Un mot sinistre. — L'intérieur du château pendant la nuit. — Le peuple dans le château. — Le cadavre de la cour de marbre. — Il ne faut épargner que Monsieur, le Dauphin et le duc d'Orléans. — Apparition de ce dernier prince sur la place d'armes. — Les gardes du corps refoulés dans les salles ; mort de Varicourt. — Attaque du côté des appartements de la reine ; Miomandre de Sainte-Marie ; la reine se sauve chez le roi demi-nue. — Madame de Tourzel, réveillée par le comte de Saint-Aulaire. — Scènes affreuses à l'extérieur ; le coupe-tète. — Disparition des courtisans. — Les gardes du corps, retranchés dans l'Œil-de-bœuf, sont sauvés par les gardes françaises. — Lafayette. — Aspect de la chambre du roi. — Arrivée de MONSIEUR au château, son attitude, étranges paroles adressées par lui à Mounier. — Cri de tous : Le roi à Paris ! — Louis XVI devant la foule. — La reine est appelée au balcon. — Les gardes embrassés ; réconciliation générale. — Mot de Marie-Antoinette à madame Necker. — Scène d'intérieur. — Dernier épisode politique de la journée. — Ressorts secrets mis en mouvement ; preuves. — Rôle et desseins de Mirabeau ; ses vues sur MONSIEUR. — Double caractère des événements d'octobre ; la part du peuple, celle de l'esprit de faction. — Le peuple et le roi en marche pour Paris.Le silence était descendu sur Versailles avec la nuit. Le calme régnait partout, profond et sinistre. Vers quatre heures du matin, pressé d'une secrète inquiétude, un citoyen sortit de sa maison et se dirigea vers le château. Nulle précaution prise ; pas de sentinelle extraordinaire autour de cette demeure des rois, muette alors et endormie. Seulement, dans ! a grande cour, le visiteur nocturne aperçut, revêtu de l'uniforme des miliciens de Paris et monté sur un cheval, un bossu qui s'était mêlé activement aux agitations de la journée. Il s'approche, et après avoir exprimé sa satisfaction de tant de tranquillité succédant à de tels orages : Les troupes, dit-il, vont maintenant retourner à Paris, sans doute ? La réponse du bossu fut courte et terrible : Il faudra voir, demain[1]. A cinq heures et demie, la reine fut effrayée par un bruit de voix et de pas qui s'élevait du jardin. Elle sonne les dames Thibault et Augué, les interroge et apprend que des femmes du peuple se promenaient sur la terrasse[2], sans qu'on sût comment elles y avaient pénétré ! Dans un livre publié par son fils, lord Holland dit : Madame Campan a révélé tout bas un fait curieux, savoir que Fersen était dans la chambre à coucher de la reine, en tête à tête avec elle, pendant la fameuse nuit du 6 octobre. Il eut beaucoup de peine à échapper aux regards et n'y parvint qu'à l'aide d'un déguisement que Madame Campan elle-même lui procura. Ceci, quelle que fût en général sa répugnance à rapporter des anecdotes pouvant porter atteinte à la considération de la famille royale, M. de Talleyrand me l'a dit deux fois, et il assurait tenir le fait de la propre bouche de madame Campan[3]. Le devoir de l'histoire est de ne rien adopter légèrement ; son devoir est aussi de ne rien taire. Si des traits empoisonnés ont été lancés contre Marie-Antoinette, il est bon de constater que ce furent des nobles qui les lancèrent ! A six heures du matin, au moment même où le brigadier Charmont relevait les postes des gardes[4], des hommes du peuple, en petit nombre[5], entrèrent dans la cour des ministres, à la suite d'un milicien de Versailles, guide au front chauve, aux yeux ardents, aux mains noircies par le travail du charbon[6]. Ils s'avancent d'abord lentement, d'un air craintif, regardant de côté et d'autre comme pour reconnaître les lieux[7]. Parvenus à la grille qu'ils trouvent fermée, ils se partagent en deux bandes, dont l'une se porte à la cour de la chapelle, l'autre à la cour des princes, et bientôt, par deux routes, la cour royale est envahie. Dans ce moment un coup de feu retentit, un ouvrier tombe baigné dans son sang. Devant les magistrats du Châtelet, un des cent-suisses, Valdony, déclara qu'il était persuadé que cet homme avait été tué par une balle venue du côté des envahisseurs eux-mêmes[8] ; à son tour, le comte de Saint-Aulaire prétendit que le plus hardi d'entre les assaillants s'étant risqué jusque dans la cour de marbre, il glissa, tomba en avant, et se tua roide[9] ; et il n'en a pas fallu davantage à tous les écrivains royalistes pour rejeter sur le peuple le tort d'une agression meurtrière. Mais d'un imposant ensemble de témoignages, contre lequel ne sauraient prévaloir deux dépositions, si contradictoires bien qu'également intéressées, il résulte que la première victime de cette journée tragique eut le crâne emporté d'un coup de pistolet tiré par un garde du corps accouru sur le balcon[10]. Ce ne fut qu'un cri parmi le peuple, cri de fureur et de vengeance. Le flot grossissait de minute en minute. Un fusilier de la garde nationale, nommé Cardaine, est rencontré dans la cour des ministres par un garde du corps, qui lui donne un coup de couteau[11]. Une lutte d'homme à homme s'engage, la foule arrive furieuse, le garde est immolé[12]. En même temps on saisissait un de ses camarades et, après lui avoir fait faire le tour de la COUR DE MARBRE, on le traînait jusqu'au cadavre de l'ouvrier qui avait succombé.... un capitaine de la compagnie du district de Saint-Philippe du Roule s'élança, suivi de quelques miliciens, et arrachant le malheureux des mains de ceux qui le menaçaient, prévint l'horreur d'un sacrifice expiatoire[13]. Le flot grossissait, grossissait toujours. Des instigateurs mystérieux, des jeunes gens couverts de costumes symboliques, des hommes qui, sous des robes d'emprunt, portaient des culottes de casimir, des bas de soie, des boucles d'argent à la mode[14], se montraient mêlés au mouvement et, par leurs gestes, par leurs discours, s'étudiaient à l'enflammer. Voulez-vous voir mes mamelles ? criait une femme en délire, et elle montra une paire de pistolets qu'elle avait cachés dans son sein[15]. Au bas du grand escalier, un inconnu, qu'on ne retrouva pas, fut aperçu distribuant de l'argent à quelques misérables créatures, auxquelles il recommandait de bien faire. Ce personnage était de haute taille, il avait les cheveux noirs, les yeux caves ; la croix de Malte brillait sur son uniforme de garde national. Une femme rousse, à physionomie sinistre, le secondait, une faucille à la main ; et on l'entendit qui disait : Il ne faut épargner que Monsieur, le Dauphin et le duc d'Orléans[16]. Est-il vrai que, remarqué au milieu des assaillants, ce dernier prince leur ait montré du doigt, en ces heures redoutables, l'escalier qui menait aux appartements de la reine ? Deux témoins en ont déposé[17] ; mais ce que le nombre et la concordance des témoignages permettent difficilement de mettre en doute, c'est qu'on le vit venir de la place d'armes, au milieu de la foule, qui le saluait de ses cris, agitant une petite badine et le sourire sur les lèvres[18]. Ce n'était pas son ambition qui souriait, c'était son ressentiment. Cependant Thierry, qui couchait dans l'intérieur du roi, dans la pièce de la pendule, s'était réveillé au bruit de la clameur populaire. Comme il se levait à la hâte, il entrevit, à travers l'obscurité, le roi qui se levait de son côté. Tous deux ils courent à la fenêtre… Terrible spectacle ! Des gens armés de piques, de haches, de pistolets, prenaient en grondant le chemin des appartements de la reine[19]. Dans son épouvante, Louis XVI n'eut qu'une idée : voler auprès de Marie-Antoinette ! Et il s'enfonça, éperdu, dans le PASSAGE DU ROI, pratiqué sous l'Œil-de-bœuf[20]. Mais déjà le château était rempli d'hommes armés. Refoulés le long des escaliers, qu'ils ont vainement essayé de défendre, les gardes du corps se replient de salle en salle. Un d'eux, M. de Varicourt, est tué. Un de ses camarades, M. Tardivet du Repaire, est attaqué vers la porte de la reine par un homme en jupons et un soldat d'infanterie vêtu de blanc. Terrassé, il parvient à s'emparer d'une pique dont la pointe s'appuyait sur son cœur, repousse les meurtriers et se dérobe à leurs coups à travers la salle du roi[21]. La confusion était au comble ; tout retentissait de cris effrayants, parmi lesquels d'affreux propos tels que ceux-ci : Nous voulons la peau de la reine pour en faire des rubans de districts[22]. Les quelques brigands qu'on avait payés pour ajouter leurs fureurs à l'emportement général, se multipliaient par leur audace. Des mots sanglants montèrent dans le tumulte : C'est par là, c'est par là ![23] Tout à coup, la porte d'une pièce qui donnait sur la salle des gardes de la reine et conduisait à la chambre à coucher de Marie-Antoinette, s'ébranle, s'entr'ouvre. Un garde du corps, le visage en sang, paraît et crie : Sauvez la reine ! Avertie aussitôt par ses femmes, Marie-Antoinette se lève précipitamment et s'enfuit demi-nue par le balcon qui borde les fenêtres des appartements intérieurs[24]. Elle arrive derrière le poêle de l'Œil-de-bœuf, elle frappe, elle entre, au bruit d'un coup de fusil tiré à peu de distance, et, fondant en larmes : Mes amis, mes chers amis, sauvez-moi, sauvez mes enfants ![25] Pâle, échevelée, le corps à peine couvert d'une petite redingote de toile jaune, elle passa chez le roi, qui, de son côté, comme on l'a vu, se hâtait vers elle par un autre chemin. Au même instant, le Dauphin était apporté par madame de Tourzel, que le comte de Saint-Aulaire avait réveillée, en posant, dans ce désordre extrême, un bougeoir sur le pied de son lit[26]. Le garde qui avait crié : Sauvez la reine ! — il se nommait Miomandre de Sainte-Marie, — fut renversé d'un coup de pique et reçut un coup de crosse sur la tête. On le croyait mort : on passa outre ; et ce qui prouve que les jours de Marie-Antoinette n'étaient réellement menacés que par un bien petit nombre de furieux aux gages d'une faction, c'est que la foule ne fit aucun effort pour forcer l'entrée des appartements de la reine. Miomandre, laissé gisant sur le seuil, put donc, rassemblant ses forces, se relever et se traîner jusqu'à la porte de glace qui ouvre chez le roi. Là, le Suisse des douze lui prêta un bonnet de laine et un manteau gris, déguisement à l'aide duquel il parvint à s'évader[27]. Au dehors, quels tableaux plus sombres encore, quels tableaux effroyables ! Un homme, qu'on distinguait à sa taille athlétique, à sa longue barbe, à ses bras nus jusqu'au coude et à deux plaques de métal dont l'une couvrait sa poitrine et l'autre son dos, était occupé à couper la tête de deux cadavres, ceux des gardes qui avaient péri. Ce malheureux s'appelait Nicolas et exerçait la profession de modèle à l'académie de peinture. Jusqu'alors rien en lui n'avait dénoté une nature féroce, et, depuis, interrogé sur les motifs qui lui avaient fait quitter son quartier, il répondit que c'était parce que les enfants le persécutaient, lui tiraient la barbe[28]… D'où lui était venue, ce jour-là, cette soif de cruauté ? Le Suisse du pavillon de Talaru raconta que le coupe-tête, son horrible besogne finie, lui vint demander une prise de tabac qu'il reçut gaiement sur sa main ensanglantée[29]. En voilà encore un, disait-il ; ce ne sera pas le dernier. Et il se promenait agitant sa hache à la manière d'un héros de théâtre. Les deux têtes furent enveloppées d'abord dans des serviettes, puis plantées au bout de deux piques. Quant aux corps mutilés, on les porta près de la tente des gardes françaises, où ils demeurèrent étendus sur un peu de paille. Ce fut en passant dans cet endroit funeste, que l'officier de cavalerie Pirault entendit un homme et une femme couverts de haillons se dire l'un à l'autre : Nous n'avons pas volé notre argent[30]. Mot important à opposer à ces calomniateurs systématiques de la nature humaine qui, dans les troubles de la Révolution, attribuent si volontiers à TOUT le peuple les excès de l'extrême misère soldée par la puissance ou les fureurs individuelles que toute émeute enveloppe et cache dans son désordre. Où étaient pendant ce temps et que faisaient les amis du roi ? C'est un royaliste, c'est Rivarol qui s'est chargé d'en informer l'histoire. Avait disparu, dès le soir du 5 octobre, le duc d'Ayen, un de ces hommes, dit notre auteur, qu'on fuit dans les temps calmes et qui fuient dans les temps d'orage. Le prince de Poix, revêtu de sa propre livrée, et le visage enfoncé sous les bords d'un grand chapeau rabattu, avait été rencontré se glissant le long des murs de l'avenue. A son tour, M. de Pontécoulant, fils de l'ancien major des gardes, endossa l'habit de son laquais[31]. On cherchait les courtisans sans les trouver. Ah ! c'est qu'en effet, comme l'écrit Rivarol, l'idole, arrachée de ses autels, n'était déjà plus qu'une statue sans piédestal. On se hâtait d'abandonner des majestés atteintes d'excommunication ; car la philosophie, elle aussi, avait ses bulles, et le Palais-Royal était devenu son Vatican[32]. Les simples gardes du corps se montrèrent toutefois disposés à payer leur fidélité de leur vie. Mais ils ne pouvaient que mourir. Ardemment poursuivis, ils s'étaient retranchés dans l'Œil-de-bœuf, dont ils avaient barricadé la porte avec des bancs, des tabourets, un coffre en bois, des meubles divers. Vaine ressource ! La porte retentit de coups redoublés, le panneau d'en bas est déjà brisé, c'en est fait. Mais voilà que soudain un profond silence succède au tumulte. On frappe doucement à la porte[33] : Ouvrez, messieurs ! Les gardes hésitaient : Ouvrez donc ! ou vous êtes morts ![34] et Toulongeon rapporte que les mêmes voix ajoutèrent : Nous sommes les gardes françaises, et nous n'avons pas oublié que vous nous sauvâtes à Fontenoy[35]. Robert de Chevannes ouvrit : les assaillants avaient disparu, et les grenadiers remplissaient l'appartement. L'officier qui les commandait tendit la main à Robert de Chevannes, en lui disant : Soyons frères ! Le soldat plébéien échangea son bonnet militaire contre le chapeau du gentilhomme, on s'embrassa, des larmes coulèrent de tous les yeux : les gardes étaient sauvés[36]. Mais avant que la nouvelle de cette réconciliation se fût répandue au dehors, sept gardes avaient été plus ou moins grièvement blessés et on pouvait craindre de nouveaux malheurs. Lafayette parut enfin. Arraché de son lit par des clameurs qui arrivèrent trop tard à son oreille, il était monté brusquement à cheval, et il accourait désespéré de sa crédule confiance, de ses promesses, de son sommeil. A la grille du château, il rencontra dix gardes faits prisonniers et qu'on parlait de pendre. Ému et irrité, il se tourne vers la troupe qui l'accompagnait : J'ai donné ma parole au roi qu'il ne serait fait aucun mal à messieurs les gardes du corps ; si vous me faites manquer à ma parole d'honneur, je ne suis plus digne d'être votre général, et je vous abandonne. Grenadiers, sabrez ! Les grenadiers ne sabrèrent pas, mais, s'élançant au milieu du groupe, ils délivrèrent les captifs[37]. La garde nationale affluait de toutes parts. Les volontaires de la Bazoche avaient pénétré sous la voûte de la chapelle. La compagnie du centre de Saint-Philippe du Roule occupait l'escalier de marbre. Des brigands, venus là pour tenter, à la faveur du trouble universel, le pillage du château, furent balayés en un clin d'œil et les objets volés par eux furent déposés dans la salle des gardes[38]. Des soldats traversaient la place d'armes, montés sur des chevaux pris dans les écuries du roi : on démonta cette cavalerie improvisée. Lafayette courait çà et là autour du château, se multipliait, prêchant le calme, du geste et de la voix. Mais tout n'était encore que pleurs et confusion dans l'intérieur du palais, dans la chambre du roi surtout. Le cliquetis des armes n'avait pas cessé. Des coups de fusil partaient d'intervalle en intervalle. Les femmes de la reine sanglotaient. Parmi les ministres appelés auprès de Louis XVI, le garde des sceaux se faisait remarquer par son désespoir, tandis que, retiré dans un coin du cabinet, Necker restait immobile, le front caché dans ses mains[39]. Altière jusque dans sa douleur, Marie-Antoinette craignait de montrer ses larmes. Sa fille et madame Élisabeth vinrent la rejoindre. On annonça MONSIEUR. Dès huit heures du matin, ce prince avait achevé sa toilette ; il était coiffé, poudré, habillé avec sa recherche ordinaire et décoré de ses ordres[40]. Mounier l'étant allé voir, à la pointe du jour, pour l'entretenir des dangers de la famille royale, il lui avait dit tranquillement : Que voulez-vous ? Nous sommes en révolution, et on ne fait pas une omelette sans casser des œufs ![41] Puis, il s'était rendu au château, et du milieu de cette foule qui menaçait la famille royale, pas une seule parole ne s'était élevée contre lui. Le peuple, tout en faisant grâce aux gardes du corps, n'avait point perdu de vue le principal objet de son entreprise ; il voulait que le roi vînt à Paris et en obtenir de lui-même l'assurance. Louis XVI dut céder à ce vœu, et il n'eut pas plutôt paru sur le balcon, que deux cris partirent, poussés par des milliers de bouches : Vive le roi ! Le roi à Paris ! Une violente oppression l'empêchant de parler, Louis XVI fit un signe d'adhésion et rentra au bruit des acclamations les plus passionnées. En ce moment, réunies pêle-mêle dans la chambre du conseil, où le duc d'Orléans se promenait d'un air très-calme, plusieurs personnes étaient occupées à écrire des billets portant que le roi irait à Paris, billets qu'on jetait au peuple par les fenêtres. La reine était dans les petits appartements, appuyée à l'encoignure d'une fenêtre, ayant à sa droite madame Élisabeth ; à sa gauche et tout contre elle, sa fille. Devant elle, debout sur une chaise, le Dauphin disait, en jouant avec les cheveux de sa sœur : Maman, j'ai faim ![42] J'ai faim ! Cri de l'enfant du pauvre que Dieu faisait monter, par l'organe d'un fils de roi, au cœur de cette reine, qui était mère ! En cet instant, elle apprit que le peuple la demandait. Elle parut hésiter ; mais Lafayette étant arrivé, et lui ayant représenté les funestes conséquences d'un refus : Eh bien ! dit-elle, dussé-je aller au supplice, j'y vais. Elle prit ses enfants par la main, et se dirigea vers le balcon. Les cours regorgeaient de monde. Quand elle parut sous la protection de ses deux enfants, à la fois tremblante et hautaine, l'immense foule éprouva une sorte de tressaillement involontaire. D'abord, plusieurs femmes ayant crié : Vive la reine ! d'autres se mirent à les battre pour les faire taire[43] ; mais lorsqu'on vit, devant cette majesté vaincue, Lafayette s'incliner en signe de respect. complot de Metz, repas des gardes, injures et menaces, provocations et dédains, tout fut oublié : Vive la reine ! vive la reine ! Mais les gardes ? Ne ferez-vous rien pour mes gardes ? avait dit Louis XVI. Lafayette en alla prendre un qu'il présenta au peuple. Le soldat patricien avait mis la cocarde nationale à son chapeau ; il l'agita en l'air d'une manière expressive. Alors, d'un commun élan, les soldats du peuple élevèrent leurs bonnets au bout de leurs baïonnettes ; les soldats du roi jettent leurs bandoulières par les fenêtres[44], et la multitude attendrie se répand en fraternelles acclamations. C'est peu : que les gardes descendent ! On est impatient de les voir de près, de les embrasser, Ils descendent en effet, et des milliers de bras s'ouvrent pour les recevoir. La réconciliation est si douce au cœur de l'homme ! Malgré l'accueil qui venait de lui être fait, Marie-Antoinette ne put se défendre d'un noir pressentiment ; en quittant le balcon, elle s'approcha de madame Necker, et lui dit avec des sanglots étouffés : Ils vont nous forcer, le roi et moi, à nous rendre à Paris avec les têtes de nos gardes portées au bout de leurs piques[45]. De cette prédiction, la première moitié seule allait s'accomplir[46]. Les deux têtes avaient été déjà portées à Paris, et, quoi qu'en aient dit les écrivains royalistes, l'horrible trophée ne souilla point le spectacle de la marche triomphale du peuple. Pendant que la multitude se livrait à la joie et que l'Assemblée se réunissait au lieu ordinaire de ses séances, une scène étrange se passait au château. Le président du parlement de Rouen, M. de Frondeville, se trouvant dans une pièce voisine du cabinet du roi, fit céder, par mégarde, en y appuyant son coude, une porte masquée qui ouvrait sur ce cabinet, où il entrevit le roi et la reine. Comme il se hâtait de pousser la porte : Non, non, lui dit Marie-Antoinette, vous pouvez entrer. Elle était assise et tenait sur ses genoux un coffret dans lequel elle cherchait des clefs. Le roi et le Dauphin étaient à ses côtés. Eh bien ! monsieur de Frondeville, continua-t-elle, nous allons à Paris. Puis, après un moment de silence : Nous sommes à nous demander comment nous logerons notre bonne Babet, — c'était le nom familier de madame Élisabeth. — Pauvre sœur ! nous la voudrions logée aussi convenablement et aussi près de nous que possible. Le roi, triste et pensif, ne prononça pas un mot. Tout à coup, se levant avec émotion et prenant son fils dans ses bras, Marie-Antoinette dit à Louis XVI : Promettez-moi, je vous en conjure, promettez-moi, pour le salut de la France, pour le vôtre, pour celui de ce cher enfant, que, si pareilles circonstances se présentent et que vous puissiez vous éloigner, vous n'en laisserez pas échapper l'occasion. Louis XVI ne répondit rien ; ses yeux se mouillèrent de larmes, et il sorti pour cacher son trouble[47]. Dès le matin, et avant qu'il eût promis de suivre le peuple à Paris, il avait exprimé le désir de voir l'Assemblée réunie autour de sa personne. Ce désir ayant été notifié à l'Assemblée par Mounier, Mirabeau fit observer qu'il était contre la dignité des représentants de la nation de condescendre à un tel vœu ; qu'on ne pouvait délibérer dans le palais des rois ; qu'une députation de trente-six membres suffisait[48]. Les galeries, pleines d'hommes qui avaient couché leurs fusils le long des bancs, applaudirent avec transport, et la proposition de Mirabeau fut adoptée. Il fit prendre aussi l'arrêté suivant, que l'abbé d'Eymar, suivi de quelques-uns de ses collègues, alla porter au roi : Il a été décrété que le roi et l'Assemblée sont inséparables pendant la session actuelle. Quand on sut dans tout Versailles que le roi avait
officiellement annoncé son départ pour Paris, la joie fut extrême ; il y eut
des salves de mousqueterie, et ce mot volait de bouche en bouche : C'est fini, nous l'emmenons. — Ce même Mirabeau, écrit amèrement Rivarol, qui avait opiné qu'il ne fallait au roi que trente-six
députés dans le péril, proposa de lui en donner cent pour témoins de sa
captivité ; et comme il s'était refusé à la première députation, qui pouvait
craindre quelque danger en secourant le roi, il s'offrit pour la seconde, qui
ne devait qu'avilir Sa Majesté, en grossissant le cortège de ses vainqueurs[49]. En même temps,
il demanda qu'on fit une adresse aux provinces, afin de les rassurer et de
leur apprendre que le vaisseau de l'État allait plus
rapidement que jamais s'avancer vers le port[50]. Ce fut le dernier épisode politique de la journée. Que si maintenant on veut se rendre compte des causes d'une manière exacte, on se convaincra, contrairement au dire de tous les écrivains qui en ont parlé jusqu'ici, que des ressorts particuliers agirent au-dessous et comme à l'ombre d'une impulsion générale. De la déposition de messire Jean Diot, prêtre du diocèse d'Amiens, il résulte que, le 5 octobre, à sept heures et demie du soir, passant près d'une baraque située à l'entrée de l'avenue de Paris, il entendit trois personnes comploter, pour le lendemain, l'invasion du château et l'assassinat de la reine[51]. Louis de Massé, capitaine commandant au régiment de Flandre, appelé devant les magistrats du Châtelet, dénonça le soldat Bel-Œillet comme ayant fait à ses camarades d'abondantes distributions d'argent[52]. Il est certain que, parmi les femmes qui envahirent l'Assemblée, quelques-unes étaient d'une classe plus habituée à fournir des recrues à l'intrigue qu'à l'insurrection, témoin celle qui, voyant le Secrétaire de l'Assemblée déchirer la copie d'un décret pour la recommencer, lui dit : Est-ce qu'un secrétaire de l'Assemblée nationale doit soigner son écriture comme un commis de bureau ?[53] S'il en faut croire le témoignage du frère de Mirabeau, des pâtés, des jambons, des fruits, du vin, furent libéralement offerts à tous venants, dans la matinée du 6, par l'homme qui tenait la buvette de l'Assemblée, du côté de la rue du Chantier ; et cet homme, interrogé sur le secret de sa prodigalité, répondit : M. le duc d'Orléans m'a dit que je pouvais donner[54]. Tout rapporter serait trop long ; mais les dépositions qui existent dans ce sens sont en vérité si nombreuses, qu'il est impossible de n'en être pas frappé, avec quelque défiance qu'on soit disposé à les accueillir. Or, quelles étaient les mains cachées dans ces événements ? On se rappelle le langage tenu à Blaizot, plusieurs jours avant le 5 octobre, par Mirabeau. Si donc on a pu dire de Sieyès qu'il n'avait rien su d'avance, puisqu'en effet, à la nouvelle de l'arrivée des Parisiens, il s'écria devant le comte de La Châtre et Bouthillier : Ça marche en sens contraire. Je n'y comprends rien[55] ; la même chose ne saurait se dire de Mirabeau. Nous l'avons montré, le 5 octobre, allant de groupe en groupe, un grand sabre sous le bras : il disait au peuple : Mes amis, nous sommes avec vous ; et telle était sa contenance, que, comme il passait devant le régiment de Flandre, M. de Valfond lui fit remarquer qu'il avait l'air d'un Charles XII[56]. Le fait est que Mirabeau couvait depuis longtemps des
projets ambitieux. A ses prodigues passions, il fallait de l'argent ; à ses
facultés puissantes, il fallait le pouvoir. Et comment aurait-il espéré l'un
et l'autre d'une cour qui le haïssait profondément et du faible prince que la
cour dominait ? La monarchie conservée, mais le monarque remplacé, voilà quel
était son rêve. D'où son fameux mot à Mounier : Eh
mais, bonhomme que vous êtes ! qui vous dit qu'il ne faut pas un roi ?
Seulement, qu'importe que ce soit Louis XVI ou Louis XVII ? Et qu'avons-nous
besoin de ce bambin pour nous gouverner ?[57] Reste à savoir qui Mirabeau avait en vue, dans le cas où Louis XVI, se décidant à fuir, aurait laissé la place vide ? Le duc d'Orléans ? Mais la place enviée revenait de droit à MONSIEUR, à moins d'un renversement complet des lois fondamentales de cette monarchie dont Mirabeau voulait le maintien. Et d'ailleurs, ni le caractère du duc d'Orléans, ni la trempe de son âme, ni la nature de ses passions n'offraient à cet égard de suffisantes garanties. Le duc d'Orléans était certes fort capable de souffrir, soit en haine de la cour qui l'avait accablé de tant d'humiliations, soit par goût de la popularité, qu'on se servît dans les agitations de la place publique de son nom et de son or ; il est même peu probable qu'il ait ignoré que, le 14 juillet, par exemple, son serrurier Faure avait fabriqué six cents piques[58] ; mais qu'il soit intervenu dans les troubles d'octobre autrement qu'en spectateur charmé au fond de l'abaissement de ses ennemis, c'est ce que la suite de ce récit démentira. En attendant, qu'on médite, en les rapprochant des lettres inédites ci-dessus mises au jour par nous, le passage suivant du PLAN POLITIQUE DE MIRABEAU, découvert plus tard, et sur lequel nous aurons à revenir. Que le roi, — à l'époque où ces stipulations étaient proposées par Mirabeau, il s'était rapproché de Louis XVI, qui consentait à l'acheter, — que le roi s'annonce de bonne foi pour adhérer à la Révolution, à la seule condition d'en être le chef et le modérateur, qu'il oppose à l'égoïsme de ses ministres un représentant de sa famille dispersée, qui ne soit pas lui.... Le choix de ce Bourbon est indiqué, non-seulement par la nature, mais par la nécessité des choses, puisque tous les princes du sang, excepté un seul, sont en conspiration réelle ou présumée, et regardés comme les ennemis de la nation, si universellement, qu'il est douteux qu'ils puissent être sauvés par l'avènement de MONSIEUR, mais qu'il est certain qu'ils ne peuvent l'être que par là[59]. Oui, les causes des journées d'octobre furent de deux sortes : les unes générales, patentes, dérivant de la spontanéité populaire, les autres particulières et secrètes. Aux premières se rapporte tout ce que le voyage à Versailles présente de patriotique, de généreux, d'inspiré : ce fut la part du peuple. Aux secondes se rapportent les faits de cruauté et de violence, violence préparée et cruauté vénale : ce fut la part des hommes de faction et de leurs agents. Cette distinction est d'une importance capitale. C'est pour ne l'avoir pas faite, que les historiens ont été amenés, ceux-ci à voiler ou à justifier des actes individuels sans excuse, ceux-là à rendre la masse responsable d'excès qu'elle n'a point commis. Lorsque Lafayette fut mandé devant les juges du Châtelet, il dit : Il faut discerner le peuple de Paris d'avec quelques factieux payés ou intéressés au désordre. La vérité est là. Il était une heure après-midi, quand le peuple et le roi se mirent en marche. La tête du cortège était formée par les miliciens de Paris, dont chacun portait un pain au bout de sa baïonnette. Venaient ensuite, étrangement confondus, les hommes à piques, les ouvriers des faubourgs, les femmes, celles-ci assises à califourchon sur les canons, et en cuirasse ; celles-là montées sur les chevaux des gardes ou coiffées de leurs chapeaux. Suivaient des chariots de farine enlevés à Versailles et recouverts de feuillage. Ils précédaient le carrosse où étaient le roi, la reine, toute la famille royale et madame de Tourzel, gouvernante des enfants. Puis, roulaient pêle-mêle les dragons, les cent-suisses, le gros du peuple, les gardes du corps, ces derniers à pied pour la plupart et tête nue, comme les captifs dans un triomphe antique. On criait, on chantait, on dansait, on s'encourageait mutuellement à l'espoir, et, montrant d'une main les farines, de l'autre la voilure royale, les femmes disaient : Nous ne manquerons plus de pain ; nous amenons le boulanger, la boulangère et le petit mitron[60]. Le jour était, non pas triste et pluvieux, ainsi que beaucoup l'ont écrit, mais, au contraire, d'une rare beauté ; l'air agitait à peine les arbres, et le soleil avait assez d'éclat pour ne rien laisser de sombre dans la campagne[61]. Comme des milliers de mains portaient, entremêlés de piques et de baïonnettes, des rameaux ornés de rubans et des branches de peupliers, on eût dit de loin une forêt mouvante. Eh ! n'était-ce point cette fatidique forêt de Birnam qui, dans Shakespeare, vient annoncer à Macbeth l'épuisement de sa fortune et la fin de son règne ? C'est ainsi que Versailles cessa d'être la demeure des rois. Depuis, ils n'y ont pas reparu : ils n'y reparaîtront jamais. Adieu les fêtes splendides que Louis XIV remplissait de sa majesté ! Adieu les heures enchantées que la fille de Marie-Thérèse reconnut si funestes, après les avoir trouvées si douces ! Adieu ce bonheur de quelques-uns dans le malheur de presque tous ! L'âme du monde est changée. Aussi, cherchez ce qu'est aujourd'hui devenue cette ville fameuse ? Ses magnificences, toujours intactes, ont un aspect plus funèbre que n'est celui des ruines ; la tristesse y a fixé le siège de son empire ; l'herbe y masque le pavé des rues, maintenant désertes, et, dans le château, pour en égayer un peu les salles vides, il a fallu couvrir les murs de toiles peintes, mensonges de la mort s'efforçant d'imiter la vie ! |
[1] Déposition de Charles de La Lain, commissaire des guerres, IIe, partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 60.
[2] Dépositions de madame Thibault et de madame Augué, femmes de chambre de la reine, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 139 et 149.
[3] Madam Campan confessed a curious fact, namely, that Fersen was in the Queen's boudoir or bedchamber, tête à tête with Her Majesty on the famous night of the 6th of October. He escaped observation with considerable difficulty in a disguise which she (Madam Campan herself) procured for him. This, Mr. de Talleyrand, though generally somewhat averse to relating anecdotes disparaging of the royal family of France, has twice recounted to me, and assured me that he had it from Madam Campan herself. Foreign réminiscences, by lord Holland, p. 18 and 19.
[4] Déposition de Charmont, brigadier des gardes du corps, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 6.
[5] Déposition de Charmont, brigadier des gardes du corps, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 6.
[6] Déposition de Miomandre de Sainte-Marie, garde du corps, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 39.
[7] Déposition de Charmont confirmée par celle du comte de Saint-Aulaire, lieutenant-commandant l'escadron des gardes du corps, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 249.
[8] Déposition de Valdony, un des cent-suisses, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 64.
[9] Déposition du comte de Saint-Aulaire, p. 249.
[10] Voyez en les rapprochant, les dépositions de Jeanne Lavarenne, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 135 ; de François Laurent, IIe partie, p. 124 ; de Louis Prière, portier au palais du Luxembourg, IIe partie, p. 164 ; de Gallemand, IIIe partie, p. 30.
[11] Déposition de Lecointre, p. 109, confirmée par celle de Jeanne Lavarenne, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 135.
[12] Déposition de Lecointre, p. 109, confirmée par celle de Jeanne Lavarenne, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 135.
[13] Déposition de Gontran, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 55.
[14] Déposition de Pirault, officier de cavalerie, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 126.
[15] Déposition de Jeanne Bessons, IIIe partie, p. 21.
[16] Déposition de Marguerite Andelle, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 97.
[17] Duval de Nampty et de La Serre. — Voyez leurs dépositions, Ire partie, p. 142, et IIe partie, p. 83.
[18] Dépositions du vicomte de la Châtre, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 195 ; de François-Claude et de Jacques Gueniffey, Ire partie, p. 202 et 203 ; d'Eudeline, p. 206 ; de Frondeville, IIe partie p. 14.
[19] Déposition de Thierry, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 49.
[20] Déposition de Marquand, garçon de la chambre du roi, IIIe partie, p. 54.
[21] Déposition de Tardivet du Repaire, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 26 et 27.
[22] Déposition de Bernardy, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 81.
[23] Déposition de Rodolphe Bercy, valet de pied de la reine, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 155.
[24] Dépositions de Miomandre de Sainte-Marie, de madame Thibault, de madame Augué, Ire partie, p. 38, 139 et 149.
[25] Déposition de Charles Rabel, garçon de la chambre du roi, IIIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 53.
[26] Déposition du comte de Saint-Aulaire, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 249.
[27] Déposition de Miomandre de Sainte-Marie, ubi supra.
[28] Déposition d'Antoine Poujet, logeur, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 207.
[29] Déposition de François Dupont, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 201.
[30] Déposition de Pirault, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 186.
[31] Mémoires de Rivarol, p. 328, 329, 330.
[32] Mémoires de Rivarol, p. 325.
[33] Déposition de Bellanger de Rebourceaux, garde du corps, IIIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 17.
[34] Déposition de Robert de Chevannes, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 145.
[35] Toulongeon, t. I, p. 144.
[36] Déposition de Robert de Chevannes, ubi supra.
[37] Déposition du comte de Saint-Aulaire, ubi supra.
[38] Déposition de Gondran, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 56.
[39] Bertrand de Molleville, Annales de la Révolution française, t. II de la traduction anglaise, chap. XVII, p. 130.
[40] Montgaillard, Histoire de France, t. II, p. 163. Édition de 1827.
[41] Manuscrit de M. Sauquaire Souligné.
[42] Déposition de Digoine du Palais, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 264.
[43] Déposition de Jeanne-Martin Lavarenne, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 135.
[44] Déposition de Victoire Sacleux, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 161. Voyez la déposition de Bellanger de Rebourceaux, garde du corps, IIIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 17.
[45] Madame de Staël, Considérations sur la Révolution française, ch. XI.
[46] La prédiction faillit s'accomplir, dit madame de Staël.
[47] Ce fait, mentionné par Bertrand de Molleville, qui devait le tenir de M. de Frondeville lui-même, ne se trouve point dans la déposition de ce dernier. Il est facile de deviner pourquoi. Devant les juges du Châtelet, un tel aveu eût compromis la reine.
[48] Déposition de Madier de Montjau, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, 268.
[49] Mémoires de Rivarol, p. 319. Collection Berville et Barrière.
[50] Déposition de Madier de Montjau, ubi supra.
[51] Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 166.
[52] Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 141.
[53] Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 223.
[54] Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 224.
[55] Déposition du comte de La Châtre, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 211.
[56] Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 258 et passim.
[57] Voyez, dans la Procédure criminelle du Châtelet, Ire partie, la déposition de Bergasse, député à l'Assemblée nationale, p. 20, et de Regnier, bourgeois de Paris, p. 21.
[58] Déposition de Louis Poterne, compagnon serrurier, Ire partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 160.
[59] Éclaircissements historiques et pièces officielles à la suite des Mémoires de Weber, notes C et D. Collection Berville et Barrière.
[60] Déposition d'Hippolyte Luce, comte de Montmorin, IIe partie de la Procédure criminelle du Châtelet, p. 22.
[61] Ce sont les propres expressions de madame de Staël, parlant de ce qu'elle a vu. Voyez ses Considérations sur la Révolution française, ch. XI.