L'ACROPOLE D'ATHÈNES

 

CHAPITRE XXI. — L'ÉRECHTHÉION D'APRÈS LES TEXTES ANCIENS.

 

 

L'Érechthéion, dit Pausanias, est un édifice double. Le temple de Pandrose est contigu à celui de Minerve. C'est un fait dont il faut se convaincre tout d'abord. Érechthée avait donné son nom à l'ensemble du monument, soit parce qu'il avait élevé le premier autel et le premier temple, soit parce qu'il y avait eu sa demeure et son tombeau. Mais des deux temples contigus aucun n'était consacré à Érechthée. Il avait seulement un autel commun avec Neptune, et on lui offrait des sacrifices pour obéir à un oracle. Hérodote, parlant de l'Érechthéion en général, dit qu'il renfermait l'olivier et le flot que Minerve et Neptune avaient fait paraître lorsqu'ils se disputaient la possession de l'Attique. Nous apprendrons tout à l'heure, par des textes plus précis, que l'Olivier était dans le temple de Pandrose. Érechthée n'avait qu'un autel ; Minerve et Pandrose avaient chacune un temple.

Voici donc justifiée par un témoignage positif cette grande division de l'Érechthéion en deux sanctuaires, qui résulte si clairement de l'examen des ruines : l'un à l'orient, exhaussé d'environ huit pieds sur des substructions et précédé d'un portique de six colonnes ; l'autre l'occident, précédé d'un grand vestibule qu'éclairent trois fenêtres, avec le portique du nord pour entrée et la tribune des jeunes filles pour annexe. Lequel des deux était le temple de Minerve ? lequel celui de Pandrose ? Déjà l'importance du sanctuaire supérieur, son orientation, sa façade si exactement semblable à celle de tous les temples, avec le portique, les antes, le fronton et l'entrée directe qui laissait voir à la foule la déesse au fond de sa demeure, déjà tous ces indices font présumer qu'il était consacré à la protectrice d'Athènes. Pour qu'il ne reste aucun doute à cet égard, le rapport des inspecteurs chargés d'examiner le temple alors inachevé désigne le Pandroséion comme attenant au mur de l'ouest qui portait les quatre colonnes engagées. L'on sait, en outre, qu'il fallait descendre pour passer du temple de Minerve dans celui de Pandrose. Le temple de Minerve était donc à l'orient et au sol supérieur. Nous l'étudierons le premier.

A l'entrée de l'enceinte sacrée, s'élevait l'autel de Jupiter Très-Haut, père de Minerve. On n'y sacrifiait rien qui eût vie : des gâteaux étaient les seules offrandes, et encore n'était-il point permis de se servir de vin pour les libations. En entrant dans le temple même, Pausanias vit plusieurs autels : l'un commun à Neptune et à Érechthée, que la mythologie athénienne confondait quelquefois ; un autre consacré au héros Butès, le premier prêtre de Minerve et de Neptune ; — un troisième à Vulcain, le père d'Érechthée, dont j'ai raconté la naissance. — Un quatrième autel, dont Pausanias ne parle pas, est celui de Dioné, fille de l'Océan. Pourquoi accompagnait-elle Neptune de préférence à toute autre divinité de la mer ? C'est ce que nous ignorons. Mais cet autel est mentionné plusieurs fois sur les fragments de la célèbre inscription trouvée en 1836 dans la Pinacothèque. Ce sont les registres des dépenses faites pour l'achèvement de l'Érechthéion. Il est question de la cannelure des colonnes de l'est, que l'on cannelait sur place, comme nous l'avons déjà remarqué au Parthénon. Chacune des colonnes est désignée par l'autel dont elle est voisine, et c'est toujours à partir de l'autel de Dioné que l'on commence à compter.

Aux murs du pronaos étaient suspendus des tableaux qui représentaient les membres les plus illustres de la famille des Étéobutades, famille qui descendait de Butès et où le sacerdoce était héréditaire. Ce qui me fait croire qu'ils étaient dans le pronaos, c'est non-seulement l'exemple du Parthénon, mais l'ordre de Pausanias, qui indique ces peintures aussitôt après les différents autels qu'il rencontre à l'entrée du temple. Une raison plus décisive, c'est l'obscurité du sanctuaire, qui était complètement couvert et éclairé seulement par une lampe ; nous le verrons un peu plus bas. Les portraits des Butades ont leur place naturelle derrière l'autel du chef de leur race.

L'orateur Lycurgue, homme de bien et éminent administrateur, dont une république corrompue n'était pas digne, était de cette famille sacerdotale, que l'on finit par considérer comme consacrée sur. tout à Neptune ; les grandes prêtresses, héritières de Pandrose, étaient chargées plus particulièrement du culte de Minerve Poliade. Lycurgue figurait avec ses fils dans le tableau complet des prêtres de Neptune qu'avait peint Isménias de Chalcis. C'était son fils Habron qui avait fait faire cette généalogie ; et même, comme par droit de famille Habron avait transmis ses fonctions à son frère Lycophron, on le voyait lui. mettant entre les mains le trident, symbole de sa dignité. La peinture n'avait pas seule représenté Lycurgue et ses enfants : La sculpture avait également consacré leur souvenir. Leurs statues étaient en bois ; c'était l'œuvre des fils de Praxitèle, Timarque et Céphisodote.

Dans le temple de Minerve se trouvait l'antique statue tombée du ciel ; c'était la plus révérée de toute l'Attique. Elle était en bois d'olivier et d'un travail grossier, comme il est aisé de le supposer. Mais ses formes étaient cachées par le magnifique pépins que lui brodaient les vierges athéniennes ; si bien cachées que les bras eux-mêmes disparaissaient sous les plis. Car il faut chercher le type du Palladium non pas à Dresde, à Munich, ou sur les vases peints, mais dans l'Acropole d'Athènes, où l'on a retrouvé plusieurs petites statues archaïques. Leur tunique fait sur le cou des ondulations régulières ; le péplus tombe avec sa symétrie ordinaire. Mais elles ont cela de particulier que les bras ramenés sur les hanches donnent un mouvement différent à la draperie qui les couvre complètement. Qu'on s'imagine le mannequin aussi barbare que possible, la disposition des ajustements sans cesse renouvelés pouvait varier avec le progrès du goût. Deux de ces statues sont en effet d'un style charmant. Le Palladium regardait l'orient, et l'on racontait même qu'à la mort d'Auguste il s'était retourné par un élan subit vers l'occident. Ce nouveau témoignage est une preuve de plus que le sanctuaire est bien le temple de Minerve Poliade.

Les deux couloirs qui isolaient la cella des murs extérieurs la rendaient trop étroite pour qu'elle ne fût pas nécessairement couverte. Cette indication que donnent ses ruines elles-mêmes est justifiée par le fait suivant. Une lampe d'or, ouvrage de Callimaque, brûlait nuit et jour dans le sanctuaire. On n'y versait de l'huile qu'une fois par an, et la mèche, de lin carpasien, ne se consumait jamais. L'importance même de cette lampe montre combien elle était indispensable pour l'éclairage. Un palmier de bronze, qui montait jusqu'au plafond, dissimulait les conduits de la fumée, qui s'échappait par le toit. Pourquoi tant de soin, si l'édifice n'eût pas été entièrement couvert ?

Il y avait à Thèbes, dans un temple, un arbre de bronze auquel des lampes étaient suspendues en guise de fruits. Ces sortes de candélabres ne devaient point manquer d'une grandiose élégance. Je me figure ainsi le palmier de l'Érechthéion, portant jusqu'au plafond sa tête chargée de lumière et d'un riche feuillage. On dirait que sa corbeille était un prélude à l'invention du chapiteau corinthien, qu'on attribuait au même Callimaque.

Il y avait dans le temple de Minerve Poliade un Mercure en bois qui remontait au temps de Cécrops. On ne cachait point sous des étoffes brodées cette œuvre grossière de l'art à son enfance, mais on l'ensevelissait sous dès branches de myrte. Parmi les autres offrandes, Pausanias ne cite, à cause de son antiquité, que le siège pliant que l'on croyait l'ouvrage de Dédale. On montrait, en outre, divers trophées de la guerre des Mèdes : la cuirasse de Masistius, général de la cavalerie, tué à Platée, et le cimeterre de Mardonius. Le Parthénon avait eu la plus belle part des dépouilles, le trône de Xerxès.

Une petite porte ménagée sur le côté gauche de la cella devait donner accès au couloir méridional et à l'escalier par lequel on descendait dans le temple de Pandrose. Cette communication entre les deux sanctuaires, qui résulte si clairement de l'examen des lieux, est indiquée par un texte que j'ai déjà cité en partie. Philochorus raconte qu'une chienne entra un jour dans le temple de Minerve Poliade, descendit dans le Pandroséion, sauta sur l'autel de Jupiter Hercéen, et s'y coucha à l'ombre de l'olivier sacré. Voilà un fait qui méritait peu d'attirer l'attention de l'histoire[1]. Mais cette petite phrase nous en apprend plus, sur un des monuments les plus remarquables de l'antiquité, que le récit de la prise de l'Acropole par Hérodote. On y trouve d'abord la preuve d'une communication intérieure entre le temple de Minerve et celui de Pandrose ; puis l'assurance positive que l'olivier était dans le Pandroséion. Ces deux particularités se devinent facilement, du moment qu'on est averti, sous les paroles que chantaient les vainqueurs des Panathénées, lorsqu'ils allaient consacrer dans le sanctuaire de Minerve la branche d'olivier qu'ils avaient cueillie dans le temple de Pandrose.

Enfin, l'anecdote de Philochorus nous apprend l'existence d'un autel de Jupiter protecteur de l'enceinte, coutume des temps homériques, qui jette un grand jour sur la disposition intérieure du Pandroséion. Quel compte ne doit-on pas tenir, dans une restauration, de cet autel qui, selon la remarque d'Athénée, était toujours situé dans une cour découverte. La présence de l'olivier sacré, la tige mère de tous les oliviers de l'Attique, demande plus impérieusement encore l'air et la lumière, que ne pouvaient fournir les trois petites fenêtres du mur occidental ; car elles éclairaient uniquement le grand vestibule. Aussi est-on forcé de supposer que le temple de Pandrose était découvert.

Ces exigences, réunies aux traces que l'on observe dans le haut des murs latéraux, amènent donc à partager la cella en trois nefs, comme l'est encore aujourd'hui l'église byzantine. Une colonnade de chaque côté formera, au sol inférieur, le prolongement des murs qui isolaient la cella de Minerve Poliade, avec cette différence que le Pandroséion occupe toute la largeur de l'édifice. C'est pour cela que la surface des murs, qui n'étaient plus cachés par les couloirs, a reçu le dernier fini. Ces galeries, en même temps qu'elles rétrécissent la largeur disproportionnée du sanctuaire, soutiennent les pentes du toit, lorsqu'elles s'interrompent pour laisser découverte la cour où croît l'olivier immortel[2]. Mais, comme des colonnes en rapport avec la proportion de l'édifice n'arriveraient pas à cette hauteur, il paraît naturel de supposer un second ordre, d'après la règle de presque tous les temples hypèthres. Parmi les ruines, M. Tetaz a trouvé un fragment de corniche semblable à la corniche des Caryatides et de la même dimension. Il a cru pouvoir, d'après cette vague indication, faire porter l'entablement par des jeunes filles, comme à la tribune du sud. Cette idée est très-heureuse ; mais les données sont-elles suffisantes ? Il faut qu'un architecte se décide devant l'impérieuse précision du dessin. Au contraire, quand la pensée se présente sous une forme qui permet le doute, c'est le cas de douter.

Auprès de Pandrose était la statue de Thallo, une des Saisons, à qui l'on rendait les mêmes honneurs. Sa présence garantissait-elle à l'olivier une sévie éternelle ?

Le couloir qui isolait le sanctuaire de Minerve, du côté du nord, est au niveau du Pandroséion. C'est par le Pandroséion qu'on y entrait. Car on a vu, au chapitre précédent, qu'il n'y avait point d'escalier qui montât, comme du côté du sud, au sol supérieur. Dans ce réduit était l'entrée du passage souterrain qui conduisait au caveau du Trident. Je ne vois guère non plus d'autre place pour la niche du serpent[3] sacré dont parle l'étymologiste ; ce serpent qui effrayait si fort les compagnes de Lysistrata retranchées dans l'Acropole, et que l'on nourrissait de gâteaux de miel.

Si l'empreinte du trident a été découverte par les modernes, il n'en est pas de même du puits d'eau de mer dont parle Pausanias. On a cru qu'il était masqué par une citerne turque qui occupe un coin du petit souterrain. Mais j'ai fait enlever les décombres qui comblaient la citerne, et à peu de profondeur j'ai trouvé le rocher. Il ne faut probablement pas attacher au mot puits un sens trop rigoureux. Cette eau salée, cette mer Érechthéide n'était qu'une supercherie des prêtres. La porte basse, sous laquelle il faut passer en se courbant, servait à quelque manœuvre destinée à satisfaire la piété publique. C'est ainsi que devait se produire ce sourd grondement des flots qu'on entendait quand le vent du sud soufflait. Le temple d'Isis à Pompéi présente un exemple analogue, et l'on y apprend par quel moyen on prêtait une voix aux statues des dieux.

Le portique du nord, dans les fondations duquel ce caveau est irrégulièrement ménagé, était encore intact avant la guerre de l'Indépendance. Quoiqu'il soit ruiné en partie aujourd'hui, c'est là qu'on peut étudier l'ordre ionique dans tout son développement. Le linteau de la grande porte s'est fendu à une époque qui nous est inconnue. On ajouta, pour le soutenir, un autre linteau et d'autres chambranles dont le travail et les moulures contrastent avec la richesse élégante des morceaux plus anciens. C'est cette porte sue désigne l'inscription du Musée britannique. Devant la porte et sous le portique du nord, il y avait un autel qui n'était pas encore mis en place sous l'archontat de Dioclès, et qu'on appelait l'autel du Sacrificateur.

La même inscription mentionne plusieurs fois également le portique du midi ; les statues qui le soutiennent sont simplement appelées les Jeunes filles. Sont-ce les vierges errhéphores qui figurent sur la frise orientale du Parthénon ? Leurs têtes portent-elles le fardeau de l'architrave en réminiscence du fardeau mystérieux que leur confiait la grande prêtresse ? Tout me le ferait croire, et la description de Pausanias, qui semble raconter leur histoire en présence de !leurs images, et la demeure qu'elles occupaient auprès de l'Érechthéion, et un monument sans importance au premier examen, mais dont certains détails deviennent, par rapprochement, très-significatifs.

L'architrave de marbre ne repose pas immédiatement sur la tête des jeunes filles ; mais un chapiteau circulaire en amortit la dureté. Ce demi-globe, dont la base se perd dans leur épaisse chevelure, est orné, vers son sommet, d'un rang d'oves et de fers de lance, dont les courbes accompagnent son mouvement sphérique. Or, l'on verra dans le second volume de Stuart[4] un piédestal, dont l'inscription atteste que le sénat et le peuple avaient décerné une statue à une Errhéphore de Minerve Poliade : elle s'appelait Apollodora. Sur la petite corniche du piédestal, on remarque le même rang d'oves et de fers de lance. Mais leurs axes ne sont pas parallèles, ainsi qu'ils devraient l'être sur une surface plane. Ils convergent vers un centre imaginaire, comme pour produire par un jeu de perspective, l'illusion d'une surface convexe. On dirait la zone d'une sphère déroulée et appliquée sur un plan avec le sentiment de la même courbe. Cette particularité est inexplicable, si l'on n'admet que l'artiste a transporté sur le piédestal un motif d'architecture qui rappelait les fonctions des Errhéphores[5]. Dans l'art grec, chaque ornement avait sa place réglée par la tradition, et, par suite, éveillait une idée correspondante ou un souvenir dans l'esprit du spectateur. On reconnaissait la décoration typique du chapiteau des Errhéphores, et l'on devinait les fonctions d'Apollodora avant d'avoir lu l'inscription.

Longtemps on a voulu que la tribune des jeunes filles renfermât l'olivier. Mais aujourd'hui que le sol est complètement dégagé, on ne songe plus à planter un arbre sur trois ou quatre rangs d'assises de roche taillée, qui forment les substructions. Il faut donc chercher au portique une autre destination. Cécrops avait été enseveli dans l'enceinte consacrée à Minerve. Son tombeau occupait une place distincte et considérable, puisque dans les différentes inscriptions.il est plusieurs fois cité comme centre des parties de l'édifice qui l'avoisinent, et ces parties sont celles du sud-ouest. Bien plus, la tribune des jeunes filles n'est elle-même désignée que par le nom du tombeau de Cécrops, qu'elle précède. C'est toujours la prostasis annexée au Cécropion, de même que le portique du nord-est est la prostasis annexée à la grande porte.

Tels sont les détails que nous a transmis l'antiquité sur le berceau de la religion athénienne. Cécrops, le premier, avait présenté à l'adoration des Pélasges la statue de Minerve et lui avait élevé un simple autel. Érechthée avait probablement entouré la statue d'une enceinte couverte, réunie à sa demeure. Car c'est de ce côté de l'Acropole, au nord, qu'habitaient les guerriers qui étaient venus d'Égypte avec Cécrops. C'est pour cela qu'Homère donne pour temple à Minerve la maison d'Érechthée, et que ce nom fut toujours conservé à l'ensemble de l'édifice. Sur ce coin de rocher, où la colonie vécut longtemps avant d'oser descendre dans la plaine, les différentes divinités qu'introduisit le progrès du polythéisme et de la civilisation se rangèrent autour de Minerve ; les rois eurent leur tombeau auprès d'elle, les prêtres leur demeure. Quand le temps eut consacré la place que chacun occupait, l'art dut la respecter en construisant un édifice plus somptueux. Pouvait-on transporter l'olivier sacré, le tombeau de Cécrops, l'empreinte du trident ? C'est ainsi que les différentes restaurations de l'Érechthéion maintinrent nécessairement le plan primitif. Mais cela ne veut pas dire qu'elles aient reproduit toutes les dispositions, tous les détails, tous les défauts des constructions précédentes.

L'Érechthéion, malgré sa petitesse, offre un des plans les plus savants et les plus heureux qui se puissent imaginer. Les difficultés n'ont servi qu'à lui donner une variété, un mouvement dont un art arrivé à sa perfection est seul capable. Un siècle qui, en sculpture, ne savait qu'équarrir de grossières idoles de bois pouvait entourer d'une barrière l'olivier et l'autel de Jupiter Hercéen, abriter sous un toit le Palladium, ceindre d'une margelle de pierres le puits de Neptune. Mais les dispositions ingénieuses qui reliaient entre elles les différentes divisions de l'édifice, le parti qu'on avait su tirer de l'inégalité de leur sol, les portiques ou les vestibules qui les précédaient, les escaliers habilement. dissimulés qui les mettaient en communication, les colonnades engagées qui les éclairaient, les murs qui isolaient les cella, ou les galeries qui les réduisaient à une convenable largeur, tout cela ne parait remonter ni au temps de Cécrops, ni au temps d'Érechthée. Aussi ne puis-je m'empêcher d'accueillir avec une grande défiance les systèmes archéologiques qui font de l'Érechthéion tantôt un Mammisi égyptien, tantôt un palais homérique. Mais je désire trop m'interdire à moi-même les théories qui n'ont pas le salutaire contrôle des témoignages anciens, pour discuter ici les opinions même les plus spécieuses, et me laisser entraîner loin de mon sujet.

 

 

 



[1] Une loi excluait les chiens de l'Acropole. C'est pourquoi un pareil fait a paru extraordinaire et digne d'être noté.

[2] Brûlé par les Perses, il avait, le jour même, repoussé de deux coudées. (Pausanias, Att., XXVII.)

[3] Démosthène, partant pour l'exil, s'écriait en levant les bras vers l'Acropole : Ô Minerve Poliade, peux-tu aimer trois bêtes aussi malfaisantes, la chouette, le serpent et le peuple ! (Plut., Vie de Démosth.) On conserve sous le petit portique des Propylées plusieurs fragments de serpents en marbre qui ont été trouvés près de l'Érechthéion. Il y a surtout une tête de serpent colossal ; l'orbite de l'œil est creusée pour recevoir des pierres brillantes.

[4] Édition française, ch. I, pl. 3.

[5] Les Errhéphores étaient encore des enfants. Mais est-il besoin de prouver longuement que l'art n'était point obligé de s'astreindre servilement à faire leur portrait ? Des jeunes filles qui portent un fardeau sacré sur leur tête, voilà l'idée. Quant à l'exécution, tout dépend de la volonté de l'artiste. Non-seulement il en a fait des vierge déjà formées, mais les statues sont plus grandes que nature. On s'étonne, du reste, de la quantité de statues qui furent élevées dans l'Acropole aux Errhéphores : ce qui prouve que nous ne connaissons point assez toute l'importance de ces fonctions. L'histoire n'en dit que quelques mots.