chez nous, en ces derniers temps, le plus borné des manœuvres voulait jouer au politicien. La foule des ignorants pérorait devant la porte close du savant réduit au silence. Ce n'était que grands mots sur la place publique : péréquation des salaires, juste prix, travail qualifié, responsabilité de l'employeur, droits de la main-d'œuvre, etc., etc. Ils en avaient la bouche pleine et s'écoutaient parler avec complaisance, tout surpris eux-mêmes de leur propre éloquence. Par moment, on eût cru rêver. On vivait au royaume de la Folie. C'était la maison à l'envers. La maison est à l'endroit quand on a : en haut, le commandement et l'initiative avec la responsabilité des décisions ; en bas, l'obéissance et la discipline, avec le contrôle des résultats ; quand la Démocratie fait consister son action dans la poursuite du bien général par ses seuls fondés de pouvoir sur lesquels tous les citoyens ont un pareil droit de regard, et que ces derniers, également soumis à la commune loi du travail, tirent tous ensemble sur le même câble au lieu de se dresser les uns contre les autres comme des frères ennemis. Elle est à l'endroit quand le problème politique est moins celui des mérites respectifs de divers systèmes en présence que la difficulté de faire passer dans les faits l'idéal du bien-être général, c'est-à-dire quand ce problème consiste surtout dans la recherche des réalisations pratiques les plus véritablement utiles à tous. A quoi peuvent bien servir, en effet, les controverses théoriques ? Tout n'a-t-il pas été dit depuis dix mille ans qu'il y a des hommes et qui pensent ? Elle l'est encore, à l'endroit, cette maison, quand ses habitants sont tous tendus pour l'action : plus penser que dire est déjà bien ; penser pour agir vaut encore mieux. Elle l'est enfin quand les discussions entre citoyens sont sérieuses, quand elles portent sur les choses plutôt que sur les personnes, qu'elles ont plus égard au fond qu'à la forme, et ne tiennent compte que de raisons pertinentes sans s'arrêter aux sentiments ni aux préjugés, les uns et les autres si funestes à l'intérêt public que personne ne doit jamais perdre de vue dans la poursuite de ses propres fins. Hélas ! c'est exactement du contraire que les Français d'avant la présente guerre donnaient l'attristant spectacle, et, par l'usage qu'ils en faisaient, on peut se demander s'ils étaient vraiment dignes de cette liberté si chèrement conquise par leurs pères. Ils n'en avaient retenu, en effet, que la faculté d'échapper à toute contrainte. D'abord, elle leur servait à se dérober à l'obligation du travail : les masses étaient possédées d'un frénétique besoin de jouir. Ensuite, elle leur servait de prétexte pour mettre les chefs à la suite : chacun voulait commander, personne ne consentait plus à obéir, et d'innombrables citoyens, n'ayant pour le gouvernement de leur propre pays que dédain et suspicion, abritaient sous le manteau commode d'un internationalisme prétendument éclairé leurs manquements intéressés à la discipline nationale. La Démocratie ainsi comprise évoquait assez bien l'image de l'infini, ce cercle dont le centre est partout et la circonférence nulle part, tandis que la Politique ne justifiait que trop la définition mordante qu'on en a donnée : l'art de mettre l'intérêt public au service de ses intérêts particuliers. Une véritable paralysie semblait avoir frappé tout le corps social, la rage de la critique, qui sévissait, stérilisant par avance toute velléité d'action. Enfin, entre citoyens, déchirés par de furieuses rivalités au lieu d'être attelés côte à côte à l'œuvre commune, la manie du verbe aveuglait sur les mérites de chacun. Aucun souci de s'instruire, ni même réellement de convaincre : le seul désir de briller et de l'emporter dans une joute où les mots tenaient lieu d'idées, les idées de choses, et les désirs de réalités prochaines. Les masses étaient ainsi disposées à se laisser, à l'occasion, entraîner aux plus dangereuses croisades idéologiques tandis que, dans la vie courante, la cécité partisane ou la myopie parlementaire bouchaient tous les horizons pratiquement accessibles. De toutes ces critiques, ou pour mieux dire de tous ces aveux, ressort une constatation générale, une confession suprême. Nous sommes une nation enthousiaste, mais versatile et trop portée à pousser ses vues à l'extrême sans tenir un compte suffisant des contingences. Nous sommes des idéalistes auxquels manque, trop souvent, hélas ! le sens des réalités. C'est l'idée même que l'un d'entre nous a exprimée quelque jour sous cette forme pittoresque : Le peuple français adore les révolutions, mais il abomine les réformes. Mot caustique et profond, dont toute notre histoire depuis 1789, mais singulièrement celle de l'année 1789 elle-même, comme on le verra par cet ouvrage, démontre la criante vérité. En cent-cinquante-et-un ans, nous avons fait l'essai de tous les régimes, et aucun d'eux ne nous a donné pleine satisfaction, parce qu'aucun d'eux n'a su se réformer à temps et à fond. Serait-ce donc que les institutions importent moins que la manière dont on les applique ? Serait-ce donc que les changements de régime importent moins que le changement des caractères ? Serait-ce enfin que, pour être heureux, il faudrait, chez nous, que les gouvernants abandonnent la routine et mettent toute leur application à bien servir les gouvernés, et que les gouvernés renoncent à la révolte pour suivre les seuls gouvernants ? Si une telle leçon devait être tirée par les Français des malheurs qui les accablent, l'épreuve qu'ils traversent en ce moment n'aurait pas été vaine. Puisse-t-il en être ainsi, et puisse la Révolution pacifique du 10 juillet 1940 clôturer définitivement l'ère des révolutions sanglantes ouverte le 14 juillet 1789 ! Juillet 1940. |