ILe mardi vingt-neuf janvier mil sept cent quatre-vingt-treize, au quartier général de Willingen en Souabe, et dans l'église des Révérends Pères Récollets, à dix heures du matin, en présence de Leurs Altesses Sérénissimes Monseigneur le prince de Condé, Monseigneur le duc de Bourbon, Monseigneur le duc d'Enghien, et d'une partie de la noblesse française rassemblée sous les ordres de Monseigneur le prince de Condé, a été célébré un service pour le repos de l'âme de notre très-honoré souverain et seigneur Louis seize, Roi de France et de Navarre, et, à la fin dudit service, Monseigneur le prince de Condé a dit : Messieurs, c'est dans l'amertume de nos cœurs que nous venons de rendre le dernier des hommages que nous prescrivaient le respect profond et l'attachement sans bornes dont nous étions pénétrés pour l'infortuné Louis seize. Si notre inaltérable et constante fidélité n'a pu le sauver des horreurs de son sort, au moins elle l'a suivi jusqu'à la tombe, où le plus atroce des crimes vient de précipiter le plus malheureux des rois. Une longue douleur n'épuisera jamais la source de nos larmes, et le comble des maux pour toute âme honnête et sensible est d'avoir à pleurer à la fois la perte de son Roi et les crimes de sa patrie. Mais vous savez, Messieurs, qu'il est de principe que le Roi ne meurt pas en France. Puisse le ciel préserver de tous les dangers qui l'entourent cet enfant précieux, intéressant, qui, né pour le bonheur, ne connaît encore de la vie que le malheur d'être né ! Quel que soit le sort qui l'attende, il ne peut être qu'agréable à Dieu que ce soit au pied de ces autels — comme c'est l'usage en France — que nous nous livrions au premier élan de notre antique amour pour nos Rois, et des vœux ardents que nous formons pour notre légitime souverain. Le Roi est mort, Messieurs... le Roi est mort, vive le Roi ! Ce cri a été répété par toute la noblesse, et ces paroles de Monseigneur le prince de Condé, grand maître de France, ainsi que le cri de Vive le Roi ! répété par tous les assistants, étant le premier, acte conservatoire de la couronne de France sur la tête de Louis dix-sept, et le seul que puisse faire en ce moment l'unique rassemblement existant, quant à présent, de Français libres et attachés à la royauté et à la maison régnante, il a été du tout dressé le présent procès-verbal pour servir de témoignage en des temps plus heureux ; et ledit procès-verbal, signé ainsi qu'il suit, sera clos, cacheté des cachets des signataires, et déposé en un dépôt public de ladite ville de Willingen. Ainsi fait audit quartier général, jour et an que dessus. Ont signé : CHARLES-LÉON DE BOUTHILLIER, maréchal de camp, major général de l'armée de S. A. S. ; LOUIS, baron DE FUMEL, maréchal de camp, maréchal général des logis de la cavalerie de l'armée de S. A. S. ; EDME DE BASCLE, marquis D'ARGENTEUIL, maréchal de camp, le plus ancien des officiers généraux employés à l'armée de S. A. S. ; LOUIS-ANTOINE-HENRY DE BOURBON ; LOUIS-HENRY-JOSEPH DE BOURBON ; LOUIS-JOSEPH DE BOURBON, tant en mon nom qu'au nom de la noblesse rassemblée sous mes ordres, individuellement nommée sur le contrôle de l'armée, qui doit faire foi à cet égard. (Archives de l'Empire,
Armoire de fer.) ——————————————— IIMémoire de madame Marie-Antoinette.Nous avons cru devoir conserver à ces pièces leur orthographe. Par Sainte Foy dite Breton couturier. Du 27 janvier 1793.
Bon pour cent quarante-neuf livres dix sols. C. (Coru.) —————————— Mémoires des fournitures d’étoffe de soye faites pour le service Marie-Antoinette,Par Le Normand, marchand à Paris.
—————————— Mémoire de madame Élisabeth.Pare Sainte Foy dite Breton couturier. Du 27 janvier 1793.
Bon pour cent quarante livres dix sols. C. —————————— Barbier et Tétard, marchands de toutes sortes d'étoffes de soies d'or et d'argent, à la Barbe-d'Or, rue des Bourdonnais, au coin du cul-de-sac, vis-à-vis la rite de la Limace, à Paris.Du 26 mars 1793. Fourni à la fille d’Antoinette :
Certifié véritable et conforme à mon livret le présent mémoire montant à soixante et trois livres dix sols. Paris, le 4 avril 1793. BARBIER ET CIE. —————————— Barbier et Tétard, marchands de toutes sortes d'étoffes de soie d'or et d'argent, à la Barbe-d'Or, rue des Bourdonnais, au coin du cul-de-sac, vis-à-vis de la rue de la Limace, à Paris.Du 4 avril 1793. Fourni à Élisabeth Capet :
Certifié véritable et conforme à mon livret le présent mémoire montant à trois cent vint-quatre livres dix sols. Paris, le 4 avril 1793. BARBIER ET CIE. (Archives de l'Empire, carton E, n° 6207.) ——————————————— IIIRapport fait par l'administration de police, au conseil général de la Commune dans sa séance du 29 avril 1793.L'administration ne s'est pas bornée à faire apposer les scellés chez les membres du conseil qui étaient inculpés, elle a décerné des mandats d'amener contre la citoyenne Sérant, ci-devant dame d'atours d'Elisabeth ; Jean Lebrun, son domestique ; Jean-Baptiste Diane, tailleur, et Claude Bosquet, aussi tailleur. Le résultat des interrogatoires a été que la citoyenne Sérant, qui prétend encore exercer les fonctions de dame d'atours d'Elisabeth, faisait des envois pour les objets que lui demandait le conseil du Temple ; qu'elle faisait porter ordinairement ces objets par son domestique, qui les remettait au conseil du Temple, et qui quelquefois les remettait à Elisabeth elle-même ; qu'elle n'a fait parvenir au Temple qu'un petit mot, il y a quinze jours, pour savoir si Elisabeth voulait un pierrot blanc. Le domestique de ladite Sérant a déclaré n'avoir jamais porté au Temple que des effets pour les vêtements des détenus, et des mémoires de ses fournitures, qu'il laissait à Cayeux, chargé de les régler ; qu'il était monté une fois à la tour, et ce de l'agrément des commissaires de service. Sur la communication qui nous a été faite d'un chapeau trouvé dans une cassette chez Elisabeth, l'administration a mandé l'exécuteur des jugements criminels du département, et le chapelier Dulong. Le premier nous a déclaré que Louis, arrivé au lieu de son supplice, n'a ôté que son chapeau et son habit ; qu'il a été enterré avec le reste de ses vêtements ; que l'habit et le chapeau, aussitôt après l'exécution, ont été mis en morceaux et partagés entre les spectateurs. Le chapelier Dulong n'avait vendu aucun chapeau à Louis Capet. Cette lecture achevée, la discussion s'est ouverte sur le sort réservé aux six membres inculpés ; la discussion a été ajournée. Il a été arrêté seulement, sur le réquisitoire du substitut du procureur de la Commune (Hébert), qu'attendu qu'il était notoire que la dame Sérant reconnaissant encore la royauté, puisqu'elle conservait encore un titre qui aurait dû disparaître avec elle — celui de dame d'atours —, elle sera dénoncée à l'accusateur public du tribunal révolutionnaire, à la diligence du procureur de la Commune. Le soin de la mettre en état d'arrestation a été renvoyé à la police. ——————————————— IVMemoire des ouvrages faite et fournit par le citoyen Wolf, cordonnier pour Marie Antoinette, les enfans et sa sécouer Elisabeth 1793.
—————————— Memoire des ouvrages faite et fournit à Marie Antoinette et les enfants autemble par le sieur Wolf, cordonnier 1793.
—————————— Mémoire pour la famille de Capet par ordre des membres du Conseil de la comune de service au Temple. Fait par Bosquet, tailleur à Paris.Pour la veuve Capet :
Pour sa fille :
Pour Madame Elisabeth :
Pour le fils de Louis Capet :
(Archives de l'Empire, carton E, n° 6208.) ——————————————— V. — COMITÉS RÉVOLUTIONNAIRES.Extrait de la loi du 7 fructidor, l'an deuxième, relative aux comités révolutionnaires.Il y aura un comité révolutionnaire dans chaque chef-lieu de district. Il y en a un également dans chaque commune qui, sans être chef-lieu de district, contiendra une population de 8.000 individus et au-dessus. Chaque comité révolutionnaire sera composé de douze membres. Les membres des comités révolutionnaires seront renouvelés par moitié tous les trois mois, et ne pourront être réélus qu'après le même intervalle. Pour le premier renouvellement, le sort déterminera les six membres qui devront sortir. Pour être membre d'un comité révolutionnaire, il faudra savoir lire et écrire et être âgé de vingt-cinq ans. Les parents et alliés, jusqu'au quatrième degré inclusivement, ne pourront être membres du même comité révolutionnaire. Ne pourront être membres des comités révolutionnaires ceux qui, ayant fait faillite, ne se sont pas complètement libérés avec leurs créanciers. Il y a incompatibilité entre les fonctions de membre d'un comité révolutionnaire et toute autre fonction civile ou militaire. Les individus salariés par la République pour quelque fonction que ce soit ne pourront être membres de ces comités. Les membres des comités révolutionnaires pourront, au nombre de trois, décerner des mandats d'amener et faire procéder provisoirement à l'apposition des scellés : mais les mandats d'arrêt seront toujours signés de sept membres. Les comités révolutionnaires sont tenus d'interroger dans les vingt-quatre heures les citoyens contre lesquels ils auront délivré des mandats d'amener. Ils sont tenus d'avoir un registre sur lequel seront inscrites, par ordre de dates, leurs différentes opérations, et sur lequel sera constatée la présence des membres qui auront concouru. Le registre, tenu sur papier libre, sera coté et paraphé sur chaque feuillet par le président du tribunal du district. Les comités révolutionnaires feront remettre aux détenus, sur papier libre et sans frais, dans les trois jours de la détention, copies tant du mandat d'arrêt que des motifs de l'arrestation. Les comités révolutionnaires seront tenus d'adresser au Comité de sûreté générale de la Convention nationale, dans les vingt-quatre heures de l'arrestation, les motifs de leurs mandats d'arrêt, ainsi que les pièces et renseignements qu'ils se seront procurés sur le compte des individus arrêtés. L'exécution de la loi du 21 messidor, relative aux laboureurs, manouvriers, moissonneurs, etc., est confiée aux comités révolutionnaires établis par le présent décret : en conséquence, ils procéderont séparément, et sans le concours d'aucun autre comité, à l'exécution de ladite loi, chacun dans l'arrondissement qui leur est déterminé. Il y a dans la commune de Paris douze comités révolutionnaires, l'arrondissement de chacun de ces comités comprend quatre sections, savoir :
——————————————— VIIntérieur du Comité de salut public et de sûreté générale.L'histoire romaine nous représente le Triumvirat rassemblé dans une petite île, et avec le stylet marquant les citoyens dont. le nom devait être sur la liste des proscriptions. La Convention nationale de France offrit pendant dix-huit mois un spectacle bien plus révoltant. Son Comité de salut public s'était installé dans les petits appartements du Roi, au palais des Tuileries. De nombreux corps de garde, tant du côté du jardin que du côté de la cour des Princes, annonçaient le séjour du despotisme le plus ombrageux. Il était permis à peine de fixer un moment les yeux sur les fenêtres de ce comité, comme jadis sur celles de la Bastille. Une foule *de bureaux occupaient la seconde enceinte, et la plupart des esclaves qui en faisaient le service en tremblant, portaient sur leur physionomie l'empreinte de l'effroi ou de la basse adulation. Jour et nuit, des canons, mèche allumée, placés aux portes extérieures, ne laissaient aucun doute sur le caractère des tyrans qui s'environnaient ainsi d'une ceinture d'airain. Des familiers au regard sinistre, qui ressemblaient aux muets de la cour ottomane, veillaient aux entrées immédiates, et exécutaient de point en point les instructions secrètes qu'on leur avait données. Pour parvenir aux antichambres, il fallait errer à tâtons dans un long corridor, éclairé d'une faible lampe à chaque extrémité. Toutes les avenues du Comité de salut public étaient sombres, tristes, sévères, et faisaient contraste avec les salons où s'assemblaient les décemvirs. Celui qui obtenait la faveur d'être admis en leur présence était ébloui de ce changement subit. Les moelleux tapis des Gobelins en recouvraient le parquet. Le marbre, les bronzes dorés et les glaces brillaient de toutes parts ; de belles pendules, de fastueuses girandoles garnissaient les cheminées. Dans ces antres, de riches fauteuils, de voluptueux canapés servaient à l'usage de ces républicains qui affichaient en public les mœurs et le langage des Lacédémoniens. Dans de petits cabinets, on entrevoyait des buffets toujours bien garnis de ce qu'il y avait de plus recherché en comestibles, afin que les membres du Comité trouvassent à satisfaire leur appétit sans ; être obligés de sortir. i Autour d'une grande table ovale, recouverte d'un tapis vert et chargée de monceaux d'arrêts de mort en blanc, se rangeaient les décemvirs, pour balancer dans leurs mains impures les destinées de la France et de l'Europe. Le Comité était permanent : Billaud, Collot, ou Barère, rarement Robespierre, étaient toujours là à monter la garde, c'est-à-dire, il y avait toujours un membre pour répondre à tout. et ne pas laisser le crime un seul instant oisif. Les décemvirs ne se rassemblaient tous que sur les dix heures du soir. Ils arrivaient là, non pas précisément ivres, mais poussés de vin et de bonne chère, échauffés par les liqueurs : c'était leur état habituel et conforme aux mesures qu'ils prenaient pour l'ordinaire. C'est dans ces moments qu'ils intimaient leurs ordres secrets aux scélérats en chef qui avaient leur confiance. C'est là que le général Rossignol alla prendre le plan de l'embrasement de la Vendée ; c'est là que Carrier organisa les noyades de Nantes. C'est là aussi que les décemvirs se moquaient du genre humain ; c'est là qu'un Couthon disait en riant, avant de partir pour Lyon : Je n'ai plus que la tête et le tronc, eh bien, c'est pourtant moi qui vais donner le premier coup de marteau à la seconde ville de l'Empire français, pour la Il démolir. C'est là qu'on organisait les conspirations des prisons, et qu'on rédigeait ce plan de dépopulation réalisé pendant quinze mois. Une carte de la France était sans cesse déployée sous les yeux des décemvirs, ainsi qu'un tableau de la population de chaque commune ; là on décimait les villes et les hameaux. Il nous faut tant de têtes dans tel département. C'est là directement que tous les comités révolutionnaires de France correspondaient, et renvoyaient ou apportaient leurs feuilles d'expéditions. Les membres de ces comités venaient humblement prendre le mot d'ordre, ou bien donner des renseignements précieux. C'est là aussi que les autres députés de la Convention venaient briguer, mendier des missions dans les départements. Poultier avoue que ses collègues faisaient souvent antichambre, et se tenaient respectueusement sur le passage de Robespierre, pour obtenir de lui en passant un coup d'œil de faveur, et pour demander de l'emploi. Ainsi donc, de l'aveu. même des conventionnels, eux-mêmes sollicitèrent la grâce d'être envoyés pour ensanglanter les diverses parties de la République, au nom du Comité. Ils allaient recevoir l'accolade et se faire recevoir proconsuls, bourreaux. Toutes les calamités de la France, tous les crimes de la Révolution, sortaient du salon du Comité de salut public. Si les murailles avaient des oreilles et pouvaient parler, que d'horribles blasphèmes contre l'humanité elles ont entendus ! Qu'il eût été curieux de voir Barère et Collot, d'un trait de plume, massacrer la population d'une province entière ! Les décemvirs ressemblaient à une compagnie de bouchers, propriétaires d'un troupeau de vingt-cinq millions de têtes. Tordons, écorchons, mangeons, se disaient-ils entre eux, le peuple saisi de terreur se laissera faire. Le peuple est ici-bas pour nos menus plaisirs. Quand Robespierre assistait aux délibérations, elles prenaient une teinte plus rembrunie ; on riait moins, on y faisait le mal moins gaiement. Comme ces membres du Comité de salut public se moquaient de ceux de la Convention qui faisaient antichambre à leur porte et mendiaient l'insigne faveur d'obtenir une courte-audience ! Toute la représentation nationale était comprise dans l'antre décemviral. Guerre et finances, toutes les lois, toutes les mesures émanaient de là. La Convention n'était que la place publique où on les proclamait. Les sept cent quarante membres de l'Assemblée nationale n'étaient que des colporteurs à qui on venait, chaque décade, intimer et distribuer des décrets pour être publiés et mis à exécution. Outre les canons dont il se faisait investir, le Comité de salut public avait dans les caves et souterrains du château des Tuileries une artillerie non moins redoutable : nous entendons parler d'une typographie complète, où l'on imprimait, la nuit plus encore que le jour, les rapports, les arrêtés et les décrets révolutionnaires avec lesquels on foudroyait toute la France. Les autres issues, les couloirs, les salles, étaient le plus souvent encombrés par des monceaux de paquets et d'objets de tout genre capturés dans diverses expéditions ; ce qui faisait ressembler le Comité de salut public et de sûreté générale à un mont-de-piété, ou plutôt à une caverne de brigands, remplie de butin que la bande se partageait avec ses agents couchés sur des matelas épars çà et là. Pour compléter l'illusion, les membres du Comité, ainsi que la plupart de leurs commis, affectaient un costume sale, et des cheveux noirs et gras. Barère lui-même avait le plus souvent la crinière attachée avec une ficelle. Robespierre seul gardait un maintien plus réservé et une mise plus propre. Cette absence de toilette n'empêchait pas les filles de l'Opéra de venir solliciter elles-mêmes, car le Comité se mêlait de tout. Pour jouer une pièce nouvelle, sur tous les théâtres, il fallait avoir l'agrément de Barère. Un jour qu'il se refusait à la représentation d'un drame lyrique, poussé au pied du mur par les raisons convaincantes de l'auteur, il termina la scène par dire : Que voulez-vous, j'en conviens, mais Robespierre ne le veut pas. Le Comité de sûreté générale était plus bruyant, attirait plus de monde. Assiégé jour et nuit par des familles en larmes, il les repoussait toutes avec la dureté et l'impolitesse des tyrans subalternes. On savait qu'il ne s'y faisait rien avant d'avoir été demander l'agrément du Comité de salut public. On ignore tout ce qui s'y passait : que de sacrifices d'argent et même de vertu s'y faisaient pour racheter des victimes !-C'était un trafic atroce, infâme tout à la fois. Le Comité de sûreté générale était le centre où venaient aboutir tous les comités révolutionnaires de France. Un membre du Comité de sûreté générale dit assez haut pour être entendu : F.... citoyens, vous n'y allez pas rondement : quoi ! en quinze jours, rien que cinquante-quatre arrestations ! Que foutimassez-vous donc ? Il ajouta : Si les autres comités révolutionnaires se conduisaient tous avec cette mollesse, les aristocrates auraient beau jeu..... Richelieu, dans un des plus beaux jours de sa tyrannie, ne fit pas trembler la France entière comme un seul des membres de ce comité. Environnés de figures patibulaires, hérissés de baïonnettes, il fallait franchir cinq ou six guichets pour parvenir à la porte du cabinet redoutable qui ouvrait à volonté ou fermait les millions de nouvelles bastilles. Des architectes n'étaient occupés qu'à présenter des plans et devis pour de nouvelles maisons d'arrêt. Quels souvenirs tout cela rappelle ! Après le 9 thermidor, car avant on ne se serait pas permis pareille témérité, un bon citoyen s'avisa de demander à Lavicomterie, membre du Comité de sûreté générale : Comment se fait-il que vous vous soyez envoyés réciproquement à.la guillotine, et que vous y ayez entraîné des milliers d'individus ? — Ma foi, répondit Lavicomterie avec ingénuité, Robespierre avait un tel empire sur ses collègues, que moi, en mon particulier, j'hésitais pour me rendre aux assemblées qui réunissaient le Comité de salut public et de sûreté générale : plusieurs fois même je me suis absenté, dans la crainte de me trouver avec Robespierre. Un jour, nous fûmes convoqués pour entendre un rapport, sans nous dire sur quelle matière. Nous voilà tous réunis, le Comité de salut public, de sûreté générale et de législation. Saint-Just tire de sa poche des papiers ; quelle est notre surprise d'entendre le rapport contre Danton, Camille et autres, pour les mettre en arrestation ! Le discours était si séduisant, Saint-Just le débita avec tant d'âme !... Après la lecture on demanda s'il y avait quelques membres qui voulussent parler. (Non ! non !) L'on mit aux voix, elles furent unanimes : il fut arrêté qu'ils seraient tous mis en arrestation. Hélas ! c'est ainsi que ces tyrans lâches ont envoyé à la mort des milliers de victimes. Mais à la bonne heure, lui répliqua le bon citoyen, vous pouviez vous guillotiner les uns les autres ; mais encore une fois, pourquoi détruire la moitié de la population et incarcérer l'autre ? Lavicomterie ne répliqua que d'une manière évasive ; pourtant il ajouta : Bon patriote, c'est à moi que vous avez l'obligation de n'avoir pas été arrêté, car plus de trente fois l'on a proposé de lancer un mandat d'arrêt contre vous. — Mais pourquoi ? — Parce que vous aviez changé vos principes, parce que vous n'avez pas craint de parler mal des Montagnards et des Jacobins. Qu'on juge du reste par cet échantillon ! Nos arrière-neveux refuseront de croire que vingt-cinq millions d'hommes se laissèrent dépouiller, incarcérer, guillotiner par une poignée de misérables réunis en comité de salut public et de sûreté générale, Louis PRUDHOMME, Histoire générale et impartiale des erreurs, des fautes et des crimes commis pendant la Révolution française. Tome V, page 107 à 117. ——————————————— VIIMémoires des médicaments fournis au Temple pendant le mois de may, pour Marie Antoinette, ses enfants et sa sœure, par le citoyen Robert apothicaire authorisè par la Commune et par les ordonnances du citoyen docteur Thierry.Pour Marie-Antoinette : 1793. Mai 1er. — Un bouillon medecinale fait au bain marie composé de veau, poulet et plantes diverses : 5 lt. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. — Chaque jour le même bouillon réitéré : 45 lt. Plus une boëtte de gomme pectorale : 3 lt. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. — Chaque jours le bouillon cy dessus réitéré : 50 lt. Pour le fils de Marie Antoinette : Mai 12. — Douze onces de miel de Narbonne : 3 lt. 12 s. 13. — Deux bouteilles de petit lait clarifié : 2 lt. 14. — Deux bouteilles idem : 2 lt. 15. 16. — Bouteilles idem : 4 lt. 17. — Une médecine composée de folliculles manne choisis, coriandre, et sel de Glauber : 3 lt. La même médecine de précaution : 3 lt. Une bouteille de petit lait : 1 lt. Quatre onces de bayes de genièvre : 1 lt. 4 s. 18. — Une bouteille de petit lait : 1 lt. Une livre de miel de Narbonne : 4 lt. 16 s. Total : 128 lt. 12 s. Pour le fils de Marie Antoinette : May 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. — Chaque jours une bouteille de petit lait : 10 lt. 29. — La médecine du 17 réitérée : 3 lt. Idem la même médecine de précaution : 3 lt. 30. 31. — Le petit lait réitéré : 2 lt. Un cornet de baye de Genièvre : 1 lt. 4 s. Une boette de parfums : 2 lt. Pour Marie Thérèse Charlotte, fille de Marie Antoinette : Mai 1er. — Un bouillon médicinal fait au bain marie, composé avec sucs de plantes, sel de Glauber, etc. : 4 lt. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. — Chaque jours le même bouillon réitéré : 40 lt. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. — Chaque jours le bouillon idem : 40 lt. 22. 23. 24. 25. — Le bouillon réitéré : 16 lt. Plus douze onces d'eau de roses : 3 26. 27. 28. 29. 30. 31. — Chaque jours le bouillon idem : 24 lt. Pour Elisabeth sœure de Marie Antoinette : May 25. — Quatre grands rouleaux de sparadrap de diapalme : 20 lt. Total : 296 lt. 16 s. —————————— Memoire des medicaments fournis au Temple pendant le courant du 1 mois de juin, pour Marie Antoinette, ses enfants et sa sœure, par le citoyen Robert apothicaire authorisé par la Commune et par ordonnance du citoyen docteur Thiery.Pour le fils de Marie Antoinette : 1793. Juin 1er. — Une bouteille de petit lait clarifié : 1 lt. 2. 3. 4. 5. — Chaque jour le petit lait réitéré : 4 lt. Plus fournis un thermometre pour les bains : 4 lt. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. — Chaque jours une bouteille de petit lait : 7 lt. 13. — Un bouillon médicinal fait au bain marie, composé avec cuisses et reins de grenouilles, avec addition de sucs de plantes, et terre folliée minérale : 5 lt. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. — Chaque jours le bouillon réitéré : 35 lt. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. — Chaque jours le bouillon idem : 50 lt. Pour Marie Thérèse Charlotte : fille de Marie Antoinette : Juin 1er. — Un bouillon médicinal fait au bain marie, composé avec sucs de plantes sel de Glauber etc. : 4 lt. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. — Chaque jours le bouillon réitéré : 28 lt. Plus douze onces d'eau de rosés : 3 lt. 9. 10. 11. 12. 13. — Chaque jours le bouillon 20 lt. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. Chaque jours le bouillon réitéré : 28 lt. Total : 189 lt. —————————— Mémoire des médicaments fournis au Temple pendant le mois de juillet pour Marie Antoinette, ses enfants et sa sœure par le citoyen Robert apothicaire, authorisé par la Commune et par ordonnances du citoyen docteur Thiery. Pour Marie Antoinette, sa fille et Elisabethe : 1793, l'an IIe de la République. Juillet 12. — Une chopine d'eau de fleurs d'oranges double distillée au bain marie : 12 lt. Trois flacons de sel volatil de vinaigre camphré : 18 lt. Un cornet de genievre : 12 s. Pour le fils de Marie Antoinette : Juillet 1. — Un bouillon medicinal fait au bain marie avec veau, cuisses et reins de grenouilles suc de plantes et terre folliée : 5 lt. 2. — Le bouillon réitéré : 5 lt. Douze onces de miel de Narbonne : 4 lt. 16 s. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. — Chaque jours le bouillon ci-dessus réitéré : 50 lt. 23. 24. 25. — Le bouillon idem : 15 lt. 26. — Un lavement composé avec carralline de Corse, suc de citron et huile d'olive : 1 lt. 10 s. Plus fournis une seringue, avec son canon d'yvoir : 14 lt. 27. — Un lavement : 1 lt. 10 s. 28. — Le lavement idem : 1 lt. 10 s. Plus 4 onces de sirop vermifuge : 1 lt. 4 s. 29. 30. 31. — Chaque jour le lavement : 4 lt. 10 s. Plus 4 onces de sirop vermifuge : 1 lt. 4 s. Pour la citoyene Tison : Juillet 4. — Une potion calmante : 2 lt. 5. — La potion idem : 2 lt. Plus deux pintes de petit lait avec le sirop de violettes : 4 lt. 6. — Un rouleau d'orgeat : 2 lt. 10 s. Deux pintes de petit lait réitérée : 4 lt. La potion double réitérée : 4 lt. 7. — Une pinte de petit lait : 2 lt. La potion double réitéré : 4 lt. 8 et 9. — Chaque jours le petit lait 4 lt. Plus deux potions : 4 lt. Total : 218 lt. 6 s. (Archives de l’Empire, série E, n° 6207.) ——————————————— VIIICOMMISSION DE POLICE ADMINISTRATIVE DE PARIS.Liberté, Égalité. Paris, le quatorze frimaire an 4e de la République française une et indivisible (5 décembre 1795). La commission, vu l'autorisation du ministre de l'intérieur en date du 13 frimaire présent mois, en conséquence d'une lettre à elle adressée le même jour par les deux commissaires préposés à la garde du Temple ; Ladite autorisation portant que la commission de police administrative nommera d'office un juge de paix pour faire, en présence desdits commissaires, la levée des scellés apposés sur une commode étant dans la salle basse de la tour du Temple, et de suite dresser inventaire des effets qui se trouveront dans ladite commode. La commission en conséquence nomme d'office le citoyen Baron, juge de paix de la section du Mail, pour, en présence des commissaires préposés à la garde du Temple, procéder à la levée des scellés apposés sur la commode désignée ci-dessus, et dresser inventaire et description des effets contenus en ladite commode. Nomme, pour assister à la levée desdits scellés et audit inventaire, le citoyen Hannocque Guérin, l'un de ses membres, lequel en fera dresser procès-verbal, dont expédition, ainsi que dudit inventaire, seront envoyés au ministre de l'intérieur. Les commissaires administrateurs : Signé : HOUDEYER, HANNOCQUE GUÉRIN et PASTÉ. L'an quatre de la République française une et indivisible, le quatorze frimaire, une heure de relevée environ, vu la nomination et autorisation spéciales de l'autre part, et aux fins y portées, nous Nicolas Baron, juge de paix de la section du Mail, ci-devant Guillaume Tell, à Paris, assisté du citoyen Claude-Guillaume-Hannocque Guérin, commissaire administrateur de la police de Paris, nous sommes transportés que du Temple, à la principale porte d'entrée de la maison dite du Temple, où étant, avons fait prévenir les commissaires préposés à la garde de la tour de ladite maison, et est intervenu le citoyen Gomin, l'un d'eux, auquel avons donné à connaître du motif de notre transport par la lecture desdites nomination et autorisation, lequel nous a introduit dans la salle basse de la tour dite du Conseil, d'où s'étaient préalablement retirées les personnes qui l'occupent, pour passer dans une autre pièce de ladite tour. Arrivés dans ladite salle, ledit citoyen Gomin et le citoyen Lasne, son collègue, nous ont représenté les scellés apposés sur les bouts d'une bande de papier blanc appliquée sur les trois tiroirs d'une commode plaquée en bois de rose, entourée d'un cercle de bronze et à dessus de marbre blanc veiné, étant dans l'embrasure de l'une des croisées ; lesdits scellés en cire molle rouge avec deux cachets à chaque extrémité de ladite bande, lesquels nous ont paru sains et entiers, l'un ayant pour légende : Commune de Paris, l'an premier de la République ; et au milieu : Surveillance du Temple, entouré de deux palmes ou feuillages, traversé d'une pique surmontée du bonnet de la liberté, et l'autre est un cachet particulier plus petit que le premier, sans légende, paraissant porter pour chiffre les lettres entrelacées J. M., avec deux branches de laurier, et surmonté aussi du bonnet de la liberté. Avons ensuite levé lesdits scellés, et, ouverture faite de ladite commode avec la clef à nous représentée par lesdits citoyens Gomin et Lasne, avons fait l'inventaire et description des objets qui y étaient enfermés sous lesdits scellés, ainsi qu'il suit : Premièrement, une robe et un jupon de raz de Saint-Cyr noir ; Un autre jupon de taffetas noir ; Un mantelet de taffetas noir, garni de crêpe ; Une ceinture de crêpe noir ; Un morceau d'environ une aune de voile noir ; Une redingote en bazin blanc ; Deux robes en chemise de percale ; Deux pierrots et leurs jupons en percale ; Sept jupons de bazin blanc, de différentes rayures ; Vingt chemises en partie élimées, à usage de femme, dont quinze garnies de petite dentelle dite mignonette ; Huit corsets, dont deux de taffetas blanc, et six en toile, en partie garnis de leurs baleines ; Dix linges piqués et six petites pièces en dépendant, aussi de toile ; Quinze fichus de linon, dont un brodé ; Six autres fichus de cou dont quatre de batiste et deux de mousseline ; Une cravate de gaze garnie de petite blonde à ses extrémités ; Quinze fichus simples, en batiste, dont douze garnis de petite dentelle ; Vingt et un petits frottoirs, dont seize en futaine et cinq de mousseline ; Trente-quatre autres frottoirs plus grands en toile ; Six paires de poches en bazin, dont quatre rayées et deux unies ; Trois paires de bas, dont deux de soie noire et une de coton ; Une paire de bas d'enfant, en fil ; Une paire de gants de soie noire ; Trois gants de peau de mouton, couleur chamois ; Cinq serretêtes de batiste ; Quinze mouchoirs de poche en batiste ; Un bonnet de linon monté avec une coiffe de crêpe noir ; Un éventail de baleine garni en taffetas noir ; Deux pelotes de bazin blanc, remplies de son ; Trente-neuf serviettes de toile ; Un petit carton blanc à bordure bleue, contenant un étui en papier collé en rouge, renfermant dix épingles de différentes grandeurs en acier avec tête à facette ; Une paire de manchettes petits bonshommes à deux rangs de dentelle ; Un morceau de dentelle d'environ une aune ; Trois bouts de petite dentelle basse, d'environ trois quarts chacun ; Une petite cravate de batiste garnie en dentelle ; Trois petits paquets d'effilé vieux ; Deux paires de manchettes de linon en bouts de manches ; Quatre garnitures de jupon en mousseline brodée ; Un petit tour de gorge de gaze, garni de blonde. Et ne s'étant plus rien trouvé à inventorier ni décrire, les objets ci-dessus comprenant tous ceux renfermés dans ladite commode y ont été replacés de suite et laissés en la garde et possession desdits citoyens Gomin et Lasne, qui le reconnaissent et s'en chargent pour les représenter quand et à qui il appartiendra, et tous gardiens desdits scellés en demeurent déchargés. De tout ce que dessus avons fait et dressé le présent procès-verbal pour servir et valoir ce que de raison, assisté comme dit est, dudit citoyen Guérin, et en présence desdits citoyens Gomin et Lasne, après avoir vacqué, sans interruption, jusqu'à quatre heures et demie de relevée. Lecture faite, lesdits citoyens Guérin, Gomin et Lasne, commissaires préposés à la garde du Temple, ont signé avec nous, et nous nous sommes retirés avec ledit citoyen Guérin. Ainsi signé à la minute : HANNOCQUE GUÉRIN, GOMIN, LASNE et BARON, juge de paix. Au-dessous est écrit : Pour copie conforme : Signé BARON, juge de paix. Pour copie conforme : Les commissaires du bureau central, HANNOCQUE GUÉRIN, Je soussigné François Darque, gardien des meubles effets étant dans la tour du Temple, au lieux et place du citoyen Lasne, reconnais que dans les meubles effets qui ont été lesses à ma garde, suivant le procet verballe du citoyen Nagus, commissaire du domaine, en date du dix-sept germinal an 4, ceux de garde robbe, provenant de la ci devant rene, y sont comprie edétailliers conforme à la copie que je reconnais, et mancharge, fait ent la tour du Temple, le viengts germinal l'an 4e de la République française une et indivisible. DARQUE. (Archives de l'Empire, série E, n° 6206.) ——————————————— IXMémoire de blanchissage du linge de M. Louis Charles fils comencé du 5 juens 1793 par moi citoijenne Clouet.Blenchie 1 dras : 10 s. 12 chemises : 4 lt. 16 s. 3 jactons : 2 lt. 5 s. 6 per de bas de fille : 1 lt. 4 s. 2 per de bas de soie et racomodée : 1 lt. 6 s. 8 serviette : 1 lt. 12 s. 6 linge de gardcrobe : 15 s. 4 mouchoire de batiste : 12 s. 3 bendaut : 9 s. 1 boné de coton : 3 s. Pour une voiture : 1 lt. 12 s. Du 15 juen. 2 dras : 1 lt. 12 chemise : 4 lt. 16 s. 3 jacton : 2 lt. 5 s. 4 mouchoire de batiste : 12 s. 12 serviette : 2 lt. 8 s. 3 per de bas de fille et racomodée : 1 lt. 3 bendot : 9 s. 6 linge de garderobe : 15 s. Pour une voiture : 1 lt. 12 s. Du 25 juen. 3 jacton : 2 lt. 5 s. 13 chemise : 5 lt. 4 s. 8 linge de garderob : 1 lt. 3 serviette : 12 s. 4 bendaut : 12 s. 1 bone de de coton : 3 s. 6 per de bas de fille : 1 lt. 4 s. 6 mouchoire de batiste : 18 s. Pour une voiture : 1 lt. 12 s. Total : 43 lt. 11 s. —————————— Mémoire de blenchisage du linge et racomodage de Charles Capet Elisabette Terresse Capet Tison Simon et sa femme commence du 13e jour du 1er mois de la 2e anée de la République française par la citoijenne Cloud.13 vendémiaire an II (4 octobre 1793). Linge de Charles Capet. 1 jacton : 15 s. 3 chemise : 1 lt. 4 s. 1 serviette : 3 s. 1 mouchoire de batiste : 3 s. 1 linge de garderobe : 2 s. 1 serteste : 3 s. 2 per de bas de fille : 6 s. 2 bone de coton : 6 s. 2 suspensoire : 6 s. 2 tablie bleu : 10 s. Linge de Simon et sa femme. 2 chemise d'home : 12 s. 2 chemise defemme : 12 s. 1 jupon bleu : 10 s. 3 per de bas : 9 s. 1 boné de coton : 3 s. 8 mouchoire de couleur : 1 lt. 4 s. 4 bonéron : 16 s. 1 per de dras : 1 lt. 1 boné piqué : 2 s. 2 cravatte : 5 s. 1 fichue de mousline double : 4 s. 1 piese d'estomac : 2 s. Linge délisabette. 9 chemise : 4 lt. 10 s. 1 per de grand ridot de toile de coton : 4 lt. 10 s. 3 serviette : 12 s. 8 mouchoire de batiste : 1 lt. 4 s. 9 linge de garderobe : 1 lt. 2 s. 1 tablie : 5 s. 1 frotoire de batiste : 2 s. Une redingote de basin : 1 lt. Un pierot de mousline et jupon garny : 3 lt. Un jupon de mousline garny de mousline brodé : 1 lt. 10 s. 1 corsest : 4 s. 1 jupon de basin : 12 s. 15 petit linge et 5 bende : 1 lt. 5 s. 1 colie de toile : 2 s. 2 fichue de linon : 16 s. 2 fichue de batiste : 16 s. 3 béguens et racomodé : 18 s. 3 per de choson : 9 s. 1 per de bas de soie et racomodé : 1 lt. 1 paignoire de baptiste : 15 s. Linge de Tesresse Capet. 9 chemise et racomndé : 6 lt. 9 serviette : 8 s. 4 linge de garderobe : 10 s. 1 surtout de chaise : 5 s. 1 tablie : 5 s. 1 per de poche : 4 s. 1 jupon de basin : 12 s. 1 corset et racomodé : 15 s. 2 per de choson : 6 s. 1 redingotte et le jupon de basin : 2 lt. 1 robe de percale : 2 lt. 3 mouchoire de batiste : 9 s. 3 fichue de linon : 1 lt. 4 s. 2 fichue de batiste : 16 s. 2 beguen : 12 s. Linge de Tison. 2 chemise : 12 s. 4 mouchoire : 12 s. 1 jilet de veloure de coton : 1 lt. 5 s. 1 bone de coton : 3 s. 1 serteste : 2 s. 1 per de bas de fille : 3 s. 1 cole : 3 s. Pour deux voiture : 4 lt. Linge de Charles Capet du 23e jour du 1er mois de la 2 ané de la République. 3 chemise : 1 lt. 4 s. 1 jaccon : 15 s. 1 serviette : 4 s. 3 mouchoire de batiste : 9 s. 1 linge de garderobe : 2 s. 1 serteste : 3 s. 3 per de bas : 9 s. 1 bone de coton : 3 s. 2 tablie : 10 s. Linge de Simon et sa femme. 2 chemise d'home. 3 chemise defemme. Etc. etc. etc. Certifié véritable par moi econome du Temple, CORU. (Archives de l'Empire, série E, n° 6207.) ——————————————— XLOUIS XVII.En ces temps-là, du ciel les portes d'or s'ouvrirent ; Du Saint des saints ému les feux se découvrirent : Tous les cieux un moment brillèrent dévoilés ; Et les élus voyaient, lumineuses phalanges, Venir une jeune âme entre deux jeunes anges Sous les portiques étoilés. C'était un bel enfant qui fuyait de la terre ; Son œil doux du malheur portait le signe austère ; Ses blonds cheveux flottaient sur ses traits pâlissants ; Et les vierges du ciel, avec des chants de fête, Aux palmes du martyre unissaient sur sa tête La couronne des innocents. On entendit des voix qui disaient dans la nue : — Jeune ange, Dieu sourit à ta gloire ingénue ; Viens, rentre dans ses bras pour ne plus en sortir ; Et vous, qui du Très-Haut racontez les louanges, Séraphins, prophètes, archanges, Courbez-vous, c'est un Roi ; chantez, c'est un Martyr ! — Où donc ai-je régné ? demandait la jeune ombre ; Je suis un prisonnier, je ne suis point un roi ; Hier je m'endormis au fond d'une tour sombre, Où donc ai-je régné ? Seigneur, dites-le-moi. Hélas ! mon père est mort d'une mort bien amère ; Ses bourreaux, ô mon Dieu, m'ont abreuvé de fiel ; Je suis un orphelin ; je viens chercher ma mère, Qu'en mes rêves j'ai vue au ciel ! Les anges répondaient : — Ton Sauveur te réclame, Viens, Dieu d'un monde impie a rappelé ton âme ; Fuis la terre insensée où l'on brise la Croix, Où jusque dans la mort descend le Régicide, Où le meurtre, d'horreurs avide, Fouille dans les tombeaux pour y chercher des rois ! — Quoi ! de ma longue vie ai-je achevé le reste ? Disait-il ; tous mes maux, les ai-je enfin soufferts ? Est-il vrai qu'un geôlier, de ce rêve céleste, Ne viendra pas demain m'éveiller dans mes fers ? Captif, de mes tourments cherchant la fin prochaine, J'ai prié ; Dieu veut-il enfin me secourir ? Oh ! n'est-ce pas un songe ? A-t-il brisé ma chaîne ? Ai-je eu le bonheur de mourir ? Car vous ne savez point quelle était ma misère ! Chaque jour dans ma vie amenait des malheurs ; Et lorsque je pleurais je n'avais pas ma mère Pour chanter à mes cris, pour sourire à mes pleurs ? D'un châtiment sans fin languissante victime, De ma tige arraché comme un tendre arbrisseau, J'étais proscrit bien jeune ! et j'ignorais quel crime J'avais commis dans mon berceau. Et pourtant, écoutez ! bien loin dans ma mémoire J'ai d'heureux souvenirs avant ces temps d'effroi ; J'entendais en dormant des bruits confus de gloire, Et des peuples joyeux veillaient autour de moi. Un jour tout disparut dans un sombre mystère ; Je vis fuir l'avenir à mes destins promis ; Je n'étais qu'un enfant, faible et seul sur la terre, Hélas ! et j'eus des ennemis ! Ils m'ont jeté vivant sous des murs funéraires ; Mes yeux voués aux pleurs n'ont plus vu le soleil ; Mais vous que je retrouve, anges du ciel, mes frères, Vous m'avez visité souvent dans mon sommeil. Mes jours se sont flétris dans leurs mains meurtrières, Seigneur, mais les méchants sont toujours malheureux ; Oh ! ne soyez pas sourd comme eux à mes prières, Car je viens vous prier pour eux ! Et les anges chantaient : — L'arche à toi se dévoile, Suis-nous : sur ton beau front nous mettrons une étoile ! Prends les ailes d'azur des chérubins vermeils, Tu viendras avec nous bercer l'enfant qui pleure, Ou, dans leur brûlante demeure, D'un souffle lumineux rajeunir les soleils. ————— Soudain le chœur cessa, les élus écoutèrent : Il baissa son regard par les larmes terni ; Au fond des cieux muets les mondes s'arrêtèrent, Et l'éternelle voix parla dans l'infini : Ô Roi ! je t'ai gardé loin des grandeurs humaines. Tu t'es réfugié du trône dans les chaînes. Va, mon fils, bénis tes revers. Tu n'as point su des Rois l'esclavage suprême, Ton front du moins n'est pas meurtri du diadème, Si tes bras sont meurtris de fers. Enfant, tu t'es courbé sous le poids de la vie. Et la terre, pourtant, d'espérance et d'envie Avait entouré ton berceau ! Viens, ton Seigneur lui-même eut ses douleurs divines, Et mon fils, comme toi, Roi couronné d'épines, Porta le sceptre de roseau ! VICTOR HUGO. ——————————————— XINous sommes heureux de donner ici in extenso, sur les comptes du Temple pendant les cinq ou six premiers mois de la captivité de la famille royale, un document - inédit que possède la Bibliothèque impériale du Louvre, et que S. Exc. le maréchal ministre de la Maison de l'Empereur et des beaux-arts a bien voulu nous autoriser à publier. NOTICE SUR LES COMPTES DU TEMPLE, DONNÉE A LA MUNICIPALITÉ DE PARIS DU 2 DÉCEMBRE ; PAR LE CITOYEN VERDIER, DE LA MUNICIPALITÉ DU 10 AOÛT, ET NOMMÉ PAR ELLE POUR VÉRIFIER ET CALCULER LES COMPTES DES EMPLOYÉS ET FOURNISSEURS AU TEMPLE, POUR LOUIS CAPET ET SA FAMILLE.Je, soussigné, fais la déclaration suivante à la Commune de Paris du deux décembre de l'an premier de la République française, pour me conformer à son arrêté du 18 du même mois, et pour répondre aux calomnies qu'il plaît à de faux patriotes de répandre contre les gens de bien, braves républicains, qui consacrent leur tejnps5 leurs veilles et leur fortune pour le salut de la patrie. Le 29 septembre dernier, le conseil général nomma les citoyens Verdier et Rosinet pour se concerter avec le citoyen Pétion, afin de faire rentrer dans la caisse de la Commune les 500.000 livres consacrées pour la nourriture et les dépenses du ci-devant Roi, pour lesquelles il ne se trouvait plus de fournisseurs. Aussitôt ces deux citoyens firent les démarches nécessaires, et ils trouvèrent de grands obstacles dans les deux ministres des contributions et de l'intérieur, qui se renvoyaient le droit d'ordonnancer cette somme, et déclaraient n'en être point chargés. Le citoyen Roland déclara particulièrement que quand il serait chargé d'ordonnancer cette somme, il ne ferait rien délivrer que sur les arrêtés définitifs des mémoires par la Commune. Pour lever ces premiers obstacles, les deux commissaires se sont présentés tous les jours au comité des finances de la Convention nationale ; et d'après leurs conférences avec eux, et sur le rapport des deux députés Cambon et Guyton de Morvaux, fut rendu, le 4 octobre, à la Convention, le décret qui mit les 500.000 livres à la disposition du ministre de l'intérieur, pour ladite somme être ordonnée pour les payements des fournisseurs, sur les ordonnances de la Commune, et qui lui ordonnait de présenter le plan des dépenses faites et à faire pour la subsistance du ci-devant Roi. Dès le même jour 4 octobre, Verdier fit son rapport au conseil général de la Commune, et le conseil arrêta que lui et Rosinet continueraient leurs opérations et prépareraient les comptes des fournisseurs du Temple ; que Roché leur serait adjoint pour l'examen des comptes des travaux ; qu'ils se concerteraient avec l'administration des travaux publics ; qu'ils se concerteraient aussi avec le conseil séant au Temple dans l'examen des comptes de bouche et autres fournitures ; et que leur examen fait, ils se présenteraient au conseil général pour être arrêté et donné des mandats, pour faire acquitter les dépenses par le ministre de l'intérieur. Dès le 8 du même mois d'octobre, les vigilants commissaires des comptes présentèrent au conseil général un aperçu d'une dette de 93.000 livres pour les travaux déjà faits ; d'une autre de 4.701 livres pour la table des commissaires de service, des commissaires qui y étaient chargés de commissions et de l'état-major. Le conseil ordonnança un à-compte de 34.701 livres, en attendant l'apurement des comptes, et chargea ses commissaires d'établir au Temple un ordre nécessaire de dépense utile en chaque partie, et de présenter au conseil général un état de toutes les dépenses à faire, conformément au second paragraphe du décret cité du 4 octobre. Le ministre Roland ne voulut point donner d'à-compte : moyennant quoi il fut impossible d'établir des réformes et des économies avant d'avoir vérifié, calculé et apprécié environ trois cents mémoires présentés par les fournisseurs de toute espèce ; et Verdier et Roché se donnèrent tout entiers à ce travail. L'objet le plus pressé fut les travaux pour la sûreté du dépôt mis sous la responsabilité de la Commune. Ils étaient très-peu avancés, et leurs progrès sont dus à la vigilance d'une commission établie le 29 septembre pour les suivre, et de celle des comptes chargée de les faire payer. Des menaces d'insurrection de la part des ouvriers, qui n'étaient point payés, rendaient encore les soins des deux commissions plus urgents. Elles les donnèrent ; mais c'est à Roché à en rendre un compte détaillé ; c'est lui qui s'en est principalement chargé, avec l'administration des travaux publics et l'architecte de la ville. Verdier a été principalement chargé des autres objets par ses collègues. L'objet qui parut le plus pressant à celui-ci fut le payement de vingt-trois employés au Temple qui n'avaient encore rien reçu, et dont plusieurs étaient dans une véritable indigence ; il en dressa promptement son rapport, ainsi que ceux des différentes fournitures, malgré les obstacles que les travaux, les circonstances, les localités et les explications des fournisseurs faisaient naître et renaître chaque jour. En vain il demandait la parole au conseil général avec ses collègues, les affaires dont le conseil général était surchargé les repoussaient sans cesse. Enfin le 24 octobre les deux guichetiers obtinrent la parole sur leur pétition de traitement. Verdier présenta le rapport qu'il en avait fait avec le conseil séant au Temple, et leur traitement, proposé à 3.000 livres annuellement, fut arrêté à 6.000. Ce ne fut que le 2 novembre suivant que Verdier put obtenir la parole pour continuer la fixation des traitements des employés au Temple, et il suivit son rapport les 2, 3, 4, 5 et 6 de ce mois. Le traitement de Cléry, valet de chambre de Louis Capet et de son fils, fut arrêté à 500 livres par mois ; celui de Tison et de son épouse, employés dans la tour auprès des Dames, à 6.000 livres par an ; celui de Mathey et de Fontaine, inspecteurs de surveillance, à 2.000 livres pour chacun ; celui de Baron, frotteur et gardien des meubles, à 1.200 livres ; ceux de Mancel, Gourlet et Quesnel, servant aux gros ouvrages, à 1.000 livres pour chacun. Il plut alors aux membres du conseil d'observer que le rapporteur favorisait les riches pour fouler les pauvres, et de faire la motion que, sous le régime de l'égalité, tous les employés du Temple devaient avoir un égal traitement. Le rapport fut alors interrompu. Le conseil rapporta ses arrêtés, dont ceux qui concernaient le traitement des guichetiers étaient les seuls au secrétariat, et il nomma une commission pour fixer les traitements des employés, avec la commission des comptes. Il n'a plus été possible à Verdier de continuer le rapport sur le traitement de Vincent Tiranon, scieur et distributeur, de bois à brûler ; de la citoyenne Rokenstrok, femme de charge ; de Gagnié, chef de la cuisine ; de Remy Sellier, chef de l'office ; de Meunier, rôtisseur ; de Nibet, pâtissier ; de Mauduit, garde de l'argenterie ; de Guillot, garçon d'office ; de Masson, aide d'office ; de Penoult, garçon d'office ; de Marchand, Chrétien et Turgy, garçons servants ; d'Adrien, laveur, et de Fontaine, tourne-broche. Le 4 novembre, Verdier a fait ordonnancer la somme de 2,526 livres dues par Louis Capet au citoyen Pélion, maire, et au citoyen Hue, ci-devant valet de chambre du ci-devant Roi. La commission nommée le 6 novembre pour fixer les traitements des employés du Temple a paru le 7 ; elle a commencé un travail, elle n'a plus reparu ; et quelques démarches qu'aient faites Verdier et ses collègues, il ne leur a pas été possible de faire déterminer ces traitements. Le 9 du même mois, sur la dénonciation de la section des Arcis à la Commune de la prétendue orgie faite au Temple le 22 octobre précédent, le conseil général a cassé toutes ses commissions au Temple. Lès commissaires, ralentis dans leurs travaux, les ont pourtant continués, et Verdier n'a cessé de demander la parole pour ses différents rapports, et il l'a obtenue, le 18, pour celui de quatre-vingts mémoires des fournitures faites immédiatement à la famille ci-devant royale. Le conseil général a ordonnancé ceux de Guiot, Effling, Wolf et Bourbon, cordonniers ; d'Estoffe, mercier ; de Méquignon, libraire ; de Mouchinot, papetier ; des citoyennes Heslobigh et Le Tellier, couturières ; des citoyens Th, veuve d'Arras, Henrion, Hélie et David, blanchisseuses ; de la citoyenne Lebrun, lingère ; et des citoyennes Thirion, Salentin et Pion, commissionnaires. Le même arrêté porte que lesdits commissaires appelleront avec eux telles personnes qu'ils jugeront à propos, pour taxer les autres mémoires, et que tous seront reconnus par Louis Capet. Le 26 novembre suivant, Verdier a obtenu, après bien des instances, la parole pour son rapport sur les fournitures de bouche, et le conseil a nommé pour commissaires Delaunay, Caron, Marinot et Duval d'Estaing, afin de les ordonnancer. Verdier n'a pu obtenir les deux derniers arrêtés des 18 et 28 novembre que le 29, tant à cause des affaires multipliées dont le secrétariat est chargé, que d'une faute commise dans la rédaction du premier, assez long. Il n'a pas moins travaillé avec ses collègues à leur exécution. Ils ont présenté les mémoires de linge et de vêtement à Louis Capet et à Marie-Antoinette, pour les reconnaître, et ils les ont reconnus verbalement, après les avoir examinés, et ont promis de les reconnaître par écrit sur les bordereaux qui en seront présentés par Cléry et Tison. Le 2 décembre, que le conseil de la Commune a été renouvelé, Verdier, Roché et Launay se sont présentés le soir au Temple, pour faire leur déclaration aux nouveaux commissaires de service du travail qu'ils avaient à continuer pour l'exécution des susdits arrêtés jusqu'au 30 novembre, pour le remettre à la Commune ; et, sur -l'invitation des nouveaux commissaires, ils ont procédé, le 3 et jours suivants toute la journée, à la taxation des mémoires de bouche. Le 6 décembre, ils ont été occupés le matin et le soir, avec le nouveau conseil séant au Temple, à la fixation des traitements des employés au Temple. Les quatre commissaires sortants ont invité Verdier à se trouver le 8 au conseil pour y faire son rapport sur cet objet, en se chargeant d'obtenir la parole ; il s'y est rendu le 7 et le 8, mais inutilement : on ne l'a pas demandée pour lui, et lui-même n'a pu l'obtenir. Le 7 décembre, Verdier s'est présenté au conseil séant au Temple pour expertiser les vêtements de Louis Capet et de sa famille, avec les citoyens Pecoult et Aleff, experts et commissaires de l'ancien conseil général. On les a fait apporter par Cléry et Tison, et les expertises ont été faites. Les jours suivants, Verdier s'est occupé de la suite de la taxe des mémoires de bouche avec les commissaires taxateurs nommés le 28 novembre. Le -- décembre, le conseil du Temple, alors à la tour, a mandé Verdier et ses collègues pour y rendre compte de leurs opérations ; ils l'ont fait avec plaisir, et ont annoncé la nécessité de continuer leur expertise, et on les y a invités. En conséquence, le lendemain, il s'est présenté avec ses deux experts pour celle du linge ; on le leur a refusé. On a jugé à propos d'inscrire sur le registre que les commissaires demandaient à continuer leurs opérations d'après leurs pouvoirs, ce qui était contraire à leur vraie demande, de terminer leur expertise, la dernière de leurs opérations. En conséquence, ils ont protesté contre cette assertion, qui leur a paru être une continuation des mauvais procédés que les commissaires des comptes ont éprouvés, depuis le 3 décembre, de la part de quelques-uns des nouveaux commissaires. Ils se sont retirés dans le petit bureau qui leur avait été octroyé dès le commencement de leurs opérations, non pour y dîner sans forme de procès, comme on l'a dit au conseil de la Commune, mais pour y dresser un procès-verbal des obstacles opposés au zèle des commissaires des comptes, qui retardent le payement des fournisseurs et employés, et qui multiplient les frais d'expertise. Les commissaires des comptes, chargés de proposer les moyens d'économiser et même de les commencer, observent à la Commune qu'ils ont quitté leurs propres affaires pour remplir le double but dont ils ont été chargés, et non pour y aller prendre un dîner et un souper, comme on le leur a reproché en public bien indignement, qu'ils y ont été employés presque sans cesse depuis le 5 octobre dernier ; qu'ils y ont travaillé jour et nuit pendant plusieurs jours de suite à différentes reprises ; que se concertant avec la commission des travaux, ils les ont accélérés, et fait construire et meubler les trois appartements de la tour avec beaucoup plus d'économie qu'on n'en employait avant eux ; qu'ils ont préparé l'économie future en faisant placer la cuisine dans la tour, pour fournir les tables des commissaires et de la famille ci-devant royale ; qu'avec cette réforme, la dépense de la cuisine et de l'office a diminué d'environ moitié par leur surveillance ; que leur taxation des mémoires de la bouche sera au moins de mille écus, et leur expertise des linges et vêtements d'environ autant. Que les nouveaux commissaires mettent à côté leurs économies ; on le désire, mais du moins il demeurera certain qu'elles ne seront que l'application des moyens que leur ont fournis les commissions des comptes et des travaux, que quelques-uns veulent déprimer, sans les avoir entendues ni connaître leurs travaux. L'indécence avec laquelle on a mis les travaux des commissaires au rang des anciens abus qui se propagent au Temple, les force à y répondre un mot. Oui, sur les avanies qu'il a plu à quelques-uns des nouveaux commissaires de leur faire à leur table, les 3 et A décembre, ils se sont fait servir dans leur bureau. Ils l'ont dû faire, puisque la Commune leur avait toujours offert la table, par ses arrêtés et l'usage, pour les arrêter à des travaux importants qui les chargeaient d'une grande responsabilité, et dont le nouveau conseil général ne les a pas encore déchargés. Ils l'ont dû faire pour économiser le temps qu'il leur aurait fallu perdre pour aller dîner chez eux à une lieue loin. D'ailleurs, l'honnêteté de leur demander une explication aurait épargné au conseil du Temple les interrogatoires méprisants qu'il a fait subir sur leur compte. Ils auront appris qu'en donnant des bons aux citoyens Guichard et Revole, ils leur ont dit que si le nouveau conseil général, aussi injuste que quelques-uns de ses membres, n'y satisfaisait pas, ils y satisferaient eux-mêmes. Enfin on observa à la Commune que, d'après ses arrêtés et les ordres de la Convention et du ministre, les commissaires des comptes du Temple leur doivent rapport de leurs travaux ; ils le leur communiqueront, et ils espèrent qu'ils voudront bien y jeter les yeux et leur accorder une approbation qui les dédommagera de l'improbation des malveillants. État des dépenses faites au Temple depuis le 13 août jusqu'au 30 novembre de l'an 1er de la République française, avec l'aperçu de celles qui pourront être à faire par la suite, présenté à la Convention nationale, d'après son décret du 4 octobre, par Verdier, commissaire nommé par le conseil général du 10 août pour la vérification des comptes de cette maison. La commission nommée par le conseil général de la Commune de Paris, les 4 et 8 octobre, pour l'examen des comptes du Temple et des économies à faire dans cette maison, a rangé les dépenses faites et à faire sous cinq classes : les traitements des employés, les dépenses de la bouche des détenus, celles de leur entretien, celles du - conseil séant au Temple et celles des travaux. Il ne lui a pas été possible d'en faire un compte aussi juste qu'elle l'aurait désiré, à cause du désordre introduit et entretenu dans cette maison par les travaux qu'il a été nécessaire d'y faire ; par l'indépendance réciproque des petits départements qui s'y trouvent ; par la multiplicité des fournisseurs sur les mêmes objets ; par la succession continuelle des commissaires de service chargés de la surveillance générale, et par la multiplicité des commissions qu'il a fallu leur adjoindre. La plupart de ces inconvénients ayant cessé, la régie et les comptes s'y pourront faire avec plus de facilité. I. Traitement des personnes employées habituellement au Temple. Lorsque les commissaires des comptes sont allés au Temple, ils y ont trouvé vingt-quatre personnes employées, dont treize pour la bouche et l'office. Il ne leur a pas été possible de faire déterminer leurs traitements par l'ancien conseil général, mais leur rapport du commencement de novembre a servi de base au nouveau conseil pour les déterminer le 25 décembre. Ces employés sont les suivants : Employés à la tour. 1° Deux guichetiers. Les commissaires avaient proposé de fixer leur traitement annuel à mille écus pour chacun. Les guichetiers demandaient 5.000 livres, et le conseil général leur en accorda 6.000. Le ministère de ces deux guichetiers était nécessaire dans les premiers temps que les détenus étaient dans les petits appartements qui se communiquaient, pour en ouvrir et fermer la première porte ; mais depuis qu'ils ont été transférés dans les deux appartements séparés, au second et au troisième étage, et que la commission des travaux a fait placer dans l'escalier sept guichets ou portes gardées par des sentinelles, le ministère des guichetiers est devenu inutile, et le nouveau conseil les a renvoyés en décembre. 2° Cléry, valet de chambre de Louis Capet et de son fils, est auprès d'eux pour les servir, et ne peut les quitter sans être accompagné d'un commissaire de service. Les commissaires des comptes avaient proposé de fixer son traitement à 6.000 livres, l'ancien conseil y avait adhéré, mais il a rapporté ensuite son arrêté, comme les suivants traitements qu'il avait déterminés. 3° Tison et son épouse sont auprès des dames pour les servir, avec les mêmes conditions que le valet de chambre de Louis. Les commissaires avaient proposé leur traitement à 7.000 livres et 16 conseil l'avait arrêté à 6.000. Employés au palais. 4° Mathey et Fontaine, inspecteurs de surveillance, étaient au bureau des commissaires de service pour exécuter leurs ordres. Les commissaires des comptes et de service ont proposé leur traitement à 3.000 livres, et l'ancien conseil l'avait fixé à 2.000 ; mais leurs fonctions ayant été séparées par le nouveau conseil, lorsqu'en décembre il est entré dans l'appartement de la tour au rez-de-chaussée, elles sont devenues plus étendues et plus gênantes, et leur ont fait mériter un traitement plus fort. Mathey a suivi le conseil dans la tour, pour exécuter ses ordres immédiats, faire distribuer et surveiller les cartes, etc., et on a mis sous lui un porte-clefs. Fontaine est demeuré dans l'ancien appartement du conseil, situé dans la première cour, pour surveiller les dehors de la tour, reconnaître ceux qui entrent et sortent sans cartes, introduire à la tour ceux qui y ont besoin, etc. 5° Baron, frotteur et gardien des meubles des appartements du palais, a pour fonctions de les nettoyer et conserver par des soins journaliers, de nettoyer les appartements de la tour, etc. Les commissaires des comptes et des déménagements du Temple avaient proposé son traitement à 1.500 livres, et l'ancien conseil l'avait fixé à 1.200. 6° Mancel, Gourlet et Quesnel sont d'anciens serviteurs du Temple réservés pour les gros ouvrages, faire les commissions, etc. Gourlet a été autorisé, le 18 octobre, à monter au besoin à la tour pour y soulager le valet de chambre. Les commissaires des comptes et leurs collègues avaient proposé le traitement de chacun à 800 livres, et le conseil l'avait fixé à 1.000. 7° Tiranon, scieur de bois, est chargé de couper et distribuer les bois de chauffage dans les salles et les corps de garde. Les commissaires des comptes et ceux de service avaient proposé son traitement à 50 sous par jour. 8° La citoyenne Rokenstrok, femme de charge au Temple, y a été continuée pour avoir soin du linge appartenant aux créanciers du ci-devant d'Artois, mais qu'on emploie actuellement pour toutes. les personnes qui se trouvent au Temple. Les commissaires des comptes avaient proposé son traitement à 800 livres. 9° il s'y trouvait encore un perruquier sans appointements ; mais comme des commissaires qui l'employaient oubliaient souvent de le payer, le nouveau conseil lui a fait attribuer un traitement pour leur rendre ses services gratuitement. Employés pour la bouche. 10° Garnier, ancien officier de cuisine de la tour, est chef de la cuisine de Louis, et y fait en même temps les fonctions des anciens contrôleurs, essaye les mets portés aux détenus. Les commissaires des comptes et ceux de service avaient proposé son traitement à 4.000 livres. 11° Remy Sellier, chef de l'office, a un ministère analogue à celui du chef de cuisine pour sa partie. Il est en outre chargé présentement de la distribution du pain, des vins et liqueurs. Les commissaires avaient jugé qu'il devait avoir un traitement à peu près égal à celui de son collègue, mais ils prévoyaient que son ministère pouvait être supprimé. 12° Ces deux chefs, qui s'étaient associé les autres officiers, pensaient qu'on devait donner 9 livres par jour au rôtisseur, au pâtissier, au garde de l'argenterie et à l'aide d'office, aussi employés à la Cour auparavant ; mais les commissaires avaient jugé qu'on pouvait payer chacun à raison de cent louis. 13° Les mêmes chefs demandaient 5 livres par jour pour le garçon de cuisine et pour celui de l'office, aussi employés auparavant à la Cour ; mais les commissaires des comptes et de service ont estimé qu'on pouvait les payer à raison de 1.300 livres. 14° Les mêmes chefs ne requéraient que 3 livres par jour pour le laveur, par la raison qu'il avait des accessoires qu'on ne pouvait lui enlever : les commissaires ont pensé qu'il pouvait être payé à raison de 800 livres. 15° Les mêmes chefs demandaient 40 sous par jour pour le tournebroche. 16° Enfin ils demandaient 4 livres par jour pour chacun des trois garçons servants. Les commissaires les bornaient à 1.200 livres. Tous ces traitements, tels qu'ils ont été proposés par les commissaires des comptes, d'accord presque sur tous avec les commissaires de service, formaient une dépense annuelle de 6.000 livres pour les guichetiers, de 13.000 pour les trois serviteurs immédiats de la tour, 11,600 pour les employés au palais, 25.800 pour les employés pour la bouche ; en tout, 50.400 livres[1], sans compter le traitement des guichetiers supprimés. Mais, d'après les observations du chef de cuisine, on pourra supprimer cinq officiers de bouche, lorsque la cuisine sera transportée dans la tour, pour servir les tables des détenus et des commissaires de service. II. Dépenses de la bouche des détenus depuis le 13 août jusqu'au 30 novembre. L'étiquette et les formules observées pour la table de Louis à sa cour l'ont suivi au Temple ; mais la dépense y a été bien légère en comparaison de ce qu'elle était à Versailles et même aux Tuileries, puisqu'il n'y a qu'une table fournie et servie seulement par treize officiers[2]. Pour juger des profusions et des économies, il faut en considérer le service sous quatre époques : la première, du 13 août au 2 de septembre ; la seconde, pour le reste de septembre ; et les deux autres, en octobre et en novembre. Dans la première, la table était dirigée par deux contrôleurs de la bouche et du gobelet, qui ont été remerciés, et il y a eu pendant quelques jours des personnes de plus à la tour ; dans la seconde, elle n'a été dirigée que par les deux chefs de la cuisine et de l'office ; et dans les deux autres, les commissaires de service y ont concouru avec ces deux chefs. Les bordereaux de la dépense de bouche, dans la première époque, la font monter à onze mille deux cent trente-sept livres onze sous neuf deniers ; mais les mémoires en ont été réduits par les commissaires à 10.400 livres pour environ vingt-cinq jours, ce qui l'aurait porté à environ 13.000 livres, si le mois eût été complet. Pendant les vingt-trois derniers jours de septembre, la dépense n'a été que de huit mille huit cent dix-huit livres, suivant les bordereaux, et de huit mille cent deux livres d'après les réductions des commissaires. Celle d'octobre a été, sur les bordereaux, de neuf mille deux cent quatre-vingt-quinze livres six sous ; mais elle a été réduite par les commissaires à huit mille deux cent quarante-cinq livres. Enfin celle de novembre, portée à huit mille neuf cent quatre-vingt-douze livres quatre sous six deniers sur les bordereaux, a été réduite par les commissaires à huit mille quatre cent trente-cinq livres. Il peut y avoir quelques légers mémoires, présentés après coup, oui n'entrent point dans cet état, mais ce ne peut être que bien peu de chose. Il résulte du moins de cet exposé que les commissaires ont diminué, du consentement même de la plupart des principaux fournisseurs, trois mille quatre cents livres sur les mémoires de bouche, qui par leur nature et leur variabilité étaient irréductibles [.........[3]] en justice, et que leur vigilance a fait diminuer la dépense de bouche au Temple de plus de cent livres par mois, pendant le temps qu'ils y ont travaillé, quoique leur autorité fût insuffisante pour remédier aux abus qui s'y sont introduits avec l'étiquette de la ci-devant Cour royale. Mais il a paru aux commissaires des comptes plus important de préparer les économies pour l'avenir que de réduire les profusions faites. D'accord avec la commission des travaux, ils ont cru que le moyen d'économiser était de reporter la cuisine du palais à la tour, pour qu'elle fournît à la fois la table de la famille ci-devant royale et celle des commissaires de l'état-major. Ils ont pensé unanimement que par cette réforme seule la première table ne serait pas moins bien servie, et que la seconde le serait beaucoup mieux, sans qu'il en coûtât davantage, c'est-à-dire qu'on supprimerait ainsi le traiteur et le limonadier, qui coûtaient environ 3.000 livres par mois. Les lieux étaient préparés pour cette réforme par les soins des deux commissions, lorsqu'elles ont cessé au commencement dp décembre, et cette réforme a été adoptée par le nouveau conseil au commencement de janvier 1793. Mais ce changement ne suffit pas pour mettre fin aux profusions ; il est absolument nécessaire que l'administration, quelle qu'elle soit, mette fin à cette multiplicité de fournisseurs pour le même genre de denrées, dont les uns les font payer un quart et même un tiers plus cher que les autres, et qu'elle ne se servît pour chaque genre que d'un fournisseur avec lequel elle conviendrait d'un prix fixe. Peut-être même pourrait-on couper court à tous ces abus en faisant un forfait avec le chef de cuisine sur un plan de service convenu. Les commissaires ont proposé ce projet au chef de cuisine, et il a paru vouloir s'y prêter. Cette forme de service préviendrait bien des embarras, en établissant des économies fixes. III. Fournitures faites immédiatement à la famille ci-devant royale, sur les demandes de Louis Capet. Lorsque Louis est arrivé au Temple, il n'y a point trouvé les commodités qu'on s'empressait auparavant d'accumuler auprès de lui. Les effets à son usage journalier avaient été mis sous les scellés au château des Tuileries, et sa famille n'y est entrée qu'avec les vêtements qu'elle portait. Dans ce dénuement, Louis a donné des ordres pour se procurer des vêtements, du linge et autres effets nécessaires, et ses valets de chambre ont transmis ses ordres. aux anciens fournisseurs par ses anciens commissionnaires. Les commissaires de la Commune se sont prêtés à ses besoins et à ses désirs, et il a été fourni de tout ce qu'il a demandé. En conséquence, ses serviteurs nous ont présenté quatre-vingts mémoires des fournitures qui lui ont été faites depuis le 10 août jusqu'au 30 octobre. Il ne nous a pas été difficile d'y reconnaître les mêmes abus que pour la bouche, continués par des fournisseurs de l'ancien régime royal. Non-seulement il en est qui paraissent au premier coup d'œil évidemment exagérés, mais encore la multiplicité des fournisseurs, pour des vêtements et des linges de même sorte, ont décelé l'avidité de quelques-uns, par des prix bien différents. Les exagérations de bien des mémoires ont frappé même le ci-devant Roi et la ci-devant Reine, qui nous en ont parlé, en nous invitant à les réduire à leur juste valeur, et nous nous en sommes occupés avec gens connaisseurs. Nous avons commencé par faire payer au citoyen Pétion deux mille livres qu'il avait avancées à Louis, et à Hue, son premier valet de chambre, cinq cent vingt-six livres, et le valet de chambre actuel a administré l'emploi de ces deux sommes pour le ci-devant Roi. Les deux serviteurs actuels nous ont présenté les soixante-dix-huit mémoires de vêtements, linge de corps, étoffes et autres effets fournis à Louis, son épouse, son fils, sa fille, et à sa sœur, depuis le 10 août jusqu'à la fin d'octobre. Ils forment un total de vingt-neuf mille cinq cent cinq livres quatorze sous un denier, suivant le prix que les fournisseurs ont mis à leurs marchandises. Mais le plus grand nombre de ces mémoires, et les plus considérables, sont réductibles par une diminution de plus de mille écus ou quatre mille livres. Nous en avons fait les observations au conseil général de la Commune, dans notre rapport du 18 novembre, et le conseil ordonnança le payement des fournitures les moins considérables qui ne paraissaient pas réductibles, en arrêtant que les commissaires s'adjoindraient des experts pour taxer les autres. Différentes circonstances ont empêché la première commission des comptes de pouvoir commencer cette expertise ; mais le début des experts justifie ce qu'on vient d'avancer. Sur neuf mémoires montant à la somme de 3.182 livres, ils ont fait une diminution de 722 livres, en portant les fournitures et façons au plus haut prix. Pendant les deux premiers mois et demi, il a été fait encore quelques légères fournitures, dont les valets de chambre ne nous ont remis les mémoires qu'en décembre, avec ceux des fournitures de novembre. Le nouveau conseil nous a obligé de les remettre, dans l'état où on nous les avait donnés, à la nouvelle commission des comptes qu'il a nommée. Nous observerons seulement que nous en avons fait voir aux experts, et qu'ils les ont jugés susceptibles de pareilles réductions que les premiers. Je finirai cet article en observant qu'il ne faudrait pas présenter les dépenses à faire, pour ces objets, par celles qui ont été faites ; les premiers besoins nés des circonstances ont été remplis, l'entretien doit être maintenant bien moins considérable. IV. Dépenses du conseil séant au Temple. Les dépenses du conseil séant au Temple consistent en soins journaliers pour la nourriture des commissaires de service, pour la consommation de bois et lumière, de cire et de suif, dans les salles et corps de garde, pour l'illumination des cours ; pour l'emploi des papiers, cartes d'entrée ; pour blanchissages et autres objets peu conséquents. La table des commissaires a été fournie par un traiteur et un limonadier de l'extérieur du Temple. Sous l'ancien conseil général, le traiteur fournissait, à raison de 4 livres par tête, pour le déjeuner, le dîner et le souper. Le nouveau conseil a porté cette dépense à 6 livres. Jusqu'au dernier novembre, le conseil séant au Temple recevait à sa table les huit commissaires de service, ceux des commissions qui s'y trouvaient en exercice, les quatre officiers de l'état-major, des commissaires envoyés au besoin par le département et par la Convention nationale. Le traiteur fournissait aussi souvent, par ordre du conseil, des aliments à des ouvriers et autres personnes nécessaires alors ; et il en a coûté environ dix mille livres pour le traiteur et quinze cents livres pour le limonadier. Des gens malintentionnés ont parlé d'orgies faites an Temple par les commissaires de service, par des fournisseurs, et même par des membres de la Convention nationale. Mais les commissaires des comptes protestent que ce sont des calomnies, et qu'ils ont vu peu d'abus en cette partie. Les commissaires du nouveau conseil provisoire ont voulu borner la table à seize personnes du conseil et de l'état-major du Temple ; mais la nécessité, qui les a obligés d'y admettre, dans les circonstances, ceux de leurs collègues et des membres de la Convention qui y sont envoyés, leur a démontré leurs fausses vues dans cette prétendue réforme, et l'augmentation pour les frais de leur table. Elle a coûté à peu près autant en décembre que dans les mois précédents, quoique le nombre des économies y fût bien plus grand. Mais, comme nous l'avons observé, il est à croire que le service des deux tables, qui a commencé en janvier d'être fait par la même cuisine, supprimera tout à fait cette dépense, si la cuisine est bien surveillée. L'illumination des cours a fait un objet plus considérable que la table en août et septembre, mais les commissions établies au Temple en octobre y ont mis une grande réforme économique. Je ne puis donner un détail plus précis sur les dépenses ordonnées immédiatement par le conseil séant au Temple. C'est Roché, mon collègue, qui en a ordonnancé le payement : c'est à lui à fournir les explications nécessaires. V. Dépenses des travaux faits au Temple. Les travaux jugés nécessaires au Temple pour la garde et la sûreté de la famille ci-devant royale, consistent en appartements construits et meublés dans la tour, pour eux et pour le conseil ; en la confection d'un fossé autour de la tour, et son recomblement ; en constructions de murs fort élevés, et de différents corps de garde, etc. Ces travaux étaient peu avancés au commencement d'octobre, que le conseil de la commune a nommé deux commissions pour les hâter, les surveiller et les faire payer ; et la fin de novembre a vu finir les travaux qu'on a crus nécessaires, jusqu'à ce que la Convention ait décidé sur le sort des prisonniers. Ces dépenses montent à près de 200.000 livres, et la plus grande partie a été ordonnancée et même payée. C'est Roché, mon collègue, qui a fait principalement ces comptes, avec l'administration des travaux publics et l'architecte de la Commune ; c'est à lui d'en fournir l'état. Pour suivre ces travaux, Paloi, qui en avait été le premier chargé, a cru devoir faire abattre des maisons voisines ; les propriétaires ont réclamé de grosses indemnités, pour l'appréciation desquelles le conseil général a nommé une commission particulière. Elle n'a point communiqué avec les autres. L'administration des travaux publics en peut rendre compte à la Convention[4]. Résumé. Il résulte de ce qui vient d'être exposé, que les plus grandes dépenses faites au Temple, depuis le 13 août jusqu'au 1er novembre, sont celles que les circonstances ont indiquées pour la garde et la sûreté des prisonniers ; les autres n'ont pas été considérables. Celles de bouche ont monté à environ 36 mille livres ; celle de l'entretien de la famille ci-devant royale doit être d'environ 32 à 33 mille livres ; celles du conseil séant au Temple, de 20 et quelques mille livres. Les commissaires avaient évalué les traitements des employés à 50.400 livres par an[5]. La confusion née des circonstances en a nécessairement occasionné d'inutiles, avec quelques profusions et prodigalités. L'ancien conseil de la Commune y a fait mettre tout l'ordre, les économies et les réformes possibles par ses commissaires de service et des autres commissions ; mais ceux-ci ont été sans cesse trop gênés et contrecarrés dans leurs opérations pour avoir pu faire toutes les réformes nécessaires. Ils sont du moins parvenus à y préparer l'ordre et l'économie par les travaux, l'apurement des comptes et la simplification du service. Mais quelque simplicité et facilité qui s'y trouvent maintenant, il n'est pas possible que des commissaires qui se succèdent au Temple toutes les quarante-huit heures, et qui y sont presque entièrement occupés de la garde des prisonniers et de la police des personnes qui se trouvent au Temple ou qui s'y introduisent, puissent bien surveiller les différentes parties. On ne petit y établir l'ordre et l'économie nécessaires sans l'établissement d'un ou de plusieurs administrateurs permanents, qui ne se contentent pas de viser des fournitures ordonnées par différentes personnes et apportées par une foule de fournisseurs, mais qui en vérifient le besoin, en ordonnent les achats, en règlent les prix, en distribuent l'emploi, mettent l'harmonie nécessaire dans les fonctions des employés, et surveillent toutes les opérations dans tous les départements. A Paris, ce 4 janvier 1793. Adresse à la Convention nationale, présentée par Verdier, commissaire du conseil général du 10 août, sur les comptes du Temple. CITOYENS, En vous présentant les résultats du travail que vous avez ordonné, par votre décret du 4 octobre dernier, sur les dépenses faites au Temple pour la subsistance et la garde de la famille ci-devant royale, et qui est un des plus grands travaux dont les commissaires de la Commune du 10 août aient été chargés, je dois vous indiquer les opérations que nous y avons faites, tant pour vous faire connaître les abus que vous avez à réformer dans cette maison, que pour réclamer votre justice et votre protection contre une de ces cabales qui éloignent de l'administration les gens de bien, laborieux et à talent ; et mes représentations intéressent le public, s'il est vrai que les vices, qui sont les aliments des monarchies, soient les poisons des républiques, comme les vertus sont les aliments des républiques et le poison des monarchies. L'envoi subit de Louis au Temple, le 18 août 1792[6], établit nécessairement du trouble et de la confusion dans cette maison ; ils furent en augmentant, au point qu'à la fin de septembre, l'on représenta au conseil général de la Commune, 1° que les travaux commencés et délaissés par Paloi se faisaient très-mal, faute d'ordre et de payement des ouvriers, qui souvent s'ameutaient et laissaient l'ouvrage ; 2° que les mêmes causes faisaient qu'il ne se trouvait plus de fournisseurs pour la nourriture et les dépenses du ci-devant Roi. Pour remédier à ces désordres, le 29 septembre, le conseil général nomma deux commissions, l'une de six commissaires, pour suivre les travaux avec l'architecte et les entrepreneurs ; l'autre de deux commissaires, pour se concerter avec le citoyen Pétion, afin de faire rentrer dans la caisse de la Commune les 500.000 livres décrétées par l'Assemblée nationale pour la subsistance de Louis. Je fus nommé pour cette dernière commission, avec le citoyen Rosinet ; le citoyen Pétion nous donna des renseignements sur les difficultés que faisaient à la délivrance de cette somme les deux ministres des contributions et de l'intérieur. N'ayant pu les lever auprès de ces deux ministres, nous nous adressâmes au comité de finances de la Convention nationale ; nous lui donnâmes les renseignements nécessaires, et, sur le rapport du citoyen Cambon, la Convention rendit, le 4 octobre, un décret qui, 1° mit les 500.000 livres à la disposition du ministre de l'intérieur, pour délivrer les ordonnances de payement des fournitures arrêtées par le conseil général de la Commune ; et 2° chargea le même ministre de présenter incessamment à la Convention le compte des dépenses faites jusqu'à ce jour, et un aperçu des dépenses à faire, tant pour la sûreté et disposition du local, que pour la subsistance et l'entretien de Louis XVI et de sa famille. Dès le soir du même jour 4 octobre, je fis avec Rosinet au conseil général le rapport de nos premières opérations ; et pour l'exécution du décret, le conseil nous nomma pour continuer nos opérations et préparer les comptes des fournisseurs du Temple, et il nous adjoignit Roché pour l'examen des comptes des travaux, en nous enjoignant de nous concerter avec l'administration des travaux publics et avec le conseil séant au Temple. Le 8 du même mois, nous fîmes au conseil général un rapport de l'aperçu des dépenses faites jusqu'au 30 septembre, montant à 97.281 livres pour les dépenses des bâtiments et autres. Le conseil arrêta qu'il serait demandé par provision au ministre la somme de 30.000 livres, pour être répartie à compte entre les fournisseurs ; que les administrateurs des finances de la Commune feraient les démarches nécessaires pour faire rentrer dans leur caisse la somme de 2 ?.000 livres par eux déjà payée en avance, pour les travaux du Temple, et que ses commissaires au Temple établiraient un ordre de dépense en chaque partie, avec un état des dépenses à faire, conformément au deuxième paragraphe du décret de la Convention nationale. L'on a réclamé du ministre de l'intérieur les à-comptes demandés par la Commune, mais le ministre déclara ne vouloir ordonnancer que des mémoires définitifs ; et c'est la première cause qui a retardé les payements des fournisseurs, parce que l'apurement définitif de leurs mémoires était l'objet d'un travail immense, el qu'on n'a pu en faire solder qu'un petit nombre au milieu d'octobre. Il a fallu nous procurer un nombre prodigieux de mémoires de personnes que nous ne connaissions pas, et dont nous n'avons vu plusieurs que par des renseignements ; encore ne nous en a-t-il été remis des premiers temps qu'en décembre ; les mettre en ordre, les confronter, pour éviter les doubles emplois que l'on a découverts ; les vérifier sur une quantité immense de bons rendus journellement par les commissaires de service, surtout depuis notre arrivée au Temple, lesquels titres étaient mal en ordre et dont un grand nombre manquaient, ce qui a entraîné une foule d'explications et même de discussions avec le conseil du Temple, les chefs de chaque département et même avec la famille des détenus ; les calculer, ce qui a fait découvrir beaucoup d'erreurs, qui la plupart étaient au préjudice de la nation ; et, ce qui était le plus difficile, il fallait les taxer, la plupart étant susceptibles de réductions dont grand nombre étaient considérables, et pour comble d'embarras, il nous fallait, suivant nos pouvoirs, arrêter quelque chose, avoir l'agrément du conseil séant au Temple, et la réunion de quatre à cinq des membres très-occupés était un grand ouvrage. Enfin, pour tous ces objets, il a fallu voir beaucoup de fournisseurs et discuter avec eux. Pour remplir ces tâches, nous ne nous trouvâmes bientôt que deux, par la retraite de Rosinet, employé par un ministre : Roché pour les bâtiments, et moi pour le reste ; nous n'y fûmes pourtant pas bornés. Les relations de nos opérations avec celle des travaux nous faisaient journellement appeler par celle-ci, pour décider des motifs d'économie dans la clôture des détenus, ainsi que dans la construction et l'ameublement de leurs appartements. Le conseil séant au Temple même nous appelait journellement aux décisions, souvent délicates et périlleuses, que les circonstances présentaient, de manière que si je n'eusse pas travaillé la nuit au Temple et chez moi, je n'aurais jamais pu remplir ma tâche. L'objet le plus pressant était de déterminer les traitements de vingt-trois employés au Temple, dont un grand nombre étaient sans pain et sans vêtements ; c'est aussi celui que je tâchai de déterminer le premier, d'après bien des renseignements qu'il nous a fallu prendre sur la nature, l'époque et l'autorisation de leurs services. Les rapports faits sur cet objet, il s'agissait d'obtenir la parole pour faire déterminer ces traitements par le conseil, et ce ne fut qu'avec une peine extrême que je pus attirer l'attention du conseil général, occupé de mille affaires qu'il croyait plus importantes et plus urgentes. Le 24 octobre, je parvins à faire déterminer le traitement des deux guichetiers. Je ne pus avoir la parole que le 2 novembre. Il fallut rester à la tribune tout le soir pendant cinq séances, pour faire arrêter onze traitements, et au dernier, un membre s'étant avisé de dire que, sous le régime de l'égalité, tous les traitements devaient être égaux, les arrêtés furent rapportés. Une nouvelle commission de quatre membres fut arrêtée pour fixer ces traitements avec nous. Cette commission parut deux fois au Temple sans rien faire, et tout mon travail devint inutile. Sur ces entrefaites, il plut à la section des Arcis et à quelques autres de faire une dénonciation à la Commune d'une prétendue orgie faite au Temple le 22 octobre précédent. Le conseil supprima, à cette occasion, toutes les commissions du Temple, et il les remplaça par une autre de six commissaires, chargés de notre besogne. La nouvelle commission travailla, et présenta un projet de règlement, mais qui n'a point été suivi. Nous n'en continuâmes pas moins nos opérations et nous sollicitâmes la parole avec instance. Je fis un éclat pour l'obtenir, en mettant mon écharpe sur le bureau et donnant ma démission. Je l'obtins pour le lendemain 18 novembre sur les mémoires des fournisseurs de vêtements et linges faits immédiatement à Louis et à sa famille. Le conseil ordonnança une partie de leurs mémoires et ordonna l'expertise des autres, mais je n'ai pu retirer cet arrêté du secrétariat qu'à la fin du mois. Je sollicitai la parole les jours suivants, et je fus éconduit avec scandale par le président, qui dit que je faisais le siège de la tribune pour des comptes bleus. Enfin le 26, jour où on me l'avait refusée, on ordonna que toutes les commissions du Temple présenteraient leurs comptes. Je me prévalus de cet arrêté, et le 28 du même mois, je présentai les comptes de la bouche. Le conseil nomma une nouvelle commission de quatre membres pour les ordonnancer, et ordonna que mon rapport serait envoyé à la Convention nationale. Je commençai aussitôt à faire ordonnancer tous ces mémoires, d'après les deux arrêtés précédents ; mais le conseil général fut renouvelé le 2 décembre. Nous en installâmes le même jour les commissaires de service, en leur notifiant ces arrêtés, et leur déclarant que notre intention était de terminer nos opérations aux mémoires fournis jusqu'au dernier novembre. Dès le lendemain, Foulon, qui se trouva de service, nous fit contrecarrer dans nos opérations, et nous fit écarter de la table du Temple, où, suivant les pouvoirs de la Commune, étaient admis tous les commissaires des commissions, avec ceux du département et de la Convention nationale. Cependant le conseil du Temple favorisa nos opérations, y contribua lui-même avec nous, et nous promit de nous faire obtenir du conseil la parole pour les faire ratifier ; mais en vain nous nous y présentâmes le 8 et le 9. Les fournisseurs nous présentèrent alors les mémoires de leurs fournitures faites en novembre, et, après bien des difficultés, nous commençâmes l'expertise des vêtements. Sur neuf mémoires, montant à 31 [.....[7]], les experts avaient fait une réduction de 722 livres ; et les jours suivants, nous nous occupâmes à faire ordonnancer les mémoires de bouche par Launai et Caron, les seuls des quatre commissaires du 28 septembre qui se soient présentés pour ce travail, quoique les deux autres s'en fussent chargés. Le 13, je me représentai au conseil du Temple avec les deux experts, pour continuer l'expertise commencée le 7. Caigneux, alors de service, nous fit refuser les échantillons nécessaires, et nous fûmes obligés de discontinuer nos opérations. Le 17, Caigneux et Foulon s'avisèrent de nous dénoncer au conseil général comme des parasites qui n'allaient au Temple que pour dîner[8]. Le conseil nomma quatre commissaires pour recevoir de nous notre travail et arrêter les comptes. La nouvelle commission nous manda ; je me rendis auprès d'eux. Je leur offris tous les renseignements nécessaires ; je leur remis mon rapport sur les traitements ; je m'engageai à leur remettre les papiers en ordre le vendredi 28 décembre, à dix heures du matin ; et sur mon rapport, la nouvelle commission à fait déterminer les traitements, le 26 décembre, au conseil général. Pour remplir cet engagement, j'ajournai tous mes collègues au jeudi 27, pour terminer notre besogne, mais je ne trouvai personne. Le concierge m'apprit que Roche, mon collègue, avait emporté tous les papiers. Ne pouvant travailler, je me retirai, et sur mon chemin je trouvai Launai, qui m'assura que Foulon lui avait dit que la nouvelle commission n'avait plus lieu, par la démission et la maladie de ses trois collègues, et qu'il ne se rendrait au Temple qu'à trois heures le lendemain, jour indiqué, à dix heures. Je m'y rendis à deux heures, et j'y travaillai avec trois de mes collègues qui s'y trouvèrent, mais lorsque je voulus me retirer, vers neuf heures, Caigneux vint, avec deux commissaires de service, jouer une scène scandaleuse, sans doute concertée par la ruse de Foulon : il me reprocha de ne m'être pas trouvé à dix heures, m'accusa d'emporter les papiers, quoique je n'en emportasse aucun. Ses injures m'ayant obligé de lui dire que je ne lui remettrais point les papiers, mais au conseil, le lendemain, Mercier, l'un des commissaires, a qui je n'avais pas dit un mot, s'élança pour me frapper, sans forme de procès, comme un des patriotes de septembre. Le lendemain, dimanche 30, je me rendis au Temple pour terminer nos opérations avec trois de mes collègues que j'y trouvai. Le conseil séant au Temple me cita, sur une nouvelle dénonciation calomnieuse de Caigneux, mais il me permit d'inscrire sur le registre ma réponse, qui fut le développement de la scène scandaleuse de la veille ; et ma soumission de rendre les papiers au conseil ou à des commissaires qui ne fussent point assez malhonnêtes pour nous calomnier, nous injurier et nous frapper. Les fournisseurs de bouche, ennuyés des retard s de leurs payements, nous avaient sommés de répondre, dimanche au soir, à une pétition qu'ils devaient faire pour être payés. Nous promîmes tous de nous y trouver, mais je m'y trouvai seul. J'y fis mon rapport de 130 numéros de leurs mémoires ordonnancés par la commission du 28 novembre. Foulon renouvela contre moi sa dénonciation du 17 décembre, qu'il développa par une longue suite de verbiages dans lesquels il ne se trouvai t pas une phrase de vraie ; il fut soutenu par quelques-uns de ses collègues, qui ne savaient rien de nos opérations. Le conseil, qui les a laissés parler avec beaucoup de complaisance, n'a pas souffert que je répondisse à leurs calomnies et mensonges, et a arrêté que je remettrais sur-le-champ tous les mémoires à deux des commissaires nommés ce même soir pour le service du Temple. Je les leur ai remis, en effet, la même nuit et les deux jours, suivants, dans le meilleur ordre, et ils m'ont reçu avec beaucoup de politesse ; mais le procès-verbal qui doit faire ma décharge, ils l'avaient concerté sans doute avec mes calomniateurs. Ils ont eu soin de distinguer les cent mémoires de vêtements [.....[9]] que je leur ai remis vus et vérifiés, [.....[10]] ordonnancés et expertisés ; mais ils n'ont pas voulu y exprimer que les 130 de bouche, que je leur ai présentés avec les ordonnances de la commission du 28 novembre, fussent arrêtés. L'un d'eux a recommencé les accusations injurieuses de ses collègues, en disant que je m'étais opposé au payement des fournisseurs ; et ils m'ont éconduit en disant qu'ils déclareraient que je leur ai remis les mémoires de bonne foi, c'està-dire qu'ils les ont reçus avec la mauvaise foi de gens disposés à s'en servir pour démontrer leurs inculpations mensongères. Les vues de cette cabale sont évidentes. Pour se parer de mon immense travail, ils ont voulu persuader aux fournisseurs que je m'étais opposé à leur payement. Cette inculpation est sérieuse devant des gens à qui nous avons cru devoir faire de fortes réductions. Déjà, sur leurs calomnies, quelques-uns d'entre eux étaient venus chez moi me menacer de soulever contre moi leurs confrères des halles. Le reste, citoyens, je vous le laisse à deviner. Et comment ai-je mérité ces inculpations ? Parce que de 17 commissaires, nommés par l'ancien conseil général pour les comptes du Temple, je suis le seul, avec Roché, qui ai soutenu l'ouvrage et l'ai fait consommer par des commissaires nommés pour les ordonnancer et par deux experts que j'ai fait appeler ; et comme j'ai démontré beaucoup de zèle pour les réductions, il leur a été facile de me faire voir mal des fournisseurs et des employés au Temple. Et en effet, citoyens, pour terminer ce travail contre tous les obstacles que chaque jour a fait naître, il m'a fallu m'y donner tous les jours chez moi, et au Temple, où j'ai couché quinze à vingt fois. J'ai été employé, de plus, par la Commune à d'autres comptes, à des levées de scellés, etc. ; de sorte que, depuis trois mois, il m'a fallu, pour travailler aux affaires publiques, laisser de côté mes affaires particulières, dont les principales sont très-importantes et très-urgentes. Me laisserez-vous, citoyens, en butte à la calomnie, pour prix de mon zèle dans un travail immense, pénible, dégoûtant et obscur, mais très-utile ? Non, je ne le puis croire, et je vous prie avec confiance de vouloir bien l'examiner, et de me faire obtenir une décharge et une justification complète, dans un procès-verbal qui exprime l'état où je l'ai laissé à mes successeurs, et, particulièrement, que les 130 mémoires de bouche que je leur ai livrés ont été ordonnancés. A Paris, ce 4 janvier 1793. COMMUNE DE PARIS. Extrait des registres des délibérations du conseil du Temple, date du 23 octobre, l'an 1er de la République. Le conseil délibérant a arrêté que, pour réformer tous les abus qui pourraient résulter des différentes demandes faites par la famille détenue, il ne sera fait, à compter de ce jour, droit aux demandes du dernier Louis que lorsqu'elles seront faites- par le citoyen Cléry ; de même celles faites par le citoyen Tison pour les femmes et les enfants. Arrête en outre que le présent arrêté sera communiqué aux prisonniers et aux citoyens Cléry et Tison. Pour copie conforme à l'original, Signés : C. JAMS, président, et NICOUD, secrétaire. ——————————————— XIIDocuments concernant le cœur de Louis XVII.Dans une note communiquée à M. Eckard, et publiée dans ses Mémoires historiques sur Louis XVII, M. Pelletan rend compte ainsi lui-même de la manière dont il aurait enlevé le cœur de l'Enfant Roi, pendant l'autopsie : Je fus chargé spécialement des opérations de l'ouverture et de la dissection, ainsi que de celle de restaurer le corps. Tandis que je m'occupais de ce dernier soin, mes confrères, le commissaire civil, et l'un des gardiens de la tour, qui avaient été présents à l'ouverture, s'éloignèrent de la table et se retirèrent dans l'embrasure de la croisée pour causer entre eux. Je conçus alors le dessein de m'emparer du cœur de l'enfant ; j'entourai de son ce viscère, je l'enveloppai de linge, et je le mis dans ma poche, sans être aperçu. Rien ne me donnait lieu de craindre d'être fouillé en sortant de la prison. Rentré chez moi, je mis ce cœur dans un bocal rempli d'esprit-de-vin, et je le cachai derrière le rayon le plus élevé de ma bibliothèque. Dix ans environ s'écoulèrent, pendant lesquels l'esprit-de-vin, renouvelé plusieurs fois, s'évapora entièrement. Le cœur étant desséché et susceptible d'être conservé sans aucune précaution, je le plaçai dans un tiroir de mon secrétaire, avec d'autres pièces anatomiques. Longtemps après, montrant ce cœur et les autres pièces à M***, mon élève particulier, demeurant chez moi, et à qui j'accordais toute, ma confiance, j'eus l'imprudence de lui révéler mon secret. Ouvrant sans cesse mon tiroir, j'avais souvent l'occasion de jeter les yeux sur ce cœur que rien n'enveloppait, lorsqu'un jour je m'aperçus qu'il manquait parmi les pièces anatomiques : je ne pus douter qu'il ne m'eût été soustrait par mon élève, qui, seul, possédait mon secret, et qui, seul, avait l'entrée libre de mon cabinet. Cet élève m'avait quitté depuis peu pour se marier, et je continuais à le recevoir chez moi : néanmoins, je n'osai réclamer de lui une restitution, dans la persuasion où j'étais qu'il nierait le fait, et même que, poussé à, bout, il anéantirait l'objet de ma réclamation. Au moment que tout annonçait le retour de nos rois, mon élève succomba à la phtisie pulmonaire qui le consumait depuis longtemps. Alors, le père de sa veuve se présenta chez moi ; il m'avoua que son gendre lui avait déclaré en mourant, et plein de repentir, la soustraction qu'il avait faite chez moi du cœur de Louis XVII : il m'annonça que, sa fille étant dans l'intention de me le restituer, elle me l'apporterait le lendemain. A peine ce monsieur fut-il sorti de chez moi, que je me transportai chez lui, où je trouvai la veuve de mon élève au milieu de sa famille. Cette dame me remit à l'instant le cœur renfermé dans une bourse : je le reconnus parfaitement, l'ayant touché et examiné avec attention plus de mille fois. Ainsi, je possède le cœur de Louis XVII. —————————— Une communication faite par M. Pelletan à M. Antoine (de Saint-Gervais), qui avait publié une Vie du jeune Louis XVII, communication dans laquelle M. Pelletan insistait sur les soins personnels qu'il avait donnés au jeune Prince, sans parler de M. Dumangin, et faisait encore mention de la soustraction du cœur de l'enfant, amena en 1817, entre ces deux médecins, un échange de lettres. M. Dumangin disait dans la sienne : Vous avez cru, monsieur, pouvoir accuser, sans inconvénient, de distraction, moi et MM. Jeanroy et Lassus, dans le moment où vous dites avoir soustrait une partie précieuse du jeune Roi. Qu'aviez-vous donc à redouter de ma part et de celle de nos confrères ? Rien. Vous m'aviez à la vérité proposé d'autres adjoints ; et sur mon observation que, d'après les qualités personnelles et les rapports qu'avaient eus M. Lassus avec Mesdames de France, et M. Jeanroy dans la maison de Lorraine, leurs signatures seraient d'un tout autre poids, vous aviez agréé ce choix. Ce qui vous aurait pu déterminer n'était-il pas plutôt l'œil des gardiens, retirés dans un coin de la chambre ? Votre conduite, en elle-même louable, vous rend coupable, j'ose le dire, de la faute grave d'avoir négligé des témoignages qui laissent exister un doute sur un point de fait de cette importance. M. Pelletan répondit en ces termes aux observations de M. Dumangin : Nous procédâmes tous quatre à l'ouverture du corps, dont je fis seul l'opération. Je n'ai certainement pas voulu vous inculper ou vous accuser de distraction en disant que, m'occupant seul de réparer le corps, vous vous retirâtes dans l'embrasure d'une fenêtre, et que je profitai du moment pour m'emparer de quelques restes précieux. Vous ne vous aperçûtes pas de mon larcin, parce que je le cachai bien à tous. Vous savez qu'il pouvait y aller de ma vie, s'il eût été découvert. Vous me demandez cependant si je ne pouvais pas me fier à vous ? Non, monsieur, à personne. J'en fis part seulement à M. Lassus, mon ami depuis vingt-cinq ans, et qui avait accompagné Mesdames en Italie : nul autre ne l'a su. Voilà, monsieur, ce que vous dites qui me rend coupable. M. Antoine, qui, chargé en 1817, comme il le dit lui-même, par le roi Louis XVIII, de rechercher les personnes encore existantes qui s'étaient fait connaître avantageusement par leur conduite envers le jeune prisonnier de la tour du Temple, était entré naturellement en rapport avec MM. Pelletan et Dumangin, et avait provoqué involontairement une polémique entre ces deux médecins célèbres, en publiant le témoignage du premier, résume ainsi, dans une note remise à M. Hue, alors le premier valet de chambre de Louis XVIII, l'état de la question après ces explications réciproques : Nous avons profité de la circonstance qui nous a appelé auprès de M. Dumangin, pour approfondir un fait que divers historiens de Louis XVII ont rapporté d'après nous, qui en avons parlé le premier dans la vie de ce jeune prince, publiée en 1815. Quoique M. Dumangin continue d'avoir pour M. Pelletan les sentiments d'estime et de juste considération qu'il mérite par son talent, nous savons aussi néanmoins qu'il a eu quelques motifs d'être piqué contre lui. Ils ont coopéré ensemble à l'ouverture du corps de Louis XVII : en pressant donc M. Dumangin de nous dire avec franchise quel degré de foi l'on doit ajouter à cette soustraction du cœur dont M. Pelletan se fait un mérite personnel, nous étions sûr d'obtenir un témoignage qui ne serait point dicté par une confiance aveugle ni par une servile complaisance. M. Dumangin atteste qu'à la fin de l'opération il a vu M. Pelletan envelopper soigneusement quelque chose qu'il mit dans sa poche. Il n'a nullement songé à ce que ça pouvait être, et il présume que ce chirurgien a pu juger convenable de faire alors un mystère de ce pieux larcin, non-seulement de peur de se compromettre, mais encore de compromettre celui qu'il en eût rendu le confident. Aujourd'hui, quoique rien ne puisse prouver physiquement que ce soit réellement le cœur de Louis XVII que M. Pelletan ait en sa possession, qu'il ne peut en donner d'autre garantie que sa parole, M. Dumangin, se rappelant ce qui s'est passé lors de l'ouverture du corps, dit que, dans son âme et conscience, il est moralement convaincu de la vérité du fait. Nous croyons, devoir faire connaître cette particularité, qui ne sera peut-être pas sans quelque intérêt aux yeux de notre auguste monarque, dans un moment où Sa Majesté reporte ses regards sur son jeune prédécesseur. —————————— Les deux pièces suivantes constatent la pensée qu'avait eue un moment le Roi Louis XVIII, après cette enquête, de faire transporter à Saint-Denis le cœur conservé par M. Pelletan. MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR, A M. le garde des sceaux, ministre de la justice. Paris, le 3 septembre 1817. MONSEIGNEUR, J'ai reçu les pièces que Votre Grandeur m'a fait l'honneur de me communiquer et relatives à la conservation du cœur de S. M. Louis XVII et à l'endroit où le corps de ce jeune Prince a été inhumé. L'intention du Roi étant que le cœur de ce Prince et celui de S. A. R. le Dauphin, fils aîné du Roi Louis XVI, qui se trouve dans les mains du maire du 12e arrondissement[11], soient transportés à Saint-Denis sans pompe et néanmoins avec les cérémonies convenables, je viens de faire, conformément à l'ordre que S. M. m'en a donné, l'envoi de toutes les pièces à M. le grand maître des cérémonies. Je transmets à Votre Grandeur les deux bordereaux joints à sa lettre du 20 août ; ils sont revêtus de la décharge qu'elle désire. Le ministre secrétaire d'État au département de l’intérieur, (Archives de l’Empire, série E, n° 6209.) MINISTÈRE DE L'INTÉRIEUR. État des pièces constatant que le cœur de S. M. Louis XVII a été réellement conservé et existe encore aujourd'hui. 1° Procès-verbal de l'audition des témoins, d'où il résulte que le cœur conservé chez le sieur Pelletan est effectivement le cœur de S. M. Louis XVII ; 2° Certificat du sieur Pelletan, où il reconnaît avoir reçu de la dame veuve Tillos le cœur par lui conservé de ce jeune Prince ; 3° Un arrêté du Comité de sûreté générale, en date du 5 juin 1795 (17 prairial an III), qui autorise le sieur Pelletan à succéder au sieur Desault dans le traitement de la maladie dont S. M. Louis XVII était attaquée ; 4° L'acte d'envoi du susdit arrêté, en date du même jour, adressé au sieur Pelletan par le secrétaire général du Comité ; 5° Un arrêté du Comité de sûreté générale, en date du 8 juin (20 prairial), qui autorise les médecins du jeune Roi à lui choisir une garde-malade ; 6° La lettre par laquelle le secrétaire général a fait, le même jour, envoi de la précédente pièce au sieur Pelletan ; 7° L'ordre donné par le Comité de sûreté générale, le même jour, à quatre heures et demie de relevée, pour qu'il soit procédé à l'ouverture du corps ; 8° Le procès-verbal dressé le lendemain 9 juin (21 prairial), constatant l'état du corps, et signé tant par les médecins chargés de traiter le jeune Prince que par ceux qui ont été appelés à l'ouverture du corps. Reçu les huit pièces contenues au bordereau ci-dessus, que m'a envoyé M. le ministre secrétaire d'Etat de l'intérieur par sa lettre du 3 septembre 1817, conformément à l'ordre qu'il en avait reçu du Roi. Paris, le 4 septembre 1817. Le grand maître des cérémonies, Signé : Le marquis DE DREUX-BRÉZÉ. (Archives de l'Empire,
série E, n° 6209.) Malgré l'intention constatée par ces deux pièces, le cœur dont il est ici question ne fut pas déposé à Saint-Denis. Les premiers doutes revinrent et prévalurent, confirmés surtout par les énergiques dénégations de Lasne, qui avait assisté à l'autopsie, et qui n'avait pas, disait-il, quitté un seul instant des yeux l'opérateur. Le cœur conservé par M. Pelletan fut renfermé dans un vase de cristal sur lequel étaient gravées les lettres L. C., monogramme de Louis-Charles ; dix-sept étoiles, aussi gravées sur le couvercle, formaient une couronne surmontée d'une fleur de lis dorée. Ce vase demeura en dépôt à l'archevêché de Paris, d'où il disparut lors du pillage de cet édifice le 29 juillet 1830. M. Gabriel Pelletan fit rechercher le cœur, qui est aujourd'hui en sa possession. ——————————————— XIIIMemoire des racomodciges blenchisages et fourniture deharde des détenus autemple pour le mois pluviôse len 3e une et indivisible par la ciloijenne Clouët.Janvier et février 1795. Linge detheresse Capet. 1 tablie : 8 s. 21 chemise dont 4 racomodé : 19 lt. 15 s. 12 serviette dont une racomodé : 3 lt. 10 s. 1 per de poche : 6 s. 8 linge piqué : 4 lt. 5 linge de garderobe : 1 lt. 1 corset : 6 s. 3 perde bas de coton : 15 s. 2 per de bas de soie et racomodé : 5 lt. 10 s. 2 per de choson et racomodé : 12 s. 8 beguens : 3 lt. 2 bone de linons monté et faveur : 5 lt. 10 mouchoire de batiste et racomodé : 4 lt. 10 s. 8 fichue de batiste dont un racomodé : 3 lt. 14 s. 10 fichue de linon : 6 lt. 2 jupon de basin et racomodé : 2 lt. 15 s. 1 robe et jupon de bazin relargie 12 lt. 4 robe de perçal rélargie : 44 lt. Fourny pour doublure 2 one équard de toile a 16lt. lone fait : 36 lt. Fournij 22 one lenquens pour deux pierot et leur jupon a 18lt. Lone : 396 lt. Fason des deux pierot et leur jupon (sic) : 40 lt. Fournij 2 one de toile blondine pour les corsages et les menche des deux pierot : 28 lt. Fournij les bore des jupons des pierot : 10 lt. Fournij trois dousenne de bouton : 9 lt. Linge de Charles Capet. 3 chemise et racomodé 4 lt. 5 s. 4 mouchoire de batiste : 1 lt. 1 cravatte et 2 bone de coton : 15 s. Linge de Tison : 5 chemise ; 3 lt. 15 s. 3 bone et 3 bendau : 1 lt. 4 s. 5 per debas : 1 lt. 5 s. 6 mouchoire : 1 lt. 4 s. 1 serviette : 5 s. Total . . . . . . . . . . : 649 lt. 15 s. Je sertifie veritable le montant a six cens quarante neuf livre quinze sols. CLOUET. Nous soussignés certifions que les ouvrages et fourniture portés au présent mémoire, montant à la somme de six cent quarante neuf livres quinze sols, ont été faits pour l'usage des détenus. Au Temple, le dix neuf germinal de l'an 3e de la République française, une et indivisible. GOMIN, chargé de la garde des enfants de Capet. RAMBERT, com. civil. Certifie véritable par moi économe de la maison du Temple à la somme de six cent quarante neuf livre quinze sols. LIÉNARD. 19 germinal an III (8 avril 1795) (Archives de l'Empire,
série E, n° 6207.) ——————————————— XIVMémoires des ouvrages faits et fournis par moi Diacre, tailleur rue Denis n° 58, par ordre du commissaire du Temple, pour la fille de Capet ; ce 30 brumaire, Van troisième de la République.20 novembre 1794. Savoir : Fourni 5 aunes de toile a 20 lt. laune : 100 lt. Fourni 9 aunes de rubans a 6 s. laune : 2 lt. 14 s. 16 busques a 10 s. pieces : 8 lt. 8 aunes de lacets a 5 s. laune : 2 lt. Façons de 4 corsets à 18 lt. Jaune : 72 lt. Total . . . . . . . . . . : 184 lt. 14 s. Je certiffie le contenu du compte ci dessus véritable, montant à cent quatre vingt quatre livres quatorze sols. DIACRE. Reçu les quatre corsets mentionnés cy dessus, pour le service de la fille de Capet ; ce trente brumaire de l'an 3e de la République française, une et indivisible. LAURENT, chargé de la garde des enfants de Capet. GOMIN, chargé de la garde des enfants de Capet. Certifié véritable par moi économe du Temple à la somme de cent quatre vingt quatre livres quatorze sols comme c'est des ouvrages que je n'aie aucune connaissance je me suis informé des prix aux ouvriers du memes état et mon dit que cetait le prix courant par ce moyen je déclaré qu'il ni a pas lieu a réduction. LIÉNARD. (Archives de l'Empire,
série E, n° 62007.) FIN DES DOCUMENTS ET PIÈCES JUSTIFICATIVES DU SECOND ET DERNIER VOLUME. |
[1] Au lieu de 56.400 (erreur que nous reproduisons avec notre scrupuleuse exactitude de copiste, mais que nous devons signaler).
[2] Cent trente mémoires qui ont été présentés aux commissaires des comptes, ont. été ordonnancés par une nouvelle commission qui leur a été jointe, d'après un arrêté de l'ancien Conseil du 28 novembre.
[3] Cette lacune existe dans le manuscrit.
[4] Il y a encore au Temple un autre objet d'administration, c'est la garde, l'entretien et l'inspection des appartements de la première cour, et du grand nombre de meubles précieux qui s'y trouvent. Cet objet a été soumis à l'inspection de trois commissaires particuliers nommés au mois d'août par l'ancien conseil général, sous le titre de Commission des déménagements.
[5] Reproduction de l'erreur signalée dans la première note de ce document.
[6] Le lecteur aura remarqué l'erreur de cette date : tout le monde sait que c'est le 13 et non le 18 août que la famille royale fut conduite au Temple.
[7] Lacune existant dans le manuscrit.
[8] Cette inculpation est d'autant plus plate, que les dîners, que nous gagnions par neuf à dix heures de travail, n'étaient fixés qu'à trente sous, et que ces messieurs, plus délicats, les ont fait porter à cinquante. De sorte que la nation paye maintenant autant pour les seize convives actuels, que pour les vingt à vingt-quatre que nous y étions sous l'ancien Conseil.
[9] Lacune existant dans le manuscrit.
[10] Lacune existant dans le manuscrit.
[11] L'explication de ceci se trouve dans l'acte suivant :
Rapport au Roi.
SIRE.
Il vient d'être fait remise au maire du 12e arrondissement de Paris, par un sieur Thévenin, qui en était dépositaire, du cœur de S. A. R. Mr le Dauphin, fils aîné de S. M. Louis XVI.
Mr le préfet de la Seine, en me donnant cet avis, me transmet les renseignements suivants, qu'il assure avoir été recueillis avec le plus grand soin par Mr le maire.
En brumaire an II (octobre 1793), lors de la spoliation des tombeaux de la famille des Bourbons au Val-de-Grâce, un sieur Legoy, secrétaire du comité de l'Observatoire, assistant à cet enlèvement, recueillit un cœur qui, suivant l'indication gravée sur la double enveloppe de plomb et de vermeil dont il était recouvert, était celui de S. A. R. Mr le Dauphin Louis-Joseph-Xavier-François, fils aîné de S. M. Louis XVI, né à Versailles le 22 octobre 1781, et mort à Meudon le 4 juin 1789.
Dans la crainte d'être inquiété, à raison de ce dépôt, comme fonctionnaire public, le sieur Legoy le remit à son père.
Au décès de ce dernier, arrivé le 1er août 1811, ce dépôt resta entre les mains de sa veuve.
Enfin, d'après l'intention plusieurs fois manifestée et jamais réalisée de la part de la dame Legoy de confier ce dépôt au sieur Guichard son voisin, la femme Moleure, femme de confiance de cette dame et gouvernante du sieur Thévenin, détermina sa maîtresse, peu de temps avant son décès, à le remettre audit sieur Thévenin, dernier détenteur.
Ces faits paraissent ne devoir laisser aucun doute sur l'origine et la sincérité de ce dépôt.
J'ai l'honneur de prier V. M. de vouloir bien me donner ses ordres à ce sujet.
NOTA. — Ce rapport a été copié sur un brouillon qui n’est ni daté ni signé.
(Archives de l'Empire, série E, n° 6209.)