HISTOIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE

LIVRE QUINZIÈME

 

CHAPITRE III. — CRIMES DES CHOUANS

 

 

Protestation de Stofflet contre la paix conclue par Charette. — L'armée des côtes de l'Ouest confiée à Canclaux. — Jugement de Mallet du Pan sur Canclaux. — Charette appuie les républicains contre Stofflet. — Succès des républicains. — Stofflet abandonné par ses principaux officiers. — Attaques de grand chemin. — La révolte attisée par les prêtres. — Charette se prépare à la trahison. — Horrible situation de Nantes. — Soumission de Stofflet. — Paix mendiée et achetée, pacte entre la bassesse et le mensonge. — Résultats de la pacification de Saint-Florent : pillages, incendies, assassinats. — État des choses en Bretagne. — Effroyables déprédations. — Vil caractère de la politique thermidorienne. — Plan de Hoche. — Ses instructions. — En quoi elles étaient blâmables. — Son système de concentrer ses forces. — Plaintes que ce système provoque. — Hoche dénoncé par Baudran et Dubois-Dubais. — Insolence de Coquereau, un des chefs des Chouans. — Traité de la Mabilaye ; conditions avilissantes subies par le gouvernement thermidorien. — Le commandement de l'armée des côtes de Cherbourg retiré à Hoche et confié à Aubert-Dubayet. — Manière de combattre des Chouans décrite par Hoche. — Abominable hypocrisie de Cormatin et des chefs chouans. — La révolte organisée à l'ombre de la pacification. — Crimes de toutes sortes commis par les Chouans : vols, massacres, contributions forcées, dévastation des campagnes, mesures pour affamer les villes. — Règlement de police rédigé par Cormatin. — Les prêtres réfractaires, fauteurs de la guerre civile. — Progrès de la Chouannerie. — Le général républicain Humbert sous l'uniforme de Chouan. — Plan de la faction espagnole. — Offres faites aux royalistes par l'Espagne. — Impudence de Cormatin ; ses menées. — Il est découvert et arrêté. — Soulèvements des Chouans réprimés. — La tête de Boishardy promenée au bout d'une pique ; généreuse indignation de Hoche.

 

Pendant que les agents de Paris nouaient leurs intrigues, tout n'était que trahison dans les provinces de l'Ouest, où le royalisme était en force.

On a vu avec quelle fougue Stofflet s'était séparé de Charette, lors des conférences de la Jaunaye[1] : le 12 ventôse an III (2 mars 1795), il convoqua ses officiers à Jallais ; et tous, réunis en conseil, ils signèrent contre la pacification une protestation véhémente. Elle portait que vivement affectés du lâche abandon qu'avaient fait de leur poste MM. de Charette, de Couetus, Sapinaud, Fleuriot, Debruc, Béjary et Prudhome, ils invitaient à se joindre à eux dans le plus court délai les officiers fidèles à Dieu et au roi[2].

Cette protestation était l'ouvrage de Bernier, curé de Saint-Laud, de ce même Bernier qui, selon la remarque de Savary, vendit ensuite son parti pour avoir un évêché[3].

Un décret du 13 ventôse (3 mars) avait mis le général Hoche à la tête des armées réunies des côtes de Brest et des côtes de Cherbourg : le même décret confia le commandement en chef de l'armée des côtes de l'Ouest au général Canclaux[4].

Ainsi, c'était sur le plus tiède des généraux républicains que le parti dominant se reposait du soin de dompter le plus opiniâtre des généraux royalistes. Ce choix fut-il désagréable aux rebelles ? On en jugera par ce mot d'une lettre que Mallet du Pan écrivait, un mois après, au comte de Sainte-Aldegonde : On dit le général Canclaux destitué ; c'est un malheur ![5] Mallet du Pan n'aurait sans doute pas déploré aussi amèrement la destitution de Hoche, qui disait avec raison en parlant de lui-même : Ma figure peut paraître de glace lorsqu'on ne me connaît pas ; mais en matière de liberté, mon âme est de feu[6].

Cependant, Canclaux se disposait à marcher contre Stofflet. Le 24 ventôse (14 mars) le représentant du peuple Delaunay en informa la Convention, ajoutant que Charette agirait de concert avec les républicains[7]. Et en effet le bruit courut que, pour favoriser l'expédition dirigée contre Stofflet, Charette avait établi un cordon de troupes sur les lignes qui séparaient son territoire de celui de son rival[8]. Ce qui est certain, c'est qu'il donna ordre à ses lieutenants Fleuriot et Sapinaud d'escorter avec cinq cents hommes un convoi considérable de subsistances destiné par Canclaux aux troupes qui devaient se réunir près de Chollet. Le convoi parvint à sa destination, et seize mille rations de pain s'étant trouvées de trop, ce fut grâce à la même protection qu'elles purent sans danger rétrograder sur les Sables-d'Olonne, où elles furent distribuées aux soldats de Charette[9].

Le 5 germinal (25 mars), les colonnes républicaines se mettaient en mouvement et s'emparaient, sans rencontrer aucune résistance, de Cérisais, de Bressuire, de Châtillon, de Maulevrier, de Chollet[10]. Le général Caffin, qui commandait la division Dubreuil, entra, de son côté, à Chemillé, le 11 germinal (31 mars), mais non sans avoir perdu, au passage de Layon, deux braves officiers que l'armée regretta fort : l'adjudant général Bardon, et Rateau, chef d'escadron du 11e régiment de hussards[11].

Ces premiers et rapides succès accusaient vivement la faiblesse de Stofflet. La vérité est qu'il n'avait pu parvenir à former un rassemblement ; jusque-là que Caffin écrivait au représentant du peuple Bézard, dès le lendemain de l'occupation de Chemillé : Nos patrouilles vont jusqu'aux Gardes, Trémentine et Jallais. On ne rencontre personne, si ce n'est quelques hommes épars[12].

Quelques jours après, le représentant du peuple Dornier se rendait seul à Saint-Macaire, où il avait invité les principaux officiers de Stofflet à se réunir pour y traiter de la paix.

Là fut signée par Bérard, Rostain, Mounier, Lhuilier, Lejeay, Germain Bez, Desormaux, tous officiers de Stofflet, une déclaration dans laquelle ils prenaient l'engagement de ne jamais porter les armes contre la République.

Mais, chose honteuse ! A cette poignée de rebelles qui ne posaient les armes que faute de pouvoir les garder plus longtemps, le gouvernement permit d'écrire en tête de leur déclaration : Des attentats inouïs contre notre liberté, l'intolérance la plus cruelle, les injustices et les vexations les plus odieuses nous ont mis les armes à la main[13].

En d'autres termes, les signataires ne juraient fidélité à la République qu'à la condition de l'insulter. Et voilà ce que les Thermidoriens étaient condamnés à souffrir !

Encore si cette défection des principaux officiers de Stofflet eût réellement mis un terme aux maux qui désolaient ces contrées ! Mais non : à une guerre régulière qui, de la part des royalistes, était devenue impossible, avait succédé une guerre de brigandage, et celle-là n'était pas près de finir. Il n'y avait plus de vrais combats, mais il y avait toujours des attaques de grand chemin. Le transport des subsistances ne pouvait avoir lieu qu'au prix d'une vigilance de tous les instants ; le meurtre secondait la rapine, et, presque toujours, la religion venait jouer un rôle dans ces fureurs. Le 20 germinal (9 avril), le bataillon d'Ille-et-Vilaine ayant eu à protéger contre une attaque soudaine et violente un convoi qu'il escortait, les rebelles perdirent un drapeau orné d'un écusson qui représentait saint Jean-Baptiste, avec cette légende : Ecce agnus Dei qui tollit peccata mundi[14]. Ainsi se révélait l'influence des prêtres.

D'un autre côté, l'attitude de Charette commençait à donner de sérieuses inquiétudes. Le traité conclu avec lui n'empêchait pas que la côte ne fût encore au pouvoir des rebelles, depuis l'île de Bouin jusqu'aux environs de Saint-Gilles. Savin commandait à Palluau. Dabbayes, dans le Marais, avait son quartier général à Saint-Jean-de-Monts. Pajot était du côté de Beauvoir. Dans les communes qu'on avait si follement placées sous l'autorité de Charette, il se formait des comités qui ne se cachaient pas pour agir au nom du roi. On faisait circuler des listes de proscription sur lesquelles se trouvaient inscrits les noms des hommes qui avaient le mieux servi la République[15]. Vainement les administrations adressaient-elles à Charette plaintes sur plaintes : à peine eût-il daigné y répondre, si la nécessité de préparer le succès de la trahison qu'il méditait ne lui eût fait une loi de la dissimulation. Encore ne croyait-il pas indispensables les précautions de ce genre de prudence qu'enfante la peur ; car les administrateurs de Challans eurent avis qu'il avait osé dire à ses soldats, cantonnés à Belleville : Mes sentiments n'ont point varié. Je ne suis nullement pour la République. La disette des blés m'empêche seule de rassembler mes forces. Prenez patience ![16]

Il fit savoir au chevalier de Tinténiac, par un officier de confiance, qu'il était prêt à reprendre les armes ; qu'il avait des soldats aguerris et brûlant d'en venir aux mains ; que ce qu'il lui fallait, c'était de la poudre. Il demandait aussi qu'on lui envoyât deux mille Français enrégimentés, et qu'on l'avertît quinze jours d'avance[17].

Du reste, la situation de Nantes à cette époque disait assez en quoi consistait la pacification de la Vendée. Cette situation était effroyable. Chaque jour, les Vendéens venaient acheter à Nantes des subsistances, des armes, des munitions, sans qu'il leur fût permis d'y apporter un œuf. Ainsi l'avaient décidé les meneurs royalistes, dont on souffrait lâchement qu'ils prissent les ordres. Affamer la ville, telle était la consigne donnée aux avant-postes des rebelles. Aussi la livre de beurre se payait-elle vingt livres, et le prix des autres denrées était en proportion[18].

Or, pendant que les Nantais étaient condamnés au tourment de cette disette organisée, les Chouans travaillaient avec une ardeur farouche à soulever les campagnes ; ils faisaient de grands achats de poudre ; ils appelaient sous le drapeau de la guerre civile quiconque avait de seize à quarante ans ; ils tenaient dans chaque arrondissement de cinq communes des assemblées factieuses où leurs prêtres venaient bénir les instruments des meurtres commis ou à commettre ; ils se livraient à toutes sortes d'horreurs. Des hommes, des femmes, des enfants, appartenant à la classe des patriotes, étaient retournés à Clisson, parce qu'ils mouraient de faim à Nantes : ils furent noyés dans la Sèvre. Des volontaires qui escortaient la diligence entre Varades et Ancenis, ayant été attaqués, vingt-huit d'entre eux furent pris, conduits à quelque distance de la route, forcés de creuser eux-mêmes leurs fosses et fusillés[19]. Voilà de quelle espèce de pacification la Vendée était redevable aux Thermidoriens !

Sur ces entrefaites, la nouvelle se répand que Stofflet est décidé à entrer en négociation avec le gouvernement républicain. Le 11 germinal (31 mars), il avait adressé à Canclaux, pour lui faire part de ses bonnes dispositions, une lettre[20] à laquelle la défection de ses principaux officiers était venue, depuis, donner beaucoup de poids. Sa soumission, d'ailleurs, paraissait inévitable. On y croyait si bien, que, à partir du 22 germinal (11 avril), les mouvements de troupes furent suspendus, et que le représentant du peuple Dornier se crut autorisé à réunir à dîner, dans la ville de Chollet, plusieurs chefs royalistes au nombre desquels figurait l'abbé Bernier[21]. Mais les républicains ne tardèrent pas à comprendre qu'on les trompait. Dornier lui-même, tout confiant qu'il était, s'aperçut que les rebelles n'avaient d'autre but que de profiter de l'inaction des troupes pour se concerter et former de nouveaux rassemblements[22]. Il fallut en revenir à une surveillance active.

Bientôt Stofflet, pour dernière ressource, dut s'enfoncer dans la forêt de Vezin ; mais les colonnes républicaines la fouillèrent ; et lui, poursuivi, traque comme une bête fauve, fut enfin réduit à se sauver seul à pied. Son homme de confiance, son chirurgien, son tonnelier, furent faits prisonniers[23], et lui-même se voyait au moment de partager leur sort, lorsqu'une entrevue que l'état désespéré de ses affaires le contraignit de demander[24] lui fut accordée.

Elle eut lieu dans un champ, près de Saint-Florent, le 13 floréal (2 mai).

Stofflet est un scélérat, écrivait le général Hoche au Comité de salut public[25] : appréciation violente que ne saurait admettre la justice de l'histoire ! Ce qui est vrai, c'est que Stofflet était un homme grossier, brutal, insolent et sans lumières. Mais à un courage indomptable il joignait des qualités qu'on eût en vain cherchées dans la plupart de ses compagnons d'armes : il avait un grand fonds de loyauté ; il n'était ni intrigant comme Puisaye, ni ambitieux, dissimulé et froidement sanguinaire comme Charette. Malheureusement, l'infériorité de son esprit l'avait soumis tout d'abord à l'ascendant de l'abbé Bernier, qui, en l'enveloppant de ses conseils, lui communiqua la lèpre de ses vices. L'astucieux curé de Saint-Laud fut en réalité le chef de l'armée d'Anjou, après la mort de Marigny. C'était lui qui correspondait avec les émigrés ; lui qui traçait la ligne de conduite à suivre ; lui qui rédigeait les proclamations à publier, et ce fut avec lui que la République traita lorsque Stofflet se vit dans l'impossibilité de tenir plus longtemps[26].

Le même caractère d'imprévoyance et de bassesse qui, de la part du gouvernement thermidorien ou de ceux qui le représentaient dans l'Ouest, avait marqué la pacification de la Jaunaye, marqua celle qui fut signée à Saint-Florent. Stofflet, après avoir soufflé tout autour de lui la révolte, déchaîné dans son pays la guerre civile, et plongé ses bras jusqu'aux coudes dans le sang des républicains, reçut de la République, pour prix d'une soumission, non pas même volontaire, mais forcée, deux mille gardes territoriaux, que le trésor s'engageait à solder, et une indemnité de deux millions[27] !

Le représentant Ruelle, dans la séance du 20 floréal (9 mai), disait, en parlant de Stofflet : Ce chef n'a voulu entendre à aucune proposition, tant qu'il ne lui a pas été prouvé que sa résistance serait inutiles[28]. Et c'était pour que Stofflet voulût bien cesser cette résistance inutile, qu'on lui donnait deux millions et une garde prétorienne !

Les négociateurs, du côté des républicains, étaient Ruelle, Dornier, Jarry, Challiou et Rollet[29]. Leur collègue Delaunay, qui était aussi sur les lieux, refusa son adhésion au traité, le jugeant impolitique et dangereux[30].

Quoi qu'il en soit, les conférences ne furent pas plutôt terminées, que les chefs des rebelles passèrent la Loire et allèrent dîner à Varades avec les représentants du peuple. Comme gage des sentiments nouveaux qui étaient censés les animer, ils avaient arboré la cocarde républicaine et se montraient parés de panaches tricolores[31]. L'air retentissait des cris de Vive la République ! Vive la Fraternité ![32] Pour mieux démontrer la sincérité de leur soudaine conversion, les Chouans remirent aux commissaires pacificateurs un paquet récemment envoyé d'Angleterre, qui contenait un million en faux assignats très-bien imités[33]. Il est vrai que cette démonstration de patriotisme ne resta pas tout à fait sans récompense ; car tandis que les chefs royalistes consentaient au sacrifice de leurs faux assignats, on leur offrait en échange non-seulement des assignats vrais, mais du numéraire. C'était, par exemple, en espèces sonnantes que Trotouin, major général de Stofflet, avait fait stipuler, avant la conclusion du traité, le payement des cinquante mille livres, prix de sa soumission[34] !

La pacification de Saint-Florent n'était, comme celle de la Jaunaye, qu'un pacte entre la bassesse et le mensonge : les plus aveugles furent bien vite amenés à le comprendre. Ruelle, toujours prêt à afficher un optimisme qui lui donnait de l'importance, s'était hâté de dire à la Convention : Si l'on en croit quelques terroristes, il n'y a point de paix conclue avec les Vendéens et les Chouans, ce n'est qu'un simulacre de paix[35]. Il n'était certes pas besoin d'être terroriste pour croire cela ! Et en effet, douze jours ne s'étaient pas écoulés depuis la signature du traité, que déjà un des commissaires pacificateurs, Jarry, en décrivait les résultats dans les termes suivants :

Les chefs chouans, sous prétexte de ramener les campagnes à la paix, parcourent les paroisses, mettent les hommes en réquisition depuis seize jusqu'à quarante ans, les rassemblent à des jours indiqués, et principalement le dimanche. La messe sert de prétexte pour passer des revues ; on s'y rend en armes ; on y porte des cocardes et des panaches blancs ; on y pousse le cri de vive le Roi ! Les Chouans ont établi des quartiers généraux autour de Nantes. Dans un instant, ils pourraient interdire l'arrivage des subsistances[36].

A la même date, le représentant du peuple Delaunay écrivait d'Angers :

Les Chouans ne veulent laisser sortir aucuns grains. Il faut mourir de faim, ou chercher du pain à la baïonnette. La pacification de Rennes nous tue ici[37].

De tous côtés partaient des plaintes analogues. La formation des gardes territoriales fournissait aux meneurs royalistes un admirable prétexte d'enrôlement : ils enrôlèrent pour le renouvellement de la guerre civile. Après avoir désarmé la campagne, ils eurent l'insolence de venir désarmer, dans les villes, les citoyens des faubourgs. Encouragés par une basse tolérance, l'orgueil et la tyrannie des chasseurs de Stofflet ne connurent plus ni frein ni limites. Les bestiaux enlevés ; les maisons mises au pillage ; des républicains bâtonnés en plein jour sous prétexte de terrorisme ; les autorités au désespoir ; la désertion parmi les troupes devenue effrayante ; les patriotes n'osant rentrer dans leurs foyers, ou assassinés s'ils l'osaient, tels furent les effets de l'acte par lequel Stofflet et ses officiers avaient déclaré se soumettre aux lois de la République une et indivisible[38].

Dans la séance du 20 floréal (9 mai), Ruelle n'avait pas craint d'assurer à la Convention que le pain, dans la Vendée, coûtait seulement huit sous la livre en assignats ; que les autres denrées s'y vendaient à proportion ; qu'on n'y faisait aucune différence entre l'assignat et l'argent ; que les troupes y recevaient des rations de trente-deux onces de pain ; en un mot, que les subsistances abondaient dans le pays[39].

Mensonge ou erreur, ces assertions provoquèrent des démentis terribles. Bientôt on sut, à n'en point douter, que c'était précisément le contraire de ce qu'avait dit Ruelle qui était la vérité. Les campagnes refusaient absolument les assignats ; le grain était hors de prix ; et l'on souffrait tellement à Nantes de la pénurie des subsistances, que la livre de pain s'y vendait de six à sept francs[40].

Quant aux subordonnés de Charette, leurs jeux étaient de piller, de voler, d'assassiner ; et lorsqu'on s'en plaignait à lui, il se contentait de répondre qu'il ne pouvait avoir l'œil à tout, qu'il redoublerait de surveillance et punirait les coupables : promesses dérisoires dont on ne voyait jamais l'accomplissement[41].

Le fait suivant, emprunté des Mémoires d'un homme qui était sur les lieux et qui écrit sans passion, donnera une idée de la manière dont les gens de Charette comprenaient l'observation de la paix.

Deux jeunes gens, attachés à l'administration des fourrages, avaient reçu ordre de porter des fonds au préposé de ce service à la résidence de Machecoul. Le lendemain de leur arrivée, grand dîner au quartier général de cette place. Charette et les deux voyageurs en étaient. Un de ces derniers ayant consulté sa montre, la Roberie, capitaine général de la cavalerie de Charette, jette un œil d'envie sur le bijou, qui était garni de diamants. Le lendemain, comme les deux voyageurs retournaient à Nantes, des cavaliers vendéens, placés en embuscade, fondent tout à coup sur eux et les arrêtent. On les conduit à la Roberie, qui s'empare de la montre, et en étend le possesseur à ses pieds d'un coup de pistolet. Puis se tournant vers ses cavaliers : Quant à l'autre, sa dépouille vous appartient. Le malheureux fut sur-le-champ égorgé. Son compagnon avait été blessé grièvement. On le crut mort ; et cette circonstance, en lui sauvant la vie, préserva le souvenir de cet odieux épisode[42], dont le héros est qualifié par Puisaye de jeune homme plein d'intelligence, de loyauté, d'intrépidité et de zèle[43].

Voyons ce qui, pendant ce temps, avait lieu en Bretagne.

Le surlendemain du jour où la paix de la Jaunaye fut signée, Hoche écrivait aux chefs chouans Boishardy, Chantreau, Colmnaret, de la Roche : Venez, messieurs, venez voir ce que sont les Français républicains, ils vous tendent les bras. Consultez vos envoyés et M. Thomas lui-même. Ils vous indiqueront le degré de confiance que vous devez avoir en des hommes qui brûlent de vous embrasser comme des frères et des amis[44].

Or, sept jours, seulement sept jours après l'envoi de cette invitation touchante, l'adjudant général Champeaux mandait, de Vannes au Comité de salut public :

La position de ce département devient plus embarrassante de jour en jour. A chaque instant on apprend de nouveaux assassinats. On annonce que les rassemblements généraux vont s'effectuer ; on est à la veille d'une insurrection complète. Des patrouilles de vingt-cinq hommes, allant porter des ordres dans les cantonnements, ont été attaquées. Les courriers sont assassinés. Il faut une escorte nombreuse pour voyager, et des forces imposantes pour approvisionner les magasins militaires[45].

 

Ce tableau n'était que trop fidèle : loin de mettre un terme aux fureurs de la Chouannerie, la nouvelle de la soumission de Charette, portée en Bretagne, semblait n'avoir fait qu'imprimer au désordre une activité dévorante[46]. Les volontaires étaient massacrés, les archives des municipalités pillées et brûlées, les officiers municipaux mis en fuite, les arbres de liberté abattus[47]. Le bourg de Louvigné fut livré aux flammes[48]. Malheur à quiconque avait montré quelque attachement à la République ! Plus de sûreté pour les acquéreurs de biens nationaux. La terreur planait sur les campagnes[49]. Excités, conduits par les prêtres réfractaires[50], les Chouans n'avaient pas honte de présenter Dieu comme le complice de leurs vols à main armée et de leurs meurtres. La pièce que voici est caractéristique :

De par la loi de Jésus-Christ, crucifié pour toi comme pour moi, nous, chef des armées catholiques et royales, nous demandons à Ambroise Claime, de la commune d'Argentré, pour ses fermages de la closerie et deux maisons de la Courbe appartenant à M. de la Touche Rondeloup, ci-devant curé de Genais, la somme de huit cents livres pour l'année 1794, faute de quoi nous ferons arrêt sur les biens et revenus. A faute de contribuer, nous entrerons en jouissance, et on vous regardera comme rebelle aux lois du roi.

Signé : MÉAULE, premier chef de Chouans[51].

 

Une chose aidait au succès de ces déprédations effroyables et assurait l'impunité de ces crimes : c'était le mouvement de réaction auquel les Thermidoriens s'étaient abandonnés sans réserve. On avait soin, écrit Savary, de désarmer les terroristes, — nous avons dit quelle extension absurde, cruelle, avait été donnée à ce mot, — et l'on se plaignait que les patriotes restassent sans défense, livrés aux poignards des Chouans[52].

Hoche était au désespoir[53]. A quels remèdes recourir contre tant de maux ? Ceux qu'il jugeait pouvoir être efficaces furent ainsi présentés par lui-même :

Hâter le moment de la pacification avec les Chouans, les traiter avec douceur et fermeté, leur inspirer la confiance, qu'ils paraissaient ne pas avoir ; agir avec eux de bonne foi.

Quant aux avantages à leur accorder :

Mettre en liberté les prêtres réfractaires, leur laisser dire messe et complies, les acheter, s'en servir contre les chefs du parti ;

Diviser ces derniers en achetant les uns et en flattant l'amour-propre des autres ;

Confier à ceux-ci la partie de la police de l'intérieur du pays qu'ils pourraient faire avec les gardes territoriales qu'on voulait créer, en les faisant surveiller par des républicains de bonne trempe, et placer ceux-là dans des corps aux frontières ;

Répandre habilement de l'argent parmi la classe indigente ;

Faire circuler des écrits sagement rédigés, calmants, religieux et patriotiques ;

Entretenir dans le pays un corps de vingt-cinq mille hommes campés sur différents points ;

Environner les côtes de Bretagne de chaloupes canonnières, qui changeraient de postes tous les dix jours ;

Conserver de l'infanterie sur les côtes pour s'opposer aux petits débarquements ;

Faire rentrer les munitions des arsenaux des villes et les porter dans ceux des places fortes ;

Tirer peu du pays, parce qu'il n'y avait presque rien ;

S'emparer de Jersey et de Guernesey ;

Établir une Chouannerie en Angleterre ;

Réorganiser d'une manière conforme aux principes de justice les administrations, et enfin imposer publiquement silence aux malveillants qui attaquaient la confiance due par le peuple à des républicains qui, journellement, se dévouaient à la mort pour servir la patrie[54].

 

Ce plan était fort sage. Toutefois, il impliquait l'adoption d'une mesure très-impolitique, et que Hoche lui-même avait précédemment déclarée telle[55]. Rien de plus dangereux en effet que de placer sous l'influence des chefs vendéens, si l'on traitait avec eux, des gardes territoriales ; car, d'une part, c'était leur fournir un prétexte à l'abri duquel on pouvait prévoir qu'ils formeraient de nouveau des rassemblements ; et, d'autre part, c'était mettre à leur disposition un noyau d'armée.

Hoche fut-il conduit à fermer les yeux sur un aussi grand péril par son impatience d'arriver à une solution pacifique ? C'est probable, et c'est aussi par là que s'explique sans doute un triste passage de ses instructions aux officiers généraux :

Avec un peu d'adresse, vous parviendrez bientôt, par le canal des prêtres, à vous faire obéir de tous… Engagez sous main quelques officiers et soldats à assister à leurs cérémonies religieuses, messes, etc. Faites attention, surtout, qu'elles ne soient pas troublées. La patrie attend de vous le plus entier dévouement. Tous les moyens de la servir sont donc bons, lorsqu'ils s'accordent avec les lois, l'honneur et la dignité républicaine[56].

Il écrivait aussi au général Lebley :

Que la religion ne t'arrête pas. Fais dire la messe, et assistes-y, s'il est nécessaire[57].

Il est douloureux de voir un homme du caractère de Hoche ranger l'hypocrisie au nombre de ces moyens de servir la patrie qu'avouent la dignité républicaine et l'honneur. Qu'on laissât les prêtres dire la messe et qu'on ne les troublât point dans l'exercice de leurs cérémonies religieuses, rien de mieux : à cela, le respect dû à la liberté de conscience ne trouvait pas moins son compte que la politique ; mais recommander à des soldats de fléchir les prêtres en simulant la dévotion, cela n'était pas républicain.

Une mesure de Hoche qui lui attira de vifs reproches, ce fut celle qui tendait à masser les troupes autour de lui. En cela il avait un double but, qui était : d'abord, de se mettre en état de repousser victorieusement la descente qui se préparait ; et ensuite, d'étaler un appareil de force assez imposant pour amener les Chouans à se soumettre. Mais il ne pouvait remplir son objet qu'à la condition de dégarnir les départements circonvoisins, et c'est ce qu'il fit. Il retira, bataillon par bataillon, des départements d'Eure-et-Loir, de l'Orne et de la Sarthe, les troupes qui les protégeaient contre les ravages de la Chouannerie ; et de ces pays, abandonnés de la sorte aux brigands, de grandes clameurs s'élevèrent. On entendit des patriotes s'écrier : On nous avait vendus, on nous livre aujourd'hui. Les représentants du peuple Baudran et Dubois-Dubais écrivirent au Comité de salut public, le premier de Laval, le second de Chartres, qu'on réduisait aux abois les départements confiés à leur surveillance. Hoche s'efforce d'organiser une nouvelle Vendée, disait amèrement Dubois-Dubais ; et Baudran demandait avec véhémence si l'on avait résolu de perdre cet infortuné pays, pour le reconquérir ensuite[58].

Tandis que ces dénonciations injustes ébranlaient le crédit dont Hoche jouissait auprès des membres du Comité de salut public, le résultat auquel tendait la mesure dénoncée était à la veille d'être obtenu ; et l'œuvre de la pacification, facilitée par une suspension d'armes, avançait.

Malheureusement, il n'était que trop aisé de juger à l'attitude des Chouans et à leur langage que cette pacification serait chose dérisoire. Le général Lebley ayant demandé à Coquereau, un des chefs des Chouans, de lui envoyer des grains, celui-ci, dans la lettre qui expliquait son refus, eut l'audace de dire au général républicain : Vous devez être persuadé que je ne suis point ennemi de la paix ; je la désire, mais je n'y croirai que lorsque je verrai un roi. Mort aux patauds ![59]

Ainsi que nous l'avons constaté par anticipation[60], Cormatin eut l'insolence d'exiger, et les commissaires pacificateurs eurent la bassesse d'ordonner, que Hoche s'abstînt de paraître aux conférences, lesquelles s'étaient ouvertes à la Prévalaye, près Rennes. Cet encouragement donné à la rébellion porta ses fruits. On brava ouvertement un pouvoir auquel ses propres serviteurs manquaient de respect. Ce fut la rougeur au front et l'indignation dans le cœur que Hoche se plaignit du nombre des personnes qui se rendaient à la Prévalaye pour faire la cour aux Chouans, et qui étaient assez déhontées pour ôter la cocarde nationale[61].

Des agents de Puisaye et du Cabinet britannique, Vasselot, Boisbaudron, Bellay, Prigent, avaient été arrêtés porteurs de dépêches qui les constituaient coupables du crime de haute trahison. On ne croirait jamais, si le fait n'était établi par la déclaration officielle de ceux qu'il accuse, que la mise en liberté de Prigent et de ses complices fut réclamée par Cormatin comme condition sine qua non de la paix, la vérité, l'honneur et le devoir lui faisant une loi irrésistible de ne pas consentir à une pacification où ils ne seraient pas compris[62].

Les représentants pacificateurs qui subirent des conditions à ce point humiliantes étaient Guezno, Chaillou, Bollet, Jarry, Grenot, Corbel, Guermeur, Ruelle, Lanjuinais et Defermon[63].

A l'exemple de Charette, Cormatin se fit payer cher des engagements qu'il comptait bien ne pas tenir ; et, à la suite de négociations où l'on peut dire que l'honneur de la République coula par tous les pores, Lanjuinais, Defermon et leurs collègues écrivirent au Comité de salut public, le 1er floréal (20 avril) : Nous vous annonçons, citoyens collègues, l'heureuse issue de nos conférences. La pacification a été signée ce soir à six heures par les chefs des Chouans[64].

C'est cette pacification qui est restée connue sous le nom de traité de la Mabilaye.

Elle fut signée le jour même où les plaintes de Baudran et de Dubois-Dubais amenaient la Convention à retirer au général Hoche le commandement d'une des deux armées qui lui avaient été confiées[65]. On laissa sous ses ordres celle des côtes de Brest, et l'on mit sous les ordres d'Aubert-Dubayet celle des côtes de Cherbourg[66].

Or, une semaine après la signature du traité, Hoche écrivait au général qu'on venait de lui donner pour coopérateur :

Je vais vous esquisser le genre de guerre que nous ont faite et que nous font encore des bandes composées de voleurs, de prêtres, de contrebandiers, d'émigrés, d'échappés des galères et de déserteurs. Réunis sous des chefs qui sont ordinairement du pays, les Chouans se répandent imperceptiblement partout, avec d'autant plus de facilité qu'ils ont partout des agents, des amis, et qu'ils trouvent partout des vivres et des munitions, soit de gré, soit de force. Leur principal objet est de détruire les autorités civiles ; leur manœuvre, d'intercepter les convois, d'assassiner les patriotes des campagnes, de désarmer nos soldats lorsqu'ils ne peuvent les embaucher, d'attaquer nos cantonnements, postes ou détachements lorsqu'ils sont faibles, et enfin de soulever les habitants des villes même en les affamant ; leur tactique est de combattre derrière les haies. Vainqueurs, ils égorgent et pillent. Vaincus, ils se dispersent, et assassinent les bons habitants des campagnes que la terreur et le fanatisme divisent[67].

 

Si l'effet de la pacification eût été de couper court à ces horreurs, il en faudrait bénir la mémoire ; mais, et c'est le royaliste Puisaye lui-même qui en fait la remarque[68] : Loin de nuire matériellement aux forces et à l'ensemble des royalistes, l'acte de pacification ne servit qu'à leur fournir de nouveaux moyens d'ajouter aux unes et de consolider l'autre, en leur donnant la facilité d'agir publiquement, et en levant les entraves qui avaient gêné jusqu'alors la liberté des communications.

En réalité, c'était là le but que s'étaient proposé les chefs royalistes, dont la conduite, en cette circonstance, fut marquée au sceau de la plus noire hypocrisie, comme l'ont prouvé, depuis, leurs propres aveux.

Le 22 ventôse (12 mars), durant le cours des négociations, Cormatin avait écrit au général Hoche : Tant qu'il me restera une goutte de sang dans les veines, je serai le même. Vous avez ma parole, la Convention a ma signature, je ne puis vous en dire plus. Il serait infâme, indigne d'un homme d'honneur (sic) de chercher à tromper celui qu'il estime[69]. Eh bien, le soir du jour où la paix fut conclue, Cormatin recevait des canonniers qu'il avait poussés à la désertion, les faisait conduire en cachette dans une chambre haute du château de la Prévalaye, ordonnait qu'on leur apportât du vin, et buvait avec eux, dans le même verre, à la santé du roi[70].

Et cette détestable hypocrisie ne fut pas le crime de Cormatin seulement ; car, avant de se séparer, tous les autres signataires royalistes du traité dirent au chevalier de Tinténiac : Soyez témoin du serment que nous faisons de poignarder le premier qui abandonnerait la cause de Dieu et des Bourbons. Et, après avoir mandé cette circonstance à M. Windham, Tinténiac ajoutait : Je vous assure, monsieur, que jamais serment ne fut fait plus sincèrement[71].

Celui-là, oui ; mais l'autre !

Comment s'étonner, après cela, des désastres que la pacification engendra, à partir du jour même où elle fut conclue ? Tinténiac, au sortir de la Prévalaye, avait parcouru tous les arrondissements pour les maintenir dans leurs bonnes dispositions[72]. Le comte de Silz et les chefs du Morbihan se tenaient à leurs postes, prêts à seconder le débarquement des Anglais[73]. D'autres chefs de Chouans, tels que Chantereau, Caqueray, Busnel, faisaient dire à Puisaye que jamais cette partie — l'arrondissement des Côtes-du-Nord — n'avait été mieux disposée[74]. Et en effet, plus de cent compagnies furent organisées dans l'espace de quinze jours. La seule division du chevalier de Boisguy comptait trois mille hommes exercés[75]. Ce chevalier de Boisguy, chef renommé parmi les royalistes, était un enfant de quinze ans[76].

Inutile de dire que ce mouvement s'appuyait sur l'Angleterre. Des communications actives, incessantes, existaient entre Londres et Guernesey, Guernesey et les côtes de France[77]. Le ministre anglais Windham correspondait avec les royalistes d'une manière suivie. Les secours fournis à ceux-ci consistèrent, d'abord en faux assignats, puis en louis d'or, puis en billets de la banque d'Angleterre[78]. L'incendie, on le voit, ne manquait pas d'aliments !

Aussi, dès le lendemain de la conclusion du traité, le Comité de salut public fut-il assiégé de rapports qui, tous, en dénonçaient la violation. Laissons la parole aux documents officiels :

Le représentant Bouvet, au Comité de salut public :

Si la paix doit produire les mêmes effets que la suspension d'armes qui l'a précédée, au lieu d'être un bien, c'est un véritable désastre. Vous frémiriez, si j'énumérais tous les crimes qu'ils ont commis[79].

Le commissaire du tribunal de Dol au Comité de législation :

Les Chouans continuent de désarmer, d'assassiner les patriotes, ceux qui vont à la messe des prêtres assermentés, les fonctionnaires publics. Le pillage est à l'ordre du jour[80].

Le chef de l'état-major, Chérin, au Comité de salut public :

Les chefs chouans sont des parjures. L'insurrection se propage[81].

L'administration de Rennes, au représentant Defermon :

Les Chouans, malgré leur serment, organisent une armée, exercent leurs troupes, enlèvent les armes dans les campagnes, défendent de vendre et de porter des vivres aux républicains. Les assignats n'ont point de valeur[82].

Hoche, aux représentants du peuple :

Partout les Chouans organisent la guerre ; partout ils manquent de parole[83].

Chartier, juge au tribunal du district de Craon, au Comité de salut public :

La soumission de Rennes n'est pas de bonne foi. Aucun Chouan n'est rentré dans ses foyers. Ils restent en armes avec la cocarde blanche ; ils forcent les gens de la campagne à marcher avec eux. Les charrettes rompues, les essieux brisés, le transport des denrées défendu sous peine de mort, les bestiaux et les meubles dés patriotes enlevés, leurs propriétés saisies, des contributions levées au nom de Louis XVII, la défense de moudre pour les villes, les patriotes traités de terroristes et de buveurs de sang, les armes et les munitions enlevées à tout prix, tel est l'affligeant tableau de nos malheureuses contrées[84].

L'Administration de Vitré, au Comité de salut public :

Dans ce district, et bien au loin, les Chouans ont plus volé, plus incendié et plus massacré de républicains qu'ils n'avaient fait auparavant. Juste ciel, quelle paix ![85]

La justice défend de taire que, du côté des républicains, deux meurtres furent commis, au mépris de la foi jurée. Après la signature du traité, deux royalistes, nommés Geslin et Lhermite, furent rencontrés, comme ils revenaient du congrès de Rennes, par un détachement de soldats, et fusillés, quoiqu'ils eussent répondu au cri de qui vive ? par celui de vive la paix ! vive l'union ![86] Mais ce que la justice défend aussi de passer sous silence, c'est que le Comité de salut public, instruit de ce crime, donna aussitôt l'ordre d'arrêter les coupables et de les juger[87].

A son tour, Cormatin fit, à l'usage des Chouans, un règlement de police qui déclarait infâmes et punissables selon les lois de la guerre, les habitants et soldats qui se porteraient aux vols, pillages et contributions forcées[88]. Un autre article de ce règlement invitait les habitants du pays, enrôlés dans les compagnies royalistes, à rentrer au sein de leurs familles, pour les aider dans leurs travaux champêtres et faire refleurir l'agriculture[89].

Si Cormatin n'avait employé que pour des fins semblables le pouvoir qui lui avait été laissé, l'Histoire ne devrait que des éloges à sa mémoire. Malheureusement, le règlement de police dont il s'agit contenait, à côté de dispositions calmantes et sages, des prescriptions qui semblaient calculées de manière à en détruire l'effet, celle-ci, par exemple : Jusqu'à ce que chacun retrouve sa famille, son existence et le bien-être dont il jouissait avant ces années de malheur et de proscription, les bandes royalistes ne doivent pas se dissoudre[90]. L'importance du règlement de police, signé Cormatin, Tranche-Montagne, Jambe-d'Argent, Sans-Regret, etc.[91], était tout entière dans cette recommandation, dont le reste paraissait n'avoir pour objet que de couvrir l'audace sinistre : Les bandes royalistes ne doivent pas se dissoudre.

Ce qui est certain, c'est que de toutes les clauses du règlement, celle-là fut la seule que les Chouans observèrent. Les brigandages continuèrent de plus belle, et, loin de songer à se dissoudre, les bandes royalistes ne songèrent qu'à se recruter. Les jeunes gens des campagnes furent enrôlés, publiquement exercés au maniement des armes, et obligés, sous peine de mort, de se rendre aux rassemblements[92]. Une espèce de conseil royaliste s'établit au bourg de Grandchamp, à deux lieues de Vannes[93]. Les prêtres réfractaires n'avaient jamais déployé plus de hardiesse. Dans le district de Sillé-le-Guillaume, un d'eux, nommé Lamarre, se mit à prêcher ouvertement le mépris de la Convention et du gouvernement républicain. Pendant qu'il chantait la messe, un Chouan, le mousquet sur l'épaule et un panier sous le bras, criait aux assistants : N'oubliez pas les soldats du roi[94].

L'impunité que la pacification assurait aux rebelles les encouragea au point que, bientôt, leur cri favori fut : Vive le roi, l'Angleterre et Bonchamp[95] ! A Beaumont, ils allèrent jusqu'à proclamer le rétablissement de la royauté[96].

L'audace attire les hommages lorsqu'elle revêt les apparences de la force. Placés entre la révolte qui marchait tête levée, et un gouvernement qui semblait déserter son principe, beaucoup d'hommes à convictions peu fortes commencèrent à se demander de quel côté il était prudent de pencher. Hoche eut à réprimander sévèrement le général républicain Humbert, pour n'avoir pas rougi de se montrer sous l'uniforme de Chouan[97]. Ce trait est caractéristique.

Cependant, Puisaye, à Londres, préparait tout pour une descente en Bretagne ; et la réalisation prévue de ce projet inspirait à ses rivaux, les hommes de la faction espagnole, une inquiétude jalouse. Ils voulaient bien la victoire du parti royaliste, mais seulement à condition qu'eux seuls seraient les vainqueurs. Pour faire avorter les desseins de Puisaye et ruiner ses espérances, ils imaginèrent le plan qu'on va lire, et que nous donnons tel que nous l'avons trouvé dans les Papiers de Puisaye lui-même, déposés au British Museum.

Il fut posé en principe par les royalistes appartenant à la faction espagnole, unis à certains membres du parti thermidorien, à demi gagnés, que le gouvernement anglais trompait les princes et les émigrés ; que la cour d'Espagne seule avait l'intention de placer le roi prétendu légitime sur le trône de France, et qu'elle en fournirait les moyens. Chose curieuse, et qui montre assez combien peu les auteurs du plan connaissaient les vrais sentiments de Hoche ! Ce fut en partie sur lui qu'ils comptèrent pour seconder les dispositions favorables de l'Espagne, et ils ne désespérèrent pas de l'amener à réunir aux forces royalistes celles qui avaient été placées sous ses ordres. A cet effet, les premières, organisées en bataillons sous le nom de gardes territoriales, devaient continuer de porter l'uniforme gris, que les chefs avaient adopté. Cormatin était désigné pour commander en chef toutes les gardes territoriales de la Bretagne, du Maine et du haut Anjou. Les autres chefs de ces provinces devaient conserver leur commandement dans cette nouvelle forme et sous les ordres de Cormatin. On se flattait de l'espoir de faire prévaloir le même arrangement dans les pays soumis à Charette et à Stofflet, en offrant à ces deux chefs les mêmes avantages, la direction suprême des deux armées étant, d'ailleurs, réservée à Hoche. Pour dégarnir l'intérieur, on devait travailler, par le moyen de ceux des thermidoriens influents qu'on croyait acquis ou qu'on espérait acquérir, à faire pénétrer l'armée de Rhin-et-Moselle et celle de Sambre-et-Meuse aussi avant que possible en Allemagne, tandis que les armées du Sud s'enfonceraient en Italie. L'Espagne aurait fait tous les fonds nécessaires et tenté une descente dans la baie de Quiberon. Alors Louis XVII devait être proclamé, et l'armée royaliste, réunie à l'armée espagnole d'une part, et d'autre part aux soldats républicains défectionnaires, marchait sur Paris, hors d'état de recevoir des renforts, vu l'éloignement des troupes républicaines employées au Nord et au Midi. En même temps, une armée commandée par les officiers dont Hoche et ceux qui lui étaient dévoués redoutaient la surveillance, et composée de l'écume des partis, devait, sous le nom d'armée noire, tenter une descente en Angleterre, pour y donner de l'occupation au gouvernement et porter coup à ses finances en ébranlant son crédit[98].

Ce qu'un tel plan présente de chimérique, loin d'affaiblir l'autorité des affirmations de Puisaye, semble presque les confirmer, tant il était conforme aux habitudes du parti royaliste, à cette époque, de se nourrir de chimères !

Quoi qu'il en soit, le 1er prairial (20 mai), une assemblée de royalistes, convoquée à Grandchamp, était en train de délibérer sur les moyens de remplir les engagements pris par Puisaye avec l'Angleterre, lorsque parut un courrier dépêché de Paris par les agents. L'objet de ce message était d'offrir aux royalistes de la Bretagne l'appui du gouvernement espagnol, dans le cas où ils consentiraient à se soumettre à sa direction. Le commissaire d'Espagne prenait, au nom de son maître, l'engagement de fournir au parti royaliste une somme de quinze cent mille livres[99]. Heureusement, raconte Puisaye, d'Allègre était là. Il entrevit le piège, en préserva ses amis, sans articuler un refus, et l'on s'en remit à moi pour la réponse à faire[100].

Mais, mieux que l'habileté de Puisaye, un événement imprévu déjoua les projets de ses rivaux.

A partir du jour où la pacification avait été signée, Cormatin s'était cru un personnage important. Bientôt il trancha du petit souverain. Établi à Rennes où quelques royalistes lui composèrent une sorte de cour ; cajolé par les belles dames qui avaient mis l'uniforme chouan à la mode en le portant[101] ; applaudi au spectacle, applaudi dans les rues ; flatté et fêté par les siens outre mesure, l'orgueil lui monta tout d'un coup à la tête et le poussa aux imprudences les plus fatales. Dans une lettre à Aubert-Dubayet, il osa prendre le titre de général des Chouans[102]. Il se répandait en vanteries factieuses. Il ne se cachait pas pour dire que, s'il recommençait la guerre, il couperait toutes les communications et empêcherait les provisions d'arriver en ville. A l'entendre, il n'avait qu'à lever le doigt, et la Bretagne était à lui[103].

Hoche avait l'œil sur les menées de Cormatin, dont l'attitude et le langage l'irritaient profondément. Le 17 floréal (6 mai), il écrivit aux représentants du peuple :

Cet homme n'a-t-il pas l'impudence de publier que, dans trois mois, le pays sera tranquille ? Mais comment l'entend-il ? Entend-il que les lois de la République seront mises en vigueur ? Ou n'entend-il pas plutôt que la descente que vont faire les Anglais procurera la tranquillité au pays, en nous chassant ? Et en effet, à qui sont destinés ces approvisionnements considérables faits par les Chouans et payés en numéraire ? Pourquoi ces achats de chevaux et d'étoffes noires, ces confections d'habits uniformes antinationaux ? Pourquoi ces embauchages ? Pourquoi ces rassemblements de Chouans, dans lesquels ils se nomment des chefs qui les exercent au maniement des armes et à la marche ? Pourquoi, sous ce prétexte de pacifier, Cormatin envoie-t-il des agents dans les chefs-lieux de district, à Dinan, Lamballe, Saint-Malo ? Que signifie le quartier général de cet homme ? Quelle est son autorité, pour commander ainsi qu'il fait ?[104]

Quelques jours après, Hoche renouvelait ses plaintes :

La conduite de Cormatin est abominable. Les propos qu'il tient sont d'un forcené. Il a, en vérité, perdu la tête et se croit le dictateur de la Bretagne[105].

L'impudence de Cormatin était grande effectivement, mais moins grande encore que son hypocrisie ; car, voici ce qu'il écrivait à la Convention, le 26 floréal (15 mai), à propos des dispositions que Hoche prenait pour la défense des côtes :

Nous avons fait la paix, nous y avons donné l'adhésion la plus formelle ; elle a été suivie de notre part des preuves les plus convaincantes, et l'on ne cesse de nous traiter en ennemis. Des troupes considérables s'avancent dans une province qui reconnaît la République, et qui lui a fait, par notre bouche, le serment de ne jamais porter les armes contre elle[106].

 

Et, dans le même temps, de la même plume, ce misérable imposteur mandait au comte de Silz : Envoyez-moi votre signature en blanc pour former un emprunt que j'autorise. Il y a quatre signatures : Boishardy, vous, Chantreau et moi... Nous avons besoin de fonds[107].

Il mandait aussi aux membres du conseil du Morbihan, conjointement avec Boishardy et Chantreau, de prendre bien garde qu'ils n'étaient plus un parti isolé, mais qu'ils tenaient à tous les royalistes de France[108]. Du reste, il leur conseillait d'empêcher les rassemblements, sur ce que le moment n'était pas encore venu de se battre ; sur ce que leurs ressources n'étaient pas encore suffisantes ; sur ce qu'il importait d'ôter, en attendant, tout motif de méfiance aux républicains ; et il ajoutait : Quelque douloureux qu'il soit de dissimuler, nous y sommes contraints, et la nécessité est partout une loi irrévocable[109].

Mais cet art ignoble dont Cormatin recommandait si souvent la pratique, son extrême vanité l'empêcha de le pratiquer lui-même jusqu'au bout avec succès. Ses continuelles vanteries avaient fixé sur lui l'attention : sa manie de dépêcher autant de courriers qu'un ministre[110] le perdit. Un de ces courriers ayant été arrêté, chargé de lettres secrètes de Cormatin pour le conseil du Morbihan, tout fut enfin découvert.

Rien ne donne une idée plus saisissante de la politique de lâcheté à laquelle le gouvernement thermidorien s'était condamné à l'égard des royalistes, en acceptant leur appui contre les Jacobins, que l'attitude du Comité de salut public en cette circonstance. Informé de ce qui venait d'avoir lieu par les représentants de Brue, Guezno et Guermeur, qui s'exprimaient nettement sur la nécessité d'arrêter les chefs[111], le Comité de salut public répondit :

Nous sentons la nécessité de prendre de fortes mesures pour arrêter les désordres qui se perpétuent. Le Comité n'ayant reçu que des copies de lettres, doit vous faire observer qu'il faut bien s'assurer si ces lettres sont en effet écrites et signées par les chefs. Au reste, il faut être en force avant de faire un éclat[112].

 

Dans une lettre subséquente du Comité de salut public à Aubert Dubayet, le même esprit d'hésitation et d'incertitude se révèle : Nous croyons qu'il est prudent de temporiser encore sur les mesures que nous devons prendre à l'égard de cet homme (Cormatin) et des autres chefs[113].

Mais les représentants du peuple qui étaient sur les lieux n'attendirent pas pour agir l'autorisation du Comité. Parmi les chefs des Chouans, huit furent arrêtés, savoir : Cormatin, Jarry — il y avait, on l'a vu, en Vendée, un autre Jarry, représentant du peuple —, Gazey, Lanouraye, Solilhac, Dufour, Boisgontier, Delahaye[114] ; et le 6 prairial (25 mai), les représentants en mission près les armées des côtes de Brest et de Cherbourg annoncèrent la saisie des pièces trouvées sur le courrier de Cormatin, dans une proclamation qui commençait en ces termes :

Français républicains,

Lisez ! lisez ! Voyez la bonne foi trompée, trahie, les serments violés, et la plus épouvantable hypocrisie, à l'ombre des douces paroles de paix, méditant la révolte et le massacre[115].

 

C'en était fait : le voile était déchiré ! Le camp de la Prévalaye fut investi et dispersé[116]. Les brigands, réunis en grand nombre dans le Morbihan, furent battus trois fois par le général Josnet[117]. Telle était l'indignation des républicains, qu'un détachement de grenadiers ayant envahi la maison de campagne de Boishardy, les soldats ne se contentèrent pas de le massacrer, mais promenèrent sa tête au bout d'une pique. Hoche, instruit de cet acte d'ignoble férocité, fit aussitôt arrêter les officiers du détachement qui s'en était rendu coupable, et marqua d'une flétrissure publique ce qu'il définissait avec raison un crime envers l'honneur, l'humanité et la générosité française[118].

Tel était l'état des choses en Bretagne, lorsque l'invasion de la France fut tentée par les royalistes émigrés, à la solde des Anglais. Mais, avant d'aborder le récit de cette expédition criminelle, voyons ce qui se passait au Temple.

 

 

 



[1] Voyez dans le volume précédent, le chapitre intitulé La contre-révolution en Vendée.

[2] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 386 et 387.

[3] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 392.

[4] Moniteur, an III, numéro 165.

[5] Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, t. II, chap. VIII, p. 172.

[6] Correspondance de Hoche, Lettre au représentant du peuple Boursault, 9 fructidor, an III.

[7] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 397.

[8] Mémoires sur la Vendée, par un ancien administrateur militaire, p. 189.

[9] Par mes soins, dit l'administrateur militaire aux Mémoires duquel nous empruntons ce détail caractéristique.

[10] Lettre des représentants Dornier et Marisson au Comité de salut public, Moniteur, an III, numéro 198.

[11] Moniteur, an III, n° 198.

[12] Moniteur, an III, n° 204.

[13] Voyez cette déclaration dans Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 450 et 451.

[14] Lettre du général Caffin au général Canclaux, en date du 21 germinal (10 avril) 1795.

[15] Rapport de l'administration du district de Challans au Comité de salut public, en date du 21 germinal (10 avril) 1795.

Ce rapport, ainsi que plusieurs des rapports et lettres que nous citons dans ce chapitre, se trouvent reproduits par ordre de dates dans le tome IV du livre de Savary. Leur ensemble constitue une sorte d'histoire officielle de la Vendée.

[16] Rapport de l'administration du district de Challans, ubi supra.

[17] Lettre du chevalier de Tinténiac à M. Windham, mentionnée dans les Mémoires de Puisaye, t. V, p. 117.

[18] Rapport de l'agent national de Nantes au Comité de salut public, en date du 24 germinal (15 avril) 1795. — Lettre de Darbefeuille au représentant du peuple Lesage (d'Eure-et-Loir), en date du 26 germinal (15 avril) 1793.

[19] Voyez pour la confirmation de tous ces faits le Rapport de l'agent national de Nantes au Comité de salut public, en date du 24 germinal, an III. — La lettre de Darbefeuille à Lesage (d'Eure-et-Loir), en date du 26 germinal an III. — La lettre du représentant du peuple Lareveillère-Lepaux au citoyen Creuzé Latouche, membre du Comité de salut public, en date du 3 floréal, an III.

[20] Voyez Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 418.

[21] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 458, 459.

[22] Voyez Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 458, 459.

[23] Lettre du général Canclaux au Comité de salut public, en date du 4 floréal (23 avril) 1795.

[24] Lettre du représentant du peuple Delaunay au Comité de salut public, en date du 29 floréal (18 mai) 1795.

[25] Lettre datée de Rennes, 12 germinal (1er avril) 1795.

[26] Voyez la Biographie universelle de Michaud, art. Bernier.

[27] Voyez la Biographie universelle de Michaud, art. Bernier.

[28] Moniteur, an III, numéro 233.

[29] Lettre des représentants du peuple près les armées des côtes de Brest, de Cherbourg et de l'Ouest à la Convention nationale. Moniteur, an III, numéro 233.

[30] Lettre du représentant du peuple Delaunay au Comité de salut public, datée de Saumur, 29 floréal, an III.

[31] Compte rendu de Ruelle, Moniteur, an III, numéro 233.

[32] Compte rendu de Ruelle, Moniteur, an III, numéro 233.

[33] Compte rendu de Ruelle, Moniteur, an III, numéro 233.

[34] Lettre des représentants Delaunay, Ruelle et Bollet, au Comité de salut public, datée de Paris, 10 ventôse (20 mars) 1795.

[35] Moniteur, an III, n° 233.

[36] Lettre du représentant du peuple Jarry au Comité de salut public, datée de Nantes, 24 floréal (13 mai) 1795.

[37] Lettre de Delaunay au Comité de salut public, datée d'Angers, 24 floréal (13 mai) 1795.

[38] Voyez Lettre de Delaunay au Comité de salut public, datée de Saumur, 29 floréal (18 mai) 1795. — Rapport de l'administration du district de Nantes au Comité de salut public, même date. — Rapport de l'administration d'Angers au Comité de salut public, daté d'Angers, 3 prairial (22 mai) 1795. — Lettre de l'adjudant général Savary au général Grouchy, datée de Chollet, 11 prairial (50 mai) 1795.

[39] Moniteur, an III, numéro 233.

[40] Lettre de Jarry au Comité de salut public, datée du 24 floréal (13 mai) 1793. — Rapport de l'administration du district de Nantes, datée du 29 floréal (18 mai) 1795.

[41] Mémoires sur la Vendée, par un ancien administrateur militaire, p. 199, 200. — Collection des Mémoires relatifs à la Révolution française.

[42] Mémoires sur la Vendée, par un ancien administrateur militaire, p. 200-202.

[43] Mémoires de Puisaye, t. III, p. 271

[44] Correspondance de Hoche, lettre du 1er ventôse, an III (19 février) 1795.

[45] Rapport de l'adjudant général Champeaux au Comité de salut public, 8 ventôse, an III (26 février 1795).

[46] Rapport de l'agent national au Comité de salut public, Domfront, 11 ventôse, an III (1er mars 1795).

[47] Rapport de l'agent national au Comité de salut public, Domfront, 11 ventôse, an III (1er mars 1795).

[48] Rapport de l'agent national au Comité de salut public. Vitré. 2 germinal, an III.

[49] L'administration de Vire au représentant du peuple Lozeau, 24 germinal, an III (15 avril 1795). — L'administration de Domfront au Comité de salut public, 21 germinal, an III (10 avril 1795).

[50] L'administration de Vire au représentant du peuple Lozeau, 24 germinal, an III (15 avril 1795). — L'administration de Domfront au Comité de salut public, 21 germinal, an III (10 avril 1795).

[51] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 492.

[52] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 494.

[53] Voyez dans sa correspondance, la lettre qu'il écrivit au Comité de salut public sur les crimes des Chouans, le 50 ventôse, an III (20 mars 1795).

[54] Lettre de Hoche au Comité de salut public en date du 30 ventôse, an III (20 mars 1795), ubi supra.

[55] Lettre de Hoche au représentant du peuple Bollet, en date du 6 ventôse, an III (24 février 1795).

[56] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 429.

[57] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 429.

[58] Voyez Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 487 et 488.

[59] Cette lettre de Coquereau au général Lebley, qui fut écrite le 21 germinal, an III (10 avril 1795), était datée du camp de l'honneur.

[60] T. XI, p. 387.

[61] Correspondance de Hoche. — Lettre aux représentants du peuple, en date du 12 germinal, an III (1er avril 1795).

[62] Arrêté des représentants pacificateurs. Rennes, 1er floréal, an III (20 avril 1795).

[63] Arrêté des représentants pacificateurs. Rennes, 1er floréal, an III (20 avril 1795).

[64] Lettre des représentants près les armées des départements de l'Ouest au Comité de salut public. Rennes, 1er floréal, an III (20 avril 1795).

[65] Correspondance de Hoche. Lettre au citoyen Laugier, 6 floréal, an III (25 avril 1795).

[66] Moniteur an III, numéro 214.

[67] Correspondance de Hoche. — Lettre de Hoche au général Aubert-Dubayet, 9 floréal, an III (28 avril 1795).

[68] Mémoires de Puisaye, t. V, p. 176.

[69] Voyez Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. IV, p. 425.

[70] Mémoires du général (vendéen) Beauvais, cités par Puisaye, t. V, p. 175 de ses Mémoires. Beauvais était présent.

[71] Puisaye déclare avoir entendu de la propre bouche de Tinténiac, à Londres, la confirmation du fait raconté dans cette lettre du chevalier de Tinténiac à M. Windham.

[72] Mémoires de Puisaye, t. V, p. 176.

[73] Mémoires de Puisaye, t. V, p. 179.

[74] Mémoires de Puisaye, t. V, p. 179.

[75] Mémoires de Puisaye, t. V, p. 179.

[76] Mémoires de Puisaye, t. V, p. 180.

[77] Annual Register, vol. XXXVII, p. 68.

[78] A constant correspondence was kept up between the royalists and M. Windham. The money with which they were supplied consisted, at first, in false assignats, afterwards in louis d'or and guineas, and, lastly, in English bank-notes. Annual Register, vol. XXXVII, p. 67.

[79] Rapport daté d'Avranches, 12 floréal, an III (1er mai 1795).

[80] Lettre en date du 14 floréal, an III (3 mai 1795).

[81] Lettre datée de Rennes, 15 floréal, an III (4 mai 1795).

[82] Rapport daté de Rennes, 15 floréal an III (4 mai 1795).

[83] Correspondance de Hoche. Lettre du 17 floréal, an III (6 mai 1795)

[84] Rapport en date du 18 floréal an III (7 mai 1795).

[85] Rapport en date du 25 floréal an III (12 mai 1795).

[86] Rapport de l'administration de la Flèche au Comité de salut public, en date du 14 floréal an III (3 mai 1795).

[87] Note de Treilhard. Voyez Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. V, p. 53.

[88] Voyez ce règlement de police dans la Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 223-227.

[89] Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 223-227.

[90] Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 223-227.

[91] Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 223-227.

[92] Le procureur général syndic de Vannes, au Comité de salut public, 30 floréal, an III (19 mai 1795).

[93] Le procureur général syndic de Vannes, au Comité de salut public, 30 floréal, an III (19 mai 1795).

[94] Rapport du général Aubert-Dubayet au Comité de salut public.

[95] Correspondance de Hoche. — Lettre aux représentants du peuple, en date du 23 floréal an III (22 mai 1795).

[96] L'administration de Caen, au Comité de sûreté générale (18 mai 1795).

[97] Voyez Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. V, p. 70.

[98] Papiers de Puisaye, vol. I. Lettre de Puisaye au prétendant, en date du 3 avril 1797. Manuscrits du British Museum.

[99] Mémoires de Puisaye, t. V, p. 204 et suiv.

[100] Mémoires de Puisaye, t. V, p. 204 et suiv.

[101] Mémoires de Puisaye, t. VI, p. 108.

[102] Rapport d'Aubert-Dubayet au Comité de salut public. Voyez Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. V, p. 56.

[103] Correspondance secrète de Puisaye, Charette, Stofflet et autres, t. I, p. 235-236.

[104] Correspondance de Hoche. Lettre du 17 floréal, an III (6 mai 1795)

[105] Correspondance de Hoche. Lettre du 21 floréal, an III (10 mai 1795).

[106] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. V, p. 79.

[107] Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 231. Lettre de Cormatin au comte de Silz, en date du 21 mai 1795.

[108] Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 233-235.

[109] Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 233-235.

[110] Mémoires de Puisaye, t. VI, p. 107-108.

[111] Lettre des représentants de Brue, Guezno et Guermeur au Comité de salut public, Vannes, 4 prairial, an III (23 mai 1795).

[112] Voyez Savary, Histoire des guerres de la Vendée, t. V, p. 95.

[113] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, p. 105 et 106.

[114] Savary, Histoire des guerres de la Vendée, p. 104.

[115] Correspondance secrète de Charette, Stofflet, Puisaye et autres, t. I, p. 229-231.

[116] Puisaye, dans ses Mémoires, t. VI, p. 110, 111, ose parler du camp paisible de la Prévalaye, et des malheureux qui dormaient sur la foi des traités. Et cela dans le même livre où il raconte tout au long comment il se concertait, de Londres, pour préparer le succès de la descente des Anglais, avec ces malheureux qui dormaient sur la foi des traités !

[117] Correspondance de Hoche. Lettre au Comité de salut public ; Rennes, 20 prairial, an III (8 juin 1795).

[118] Correspondance de Hoche. — Lettre de Hoche à l'adjudant général Crublier, en date du 50 prairial, an III (18 juin 1795).