C'est une étude singulièrement intéressante que de suivre, à travers l'obscurité qui l'entoure, l'origine et les progrès de la statuaire grecque ; de voir comment, après avoir équarri d'abord et enduit de grossières couleurs des morceaux de bois, elle en vint à des imitations plus exactes ; comment ces mannequins furent ensuite dorés, habillés de riches étoffes, dont les plis symétriques et immobiles inspirèrent l'École éginétique, école dont nous ne connaissons guère que les belles œuvres, parce que nous n'avons que ses marbres et qu'elle n'employa le marbre que dans la dernière période de son développement. Plus tard, on rougit de voir lés dieux représentés d'une
manière indigne de leur majesté. Mais, comme les simulacres étaient consacrés
par leur antiquité même, et qu'on les croyait, la plupart, tombés du ciel, on
osa seulement les retoucher. Aux vêtements véritables on substitua des
draperies de bronze et d'or[1] ; les têtes et
les bras furent refaits en marbre blanc, ou bien on revêtit d'ivoire le bois
qu'on respectait, en insérant dans l'orbite de l'œil des matières précieuses.
Ainsi se forma peu à peu cette branche de l'art que les modernes peuvent à
peine concevoir, mais que L'Asie enseigna à former l'image des dieux des matières
les plus rares ( La statue qui fut placée dans le Parthénon avait vingt-six coudées de hauteur (environ trente-neuf pieds). Si l'on donne seulement huit pieds à la base, qui était ornée elle-même de sculptures, elle porte la hauteur totale à quarante-sept pieds. On comprend, par ce seul chiffre, quelle dépense ce fut de couvrir d'ivoire et d'or un pareil colosse. Phidias avait proposé au peuple de faire les nus en marbre pentélique, qui devait conserver son éclat plus longtemps. Les Athéniens goûtaient assez cet avis. Mais il eut l'imprudence ou l'adresse d'ajouter que ce serait meilleur marché : aussitôt ils le firent taire. Il ne convenait qu'à une petite ville comme Platées de demander à Phidias un colosse économique en marbre et en bois doré. Nous ignorons ce que coûtèrent l'ivoire et son dispendieux appareil. Mais ce fut évidemment un sacrifice beaucoup plus réel que les quarante talents d'or employés aux vêtements de la déesse. Comme dans l'antiquité on ne voulait pour le trésor public ni placement ni rapport, peu importait qu'on enfermât l'or monnayé et en lingots dans l'opisthodome, ou qu'on le fondit, pour le garder sous forme de draperie. On le comptait aussi bien comme une réserve pour les circonstances extrêmes. C'est ce que faisait Périclès tout le premier, quelques années à peine après l'achèvement de la statue, au commencement de la guerre du Péloponnèse. Par son conseil, Phidias avait disposé l'or de manière qu'on pût l'enlever facilement et le peser. Cette précaution le sauva dans son premier procès et permettait, la nécessité pressant, de consacrer au salut public des ornements qu'on pouvait remplacer par du plâtre ou du bois doré. Minerve était représentée debout, avec une tunique qui lui tombait jusqu'aux pieds. Sa poitrine était couverte par l'égide ; au milieu de l'égide était la tête de Méduse, en ivoire, comme le fait remarquer Pausanias : c'est dire que l'égide était en or. Une de ses mains, étendue, portait une Victoire haute de quatre coudées (six pieds environ), en ivoire également, avec une draperie et des ailes d'or. C'était un des morceaux les plus admirables. L'autre main tenait la lance, auprès de laquelle on voyait le serpent, forme symbolique d'Érechthée. Les connaisseurs le louaient fort. Le bouclier reposait aux pieds de la déesse, et son casque était surmonté d'un sphinx et orné, de chaque côté, d'un griffon. Il n'est pas besoin de dire que le visage, les pieds, les mains, étaient en ivoire. Pour la prunelle des yeux, Phidias avait choisi deux pierres précieuses dont la couleur approchait autant que possible de l'ivoire ; harmonieuse alliance qui rendait la transparence et le rayon lumineux du regard humain. Des yeux bleus eussent probablement tranché trop vivement sur la douceur de l'ivoire, et l'art, au nom d'un goût exquis, osa dédaigner la tradition. Ainsi nous pouvons, à l'aide des témoignages anciens,
entrevoir C'est ce qu'a fait M. Quatremère, et cette partie de son
ouvrage est, si j'ose le dire, un peu moins heureuse. Je ne parle pas de ses
dessins, que l'on ne doit considérer que comme des explications, des démonstrations
peintes, et où il ne faut chercher ni le style, ni le sentiment grec[2] : cela tenait au
goût général du temps. Mais cette influence se retrouve encore dans ses
appréciations générales et dans ses théories esthétiques. Pour Ce principe posé, M. Quatremère se rappelle une pierre
gravée, signée par Aspasius, belle, du reste, mais chargée d'ornements,
maniérée, et qui trahirait son époque, si la façon des lettres grecques ne
l'indiquait clairement. Le profil de la déesse semble dérobé aux peintures de
Pompéi, pur, mou et un peu banal. Elle porte un double collier et des boucles
d'oreilles. Son casque immense est surmonté d'un cimier à trois rangs. Un
sphinx se cache à demi sous le cimier ; deux pégases couvrent les côtés du
casque. Huit chevaux au galop sont rangés sur la visière. D'autres pégases ornent
les plaques mobiles qui se rabattaient sur les oreilles. Sur la partie qui protège
la nuque, on voit encore une branche d'olivier, des écailles de serpent.
Ainsi une œuvre qui porte un cachet éclatant de recherche et de profusion a
paru une copie de Phidias. Qui ne voit que le style
de la pierre gravée appartient spécialement à cette branche de la sculpture
dans laquelle l'artiste se trouvait naturellement porté à multiplier les
accessoires et les richesses de détail ? Ce goût ayant incontestablement été
celui de M. Quatremère est confirmé dans son opinion par la ressemblance qu'il trouve entre les tétradrachmes athéniens de la seconde époque et la pierre d'Aspasius. Je ferai remarquer que ces tétradrachmes, qui sont postérieurs au siècle d'Alexandre, ne portent ni le sphinx ni les griffons dont parle Pausanias ; en échange, ils ont deux pégases et, sur la visière du casque, huit chevaux dont il ne parle pas. Enfin, pour l'ajustement, M. Quatremère choisit son modèle
j la villa Albani. Mais il ne se dirige point vers la célèbre Minerve dont la
beauté puissante et le caractère grandiose étaient peu goûtés par une
génération qui préférait l'Apollon et le Méléagre. Il s'arrête devant une
Minerve inférieure en beauté, mais qui le frappe par
une disposition d'habillement et de draperie très distincte, par sa richesse
et son élégance, et une tête tout à fait conforme
pour le style et la coiffure[3] aux têtes du tétradrachme d'Athènes et de la pierre
gravée d'Aspasius. Au lieu de combattre méthodiquement le système de M
: Quatremère, j'essayerai d'exposer une idée différente. Peut-être
l'imagination évoque-t-elle mieux La mesure et une exquise sobriété sont l'essence de l'art
grec, avant sa décadence. En architecture, en sculpture, dans la peinture des
vases, partout l'on admire ce génie de grâce et de simplicité, qui rencontre
la beauté sans paraître la chercher. La prétention à l'effet et une
ambitieuse ostentation lui sont tellement inconnues, qu'il se résigne
volontiers à une certaine monotonie, en répétant un beau motif, plutôt que de
chercher l'originalité. Ceux qui croient à l'influence des lieux et du ciel
sur l'esprit d'un peuple, pourraient dire que la nature même de Si la statuaire chryséléphantine avait été entraînée à ses débuts (ce que nous ignorons) vers un luxe trop complaisant d'ornements et d'accessoires ; si, en copiant les vêtements véritables des mannequins en bois, elle s'était attachée à en reproduire la variété, la profusion, le clinquant ; le premier soin de Phidias eût été de la ramener à un goût sévère et au mépris de ces étalages. Je n'en cherche d'autre garant que sa manière grave, sobre, grandiose, telle du moins que nous la révèlent les jugements des anciens et les sculptures du Parthénon. L'or et l'ivoire n'étaient point pour lui des trésors dont il fallait multiplier les éblouissements. C'étaient les plus belles substances où pût s'imprimer la pensée humaine, les plus favorables aux conceptions du sculpteur, mais à condition qu'il n'en fût point l'esclave. Leur poids dans la balance frappera les esprits positifs : pour un artiste, elles n'ont que la valeur que son génie leur donne. Quelle gloire, en effet, d'être parvenu, à force d'ornements et d'invention, à dépenser un talent d'or de plus ! Un artiste ordinaire sait déjà placer plus haut la véritable beauté. On peut sans crainte reconnaître cette sagesse au plus grand de tous les sculpteurs. J'irai aussi tout d'abord vers la villa Albani, mais pour y revoir la vraie, la seule Minerve qu'elle possède, ce chef-d'œuvre que des Dieux naguère en vogue ont injustement rejeté dans l'ombre. Ce que je réclamerai au nom de Phidias, c'est cette tête calme et puissante, cette bouche qui ne sait point sourire, mais qui respire la sagesse et la persuasion, ces yeux d'une sérénité invincible, ces traits sévères qui n'ont de féminin qu'une idéale pureté ; c'est la chevelure, qui encadre le front de ses flots pressés et que le casque ne peut contenir ; le cou, enfin, et la ligne des épaules qui tiennent à la fois de l'Hercule et de la vierge. Voilà ce que je me figure facilement dans des proportions colossales, tant la grandeur absolue qui rehausse déjà le marbre y porte naturellement l'esprit. Le ton chaud et harmonieux de l'ivoire donnera aux traits de la déesse je ne sais quel éclat doux et quelle grâce moins austère. Les yeux n'ont point le globe éteint et morne des statues ordinaires. A une hauteur de quarante pieds, personne ne distingue les pierres précieuses : mais on voit briller l'éclair de l'intelligence divine et les deux rayons qui annoncent la vie. Je ne parle point des bras de Pour moi, j'aurai plus de respect pour un texte ancien.
J'y trouve une nouvelle preuve de la simplicité grandiose du style de
Phidias, et je ne suis nulle-nient embarrassé pour me figurer sa Minerve
aussi modestement vêtue. Elle est en tunique, comme Pour le casque, l'on doit aussi s'en tenir à Pausanias : Il y a, dit-il, sur le
sommet du casque, un sphinx, et sur les côtés, des griffons. Voilà qui
est positif, et je ne vois pas comment on peut ensuite chercher une copie de
Phidias sur un tétradrachme qui n'a ni les griffons, ni le sphinx, ou sur une
pierre gravée qui a seulement le sphinx, avec une profusion d'ornements dont
Pausanias ne dit pas un mot. La tête parait déjà suffisamment chargée par ces
trois monstres, sans qu'on y ajoute quatre pégases et huit chevaux. Je ne
sais vraiment pourquoi l'esprit ne se tiendrait pas satisfait, lorsque la
description de Pausanias est si pleinement confirmée par un des beaux antiques
du Musée de Naples : je veux parler de Quant au type de Le bras de Minerve s'appuyait sur le bord du bouclier dressé auprès d'elle. Cette disposition permettait de la soutenir, à l'intérieur, par de puissantes armatures. Le bouclier devait avoir de quinze à dix-huit pieds de haut, pour garder sa proportion avec le colosse. On comprend qu'une pareille surface n'avait pu rester nue. Phidias l'orna de bas-reliefs des deux côtés ; ce qui prouve qu'il était dans une position verticale. Tel on le voit sur une foule de bas-reliefs trouvés dans l'Acropole. Sur la face concave, il représenta la guerre des Dieux et des Géants, où Minerve joue un si grand rôle ; sur la face convexe, la guerre des Amazones. C'était une bordure et comme une frise, qui courait autour du bouclier. Phidias, dit Plutarque, s'était représenté sous les traits d'un vieillard chauve, qui soulève une pierre des deux mains ; il y ajouta un portrait admirable de Périclès, combattant contre une Amazone. Dans la main qui pousse la lance et passe devant le visage, il y a une intention pleine de finesse : elle veut masquer la ressemblance qui éclate cependant de chaque côté. On a vu une copie de cette partie du bouclier sur un vase peint de la collection Tischbein. Mais le personnage qui lance une pierre des deux mains ne paraît nullement chauve. Il est coiffé d'un chapeau, et sa chevelure abondante tombe en boucles sur ses épaules. Le prétendu Périclès montre complètement son visage, et la main qui tient le javelot n'a rien de commun avec la description de Plutarque. Quelque désir qu'on ait de retrouver les traits d'hommes si célèbres et un dessin de Phidias, on ne peut faire une telle violence à la vérité. Comme s'il pressentait l'envie qu'exciterait l'immortalité
qu'il se décernait à lui-même, Phidias avait placé si habilement son
portrait, en si intime rapport avec la statue, qu'on ne pouvait l'enlever,
sans que l'ensemble de la niasse ne se désunit et ne se déconcertât. M.
Quatremère donne une solution très-vraisemblable de ce problème : Le bouclier, dit-il, était
comme le point de réunion des principales armatures et, en quelque sorte, la
clef de leur assemblage. La tête de Phidias pouvait être en même temps celle
d'un des écrous ou d'une vis de l'armature. Si on l'eût dérangée, l'ensemble
de la statue se serait trouvé en péril d'être dissous et détruit. En effet, Mais tant d'art ne fit qu'accroître la colère du peuple et sa jalousie ainsi prévenue. L'œuvre resta ; mais l'artiste, accusé d'impiété, fut jeté en prison et y mourut. C'était, à Athènes, la récompense ordinaire des grands hommes. Quelle vieillesse fut celle de Périclès ! Combien la peste fut bienfaisante, qui le déroba lui-même à l'ingratitude de ses concitoyens ! Déjà on avait exilé Anaxagoras, son vieux maitre ; ses larmes seules avaient sauvé Aspasie ; Phidias, son ami, était mort en prison. Les Athéniens craignaient encore Périclès et son sourcil olympien. Mais, n'osant l'attaquer dans sa puissance, ils le blessaient dans ses affections et se revengeaient sur une femme et sur deux vieillards ! Outre le bouclier, les semelles de la déesse avaient été ornées de sculptures. Là, peut-être, on pourrait accuser la statuaire chryséléphantine d'exagération et de profusion. Mais il ne faut pas oublier que le genre colossal a ses exigences, et que, de même qu'à l'aide d'un verre grossissant on aperçoit sur les objets une foule de détails jusque-là invisibles, de même, quand les objets eux-mêmes grossissent, l'artiste doit multiplier les ornements, pour que les grandes surfaces ne paraissent point nues et monotones. La chaussure qu'il donna à Minerve était la chaussure tyrrhénienne. C'était d'ordinaire, dit Pollux[6], une semelle de quatre doigts de haut, avec des corroies dorées. Sur une statue six à sept fois plus grande que nature, elle devenait donc épaisse de vingt-six doigts, c'est-à-dire de quinze ou seize pouces. Lorsqu'on était loin, peu importait que cette surface fût lisse ou décorée de bas-reliefs. Mais lorsqu'on s'approchait, le regard, en se portant au-dessus du piédestal, rencontrait cette énorme semelle, qui prenait une importance démesurée, précisément parce qu'on ne pouvait embrasser l'ensemble du colosse. Faire diversion, occuper la curiosité, la charnier par une série de sujets, c'était plus que de l'art : c'était une nécessité. Les sujets étaient les combats des Lapithes et des Centaures. Enfin, je ne crois pas qu'il soit besoin de justifier
Phidias d'avoir orné de sculptures le vaste piédestal qui supportait la
statue. Peut-être était-il en bronze, pour ne point nuire à l'effet de
l'œuvre principale. Dans ce cas, la statuaire chryséléphantine serait hors de
cause. Phidias avait appelé lui-même sa composition Tout ce que l'on sait, c'est que Phidias consacra beaucoup
de temps à l'exécution du piédestal. En général, comme on l'a vu plus haut,
il travaillait lentement et avec un soin infini. Assurément, des élèves et
des praticiens d'élite l'aidaient à construire La statue de Minerve fut placée dans le Parthénon la troisième année de la 85e olympiade, sous l'archontat de Théodore. Elle fut enlevée du temple par les chrétiens, sous le règne de Justinien, et probablement elle alla orner l'hippodrome de Constantinople, avec d'autres œuvres de Phidias, et faire pendant au Jupiter olympien. Pausanias, après six siècles, l'avait vue encore dans toute sa splendeur ; tant les Athéniens l'entretenaient avec un soin religieux. L'Acropole étant un lieu élevé et aride, on avait craint que la sécheresse de l'atmosphère ne gâtât l'ivoire, et l'on jetait constamment de l'eau autour du piédestal. La fraîcheur et l'évaporation de l'eau maintenaient, à l'intérieur du temple, une qualité d'air favorable à la conservation de l'ivoire. Chaque année, le 25 du mois thargélion, on enlevait les ornements de la statue et on la tenait voilée à tous les regards, pour en visiter et nettoyer les moindres détails. C'étaient les Praxiergides qui étaient chargés de ce soin, les mêmes qui habillaient la vieille statue en bois de Minerve Poliade. Cette cérémonie s'appelait les Plyntéries, le lavage, jour triste et de fâcheux présage. Alcibiade revint d'exil ce jour-là, et l'on remarqua que la déesse semblait le recevoir à contrecœur et comme avec malveillance, puisqu'elle se cachait et le repoussait loin d'elle. Telle était Distinguer les draperie des chairs par une différence de
couleur et de matière, c'est une idée tellement conforme à la nature, que le
système contraire demande évidemment à nos sens une éducation plus longue. On
avait choisi cette flamme brillante, dit
Pindare, qui resplendit au milieu des ténèbres.
Si d'abord on n'y vit que le pins rare et le plus précieux de tous les
métaux, l'art, en devenant plus délicat et plus réfléchi, remarqua que ses
teintes chaudes et harmonieuses se mariaient délicieusement avec l'ivoire.
C'est pour cela que, si l'or et l'argent sont unis sur le bouclier d'Achille,
on ne, verra jamais aux temps moins barbares l'argent prêter à la toreutique
ses reflets blafards. Les villes pauvres aimaient encore mieux le bois doré.
L'intérieur de nos églises et de nos palais d'une certaine époque, le goût
général de notre temps montrent cependant que nous estimons l'alliance la
plus heureuse et la plus magnifique, celle du blanc et de l'or. Substituez
seulement à la blancheur dure et mate de nos stucs ou de nos marbres la moelleuse
pâleur de l'ivoire. En outre, on considère avec défiance cette grande
sculpture qui n'est formée que de pièces d'ivoire rapportées et qui est
sillonnée de joints et de sutures. Pour l'effet général, je ne ferai même pas
de réponse aux incrédules ; mais je les mènerai devant quelques parties moins
ébranlées du Parthénon. Là, ils chercheront en vain de l'œil et du doigt les
joints des différentes assises, invisibles si le canon ne les eût trahis en
en faisant voler quelque éclat. Les hommes qui faisaient d'un monument entier
un seul morceau de marbre étaient-ils plus embarrassés pour unir en une seule
surface et fondre comme en un seul jet une substance d'un grain plus fin et
plus serré ? Je suis persuadé que les joints de Cependant, comme l'admiration de l'art antique ne doit
jamais tourner en aveuglement, je terminerai par une critique qui me semble
avoir quelque vraisemblance. Ceux qui
se figurent exactement la disposition et la grandeur d'un temple grec
ne seront-ils pas choqués d'une disproportion considérable entre le monument
et la statue qu'il contenait ? L'intérieur du Parthénon n'avait guère plus de
cinquante-cinq pieds de hauteur ; |
[1]
La toreutique existe encore dans l'art byzantin, mais transportée dans la
peinture. On trouve fréquemment dans les églises grecques des tableaux qui
représentent
[2] On voit, par les lettres qu'il écrit de Londres à Canova (1818), quelle révélation furent plus tard pour M. Quatremère les sculptures du Parthénon.
[3]
Le casque passe cependant pour une restauration moderne. Il a, en effet, été
copié sur le casque de
[4] Page 130 du Jupiter Olympien.
[5]
Telle on la voit dans la main du Jupiter Nicéphore (monnaies d'Antiochus IV
Épiphane), telle dans la main du Jupiter Olympien dont on a des copies gravées
sur pierre. J'en possède une moi-même, où
[6]
Pollux, Onom., VII, 22.