ESSAI HISTORIQUE ET CRITIQUE SUR L'ÉCOLE JUIVE D'ALEXANDRIE

PREMIÈRE PARTIE. — OUVRAGES SORTIS DE L'ÉCOLE JUIVE D'ALEXANDRIE

 

CHAPITRE IV. — INTERPOLATIONS FAITES DANS LES OUVRAGES DES PHILOSOPHES.

 

 

I. — Mercure Trismégiste.

Les critiques sont partagés sur le siècle dans lequel vécut Mercure, surnommé Trismégiste par les Égyptiens, à cause de ses vastes connaissances et de ses nombreuses inventions, ou parce qu'il fut à la fois grand philosophe, grand pontife et grand roi. On l'a fait quelquefois plus ancien que Moïse. On s'est efforcé de lui trouver des rapports avec Adam, ou du moins avec Joseph et Hénoch, et on a réussi à le transformer en l'un de ces personnages. Le savant évêque d'Avranches, qui retrouvait Moïse dans tous les grands hommes et les demi-dieux du paganisme, même dans les Pénates et les dieux Lares[1], n'a vu dans le Mercure des Égyptiens que le législateur des Hébreux. Le faux Artapan l'avait déjà devancé dans cette voie[2]. D'autres ont relégué Hermès dans le monde des fables, et en ont fait la personnification allégorique de la sagesse divine. Il n'est pas croyable qu'un roi dont un si grand nombre d'auteurs sacrés et profanes ont souvent fait mention, n'ait jamais eu d'existence que dans l'imagination des peuples et les rêves des savants., D'un autre côté, les rapprochements faits pour l'identifier avec les grands hommes de l'histoire sainte, n'ont servi qu'à montrer l'érudition et l'habileté de leurs auteurs. Ils n'ont produit aucune démonstration satisfaisante pour des esprits sérieux.

Mercure Trismégiste est un de ces personnages auxquels il est sans doute impossible d'assigner dans l'histoire une date ou une généalogie précise[3]. Plusieurs critiques ont pensé que le sage Égyptien florissait dans des temps voisins de Moïse, environ seize cents ans avant Jésus-Christ[4].

Est-il vrai, comme le dit Jamblique, qu'il composa plus de trente-six mille volumes ? Le nombre de vingt mille, assigné par Julius Firmicus, serait assurément déjà assez grand pour absorber la vie de l'homme le moins oisif et le plus fécond. Toutefois, il est probable que Clément d'Alexandrie[5], qui lui en donne seulement quarante, s'est moins éloigné de la vérité. Encore, parmi ceux-ci, plusieurs lui ont été certainement attribués à tort, ou du moins ont subi, dans la suite des siècles, de nombreuses et importantes altérations.

Nous rangerons parmi ces derniers deux ouvrages cités quelquefois par les Pères les plus anciens de l'Église, le Pimander, ou Pœmander, et l'Asclépius. Le premier traite de la nature des choses et de la création du monde ; le second est un dialogue entre Hermès et Esculape, petit-fils de l'inventeur de la médecine. Les deux interlocuteurs disputent sur la nature de Dieu, de l'homme et du monde, en présence de Tant et d'Aramon, pris par eux pour témoins et pour juges.

On a émis sur le véritable auteur de ces deux livres les opinions les plus diverses et les plus contradictoires. Pour justifier saint Justin, Athénagore, Lactance et les autres auteurs ecclésiastiques qui se sont appuyés sur les ouvrages de Mercure Trismégiste, afin de démontrer la divinité du christianisme, on s'est cru obligé de reconnaître le Pimander et l'Asclépius comme des livres écrits en entier de la plume d'Hermès. On a oublié que, ne soupçonnant pas dans les autres une fraude dont ils se sentaient eux-mêmes incapables, les Pères ont souvent accepté, avec trop de confiance, des ouvrages apocryphes, ou du moins profondément altérés. Nous pensons, avec R. Cudworth[6], Conringius[7] et J. Alb. Fabricius[8], qu'il faut établir une distinction entre les deux livres et les différents chapitres dont ils sont composés, et surtout tenir compte des interpolations. On reconnaît, dans le Pimander et l'Asclépius, les traces de toutes les religions et des systèmes de philosophie qui se sont développés successivement en Égypte. Les critiques ne portant leur attention que sur les uns, et négligeant les autres, ont émis, le plus souvent, un jugement faux, parce qu'il était exclusif. Ils ont, chacun selon leurs préoccupations, attribué l'ouvrage entier à un auteur particulier, au lieu d'en reconnaître plusieurs.

Nous pensons que plusieurs passages de ces livres sont, sinon l'ouvrage de Mercure Trismégiste lui-même, du moins l'expression assez fidèle de ses pensées, comme le prétend Jamblique. R. Cudworth a cherché, surtout dans l'Asclépius, plusieurs des doctrines particulières aux Égyptiens[9]. La plus grande circonspection était nécessaire dans un sujet de cette nature. Il est difficile de distinguer, dans ces prétendus ouvrages du sage Égyptien, ce qui vient de l'antiquité de ce qui est plus récent[10]. On peut cependant, dans ce dieu à la fois mâle et femelle, qui seul est tout et enfante sans cesse les productions toujours nouvelles renfermées dans son sein, trouver réellement une divinité de l'Égypte[11]. Peut-être aussi, dans ce monde représenté par Hermès comme immuable, tandis que les différentes parties dont il se compose changent sans cesse sans périr entièrement ni s'anéantir jamais, pourrait-on trouver encore quelques traces des croyances de l'antique Égypte : il en est de même de plusieurs autres opinions examinées par l'auteur du Système intellectuel.

Mais il est impossible de ne pas reconnaître dans plusieurs pages de ces livres et dans des chapitres presque entiers[12], un chrétien des premiers siècles de l'Église. Ainsi, dans le premier chapitre, Pimander se donne le nom de Verbe du Seigneur : Λόγος Κυρίου, expression évidemment empruntée aux livres du Nouveau Testament[13]. Dans le même chapitre, il est dit que le Verbe a été engendré du Père, et Dieu, du feu et de l'Esprit. Le chrétien déguisé ici sous le nom de Mercure Trismégiste veut certainement faire allusion au baptême dans le Saint-Esprit et dans le feu dont parle saint Jean Baptiste. Au chapitre mit, Mercure défend de révéler le mystère de la régénération. Or, ce mystère, caché, selon l'expression des Écritures, à tous les hommes et à tous les siècles n'a pu être découvert à Mercure Trismégiste, seize cents ans avant que Jésus-Christ ne l'eût fait connaître aux hommes. D'ailleurs, non-seulement cette pensée et plusieurs autres, mais les expressions mêmes dont l'auteur se sert, sont très-souvent tirées textuellement, tantôt de l'épître de saint Paul aux Colossiens, tantôt de saint Matthieu, de saint Luc ou de saint Jean[14].

Le faussaire a mis à profit les livres canoniques du christianisme ; donc cette religion ne lui est pas inconnue. Nous n'hésiterions pas à en faire un gnostique des premiers siècles de l'Église d'Égypto, s'il nous était permis de comparer entre eux les différents chapitres du Pœmander, ou ce livre lui-même, avec l'Asclépius. Mais aucun rapprochement n'est possible, et aucune conclusion ne serait rigoureuse relativement à des ouvrages écrite, comme ceux-ci, par plusieurs mains. Toutefois, le chapitre septième du Pœmander, qui offre un tableau si vif des effets de l'ignorance et des avantages de la gnose, ne peut avoir été composé que dans la capitale de l'Égypte, par un disciple de Valentin et de Basilide.

Certaines interpolations n'ont pu être faites qu'après le concile de Nicée, dans le IVe siècle. Hermès proclame formellement le Verbe consubstantiel à son Père ; ce mot n'a été en usage que longtemps après les apôtres[15]. C'est à peine si saint Athanase a pu, dans son épître aux Africains, citer trois auteurs qui l'eussent employé avant le concile général où fut condamnée l'hérésie d'Arius.

Ces falsifications montrent que les deux premiers siècles de notre ère ne se sont pas seuls disputé l'autorité de Mercure Trismégiste. Nous en avons d'autres preuves encore. Nous ne partageons pas en tout le sentiment de H. Conringius sur l'Asclépius[16]. Il n'est certainement pas, en entier, l'ouvrage d'un Égyptien. Les interprétations de certains passages de ce livre, faites par Lactance, en vue de mettre Hermès en harmonie avec le christianisme, sont, nous le reconnaissons comme lui, souvent forcées et peu concluantes ; mais quelquefois aussi elles exposent la véritable pensée de l'auteur : seulement, ce dernier n'était pas Mercure Trismégiste, mais un chrétien qui en avait pris le nom. Cependant, avec le critique dont nous venons de parler, et J. A. Fabricius[17], on peut reconnaître clans ce livre les plaintes d'un Égyptien qui, sous les premiers 'empereurs chrétiens, voyait avec douleur la religion de Jésus-Christ envahir son pays et rendre le temple des dieux déserts, dans ces paroles : Les étrangers répandus sur cette contrée ne se contenteront pas de prescrire le mépris de l'ancienne religion, ils infligeront des peines cruelles à ceux qui voudront lui rester fidèles. Alors la terre sacrée des sanctuaires et des temples, l'Égypte sera couverte de sépulcres et de cadavres. Ô Égypte, Égypte, de tes cérémonies saintes, des fables que tes enfants refuseront de croire dans la suite, seules te resteront. Des inscriptions gravées sur les pierres seront les uniques témoins de tes antiques croyances. Le Syrien, l'Indien, ou quelqu'autre peuple habitera tes campagnes[18].

Quand on voit tous les partis s'efforcer ainsi tour à tour de faire passer Hermès dans leurs rangs, il est difficile de croire que les Juifs d'Alexandrie soient restés indifférents, sans chercher de leur côté à profiter- du grand nom de Mercure Trismégiste. Is. Vossius[19], qui les connaissait si bien, ne les croyait pas capables de rester dans le repos, en des circonstances si favorables. Aussi leur a-t-il attribué les ouvrages de Trismégiste. Plusieurs critiques ont adopté ce sentiment.

On est, en effet, persuadé qu'ils ont aussi pris part à ces œuvres supposées en considérant que quelques doctrines du Pœmander sont certainement sorties de l'école de Philon et de la plume d'un de ses contemporains.

L'auteur de ce livre montre là même hésitation que le Platon juif sur la formation du monde et la création de la matière. Quelquefois il semble donner à ces mots le sens que nous leur prêtons nous-mêmes ; Dieu, alors, en faisant naître les choses, ne les aurait pas seulement rendues visibles, mais il aurait produit par sa seule volonté ce qui n'existait pas auparavant[20]. Le plus souvent il est dualiste, avec Platon et son disciple d'Alexandrie. Il fait du monde comme une seconde Divinité[21] en s'appuyant sur le célèbre principe des philosophes anciens rappelé aussi par l'auteur du traité sur l'Incorruptibilité du monde : ex nihilo nihil fit. Après avoir reconnu avec Philon le Verbe de la tradition juive, le Verbe du Seigneur, Λόγος Κυρίου, homme par la volonté de Dieu[22], le faux Hermès fait du monde le fils de la Divinité. Comme il répète souvent que ce second dieu a été fait à l'image du premier[23], essence incorporelle inaccessible aux sens, on ne peut douter que sa véritable pensée, revêtue quelquefois, il est vrai, da matérialisme le plus grossier, ne soit que le monde immatériel forme archétype, et en même temps médiateur du premier principe dans la création, ne soit ce qu'il appelle, avec Philon[24], le fils de la Divinité. Nous sommes confirmé dans cette opinion lorsque nous le voyons, dans d'autres passages, avancer, après le chef de l'école juive de l'Égypte, que Dieu, étant l'auteur de tout bien[25], n'a pas pu créer la matière soumise au changement et à la corruption, et lorsque nous le voyons donner à entendre, au milieu de contradictions nombreuses, qu'un intermédiaire était nécessaire.

Le faux Trismégiste accorde aussi à Dieu l'activité incessante[26]. La création n'est pas une œuvre momentanée, c'est un acte nécessaire et perpétuel de la puissance divine. Dieu produit sans cesse, parce qu'il ne peut jamais rester en repos[27]. L'auteur supposé du Pœmander ne cesse de gémir sur l'impuissance de la nature humaine à connaître Dieu. Comment l'imparfait pourrait-il concevoir le parfait, l'être d'un jour comprendre l'éternel, et le mensonge arriver à contempler la vérité ? Philon parle également à chaque instant de l'impossibilité pour l'homme de parvenir jusqu'à Dieu. Mais, comme le célèbre platonicien en nous défendant d'espérer jamais de voir Dieu lui-même, ou ses puissances, nous permet du moins de contempler la Divinité à travers le spectacle du monde et de ses merveilles, à l'aide de l'œil vigilant de l'intelligence[28] : ainsi le Trismégiste conseille à Taut, son fils, d'arrêter les yeux de son esprit sur l'univers et sur cet ordre admirable, afin d'y entrevoir l'image et comme le reflet du souverain maître de toutes choses[29]. Avec Platon et Philon, il place des dieux, dœmones, dans tous les astres. Ceux-ci sont comme de grands corps animés par des âmes immortelles[30]. Beaucoup d'autres démons se meuvent et se déplacent et sont les messagers des paroles divines[31]. Plusieurs sont chargés de punir les hommes qui se sont laissés aller au mal, non par erreur, par ignorance ou par nécessité, mais par impiété[32]. D'autres déposent dans l'esprit des hommes en particulier, des nations en général, le germe funeste. des vices et des agitations tumultueuses ; les hommes ou les cités les feront fructifier, et il en sortira lés adultères, les meurtres, les parricides, les sacrilèges, l'impiété, les commotions, le trouble[33].

Nous ne citerons pas ici tous les rapports du Pœmander avec les œuvres de Philon. Ce livre présente continuellement soit des pensées, soit des expressions évidemment empruntées au philosophe platonicien, ou à la version des Septante[34]. Le faussaire a pris soin, cependant, de jeter à dessein de la confusion dans ses idées pour déguiser son larcin, donner à son œuvre une fausse apparence de profondeur, et la rendre ainsi moins indigne du Trismégiste. Il a assez évité de copier les expressions pour ne pas paraître un plagiaire, mais trop peu pour faire oublier complètement l'auteur dont il était rempli.

L'imposteur se trahit davantage, selon nous, dans la prière faite à Asclépius par Mercure, dans le seizième chapitre. Il le conjure d'empêcher de tout son pouvoir que leurs entretiens et les mystères dont ils ont été l'objet ne parviennent à la connaissance des Grecs, de crainte que ce peuple, avec son langage sans forme, tout fardé d'ornements, ne leur ôte de leur majesté et de leur gravité[35]. Au temps d'Hermès, le nom de Grec n'était pas même connu. Il ne fut usité en Égypte, selon l'opinion la plus commune, que plus d'un siècle après[36]. Le Juif n'a pas assez pris garde à ce grossier anachronisme, tant il était préoccupé du désir d'être utile à sa nation, au préjudice des Égyptiens. Car nous croyons deviner le stratagème dont il fait usage ici pour parvenir à son but. Les Juifs d'Alexandrie aimaient les lettres grecques ; ils les cultivaient. Ils avaient rendu leurs livres sacrés et les mystères de leur religion accessibles, en quelque sorte, à tous, dans la capitale de l'Égypte. Pour faire ressortir davantage leurs titres à l'estime de la nation grecque, l'interpolateur invente un moyen d'opposer leur respect au mépris que le plus grand homme de l'Égypte avait eu pour le caractère des Grecs et pour leur langage. L'école juive d'Alexandrie a souvent appelé à son secours des artifices de ce genre.

Les Juifs nous semblent donc avoir inséré, dans les livres Hermétiques, plusieurs de leurs propres doctrines. Quelques-unes de celles que nous avons signalées. ont été aussi admises, plus tard, par les écoles chrétiennes de l'Égypte, auxquelles Philon a fait sentir son influence. Mais comme saint Justin[37] et Athénagore[38] font appel aux ouvrages d'Hermès, ces livres renfermaient donc, dès ce temps, des choses qui leur étaient favorables. Les interpolations avaient pu être faites un peu avant que saint Justin vînt à Alexandrie et qu'Athénagore fût chef de l'École de cette ville. Nous sommes ainsi reportés à l'époque de Philon ou quelques années après sa mort, c'est-à-dire aux temps où l'influence de cet homme célèbre était toute-puissante sur ses coreligionnaires ; où les Égyptiens étaient acharnés contre les Juifs, et jouissaient d'un très-grand crédit auprès des Grecs[39]. Le traité de Philon sur l'Ambassade à Caïus nous instruit parfaitement de la situation respective des différentes portions de la population Alexandrine. Il est facile, avec les lumières qu'il nous donne, de comprendre à la fois, et l'imitation des ouvrages de Philon par des Juifs de l'Égypte et la critique des Grecs mise dans la bouche d'un Égyptien célèbre, et les doctrines de Moïse prêtées à un personnage dont on se disputait l'autorité.

II. — Phocylide.

Phocylide, né à Milet, dans l'Ionie, était, selon Eusèbe et Suidas, contemporain de Théognis[40]. Il vivait donc vers l'an 535 avant J.-C.[41] Il avait composé quelques poèmes héroïques et des élégies remarquables par leur harmonie digne de celle des vers d'Homère, d'Hésiode, d'Archiloque et de Mimnerme[42]. Il nous reste sous son nom quelques sentences et un poème moral, Carmen Noutheticon, de deux cent dix vers. Ce dernier serait de nature à exciter la plus vive admiration pour le philosophe païen de Milet et la beauté de ses doctrines, s'il était réellement, comme on l'a cru longtemps, mais à tort, un ouvrage sorti de sa main.

Ce poème est l'œuvre d'un imposteur. De longues et pénibles recherches ne sont pas nécessaires pour nous en convaincre ; une simple lecture suffit. Aussi les critiques[43] en ont-ils rejeté l'authenticité d'une voix presque unanime[44]. En effet, tandis que les sentences composées par le contemporain de Théognis, à l'exemple des anciens poètes gnomiques, étaient très-courtes et commençaient toujours, selon la remarque de J. Scaliger, par ces mots : καί τόδε φωκυλίδου, le poème moral, malgré son étendue et le grand nombre de ses gnomes, ne présente nulle part le cachet particulier apposé par le poète sur ses œuvres. Les auteurs anciens n'ont pas même cité un vers de ce poème mis sous le nom de Phocylide. Le Scoliaste de Nicandre en a fait mention ; mais il ne l'avait pas sous les yeux tel qu'il nous est parvenu[45]. Platon, Aristote, Strabon, Lucien, Dion Chrysostome et Plutarque ont fait quelquefois l'éloge des pensées du poète gnomique, jamais ils ne font allusion à celles de ce poème moral. Stobée, l'actif compilateur, nous a transmis un assez grand nombre de sentences du philosophe milésien ; mais, chose étrange ! le Carmen Noutheticon lui est resté inconnu ! Chose non moins étrange encore, ni S. Justin, ni Clément d'Alexandrie, ni Eusèbe, ni Théodoret, qui se plaisaient tant à recueillir les doctrines païennes ayant quelque rapport avec celles des juifs ou des chrétiens, n'ont rien tiré de ce précieux trésor[46]. Un silence aussi général a paru justement suspect aux critiques. Ils en auraient compris la raison s'ils avaient assez examiné le poème pour en découvrir le véritable auteur, et s'ils en avaient comparé les prescriptions avec celles de la législation mosaïque. Le Carmen Noutheticon ne leur eût paru alors qu'un véritable plagiat de l'Exode, du Deutéronome, de la Sagesse de Sirach, des Proverbes et des autres livres de l'Ancien Testament.

Il n'est donc pas étonnant que l'antiquité païenne ne fasse aucune allusion à un ouvrage élaboré par un juif dans la ville d'Alexandrie. D'un autre côté, les auteurs ecclésiastiques n'ont pas cherché l'appui de Phocylide. Ils auront trop bien vu qu'un imposteur s'en était servi pour donner plus d'autorité à sa composition.

Nous nous contenterons ici de quelques citations. Elles montreront que les pensées ont été en effet tirées de l'Ancien Testament, et les expressions, autant que le permettait la mesure des vers, empruntées à la version des Septante.

Honore Dieu avant tout, dit avec la Bible l'auteur du poème, honore ensuite ceux qui t'ont donné le jour[47]. Tu ne feras point de parjure, car Dieu hait l'homme qui s'en est rendu coupable[48]. Aime tes parents, sois toujours avec eux dans la concorde et l'union[49]. Respecte ceux dont l'âge a blanchi les cheveux, cède toujours aux vieillards la première place et les premiers honneurs[50]. Ne reste pas sans prendre d'épouse, de peur que tu ne meures dans l'abandon[51]. L'auteur entre ensuite dans les prescriptions relatives aux devoirs de l'homme envers sa femme, des parents à l'égard de leurs enfants ; elles sont conformes en tout aux lois données à la nation juive par son législateur[52]. Le moraliste, passant de là aux devoirs des hommes entre eux, défend l'homicide et les fraudes[53], le vol du bien d'autrui[54], le désir des richesses du prochain[55], le mensonge[56], le faux témoignage[57]. Le riche doit venir au secours du pauvre[58] ; car si Dieu lui a donné des biens, c'est pour qu'il les emploie à soulager l'indigent. D'ailleurs, la fortune est inconstante, c'est une roue qui tourne avec vitesse : le malheur peut venir frapper tous les hommes[59], et la pauvreté les visiter[60]. On doit payer le salaire de l'artisan, ne s'armer du glaive que pour se défendre. Celui qui a tué même un ennemi a souillé sa main[61]. Après avoir condamné l'avarice, la mère de tous les vices[62], le poète conseille l'hospitalité et le travail, père de toutes les vertus[63]. Il propose au paresseux, comme fait le livre des Proverbes, l'exemple de la fourmi et celui de l'abeille[64] ; il donne, avec l'auteur sacré, de longs développements à ses descriptions.

Ce Phocylide est donc, selon toute apparence, un Juif qui a mis en vers les lois de Moïse. Mais citons quelques prescriptions plus particulières encore à la législation mosaïque.

Ne mangez pas la chair dont les bêtes auront mangé auparavant ; mais jetez-la aux chiens avides : que les animaux se nourrissent de la chair des animaux[65]. N'enlevez pas en même temps d'un nid la mère et ses petits ; mais laissez la mère, afin que vous puissiez en avoir des petits[66]. Relevez la bête de votre ennemi si elle tombe dans le chemin. Laissez aux ministres la partie des victimes qui leur est réservée[67].

On trouve dans un grand nombre des vers du Carmen Noutheticon, le parallélisme si usité dans la poésie hébraïque. Ne t'enrichis pas injustement, dit le prétendu Phocylide ; mais jouis des biens acquis avec justice[68]. Évite le mensonge et dis toujours la vérité[69]. Que ta balance ne penche pas trop d'un côté ; mais qu'elle soit toujours égale[70]. Fuis le faux témoignage et dépose toujours selon la vérité[71].

Enfin, en mettant quelques vers du poète en regard de la version des Septante, l'imitation devient plus évidente encore. Les expressions ne seront pas toujours les mêmes ; on reconnaîtra cependant la source d'où elles ont été tirées :

Nous ne comprenons pas pourquoi J. Scaliger, après avoir lu l'ouvrage du prétendu Phocylide et l'avoir examiné attentivement, hésitait encore à se prononcer sur le véritable imposteur, et balançait entre un juif helléniste d'Alexandrie et un chrétien des premiers siècles de l'Église[72]. Il aurait dû remarquer avec A. Fabricius[73] que les vers qui terminent tout le poème ne sont pas dignes d'un disciple de J.-C.[74] Telles sont les règles de la justice, dit le faussaire ; en vous y conformant, vous jouirez d'une vie heureuse jusqu'aux portes de la vieillesse[75]. Le juif imposteur, en prenant trop à la lettre certains passages des livres saints[76], pouvait, plutôt qu'un chrétien, se permettre une semblable conclusion.

Ni les pensées, ni les expressions de ce vers :

Κτήνος δ' ήν έχθροΐο πέση κάθ' όδόν, συνέγειρον,

n'indiquent nécessairement un adorateur de J.-C.[77]

Nous les trouvons dans l'Exode ; ils sont copiés fidèlement ici par le Phocylide alexandrin[78]. Quand Fabricius avançait qu'il ne croirait pas facilement qu'un Juif eût pu dire : Les étrangers jouiront auprès de vous du privilège des habitants du pays ; il oubliait que la même prescription se trouve dans le Deutéronome[79], et que Philon y fait plus d'une fois allusion[80]. Pour le dogme de la résurrection des morts[81], il n'est point particulier aux chrétiens ; s'il était connu d'Épicharme[82], à plus forte raison l'était-il du peuple de Dieu. Le fameux passage de Job ne nous laisse d'ailleurs aucun doute sur ce point[83].

Il est difficile de déterminer l'époque où le poème moral attribué à Phocylide fut composé. Le silence de Clément d'Alexandrie et d'Eusèbe ne prouvé pas qu'il ait été écrit dans des temps postérieurs à ces Pères de l'Église. Ils ont pu le négliger comme un ouvrage sans autorité. Du reste, l'élégance des vers, que certains critiques ont cru dignes de Phocylide, ne nous permet peut-être pas de remonter au delà de l'époque du savant évêque de Césarée. D'un antre côté ; plusieurs parties du Carmen Noutheticon ont été copiées par les auteurs supposés des livres sibyllins[84], déjà répandus dès les premiers siècles de notre ère, et auxquels les Pères les plus anciens ont emprunté des citations. Il parait donc probable que l'imposteur a précédé saint Justin et Athénagore. Peut-être vivait-il très-peu de temps après Philon, et vit-il l'Église chrétienne d'Égypte lorsqu'elle était encore au berceau. Nous comprendrions ainsi les traces de christianisme que J. Scaliger et plusieurs autres savants croyaient trouver dans son poème.

III. — Pythagore.

Presque tous les auteurs anciens ont reconnu que Pythagore n'a jamais rien écrit[85]. Diogène de Laërte, qui s'appuie à cet égard sur le témoignage d'Héraclite pour soutenir une opinion rejetée Or Josèphe, Plutarque, Porphyre, Aristide, Ruffin, saint Jérôme, saint Augustin et Claudien Mamert[86], n'a pas songé qu'il fallait prouver que le philosophe d'Éphèse avait lu les écrits de Pythagore lui-même, et non pas seulement des ouvrages composés par d'autres, sous le nom du fondateur de l'école selon l'observation de Dodwell[87], n'a pu voir les trois écrits que Diogène attribue à Pythagore[88] ; car, d'après le biographe lui-même[89], confirmé par Jamblique[90], ils n'ont été publiés, pour la première fois, que par Philolaüs. D'une autre part, nous savons positivement qu'Héraclite n'a eu aucun rapport avec les pythagoriciens[91].

Les ouvrages qui ont paru à différentes époques, sous le nom du philosophe de Samos, sont donc supposés. Admettons, avec Jamblique[92], que plusieurs d'entre eux contenaient des doctrines de Pythagore ; un grand nombre d'autres étaient certainement, malgré le respect des disciples pour la parole du maître, moins l'expression des sentiments du célèbre philosophe que des doctrines de son école. Or, à l'aide des symboles et des allégories, celle-ci mêla, peut-être même à son insu, des éléments étrangers au dogme primitif du maitre.

Un nom tel que celui de Pythagore était de nature à provoquer en quelque sorte l'imposture. Le mystère dont il s'était enveloppé augmentait à la fois l'audace et les espérances des faussaires. Aussi, les juifs d'Alexandrie cherchèrent-ils de bonne heure à en tirer profit. Avant Aristobule, ils avaient probablement déjà publié, sous son nom, quelques écrits apocryphes. Cette fraude autorisait sans doute le précepteur de Ptolémée Philométor à ranger, comme il le fait, le sage de la Grèce parmi les disciples de Moïse.

Nous avons cru d'abord découvrir dans les Vers dorés dont Chalcidius[93] et Proclus[94] affirment que Pythagore est l'auteur, une nouvelle supercherie de l'école juive de l'Égypte. Chrysippe[95], Galien[96], Plutarque[97], Jamblique[98] et Hiéroclès[99] nous apprennent, en effet, que le sage de Samos n'a pas composé lui-même les vers qui nous sont parvenus sous son nom. Les pensées qu'ils renferment offrent très-souvent l'analogie la plus frappante avec certains passages de l'Ancien Testament et du poème moral attribué à Phocylide. Tout semblerait indiquer un imposteur du genre de ceux que nous avons déjà tant de fois rencontrés.

Mais quand on songe que les Vers dorés n'ont été connus ni des écrivains de l'école juive d'Alexandrie, ni des auteurs chrétiens de l'Église primitive d'Égypte, il n'est plus possible de ne pas changer de sentiments. Pour le Carmen Noutheticon, on le négligea, car la fraude était trop apparente. Il n'en est pas de même des Vers dorés ; les emprunts sont assez déguisés pour ne pas réveiller les soupçons des écrivains juifs ou chrétiens. Il semble très-probable que le véritable auteur fut un païen, peut-être un pythagoricien, et qui a subi, en composant ses vers, l'influence qui se fit sentir plus tard à Hiéroclès qui les commenta. De cette manière, il devient facile de tout expliquer. D'abord le silence de saint Justin et de Clément d'Alexandrie, qui serait une véritable énigme, si les Vers dorés étaient, comme le prétend Fabricius[100], l'œuvre d'Empédocle d'Agrigente, ou de quelque ancien philosophe ; d'autre part, comme les Alexandrins s'emparèrent des pensées du fondateur de l'école d'Italie, pour les interpréter à leur manière et y trouver les dogmes et la morale chrétienne, les auteurs ecclésiastiques laissèrent à leurs adversaires les armes dont ils se servaient, comme ceux-ci, de leur côté, leur abandonnaient celles qui avaient été fabriquées par l'école juive d'Alexandrie.

Nous trouvons, dans saint Justin, un fragment de quelques vers, sous le nom de Pythagore. Les juifs de l'Égypte s'y font ouvertement reconnaître[101].

D'abord, aucun auteur profane ne cite ce passage. Le saint martyr le place entre les vers du faux Orphée et ceux du faux Sophocle ; avant, et après lui sont tous les fragments de ces prétendus poètes de la Grèce, qui ne sont en réalité que des faussaires. Ne pouvons-nous pas soupçonner ceux qui ont fourni à saint Justin, dans Alexandrie, les vers qui précèdent et qui suivent dans le livre de la Monarchie, de lui avoir donné également ceux-ci ? L'examen de ce court fragment ne nous laisse aucune hésitation.

Tout en avouant que les Vers dorés sont de beaucoup postérieurs à Pythagore, nous ne pouvons nous empêcher de reconnaître une grande habileté dans celui qui les a supposés. Il évite avec soin ce qui est de nature à le compromettre et à faire découvrir sa fraude. Ainsi, il ne s'est pas permis, comme l'auteur du poème moral, de dire :

πρώτα θεόν τίμα,

mais il a mis :

Άθανάτους πρώτα θεούς... τίμα,

se rapprochant des expressions consacrées chez les Grecs. Le Phocylide juif n'a pas pris autant de soin pour se déguiser :

εΐ τις έρεΐ θεός είμι, πάρεξ ένός...

Loin de proclamer en termes si clairs l'unité de Dieu, le philosophe de Samos, si l'on en juge par les Vers dorés et par leur interprète Hiéroclès, reconnaissait une foule de divinités immortelles, θέους άθανάτους, habitant différentes sphères célestes[102]. Après elles, venaient les héros et les divinités terrestres[103]. Celui qui sur la terre s'est laissé guider par les lumières d'en haut, après avoir dépouillé son corps mortel, arrivera dans l'air le plus pur ; il sera aussi un dieu immortel, incorruptible, que la mort ne dominera jamais[104].

On ne pourrait pas facilement expliquer le sens ainsi restreint du mot θεός, dans le fragment d'un philosophe qui lui donnait ordinairement une si large acception. Supposons que Pythagore ait, en effet, employé θεός pour désigner le principe unique de toutes choses, tandis que, selon Hiéroclès, l'habitude des pythagoriciens était de se servir de Ζεύς et de Ζήν[105], comment pouvait-il voir dans la création d'un monde sensible, semblable au nôtre, l'œuvre par laquelle se manifeste la Divinité seule véritable, puisqu'il voyait dans le monde visible l'ouvrage d'un Dieu inférieur[106] ? Les Juifs prêtent aux sages de la Grèce un argument dont ils faisaient eux-mêmes un fréquent usage pour démontrer aux païens l'existence d'un seul Dieu. Le style de l'Écriture sainte paraît même dans le mouvement de la pensée et, en quelque sorte, dans la manière dramatique avec laquelle elle est exposée. Nous remarquons, de plus, que le verbe έποίησε est celui même que nous trouvons dans les Septante. Les paroles de l'auteur de la théorie des nombres auraient dû plutôt exprimer, ce semble, une idée d'harmonie. La seconde condition imposée par le philosophe de Samos à quiconque veut se faire passer pour un Dieu est non moins étonnante dans la bouche du fondateur de l'école italique. Non-seulement il faut qu'il crée un monde semblable au nôtre, mais il doit y faire sa résidence[107]. La même pensée se trouve dans un autre fragment attribué aussi à Pythagore, non peut-être avec plus de raison : Il y a un Dieu, non pas, comme quelques-uns le disent, hors du monde, mais dans le monde même[108]. Ne sont-ce pas là des traits dirigés contre les épicuriens, qui ne parurent que longtemps après Pythagore ? Leur doctrine ne jouit pas d'un grand crédit en Égypte ; elle y fut cependant connue. Elle devait trouver une forte opposition chez le peuple juif surtout, accoutumé à voir la main protectrice de Dieu étendue sur le monde entier, et particulièrement sur la nation qu'il s'était choisie.

 

 

 



[1] Huet, Dém. év., ch. III à VII.

[2] Eusèbe, Prép. év., l. IX, c. 27.

[3] V. E. Egger, Dictionn. des Sciences phil., au mot, Philosophie Hermétique.

[4] Dom Cellier, Hist. des aut. sacrés, t. I, ch. IV, p. 524.

[5] Clément Alex., Stromates, VI, p. 633.

[6] Syst. intell., p. 387 et sq.

[7] De Hermet. egypt. medic., c. V.

[8] J.-A. Fabricius, Bibl. græca, t. I, p. 58.

[9] R. Cudworth, Syst. intell., p. 387 et sq.

[10] Cudw., ibid., p. 387, n. 88.

[11] Cudw., ibid., p. 388.

[12] A. Fabricius, l. I, p. 49 et sq.

[13] Petavii, Theol. Dogm. De Trinitate, t. II, p. 8.

[14] Petav., ibid., p. 8 et 9.

[15] D. Cellier, t. I, ch. IV, p. 525.

[16] De medicina Hermet., l. I, c. 5.

[17] J. A. Fabricius, B. g., t. I, p. 56.

[18] J. A. Fabricius, Bibl. gr., t. I, p. 56.

[19] De sibyll. oracul., c. VII, VIII.

[20] Pœm., ch. I, éd. Colon. Agripp. — Cf. Philon, Leg. alleg., l. II, p. 74, éd. Paris. — De somn., p. 577.

[21] Pœm., c. VIII, p. 23.

[22] Pœm., c. XIII, p. 35, sq. — Cf. Philon ap. Eusèbe, Præp. ev., l. VIII, c. XIII, et l. XI, c. XV.

[23] Pœm., c. I.

[24] Pœm., ch. IV. — Cf. Philon, éd. Mangey, t. II, p. 162, 277, 362.

[25] Pœm., c. IX, p. 24, et c. XII, p. 34.

[26] Pœm., c. XV, p. 43.

[27] Pœm., c. XV, p. 43. — Cf. Philon, Leg. all., l. I, p. 44.

[28] Philon, De somniis, éd. Paris, p. 575.

[29] Pœm., ch. V, p. 20 et sq. — Cf. Philon, leg. Alleg., l. II, p. 79, éd. Paris.

[30] Pœm., ch. XVI, p. 42 et sq. et passim.

[31] Pœm., p. 42 et sq.

[32] Pœm., p. 42. — Cf. Philon, éd. Mang., t. I, p. 264, 332, 642.

[33] Pœm., ch. IX, p. 24.

[34] Petav., Theol. Dogm., t. II, p. 8 et sqq.

[35] Ascl., ch. XVI.

[36] Dom. Cellier, Hist. des auteurs sacrés, t. I, p. 526.

[37] S. Justin, Coh. ad gentes, p. 35.

[38] Leg. pro christ, p. 326, éd. Ven.

[39] Philon, Leg. ad Caium pass.

[40] Fabricius, Bibl. gr., t. I, p. 442.

[41] Biographie universelle, t. XXXIV, p. 217.

[42] Suidas, au mot Phocylide.

[43] J. Scaliger, Animadv. ad Eus. Chr., p. 89.

[44] Fabricius, ibid., t. II, p. 443.

[45] Fabricius, ibid., t. II, p. 442.

[46] Scaliger, ibid., p. 89.

[47] Phocyl., Carmen Nouth., v. 6.

[48] V. 14 et 15. Cf. sir. 23, 13, 14.

[49] V. 201. Cf. Sap. sir. 41, 23, prov. 27, 10.

[50] V. 202. Cf. Proverbes, 20, 29. Lévitique, 19, 32.

[51] Phocyl., v. 164.

[52] Ph., 165, 200.

[53] Ph., v. 2.

[54] V. 3, 4.

[55] V. 66.

[56] V. 5, 10.

[57] V. 10.

[58] V. 27.

[59] V. 25.

[60] V. 36.

[61] V. 29 et sq.

[62] V. 38.

[63] V. 152.

[64] V. 153 et sqq. Cf. Proverbes, 6 et sqq.

[65] Ph., v. 437, 138. Cf. Lévitique, XXII, 8 ; Exode, 22, 31.

[66] Ph., v. 80, 81. Cf. Deutéronome, XXII, 67.

[67] V. 205. Cf. Prov., c. 29, 21.

[68] V. 3.

[69] V. 5.

[70] V. 13.

[71] V. 10.

[72] J. Scaliger, Animad. ad Eus. chr., p. 89.

[73] A. Fabricius, Bib. gr., t. I, p. 443.

[74] A. Fabricius, Bib. gr., t. I, p. 444.

[75] Ps., v. 209 et 210.

[76] Ps. 34, 43, Deutéronome, XXII, 7.

[77] J. Scaliger, ibid., p. 89.

[78] Exode, XXIII, v. 5.

[79] Deutéronome, X, 19.

[80] Philon, éd. Mang., t. II, p. 219.

[81] Scaliger, loc. cit.

[82] Plutarque, in consol. ad Apoll., c. XV.

[83] Job, c. XIX, v. 25, 26.

[84] A. Fabricius, Bibl. gr., t. I, p. 444.

[85] A. Fabricius, Bibl. gr., t. I, p. 460 et sq.

[86] A. Fabricius, Bibl. gr., t. I, p. 460 et sq.

[87] Diss. de ætat. Pyth., p. 119 et sq.

[88] Diogène Laërte, VIII, 6.

[89] Diogène Laërte, VII, 15.

[90] Vit. Pyth., c. XXXI, p. 172.

[91] Diogène Laërte, IX, 5. — Dion Chrysostome, orat. LV.

[92] Jamblique, c. XXIX, p. 143.

[93] Chalcidius, p. 229.

[94] Proclus, 3 in Tim.

[95] Apud Aulu-Gelle, VI, 2.

[96] Galien, De dign. affect., t. VI, éd. Paris, p. 528.

[97] De Fort. vel virt. Alex., p. 328, éd. Paris.

[98] Vit. Pyth., p. 138.

[99] Comm. in Aur. Carm., p. 318.

[100] Fabricius, Bibl. gr., t. I, p. 469.

[101] Justin, Lib. de monarchia, p. 38.

[102] Hier., Comm. in aurea carmina, p. 45, sq. éd. Paris.

[103] Hier., Comm. in aurea carmina, p. 48.

[104] Hier., Comm. in aurea carmina, p. 340, sq.

[105] Hier., Comm. in aurea carmina, p. 273.

[106] Plutarque, De placitis philos., lib. I, c. VII, p. 884.

[107] S. Justin, De mon., p. 2, éd. Venet.

[108] S. Justin, Cohort. ad Græc., p. 24, éd. Venet.