L'ACROPOLE D'ATHÈNES

 

CHAPITRE VI. — DESCRIPTION DES PROPYLÉES.

 

 

Lorsqu'on voulut donner à l'Acropole une entrée digne des monuments qu'elle contenait, Mnésiclès imagina un plan simple à la fois et plein de grandeur.

Sur la hauteur, un mur percé de cinq portes, voilà le fond et le motif principal. Un vestibule et un portique de la même largeur le précèdent. Deux murs parallèles le coupent à angle droit et forment les côtés du vestibule. A droite et à gauche, sur des terrasses qui les soutiennent au même niveau, deux ailes s'avancent pour encadrer de leurs portiques parallèles la façade principale. Au delà des portes, un quatrième portique regarde l'intérieur de l'Acropole ; semblable au premier, moins profond et sans vestibule.

Si l'étymologie a quelque valeur, les Propylées sont un monument où l'art a donné moins d'importance aux portes elles-mêmes qu'à tout ce qui les précède. Mais il ne parait pas pour cela que les portes aient cessé d'être le centre et comme l'unité de l'œuvre entière.

Dès le bas de l'escalier, on voit, à travers les cinq entrecolonnements de la façade, les cinq portes auxquelles ils correspondent. Elles décroissent à droite et à gauche dans une proportion symétrique ; on les aperçoit de tous les points de cette pente qui leur forme un abord grandiose de près de soixante-dix pieds de largeur. La porte du milieu est de beaucoup la plus grande, et, pour n'en masquer aucune partie, comme cela arrive[1] dans les temples, l'ordre dorique dérogea à ses règles, et les deux colonnes du milieu prirent un écartement inaccoutumé. Entre-t-on sous le portique par le chemin ainsi ouvert, on le trouve bordé de chaque côté par trois colonnes ioniques qui divisent le vestibule en deux moitiés et forment à la porte principale comme une élégante avenue. Une fois dans l'enceinte de l'Acropole, si l'on se retourne, on voit encore les cinq portes à travers la colonnade du propylée intérieur disposé comme le premier. Ainsi tout concourt à ramener sans cesse les yeux et l'attention vers le motif principal, que la décoration semble d'autant mieux. faire ressortir qu'elle prend elle-même plus d'étendue. L'édifice est construit tout entier en marbre pentélique, jusqu'aux dalles qui recouvrent le rocher, jusqu'aux degrés disposés sur la pente. Ces matériaux, si précieux au jugement des modernes, n'avaient même pas de nom chez les Athéniens. C'était une pierre comme les autres, la pierre blanche du Pentélique, qui formait une immense montagne où l'on n'avait qu'à tailler. Seulement, les anciens admiraient dans les Propylées la grandeur et la décoration des blocs qui couvraient le portique. On voit encore, en effet, des architraves qui ont vingt pieds de long. Le linteau de la grande porte a vingt-deux pieds : le linteau tant vanté de là porte du Trésor d'Atrée à Mycènes n'a que deux pieds de plus.

Mais ce qui est plus admirable que l'effort qui soulève de telles masses, et que l'art qui les fait porter légèrement par six colonnes ioniques, c'est le génie qui a donné à chaque partie de l'édifice sa parfaite proportion et à l'ensemble une idéale harmonie. Tout était innovation dans les Propylées, grande témérité chez un peuple attaché comme l'étaient les Grecs aux traditions de l'art. Les colonnes du grand portique ont un écartement inouï et dérangent l'économie habituelle de la frise ; dans l'intérieur du vestibule, l'ordre ionique place sa charmante volute à côté du profil sévère du chapiteau dorique ; il aligne son fût élancé avec les vives arêtes d'un ordre plus puissant, ses bases, signe de faiblesse, avec l'assiette immuable de colonnes qui reposent à nu sur le pavé. Les petites colonnes doriques des deux ailes s'exposent à un périlleux parallèle auprès du grand ordre de la façade. Toutes ces difficultés devinrent une source de beautés nouvelles. Je n'en veux d'autres juges que les Grecs eux-mêmes et leur unanime admiration. Un esprit bien autrement disposé à comprendre les arts que Pausanias a célébré les chefs-d'œuvre du grand siècle, particulièrement l'Odéon de Périclès, le Parthénon et les Propylées, ces édifices, dit Plutarque, d'une magnifique grandeur, d'une beauté et d'une grâce inimitables... Dès le premier jour, leur perfection les faisait paraître antiques. Aujourd'hui, au contraire, on les croirait à leur fraîcheur, neufs et achevés d'hier, tant y brille une fleur de jeunesse que le temps ne peut flétrir. Il semble qu'un souffle immortel anime ces ouvrages, et qu'ils aient reçu une âme qui ne sait point vieillir. — C'est là, dit-il ailleurs, ce qui causa le plus de plaisir à Athènes, ce qui fit son principal ornement et l'admiration de tout l'univers ; c'est la seule chose qui atteste que la puissance tant vantée et l'antique prospérité de la Grèce ne sont point un mensonge.

Non-seulement les Propylées sont toujours cités par les auteurs parmi les plus beaux monuments d'Athènes, mais il est à remarquer qu'ils sont nommés même avant le Parthénon : Trois mille sept cents talents, dit Thucydide, furent dépensés pour les Propylées de l'Acropole, les autres édifices et le siège de Potidée.

C'étaient les Propylées que Démosthène montrait les premiers de la main, lorsqu'il célébrait la beauté des édifices élevés par la vieille Athènes. Et pourtant, le Parthénon se présentait plus majestueux encore à ceux qui le regardaient du Pnyx et le voyaient s'élever sur la droite, au sommet du plateau. Les Propylées, dit Philostrate dans sa Vie d'Apollonius de Tyane, les Propylées et le Parthénon suffisaient à la gloire de Périclès.

Peut-être dira-t-on que les Propylées s'offraient les premiers à la pensée parce qu'ils s'offraient les premiers aux yeux. Mais quelque chose de plus éloquent encore que les éloges des Athéniens, c'est l'envie de leurs rivaux. Que souhaitait pour l'ornement de sa patrie Épaminondas, enivré de ses rapides triomphes ? Était-ce le Parthénon avec les chefs-d'œuvre de Phidias ? Était-ce l'Odéon de Périclès, dont la toiture rappelait la tente du roi de Perse ? Non : c'étaient les Propylées. « Il faut, » disait-il nettement devant les Thébains assemblés, il faut transporter ici les Propylées de l'Acropole d'Athènes et en orner les abords de la Cadmée.

Les Propylées, en effet, devaient émouvoir singulièrement les Grecs par leur nouveauté, par leur originalité, pour expliquer par un mot moderne un succès que les modernes semblent s'être réservé. Le Parthénon était au moins aussi beau, aussi parfait que les Propylées. Mais, construit selon les règles ordinaires, il ne différait des grands temples doriques de toute la Grèce que par le choix des matériaux, le fini des détails, par certaines proportions idéales, par ces nuances enfin que goûtaient vivement les artistes, mais qui ne pouvaient faire autant d'impression sur le public. Les Grecs, si attachés qu'ils fussent aux traditions en matière d'art, étaient nécessairement, comme tous les hommes, sensibles à la nouveauté. Quand cette nouveauté était, comme les Propylées, de nature à satisfaire toutes les exigences de la raison, toutes les délicatesses de l'amour du beau, leur âme passionnée devait s'ouvrir facilement à l'enthousiasme. La belle disposition de l'édifice, pleine de mouvement et semblable à celle d'un théâtre, une simplicité qui n'avait même pas demandé les ornements de la sculpture et laissait tout l'effet aux lignes et aux proportions, le mélange et l'harmonie si heureusement trouvés des différents ordres, les difficultés non-seulement vaincues mais tournées en éclatants mérites, tout commandait l'admiration, et, comme les sentiments inconnus qu'éveille l'originalité s'y mêlaient, l'admiration en recevait une plus vive ardeur.

Du reste, si nous sommes frappés encore aujourd'hui par la beauté grandiose des Propylées, qu'eût-ce été il y a deux siècles, lorsque le monument existait dans son entier ? Car on en est à se demander lequel a le plus souffert, dans ce funeste dix-septième siècle, du Parthénon ou des Propylées. L'escalier de marbre a disparu en partie, et, au lieu de cette rampe magnifique, on ne voit plus que des marches rares et disséminées. Des six grandes colonnes doriques qui formaient la façade des Propylées, deux seulement, celles des angles, ont encore leurs chapiteaux, et sont unies par l'architrave avec les pilastres qui terminent les deux murs du vestibule. Ces chapiteaux ne le cèdent en rien, pour la beauté, à ceux du Parthénon. Ils ont la même courbe, la même fermeté, la même élégance. On reconnaît cette école d'architectes athéniens qui avait porté l'art dorique à sa plus exacte perfection, et ne pouvait plus chercher le progrès. Les formules étaient arrêtées, mais les combinaisons variaient ; c'est par là que se révélait le génie de l'artiste.

Les frontons n'existent plus ; mais on en voit à terre les morceaux. J'ai trouvé, dans mes fouilles, un angle du fronton occidental que Spon et Wheler virent encore. C'est même ce qui faisait affirmer au premier que l'arsenal de Lycurgue, comme on disait dans ce temps-là, était un temple. Vis-à-vis, à la main gauche du chemin, on voit un bel édifice de marbre blanc que quelques-uns prennent pour l'arsenal de Lycurgue. Pour moi, je tiens que c'est un temple, parce qu'il a une façade et un fronton comme les autres.

Aucun texte ancien, aucune découverte moderne ne laissent penser que les frontons fussent décorés de sculptures. Spon et Wheler en auraient parlé, comme ils ont parlé des frontons du Parthénon et de la Victoire sans ailes. Qu'ils fussent peints, selon l'usage quelquefois constaté de l'antiquité, le champ est libre aux suppositions.

Du grand vestibule, les deux murs parallèles restent seuls complètement debout, jusqu'à la corniche. Quant aux six colonnes ioniques, on n'en voit plus que les bases et quelques tambours mutilés. Les fragments des chapiteaux gisent à terre, deux, par bonheur, assez considérables pour permettre de juger du caractère de cet ordre. On sait qu'il se dérobait à une dangereuse comparaison avec le dorique, grâce aux nécessités de la construction. Les chapiteaux supportant le soffite se trouvaient de niveau, non pas avec les chapiteaux de la façade, mais avec leur entablement, qui servait en quelque sorte d'interruption entre deux styles si différents. Malgré cela, on voit que l'ordre ionique a pris toute la simplicité, je dirai même toute la sévérité qu'il comporte. Un rang d'oves, la volute enroulée trois fois, la petite palmette à la naissance de la volute, voilà tout le chapiteau.

Quand on le compare au chapiteau ionique de l'Érechthéion, par exemple, avec les tresses, le rang de perles, les spirales compliquées, le gorgerin chargé d'ornements, on apprécie mieux encore sa belle nudité, sa courbe puissante et sa grâce virile. Au-dessous du rang d'oves, on voit des trous qui supportaient des ornements de métal doré[2].

Les cinq portes du fond restent encore, exhaussées sur cinq degrés, le dernier en marbre noir d'Éleusis. La porte du milieu est d'un tiers plus grande et plus haute que les portes qui sont à sa droite et à sa gauche. Les deux portes des extrémités vont elles-mêmes décroissant dans une proportion encore plus forte. Les restes de chambranles qu'on voit en place, sont d'une époque bien postérieure à la construction des Propylées. Ce sont d'épaisses plaques de marbre d'un travail peu habile et qui ne s'adaptent même pas, par leurs saillies grossières, aux rainures fines et exactes qui avaient été taillées pour recevoir des vantaux en bronze. Les trous de scellement existent encore sur le seuil et dans le haut de la porte. On remarquera aussi des restes de crampons brisés qui n'ont point de correspondants dans les chambranles actuels. Les portes avaient été remplacées comme le grand escalier. Si l'un fut brisé, les autres furent vraisemblablement volées et détruites. Sur les plaques de marbre on ne trouve aucune trace de fermeture : que signifient alors les clôtures dont parle Aristophane dans la comédie de Lysistrata et dans celle des Chevaliers ?

Le portique qui regarde l'intérieur de l'Acropole est composé de six colonnes doriques comme celui de la façade principale. Cinq ont conservé leurs chapiteaux, deux sont encore unies par un morceau d'architrave. Le portique oriental étant sur un sol plus élevé, le fronton et le système de toiture qui lé. couvrait étaient eux-mêmes plus hauts que le fronton de l'autre portique, et que la toiture du vestibule. Ils étaient indépendants l'un de l'autre, et c'était naturellement le mur percé de cinq portes qui servait de ligne de démarcation. Il est impossible de juger de l'effet que devait produire cette différence de niveau entre les frontons, aujourd'hui que tout est renversé et qu'on n'en a d'autre indice que le brusque changement des corniches et des profils. C'était là encore une des hardiesses si fréquentes dans les Propylées, que la nature des lieux justifiait et que le talent de l'artiste avait su faire admirer.

L'aile gauche[3], seule conservée, est d'une charmante couleur. Le corps des Propylées, enseveli pendant des siècles dans des constructions modernes, a maintenu la blancheur de ses marbres. Le petit portique de gauche, au contraire, a reçu continuellement cette couche d'or bruni que le temps et le soleil déposent sur les monuments de la Grèce. L'œil ne sait ce qui le charme plus vivement des couleurs ou des proportions. Les trois colonnes doriques qui soutiennent le portique sont d'un tiers plus petites que les colonnes de la façade. Elles ont cependant assez de grandeur pour ne rien perdre de leur effet : elles sont aussi hautes que les colonnes du temple de Thésée. En même temps, elles appuient et font ressortir le grand ordre qui, de son côté, leur prête par son opposition une grâce et une douceur qui surprennent dans le style dorique.

Du portique on passe dans une salle rectangulaire qu'on appelle ordinairement la Pinacothèque. La porte est flanquée de deux fenêtres doriques avec pilastres. Cette salle est détruite à partir de la corniche ; mais elle était couverte par un toit à trois égouts. Il existe encore plusieurs morceaux qui ont appartenu à la bordure du toit, entre autres, un morceau angulaire avec attache d'antéfixe. Des trous informes et la fenêtre byzantine pratiqués dans le mur datent des ducs d'Athènes, qui avaient construit leur palais sur les Propylées et détruit le sommet de l'aile gauche pour l'élever d'un étage. C'est pour cela qu'on la voit uniformément rasée au-dessus de la frise de la même manière que le Tabularium romain. Les triglyphes se continuent sur les trois côtés de l'édifice, bien qu'à l'occident et au nord il n'y eût que le mur, mur criblé de boulets et de balles, et dont, pourtant, les assises sont à peine déplacées.

L'aile opposée n'était qu'un simple portique, semblable à celui de gauche, et aucune salle n'y était annexée. Cette aile a aussi servi de base à une tour bâtie pendant le moyen âge. Deux des colonnes sont enclavées dans le mur, et on les voit en entrant dans la tour. La troisième a été détruite, mais sa trace est empreinte sur le marbre. Ce portique n'était point fermé complètement par derrière ; une porte indiquée aujourd'hui par l'ante qui fait saillie au pied de la tour, conduisait dans un petit espace compris entre les Propylées, le mur d'enceinte de l'Acropole et le mur pélasgique.

Enfin, les murs qui unissent toutes les parties de l'édifice et regardent l'intérieur de l'Acropole n'ont évidemment point reçu le dernier fini. Les joints des pierres ne sont pas amenés à leur point, et les angles obtus, ainsi que la surface provisoire qui prévenait tous les accidents de la construction, n'ont point été abattus. On remarque souvent au milieu des pierres une partie saillante qui peut-être servait à les élever à leur place, peut-être aussi à mesurer le travail de l'ouvrier, comme les témoins de l'arpentage, et qui devaient plus tard disparaitre. On remarque, surtout derrière l'aile droite, des preuves évidentes d'une interruption dans les travaux. Les petites constructions qui existaient précédemment sont restées dans l'état de mutilation que leur avait fait subir l'établissement des constructions neuves. La cour en forme de trapèze qui s'avance vers le temple de la Victoire n'a pas été débarrassée des restes du petit édifice en marbre blanc qui a été coupé par le mur méridional compris dans la tour vénitienne.

Ces détails disparaissaient dans l'ensemble du monument et n'empêchaient point les anciens d'affirmer qu'il avait été complètement terminé. Ils ne nuisaient en rien à cette fleur de jeunesse qu'admirait Plutarque, ni à ces beautés plus durables que nous admirons encore. La science déployée par l'architecte dans la construction des Propylées est au moins égale à la science d'Ictinus et de Callicrate. Comme eux, il a su éviter la sécheresse et la froideur des lignes droites, avec un art qui est encore un problème pour les modernes. Les plans verticaux ont été inclinés, les plans horizontaux ont été courbés, et c'est ainsi que l'édifice a pris, comme la nature elle-même, qui ignore les abstractions géométriques, quelque chose de réel, de vivant, d'harmonieux. Quelques considérations sur la théorie des courbes trouveront mieux leur place au chapitre du Parthénon. Un temple se prête plus facilement à des rapprochements et à des comparaisons qu'un monument aussi original et aussi isolé dans l'art antique que le sont les Propylées. Du reste, les principes sont les mêmes dans l'un et l'autre édifice. Il n'y a de différence que dans leur application et dans le sentiment des courbes. Ce sont ces variétés qu'il importe de signaler.

L'inclinaison des plans verticaux est généralement un peu plus forte qu'au Parthénon. Les colonnes des petits portiques, les murs s'inclinent plus sensiblement vers l'intérieur. Les antes, au contraire, se penchent en avant d'un angle deux fois plus petit. Les colonnes du grand ordre présentent aussi quelque différence dans leur galbe et dans le point culminant choisi pour leur courbe. Mais les courbes horizontales n'ont pas été seulement modifiées : celle du soubassement a été complètement supprimée, tandis que la courbe des entablements et des frontons restait comme au Parthénon. Si le soubassement des Propylées eût été convexe, il n'eût pu se raccorder avec les degrés du grand escalier, qui sont plans. Cette raison est non-seulement très-juste, mais elle prouve, de plus, comme nous l'avons vu plus haut, que l'escalier était dans la disposition primitive de l'édifice.

Je renvoie de même au chapitre du Parthénon pour la théorie des couleurs appliquées aux monuments grecs. La question peut se résoudre dans les mêmes termes pour tous les édifices en marbre de l'époque de Périclès.

Les Propylées étaient rehaussés de tons propres à faire ressortir tout ce qui constituait la décoration architecturale. Les moulures, et en général toute la modinature, recevaient des couleurs plus franches et plus éclatantes. Les unes, préparées à la cire[4], comme le bleu et le vert, n'avaient que peu d'adhérence sur la surface du marbre ; d'autres, moins épaisses et moins vernissées, comme le rouge, étaient plus solides et plus pénétrantes. La dorure était employée avec sobriété, l'or n'ayant dans la décoration qu'une valeur de reflet. On reconnaît les parties qui ont été couvertes d'or au poli particulier que la surface du marbre a conservé.

Les parties des Propylées qui offrent les traces de peinture les plus abondantes sont : les frises, les corniches, les chapiteaux des pilastres de la Pinacothèque, les cymaises de couronnement qui portent les grands oves, les caissons des plafonds surtout, qu'on a réunis sur le plateau de l'Acropole, et dont la richesse rappelle la réflexion de Pausanias : Les Propylées sont couverts en marbre blanc ; la grandeur de ces matériaux, la beauté de leur décoration, surpasse ce qui s'est fait, même jusqu'à nos jours.

 

 

 



[1] On sait que la porte des temples doriques a, en général, à sa base un entrecolonnement, plus deux demi-diamètres de colonnes : les côtés sont, par conséquent, masqués par les deux colonnes du milieu.

[2] Ce seraient les dorures dont parle une description anonyme du quinzième siècle : Magnum palatium, candido marmore factum, insuratum.

[3] L'aile qu'on voit à sa gauche en montant aux Propylées. Cette désignation employée par Pausanias est, en effet, la plus logique. Il n'en est pas d'un monument comme du cours d'un fleuve.

[4] Ces couleurs étaient appliquées à l'encaustique. Sur une inscription dont il sera question à propos de l'Érechthéion, on voit cités les peintres à l'encaustique : Έγκαΰται.