LOUIS XVII, SA VIE, SON AGONIE, SA MORT

CAPTIVITÉ DE LA FAMILLE ROYALE AU TEMPLE

TOME PREMIER

 

LIVRE QUINZIÈME. — LAURENT NOMMÉ GARDIEN DES ENFANTS DE LOUIS XVI.

10 thermidor an II (28 juillet 1794).

 

 

Visite de Barras au Temple. — Nomination de Laurent. — Détails biographiques, — Exécution de Robespierre et de Simon. — Installation de Laurent. — Enquête réclamée par lui. — Des membres du comité de sûreté générale visitent le jeune Roi. — Son état. — Attentions de Laurent pour son prisonnier ; étonnement de celui-ci. — Promenades sur la plate-forme. — Un bouquet de fleurs. — Double inquiétude de la Convention. — Laurent demande et obtient un collègue.

 

Le lendemain du 9 thermidor, à six heures du matin, Barras, qui avait été un des principaux acteurs de cette journée, se rendit au Temple avec plusieurs membres des comités et quelques députés de la Convention en grand costume. Nommé commandant général de la force armée qui, la veille, avait repoussé les troupes d'Hanriot et s'était emparée de Robespierre et de ses principaux agents établis dans l'Hôtel de ville, Barras venait, avec son cortège, se montrer à tous les grands postes de Paris et faire renouveler aux troupes le serment d'être fidèles à la Convention nationale. Il s'arrêta au poste du Temple, en fit doubler la garde, ordonna aux municipaux d'y rester en permanence et d'y exercer la surveillance la plus sévère.

Dans le nombreux cortège qui environnait le nouveau commandant des troupes parisiennes, se trouvait le citoyen Jean-Jacques-Christophe Laurent, membre du comité révolutionnaire de la section du Temple. J'aurais à causer avec vous, lui dit Barras ; venez me voir quand nous serons rentrés.

Laurent fut exact au rendez-vous. Nous avons disposé de vous sans vous consulter, lui dit le nouveau dictateur. Indépendamment des municipaux qui se relèvent de jour en jour à la Tour du Temple et qui veillent à sa sûreté, il est bon que le gouvernement y possède un agent permanent, digne de toute sa confiance. Les comités viennent, sur ma proposition, de vous nommer gardien des enfants de l'ex-Roi ; ils comptent sur votre zèle et votre patriotisme. Demain, vous recevrez votre commission[1].

Laurent était de la Martinique, où il possédait quelques terres. C'était un jeune homme de vingt-quatre ans, chaud partisan de l'égalité ; il n'était pas marié ; ses principes démocratiques, qui l'avaient attiré en France, l'avaient mis en évidence et recommandé à l'estime de Barras. Ses dispositions républicaines s'étaient fortifiées par la lecture de tous les pamphlets de l'époque et par son assiduité aux clubs. C'était, du reste, comme son protecteur, un homme d'esprit, instruit et de manières distinguées, mais son ardeur pour les idées nouvelles excluait toute appréciation impartiale du passé, et, dans sa sympathie pour le peuple, il méconnaissait toute grandeur qui n'en était point sortie. Il demeurait avec sa mère et deux jeunes sœurs rue de la Folie-Mèricourt, dans un quartier qui avait à cette époque plus de jardins que de maisons. Laurent avait la passion des fleurs, et tout le temps que ne lui prenaient pas les affaires politiques, il le consacrait à sa serre et à son parterre.

A quatre heures, au moment où Barras, suivi de son escorte, terminait sa tournée, un autre cortège, bien autrement nombreux, traversait Paris, au milieu des cris de joie et des malédictions du peuple ; c'était la charrette qui conduisait au bourreau Robespierre et ses séides[2], parmi lesquels figurait le cordonnier Simon. Robespierre avait alors le même habit qu'il portait le jour de la fête de l'Être suprême, et Simon la même carmagnole qu'il avait au Temple dans ses fonctions d'instituteur. Une foule innombrable parcourait les rues et poursuivait le tombereau fatal d'un tonnerre d'imprécations. Un homme, décemment vêtu, traverse la foule, et saisissant un des barreaux de la charrette, contemple quelques instants de près et en silence le hideux spectacle de Robespierre couvert de sang et de fange, la mâchoire fracassée, un œil sorti de son orbite et pendant sur la joue. Cet homme n'adresse aucune injure à l'agonisant, mais d'une voix calme et solennelle il lui dit : Oui, il est un Dieu ![3]

Je ne sais si Laurent se dit à lui-même ces paroles solennelles en prenant, la nuit du Il au 12 thermidor, possession de sa charge à la tour ; mais il est certain que l'exagération de ses opinions politiques n'excluait pas chez lui tout sentiment d'humanité, et qu'il donna, comme nous allons le voir, plusieurs preuves de compassion au malheureux enfant commis à sa garde.

Laurent était arrivé le soir à la tour. Les municipaux l'avaient reçu au rez-de-chaussée dans la chambre du conseil ; ils avaient examiné ses pouvoirs et causé longtemps avec lui, et ce ne fut qu'à deux heures de la nuit qu'ils le conduisirent dans l'appartement du petit Capet. La visite à la sœur fut remise au lendemain.

Laurent venait d'être informé de la manière dont était traité le prisonnier, mais il était loin de se faire une idée exacte de l'état dans lequel il allait le trouver ; il ne supposait pas que la retraite de Simon et de sa femme eût pu aggraver sa situation. Quel fut son étonnement lorsque, arrivé à la porte d'entrée, il fut saisi par une odeur infecte qu'exhalait à travers les grilles la chambre du royal orphelin, et quel fut son effroi quand, plongeant par le guichet le regard dans le cachot, l'un des municipaux appela à grands cris Capet, et que Capet ne répondit pas ! Après plusieurs sommations, un faible oui répondit enfin, mais nul mouvement ne l'accompagna ; nulle menace ne put faire lever la victime et la faire venir au guichet, et ce fut à vingt pas de distance et à la lueur d'une chandelle dirigée sur un grabat, que les commissaires présentèrent à son nouveau gardien l'héritier de la vaillante race qui pendant huit siècles avait occupé le premier trône de l'univers. Force fut à Laurent d'accepter en cette forme la remise du fils de Louis XVI ; il comprit toutefois que sa responsabilité était engagée à faire constater l'état dans lequel on le lui laissait ; et, dès le lendemain, il s'adressa au comité de sûreté générale pour demander une enquête. La nouvelle visite qu'il avait faite, dès le matin, au prisonnier, lui avait fait sentir davantage encore la nécessité de cette démarche. En regardant par le guichet, une sainte horreur l'avait saisi et lui avait étreint le cœur : l'immobilité et le mutisme de l'enfant n'avaient point cédé à un appel bienveillant et à de douces paroles. Quoique révolutionnaire, Laurent, devant un tel spectacle, avait senti tout son être tressaillir sous l'influence d'un sentiment religieux[4].

Sa requête officielle eut son effet. Le lendemain, 13 thermidor an II (31 juillet 1794), plusieurs membres du comité de sûreté générale et quelques municipaux se rendirent ensemble à la tour pour constater l'état du prisonnier[5]. Ils l'appelèrent, il ne répondit pas ; ils ordonnèrent d'ouvrir la chambre : un des ouvriers attaqua si vigoureusement les barreaux du guichet, qu'il put bientôt y introduire la tête, et apercevant le malheureux enfant, il lui demanda pourquoi il n'avait pas répondu. L'enfant garda le silence. En peu de minutes, la porte fut enlevée : les visiteurs entrèrent. Alors apparut le spectacle le plus horrible qu'il soit donné à l'homme de concevoir ; spectacle hideux que ne présenteront jamais deux fois les annales d'un peuple civilisé, et que les meurtriers mêmes de Louis XVI ne purent contempler sans une pitié douloureuse mêlée d'effroi. Dans une chambre ténébreuse d'où il ne s'exhalait qu'une odeur de mort et de corruption, sur un lit défait et sale, un enfant de neuf ans, à demi enveloppé d'un linge crasseux et d'un pantalon en guenilles, gisait, immobile, le dos voûté, le visage hâve et ravagé par la misère, dépourvu aujourd'hui de ce rayon de vive intelligence qui l'éclairait naguère ; sur ses traits si délicats, on ne voyait plus que la plus morne apathie, que l'inertie la plus sauvage et qui semblait attester la plus profonde insensibilité. Ses lèvres décolorées et ses joues creuses avaient dans leur pâleur quelque chose de vert et de blafard ; ses yeux bleus eux-mêmes, agrandis par la maigreur du visage, mais dans lesquels toute flamme était éteinte, semblaient, depuis qu'ils ne reflétaient plus l'azur du ciel, avoir pris dans leur terne immobilité une teinte grise et verdâtre. Sa tête et son cou étaient rongés par des plaies purulentes ; ses jambes, ses cuisses et ses bras, grêles et anguleux, étaient démesurément allongés aux dépens du buste ; ses poignets et ses genoux étaient chargés de tumeurs bleues et jaunâtres ; ses pieds et ses mains, qui ne ressemblaient plus à une chair humaine, étaient armés d'ongles excessivement longs et ayant la dureté de la corne. Une crasse invétérée collait comme une poix sur ses petites tempes ces beaux cheveux blonds que devait toucher un jour la couronne de France, et aujourd'hui livrés à la honte de la vermine ; la vermine lui couvrait aussi le corps ; la vermine et les punaises étaient entassées dans chaque pli de ses draps et de sa couverture en lambeaux, sur lesquels couraient des araignées noires. Tel était l'aspect de cette enfance exténuée, qui n'avait plus de quoi loger un cœur — cœur si noble et si aimant, — et qui s'éteignait dans l'atmosphère pestilentielle de cette chambre, auprès de laquelle l'antique écurie d'Augias eût été un lieu de propreté et un séjour digne d'envie.

Au bruit qu'avait fait la porte en s'ouvrant, l'enfant avait tressailli par un mouvement nerveux ; mais il ne s'était retourné que légèrement, regardant à peine qui entrait, et frissonnant en silence comme un passereau sous l'œil du vautour. Cent questions lui furent faites, il ne répondit à aucune ; il laissa errer sur ses visiteurs un regard vague, incertain, sans expression ; on l'eût pris en ce moment non point pour un fou, hélas ! mais pour un idiot. Étonné de trouver sur la petite table son dîner presque intact, un des commissaires lui demanda pourquoi il ne mangeait pas. Cette demande ne fut pas d'abord mieux reçue que les autres ; mais comme elle fut renouvelée plusieurs fois par le plus ancien de la députation, qui s'était approché de lui, et dont il avait pu remarquer la tête grise, l'attitude convenable et l'accent paternel : Non, je veux mourir, dit-il enfin d'un ton tranquille et résolu, qui attestait, par l'absence même de toute émotion, des souffrances sans remède, un dégoût sans consolation et des chagrins sans espérance. Ce furent les seules paroles qu'on put lui arracher dans cette visite si cruellement mémorable, qui n'amena que quelques ordres insignifiants, dont Laurent toutefois sut tirer parti dans l'intérêt de son prisonnier.

En effet, disons-le hautement à la louange de Laurent, ses principes politiques ne lui avaient pas fait abdiquer ses sentiments d'honnête homme. Tandis que parmi les employés de la tour et parmi les nombreux municipaux qui, depuis des mois, s'étaient succédé journellement, pas un ne se fût trouvé qui ne craignit la mort plus que le crime, lui, Laurent, ne fut pas arrêté par la peur de se compromettre. Les Pilate abondent dans les révolutions ; ils laissent dresser la croix au Calvaire et se lavent les mains en demandant que le sang du juste ne retombe pas sur leur tête. Servant les colères de tout pouvoir qui est debout, et désertant la cause de tout pouvoir qui est tombé, ceux-là ne font pas les révolutions, mais ils les acceptent toutes. Laurent ne fut pas de ces lâches qui voient le bien et laissent faire le mal ; qui préfèrent leur vie à leur conscience, et leur repos à la vérité : il eut pitié de la victime, et il eut le courage de lui faire du bien.

Ce ne fut d'abord qu'avec beaucoup de peine, et avec le con cours des députés chargés de l'enquête, qu'il obtint que Caron allât chercher de l'eau tiède pour bassiner les plaies de l'enfant. Les commissaires hésitaient à y consentir, tant on craignait encore à cette époque que la pitié ne fût dénoncée comme un crime.

La porte grillée et le guichet ne furent pas remis ; on rétablit l'ancienne porte comme elle existait du temps de Simon ; on diminua le nombre des abat-jour pour renouveler l'air et donner de la clarté. La chambre fut purifiée. Pendant ce temps-là on avait porté le malade dans la chambre du Roi son père, et on l'avait mis provisoirement sur un lit de fer placé à gauche en entrant. Le regard du Prince était comme mort, et il ne se rendait pas compte de ce qui se passait autour de lui. Laurent fit apporter un autre lit et y plaça l'enfant. Il le changea de linge ; il lui fit prendre des bains. Il fit venir la mère Mathieu pour lui couper les cheveux et le peigner. — La mère Mathieu était une bonne grosse femme qui avait soin de la buvette du père Lefèvre. — Ce n'est pas tout : le mal qu'il avait à la tête et au cou exigeait des soins particuliers ; sur la demande de Laurent, un municipal, qui était chirurgien, vint de temps en temps visiter ses plaies et les bassiner. Sa garde-robe était dans le dénuement le plus absolu ; sur la demande de Laurent, un tailleur fut autorisé à lui faire un vêtement complet. Ce vêtement était d'un drap assez fin, couleur ardoise foncée, et consistant en un pantalon, un gilet rond et une carmagnole à la matelot de la même couleur.

Ce malheureux enfant ne pouvait s'expliquer ces témoignages d'intérêt. Il avait conçu une telle peur des hommes, que, malgré la misère abominable dans laquelle il s'éteignait, il n'avait pu voir sans une sorte d'épouvante qu'on forçât la porte de sa prison, et qu'un homme eût un libre accès jusqu'à lui ; mais ce premier mouvement fut bientôt remplacé par un sentiment de surprise et même de stupeur quand il vit que cet homme venait à lui la main ouverte et l'air compatissant. Pourquoi avez-vous soin de moi ? lui demanda un jour l'enfant étonné de ses attentions ; et comme Laurent lui répondait par un mot bienveillant : Je croyais que vous ne m'aimiez pas, dit-il, et son cœur se fondit, et ses yeux roulèrent une larme qu'il chercha à cacher à son gardien.

Laurent, de son côté, avait lui-même, avant de la connaître, bien mal jugé cette nature tendre, nerveuse, impressionnable. Il apprit de jour en jour quelles angoisses avaient tari dans ce jeune cœur la source des épanchements. Il conçut tout ce qu'il avait dû endurer et souffrir pour être arrivé à cet extrême degré de noir ennui et de tristesse sauvage. Il vit tout ce qu'il y avait de caractère sous cette apparente froideur, et de sensibilité maladive sous cette écorce inerte.

Le 14 fructidor, le jour où l'explosion de la poudrière de Grenelle causa la mort de quinze cents personnes, Laurent s'empressa d'écrire au comité de sûreté générale que cet événement n'avait en aucune manière troublé la tranquillité du Temple. Il l'informait que les représentants André Dumont et Goupilleau de Fontenay avaient fait à dix heures du matin la visite de la tour ; qu'ils avaient constaté l'existence des deux enfants de Capet, et donné l'ordre au commandant de service de doubler la garde, ce qui avait été exécuté sur-le-champ, et avec le plus grand zèle, par un détachement de la section du Temple.

J'ai été, ajoutait Laurent, autorisé par les représentants du peuple à introduire deux hommes sûrs dans l'appartement du fils de Capet, pour le nettoyer, et tâcher de faire disparaître la vermine occasionnée par la malpropreté.

Cette opération, qui n'avait pas eu lieu depuis un mois, était devenue indispensable pour la prison comme pour le prisonnier ; elle eut lieu dès le lendemain. La tête du Dauphin était extrêmement sensible, et la mère Mathieu n'y passait pas le peigne ni le chirurgien un onguent sans lui causer les plus vives douleurs. Ces douleurs étaient même quelquefois si excessives, que, quelque effort que fit l'enfant pour les étouffer, elles éclataient malgré lui par quelques plaintes sourdes et quelques monosyllabes prononcés avec l'accent le plus déchirant ; et aussitôt que l'aiguillon du mal s'était émoussé, il éprouvait une sorte de chagrin et de honte d'avoir été vaincu et d'avoir laissé échapper le cri qui proclamait sa défaite. Le 15 fructidor, après avoir ainsi succombé, il rappela par un signe l'homme qui allait se retirer, et lui dit d'une voix douce : Merci ! monsieur, merci ! et pardon ! en appuyant sur ce dernier mot avec un accent significatif.

L'usage adopté par Simon de ne donner au Prince d'autre nom que celui de Capet, usage auquel s'étaient conformés les municipaux et tous les préposés du Temple, fut aboli par Laurent. Celui-ci, dès son début, l'appela M. Charles, et dès lors, commissaires et gardiens l'appelèrent aussi de ce nom. Seulement les uns lui disaient Charles et le tutoyaient, les autres lui disaient vous et Monsieur Charles. Ces derniers, comme on le pense bien, étaient plus favorablement jugés par lui : le tutoiement lui était toujours arrivé accompagné des procédés les plus durs ou des injures les plus grossières. Observateur taciturne et plein de discernement, il savait à l'aide d'un mot se diriger dans ses sentiments et dans sa conduite à l'égard des commissaires. Bien que la chute de Robespierre eût un peu laissé respirer la France, il ne faut pas croire qu'elle fût délivrée de cette liberté qui lui fit quelques années plus tard tant chérir la dictature. Non, la tyrannie fut moins sanguinaire, mais elle demeura aussi ombrageuse ; les vainqueurs du 9 thermidor ne valaient guère mieux que les vaincus : c'était une guerre civile entre guillotineurs. La Convention conserva le même esprit, les mêmes haines, les mêmes frayeurs. La figure de l'enfant-Roi, comme un remords vivant, lui apparaissait menaçante du fond d'une prison. Les comités, aux abois, multipliaient les espions et les satellites. Les mêmes inquiétudes, les mêmes précautions veillaient en dehors de la tour ; seulement il y avait un peu moins de souffrance au dedans. Laurent même, à-son insu, tout ardent républicain qu'il était, s'était pris, sinon d'affection, du moins. d'une profonde pitié pour le fils du tyran. L'obligation où il était de le laisser, comme par le passé, dans une solitude continuelle, lui était pénible, car il savait combien cet abandon (exigé par les odieux calculs des gouvernants) était nuisible à la santé physique et morale de l'enfant. Il n'avait le droit d'entrer chez lui qu'aux heures des repas, et encore sous la surveillance constante des municipaux. Cependant il obtint quelquefois de ceux-ci la permission de le faire monter sur la tour pour l'y promener. Laurent leur représentait la mesure comme indispensable à la santé du prisonnier, et lorsqu'ils étaient d'un caractère facile ou d'un cœur bienveillant, ils ne faisaient pas attendre leur assentiment. La première fois qu'on lui accorda cette faveur, c'était un soir, Laurent prit l'enfant par le bras et le conduisit : la plate-forme de la tour, comme je l'ai dit ailleurs, formait une espèce de galerie ou de couloir qui régnait tout à l'entour, entre le toit qui venait s'y appuyer, et les créneaux dont les entre-deux garnis de jalousies empêchaient le promeneur de voir et d'être vu. La soirée était superbe. Dans un arbre du jardin un oiseau chantait au soleil qui se retirait sa plus douce chanson ; mais à quoi bon le soleil et la verdure sans la liberté ? A quoi bon la liberté sans la patrie ? Hélas ! si le noble enfant était libre, où trouverait-il aujourd'hui à poser ses pieds ? Les eaux bourbeuses des révolutions couvrent toute la terre de ses aïeux. Autour de cette prison où l'on souffre, est la ville souveraine où l'on parle de plaisirs et de guerre, d'amour et de crimes ; la ville où l'on rit et où l'on tremble, la ville où l'on s'embrasse et où l'on se dénonce, la ville où l'on se divertit et où l'on guillotine ! De tous les domaines de ses pères, il n'a pas même à lui ce couloir où on le promène ; et il lui sera plus facile d'entrer au paradis que de sortir d'ici, car il n'y a qu'une porte ouverte pour lui à la prison, c'est la mort. De la plate-forme il ne pouvait voir que le ciel, et il ne cherchait pas à voir autre chose. Il entendait quelquefois les cris des porteurs d'eau et des marchands qui passaient dans les rues voisines ; il entendait le bruit des voitures qui roulaient au loin sur le pavé ; il entendait cette voix des hommes heureux et indépendants pour qui la vie est douce et qui voient le soleil quand ils veulent, toutes ces clameurs qui sortent des poitrines libres, ces gazouillements d'enfants du peuple qui passent en bas, courant à leurs plaisirs. Mais tous ces bruits venaient railler le pauvre enfant captif et dépouillé, et lui faire sentir sa misère ; mais tous ces murmures sourds et confus de la grande ville lui apportaient moins de distraction que d'inquiétude. Cette vie qui s'agitait au dehors était comme une voix ennemie qui le menaçait, après avoir poursuivi son père et sa mère. Et pourtant, depuis près de deux ans, le petit prisonnier n'avait pas eu tant de bonheur ! Cet air qu'il respirait ranimait dans son sein un reste de chaleur et de vie : la nature ne s'était pas faite complice de la perversité des hommes. Il fallut rentrer bientôt : je ne sais si un reflet du soleil, en touchant ce jeune cerveau malade, en avait rafraîchi les idées ; si la brise du ciel, en entrant dans cette poitrine desséchée, en avait rajeuni le cœur : mais l'enfant s'arrêta en descendant devant la porte du troisième étage qu'il n'avait pas observée en montant, et, serrant fortement le bras de son conducteur, il s'appuya au mur en fixant sur cette porte le regard le plus mélancolique et en même temps le plus, avide. Laurent l'entraîna pour l'arracher aux souvenirs qui lui arrivaient en foule. L'enfant se retournait toujours pour prolonger l'adieu qu'il disait à cette porte, qui, dans sa pensée sans doute, lui cachait encore sa mère : une impression pénible le suivit dans sa chambre. Son pauvre souper vint l'y trouver aussitôt, mais ce fut à peine si sa main et ses lèvres y touchèrent. Il resta muet comme toujours, son regard ne cessait d'interroger les yeux de son gardien qui disparût bientôt, le laissant avec les ennuis de sa solitude et les angoisses de sa mémoire.

J'ai parlé de son souper. La catastrophe du 9 thermidor n'avait apporté aucune modification au régime alimentaire des prisonniers ; on en était toujours à observer strictement à cet égard l'arrêté du 22 septembre 1793 : un plat de légumes à déjeuner, un potage, un bouilli et un autre plat à dîner, et deux plats à souper, sans doute c'était là une nourriture suffisamment abondante ; mais comment était-elle accommodée ! dans quelle faïence servie ! avec quel couvert fallait-il la manger ! Le vœu de la poule au pot que formait Henri IV pour le dernier de ses sujets ne devait point se réaliser pour le dernier de ses enfants.

Malgré les soins dont il était l'objet depuis l'arrivée de Laurent, le jeune Prince demeurait d'une faiblesse extrême et d'un mutisme presque complet. Ses traits avaient encore cette expression à la fois énergique et douce qui semblait être le principal caractère de cette vieille race ; mais, en le regardant longtemps, on était frappé de la molle langueur empreinte dans ses yeux et sur ses lèvres. La solitude achevait ce que les mauvais traitements avaient commencé.

Cependant Laurent obtint encore quelquefois la permission de le conduire sur la tour. Un jour qu'il l'y promenait, vers midi, avant le dîner, un régiment vint à passer avec tambours et musique. L'enfant ne savait pas, l'enfant ne savait plus ce que c'était. Il serra d'une main le bras de son gardien par un mouvement nerveux, et l'autre main se leva comme pour lui faire signe d'écouter. Les tambours avaient cessé de battre près de Sainte-Elisabeth, et la musique joua seule en passant devant le Temple : l'enfant tressaillit, sa physionomie s'anima et s'éclaircit peu à peu. Hélas ! c'était la première harmonie qu'il entendait depuis des années ! Mais ce bonheur fut court, et il se perdit au bout de quelques secondes dans les confuses clameurs de la ville.

Une autre fois, jouissant encore ; avec son gardien et le municipal de service, d'un moment de liberté au sommet de la tour, le Prince n'attacha pas ses regards sur le ciel comme il le faisait presque constamment : il les ramena vers la terre, c'est-à-dire sur la plate-forme et sur les créneaux. Ses compagnons ne virent pas d'abord ce qu'il cherchait, tant ce qu'il cherchait était chose petite et imperceptible : c'étaient de pauvres chétives fleurettes jaunes, nées par hasard et par malheur loin de tout sol végétal, et puisant misérablement un semblant de vie dans les interstices des pierres. Il manquait à ces fleurs, étiolées comme lui et presque aussi malheureuses que lui, il manquait la terre et souvent la pluie. mais elles vivaient pourtant, elles ! Le Prince les ramassait d'une main avare, essayant d'en former un faisceau, tâche difficile, tant leur tige était courte et menue. — Les fleurs ! ses anciennes amours, hélas ! comme lui si déchues ! La musique et les fleurs, ses deux grandes joies de Versailles et des Tuileries, et dont il avait retrouvé un pâle et dernier reflet sur la tour d'une prison ! Il mit une grande patience et une extrême attention à rassembler ces brins d' herbes et de fleurs, il en forma comme un bouquet qu'il emporta soigneusement quand arriva l'heure de la retraite. A mesure qu'en descendant l'escalier il approchait de l'appartement sur le seuil duquel, comme nous l'avons dit, il avait suspendu sa marche le jour. de sa première promenade, il usa tout ce qui lui restait de force à ralentir le pas de son gardien et à l'arrêter tout à fait lorsqu'ils se trouvèrent en face de la porte. Tu te trompes de porte, Charles ! cria le commissaire qui marchait derrière eux. Je ne me trompe pas, répondit tout bas l'enfant, emmené par son conducteur et rentrant dans sa cellule pensif et soucieux. Ce furent les seuls mots qui lui échappèrent ce jour-là. Ne croyez pas que sa petite moisson de fleurs lui devint une distraction dans sa solitude : il les avait toutes laissées tomber sur le seuil de la porte où il s'était arrêté. Je raconte, et je ne loue pas : il est dés sentiments tendres et délicats auxquels on ne peut toucher sans profanation.

Pauvre enfant ! il savait que son père n'existait plus ; mais sa mère, sa tante, sa sœur, où étaient-elles ? Il pouvait les croire encore près de lui.

Et pourtant, dans cette prison, il n'y a que sa sœur qui ne lui soit ni étrangère ni ennemie. Le regard et la bénédiction de sa mère, qu'il cherche, ne peuvent plus lui venir que du côté du ciel ; et on lui envie le triste bonheur de recevoir au moins de sa sœur les dernières caresses que sa mère, au moment de son départ pour la Conciergerie, déposa sur le front de sa fille comme le seul héritage qu'elle eût à partager entre ses deux enfants !

L'ombre mystérieuse qui régnait autour d'eux faisait parfois douter de leur existence même. Une lettre de Laurent, adressée le 10 vendémiaire an III (1er novembre 1794) au comité de salut public, nous apprend que, d'après un rapport à lui fait par le citoyen Walun, adjudant général de service[6], plusieurs citoyens de garde disaient, qu'ils ne savaient pas s'ils gardaient des pierres ou quelque- chose. Ces propos, ajoute Laurent, n'ayant pas eu de suite, j'ai cru ne pas devoir leur en donner, et la garde a été descendue paisiblement.

Les gouvernants étaient devenus de plus en plus ombrageux. Les premiers rangs avaient été nivelés par la guillotine : les hommes de second ordre apparaissaient et allaient combattre. Il est vrai que, de plus en plus nombreux, les amis de la paix publique tentaient le retour vers la monarchie. Le nom de Louis XVII était prononcé comme un espoir à l'oreille des opprimés, comme un défi à l'oreille des oppresseurs. Aussi ne parlait-on que de conspirations : le pauvre enfant conspirait peut-être aussi lui-même avec ses grilles, ses verrous et ses portes de fer ; il conspirait seul et en silence avec la résignation, avec la patience.

Les maîtres de la France, redoutant à la fois et les mouvements que ce nom royal pouvait susciter à l'intérieur et l'appui qu'il devait trouver dans les cours étrangères, le considéraient tout ensemble comme un levain permanent de discordes intestines et comme un otage qui importait essentiellement à leur sûreté. Les uns désiraient le rejeter comme un élément de troubles intérieurs, les autres le conserver comme un gage de sécurité politique. Aussi la conduite des conventionnels était-elle toujours embarrassée, et leur perplexité immense, toutes les fois qu'il s'agissait de statuer sur le sort du fils de Louis XVI.

Et moi aussi, disait Duhem[7] dans la séance de la 28 sans-culottide de l'an II de la République une el indivisible (18 septembre 1794), et moi aussi, il y a longtemps que je demande pourquoi il existe parmi nous un point de rassemblement pour l'aristocratie. Comme si un peuple qui a eu le courage de conquérir sa liberté, d'envoyer son tyran à l'échafaud, pouvait conserver encore dans son sein un rejeton héritier présomptif de la royauté ! Je demande si un pareil exemple se retrouve chez aucun peuple de l'antiquité, je parle de ceux qui ont eu le même courage et la même énergie que nous ? Mais c'est ici un acte de souveraineté : il faut qu'il soit profondément médité. Que les comités s'occupent donc de la question de savoir si nous ne devons pas vomir loin de nous non-seulement ces rejetons, mais encore toute cette famille infernale des Capet et tous ceux qui y adhèrent. Nous avons en France pour ainsi dire deux nations, les royalistes et les républicains. Vous n'aurez point de paix, point de sécurité, tant que l'une de ces nations pourra inquiéter, tourmenter la patrie.

La proposition de Duhem resta et devait rester sans résultat, tant la peur de garder à Paris le ferment de l'anarchie était combattue par la peur de mettre une arme puissante dans la main de l'étranger. Les meneurs des comités, affranchis de l'une et de l'autre de ces craintes, espéraient bien conjurer à la fois prochainement ces deux périls, et couvaient d'un œil avide le dépérissement graduel d'une vie que les partis envieux se disputaient au soleil, tandis qu'eux l'éteignaient à loisir et sans bruit dans les ténèbres de la prison.

Laurent faisait d'inutiles efforts pour paralyser cette pernicieuse influence ; que pouvait-il ? Sans cesse observé, il n'était.pas même libre de suivre les élans de son bon vouloir et du sentiment réel d'intérêt que lui inspirait son jeune prisonnier.

L'excessive servitude à laquelle ses fonctions le condamnaient commençait aussi à lui devenir à charge, et ce n'était plus sans un profond ennui et sans un tendre regret qu'il pensait à son jardin désert et à son club abandonné.

Souvent déjà il s'était plaint aux commissaires de cette contrainte si assujettissante qui avait fini par vaincre Simon — Simon qui cependant n'était pas seul ! — et qui finirait, certes, par l'user à la peine, si le gouvernement ne lui venait en aide et ne lui donnait un collègue pour le relayer dans son incessant travail de surveillance. Chose étonnante ! l'enfant luttait encore contre cette solitude et cette immobilité qui avaient déjà vaincu deux hommes.

Le troisième jour des sans-culottides (19 septembre 1794), Laurent s'adressa de nouveau aux comités de salut public et de sûreté générale pour leur rappeler que le citoyen Barras, qui l'avait installé dans les fonctions de gardien des enfants du dernier tyran, l'avait assuré que, dès le lendemain, il lui serait donné un collègue pour partager sa surveillance.

Depuis cette époque, ajoute-t-il, je vous ai adressé plusieurs lettres dans lesquelles je vous ai exposé la nécessité de ne pas me laisser seul chargé du dépôt qui m'est confié. Je n'ai reçu aucune réponse. Aujourd'hui que l'attention de la Convention se fixe sur le sort des enfants du tyran, qu'on parle de royalistes, et que les mesures de précaution ne sauraient être portées trop loin, je crois devoir réitérer mes instances. Je ne peux pas suffire seul aux fonctions qui me sont confiées, et je crois de l'intérêt de la chose publique que vous ne perdiez pas ma demande de vue. S'il arrivait en ce moment quelque événement, je ne pourrais pas vous en instruire moi-même. Je vous conjure donc, citoyens représentants, de m'adjoindre le plus tôt possible un ou deux collègues qui partagent ma surveillance, et répondent, conjointement avec moi, du dépôt que vous m'avez confié.

Ce ne fut qu'au bout de cinquante jours que la requête de Laurent fut enfin accueillie. Encore dut-il cette satisfaction à une circonstance accidentelle où, placé entre la calomnie des démagogues et sa propre conscience, il eut à provoquer la justice du comité de salut public :

Au Temple, le 1er brumaire de l'an III (22 octobre 1794).

Aux citoyens représentants du peuple composant le Comité de salut public, etc.

CITOYENS REPRÉSENTANTS,

Dans la séance de la section du Temple du 20 vendémiaire, trois individus de cette section dirigèrent contre moi plusieurs calomnies, auxquelles je répondis avec le langage de la vérité et le témoignage d'une conscience pure.

Dans la séance d'hier, ces mêmes individus sont revenus à la charge, et ont fait arrêter que j'avais perdu la confiance de la section, et que le procès-verbal contenant les dénonciations serait apporté aux comités de sûreté générale et de salut public. Mes dénonciateurs se sont fait nommer commissaires eux-mêmes pour vous apporter ces pièces. — J'offre de prouver que ces inculpations sont fausses et calomnieuses ; que les individus qui les ont avancées sont des êtres immoraux et tarés dans l'opinion publique, dont l'un a fait trois banqueroutes frauduleuses de cinquante mille écus, et dont l'autre a été repris de justice, il n'y a pas trois mois, pour avoir vendu à faux poids et fausses mesures. J'offre de prouver qu'eux seuls ont parlé dans la discussion qui me concernait, qu'ils ont été les dénonciateurs, les rédacteurs du procès-verbal, les provocateurs de l'arrêté, et qu'ils se sont fait nommer commissaires pour vous l'apporter.

Je n'ai sollicité en aucune manière, citoyens représentants, l'emploi important que vous m'avez confié ; il serait dur pour un citoyen honnête de le quitter d'une manière ignominieuse. Je vous demande une justice qu'il est dans vos principes d'accorder à tout citoyen : c'est de ne pas prononcer sur mon compte sans m'avoir entendu : vous écouterez ma justification et vous jugerez si elle est satisfaisante.

LAURENT, chargé par les comités de salut public et de sûreté générale de la garde des enfants de Capet.

 

Cette lettre, aussi bien que les explications données par Laurent, lui gagnèrent les sympathies des membres les plus honorables des comités.

 

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NOMS DES GUILLOTINÉS

1. Maximilien Robespierre, âgé de 35 ans, natif d'Arras, domicilié à Paris, rue Honoré, section des Piques.

2. Georges Couthon, âgé de 38 ans, natif d'Orcet, département du Puy-de-Dôme, domicilié à Paris, cour du Manège.

3. Louis-Jean Baptiste-Thomas Lavalette, âgé de 40 ans, natif de Paris, y domicilié. rue Honoré, n° 320.

4. François Hanriot, âgé de 35 ans, natif de Nanterre, près Paris, domicilié à Paris, rue de la Clef.

5. René-François Dumas, âgé de 37 ans, natif de Jussey, département de la Haute-Saône, domicilié à Paris, rue de Seine-Germain, maison de convenance.

6. Antoine Saint-Just, âgé de 26 ans, natif de Lisé, département de la Nièvre, domicilié à Paris, rue Caumartin, n° 3.

7. Claude-François Payan, âgé de 27 ans, natif de Saul-les-Fontaines, département de la Drôme, domicilié à Paris, rue de la Liberté, section de Marat.

8. Jacques-Claude Bernard, âgé de 34 ans, domicilié à Paris, rue Bernard, section de Montreuil.

9. Adrien-Nicolas Gobeau, âgé de 26 ans, natif de Vincennes, département de Paris, domicilié à Paris, rue de la Chaise, n° 530, section de la Croix-Rouge.

10. Antoine Gency, profession de tonnelier, âgé de 23 ans, natif de Reims, département de la Marne, domicilié à Paris, rue de l'Ourcine, faubourg Marcel.

11. Nicolas-Joseph Vivier, âgé de 50 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Germain-Muséum.

12. Jean-Baptiste-Edmond Lescot-Fleuriot, profession artiste, âgé de 43 ans, natif de Bruxelles, domicilié à Paris, à la mairie.

13. Antoine Simon, cordonnier, âgé de 58 ans, natif de Troyes, département de l'Aube, domicilié à Paris, rue Marat, n° 32.

14. Denis-Etienne Laurent, âgé de 32 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Gît-le-Cœur, n° 13.

15. Jacques-Louis-Frédéric Wouarnée, âgé de 29 ans, natif de Paris, y domicilié, rue de l'Hirondelle, n° 10.

16. Jean-Etienne Forestier, profession fondeur, âgé de 47 ans, natif de Paris, y domicilié, rue du Plâtre-Avoye.

17. Augustin-Bon-Joseph Robespierre, natif d'Arras, domicilié à Paris, rue Florentin.

18. Nicolas Guérin, profession receveur à la ville, âgé de 52 ans, natif de Beaumont-sur-Orne, département du Calvados, domicilié à Paris, rue du Faubourg-Montmartre, n° 50.

19. Jean-Baptiste-Matthieu Dhazard, profession perruquier, âgé de 36 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Honoré, n° 101, section des Gardes-Françaises.

20. Christophe Cochefer, profession tapissier, natif de Gonesse, département de Seine-et-Oise, domicilié à Paris, rue Merry, n° 413.

21. Charles-Jacques-Matthieu Bougon, âgé de 57 ans, natif de Tourville, département du Calvados, domicilié à Paris, rue Lazare, n° 64, section du Mont-Blanc.

22. Jean-Marie Quenet, profession marchand de bois, natif de Commune-Affranchie, domicilié à Paris, rue de la Mortellerie, n° 78.

Vu l'extrait du jugement du tribunal criminel révolutionnaire et du procès-verbal d'exécution, en date du 10 de ce mois, signé Neirot, commis greffier.

TRIAL, officier public.

 

Le lendemain, la fournée fut plus considérable : les vainqueurs, qui avaient d'abord frappé leurs ennemis les plus redoutés, avaient eu le loisir de faire des désignations plus nombreuses et d'atteindre la plupart des membres de la Commune qui avaient longtemps prévalu contre la Convention. Le lecteur trouvera dans ces listes les noms de plusieurs commissaires du Temple :

1. Bertrand Arnaud, âge de 55 ans, natif de Tigne, département du Mont-Blanc, domicilié à Paris, rue Favart, n° 4.

2. Jean-Baptiste Crépin Taillebot, profession maçon, âgé de 58 ans, natif de Jouy-le-Peuple, département de Seine-et-Oise, domicilié à Paris, rue du Faubourg-du-Temple.

3. Servais-Baudouin Boullanger, profession joaillier, âgé de 38 ans, natif de Liège, domicilié à Paris, rue Honoré, n° 59.

4. Prosper Sijas, profession commis, âgé de 35 ans, natif de Vire, département du Calvados, domicilié à Paris, rue Grange-Batelière, n° 21.

5. Pierre Remy, profession tabletier, âgé de 45 ans, natif de Chaumont, département de la Haute-Marne, domicilié à Paris, rue Louis, n° 595, section de l'Indivisibilité.

6. Claude-Antoine Deltroit, profession meunier, âgé de 43 ans, natif de Pontoise, département de Seine-et-Oise, domicilié à Paris, quai de la Mégisserie, n° 21.

7. Jean-Guillaume-François Vocannu, profession mercier, âgé de 37 ans, natif de Germain-de-Montgommery, département du Calvados, domicilié à Paris, rue du Monceau.

8. Claude Bigant, profession peintre, âgé de 40 ans, natif de Paris, y domicilié, rue des Boulangers-Victor, n° 5, section des Sans-Culottes.

9. Jean-Charles Lesire, profession cultivateur, âgé de 48 ans, natif de Rozay, département de Seine-et-Marne, domicilié à Paris, quai de l' Union, section de la Fraternité.10. Jean-Baptiste-Emmanuel Legendre, âgé de 62 ans, natif de Paris, y domicilié, rue de la Monnaie, n° 515, section du Muséum.

11. Jean-Philippe-Victor Charlemagne, profession instituteur, âge de 26 ans, natif de Paris, y domicilié, rue de Cléry, n° 92.

12. Pierre-Nicolas Delacour, profession notaire, âgé de 37 ans, natif de Beauvais, département de l'Oise, domicilié à Paris, rue Neuve-Eustache, section de Brutus.

13. Augustin-Germain Jobert, profession négociant, âgé de 50 ans, natif de Montigny-sur-Aube, département de la Côte-d'Or, domicilié à Paris, rue des Prêcheurs.

14. Pierre-Louis Paris, âgé de 35 ans, natif de Paris, y domicilié, rue des Carmes, n° 27, section du Panthéon.

15. Claude Jonquoy, profession tabletier, âgé de 44 ans, natif de Massiac, département du Cantal, domicilié à Paris, rue Jean-Robert, n° 15, section des Gravilliers.

16. René-Toussaint Daubancourt, profession coffretier, âgé de 53 ans, natif de Paris, y domicilié, rue des Petits-Champs, n° 23, section de la Halle aux Blés.

17. Jean-Baptiste Vincent, profession entrepreneur de bâtiments, âgé de 36 ans, natif de Moutier-Saint-Jean, département de la Côte-d'Or, domicilié à Paris, rue de Cléry, section de Bonne-Nouvelle.

18. Martin Wichterich, profession cordonnier, âgé de 45 ans, natif de Cologne, domicilié à Paris, rue de Lappe, section de Popincourt.

19. Pierre Henry, profession receveur de loterie, âgé de 48 ans, natif de Riz, département du Var, domicilié à Paris, rue Antoine, section de l'Indivisibilité.

20. Jean Casenave, profession commis marchand, âgé de 38 ans, natif de Belleville, près Paris, domicilié à Paris, rue d'Orléans, section de l'Homme-Armé.

21. Jean-Louis Gibert, profession de pâtissier, âgé de 43 ans, natif de Luzancy-la-Marne, département de Seine-et-Marne, domicilié à Paris, faubourg Denis, n° 25, section du Nord.

22. Pierre Girod, profession mercier, âgé de 27 ans, natif de Paris, y domicilié, rue des Deui-Ponts, n° 10, section de la Fraternité, marié à Antoinette-Adélaïde Rominira.

23 François Pelletier, profession marchand de vins, âgé de 33 ans, natif de Cheminon, département de la Marne, domicilié à Paris, rue du Faubourg-Denis.

24. Nicolas Jérosme, profession tourneur, âgé de 44 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Jacques-la-Boucherie, n° 213.

25. Jean-Baptiste Cochois, profession commis marchand, âgé de 53 ans, natif de Paris, y domicilié, rue de l'Égalité.

26. Jean-Léonard Sarrot, profession peintre, âgé de 31 ans, natif de Paris, y domicilié, rue du Faubourg-Franciade, n° 45.

27. René Grenard, profession fabricant de papier, âgé de 45 ans, natif déjà Garenne, département de Seine-et-Oise, domicilié à Paris, rue et section des Piques.

28. Jacques Lasnier, profession homme d'affaires, âgé de 52 ans, natif de Ozonel-Lafériêre, département de Seine-et-Marne, domicilié à Paris, rue du Four-Germain, n° 286.

29. Marc-Martial-André Mercier, profession libraire, âgé de 43 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Neuve-des-Capucines, n° 188, marié à Anne de By.

30. Jean-Pierre Bernard, profession homme de confiance, âgé de 38 ans, natii de la Chalade, département de la Meuse, domicilié à Paris, rue Germain-Muséum.

31. Étienne-Antoine Souars, âgé de 56 ans, natif d'Aubervilliers, dit les Vertus, district de Frauciade, domicilié à Paris, rue des Vieux-Augustins, n° 32.

32. Dominique Mettot, profession agent d'affaires, âgé de 45 ans, natif de Nancy, département de la Meurthe, domicilié à Paris, à la maison commune.

33. Louis-Joseph Mercier, profession menuisier, âgé de 40 ans, natif de Sacy-le-Grand, département de l'Oise, domicilié à Paris, rue des Trois-Pistolets, n° 14, section de l'Arsenal.

34. Jean-Jacques Baurieux, profession horloger, âgé de 45 ans, natif de Dartois, département des Bouches-du-Rhône, domicilié à Paris, rue du Faubourg-Honoré, n° 19.

35. Antoine Jametel, âgé de 54 ans, natif de Moissy, département de Seine-et-Marne, domicilié à Paris, rue de la Grande-Truanderie, n° 18, marié à Louise-Pauline Noiseux.

36. Ponce Tanchou, profession graveur, âgé de 32 ans, natif de Bourges, département du Cher, domicilié à Paris, cloître Notre-Dame, n° 42, marié à Jeanne-Louise Beliaz.

37. Marc-Louis Desvieux, âgé de 44 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Montorgueil.

38. François-Auguste Paff, profession bonnetier, âgé de 41 ans, natif de Paris, y domicilié, rue de la Joaillerie, section des Arcis, marié à Catherine-Françoise Bourgain.

39. Jacques-Mathurin Lelièvre, profession graveur, âgé de 40 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Martin, n° 252.

40. Louis-François Dorisuy, profession charpentier, âgé de 36 ans, natif de Bruyère, département de l'Aisne, domicilié à Paris, rue Popincourt, n° 17.

41. Pierre-Alexandre Louvet, profession peintre, âgé de 33 ans, natif de Paris, y domicilié, rue des Blancs-Manteaux, n° 52, marié à Françoise Liédé.

42. Jean-Jacques Lubin, profession peintre, âgé de 29 ans, natif de Paris, y domicilié, rue de la Révolution, n° 24.

43. Jacques-Pierre Coru, profession grainier, âgé de 63 ans, natif de Noof, département de l'Orne, domicilié à Paris, rue Antoine, n° 229.

44. Pierre-Simon-Joseph Jault, profession artiste, âgé de 30 ans, natif de Reims, département de la Marne, domicilié à Paris, rue Claude, n° 371.

45. Jean-Baptiste Bergot, profession employé aux cuirs, âgé de 56 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Française, n° 11.

46. Jacques-Nicolas Lumière, profession musicien, âgé de 45 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Thibautodé, n° 4.

47. Jean Paquote, profession ciseleur, âgé de 48 ans, natif de Troyes, département de l'Aube, domicilié à Paris, à la ci-devant abbaye Germain, n° 1114.

48. Jacques-Nicolas Blin, écrivain expert, âgé de 63 ans, natif de Aubenton, département de l'Aisne, domicilié à Paris, rue Paul, n° 37.

49. Marie-François Langlois, profession papetier, âgé de 37 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Jacques, n° 196. j 50. Jean-Nicolas Langlois, profession serrurier, âgé de 49 ans* natif de Rouen, département de Seine-Inférieure, domicilié à Paris, rue Georges, n° 38.

51. Jacques Moine, profession commis teneur de livres, âgé de 39 ans, natif de Commune-Affranchie, domicilié à Paris, Vieille rue du Temple, n° 78.

52. Jean-Baptiste Chavigny,.profession commis, âgé de 55 ans, natif de Paris, y domicilié, rue du Faubourg-Montmartre, n° 42.

53. Charles Huant Desboisseaux, âgé de 39 ans, natif de Paris, y domicilié, rue de la Fraternité.

54. André Marcel, profession maçon, âgé de 53 ans, natif de Rosny, département de Seine-et-Oise, domicilié à Paris, faubourg Martin.

55. Martial Gamory, profession coiffeur, âgé de 46 ans, natif de Guéret, département de la Creuse, domicilié à Paris, rue du Coq-Honoré.

56. Pierre Haener, profession imprimeur, âgé de 52 ans, natif de Nancy, département de la Meurthe, domicilié à Paris, rue Martin, n° 34.

57. Pierre-Jacques Le Grand, profession homme d'affaires, âgé de 51 ans, natif de Paris, y domicilié, rue d'Enfer, en la Cité, n° 5.

58. Pierre-Léon Lamiral, profession fruitier, âgé de 38 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Beauregard, section de Bonne-Nouvelle, époux de Marie Grain.

59. Jean-Pierre Eudes, profession tailleur de pierres, âgé de 31 ans, natif de Paris, y domicilié, rue des Juifs, n° 38.

60. Edme-Marguerite Lauvin, âgé de 60 ans, natif de Vezelay, département de l'Yonne, domicilié à Paris, rue Geoffroy-Lasnier, n° 23.

61. Pierre Dumez, profession ingénieur, âgé de 37 ans, natif de Laferté-sur-Ourk, département de l'Aisne, domicilié à Paris, rue de la Harpe, n° 26.

62. Denys Dumontier, profession tailleur, âgé de 51 ans, natif de Paris, y domicilié, rue de la Poterie.

63. Jean-Claude Girardin, profession éventailliste, âgé de 48 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Transnonain, n° 28.

64. Jacques-Louis Cresson, profession ébéniste, âgé de 49 ans, natif de Paris, y domicilié, rue des Deux-Ecus, n° 38.

65. François-Laurent Chatelin, profession professeur de dessin, âgé de 43 ans, natif.de Nancy, département de la Meurthe, domicilié à Paris, rue Quincampoix, n° 98.

66. Joseph Alavoine, profession tailleur, âgé de 63 ans, natif de la Verrière, département de l'Oise, domicilié à Paris, Grands Piliers de la Tonnellerie.

67. Pierre-François Devaux, profession jardinier, âgé de 53 ans, natif de Goupillières, département du Calvados, domicilié à Paris, rue Plumet, section du Bonnet-Rouge, marié à Elisabeth-Charlotte Dive.

68. Claude Bénard, âgé de 28 ans, natif de Paris, y domicilié, rue Boucher.

69. Jacques Morel, profession écrivain, âgé de 55 ans, natif de Vandœuvre, département de l'Aube, domicilié à Paris, rue du Marché-aux-Poirées, n° 559.

70. Nicolas Naudin, profession menuisier, âgé de 35 ans, natif de Ville-sur-Yon, département de la Moselle, domicilié à Paris, rue Charlot, n° 5.

71. Joseph Ravel, profession chirurgien, âgé de 48 ans, natif de Tarascon, département des Bouches-du-Rhône, domicilié à Paris, rue Antoine, n° 36.

Vu l’extrait du jugement du tribunal révolutionnaire et du procès-verbal d'exécution, en date du Il de ce mois.

Signé : NEIROT, commis-greffier (jusqu'à Jametel, le 35e sur la liste).

DUCRAY, commis greffier (depuis Tauchou, le 36e, jusqu'à la fin).

Le 27 thermidor, l'an II de la République.

TRIAL, officier public.

 

 

 



[1] Voici les deux arrêtés des comités de salut public et de sûreté générale qui établissent Laurent gardien des enfants du tyran, et règlent son traitement :

Extrait du registre des arrêtés des comités de salut public et de sûreté générale de la Convention nationale, du 11e jour du mois de thermidor, l'an II de la République française une et indivisible.

Les comités de salut public et de sûreté générale arrêtent que le citoyen Laurent, membre du comité révolutionnaire du Temple, est provisoirement chargé de la garde des enfants du tyran, détenus au Temple. Les deux comités réunis lui recommandent la plus exacte surveillance.

Signé au registre : BILLAUD-VARENNES, B. BARÈRE, VADIER, DUBARRAN, C. A. PRIEUR, CARNOT, ROBERT LINDET, COLLOT D'HERBOIS, AMAT, LOUIS (du Bas-Rhin), VOULLAND, ÉLIE LACOSTE, MOYSE BAYLE, DAVID, LAVICOMTERIE, JAGOT et RÜLH.

Pour extrait,

Signé : ÉLIE LACOSTE, VADIER, B. BARÈRE, BILLAUD-VARENNES, COLLOT D'HERBOIS et DUBARRAN.

Certifié véritable et conforme à l'arrêté des comités de salut public et de sûreté générale qui est entre mes mains,

LAURENT, chargé de la garde des enfants de Capet.

(Archives de l'Empire, carton E, n° 6208.)

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Comité de sûreté générale et de surveillance de la Convention nationale.

Du 22 vendémiaire, l'an III de la République une et indivisible.

Le comité de sûreté générale arrête que le commissaire Laurent, chargé de la garde des enfants du tyran, sera, par la commission des administrations civiles, police et tribunaux, indemnisé et salarié par mois, sur le pied de six mille livres par an ; laquelle somme annuelle sera, par ladite commission, prise sur les fonds mis à sa disposition.

Les représentants du peuple, membres du comité de sûreté générale,

GOUPILLEAU (de Fontenay), BENTABOLLE, MATHIEU LE VASSEUR (de la Meurthe), MONMAYOU, REVERCHON, CLAUZEL, BOURDON (de l'Oise), LESAGESSENAUX.

(Archives de l'Empire, carton E, n° 6208.)

[2] Voir, à la fin du chapitre, leurs noms, tels que les donnent les procès-verbaux de leur exécution et les actes de leur décès.

[3] Ce n'est pas le seul mot que Robespierre ait pu distinguer au milieu des imprécations qui s'exhalaient de toutes les bouches. Le peuple ayant fait arrêter la charrette vis-à-vis de la maison qu'il occupait, rue Saint-Honoré, une jeune femme, bien mise, lui dit d'un air farouche, qui contrastait avec la douceur de ses traits : Monstre, ton supplice m'enivre de joie ! Que ne peux-tu mourir mille fois pour une ! Descends aux enfers avec les malédictions de toutes les épouses et de toutes les mères ! Elle se retira ensuite en poussant de profonds sanglots.

Cette maison de la rue Saint-Honoré, où Maximilien Robespierre occupait un modeste appartement au premier étage sur la cour, porte aujourd'hui le n° 398. Le rez-de-chaussée était loué au menuisier Duplay, dont la fille Marianne avait trouvé grâce aux yeux du député d'Arras.

[4] Nous tenons ces détails de Gomin, qui les tenait de Laurent.

[5] Cet état était si fâcheux que la bruit de sa mort se répandit en Europe. Les journaux anglais l'annoncèrent, et ne rectifièrent cette nouvelle prématurée que sur de nouvelles informations venues de France. L'almanach de Saint-Domingue pour l'année commune de 1795 indiquait à l'article France Louis XVIII comme Roi, et Marie-Thérèse-Charlotte comme nièce du Roi, — puis on trouvait dans un errata : Article France, Louis XVIII, lisez Louis XVII ; Marie-Thérèse-Charlotte, nièce du Roi, lisez Sœur du Roi.

[6] Il demeurait rue Saint-Pierre-Pont-aux-Choux, n° 13.

[7] Duhem (Pierre-Joseph), né à Lille, en 1760, d'abord maître de quartier au collège d'Anchin, ensuite médecin, puis juge de paix, puis élu par le département du Nord à la Convention, en 1792, opina pour qu'il fut interdit à Louis XVI de se choisir un conseil, vota la mort de ce malheureux prince, et s'associa à toutes les mesures les plus exagérées de l'Assemblée. Au 31 mai 1793, il contribua à la chute des Girondins. Compris dans la proscription du 12 germinal, il fut conduit au château de Ham. L'amnistie du 4 brumaire lui ayant rendu la liberté, il redevint médecin, et fut employé dans les hôpitaux militaires. Il mourut d'une fièvre catarrhale, à Mayence, le 25 mars 1807.