LE SANG DE GERMANICUS

 

V. — UNE RÉVOLUTION.

 

 

Le jour de la mort de Caligula est un jour unique et solennel dans les annales du peuple romain. Lorsque Chéréa, Sabinus, tribun, Clément, préfet du prétoire, s'élancèrent dans les rues de Rome en brandissant leurs épées ensanglantées et en criant : Rome est libre, ce n'était point un vain mot. Rome était libre, en effet, et rarement l'on trouvera un affranchissement aussi complet dans l'histoire des révolutions. Il n'y avait point de prétendant, point de fils légitime ou adoptif d'un empereur ; les conspirateurs n'avaient aucun plan, et leur seule pensée était la vengeance ; aucune tête ne s'élevait au-dessus des autres, Tibère et Caligula avaient fauché les pavots de Tarquin. Partout était établie cette égalité qui naît de la servitude ; la société romaine était aplanie, comprimée, soumise à une tranquillité morne et étouffante comme la surface de la mer avant l'orage. On n'avait à redouter ni un héros, ni un de ces grands hommes qui sont l'écueil le plus funeste pour les nations et leur font payer chèrement la gloire de les avoir produits.

C'était la troisième fois que la destinée offrait au peuple romain l'occasion de s'affranchir. La première fois, après la mort d'Auguste, on pouvait hésiter, car dans le palais de Nola veillait la terrible Livie ; la seconde fois, au tour de Germanicus, c'était Germanicus lui-même qui avait fait défaut à sa fortune et à son parti ; mais aujourd'hui rien ne pouvait faire défaut au peuple que sa propre volonté et son propre courage. On était au vingt-quatrième jour de janvier. Il faisait froid, mais le froid n'est pas toujours un calmant pour les natures méridionales, les folies du carnaval moderne et du Corso en sont la preuve ; l'exaltation naturelle aux Romains leur tient lieu de soleil. Matériellement et moralement rien ne s'opposait à l'essor de la liberté.

La première impression fut la stupeur. Les uns disaient que Caligula vivait et voulait éprouver les sentiments secrets de ses sujets ; les autres peignaient l'avenir sous des couleurs sinistres ; les plus prudents se demandaient quel serait le nouveau maitre ? Le peuple se défiait du sénat, le sénat des chevaliers, les chevaliers du peuple, tous des soldats prétoriens. On était rassemblé au théâtre, car c'était un jour de représentation. Tout à coup se montre la cohorte la plus féroce de la garde, les Germains, qui parlaient à peine la langue de Rome et ne connaissaient que l'empereur. Furieux d'avoir laissé tuer leur maître, ils avaient battu le palais et la ville, cherché partout les conspirateurs, égorgé trois ou quatre sénateurs qu'ils avaient trouvés sur leur chemin et dont ils apportaient les tètes ; ils bloquaient les vomitoires du théâtre, avec menace de tout massacrer. Ce fut une explosion de gémissements, de supplications, de protestations d'innocence, de regrets et d'éloges à l'adresse du prince immolé on finit par attendrir les Germains, qui jetèrent sur un autel les têtes qui embarrassaient leurs mains, et, comme de bons dogues désarmés, retournèrent au Palatin. Aussitôt le peuple se répandit dans les rues et courut au Forum. Là, plein de ses émotions récentes, d'autant plus furieux qu'il avait eu peur, il voulut venger le cher et divin Caligula, le pourvoyeur de ses plaisirs et de ses fêtes, le sage qui avait dévoré les riches au profit des pauvres, satisfaisant aux lois essentielles de la démocratie impériale. Déjà commençait la réaction. Le meurtrier de Caïus ? quel est le meurtrier de Caïus ? criait-on. Alors un Gaulois, Valerius Asiaticus, personnage considérable, qui avait été deux fois consul, s'élança à la tribune : Plût aux dieux que ce fût moi ? dit-il en forme d'exorde. Ce mélange d'audace et de présence d'esprit propre à sa race déconcerta les fanatiques. Pendant ce temps les sénateurs arrivaient ; ils promettaient des vivres, des jeux, des largesses : on fit silence, et lorsque les cohortes urbaines, qui détestaient les prétoriens, entourèrent le Capitole pour protéger le sénat, aussitôt la foule d'applaudir Chéréa, qu'elle voulait massacrer un instant auparavant.

Mais les chevaliers, où sont-ils ? ils courent çà et là, dans les basiliques, cachés sous les portiques. Ils s'inquiètent : de. grandes affaires sont compromises, la rentrée des impôts sera difficile, leurs opérations de banque sont en danger, leurs spéculations sur les grains et les huiles peuvent échouer ; ils veillent à leurs intérêts et n'ont point de souci des intérêts publics.

Les sénateurs, au contraire, ont été convoqués par les consuls, non dans la curia Julia qui rappelle le souvenir des Césars, mais sur le Capitole, berceau de la grandeur romaine. A peine réunis, ils discourent, ils se comptent, ils s'exaltent, ils s'enivrent de leur propre éloquence, ils proposent et volent les mesures les plus hardies. Ils déclarent l'empire aboli, annulent les honneurs rendus aux empereurs, ordonnent de renverser leurs statues, condamnent à mort la veuve de Caligula et sa fille, à qui un centurion brise la tête contre un mur. Après ces représailles, que réclament avec le plus de fracas ceux qui portent gravée sur leurs bagues l'image de Caligula, on donne pompeusement aux cohortes urbaines le mot de liberté pour mot d'ordre ; l'on croit ou l'on feint de croire que la révolution est accomplie et que la patrie est libre à jamais. Au fond, l'on n'a rien fait : les âmes ont pris déjà le pli de la servitude et ne savent plus se porter aux résolutions sérieuses et politiques. Il fallait, non point perdre un jour entier en vaines paroles, mais agir et surtout agir vite. Il fallait que le sénat appelât auprès de lui toutes les troupes disponibles, les cohortes des Vigiles et les cohortes urbaines, qui étaient composées d'affranchis latins auxquels on aurait promis des récompenses et des honneurs militaires ; il fallait appeler par une levée extraordinaire tous les citoyens aux armes, ordonner aux chevaliers d'amener leurs chevaux au Champ de Mars et les faire passer en revue par les consuls, appeler les marins d'Ostie, envoyer des ordres à la flotte de Misène, un chef sûr à l'armée d'Illyrie, qui était la plus voisine, pour la ramener contre les prétoriens. Il fallait occuper le peuple, lui rendre par l'action le sentiment de ses droits politiques, convoquer les comices, procéder immédiatement à l'élection de magistrats nouveaux selon les lois et les antiques usage. Il fallait promettre à cette multitude, gâtée par la paresse et les plaisirs, que les distributions ne cesseraient pas et que les provinces qui avaient alimenté le fisc impérial alimenteraient désormais un fisc populaire distinct de celui du chat. Il fallait écrire aux municipes voisins, s'assurer du concours de leurs magistrats. Il fallait négocier avec les prétoriens, leur offrir de grosses sommes pour rentrer dans leurs foyers ou des terres pour former des colonies. S'ils refusaient, il suffisait de fermer les portes de Rome : le camp prétorien était hors des murs. Certes une ville qui renfermait plus d'un million d'habitants pouvait soutenir le siège de neuf mille hommes jusqu'à ce qu'on fût en force pour exterminer ou rejeter hors de l'Italie ces tristes suppôts de l'empire.

On ne prit aucune de ces mesures. On parla, on délibéra, mais l'on se garda bien d'agir. La nuit était tombée : le sénat discutait toujours sur le Capitole quelle forme de gouvernement était la meilleure pour le bonheur du monde. Reviendra-t-on à l'empire ? La république durera-t-elle ? Quel bon empereur pourrait-on élire ? Minucianus et Valerius Asiaticus avaient même déjà quelques partisans. Spectacle honteux et affligeant qui apprend à l'humanité ce que devient un peuple lorsqu'il a laissé briser entre ses mains tous les ressorts politiques ! Rome, en effet, avait traversé trois crises de durée inégale, mais également funestes. Pendant quarante-cinq ans, sous le joug d'Auguste, elle avait été rongée par une fièvre lente, bénigne, cachée, et par une diète qui l'énervait plus sûrement en l'accoutumant aux douceurs empoisonnées de la servitude. Pendant vingt-trois ans, sous Tibère, elle avait été soumise au marasme, à une compression croissante qui avait achevé d'étouffer en elle la vigueur et la vie, tandis que des saignées à outrance lui enlevaient le plus pur de son sang. Pendant trois ans, sous Caligula, elle avait été en proie au délire, à la plus violente folie, à des bouleversements furieux qui avaient achevé de dévorer sa constitution. Après soixante et onze ans de pareilles épreuves, c'est trop demander peut-être à la faiblesse humaine que de dire tout à coup, sans préparation, à un peuple avili : Lève-toi, marche, et sois digne de la liberté.

La liberté est le fruit des bonnes mœurs politiques ; elle repose sur des institutions honnêtes ; on ne la saisit pas aux cheveux comme l'Occasion que chantent les poètes grecs ; il faut qu'elle soit préparée, gagnée, méritée. De même qu'on n'a point d'athlètes sans une' gymnastique de tous les jours, de même qu'on n'a point de soldats, capables de supporter le poids des armes et les fatigues de la guerre sans un exercice assidu, de même il faut, pour qu'un pays soit libre et garde sa liberté, une pratique régulière, une éducation politique, l'habitude de la vie civile et de ses luttes, le sentiment constant de la responsabilité et la préoccupation du bien de tous ; il faut que chaque citoyen veille, pense, agisse dans la limite de ses droits et de ses devoirs ; il faut que chaque cœur soit rempli par ce patriotisme sincère, tranquille, sans bruit, qui n'est ni un effort sublime, ni un accès d'un jour, mais qui circule comme la sève dans un arbre vigoureux, ou la santé dans un corps bien fait.

Ceux qui aiment véritablement leur patrie, qui travaillent tous les jours pour elle, fût-ce dans la plus humble mesure, qui sont jaloux de ses intérêts, de ses institutions, de son honneur, qui la contemplent avec cette satisfaction de conscience qui est un bien-être moral, ceux-là seuls sont capables d'être libres. Pour un tel peuple, la liberté est plus qu'une récompense, c'est une justice. Mais les peuples qui sont livrés au luxe, à la cupidité, à la mollesse, qui, pour mieux vaquer à leurs affaires privées ou à leurs plaisirs, ont abdiqué leurs droits et remis le glaive dans la main d'un seul maître, ils sauront trop tard ce qu'il en coûte et ils voudront trop tard rejeter une servitude qui n'est que l'expression de leur propre lâcheté. Après deux générations, il n'y a plus de tradition, plus d'exemple, plus de courage : les hommes mûrs sont pires que les vieillards, les jeunes gens sont pires que les hommes mûrs. La servitude est sœur de la volupté ; si elle n'a pas les mêmes causes, elle produit les mêmes effets. Sur ce lit plein d'éclat et de charme où l'on s'étend, les articulations se nouent, les muscles perdent leur ressort, les reins se brisent. Quand le danger apparaît plus tard, il n'est plus possible de se relever ni d'agir. En vain on se retourne, en vain on appelle d'autres forces à son secours, il n'y a plus de secours, il n'y a plus d'appui, il n'y a plus d'armes. L'égoïsme du maitre, égal à l'égoïsme de ceux qui lui ont jeté le fardeau de leurs devoirs et de leurs droits, a agi avec une puissance formidable. Il a délié, détaché, dénaturé, dissous tout ce qui tenait à la vie politique ; les institutions qui servaient de soutien ont été peu à peu faussées ou supprimées. La vie administrative a pris la place de la vie politique ; une immense machine a étendu sur le pays son réseau savant, compliqué, qui absorbe tout, se substitue à tout et obéit à une seule main. Cette main, qui est celle. du maitre, n'a qu'à faire un geste : tous les rouages se mettent en jeu, se commandent de proche en proche et fonctionnent. Magnifique système qui charme un peuple vieilli, l'endort, le berce, l'étouffe comme le lierre étouffe le chêne qu'il parait soutenir ! Splendeur matérielle qui cache la décrépitude morale ! Éclat trompeur qui fait oublier quelque temps à une nation le mal qui la mine jusque dans ses entrailles ! Luxe mensonger qui pare la décadence jusqu'à ce que cette décadence apparaisse incurable !

Oui, les Romains, dans la journée du 24 janvier, donnent au monde une leçon solennelle et terrible. Ils sont libres de fait, mais impuissants à jouir de leur liberté. Semblables au vieillard qui contemple suspendues à la muraille les grandes épées qu'il maniait dans sa jeunesse et qu'il n'ose même plus soulever, ils pâlissent devant la fortune qui leur sourit. L'effort les effraye, l'action les fait reculer, l'idée de gérer leurs affaires par eux-mêmes les confond : ils sentent qu'ils ont reçu pour jamais l'empreinte de la servitude.

Où est Tacite, l'historien ému, l'honnête patriote, le grand peintre qui avait retracé l'agonie suprême de la liberté ? Son récit est perdu, malheureusement pour la postérité, qui y trouverait un enseignement si clair et si philosophique qu'elle pourrait s'y reconnaître elle-même comme dans un miroir et y chercher le remède ou la consolation de ses propres plaies. Ajoutons, pour comprendre cette époque, que les Romains avaient toujours été sanguinaires, que, même sous la république, leurs guerres civiles avaient été aggravées par les proscriptions et que, sous les empereurs, ces proscriptions avaient été plus atroces encore. Il y avait donc eu une effrayante moisson d'hommes. Le sénat avait été renouvelé deux fois, par César, puis par Auguste ; Tibère et Caligula y avaient fait de tels vides, que leur successeur allait être forcé de le recomposer encore. On devine ce qu'était une aristocratie politique choisie par la main du maître, et ce qu'elle valait.

L'ordre des chevaliers avait été décimé dans la même proportion et repeuplé par des créatures des empereurs, par des affranchis, par des intrigants de la plus basse extraction. Leur patriotisme était à la hauteur de leur honnêteté. L'empereur Claude, au commencement de son règne, découvrit plus de quatre cents affranchis qui s'étaient glissés parmi les chevaliers romains. Quant au peuple, fainéant, corrompu, mercenaire, il était comme la meute affamée qui ne peut se passer du maître qui la caresse la nourrit, et lui donne les plaisirs de la chasse. Tout était spectacle, même les supplices et les crimes, pour cette foule à qui le cirque et l'amphithéâtre ne suffisaient plus. Le titre de citoyen romain avait été prodigué ou usurpé avec une telle licence, qu'il n'y avait plus de vrais citoyens, tandis que la conquête du monde avait fait la patrie si vaste qu'il n'y avait plus de patrie.

Ainsi s'était formé cet immense désert politique et moral que masquaient la majesté des ruines et les habiles impostures du régime impérial, mais qu'un seul jour d'interrègne faisait apparaître dans son horreur. Les institutions avaient été énervées, corrompues, détruites, jusqu'à ce qu'il ne restât plus en présence que deux choses : un principe et une force. L'accord de ce principe et de cette force constituait l'empire. Le principe, c'était la volonté d'un seul homme qui était assimilé à un dieu ; la force, c'était l'épée toujours tirée de soldats privilégiés, campés à la porte de Rome comme l'ennemi. En haut un maître absolu, en bas une armée permanente qui n'obéissait qu'à lui. L'empereur mort, c'est-à-dire le principe, il ne restait que la force, c'est-à-dire les prétoriens. De fait ils régnaient, ils étaient les seuls maîtres, ils étaient dix mille empereurs. ils avaient égorgé trop de sénateurs pour subir la loi des survivants, traîné aux gémonies trop de chevaliers pour ne pas rire de l'ordre équestre, trop fréquenté la plèbe de Rome pour croire aux droits du peuple romain. Les lois seules auraient pu leur imprimer quelque respect : ils ne connaissaient même pas les lois.

Voici ce qui s'était passé sur le Palatin tandis que le sénat discutait au Capitole et que le peuple attendait au Forum. A la nouvelle de la mort de Caligula, les prétoriens s'étaient répandus dans les rues, avaient couru au palais, inquiets, indignés, furieux. — Qui nous payera ? qui nous gorgera ? qui veillera à nos besoins comme à nos plaisirs ? Tout en échangeant leurs alarmes, les soldats s'étaient mis à piller. Le raisonnement aurait pu leur démontrer que, César mort, ils étaient les héritiers de César ; mais le raisonnement n'était point nécessaire pour justifier à leurs yeux le pillage : ils pillaient d'instinct. Dans un corridor obscur, sur quelques marches qui conduisaient à la porte d'une salle close, pendait une tapisserie qui servait de portière et derrière laquelle on apercevait deux pieds. Ces deux pieds tremblaient, tandis qu'un grand corps invisible agitait les plis de la tapisserie. En ce moment passait un soldat prétorien dont l'histoire n'a pas assez glorifié le nom, puisqu'il a donné à Rome un empereur et au monde un sujet d'admiration de plus : ce soldat s'appelait Gratus. Gratus aperçoit la cachette, il croit y trouver un assassin de Caligula, il tire et amène au jour un pauvre diable éperdu, pâle, décomposé par la terreur, qui se jette à ses genoux et lui demande d'épargner sa vie. Gratus reconnaît ce singulier personnage, le remet sur jambes à grand'peine et le salue empereur. Sa trouvaille n'était autre que Claude, l'oncle de Caligula, Claude, le neveu de Tibère, Claude, le jouet de la cour et la fable de la ville, Claude, qui certes n'avait jamais prévu qu'il règnerait un jour. Gratus l'emmène, le montre à ses camarades, leur raconte ce qu'il a fait ; ils l'approuvent, jettent Claude plus mort que vif dans une litière, parce que la terreur ne lui permettait plus de se soutenir, et l'emportent sur leurs épaules comme une proie. Le misérable était si pâle et si lamentable que les passants le plaignaient, croyant qu'on le menait à la mort. Les soldats le conduisaient dans leur repaire, au camp prétorien ; là, moitié riant, moitié sincères, ils l'établirent au prétoire et le saluèrent empereur.

Le sénat ne prit point au sérieux cette nouvelle ; il ne crut point que Rome accepterait celui que les empereurs eux-mêmes avaient rejeté de leur famille comme indigne. Un tribun du peuple fut envoyé simplement à Claude pour le convoquer en qualité de personnage consulaire et lui enjoindre de venir siéger au Capitole avec le sénat. Claude, toujours éperdu, répondit que les soldats le retenaient de force, ce qui était la vérité. Le sénat sourit, les plus prudents ressentirent quelque inquiétude, ils la cachèrent et l'on passa outre.

Mais- laissons faire la nuit, la nuit, cette mauvaise conseillère qui inspire les grands coups aux scélérats et les grandes lâchetés aux honnêtes gens. Demain, au lever du jour, il ne viendra pas cent sénateurs au Capitole ; demain les mariniers du Tibre, les gladiateurs, les habitants des faubourgs, se précipiteront vers le camp pour acclamer Claude ; demain les cohortes urbaines, découragées par l'inaction de leurs chefs, iront se joindre aux prétoriens ; demain les chevaliers se dirigeront sagement du côté du plus fort ; demain les mêmes sénateurs, qui se moquent du prétendant et vantent la république, seront aux pieds de Claude, et c'est lui qui les protégera contre la colère de ses soldats.