Les statues, les inscriptions et tels autres monuments publics, sont d’un très grand secours pour faire passer à la postérité la mémoire des hommes illustres, et pour perpétuer le souvenir des services qu’ils ont rendus à leur patrie. Dans ces anciens temps, on ne pensait pas qu’il y eût d’autres récompenses dignes de la vertu, que l’honneur et l’immortalité que promettaient des monuments si glorieux, surtout à Rome, où l’on considérait pour rien le prix de la chose laquelle devait tenir lieu de récompense. Elle ne servait qu’à désigner ce que l’action qui l’avait méritée avait de glorieux. Rome ayant produit tant d’exemples d’une vertu désintéressée, et prête à tout sacrifier à l’amour de la patrie, devait être remplie de pareils monuments, lorsqu’elle fut prise par les Gaulois. Mais apparemment que rien ne put les garantir des ravages que fit le feu, et qu’ils furent enveloppés dans la ruine de la ville. S’il en réchappa quelques-uns, ils furent en très petit nombre ; et la plupart de ceux qu’on montrait à Rome dans le huitième siècle n’étaient appuyés que sur des traditions fabuleuses, qui prouvaient que la perte des monuments véritables avait facilité la supposition de ceux qu’on montrait alors. Car si ces pièces n’avaient pu suffire à rétablir l’histoire, elles auraient, du moins, servi à perpétuer, d’une manière incontestable, la vérité de certains faits importants, et à faire passer sûrement à la postérité la gloire des grands hommes. Je crois donc qu’il réchappa peu de ces monuments, je crois même que l’histoire n’en pouvait pas retirer de grands avantages, par une raison qui me paraît bien forte : c’est que les statues érigées dans ces anciens temps n’avaient aucune inscription, rien qui désignât d’une manière bien nette à qui et à quelle occasion elles avaient été dressées. De sorte qu’il n’y avait que la tradition qui en conservât la mémoire ; et on sait à quelles altérations elle est sujette. On voit par Plutarque[1] et par Pline[2] qu’on ne convenait pas sur la statue de Clélie, et qu’il y avait des auteurs qui soutenaient qu’elle était de Valérie, fille du consul Publicola. Comme on n’y mettait point d’inscriptions, il était facile de s’y tromper : et même, lorsque, dans le sixième siècle, on commença à y en mettre, elles étaient si abrégées et si simples, quelles pouvaient encore convenir à diverses personnes. Cicéron nous en donne un exemple[3] dans Scipion Metellus qui prit une statue de Scipion l’Africain, le destructeur de Numance, pour celle de son bisaïeul, Scipion Nasica, distingué par un troisième surnom de Serapio. L’inscription de cette statue ne portait apparemment que P. Scipio Cens. et par conséquent pouvait convenir à tous ceux de ce nom qui avaient été censeurs. Scipion Metellus plaça cette statue parmi celles de ses ancêtres, en y ajoutant le surnom de Serapio, qu’avait porté son bisaïeul, auquel il crut qu’elle appartenait. Cela aurait été pardonnable à un étranger, mais Cicéron ne pardonne pas à Scipion Metellus d’avoir ignoré que son bisaïeul n’avait jamais été censeur, et que, par conséquent, cette statue ne pouvait pas être de lui : outré qu’il aurait pu reconnaître que cette statue, qui était dans le temple d’Ops, ressemblait par la taille, l’habillement et l’anneau, à une autre placée dans le temple de Pollux, qui était incontestablement de Scipion Émilien. Cet exemple suffit pour nous faire juger combien il était facile de tomber dans l’erreur à l’égard des statues anciennes ; et que ce qu’on en disait était peu sûr, puisqu’il n’était confirmé par aucune inscription contemporaine. J’en donnerai un autre exemple, que me fournit Tite-Live[4]. Cet historien, suivant, comme il le dit, ceux qui l’avaient précédé, rapporte à l’an 316 de Rome la victoire que les Romains remportèrent sur les Veïens, dans laquelle Cornélius Cossus tua de sa propre main leur roi Tolumnius, et consacra ses dépouilles dans le temple de Jupiter Férétrien, où Romulus avait aussi consacré celles qu’il avait enlevées à Acron, roi des Céniniens. Il y avait trois sortes de ces dépouilles, que les Romains nommaient Opima spolia[5] ; mais celles que Cossus enleva ne peuvent être rapportées qu’à la première sorte, puisqu’il les consacra dans le temple de Jupiter Férétrien[6], où on ne consacrait que celles qu’un roi, ou un général en chef, avait enlevées au général ennemi, après l’avoir tué de sa main dans le combat. Cela se trouvait confirmé par une cuirasse de toile qui se voyait encore dans ce temple du temps de Tite-Live, auquel Auguste, qui avait fait rebâtir ce temple, la fit remarquer. Il y avait sur cette cuirasse une inscription qui portait que c’était étant consul que Cossus avait remporté cette victoire. Cependant Cossus n’était pas consul dans l’année sous laquelle Tite-Live place cet événement. Il n’était que tribun militaire et ne fut consul que neuf ans après. Tite-Live, en mettant ce fait sous l’année où il le place[7], suivit toutes les autres histoires qui marquaient que le consulat de Cossus, qu’elles plaçaient neuf ans plus tard, s’était passé sans qu’il y eût eu de guerre, à cause de la peste et de la famine qui affligèrent Rome pendant trois ans. Cependant, d’un autre côté, tous ces écrivains convenaient que Cossus avait consacré ces dépouilles dans le temple de Jupiter Férétrien, où, comme je viens de le dire, on ne consacrait que celles dont le général en chef ou, comme s’exprimaient les Romains, celui sous les auspices et le commandement duquel la guerre se conduisait (cujus ductu, auspicioque bellum gerebatur), avait dépouillé le général ennemi. Ces historiens tombent donc dans une contradiction manifeste sur ce fait. Car, selon eux-mêmes, pour que Cossus pût consacrer ces dépouilles dans ce temple, comme Romulus l’avait fait avant lui, et comme Marcellus le fit depuis, il fallait qu’il les eût remportées, étant consul ou dictateur ; et cependant, selon eux encore, il n’était que simple officier dans l’armée du dictateur. Quelle inconséquence ! Ils posent pour certain qu’il a remporté les dépouilles qu’on nommait Opima spolia, les seules qui se consacraient dans le temple de Jupiter Férétrien ; et cependant ils nient qu’il ait été revêtu du commandement en chef, sans lequel ils conviennent que ce n’était pas dans ce temple qu’on les consacrait. Outre cette contradiction si sensible dans ces historiens, ils se trouvaient encore en opposition avec un monument qui paraissait mettre la vérité hors de doute. On peut croire que la plupart d’entre eux n’en ont point eu connaissance ; mais Tite-Live est inexcusable. Il convient lui-même[8] que ce monument qui lui avait été indiqué par Auguste était un témoin de la vérité, plus digne de foi que tout le reste et qui devait terminer le différend. Cependant, après avoir si bien découvert sa pensée, il se contredit lui-même peu après[9] : et entraîné apparemment par la foule des historiens, il oublie ce qu’il en a dit et met dans la bouche du dictateur Aucilius une harangue, où il dit que ce fut étant tribun des soldats que Cossus tua Tolumnius, roi des Veïens. La digression où Tite-Live est entré à ce sujet a donné de l’exercice à quelques critiques modernes, pour bien pénétrer sa pensée. En effet, il est bien difficile de le mettre d’accord avec lui-même ; car, paraissant d’abord se rendre à la décision de ce monument, on voit que, quelques pages plus bas, il n’y a plus aucun égard. Perizonius[10], un des plus savants et des plus judicieux critiques de nos derniers temps, a traité cette matière avec beaucoup d’étendue et d’érudition, et s’est efforcé de justifier Tite-Live de cette contradiction. Quelque déférence que j’aie pour les lumières de cet habile homme, après avoir bien pesé les raisons qu’il allègue sur cette question en particulier et à cette occasion pour établir la certitude de l’histoire romaine, j’ai trouvé qu’elles favorisent plutôt mon sentiment qu’elles ne le combattent. Je dois même avouer ici que ceux qui ont défendu cette histoire avec le plus de chaleur m’ont souvent fourni des armes contre eux-mêmes. I. Perizonius, pour excuser Tite-Live, soutient que la contradiction qu’on prétend y trouver n’est qu’apparente, et que Tite-Live, n’osant pas réfuter clairement Auguste, s’est contenté de lui opposer le consentement unanime de tous les historiens, comme devant nécessairement déterminer le lecteur en faveur de l’opinion reçue ; que Tite-Live ne considérait pas ce monument comme assez authentique, pour qu’il dût l’emporter sur une tradition générale ; et que même il y a bien de l’apparence qu’il regardait l’inscription comme beaucoup plus moderne, et comme ajoutée dans les siècles postérieurs. Il me semble cependant qu’il suffit de jeter les yeux sur ce que dit l’historien, et que j’ai rapporté ci-dessus en marge, pour être convaincu qu’il décide d’une manière formelle en faveur de ce monument. J’en donne la traduction ici, afin qu’on en puisse mieux juger : Je crois qu’on ne peut faire que des raisonnements frivoles sur ces différentes opinions, puisque le vainqueur lui-même, en consacrant ces dépouilles toutes fraîches dans ce temple, et en prenant pour témoins de la vérité Jupiter à qui il les consacrait, et Romulus, desquels il avait à redouter le châtiment, s’il ne disait pas la vérité, y a écrit qu’Aulus Cornelius Cossus les avait consacrées étant consul. Après un aveu si formel, il est bien difficile de se figurer que Tite-Live ait regardé ce monument comme peu digne de foi et qu’il ait voulu qu’on lui préférât le consentement unanime des historiens. Cependant il est vrai qu’il les suit, et qu’il place ce fait sous la même année où ils le mettent. Mais je crois que ce qui l’a déterminé à prendre ce parti est qu’il ne pouvait déplacer cet événement sans faire quelque dérangement dans la chronologie reçue. Cela ne pouvait se faire sans mettre quelque confusion dans l’histoire, et sans engager l’auteur dans des discussions qui en auraient peut-être trop découvert le faible. Cet historien passe d’ailleurs généralement avec tant de légèreté sur les événements de ces premiers siècles, qu’il donne à soupçonner qu’il ne les croyait pas à l’épreuve d’un examen. Il se déclare en tans, d’endroits avec précision là-dessus, qu’on peut, sans trop risquer, étendre jusque sur ce fait ce qu’il répète si souvent, que ces temps sont embarrassés de bien des difficultés, et que l’éloignement dans lequel il voit les événements ne lui permet pas de discerner le vrai d’avec le faux. C’est là, je crois, ce qu’on pourrait alléguer de meilleur pour justifier Tite-Live de la contradiction où il est tombé ; à moins qu’on n’aime mieux croire qu’il a oublié lui-même peu après ce qu’il venait d’établir, sur la foi d’un monument authentique. II. Perizonius juge que le témoignage unanime de ces anciennes histoires (veterum annalium) l’emportait de beaucoup dans l’esprit de Tite-Live, et devait l’emporter sur le témoignage de ce monument. Mais c’est dans la supposition que ces histoires étaient contemporaines ou les Annales mêmes des Pontifes. Or j’ai déjà prouvé que ces Annales des Pontifes n’existaient point ; et je prouverai bientôt qu’il n’y avait aucune pièce qui pût servir à l’histoire, laquelle fût antérieure à la fin du cinquième siècle de Rome. En sorte que cette raison, fondée sur une supposition si facile à détruire, tombe d’elle-même. III. Enfin, ce savant refuse de regarder ce monument comme contemporain de Cossus, et prétend que ce n’est point Cossus lui-même, mais quelqu’un de ses descendants qui y a ajouté l’inscription qu’on y lisait du temps d’Auguste. Il croit que c’est la raison qui a empêché Tite-Live d’y déférer, comme il l’aurait dû, s’il l’avait crue aussi ancienne qu’Auguste voulait le lui persuader. Sans m’arrêter ici à discuter s’il y aurait moyen de concilier ce sentiment avec le passage de l’historien que j’ai cité ci-dessus, je me contente de rapporter les raisons sûr lesquelles ce critique fonde son opinion. Il prétend que l’usage des lettres était alors si rare à Rome, qu’on n’ajoutait aucune inscription aux statués et aux autres monuments qu’on érigeait à la gloire des grands hommes. En effet, ajoute-t-il[11], est-il vraisemblable que dans un temps où l’on était si grossier et si ignorant à Rome, qu’on ne se servait que de quelques clous enfoncés dans une muraille pour retenir le nombre des années, on ait pensé à perpétuer la mémoire des belles actions des hommes illustres par des éloges et par des inscriptions ? Qui est-ce qui jugerait, en lisant ces paroles, qu’elles viennent d’un zélé défenseur de l’histoire romaine ? L’aveu que ce savant fait là est d’autant plus surprenant qu’il détruit d’un coup de plume tout ce qu’il avait dit auparavant pour prouver l’existence des anciennes Annales, où il prétend que les historiens pouvaient trouver toutes sortes de secours, pour donner le degré de certitude requise à leurs histoires. Mais si, dans ce siècle d’ignorance, on n’en savait pas assez pour dresser une inscription aussi simple que celle que Tite-Live cite, à plus forte raison n’en savait-on pas assez pour rédiger des Annales. Perizonius établit cette opinion lui-même, puisqu’il convient qu’on ne comptait les années que par les clous. Toute l’érudition que ce savant a étalée dans ce chapitre, pour concilier Tite-Live avec lui-même et pour accréditer l’histoire romaine, ne sert donc qu’à en montrer encore plus évidemment l’incertitude. Quand les raisons qu’il allègue seraient beaucoup meilleures, la principale difficulté resterait toujours ; elle roule sur les dépouilles (opima spolia) consacrées dans le temple de Jupiter Férétrien, qui ne pouvaient avoir été consacrées que par un général en chef : et cependant les historiens rapportent cet événement à une année où Cossus n’a été ni consul ni dictateur. C’était cette contradiction qu’il s’agissait de lever. Je ne vois pas que Perizonius air touché à cette difficulté. Ainsi je me crois en droit d’en conclure que, puisqu’un fait aussi intéressant que celui-ci, et que son importance devait garantir de l’oubli, se trouve un des plus incertains et des plus embrouillés de l’histoire romaine, on ne peut faire de fond sur une infinité d’autres faits de moindre importance et destitués de garants. Pighius a mieux trouvé le nœud de la difficulté que Perizonius, mais il n’a pu la résoudre qu’en déplaçant cet événement, et en le mettant neuf ans plus tard que Tite-Live[12], sous le consulat de Cossus, comme le témoigne ce monument. Il prétend que Tite-Live se déclare formellement en faveur de cette opinion, et que Cossus n’a pu .remporter ces dépouilles (opima spolia), à moins qu’il n’ait été revêtu du commandement en chef, soit en qualité de dictateur, de consul ou de tribun militaire revêtu du pouvoir consulaire. Grotius touche aussi à cette difficulté dans une de ses lettres à Rutgersius[13] ; mais il ne lève la difficulté que par une fausse supposition, qui est que Cossus était tribun militaire revêtu du pouvoir consulaire, c’est-à-dire qu’il avait les auspices. Cependant il n’était que tribun des soldats, c’est-à-dire simple officier dans l’armée du dictateur Emilius, puisque les consuls de cette année furent M. Geganius et L. Sergius. Il reste toujours vrai qu’il est très difficile de concilier Tite-Live avec lui-même et avec les autres historiens ; car si cette inscription est aussi ancienne qu’Auguste le prétendait, elle sert à convaincre de faux tous les historiens et à prouver leur négligence à consulter de pareils monuments, ou le peu d’attention qu’ils y faisaient quand ils en avaient connaissance. Celui-ci contredit tous ceux qui avaient précédé Tite-Live, et cet historien lui-même n’en aurait eu aucune connaissance si Auguste ne l’en avait instruit. Néanmoins, nonobstant ce qu’il en savait et après avoir lui-même établi les raisons qui rendaient le témoignage de ce monument incontestable et préférable au consentement unanime des historiens, il se laisse de nouveau entraîner par la foule et détruit ce qu’il en avait dit un peu plus haut. Si cette inscription est postérieure au siècle de Cossus et n’a été ajoutée que longtemps après par quelqu’un de ses descendants, comme le croit Perizonius, fondé sur le peu d’usage qu’on faisait de l’écriture dans ces temps-là, rien ne sera plus propre à confirmer l’incertitude des cinq premiers siècles de l’histoire romaine. Il ne sera pas même nécessaire de recourir à l’embrasement de Rome pour prouver la disette des monuments. S’il y avait de fort anciennes statues à Rome, on ne les connaissait que par une tradition incertaine, puisque, comme le reconnaît Perizonius, on n’y ajoutait pas même l’inscription la plus simple. S’il y avait eu des inscriptions aux statues, on n’aurait point flotté dans le doute, comme on faisait sur celle de Clélie. On ne voit pas non plus de caractères sur les anciennes monnaies romaines ; ce n’est que vers la fin du cinquième siècle qu’on commence à y en trouver, et encore sont-ils très imparfaits. Ce ne fut donc que dans les siècles postérieurs, comme le remarque Perizonius, que la postérité, s’apercevant que la mémoire des plus belles actions se perdait et qu’on ne se souvenait ni à qui ni à quelle occasion telle ou telle statue avait été érigée, on s’avisa de mettre des inscriptions à celles qu’on dressait, et même d’en ajouter aux anciennes, en suivant pour ces dernières une tradition souvent très incertaine. On peut juger combien il était facile de se tromper et de tromper les autres par ce moyen, et que bien des gens furent charmés d’avoir par là occasion d’orner de titres fastueux des statues qu’ils prétendaient être celles de leurs ancêtres. C’est une des voies, comme on le verra bientôt par des passages de Cicéron et de Tite-Live, par laquelle il s’introduisit beaucoup de falsifications dans l’histoire. Perizonius soutient, et par des raisons bien fondées, qu’on n’avait point à Rome d’inscription plus ancienne que celle qu’on dressa à l’honneur de Duillius, qui gagna la première bataille navale sur les Carthaginois, en 493 de Rome, pendant la première guerre Punique. Les Romains, encore peu exercés à la marine, eurent tant de joie de ce premier succès de leurs armes sur mer, que, pour en perpétuer la mémoire, ils élevèrent une colonne ornée des proues des vaisseaux pris sur les Carthaginois, où ils mirent cette inscription à la louange de Duillius, qui avait eu le commandement de leur flotte. C’est à cette inscription que les anciens en appellent quelquefois comme au monument le plus ancien qui existât du langage et des caractères en usage chez leurs ancêtres. Il est hors de doute que s’ils en avaient eu de plus anciens à nous alléguer, ils en sauraient fait usage, et n’en auraient pas toujours appelé n cette inscription comme à ce qu’ils avaient de plus ancien. Tout cela prouve suffisamment qu’on ne retira pas plus d’utilité, par rapport à l’histoire, de cette sorte de monument, que nous avons prouvé qu’on n’en avait retiré des traités de paix et des Annales des Pontifes. Il n’est pas même nécessaire, pour prouver la disette de monuments, d’avoir recours à dire qu’ils ont été consumés par le feu des Gaulois. L’inscription que nous venons d’alléguer, et quantité d’autres raisons rapportées ci-dessus, font voir qu’on peut étendre jusque vers la fin du cinquième siècle l’ignorance, et la grossièreté des Romains, causes, du moins autant que la prise de leur ville par les Gaulois, de l’obscurité et de l’incertitude de leur histoire, par le peu d’usage qu’ils faisaient de l’écriture, qui cependant est le seul et unique moyen de transmettre les événements â la postérité d’une manière fidèle et sûre. |
[1] In Publicola, p. 107.
[2] Lib. XXXIV, cap. VI.
[3] Ad Attic., lib. VI, epist. I.
[4] Lib. IV, cap. XI.
[5] Festus, in Opima spolia.
[6] Ea rite opima spolia habentur, quæ dux duci detraxerit ; nec ducem novimus, nisi cujus auspicio bellum geritur ; titulus ipse illos meque arguit, consulem ea Cossum cepisse. Livius, lib. IV, cap, XX.
[7] Omnes ante me auctores secutus, A. Cornellum Cossum, tribunum militum, secunda spolia opina Jovis Feretrii templo intulisse, exposui. Livius, lib. IV, cap, XX.
[8] Sed (ut ego arbitror) vana versare in omnes opiniones licet, quum auctor pugnæ recentibus spoliis in sacra sede positis, Jovem prope ipsum, cui vota erant, Romulumque intuens, baud spernendos fatal tituli testes, sese A. Cornelium Cossum consulem scripserit. Livius, lib. IV, cap, XX.
[9] Cap. XXXII, ejuadem libri.
[10] Animadvers. Histor., cap. VII.
[11] Animadvers. Histor., cap. VII, p. 302.
[12] Pighii, Annal., ad an. 315 et ad 325.
[13] In Sylloge Epist. Burman., t. II, p. 352.