LE SANG DE GERMANICUS

 

VII. — MESSALINE.

 

 

Si la royauté limitée et un prince qui s'efface sont un bien dans un État sagement constitué, on est curieux d'apprendre comment il conduit les hommes le chef absolu qui n'a jamais su se conduire lui-même, et jusqu'où tombe l'empire quand l'empereur est incapable de gouverner.

Le despotisme exige une tète forte et une main ferme : cette nécessité est dure pour le peuple qui a abdiqué, elle est pleine de périls pour l'usurpateur qu'enivre une puissance sans contrôle, elle est funeste aux États que l'orgueil d'un seul homme conduit souvent à l'abîme, mais c'est une nécessité. Lorsque la tête du despote est faible et sa main tremblante, la machine administrative, perfectionnée pendant plusieurs siècles, est toujours prête à fonctionner : il lui faut toutefois un moteur. Quel sera ce moteur ? La vie mécanique substituée à la vie politique a étendu sur tout le pays un réseau de rouages savants qui se transmettent le mouvement : un seul doigt imprime ce mouvement. Quel sera ce doigt ?

Il était évident qu'avec un prince tel que Claude, le moteur est déplacé. Alors trois combinaisons se présentent : ou bien le gouverne. ment d'un premier ministre, qui fait de son maître un sujet, l'intimide, l'entraîne, le persuade, le surveille et s'épuise à le reconquérir tous les jours ainsi qu'une propriété précaire ; ou bien le règne des favoris, des femmes légitimes et des maîtresses ; ou enfin une camarilla de valets, domesticité toute-puissante qui tient le despote prisonnier, le caresse, le trompe et fait autour de lui une aussi bonne garde que la garnison qui défend sa forteresse. Dans les trois cas, ces agents du pouvoir sont irresponsables, principe insensé, fertile en périls pour le souverain, en afflictions pour le pays. Cette irresponsabilité s'aggrave d'autant plus que le niveau moral des agents s'abaisse davantage et que la  lie de la société. remonte à la surfacé. L'impudence devient une force, le mépris des lois une vertu, le vice une garantie, et bientôt la camarilla à formé autour de son maitre un cercle impénétrable aux honnêtes gens, à l'opinion publique et à la vérité.

Claude, tel que nous l'avons décrit, étranger aux affaires, incapable, crédule, poltron, tiré du mépris et de l'obscurité, ne peut manquer de tomber dans les mains les plus viles à la fois et les plus audacieuses : il sera la proie de ses femmes et de ses esclaves.

La femme joue un grand rôle dans les sociétés en décadence. A mesure que l'homme s'affaiblit, la femme domine ; à mesure qu'il rompt avec le devoir, elle rejette tout frein ; à mesure qu'il s'avilit, elle descend avec ivresse jusqu'à la fange, passionnée, prompte à secouer le joug, voulant dépasser en tout, dans le mal comme dans le bien, l'homme qu'elle méprise, et se jetant avec la même facilité dans les deux extrêmes. Ce serait une intéressante histoire que celle des femmes romaines depuis les plus beaux temps de la république jusqu'aux plus mauvais jours de l'empire. Quelle galerie que celle où l'on aurait, d'un côté, les images de Lucrèce, de Cornélie, mère des Gracques, d'Octavie, sœur d'Auguste, d'Agrippine, femme de Germanicus, d'Arria, femme de Pétus, de l'épouse et de la fille de Thrasea ; de l'autre, les scélérates, depuis Tullie, femme de Tarquin, jusqu'à Livie, type de l'ambition, jusqu'à Julie, type de l'impudence spirituelle, jusqu'à Messaline, type monstrueux de brutalité. Dans les temps de vertu et d'héroïsme, les femmes sont capables d'égaler les hommes ; dans les temps de crime, elles essayent de les surpasser.

Or, l'empereur Claude méritait avec beaucoup plus de raison que le Tibre l'épithète d'uxorius, qu'Horace donne à ce fleuve. Si quelqu'un était uxorius, c'est-à-dire d'une pète faite pour obéir aux femmes, c'était assurément le bon Claude. Il s'est fiancé et marié aussi souvent que l'ont voulu ses parents et ses affranchis. Tout jeune encore, on le fiança à Émilia Lepida, petite-fille d'Auguste ; mais la famille de Lepida ayant encouru la disgrâce du prince, le mariage fut rompu et Claude fiancé avec Livia Médullina, qui eut comme un pressentiment de sa triste destinée et dont les Parques bienveillantes tranchèrent la vie le jour même de ses noces. Alors on maria Claude avec Plautia Urgulanilla, âme résolue, que la sottise de son mari rendit criminelle. Si elle n'eût été qu'adultère, Claude se serait contenté d'exposer, comme il l'a fait, l'enfant qu'elle avait eu de l'esclave Boter ; mais elle fut accusée d'homicide et Claude la répudia. Il épousa aussitôt, car la place ne pouvait jamais rester vide, Ælia Pætina, qui plut moins aux affranchis et aux familiers de la maison, et qu'on poussa Claude, sans qu'il sût trop pour quels griefs, à répudier à son tour. Sa cinquième femme fut Messaline, la sixième, Agrippine : c'est ici qu'intervient l'histoire.

Messaline était fille de Valerius Messala Barbatus, cousin de Claude. Elle lui donna deux enfants dont la destinée fut également malheureuse, Octavie et Britannicus. Messaline avait un excès de sève qui avait besoin d'être réprimé et un tempérament que les principes et la surveillance la plus sévère auraient eu quelque peine à contenir. Jetée sur le trône à l'improviste, elle s'enivra du droit de tout oser, se livra à ses instincts, qui se développèrent, à ses passions, qui se multiplièrent avec furie. Il est inutile de démontrer l'influence du pouvoir suprême sur des corps qui commandent à l'âme au lieu de lui obéir : les temps modernes aussi bien que l'antiquité sont féconds en exemples ; il n'est pas besoin de remonter jusqu'à la mythologie et de regarder Phèdre ou Pasiphaé pour savoir ce que deviennent ces bacchantes de l'amour quand elles sont élevées au-dessus des lois humaines.

Ce qui rendait Messaline incapable de gouverner l'empire, c'est qu'elle ne pouvait se gouverner elle-même. Folle de désirs, absorbée, emportée, elle dépensait ses forces et sa vie dans un tourbillon qui l'aveuglait. Dans cette âme, si toutefois il restait une âme, les âcres plaisirs des sens et la fureur du tempérament avaient employé, dénaturé, assimilé, dévoré les autres forces. On ne trouvait chez elle ni l'amour des arts et des lettres, ni l'esprit, ni cette délicatesse intellectuelle qui tient lieu parfois de morale, ni cette fierté féminine dont le masque ressemble encore à la vertu. Elle était esclave de la matière, servante de son corps, et son âme n'avait plus conscience que de la volupté. La volupté était l'unité et la formule suprême de cet être qui, n'étant plus soumis à aucune pression, s'était gonflé comme une tumeur monstrueuse. Toutes les passions qu'un pouvoir sans bornes lui permettait de satisfaire se ramènent fatalement à cette unité. La jalousie, c'est la volupté menacée, la colère, la volupté gênée, la vengeance, la volupté ravie. La cupidité n'existe que pour acheter le plaisir, l'ambition pour l'imposer, l'amour du luxe pour le parer avec plus de magnificence. La cruauté elle-même devient une sorte de jouissance pour ces natures où la violence des sensations a tué tout sentiment et étouffé l'humanité.

Aussi Messaline a-t-elle été funeste à quiconque l'a approchée ou s'est trouvé sur son aie-min. Ils ont péri également, ceux qui ont été ses amants et ceux qui ont refusé de l'être : Vinucius, neveu de Claude, Silanus, beau-père de Messaline, parce qu'ils ont repoussé ses avances, Montanus, bel innocent qu'elle chasse dès la première nuit, Mnester le comédien, Pompée, Sabinus, Silius, pour avoir cédé à ses prières ou à ses menaces. Elle-même fait tuer Polybe l'affranchi, pour se délivrer de ses plaintes, et le chef des prétoriens, Catonius, pour s'assurer de son silence. Elle désire les jardins de Lucullus : Asiaticus, qui les possède, est accusé, traîné dans la chambre de Claude, il faut qu'il se tue. En vain il a plaidé sa cause avec une éloquence qui arrache des pleurs aux assistants. Messaline sort en essuyant ses beaux yeux qu'a mouillés une émotion inconnue ; d'une voix attendrie, elle dit à son complice Vitellius : Surtout, veille à ce qu'il meure. La pitié n'avait été pour elle qu'une agréable sensation.

Les femmes ne sont pas épargnées. Je ne  parle point des plus belles et des plus nobles, qu'elle forçait de partager ses débauches et de se prostituer sous les yeux de leurs maris. Julie, sœur de Caligula, hardie et ambitieuse, lui inspire, des alarmes : elle la fait exiler de nouveau et tuer peu après. Une autre Julie, fille de Drusus et cousine le la précédente, a le même sort. Poppæa Sabina, l'honnête patricienne qui refuse de figurer dans les orgies du Palatin, est frappée à son tour. A quoi bon répéter le détail des fêtes, des fantaisies, des rapines, de cette impératrice à jamais fameuse, que les poètes satiriques, le grave Tacite et le flatteur Aurelius Victor se sont accordés à flétrir ? Les souvenirs sont plutôt trop vifs sur ce point et notre tache est de rechercher quelle clarté jettent sur le personnage historique les monuments figurés, et comment le témoignage involontaire des artistes fortifie ou contrarie le témoignage réfléchi des écrivains. Les camées, les médailles, les statues qui frappent nos regards nous laissent une impression qui complète l'histoire et fait revivre le type.

Le grand camée de la Bibliothèque impériale qui représente Messaline sur le même char que Claude a été décrit précédemment. L'impératrice, assimilée à Cérès, tient des épis et apporte aux mortels le blé qui les nourrit. C'était à Rome, non point une fiction poétique, mais une terrible réalité ; une populace innombrable n'y vivait que des distributions des césars. Sur les monnaies de la ville de Nicée, en Bithynie, Messaline est identifiée à Junon, l'inscription en fait foi. Sur le camée de la Bibliothèque comme sur celui de Vienne, on ne remarque qu'un caractère idéal, c'est-à-dire conventionnel, trop plein des traditions grecques pour dégager vivement la personnalité du modèle. La même remarque s'applique aux médailles de petit module où Claude et Messaline sont représentés ; il est difficile d'y chercher une ressemblance exacte, à cause de l'exiguïté des dimensions ; lorsqu'on voit que ces médailles ont été frappées dans les villes de l'extrême Orient, à Ascalon, à Alexandrie, par exemple, il est naturel de penser que, dans des pays lointains, les graveurs avaient moins de souci de la ressemblance. Cependant l'ajustement, la coiffure, les lignes générales, suffisent pour donner une idée de la beauté de Messaline. Malheureusement les monnaies gravées à Rome par l'ordre du sénat sont inconnues aux modernes. Après la mort de Messaline, Agrippine, qui lui succéda, eut soin de faire refondre les monnaies qui portaient l'image de sa rivale. C'est ainsi que Messaline avait fait fondre les monnaies de bronze[1] de Caligula, et avait employé le métal à élever des statues sur les places de Rome à l'acteur Mnester, son amant.

Sur le camée de Vienne, la figure de Messaline, quoiqu'elle ne soit qu'au second plan, est d'une élégance et d'une pureté conformes aux habitudes des artistes grecs et surtout des graveurs de camées ; mais le plus remarquable travail de ce genre, consacré à la glorification de Messaline, est le grand camée de la Bibliothèque impériale qui porte le n° 228. C'est une sardoine à trois couches, qui a 68 millimètres de hauteur dans son grand axe sur 54 millimètres de largeur dans son petit axe. La beauté de ce camée a tellement frappé Rubens, qu'il a voulu le copier lui-même, ajoutant par là à sa célébrité. L'impératrice porte une couronne de lauriers attachée par un double rang de perles ; sa chevelure est épaisse, ondulée ; en avant, se rangent sur le front de petites boucles légères et détachées comme sur les coiffures dites aujourd'hui à la Sévigné ; la masse des cheveux, tournée négligemment, est rejetée derrière l'épaule. Une corne d'abondance se dresse derrière le buste ; du sommet de cette corne sort un petit enfant qui est Britannicus, alors l'espoir des Romains. Dans le champ est une petite figure casquée où l'on a voulu quelque fois reconnaître Octavie, et qui paraît plutôt la déesse Rome.

Ainsi avertis par les médailles et les matières rares, guidés avec une sécurité croissante vers les monuments plus importants, nous arrivons à la sculpture proprement dite, qui exprime les types individuels avec cet accent de vérité qui est le propre de l'art romain. Or le musée du Louvre, parmi ses richesses, compte trois statues de femmes de la famille d'Auguste, les plus belles et les plus caractéristiques que l'on connaisse avec la statue d'Agrippine : c'est Livie, Julie et précisément Messaline. Cette  dernière statue a été apportée en France au XVIIe siècle : elle vient de Rome ; elle est en marbre pentélique ; elle est restée longtemps à Versailles. C'est une figure drapée, aux plis nombreux et abondants ; un voile couvre la tète ; il est ramené par la main droite avec un geste de matrone ; sur le bras gauche, le petit Britannicus est assis comme Bacchus sur le bras de Cérès, comme Hercule sur le bras de Junon, comme Jupiter enfant sur les bras d'une des nymphes ses nourrices ; mais l'attention se porte aussitôt sur le visage, car c'est le visage qui exprime, c'est le visage qu'il faut pénétrer. Ce qui nous frappe tout d'abord dans l'aspect général de Messaline, c'est un type réel, toujours vrai, tout à fait romain, qui se rencontre aujourd'hui encore dans les rues de la ville éternelle, type vulgaire et beau, qui appartient plutôt aux paysannes des bords du Tibre qu'à l'aristocratie. Il faut considérer avec un peu de recueillement cette tête qui n'a rien de saisissant ; il faut laisser le marbre, matière incolore et pleine d'abstractions, nous pénétrer lentement par son rayonnement doux, qui peu à peu devient un langage. Alors seulement nous sentons se dégager l'expression du caractère et de la vie.

Le cou est puissant, souple et solidement attaché. Le visage est rond, ce qui est rare dans les statues grecques ou romaines, d'une égale plénitude, luxuriant de santé. La bouche est jolie, sans finesse, savoureuse ; elle hume le plaisir. La peau, traduite par l'épiderme du marbre, manque de transparence, elle est gonflée par l'habitude du désir et la fatigue amoureuse ; les muscles sont engourdis, somnolents en apparence, non visibles et comme noyés. L'expression est véritablement nulle. Dans la vie ordinaire, Messaline devait, comme sa statue, montrer une sorte de stupeur molle et agréable. L'esprit n'a rien à trahir. Tout le tourbillon est intérieur ; la flamme court avec le sang et ne brûle que les veines. C'est une vérité reconnue dans tous les pays que la plupart des grandes courtisanes ont pour privilège la tranquillité, la fraîcheur, la jeunesse prolongée et comme perpétuelle. Il faut bien, en effet, qu'elles bravent les années et se conservent par leurs excès mêmes, ces natures qui n'ont d'autre malheur que d'avoir une trop belle constitution.

Le front est bas : c'est le front de la courtisane populaire, de la fille de la Suburra. Les cheveux doivent être noirs ; cela se sent à leur qualité, à leur grain, à leur épaisseur, ils doivent ressembler à la plume du corbeau ; ils sont épais, plantureux, matelassés ; ils ondulent comme une mer agitée, Là surtout se manifeste la sève puissante, rustique, qui rappelle l'athlète. Les yeux sont beaux, ronds, saillants ; ils n'ont ni lumière ni ténèbres, ni bonté ni méchanceté ; ce sont les yeux d'un animal superbe qui n'est régi que par l'impétuosité de ses instincts ; ou bien ils rappellent les yeux de ces statues archaïques qu'on trouve dans la Phénicie et dans l'île de Chypre et qui représentent Vénus Astarté, type asiatique, sensuel et sanguinaire, qui veut un culte mêlé de supplices et de volupté.

Contemplez ce marbre à loisir, à la clarté de l'histoire, vous verrez sous la beauté des formes percer le monstre, créé non par la nature, mais par l'irresponsabilité et l'ivresse de la toute-puissance. Honte à ceux qui veulent commander aux autres, quand ils ne sont pas capables de se commander à eux-mêmes ! Messaline dira-t-on, avait un tempérament ; mais d'autres Romaines n'ont-elles pas eu autant de vigueur, un sang aussi généreux, des sens aussi ardents, et ne sont-elles pas restées des honnêtes femmes ? Agrippine, la chaste veuve de Germanicus, n'a-t-elle pas avoué un jour à Tibère qu'elle avait des sens et qu'il lui fallait un époux ? N'est-elle pas restée cependant solitaire, pure, irréprochable, sans reculer devant l'exil et la mort ? Tandis que Messaline, à peine sur la scène, a fait de la pourpre une litière, est devenue l'opprobre de son sexe et est restée le modèle féminin de toutes les infamies impériales.

En vain le sculpteur, avec un art merveilleux, a idéalisé cette beauté roturière et charnelle ; en vain il a emprunté, pour l'en revêtir, les attributs des divinités chastes, de Junon et de Cérès ; en vain il a multiplié les draperies abondantes, les plis charmants, tout ce qui rehaussait les plus belles statues de la Grèce ; en vain il a prêté à son modèle un geste décent, un voile épais, l'attitude de la matrone des beaux temps de la république ; en vain il a placé sur son bras le petit Britannicus, qui consacre par une innocente caresse le caractère maternel ; l'art est impuissant à masquer la vérité. Ils tombent, ils s'évanouissent, ils n'arrêtent plus votre regard, les voiles mensongers, l'idéal, la pudicité feinte, et tout l'entourage qui déguise la courtisane effrénée. La louve se montre, elle apparaît nue et frémissante, telle que l'a peinte Juvénal, le vengeur, le poète inspiré par l'indignation, dernière vertu des peuples en décadence : elle apparaît dans un lieu infâme, échappée furtivement du palais, escortée par une servante qui la surpasse en débauche, cachant ses cheveux noirs sous une perruque blonde, les deux seins soutenus par une bandelette d'or, éclairée par une lampe fumeuse, répondant au nom de Lycisca (la petite louve) qu'elle a tracé à la craie sur sa porte, à l'encan, attendant les passants, les appelant, réclamant son hideux salaire, toujours prête, jamais fatiguée et jamais assouvie, livrant aux portefaix de Rome les flancs qui ont porté Britannicus. Voilà le type consacré, voilà l'œuvre du grand peintre qui complète celle du sculpteur et vivra plus longtemps que le bronze ou le marbre, voilà l'image vraie, saisissante, éternelle, qui restera comme un châtiment jusqu'à la dernière postérité !

Une telle femme, je me trompe, une telle créature est incapable de conduire les affaires et de présider au gouvernement de l'empire. Elle peut brusquer, effrayer, enivrer, asservir un prince aussi faible que Claude, mais elle est elle-même frappée d'impuissance par ses appétits et la tyrannie de ses passions. Elle n'est point un moteur, elle n'est qu'un instrument. Il faut donc descendre plus bas encore et chercher dans les profondeurs du palais ces moteurs qui se dérobent et le secret du pouvoir absolu qui tombe de main en main.

 

 

 



[1] Les monnaies retrouvées par les modernes prouvent que cette opération n'a eu lieu qu'à Rome et a été fort incomplète.