L'histoire nous amène, par une transition naturelle, aux sciences dont la culture prit, vers cette époque, une certaine importance. Les loisirs de la paix, le développement de la richesse, avaient déterminé un mouvement général de curiosité, et le goût des études de toutes sortes s'était répandu dans la classe moyenne. La nécessité de mettre rapidement les esprits au courant des résultats acquis dans les différentes branches des connaissances humaines, et de classer les faits recueillis depuis tant de siècles, se faisait donc impérieusement sentir : à ce besoin répondirent de nouveaux traités élémentaires, résumés qui n'ajoutaient rien à la science, mais qui la propagèrent et qui ont servi de bases aux recherches ultérieures. Dans le naufrage des lettres antiques, quelques-uns de ces manuels, sauvés par leur petit volume, ont pris une importance hors de proportion avec leur valeur réelle, en devenant les anneaux de la chaîne qui a relié les deux grandes périodes de la civilisation et préservé d'un anéantissement total les efforts des générations anciennes. Ainsi, les cinquante premières années du deuxième siècle virent éclore, sur chaque art et sur chaque science, des traités techniques[1], des commentaires, des Institutiones. En même temps les encyclopédies et les lexiques mettaient à la portée de tous, sous une forme concise, les grands faits et les noms célèbres de la littérature et de l'histoire. Dans la foule des compilateurs qui travaillaient alors, Suétone mérite une place à part, en raison du nombre et de l'importance de ses ouvrages : la liste qu'en donne Suidas témoigne d'une érudition variée et d'une activité infatigable. De ces ouvrages presque tout a péri, mais saint Jérôme et Isidore en avaient fait heureusement passer la substance dans leurs compilations, de sorte que les fruits du travail de ce diligent explorateur de l'antiquité n'ont pas été complètement perdus, et sont venus jusqu'à nous, sans que nous sachions toujours à quel point nous lui sommes redevables. Ce goût d'érudition provoqua chez les grammairiens un redoublement d'activité[2]. Valerius Probus se signala entre tous par l'exactitude de ses recherches ; il donna une base solide aux études littéraires en établissant les textes authentiques des principaux auteurs latins[3]. Mais la science du temps ne se borna pas à cette tâche utile et modeste ; elle visa plus haut, et créa des méthodes : Apollonius Dyscole établit les lois philosophiques de la syntaxe et tenta de donner une forme scientifique à la grammaire[4]. Le livre de Quintilien précéda de si peu l'avènement de Nerva[5] qu'il se rattache véritablement à l'époque dont nous nous occupons. La différence des temps et des civilisations a rendu inutiles pour les nations modernes la plupart des préceptes développés dans l'Institution oratoire. C'est l'œuvre d'un esprit plus laborieux qu'élevé : on n'y rencontre aucune de ces vues de génie qu'un Aristote et un Cicéron jettent sur la nature de l'art et les conditions du beau. Mais une douce influence morale anime l'ouvrage d'un bout à l'autre : d'ailleurs les deux premiers livres seront toujours lus avec admiration et médités avec profit. La pédagogie, dégagée des préjugés politiques et des traditions locales qui, en Grèce, pesaient sur elle jusqu'à la fausser, apparaît ici fondée sur des vues plus larges et plus humaines, qu'avaient développées les stoïciens. Le livre de Quintilien en offre le premier traité méthodique, et par son double caractère d'universalité et d'utilité pratique, il mérite d'être rangé au nombre des plus belles productions du génie romain. Le goût de vulgarisation que nous avons signalé se marque surtout dans les sciences exactes et dans les sciences naturelles. Dans les Mathématiques nous trouvons d'abord le pythagoricien Nicomaque de Gérasa, auteur d'une Άριθμητική Είσαγογή qui est plutôt un traité spéculatif sur les nombres qu'un ouvrage pratique[6]. Mais son influence dans les âges suivants fut considérable puisque l'Arithmétique de Boèce n'est qu'une traduction libre et paraphrasée de Nicomaque[7]. Les Notions mathématiques utiles pour la lecture de Platon, composées vers le même temps par Théon de Smyrne[8], n'offrent dans la partie arithmétique que des vues philosophiques analogues à celles qui constituent le fond de l'ouvrage de Nicomaque. Ces spéculations transcendantes, inspirées par des conceptions étrangères à l'esprit mathématique, ont eu cependant une action réelle, quoiqu'indirecte, sur le développement de la science, en entretenant l'ardeur des recherches et en faisant découvrir quelques propriétés intéressantes des nombres[9]. Les livres sur le Calcul des Cordes, qu'avait composés Ménélaus[10], ont péri : en revanche nous avons ses trois livres de Sphériques. La première proposition du troisième livre était le fondement de la résolution des triangles sphériques chez les anciens[11] et elle a servi aux Arabes pour l'élaboration de leurs théories astronomiques. Mais les mathématiques ne furent guère cultivées sous Trajan qu'en vue de leurs applications. La science moderne trouve peu de chose à recueillir dans les écrits des Agrimensores, bien que plusieurs des artifices qu'ils employaient pour résoudre les problèmes de leur art aient paru dignes d'étude à un maître[12]. Les progrès de l'architecture à la même époque supposent une connaissance assez avancée de la géométrie et de la mécanique. Les ingénieurs ont relevé quelques bonnes remarques dans les recherches hydrodynamiques de Frontin[13]. Enfin l'art militaire eut aussi ses traités didactiques[14]. La partie de l'ouvrage de Théon consacrée à l'Astronomie n'offre que des vues spéculatives qui ont peu servi au progrès de la science[15]. On cite des observations astronomiques faites par Ménélaus, la première année du règne de Trajan[16]. Peut-être Agrippa de Bithynie[17] vivait-il encore, peut-être aussi le Théon dont Ptolémée relate quatre observations faites sous Adrien[18] avait-il commencé ses investigations dans le ciel. Mais la création de la Géographie Mathématique, la plus belle application de l'astronomie, appartient bien au règne de Trajan. Hipparque avait senti la nécessité de rattacher la géographie à l'astronomie, et montré comment l'observation du ciel permettait de fixer la position des lieux sur la terre. Il mesura, dans quelques villes, la hauteur du pôle au-dessus de l'horizon[19], égale à la latitude, et il expliqua comment on pouvait déterminer les longitudes par l'observation des éclipses de lune[20], mais ni lui ni ses successeurs ne songèrent à utiliser ces vues fécondes. Personne ne recueillit les éléments constitutifs d'une bonne carte du monde connu avant Marin de Tyr, prédécesseur immédiat de Ptolémée, qui vécut à la fin du premier siècle ou au commencement du deuxième. Ce géographe s'attacha à donner la position de chaque lieu par sa latitude et sa longitude. Les observations directes étant presque toujours impossibles dans ce temps-là[21], Marin compulsa tout ce que les anciens géographes avaient écrit. Il y joignit la lecture d'un grand nombre de relations de voyages anciennes et modernes, discuta toutes les valeurs numériques qu'il en déduisait, et construisit sur ces données une carte accompagnée d'un ouvrage auquel il donna le titre modeste de Correction de la Carte géographique[22]. A mesure que le temps lui apportait des renseignements plus exacts, que l'étude lui suggérait des corrections, il donnait une nouvelle édition de son livre, et ne cessa de l'améliorer jusqu'au jour où la mort le surprit au milieu de ce travail immense et pénible. Malgré ce zèle opiniâtre et cette vigilance toujours éveillée, Marin ne laissait pas un ouvrage complètement satisfaisant. Son esprit paraît avoir été plus laborieux que méthodique. Ainsi, il avait dispersé à divers endroits de la ilt.6pOtsacç les indications relatives à un même lieu, ce qui rendait l'usage de ce livre fort difficile et avait même entraîné l'auteur dans plusieurs fautes. Il avait adopté pour la longueur du degré une valeur fausse. Enfin, ayant fait choix d'un mauvais mode de projection, il donnait inexactement la figure de la terre. Le travail de Ptolémée ne consista guère qu'à améliorer le livre de Marin en y introduisant quelques corrections et en y ajoutant ce qui lui manquait sous le rapport de l'ordre et de la méthode : les vues générales de Marin furent conservées. Ici comme ailleurs, Ptolémée, doué d'une grande érudition et d'une activité prodigieuse, n'a guère été que le diligent metteur en œuvre des résultats trouvés par les vrais investigateurs de la science antique. On peut donc affirmer que sans les travaux de Marin la γεωγραφική Ύφήγησις n'existerait pas ; quand on songe à l'importance capitale de cet ouvrage et à tout le profit qu'en ont tiré les voyageurs jusqu'à l'époque où fut découvert le Nouveau-Monde, on sent vivement le service que nous a rendu Marin de Tyr, et la reconnaissance qui lui est légitimement due[23]. Le règne de Trajan est encore une époque remarquable dans l'histoire de la médecine. En premier lieu, la pratique de l'art médical fît nécessairement des progrès considérables au milieu d'une civilisation aussi avancée, et dans les conditions variées de la vie romaine. Dans toutes les grandes villes exerçaient des spécialistes dont les observations avaient éclairé la structure et les relations des organes : le commencement du second siècle marque en effet une renaissance de l'anatomie[24]. Mais il y a ici une observation plus importante à faire. A cette époque, où florissaient les maîtres dont Galien allait recueillir, discuter et résumer les enseignements, les systèmes avaient à peu près achevé de se formuler et ils se heurtaient avec une animation et une vivacité dont l'écho est resté dans les ouvrages du médecin de Pergame. Dogmatiques et pneumatiques, éclectiques et méthodiques se disputaient avec un zèle ardent. La victoire resta au méthodisme qui reçut sa constitution définitive au milieu de cette mêlée. Créé par Thémison[25] au commencement du premier siècle, compromis sous Néron par le charlatanisme de Thessalus, ce système prit dans les mains de Soranus une dignité et une valeur qu'il ne devait plus perdre et qui lui assurèrent un prestige de plusieurs siècles. Il survécut, en effet, aux attaques passionnées que lui avaient portées Galien, et il se perpétua sous la forme que Soranus lui avait donnée. Au sixième siècle, Cassiodore[26] recommande aux moines l'étude de Cælius Aurelianus, et l'on sait que les livres de ce médecin latin ne sont que la traduction. ou la paraphrase des ouvrages de Soranus. En outre M. Daremberg a mis hors de doute un des faits les plus intéressants de l'histoire des sciences au moyen âge, à savoir l'esprit exclusivement méthodique de l'école de Salerne jusqu'au XIe siècle où elle connut Galien par les Arabes. Les écrits de Soranus, traduits par Cælius Aurelianus, remaniés par les professeurs de l'école[27], défrayèrent seuls l'enseignement pendant cette première période qui a reçu le nom de néo-latine[28]. Ainsi un contemporain de Trajan a été l'initiateur et le maître de l'éducation médicale en Europe pendant des siècles ; les observations, les études faites à l'époque qui nous occupe ont, durant une longue suite d'années, servi au soulagement d'un grand nombre d'hommes ou soutenu leurs espérances. Malheureusement, nous devons faire remarquer qu'à côté de ces efforts pour acquérir et propager les vérités scientifiques, l'ignorance et la superstition multipliaient les idées fausses et dangereuses. Le deuxième siècle est pour l'astrologie une époque florissante ; c'est alors qu'on rencontre sur les monuments les plus nombreuses représentations du thème natal[29]. Au moment où paraissent les éditions les plus soignées de la Διόρθωσις de Marin, la géographie romanesque inspire une quantité de livres mensongers et puérils[30], et dans le temps même où l'anatomie révèle ses secrets à des investigations médicales mieux dirigées, Elien rassemble les détails fabuleux donnés par divers auteurs sur les animaux peu connus ; il ajoute de nouveaux contes à ceux dont ses devanciers s'étaient faits les garants, et il donne un corps à cette zoologie fantastique dont s'amusera ou s'effrayera le moyen âge. La critique scientifique ne peut, en effet, commencer qu'après la création des méthodes, et les anciens n'ont atteint la vérité que par des conjectures heureuses, ou par la voie lente et détournée de l'érudition, qui transmet le vrai en le laissant mêlé d'erreurs. Mais cette faveur même que rencontraient les traités de fausse science est un nouveau témoignage de l'esprit de curiosité que nous avons signalé. L'extension du commerce de la librairie et la fondation de nombreuses bibliothèques en sont encore les indices et les résultats. Au temps de Cicéron[31] il fallait, pour faire entrer un ouvrage dans sa bibliothèque, l'emprunter à l'auteur et le faire transcrire. Atticus, qui comptait parmi ses gens d'excellents copistes formés par lui, publia les ouvrages de Cicéron, mais c'était là une spéculation particulière qui ne paraît pas avoir été imitée immédiatement. Les libraires du Forum ne vendaient que des débris de bibliothèque, composés suivant le hasard ou le goût particulier des premiers possesseurs : nulle part on n'était sûr de trouver un livre au moment où il paraissait. Sous Auguste, les choses ont déjà changé. Les frères Sosies, éditeurs d'Horace, exercent une industrie spéciale et sont toujours prêts à satisfaire les demandes d'un public avide et curieux de nouveautés. Un siècle après, nous voyons Tryphon, l'éditeur de Quintilien et de Martial, en relation d'amitié avec les écrivains dont il publie les ouvrages, leur donnant des conseils, leur suggérant des corrections, et stimulant leur activité quand le livre annoncé se fait trop attendre. Il nous donne assez bien l'idée de l'éditeur moderne, de même que l'impatience des lecteurs nous révèle une société analogue à celle au milieu de laquelle nous vivons, où lé livre devient aussi nécessaire à la vie que les aliments. L'industrie de ceux qui se chargeaient de satisfaire cet impérieux besoin, ressenti dans les provinces comme à Rome, était d'ailleurs largement rémunératrice. Aucune relation d'intérêt n'existait entre les auteurs et les libraires[32] ; aucune loi ne garantissait la propriété intellectuelle, de sorte que les libraires seuls bénéficiaient de la vente des livres : Tryphon tirait des Epigrammes de Martial un profit de 100 pour 100[33]. Malgré ces prix élevés, les particuliers se composaient de riches bibliothèques. Ainsi M. Mettius Epaphroditus, sous Nerva, réunit trente mille volumes, bien choisis et des plus rares[34]. Généralement, les heureux possesseurs de ces richesses en laissaient aux curieux le libre accès : d'autres hommes de lettres, allant plus loin, fondèrent des bibliothèques publiques qu'ils dotèrent de rentes destinées à leur entretien et à leur accroissement régulier[35]. Depuis longtemps, les empereurs avaient pris souci de ces établissements indispensables à l'élaboration et à la diffusion de la science. Trajan ne manqua pas à ce noble devoir : aux grands dépôts publics institués par ses prédécesseurs il ajouta la bibliotheca Ulpiana, logée sur le Forum, dans deux bâtiments symétriques qui formaient les limites de la petite place au centre de laquelle la colonne était érigée. L'un renfermait sans doute les livres grecs, et l'autre les livres latins[36]. Tels sont les grands traits du tableau de la littérature et des sciences sous le règne de Trajan. Si nous le mettons en regard de celui qu'elles présentaient sous Auguste, leur affaiblissement saute aux yeux ; il n'est pas moins frappant quand on compare l'ensemble des œuvres produites à un siècle et demi d'intervalle que quand on considère ces œuvres une à une. Après la bataille d'Actium, la littérature latine se trouve portée, par le cours régulier de son progrès, au terme du mouvement ascendant qui caractérisait son développement depuis deux cents ans. Chaque genre constitué, perfectionné par une série ininterrompue d'efforts, a reçu de quelques esprits d'élite une forme définitive, et s'est empreint du génie national qui donne à tous les ouvrages composés à ce moment heureux une profonde et saisissable unité. En même temps que se formait cet accord, tous les pouvoirs, originairement indépendants, que la démocratie romaine avait créés, viennent se réunir sur la tête d'Auguste, qui saisit habilement la marche de cette double convergence et, liant les lettres à la politique, forme du tout un système au centre duquel il se place ; système qui semble graviter autour de lui et qui prend son nom. A sa mort, ce système se désunit. Lente et longtemps inaperçue, la dissociation devient visible sous Trajan. Le principat consolidé se développe indépendamment du régime intellectuel contemporain. Les œuvres de l'esprit ne sont plus inspirées par une idée générale, ni déterminées par un courant commun d'opinion. Elles naissent, brillent ou avortent au hasard des circonstances ou des vocations peu décidées auxquelles ont obéi des écrivains cherchant péniblement leur voie. Ici on constate un retour vers le passé, et là des essais d'innovation ; des efforts sincères pour arriver à la précision scientifique se manifestent à côté de l'adhésion la moins réfléchie aux superstitions et aux récits colportés par l'ignorance ou la mauvaise foi ; le goût de l'érudition règne en même temps que celui du roman. Bref, cette période présente tous les caractères d'une époque de transition. Mais l'état régulier qu'on attendait à l'issue de cette période ne s'étant pas établi, par des causes dont la recherche n'appartient point à mon sujet, la transition devint une crise, dans laquelle la littérature latine a péri. |
[1] On admet généralement que le Terentianus Maurus, auteur du De literis syllabis, etc., est celui dont parle Martial (I. 87). Héphestion, qui fut précepteur de Lucius Verus, et dont on a un manuel de métrique grecque, doit avoir vécu sous Trajan.
[2] Velius Longus est de cette époque.
[3] Suétone, Illust. gramm., 24. Cf. Pauli, Real-Encycl., VI, p. 59.
[4] Egger, Apollonius Dyscole, 236, 246.
[5] En 95.
[6] Une lettre de Pline, VI, 33, montre que dans la pratique on calculait avec des jetons.
[7] Th.-H. Martin, Rev. Arch.,
anc. série, XIII, 511.
[8] Th.-H. Martin, Theonis Smyrnæi liber de Astronomia, 1849, p. 11. Ptolemæo....... item Smyrnæus fuit aut coævus aut paulo anterior. On connaît un buste de ce personnage (Visconti, Icon. Gr., Pl. XII).
[9] Archytas, pythagoricien latin auquel Boèce emprunta l'Abacus, origine de notre système de numération écrite, fut sans doute contemporain de Nicomaque et de Théon.
[10] Interlocuteur du dialogue de Plutarque sur la Face de la Lune.
[11] Delambre, Histoire de l'Astronomie ancienne, I, 245.
[12] Biot, Journal des Savants, 1849, p. 247. Il faut remarquer d'ailleurs que ces artifices se trouvent déjà consignés dans le περί διόπτρας d'Héron, composé un siècle avant notre ère. Th.-H. Martin, Recherches sur Héron, 163-176.
[13] Bossut, Traité d'Hydrodynamique, disc. préliminaire, pp. IV et V. On lui doit (à Frontin) les premières notions de la théorie du mouvement des fluides. Dans l'art de conduire les eaux il fit des observations vraies, bien qu'on ne trouve aucune précision géométrique dans ses résultats, et qu'il ait ignoré la loi des vitesses.
[14] Celui d'Hygin.
[15] Biot, Journal des Savants, 1850, p. 196.
[16] Ptolémée, Syntax., VII, 3.
[17] Ptolémée, Syntax., VII, 3.
[18] Syntax., IX, 95, X, 1 et 2. — Lettonne a prouvé que Cléomède, auteur de la théorie circulaire des corps célestes, ne peut avoir écrit qu'après Ptolémée. Journal des Savants, 1821, p. 712.
[19] Ptolémée, Geogr., I, 4, § 2.
[20] Strabon, I, 12.
[21] Les instruments étaient alors si imparfaits que Strabon accordait moins de confiance à leurs indications qu'aux documents fournis par les voyageurs, II, 1, 11.
[22] Ptolémée, I, 6, § 1. Nous ne connaissons Marin de Tyr et son œuvre que par Ptolémée. Les passages, fort difficiles, relatifs à Marin ont été traduits par Letronne, Journal des Savants, 1831, pp. 239-248, 305-314.
[23] Outre la traduction fragmentaire de Letronne, il faut lire Gosselin, Recherches sur le système géographique des anciens, II, 31-74. Il rend justice à Marin, mais en faisant porter sur Ptolémée une accusation absolument imméritée. C'est en s'appropriant l'ouvrage de cet auteur, en le présentant sous une forme plus ordonnée, plus rapide et plus imposante, que Ptolémée a usurpé une partie de cette grande célébrité qu'il a conservée jusqu'à nous. C'est ce larcin qui a fait croire pendant Oui de quinze siècles qu'on lui devait toutes les connaissances accumulées dans son livre, tandis qu'elles ne sont dues qu'aux recherches de Marin. Il est donc juste de détruire une erreur trop longtemps accréditée, et de rendre à la mémoire de cet homme laborieux la portion de gloire qu'il s'est acquise par ses utiles et pénibles travaux. Ptolémée n'a rien dérobé et nous ne connaissons Marin que par les extraits qu'il en a loyalement donnés.
[24] Le résultat le plus marquant de cette renaissance, dont Galien (éd. Kühn, V, p. 650) fait honneur à Marinus, est le petit traité de Rufus d'Ephèse. Peut-être ce Marinus est-il celui qui guérit Pline, Ep. ad Traj., 11. Le chirurgien le plus célèbre de Rome était Héliodore, Juvénal, VI, 273. Criton, médecin de Trajan, qui l'accompagna dans la guerre Dacique, avait composé un traité de matière médicale Περί τών άπλών φαρμάκων et un autre sur les cosmétiques, résumant tout ce qui avait été écrit jusqu'alors sur ces deux sujets. Asclépiade le Jeune, ou Pharmacion, est du même temps.
[25] Ne pas le confondre avec un Thémison nommé par Juvénal, X, 221.
[26] De inst. divin. litter., c. 31.
[27] Le Passionarius, composé vers 1040, est encore une traduction latine de Soranus.
[28] Littré, Etudes sur les barbares et le moyen âge, 241-280.
[29] Letronne, Observations sur les représentations zodiacales.
[30][30] Chassang, Histoire du Roman, chapitre VI : Romans sur la géographie pendant l'époque des Antonins.
[31] V. Boissier, Atticus, éditeur de Cicéron (Revue Archéologique, Nouvelle série, VII, 96).
[32] Géraud, Essai sur les livres dans l'antiquité (Bulletin de Techener, 1839, p. 1061).
[33] Martial, XIII, 3. Martial nomme quatre libraires : Secundus (I, 2), Atrectus (I, 117), Q. Pollius Valerianus (I, 113), Tryphon (IV, 71, XIII, 3). Les boutiques des libraires, au deuxième siècle, étaient principalement dans l'Argiletum (Martial, I, 118) et au Vicus sandalarius (Galien, de libris suis, IV, p. 361. Aulu-Gelle, XVIII, 4).
[34] Suidas, sub v°. On a une statue de ce personnage (Visconti, Icon. Gr., Pl. XXXI).
[35] Pline donna à la ville de Côme une bibliothèque publique dont la construction ne coûta pas moins d'un million de sesterces (200.000 fr.), et il affecta à l'entretien (tutela) de sa fondation un capital de 100.000 sesterces (20.000 fr.). Mommsen, inscript. n° 4 et p. 86 de la traduction. Cf. p. 75. V. Heuzey (Rev. Arch., nouvelle série, VI, 322), sur une inscription relative à une bibliothèque publique fondée à Dyrrachium, sous le règne de Trajan.
[36] Aulu-Gelle, XI, 17. Vopiscus, Probus, 2.