DISSERTATION SUR L’INCERTITUDE DES CINQ PREMIERS SIÈCLES DE L’HISTOIRE ROMAINE

SECONDE PARTIE. — Dans laquelle on prouve l’incertitude des principaux événements de cette histoire.

CHAPITRE VI. — DIFFICULTÉS SUR LE NOMBRE DES TRIBUS ET SUR L’ÂGE DES TARQUINS.

 

 

L’établissement des tribus n’est pas le point le moins obscur de l’histoire romaine. Je ne veux cependant pas y insister autant que je le pourrais. Quelques citations suffiront pour faire sentir les contrariétés qui se trouvent là-dessus dans les auteurs anciens, et pour se convaincre qu’on ne peut y asseoir un jugement bien certain. Il suffit, quant à cette matière, de jeter les yeux sur les ouvrages de quelques modernes pour se convaincre qu’en entreprenant de concilier les anciens, ils n’ont fait que s’engager dans des labyrinthes de difficultés dont ils ont de la peine à se tirer.

Les auteurs conviennent assez généralement que ce fut Romulus qui établit trois tribus, et croient même que c’est de ce nombre qu’elles ont emprunté leur nom ; mais ils ne sont pas d’accord sur le temps de leur établissement. Selon Denys d’Halicarnasse[1], ce fut dès le commencement de son règne et avant l’enlèvement des Sabines. Cependant Varron[2], Plutarque[3] et Tite-Live[4] conviennent que deux do ces trois premières tribus empruntèrent leurs noms de Romulus et de Tatius, l’une étant nommée Ramnenses, et l’autre Tatienses ; ce qui en devrait faire reculer l’établissement jusqu’après la paix faite entre ces deux rois. L’origine du nom de la troisième est fort obscure, et ne fait rien à mon sujet. Quand je dis que Tite-Live nomme ainsi ces tribus, j’en dis peut-être trop. Car il ne parle point du tout de tribus sous le règne de Romulus ; il parait même[5] en attribuer le premier établissement à Servius Tullius. Il désigne, à la vérité, les trois compagnies de cavalerie que Romulus forma, par les mêmes noms par lesquels Varron et Plutarque désignent les tribus établies par Romulus.

Il est sûr que Servius en augmenta le nombre ; mais c’est aussi sur ce point que les auteurs, tant anciens que modernes, ne s’accordent guère entre eux. Tite-Live ne parle que des quatre tribus de la ville ; et cependant il semble insinuer qu’il y en avait davantage, quoiqu’il ne parle pas de celles de la campagne. Car il dit que le nombre des tribus avait été doublé, parce que depuis longtemps elles étaient au nombre de trente-cinq : ce qu’il n’aurait pu dire s’il eut supposé qu’il n’y en avait eu que quatre sous Servius. Denys d’Halicarnasse dit[6] que ce roi partagea la ville en quatre tribus, au lieu qu’elle n’avait été divisée jusqu’alors qu’en trois tribus. Mais ce qu’il ajoute montre qu’on ne convenait point du tout du nombre des tribus de la campagne ; et c’est la cause apparemment du silence que Tite-Live a gardé là-dessus. Selon Fabius Pictor, le territoire de Rome avait été partagé en même temps en vingt-six autres tribus, qui, ajoutées aux quatre de la ville, formaient le nombre de trente. Denys d’Halicarnasse ajoute que, selon Caton, il y avait eu trente tribus, dès avant le règne de Servius. Mais il paraît préférer l’opinion de Vennonius, qui fixait à trente et une celles de la campagne : ce qui, avec les quatre de la ville, faisait le nombre de trente-cinq qu’elles ne passèrent pas depuis. Ce passage est fort embrouillé ; et il y a grande apparence que les fautes des copistes nous empêchent de découvrir le véritable sens de cet auteur ; du moins ne peut-on croire qu’il soit tombé dans une contradiction si manifeste : car, paraissant s’arrêter ici à l’opinion qui fait monter le nombre des tribus à trente-cinq, du temps même de Servius, on voit qu’ailleurs[7] il fixe leur nombre à vingt et une.

Pour Tite-Live, quoiqu’il n’ait fait mention, sous le règne de Servius, que des tribus de la ville, il paraît assez par ce que j’en ai dit et par un autre endroit de cet historien, qu’il en mettait le nombre en tout à dix-sept ou à dix-huit ; puisqu’il marque sous l’an de Rome 259[8] que leur nombre fut augmenté jusqu’à vingt et une. Il est vrai qu’il ne dit pas combien on en ajouta, de sorte qu’on ne peut conclure au juste le nombre qu’il en supposait auparavant. Depuis cela, il a eu assez de soin de marquer dans son Histoire toutes les fois qu’on en ajouta de nouvelles, jusqu’à ce qu’il y en eut trente-cinq, nombre qu’elles ne passèrent pas. Car, quoiqu’on en ait ajouté huit depuis[9], ce fut pour peu de temps, et elles revinrent bientôt à l’ancien nombre.

J’ai touché en passant, dans ma première partie, les fautes que divers historiens anciens avaient commises sur l’age des Tarquins. On peut dire qu’ils en ont entassé un grand nombre, et qu’ils sont tombés sur ce sujet dans des contradictions si grossières qu’elles font peu d’honneur à leur jugement. On a démontré[10] qu’il était impossible que Tarquin le Superbe fût fils de Tarquin l’Ancien, comme le disaient tous les historiens romains. L’âge de Tanaquil, femme de Tarquin l’Ancien, laquelle même, en la supposant aussi jeune qu’il est possible, devait avoir au moins soixante-quinze ans à la mort de son mari, ne permet pas de croire qu’il ait laissé des enfants en bas âge. En effet, Tarquin l’Ancien vint s’établir à Rome, pour le plus tard, la huitième année du règne d’Ancus Marcius, son prédécesseur. On ne peut pas placer plus tard son arrivée à Rome, puisque ce fut dès l’année suivante, selon Denys d’Halicarnasse, que ce roi lui confia le commandement de l’armée contre les Latins : ce qui ferait même croire, qu’il y vint beaucoup plus tôt et même dès la première année de ce règne, comme quelques historiens le prétendent ; car il n’y a guère d’apparence qu’Ancus Marcius ait confié le commandement de ses armées à un étranger, si peu de temps après son arrivée, et sans avoir eu le temps de s’être bien assuré de sa fidélité et de sa capacité.

Quoi qu’il en soit, pour suivre le calcul le plus favorable, je ne mets le temps de sa venue à Rome que la huitième année du règne d’Ancus Marcius. Il y avait alors déjà du temps qu’il avait épousé Tanaquil à Tarquinies ; et, vraisemblablement, il y avait attendu quelques années pour voir si, à la faveur de ce mariage, il pourrait entrer dans le gouvernement de cette ville, avant que de se rebuter et de se déterminer à aller chercher fortune ailleurs. On suppose donc que Tanaquil ne pouvait avoir moins de vingt ans lorsqu’elle arriva à Rome avec son mari. Le règne d’Ancus Marcius dura environ dix-sept ans, puisqu’il en régna en tout vingt-quatre. Tarquin, qui lui succéda, en régna trente-huit ; et ces dix-sept ajoutés aux vingt qu’on suppose que Tanaquil avait, quand elle vint à Rome, la feraient figée au moins de soixante-quinze ans, à la mort de son mari.

Par conséquent, il est impossible que Tarquin l’Ancien ait laissé des fils en bas age ; puisqu’en supposant que Tanaquil soit accouchée de son dernier fils à l’âge de cinquante ans, il en aurait eu vingt-cinq à la mort de son père, et son frère aîné vingt-six ou vingt-sept. De sorte qu’à la mort de Servius, il aurait dû avoir plus de soixante-dix ans, au lien que les historiens nous le représentent comme un homme à la fleur de l’âge. Ajoutez à ces soixante-dix ans vingt-cinq ans de règne, et le temps qu’il fut occupé à faire des efforts inutiles pour se rétablir, et il aura vécu jusqu’à un âge qu’il y a bien peu d’apparence qu’il ait atteint.

Voilà les difficultés dans lesquelles la plupart des historiens se sont embarrassés en faisant Tarquin le Superbe fils de Tarquin l’Ancien. Il y en a eu même qui ont été jusqu’à le faire combattre à la bataille de Régille[11], quoique alors il dût être âgé de plus de cent ans. Tite-Live les a suivis en ceci et en tout le reste, et a copié fidèlement toutes leurs fautes.

Il est surprenant que, parmi ce grand nombre d’historiens que Rome a produits pendant le sixième et le septième siècle, aucun d’eux ne se soit aperçu de la contradiction qu’il y avait de faire laisser des fils en bas fige à un vieillard plus qu’octogénaire, dont la femme en avait passé soixante et quinze ; et qu’il n’y ait eu que Lucius Pison Frugi qui ait dit que les deux enfants mineurs que Tarquin laissa sous la tutelle de Servius étaient ses petits-fils. Il y en a cependant eu qui, s’étant aperçus de la difficulté qu’il y avait à les faire fils de Tarquin et de Tanaquil, ont tâché de la lever, en supposant que Tarquin avait épousé une seconde femme, nommée Géganie, de laquelle il avait eu les deux Tarquins qu’il laissa en bas âge. Denys d’Halicarnasse réfute cela par une raison qui n’est pas tout à fait convaincante : c’est qu’en supposant cela, il faudrait aussi supposer que Tarquin l’Ancien a eu des enfants à l’âge de quatre-vingts ans chose qui, cependant, n’est pas sans exemple. Ce qui réfute beaucoup mieux ce conte, c’est que les historiens conviennent généralement que Tanaquil vivait encore à sa mort, et que ce fut principalement à son adresse que Servius fut redevable de la couronne.

C’est de Denys d’Halicarnasse que j’ai emprunté les principales raisons par lesquelles on réfute l’opinion que la plupart des historiens romains ont suivie dans la généalogie des Tarquins. Il me semble qu’on pourrait y en ajouter encore une, tirée des lois romaines, qui défendaient le mariage d’un oncle avec sa nièce. Car Servius ayant épousé, selon ces historiens, la sœur des Tarquins, leur fit épouser dans la suite les deux filles qu’il avait eues de ce mariage, qui, par conséquent, étaient leurs nièces. Cependant tous les historiens conviennent qu’avant le règne de l’empereur Claude on n’avait point vu à Rome de pareils mariages, et que ces noces avaient toujours été regardées comme incestueuses.

Denys d’Halicarnasse, en relevant ces bévues des historiens romains, a montré qu’il avait du jugement ; mais il n’a pas laissé de s’engager lui-même dans d’autres difficultés[12], en faisant Brutus fils de la tante de Tarquin le Superbe. Il n’est pas possible de le justifier là-dessus, puisqu’il tombe dans une contradiction pareille à celle qu’il vient de blâmer dans les autres historiens. Je renvoie au dictionnaire de Bayle[13] ceux qui voudraient voir les difficultés qui se rencontrent dans ce sentiment.

On peut dire en général qu’il n’y a rien de plus embrouillé que toute cette généalogie des Tarquins, et par rapport à ce que j’en ai dit jusqu’ici, et par rapport encore à Collatin, mari de Lucrèce, que Tite-Live[14], suivant apparemment en cela Fabius Pictor, a fait fils d’Egerius, neveu de Tarquin l’Ancien, quoiqu’il eût été bien plus naturel de le faire son petit-fils, comme le remarque Denys d’Halicarnasse[15].

Tite-Live et lui conviennent en ce qu’ils donnent l’un et l’autre trois fils à Tarquin le Superbe, mais ils ne sont pas d’accord sur le rang de leur naissance. Selon Denys d’Halicarnasse[16], Sextus était l’aîné. Tite-Live[17] le fait le cadet. Selon ce dernier[18], Sextus était mort longtemps avant la bataille de Régille ; car s’étant retiré à Gabies, après avoir été chassé de Rome, il y avait été massacré par les habitants de cette ville qui s’étaient vengés par là des mauvais traitements qu’ils en avaient essuyés. Denys d’Halicarnasse le fait vivre[19] jusqu’à la bataille de Régille, où il dit qu’il fut tué en combattant vaillamment.

Voilà les contradictions qui se trouvent dans cette histoire sur la généalogie et sur l’âge des Tarquins. J’ai passé là-dessus le plus légèrement qu’il m’a été possible ; et si j’ai choisi ce qu’il y avait de plus vraisemblable, ce n’est pas pour cela qu’il y ait plus de certitude. Au contraire, on en sent d’autant mieux qu’on ne marchait qu’à tâtons dans cette histoire de ces siècles reculés, et que rien n’y était attesté sur des mémoires ou sur des monuments contemporains. Si l’on veut voir de combien de différentes manières les auteurs anciens ont raconté l’aventure de LUCRÈCE, je renvoie à ce que M. Bayle en a dit dans son Dictionnaire[20], dans l’article de cette illustre Romaine, remarque (B).

 

 

 



[1] Lib. II, p. 82.

[2] De Lingua latina, lib. IV.

[3] In Romulo, p. 30, B.

[4] Lib. I, cap, XIII.

[5] Lib. I, cap. XIII.

[6] Lib. IV, p. 220.

[7] Lib. VII, p. 469.

[8] Liv., lib. II, cap. XXI.

[9] Velleius Paterculus, lib. II, cap. XX.

[10] Dion. Halicarn., lib. IV, p. 234. — Laurent Valla et Bayle, Dict., art. Tanaquil, rem. (F).

[11] Livius, lib. II, cap. XIX. — Vid. Dion. Halicarn., lib. VI, p. 349.

[12] Lib. IV, p. 264.

[13] Art. Tanaquil, rem. (G), et art. Brutus, rem. (C).

[14] Lib. I, cap. LVII.

[15] Lib. IV, p. 261.

[16] Ibid, p. 254.

[17] Lib. I, cap. LIII.

[18] Ibid., cap. ult.

[19] Liv. VI, p. 350.

[20] [Voici le passage de Bayle sur les différentes manières dont les auteurs anciens ont raconté l’aventure de Lucrèce.

Denys d’Halicarnasse et Tite-Live sont ceux qui en ont donné la plus ample description. Ils vivaient en même temps, et ils consultaient avec bien de l’exactitude les auteurs qui les avaient précédés. Cependant ils ne s’accordent que sur ces trois ou quatre points généraux : 1° que Sextus entra de nuit dans la chambre de Lucrèce ; 2° que cette dame ayant résisté aux menaces de la mort, aux prières et aux promesses, céda enfin, lorsqu’elle se vit menacée de l’infamie ; 3° qu’elle se tua le lendemain ; 4° que Brutus se servit de cette occasion pour changer le gouvernement.

Le premier de ces deux historiens donne des détails plus précis et plus étendus que l’autre ; car, par exemple, il articule que Sextus promit à Lucrèce de l’épouser, moyennant quoi elle serait reine dès le jour même dans la ville des Gabiens et puis dans Rome, après la mort de Tarquin, dont il serait infailliblement le successeur en qualité de son fils aîné. Tite-Live se contente de ces expressions générales : Stricto gladio, ad dormientem Lucretiam venit, sinistraque manu mulieris pectore oppresso : Tace, Lucretia, inquit ; Sext. Tarquinius sum, ferrum in manu est ; moriere si emiseris vorem. Cum pavida e somno mulier nullam opem, prope mortem imminentem videret, tum Tarquinium fateri amorem, orare, miscere precibus minas, versare in omnes partes muliebrem animum.

Mais, pour connaître les différences qui se trouvent entre ces deux historiens, il fau t seulement se souvenir que Tite-Live narre la chose comme on la voit dans le texte de cet article, et prendre garde aux faits suivants. Je les tire de Denys d’Halicarnasse : Sextus ayant été envoyé à Collatie par le roi Tarquin, pour des affaires qui concernaient le siégé d’Ardée, fut loger chez son parent Collatin qui était alors au camp, et trouva que l’occasion était bonne de satisfaire la passion qu’il avait conçue pour Lucrèce dans une visite précédente. L’historien ne parle pas de la dispute des jeunes princes touchant la beauté de leurs femmes, de cette dispute, dis je, qui les obligea à venir à Rome et à Collatie pour vider ce différend. Cette circonstance était néanmoins assez singulière pour mériter que Denys d’Halicarnasse la rapportât, et c’était un incident fort capable d’embellir la narration. Lucrèce, accablée de chagrin, monta en carrosse, dés que le jour fut venu et que Sextus se fut retiré. Elle prit un habit de deuil et un poignard sous sa robe, et s’en alla à Rome, le visage tout abattu et les yeux baignés de larmes, et sans rien dire à ceux qui lui demandaient la raison de sa tristesse. Dès qu’elle fut arrivée à la maison de son père, elle« jeta à ses genoux, elle pleura sans dire mot, et enfin elle le pria de faire venir ses parents et ses amis ; et dès qu’ils furent venus, elle leur conta son aventure, et pria les dieux de la retirer bientôt de ce monde et se poignarda. Valerius fut aussitôt dépêché au camp pour porter cette nouvelle à Collatin, et pour travailler avec lui à faire soulever les soldats. Il rencontra proche de Rome Collatin et Brutus qui ne savaient rien de ce qui s’était passé.

Voilà des variations un peu surprenantes, et qui prouvent que les premiers historiens, la source de Tite-Live et de Denys d’Halicarnasse, ne prirent pas toutes les mesures nécessaires pour s’instruire exactement.

Voici encore quelques variations Servius a nommé Aruns le violateur de Lucrèce ; les autres historiens le nomment Sextus et donnent à un autre fils de Tarquin le nom d’Aruns.

Le même Servius suppose que pour rider la dispute on alla premièrement chez Lucrèce à Collatie et puis à Rome. Il veut que l’esclave qui fut amené dans la chambre de Lucrèce ait été un Ethiopien. Je ne parle point d’Ovide, qui a raconté l’infortune de Lucrèce avec plusieurs circonstances dont aucun historien ne fait mention. Il s’est servi du privilège de la poésie ; il a inventé ce qu’il a cru de plus propre à orner la narration. Il y a même inséré ce que les Grecs avaient dit de Polyxène, qui eut soin de bien étendre ses habits pour empêcher qu’en tombant elle ne fit rien paraître de ce que la pudeur défend de montrer.

Nec mora, celato tigit sua pectora ferro ;

Et cadit in patrios, sanguinolenta, pedes.

Tunc quoque, jam moriens, ne non procumbat honeste

Respicit. Hœc etiam cura cadentis erat.

Mais comme il ne servait de rien aux décorations, de dire que le violateur de cette dame était le plus jeune des fils de Tarquin, il faut croire qu’en cela il suivait une tradition, et qu’ainsi les historiens s’étaient divisés sur ce point particulier : la plupart dirent que l’adultère était l’aîné des fils de ce prince ; et quelques autres le prirent pour le plus jeune.] A. Blot.