HISTOIRE DES CHEVALIERS ROMAINS

 

TOME II

LIVRE II. — LES CHEVALIERS ROMAINS DEPUIS LA DICTATURE DE CÉSAR.

CHAPITRE III. — LES CHEVALIERS DANS LES CARRIÈRES ADMINISTRATIVES ET DANS LES ARMÉES DE L'EMPIRE.

 

 

1° MAGISTRATURES CIVILES. - LE LATICLAVE ET L'ANGUSTICLAVE.

 

Les chevaliers romains, avant de former une aristocratie judiciaire décorée du privilège d'occuper au théâtre quatorze rangs distincts, avaient été la première classe des citoyens.

On les trouve, pendant toute l'histoire de la République, aspirant aux honneurs de Rome, combattant dans la cavalerie des légions, enfin exploitant la ferme des impôts sous le nom de publicains. Que restait-il au temps de l'empire de Mie activité de la bourgeoisie des municipes italiens ? Rien que le goût des fonctions lucratives de la finance : nous allons voir les chevaliers, pour occuper ces emplois préférés, déserter les camps et se dérober même aux honneurs politiques avec autant d'empressement que leurs ancêtres en avaient mis à les briguer.

La liberté est comme le pouvoir. L'une et l'autre force ne se conservent que par une attention constante à s'en bien servir. Aussi les Romains perdirent le goût du pouvoir avec celui de la liberté, parce qu'ils ne se sentaient plus l'énergie indispensable pour les exercer. Un homme politique, au temps de la république romaine, devait briguer les honneurs qui menaient au sénat, l'édilité curule, la préture, le consulat. Au-dessous de ces grandes charges curules, d'où sortaient les sénateurs titulaires, il y avait des magistratures qui ouvraient l'accès du Sénat ou donnaient à ceux lui les exerçaient le droit d'y parler[1]. C'étaient la questure, le tribunat de la plèbe, le tribunat militaire dans une des quatre premières légions, enfin le triumvirat des monnaies et le triumvirat capital, deux magistratures qui entrèrent plus tard dans la composition du vigintivirat[2].

Le tribunat de la plèbe, depuis la loi Atinia, le tribunat militaire, comme magistrature du même degré que le tribunat de la plèbe, donnaient une dignité qui approchait de la dignité sénatoriale. Depuis que Sylla avait porté à six cents le nombre des membres du Sénat et à seize celui des questeurs, un rapprochement pareil avait anobli la questure et les magistratures triumvirales. Dès le temps de la loi Servilia de Glaucia, tous ceux qui ont occupé des magistratures quasi-sénatoriales sont soumis aux mêmes lois que les sénateurs[3].

Le laticlave, c'est-à-dire la large bande de pourpre, qui avait d'abord distingué la robe des sénateurs ou des fils de sénateurs, orna la robe de ces magistrats secondaires. Avant la dictature de César, la carrière politique d'un jeune homme était en quelque sorte déterminée, dès qu'il avait obtenu le triumvirat capital ou monétaire. Quoiqu'il appartint encore à l'ordre équestre jusqu'à son édilité curule, le jeune triumvir, le questeur ou le tribun n'en prenait pas moins le laticlave, insigne de l'ordre sénatorial, qui le comptait d'avance parmi les siens.

César, qui organisa le système des candidatures officielles, s'empara du droit de décerner le laticlave, c'est-à-dire l'aptitude à briguer les honneurs ou même à siéger au Sénat sans les avoir obtenus. Mais ici se produisit un fait nouveau, signe malheureux des temps à venir. Sextius, à qui César avait envoyé le laticlave, le refusa[4].

Au temps de Cicéron, la dignité de sénateur paraissait encore si enviable, que ceux qui en jouissaient étaient soumis à des lois plus sévères que les chevaliers[5]. Sous Tibère, on appréciait les conditions sociales d'une façon tout opposée. La dignité sénatoriale était entourée de tant de dangers et de soucis, que les sénateurs demandaient à être, par compensation, exemptés des lois communes[6]. Qu'est-ce que César avait à offrir à Sextius en échange des ennuis attachés désormais au laticlave ? la souveraineté consulaire ? elle n'était plus dans sa main qu'un jouet. Il avait créé des consuls pour trois mois, pour un jour[7]. Une des dignités moyennes ? il les avait toutes avilies en multipliant le nombre des dignitaires[8]. L'inviolabilité tribunitienne ? il se moquait des tribuns qui se prenaient au sérieux et destituait ceux qui lui avaient déplu[9]. Sextius avait donc raison de refuser le laticlave. Il n'était pas naturel qu'il renonçât à son repos, pour devenir le comparse de la monarchie absolue et pour jouer un rôle ridicule, quand il n'était pas dangereux.

Pourtant Octave, en l'an 35 av. J.-C., crut devoir séparer nettement les divers ordres de citoyens et réserver le laticlave aux magistrats et aux sénateurs[10]. Mais il ne tarda pas à s'apercevoir qu'il aurait à lutter, non contre les excès de la vanité et de l'ambition, mais contre l'indifférence des hommes pour des magistratures de parade. Son favori, Mécène, ne voulut pas du laticlave et se contenta de porter la bande étroite de pourpre qui distinguait les chevaliers romains[11]. Ovide, né en l'an 44 av. J.-C., prit le laticlave avec la robe virile. Il fut triumvir dans le vigintivirat[12]. Comme on le voit par une satire d'Horace, écrite vers l'an 35 av. J.-C., le triumvirat était alors une magistrature destinée aux jeunes gens qui portaient le laticlave[13]. Mais, pour échapper à la questure ou au tribunat, qui devaient succéder, dans la carrière des honneurs, à une magistrature vigintivirale[14], Ovide rétrécit la bande de pourpre qui ornait sa robe. Il renonça au Sénat et resta chevalier[15]. Auguste voulait inscrire au nombre de ses sénateurs tous ceux qui avaient été vigintivirs. Alors il ne se présenta plus personne, et, pour rassurer les candidats contre le danger de devenir sénateurs, on fut obligé de faire, en l'an 13 av. J.-C., un décret par lequel le vigintivirat fut réservé aux chevaliers. Il ne devait plus conduire au Sénat que ceux qui obtiendraient ensuite une autre charge. Mais la difficulté se trouvait déplacée. On eut des candidats aux charges triumvirales, mais on n'en eut pas pour le tribunat. Auguste fut réduit à faire tirer au sort les anciens préteurs de moins de 40 ans, et ceux qui amenèrent, les mauvais numéros furent tribuns de la plèbe. AU Sénat, chacun était sénateur malgré lui. Quoique le prudent politique eût restreint cette assemblée à 600 membres, il avait bien de la peine à la réunir. Il finit par dispenser les sénateurs de plus de 35 ans d'assister aux séances[16].

Il ne pouvait pas toujours recruter le tribunat par la voie du tirage au sort. Pour encourager les candidats à s'y présenter, il prit, en faveur de cette magistrature, la mesure qu'il avait prise en faveur du vigintivirat. Si les candidats de l'ordre des sénateurs manquaient, il nommait tribuns des chevaliers romains, en leur promenant qu'à l'expiration de leur magistrature, ils pourraient, à leur choix, devenir sénateurs ou rester chevaliers[17].

Le régime de Tibère et de Caligula n'était pas fait pour inviter les grands de Rome à entrer au Sénat. Cette assemblée devint la chambre des travaux forcés de la politique. Vespasien, petit-fils d'un centurion de Réate et fils d'un publicain, refusa longtemps de demander le laticlave. Il serait resté chevalier, sans les instances de sa mère, plus ambitieuse que lui[18]. Claude, ne pouvant vaincre l'aversion générale de ses sujets pour les affaires publiques, finit par priver de la dignité équestre des chevaliers qui refusaient de devenir sénateurs[19].

Qu'on était loin du temps où, les yeux fixés sur Rome, centre de toutes les ambitions, l'aristocratie équestre des municipes disputait à la noblesse de la grande ville les charges curules et les places au Sénat ! Sans doute, l'ardeur des brigues, la corruption électorale, les luttes souvent sanglantes des comices étaient un emploi fort mauvais de l'activité politique. Mais enfin, c'était la vie. Sous l'Empire, au contraire, tout semblait mort auprès du Palatin. On fuyait le Sénat, parce qu'on y redoutait le contact venimeux des délateurs et la présence du despote, qui glaçait tout de terreur autour de lui. Heureusement, la Rome impériale gardait encore quelques étincelles de son ancien courage militaire.

 

2° LES MILICES ÉQUESTRES. - LES CHEVALIERS À ROME DANS LES PRÉFECTURES.

Il y avait à Rome un autre noviciat de la vie politique analogue au vigintivirat : c'était celui qu'on appela sous l'empire les milices équestres[20]. Nous avons vu[21] que, dès le temps de la dernière guerre punique, les tribuns militaires portaient l'anneau d'or et occupaient une magistrature qui leur donnait la dignité et leur imposait les devoirs des sénateurs[22]. Au temps de César, les tribuns des cohortes[23] et les préfets des ailes de cavalerie étaient déjà assimilés aux tribuns des légions[24]. C'étaient les chevaliers illustres et de rang sénatorial, portant l'anneau d'or et le laticlave. Leur service s'appelait, dès le temps du consulat de Cinna, 87 av. J.-C., splendida militia[25]. Les officiers de ces trois grades avaient le rang tribunitien[26]. Bien plus tard, un chef grec, qui avait occupé dans les troupes romaines deux grades de préfet et un de tribun, est dit avoir parcouru trois tribunats[27].

Au-dessous de ces trois grades de la milice brillante, César admit au rang équestre[28] les centurions primipilaires, qu'il décora de l'anneau d'or et qu'il fit asseoir à côté d'Ovide et de la vieille aristocratie équestre sur les quatorze bancs du théâtre réservés aux chevaliers[29]. Ce qu'on a appelé milices équestres au temps de l'empire existait donc déjà avant le règne d'Augusta. Il n'y manquait que le nom.

Voici pourquoi le nom n'existait pas encore : jusqu'au temps d'Auguste, les trois grades supérieurs étaient occupés, comme les magistratures vigintivirales, par des Laticlavii. L'analogie de ces deux noviciats était si grande, que, pendant tout l'empire, on passait sans peine de l'un à l'autre et l'on arrivait par l'une et l'autre voie aux mêmes dignités, à la questure et au tribunat de la plèbe[30]. Or, si Auguste avait été obligé de rassurer les candidats aux magistratures vigintivirales contre la perspective effrayante d'arriver malgré eux au Sénat, il avait dû en faire autant pour les jeunes officiers qui étaient préfets ou tribuns dans les armées. Voilà pourquoi on trouve, au premier siècle J.-C., des tribuns légionnaires qualifiés d'angusticlavii[31]. Ce sont ceux qui sont entrés dans les grades supérieurs de l'armée, en réservant, comme l'avaient fait à %mile les tribuns de la monnaie et les tribuns de la plèbe, leur droit de ne pas être inscrits au Sénat et de rester chevaliers. Aussi, à cette époque, le service militaire, dans ces grades, portait le nom de militiæ equestres, nom rassurant pour ceux qui avaient peur du laticlave et évitaient, comme la mort, toute carrière conduisant au Sénat. Cette dénomination n'était pas encore créée au commencement du règne d'Auguste, parce qu'alors les grades militaires de préfets et de tribuns étaient encore pour la plupart réservés à des Laticlavii.

Pour accoutumer plus vite les fils des sénateurs aux affaires, dit Suétone[32], Auguste leur permit de prendre le laticlave en même temps que la robe virile, et à ceux qui faisaient leurs premières armes, il donna des grades non-seulement de tribuns des légions, mais même de préfets des ailes de cavalerie ; pour que tous eussent l'expérience des camps, le plus souvent il mit à la tête de chaque aile de cavalerie deux jeunes gens portant le laticlave. C'est dans l'historien Velleius que l'on trouve pour la première fois l'expression de militia equestris[33]. Velleius, né vers l'an 18 av. J.-C., d'une grande famille équestre d'Æclana, au pays des Hirpins, et dont l'aïeul avait été mis par Pompée au nombre des 360 juges-chevaliers de l'an 52 av. J.-C.[34], fut nommé tribun des soldats à 18 ans. Il accompagna en Orient C. Cæsar, petit-fils d'Auguste. Nommé préfet d'une aile de cavalerie en l'an 4 ap. J.-C., il suivit Tibère dans son expédition de Germanie[35]. Deux ans après, ayant terminé la milice équestre, à l'âge de 24 ans, il fut désigné pour la questure. Sans être encore membre du Sénat, il fut mis sur le rang des sénateurs. Puis il fut désigné pour le tribunat de la plèbe et conduisit à Tibère une partie de l'armée qui fit la guerre de Pannonie[36]. Velleius portait le laticlave et aspirait aux fonctions sénatoriales. Pour beaucoup de jeunes chevaliers de maison illustre, qui furent faits prisonniers en Germanie, au milieu du désastre de Varus, en l'an 9 ap. J.-C., le service des milices équestres était aussi un stage pour arriver au Sénat[37].

Ainsi, le courage politique se conservait encore chez ceux qui avaient le courage militaire. Mais, après le règne de l'ibère et de Caligula, la première de ces vertus, qui est la plus difficile et la plus rare, s'effaça même du cœur des soldats. Claude avait organisé les milices équestres, de façon à donner d'abord le grade de préfet ou de tribun d'une cohorte, puis celui de préfet d'une aile de cavalerie, enfin celui de tribun légionnaire. Mais il fit à la lâcheté ou à la mollesse des fils des grandes familles une concession bien ridicule[38]. Il créa une milice équestre imaginaire ou surnuméraire, dont les chevaliers étaient inscrits sur les cadres d'une cohorte et d'un escadron et jouissaient de tous les avantages attachés au service réel, sans jamais être présents à leurs corps. Depuis son règne, on trouve dans les inscriptions le titre bizarre de chevalier imaginaire[39]. La bravoure s'en va donc, et les chevaliers qui en ont assez pour affronter l'ennemi en rase campagne n'osent plus affronter dans le Sénat la présence de l'empereur. Ils deviennent tribuns angusticlaves, comme le père de Suétone, ou, après avoir terminé le service des milices équestres, ils se tournent vers les emplois de la finance. Ils deviennent procurateurs pour échapper aux honneurs politiques[40], et rester simples chevaliers[41]. Nous verrons, dans le chapitre suivant, que les avantages matériels assurés par les fonctions des procurateurs devaient contribuer à dégoûter la plupart des chevaliers du métier des armes.

Il ne reste plus à examiner qu'une question relative à l'histoire des milices équestres. Au temps de Claude, ces milices ne comprenaient encore que trois grades : ceux de préfet de cohorte, de préfet d'aile de cavalerie et de tribun légionnaire. Pourtant, dans certaines inscriptions expliquées par M. Léon Renier, il est question de quatre milices[42]. La quatrième ne peut être que le service des centurions de primipile. Nous voyons, en effet, qu'au temps de Domitien, la qualité de chevalier était un des privilèges attachés au service des primipilaires[43]. Lorsque Trajan récompense les centurions de ce grade, qui l'ont bien servi dans la guerre des Daces, il les fait entrer dans l'ordre équestre[44]. Mais en cela Trajan ne faisait que suivre un usage établi cent soixante ans auparavant par Jules César. Les centurions de primipile, qui, depuis les derniers temps de la République, recevaient l'anneau d'or, le titre de chevalier et le droit de s'asseoir aux quatorze rangs réservés du théâtre, n'ont pourtant jamais figuré dans le brillant état-major qu'on appelait milices équestres. Ce n'était qu'en sortant du service ou en montant en grade que les centurions de primipile devenaient chevaliers romains. Au contraire, les tribuns des légions, les préfets des ailes et des cohortes étaient chevaliers pendant leur service même[45].

L'explication qu'a donnée M. Léon Renier des inscriptions où il est question des quatre milices, n'en est pas moins fort exacte, puisque ces quatre milices ne peuvent être que les trois anciennes milices équestres, auxquelles on avait adjoint celle des centurions de primipile. Sans rien retrancher de l'opinion d'un critique si compétent, nous essaierons seulement d'y ajouter quelque chose. Les quatre milices dans les inscriptions ne sont pas qualifiées d'équestres, bien qu'elles comprennent certainement les trois milices, qui autrefois avaient porté ce titre. Voici quelle en est la raison :

Au temps dé l'empereur Adrien, l'ordre équestre subit une révolution complète. Les chevaliers qui jusque là devaient leur titre à leur fortune seule, et que M. Marquardt a appelés equites censu[46], et nous, chevaliers equo privato, ne furent plus officiellement reconnus comme faisant partie de l'ordre équestre. Ces chevaliers avaient formé la première classe du cens. Or le système de la classification par le cens fut profondément modifié, parce que l'accroissement énorme des fortunes avait rendu le cens de 400.000 sesterces insignifiant, et ouvert la chevalerie romaine à une foule d'indignes. Désormais, comme nous le prouvent une sentence d'Adrien[47], et deux sentences de Gaïus et d'Ulpien[48], pour être reconnu officiellement chevalier, il fallait bien posséder 400.000 sesterces, mais cela ne suffisait plus. Il fallait encore demander et obtenir de l'empereur le titre de chevalier equo publico ou d'equus publicus, et entrer dans un des six escadrons (turmæ), qui devinrent alors véritablement les six cohortes de la légion d'honneur de l'empire romain.

Après Adrien, on trouve bien encore des chevaliers qui sont qualifiés chevaliers de naissance[49] ou viri egregii ou equestris memoriæ viri[50]. Mais ces qualifications ne sont plus que des souvenirs de la fierté des anciennes familles équestres. Elles ne sont plus admises et n'ont plus de valeur dans la vie publique. Or les quatre milices étaient une institution publique ou une classification officiellement reconnue. Le titre de chevalier n'étant plus attaché ni à un cens ni à un grade déterminé, mais à un brevet impérial, il en résultait que ces quatre milices ne s'appelaient pas équestres, bien qu'elles fussent réellement une tradition, et un reste de l'ancien ordre équestre qui n'existait plus.

Les mêmes raisons nous empêchent d'accepter une hypothèse de M. Mommsen sur l'explication qu'il faut donner de l'inscription de la schola des optiones de la troisième légion Augusta[51]. Selon nous, elle a été complètement expliquée par M. Renier[52]. Dans cette inscription, il est parlé de gratifications appelées anularia, dont l'une, de 8.000 sesterces, accordée à un membre du collège des optiones, qui fait un voyage dans l'intérêt commun ; les autres, de 6.000 sesterces, aux vétérans du collège qui prennent leur retraite. M. Mommsen, dans une lettre citée par M. Renier, rappelle que, dès le premier siècle, le primipilat donnait à l'officier, qui en était revêtu, le cens et l'anneau de chevalier. On peut donc supposer, ajoute M. Mommsen, qu'à l'époque où cette inscription a été gravée, cette récompense se donnait déjà à tous les centurions, et même aux optiones, avec le congé, et l'anularium serait le cadeau ou les étrennes données par le collège à l'occasion de cette solennité.

Cette hypothèse nous parait inadmissible. L'inscription est de l'époque de Caracalla et de Geta, 211-212 ap. J.-C. Or, sous leur règne, l'anneau d'or n'était plus la marque distinctive de l'ordre équestre. Il était porté par tous les hommes libres et même par les affranchis. D'ailleurs, la qualité de chevalier, n'étant plus attachée, depuis le temps d'Adrien, à un grade quelconque, ne l'était pas au grade subalterne des lieutenants des centurions. Enfin de maigres gratifications de six à huit mille sesterces, ne ressemblent en rien aux dons de 100.000, 200.000, 300.000 sesterces, que l'on faisait dans les siècles précédents aux centurions, pour compléter leur cens équestre. Nous nous rangeons donc à l'avis de M. Léon Renier, qui ne voit dans ces anularia que des cadeaux accordés, pour frais de voyage, par la caisse du collège des optiones, à ceux des membres du collège qui vont partir.

Les milices équestres n'avaient pas été le seul emploi réservé par les empereurs à l'activité militaire des chevaliers. Les différentes préfectures de Rome, celle du prétoire, celle des veilleurs, celle de l'annone, n'étaient régulièrement données qu'à des chevaliers[53]. On trouve un préfet des veilleurs, qui devient par avancement d'abord préfet de l'annone, puis préfet de l'Egypte[54]. La jalousie impériale avait écarté avec soin, depuis le règne d'Auguste, les sénateurs et les chevaliers illustres, des préfectures qui s'exerçaient à Rome ou en Egypte[55]. La préfecture d'Egypte était la plus importante de toutes. Elle était le couronnement de la carrière à la fois administrative, judiciaire et militaire, que les préfets des veilleurs, de l'annone, et des prétoriens, parcouraient à Rome sous les yeux de l'empereur. Cette vice-royauté[56] était aussi le but secret de l'ambition des chevaliers, qui devenaient procurateurs.

 

3° CHEVALIERS PUBLICAINS ET PROCCRATEUBS APRÈS LA DICTATURE DE CÉSAR.

Les publicains avaient été les financiers de la République. Les procurateurs furent ceux de l'Empire. Les uns et les autres sortaient presque tous de la même classe, de celle des chevaliers romains. Mais les publicains avaient formé des sociétés indépendantes, qui, souvent, avaient fait la loi au gouvernement de la République. Les procurateurs administraient sous l'œil du maître, qui les nommait et les révoquait à son gré. Le despotisme qui écrasait les Romains, soulageait leurs sujets. Les provinces retrouvaient dans la servitude de leurs dominateurs quelques-unes des garanties de la liberté. Il ne faut pas s'étonner que les procurateurs de l'ordre équestre aient été assimilés aux affranchis de l'empereur. Non-seulement ces affranchis arrivaient sans peine à posséder le cens de 400.000 sesterces, et beaucoup plus ; mais les chevaliers qui administraient les revenus du fisc, c'est-à-dire de la cassette de l'empereur, remplissaient la même tâche que ses affranchis. Comme eux, ils étaient les agents du gouvernement personnel de l'empereur, les intendants de sa maison. Ils contribuaient autant qu'eux à imprimer à l'administration du Palatin le caractère de la domesticité.

Ainsi la chose publique allait devenir la propriété du prince, et de ce principe nouveau, sortirent la plus grande partie des changements que subirent, pendant plusieurs siècles, la société romaine et le gouvernement de Rome.

Dion Cassius nous a décrit la distinction établie Par Auguste entre les provinces du prince et les provinces du Sénat et du peuple ; celles-ci gouvernées par des proconsuls, assistés des questeurs, celles du prince, par des propréteurs, dont les procurateurs géraient la caisse militaire[57]. L'historien du troisième siècle ap. J.-C. a peut-être trop précisé cette théorie administrative qui, au temps d'Auguste, n'était encore ni si complète ni si exactement appliquée. Mais il reconnaît lui-même que cette savante organisation cachait les deux ressorts du despotisme impérial : le commandement des armées et la gestion des finances, laissés aux agents de l'empereur. Dès le temps d'Auguste, les chevaliers procurateurs payaient la solde aux trois légions de la Lusitanie et de la Tarraconaise[58]. Plus tard, ils furent chargés, non-seulement de faire les paiements, mais de faire les recettes des revenus qui remplissaient le fisc, le trésor personnel du prince. Enfin la fiscalité des procurateurs pénétra jusque dans lés provinces du Sénat, où ils ne laissèrent plus aux questeurs des proconsuls que l'administration d'une partie des impôts. L'empereur, selon Dion, envoie également ses procurateurs dans les provinces qui sont à lui et dans celles du Sénat. Les uns d'entre eux sont chevaliers, les autres affranchis. Les procurateurs deviennent donc des trésoriers nommés directement par l'empereur, et ayant des appointements fixes de 100.000, 200.000, 300.000, 400.000 sesterces[59], selon l'importance de leur recette. C'est le système de la régie substitué à celui de la ferme dans l'administration financière. Ce qui rendait cette substitution possible et utile, c'était le cadastre de l'empire, rédigé, sur l'ordre d'Auguste, par des géomètres Grecs. Il contenait une description géographique des pays et une classification des propriétés[60].

César avait déjà songé à un essai de ce genre, mais prématurément. Après la bataille de Pharsale, pour mettre fin aux exactions des publicains en Asie, il avait chassé leurs compagnies et essayé de substituer des contributions fixes en argent, à ces contributions en nature qui donnaient lieu à tant de vexations[61]. Mais les publicains avaient reparu, et malgré le cadastre d'Auguste, ils se maintinrent encore, pendant un siècle, dans l'exploitation de plusieurs branches de l'impôt. Ils sont mentionnés dans l'histoire des règnes de Tibère[62], de Néron[63], de Vespasien[64] et de Domitien[65]. Enfin, Pline le Jeune, dans ses lettres et dans le panégyrique de Trajan[66], parle encore des publicains qui ont la ferme de l'impôt du vingtième sur les héritages. Mais, comme le remarque M. Marquardt[67], à partir du règne d'Adrien, il n'est plus question de sociétés de publicains. La recette de l'impôt des dîmes et des pâtures est transmise à des frumentarii, pecuarii, suarii, placés sous l'autorité de nouveaux receveurs impériaux. La régie remplace la ferme.

Il y avait bien encore des sociétés pour la levée de certains impôts. Mais elles n'étaient plus formées de publicains ni de chevaliers romains. En voici la cause : depuis le règne d'Adrien, le titre de chevalier n'appartient plus aux citoyens d'une certaine catégorie du cens, mais seulement aux membres d'une légion d'honneur, décorés par l'empereur de l'equus publicus. Il n'y avait aucune raison pour que ces décorés qui, pour la plupart, étaient des militaires appartenant à des légions et à des provinces très-éloignées les unes des autres, formassent entre eux des association, ; financières. L'histoire des compagnies pour la levée des impôts, à partir du règne d'Adrien, n'appartient plus à l'histoire de l'ordre équestre.

Les procurateurs avaient accru leur puissance d'une grande partie des attributions des anciens publicains. Pourtant, jusqu'à la fin du règne de Tibère, le principe de la séparation des pouvoirs financier et militaire, semble avoir été maintenu. Les chevaliers procurateurs n'avaient point en général dans les provinces le droit du glaive. Tibère, en l'an 23 ap. J.-C., fit condamner à l'exil par le Sénat, sur les plaintes des Asiatiques, le procurateur d'Asie, Lucilius Capito, qui avait requis la force militaire, pour se faire obéir des hommes libres de sa province. Tibère rappela que c'était là une usurpation du droit des préteurs, et que le pouvoir judiciaire de son procurateur ne s'étendait qu'aux esclaves et aux recettes de sa maison[68]. Pourtant, dès le règne d'Auguste, le préfet d'Egypte, qui était un chevalier, avait le droit souverain de glaive et de justice, comme les préteurs romains[69]. Le préfet des veilleurs de Rome, chargé de la police de la ville, avait sans doute déjà, au temps d'Auguste, cette juridiction sur les vagabonds, les voleurs, les incendiaires, qu'il exerça plus tard[70]. C'était aussi un chevalier, et, de cet office de la justice prévôtale, il passait quelquefois, comme procurateur, à l'administration financière d'une province[71]. Il n'est donc pas étonnant, que ce magistrat portât dans cette charge nouvelle, les habitudes prises dans l'exercice de l'ancienne et que le pouvoir fermât les yeux sur des empiétements, qui n'avaient pour lui rien de redoutable. Aussi Tacite signale l'invasion de la juridiction prétorienne par les procurateurs, à Rome comme dans les provinces.

Mais ce fut Claude qui fit faire le plus grand pas au pouvoir de ses affranchis, nommés à Rome procurateurs du fisc. Dominé par une camarilla[72], il ordonna que les sentences de ses affranchis fussent respectées comme les siennes[73]. Il leur livra ainsi la justice extraordinaire et personnelle que l'empereur se plaisait à substituer à l'action des tribunaux. Ces causes de péculat, ces accusations de repetundis, pour lesquelles les partis républicains s'étaient livré tant de batailles, étaient maintenant décidées à huis clos par le comptable Pallas, successeur de l'affranchi Ménandre[74]. Les armées et les provinces se ressentirent de la faveur nouvelle des affranchis. L'affranchi Félix fut nommé tribun de cohorte, et préfet d'aile de cavalerie, c'est-à-dire introduit dans les milices équestres[75], et, au sortir de ces commandements militaires, il fut chargé de gouverner la Judée, où Claude envoyait indifféremment des procurateurs chevaliers ou des procurateurs affranchis[76]. La Judée ne fut pas la seule province soumise à l'autorité judiciaire et politique des procurateurs. Claude, ayant séparé la Mauritanie en deux provinces, celle de Tingis et celle de Césarée (Maroc et Algérie), y envoya deux gouverneurs chevaliers romains[77]. Tacite compte, à la mort de Néron, entr'autres provinces gouvernées par des procurateurs, les deux Mauritanies, la Rhétie, le Norique, la Thrace[78]. Bientôt les Alpes maritimes[79], la Cappadoce[80], obéirent à la juridiction pacifique des procurateurs.

Si telles étaient les conséquences de la faiblesse de Claude pour ses affranchis, c'est que depuis longtemps les distinctions des rangs n'étaient plus observées. En vain Auguste, pour conserver au peuple romain, déjà composé de près de 5 millions de citoyens, le privilège de commander, avait conseillé à Tibère de ne pas laisser se multiplier les affranchissements et les concessions nouvelles du droit de cité[81]. N'était-ce pas sous son règne qu'un grossier et cruel parvenu, Védius Pollion, qui faisait jeter ses esclaves à ses murènes, s'était fait inscrire, quoique affranchi, dans la classe des chevaliers romains[82] ? Galba, qui se piquait de sévérité, contribua comme Claude à cette confusion des rangs. Il était avare du droit de cité. Pourtant il donnait à l'affranchi Icélus l'anneau d'or et l'espérance d'arriver aux privilèges de l'ordre équestre, et à un affranchi grec de Néron, Halotos, une des plus belles charges de procurateur[83]. Pendant qu'il élevait ainsi les affranchis, il rabaissait maladroitement les chevaliers. Il avait tiré de leur ordre un corps de jeunes gens, qui durent, comme de simples soldats, et sous le nom d'evocati, qu'on donnait à certains vétérans, monter la garde autour de la chambre impériale[84].

Cette société, où les grands évitaient les honneurs que des hommes méprisables envahissaient, était troublée comme un fleuve, dont les tourbillons font monter le fond à la surface. Les empereurs voulaient arrêter le désordre, et ils en étaient la cause. Ils commettaient une double inconséquence. Ils voulaient gouverner l'empire par d'autres principes que leur maison, et ils soumettaient l'empire à leur domesticité. Aussi la dignité du caractère, ne se trouvant plus du même côté que la force, et le pouvoir réel étant souvent en raison inverse de la grandeur du titre, tout équilibre manquait entre les classes de la société, et rien ne s'y trouvait à sa place. Dès le temps de César, de simples chevaliers, Oppius et Balbus[85], hommes d'affaires du dictateur, avaient exercé obscurément la toute-puissance, tandis que les consuls et les préteurs n'avaient plus que le costume de leurs charges. Mécène, Salluste, Matius, sous Auguste, Flaccus Vescularius et Séjan, sous Tibère, avaient dû leur puissance à leur familiarité avec l'empereur, et non à leurs dignités. Ils s'enfermaient volontairement dans les rangs des chevaliers[86]. Caligula espérait que des provinciaux seraient plus sensibles aux attraits du laticlave. Il appela des provinces de riches chevaliers, auxquels il donna le droit de porter cet ornement avant d'entrer au Sénat[87]. Sénèque et son frère Mella, d'origine espagnole, obtinrent, sans doute sous Claude, cette même dignité sénatoriale. Mais Mella évita de briguer les honneurs, resta chevalier, et crut que la route la plus courte, pour arriver à la fois à la considération et à la fortuné, était de se faire procurateur[88]. C'était le temps où Claude accordait à des procurateurs de troisième classe, à des ducénaires, les ornements du consulat[89]. Cornélius Fuscus renonçait au laticlave, pour une charge de procurateur[90]. Néron ne pardonna pas à Niella d'avoir eu pour fils Lucain, et le chevalier espagnol dut s'ouvrir les veines. Mais tout fait supposer que, si ce malheur n'eût interrompu sa carrière, l'avenir eût justifié le choix qu'il avait fait.

Ceux mêmes qui avaient parcouru les trois grades des milices équestres, au lieu de viser aux commandements supérieurs de l'armée ou aux honneurs politiques, se détournaient, comme Pline l'ancien, vers la carrière des procurateurs[91]. Une inscription nous a conservé l'histoire d'un de ces tribuns portant l'angusticlave qui, sorti des milices équestres, parvint, au temps de Vespasien et de ses fils, à la préfecture d'Égypte, à cette vice-royauté si désirée de tous les chevaliers. C. Minicius Italis fut successivement préfet de trois cohortes de cavaliers auxiliaires, préfet de la première aile des cavaliers appelés singulares, tribun militaire de la sixième légion, procurateur de la province de l'Hellespont, procurateur de la province d'Asie par ordre du prince, à la place du proconsul qui venait de mourir, procurateur des provinces de Lyonnaise, d'Aquitaine et de Lectoure, préfet de l'an none, enfin préfet d'Égypte[92].

Que l'on compare cette carrière si brillante et si sûre à celle du général Corbulon, récompensé de ses victoires par l'ordre de mourir, à celle d'Agricola, entrant de nuit à Rome, de peur qu'une ovation populaire ne l'expose à la jalousie meurtrière de Domitien, et l'on comprendra pourquoi les grands talents durent, à la longue, s'écarter tous des commandements militaires. Comparons maintenant la situation d'un sénateur, obligé de se ruiner pour donner dés jeux au peuple, de demander à un maître ombrageux la réparation de sa fortune et de s'humilier chaque jour devant lui pour mériter ses aumônes, à celle d'un procurateur, toujours soutenu par l'empereur à qui il envoie de l'argent, et recevant un traitement annuel de 2 ou 300.000 sesterces (43.000 ou 64.500 francs) ; ce contraste ne montre-t-il pas que le gouvernement romain semblait prendre à tâche de décourager les plus nobles efforts, pour ne récompenser que l'habileté subalterne. Les procurateurs devenaient riches ; les soldats, pauvres, étaient méprisés. Les hommes de mérite fuyaient le service militaire. Les Romains, devenus lâches, se mirent à dédaigner leurs défenseurs. Ils ne recrutèrent plus les légions que parmi des misérables ou parmi des Barbares. Voilà pourquoi, après la paix trompeuse du siècle des Antonins, Rome tout d'un coup voit son empire livré à la barbarie gothique. Elle eût échappé à cette ruine, si elle eût su conserver chez elle les vertus politiques et militaires, si elle eût gardé pour ceux qui affrontaient les dangers de la guerre et du gouvernement quelques-unes des récompenses dont les Césars comblaient leurs procurateurs.

 

 

 



[1] V., vol. 1er, Introduction. Festus, s. v. senatores.

[2] Naudet, De la noblesse chez les Romains, Paris, 1863, p. 84.

[3] V. plus haut : lois judiciaires, loi Servilia, § 6 ; cf. Cicéron, pro Cluentio, 56.

[4] Sénèque, ép. 98.

[5] Cicéron, pro Cluentio, 54-56.

[6] Tacite, Annales, II, 32.

[7] Suétone, César, 76 et 80.

[8] Dion Cassius, XLIII, 46-48 ; LII, 20 et 25.

[9] Suétone, César, 78-79.

[10] Dion Cassius, XLIX, 16.

[11] Velleius, II, 88.

[12] Ovide, Tristes, liv. VI, eleg. 10. Les vigintivirs étaient les triumvirs de la monnaie, les triumvirs capitaux, les quatuorviris de la voirie urbaine, et les décemvirs judiciaires, Naudet, De la noblesse chez les Romains, p. 84.

[13] Horace, liv. I, sat. 6, v. 24, etc.

[14] Tacite, Annales, III, 29. Tibère demande que Drusus soit admis à briguer la questure sans passer par le vigintivirat.

[15] Ovide, Tristes, liv. VI, eleg. 10. Fastes, IV, v. 377, etc.

[16] Dion Cassius, LIV, 26.

[17] Suétone, Octave, 40.

[18] Suétone, Vespasien, 1.

[19] Suétone, Claude, 24. Sur cette apathie universelle, v. Duruy, Hist. des Romains, t. III, p. 386-387, Paris, 1871.

[20] Naudet, De la noblesse et des récompenses d'honneur chez les Romains, p. 84-86. Léon Renier, Mélanges épigraphiques, Paris, 1854, p. 238-240.

[21] V. plus haut, les Chevaliers romains au théâtre. Loi Roscia.

[22] Lex Servilia, § 6. Appien, G. puniques, VIII, 104.

[23] César, G. civ., II, 20. Ces tribuns des cohortes avaient pour collègues les préfets des cohortes auxiliaires. Ceux qui commandaient des Romains s'appelaient toujours tribuns. Pline, liv. III, epist 9, n° 18.

[24] César, G. des Gaules, III, 1 et 10, appelle chevaliers romains des préfets et des tribuns des soldats.

[25] Val. Maxime, IV, ch. 1, n° 5.

[26] César, G. civ., I, 77.

[27] Bœckh, Corpus Insc., Græc., n° 3484.

[28] Un bruit populaire lui imputait la folie d'avoir promis à tous ses soldats l'anneau d'or, avec le cens de 100.000 sesterces, au moment du passage du Rubicon. Suétone (vie de César, 33) explique l'origine de ce bruit absurde.

[29] V. plus haut Lois Roscia et Julia Theatralis.

[30] Orelli, Inscr., t. Ier, p. 414, n° 2379.

[31] Suétone, Vie d'Othon, ch. 10.

[32] Suétone, vie d'Octave, 38.

[33] Velleius, II, 111.

[34] Velleius, II, 76.

[35] Velleius, II, 101 et 104.

[36] Velleius, II, ch. 111. Cf. Josèphe, Ant. Jud., 19, 1, 1.

[37] Sénèque, ep. 17.

[38] Suétone, Claude, 25.

[39] Muratori, Insc., 870, 5.

[40] Pline, VII, epist. 25.

[41] Tacite, Agricola, 4.

[42] Léon Renier, Mélanges épigraphiques, p. 222-221. L'inscription 514, 1 de Muratori, 404, 3 de Gruter, n° 3178 d'Orelli. L. Massio Æmiliano Laurenti Lavinatium IIII mil. V. E. est expliquée ainsi : a quatuor milita viro egregio. On lit de même dans l'inscription de Lambessa, copiée par M. Renier : Valerianus a IIII millitis V. E. Les inscriptions romaines d'Algérie, 3680 et 2950 mentionnent aussi des chevaliers romains qualifiés de viri egregii.

[43] Martial, épig. VI, 58.

[44] Orelli, t. Ier, inscr. n° 3048. Cf. Ibid., inscr. 3049.

[45] Dion Cassius, LII, 33, parle de centurions chevaliers du temps d'Octave. Ce ne peuvent être que les primipilaires sortant du service.

[46] Marquardt, Hist. eq. romanorum, III, 2.

[47] Dosithée, Hadriani sententiœ, 6.

[48] Gaïus, Digeste, 24, 1, De donatione inter virum et uxorem, § 24. Cf. Ulpien, 7, 1.

[49] Orelli, inscr. : n° 3047. M. Valerio M. F. Pal. Amerimniano.......... natus eques romanus.

[50] Cette explication des sigles eq. mem. vir. est encore due à M. Léon Renier, Mélanges épigraphiques, n° 14. Inscriptions algériennes, monument d'Oum-el-Bouagh. De même eq. M. p. signifie equestris memoriæ puellæ et eq. M. F., equestris enioriœ feminæ. Ibid.

[51] La découverte en fut faite en 1811, par le commandant Delamare, près de Batna.

[52] Archives des missions scientifiques, mai 1851, Xe cahier. Cf. Mélanges épigraphiques de M. Renier, p. 238-210.

[53] Dion Cassius, LII, 24 ; LV, 10. Suétone, vie de Titus, 4 et 6. Lampride, vies de Commode, 4, et de Pertinax, 2. Tacite, Annales, IV, 10.

[54] Inscr. de Kellermann, p. 27, n° 6, citée par M. Marquardt, Hist. eq. romanorum, III, ch. 4, n° 3, p. 82, note 55.

C. Sextio T. Africano

Præf. Vigilant

Præf. annonæ

Præf. Ægypti.

[55] Il était même défendu aux sénateurs et aux chevaliers illustres, de mettre le pied en Egypte sans une permission de l'empereur. Tacite, Annales, II, 59. V. Duruy, Hist. des Romains, t. III, Paris, 1811, p. 58-59 et 249.

[56] Tacite, Histoires, I, 11.

[57] Dion Cassius, LIII, 15.

[58] Strabon, Hispania, III, 4, fin. La distinction des fonctions des proconsuls et des propréteurs n'est pas encore bien arrêtée au temps de Strabon. On envoie un prêteur en Bétique, province du sénat, un consulaire eu Tarraconaise, province du prince.

[59] Dion Cassius, LIII, 15. Cf. LII, 25. Suétone, Vie de Claude, 24. Forcellini, éd. de Leipzig, 1839, cite l'inscription suivante. s. v. Ducenarius.

Sex. Vario Marcello procuratori aquarum c (centenano)

Procuratori provinciæ Britanniæ cc (ducenario)

Procuratori rationis privatæ ccc (trecenario).

[60] Duruy, Hist. des Romains, t. III, Paris, Hachette, 1871.

[61] Dion Cassius, XLII, 6, trad. Gros et Boissée, t. V, p. 19.

[62] Tacite, Annales, IV, 6.

[63] Tacite, Annales, XIII, 50. Sénèque, épist. 101, 119, 120.

[64] Suétone, Vespasien, I.

[65] Dion Cassius, LXVII, 13.

[66] Pline, liv. VII, ép. 14, Panégyrique, 37 et 39.

[67] Marquardt, Hist. eq. Romanorum, IV, 2, p. 93.

[68] Tacite, Annales, IV, 15. Il s'agit sans doute là de la maison impériale. Le procurateur n'est pas un pouvoir public, c'est un pouvoir domestique. Cf. Dion Cassius, LVII, 23.

[69] Tacite, Annales, XII, 60. Cf. II, 59.

[70] Paul, Digeste, I, 15, 3, de off. præf. vigilum.

[71] Dion Cassius, LX, 23, et LXI, 6.

[72] Suétone, Claude, 25 f.

[73] Tacite, Annales, XII, 60. Suétone, Claude.

[74] Suétone, Claude, 28. Cf. Sénèque, de morte Cl. Cæsaris. fin.

[75] Suétone, Claude, I, 28.

[76] Tacite, Histoires, V, 9.

[77] Dion Cassius, LX, 9. Pline, H. N., V, 1, attribue cette division à Caligula.

[78] Tacite, Histoires, I, 11.

[79] Orelli, Inscr. n° 3331.

[80] Suétone, Vespasien, 8.

[81] Dion Cassius, LVI, 33.

[82] Dion Cassius, LIV, 23.

[83] Suétone, vie de Galba, 14.

[84] Suétone, Galba, 10.

[85] Tacite, Annales, XII, 60. Dion, LV, 7. Velleius, II, 88. Properce, IV, 9 et 23. Annales, II, 28.

[86] Dion Cassius, LIX, 9.

[87] Tacite, Annales, XVI, 53. Sénèque dit de lui-même : ego equestri et provinciali loco ortas.

[88] Tacite, Annales, XVI, 17.

[89] Suétone, Claude, 24.

[90] Tacite, Histoires, II, 86.

[91] Suétone, vie de Pline.

[92] Orelli, Inscr., n° 3651.