JEUNESSE DU NOUVEAU ROI. — DÉBUT DU RÈGNE. — DUEL DE JARNAC ET DE LA CHATEIGNERAIE. — HENRI II VISITE LE PIÉMONT. — MASSACRE DES VAUDOIS. — ÉMEUTES DE CONTREBANDIERS EN SAINTONGE ET EN GUYENNE.François Ier souffrait depuis des années d'un apostume ou ulcère de l'estomac, lequel lui donnait souvent la fièvre ; cette fièvre augmenta par un rhume[1] et aussi à la nouvelle de la mort du roi d'Angleterre Henri VIII, pour lequel il s'était repris d'amitié ; elle finit par l'emporter au milieu de douleurs insupportables. Ce décès prématuré[2], il avait 52 ans, fit monter sur le trône son second fils, devenu Dauphin par la mort inattendue de son frère aîné. On sait, par les Relations des ambassadeurs vénitiens à la cour de France, admis à une grande familiarité auprès de la personne royale, que Henri II, en tant que Dauphin avait une complexion telle qu'il paraissait fait de muscles, qu'il était infatigable tant à la chasse qu'aux exercices de guerre, et excellait en ces derniers, mieux peut-être que gentilhomme de France ; qu'il était sombre, taciturne[3], pâle ou plutôt d'un teint brun, qu'il riait rarement, qu'il faisait payer exactement les gens de sa maison. Un autre de ces ambassadeurs, Marino Cavalli, pronostique assez faussement en promettant que le Dauphin sera le plus digne roi que la France ait eu depuis des siècles, et en le déclarant peu adonné aux femmes[4] : un trait paraît même, en ce portrait, singulier autant que poétique jusqu'à l'exagération, la duchesse de Valentinois serait pour lui un conseil, une inspiratrice, plus que tout autre chose, et de fait cette dame comptait alors presque un demi-siècle opposé aux vingt-sept ans du futur Henri II. Monarque peu après, ce prince paraît plus gai, plus rosé même aux Vénitiens ; comme la majesté embellit ! Quoi qu'il en soit, c'était encore un roi qui représentait et pouvait plaire, toutefois à un plus faible degré que son père[5]. On cite de lui une pensée exprimée au moment où il reçut la couronne ; comme il priait, on lui demanda sur quel sujet : Afin que la Providence ne me laisse pas longtemps régner si mon gouvernement est mauvais et si je n'assure pas le repos de mes peuples. En effet Dieu le retira brusquement de ce monde, mais après qu'il eut conduit des guerres heureuses contre l'Allemagne, point commun qu'il offre avec Louis XIV et Napoléon Ier. Une fois roi, Henri II se levait au point du jour, même en hiver, saison où il recourait à la lumière pour son premier habillement. Il faisait sa prière, assistait à un conseil privé, relatif à la guerre et à la paix, le plus important de tous, où l'on discutait chacune des affaires graves. Du conseil le souverain se rendait à la messe, dînait, se livrait aux lettres, puis abordait les exercices corporels, l'équitation, la chasse du cerf, la paume alors fort en vogue et qui resta jusqu'à nos jours plaisir de prince[6]. Il aimait également le tir de l'arc. Ces exercices avaient pour but de l'empêcher d'engraisser, ce qui néanmoins lui arriva dès 39 ans, si nous en croyons l'ambassadeur Giacomo Soranzo ; dès lors aussi sa barbe commença à grisonner. Le règne de Henri H débute par une querelle de femmes, preuve à la fois de la faiblesse du monarque et de l'influence des darnes aux mœurs légères. Et pourtant, fait remarqué, le nouveau monarque ne périra pas par l'amour, mais bien d'un coup de lance, dans un tournoi, sorte de jeu qu'il aima comme les maîtresses à l'excès, jusqu'à l'adoration[7]. Cette querelle était d'origine paternelle ; la maîtresse du nouveau roi, Diane de Poitiers, depuis duchesse de Valentinois[8], s'en prit avec arrogance et dédain[9] à la duchesse d'Étampes[10], maîtresse du précédent monarque, décédé à 53 ans, et lui redemanda, entre autres preuves de sa puissance passée, les divers diamants de la couronne, la terre de Chevreuse et l'hôtel d'Étampes. Ces deux femmes n'étaient plus jeunes[11], témoignage de l'art avec lequel ces sirènes[12] savaient se conserver[13]. Le nouveau roi de France prit les rênes de l'État le 1er avril, et se rendit ce jour-là à Saint-Germain-en-Laye où il reçut les ambassadeurs de plusieurs princes, lesquels parurent en deuil suivant l'usage ; parmi ces ambassadeurs figura le cardinal Jérôme Capiferi, qui remercia de l'accordaille de la fille naturelle du roi, Diane, âgée de 9 ans, pour Horace Farnèse, petit-fils de Sa Sainteté, et proposa de resserrer les liens d'amitié entre la Papauté et la France, mais Henri II resta sourd à cette proposition[14]. Les premières mesures du voluptueux monarque qui ne se contentait ni de la reine Catherine de Médicis, alors âgée de 28 ans, ni de Diane, malgré Chenonceau qu'il acheta pour elle en juin 1547[15], et faisait à l'une et à l'autre d'assez nombreuses infidélités, furent sévères. Il changea le conseil royal malgré l'avis formel de son père[16], dont la mort l'avait sur le moment vivement affecté. Il ordonna qu'on poursuivit les protestants, les fit condamner, et eut le triste courage d'assister à l'exécution[17] de l'un d'eux, tailleur de sa profession, qui fut brûlé rue Saint-Antoine[18] ; cependant, assure de Thou, il était naturellement doux et modéré. Les trois personnes qui jouirent de la plus grande faveur, après Diane de Poitiers, furent le duc Claude de Guise, le connétable de Montmorency, consulté pour toutes les affaires, hors ou dedans le royaume[19], et le maréchal de Saint-André ; tous trois étaient grandement apparentés et fort quémandeurs. On attribua à leur influence les nouvelles mesures du règne. Le connétable fit accorder une grosse gratification à Martin du Bellay, ce qui le remboursa des dettes précédemment contractées par son frère en qualité de gouverneur du Piémont[20], afin de venir en aide à la population maltraitée par une disette. On ôta les charges possédées en double[21], sous prétexte de faire participer plus de personnes aux honneurs et on renvoya sept cardinaux de Paris à Rome[22], en invoquant ce motif qu'ils agiraient mieux auprès du saint Père en faveur de la France ; en réalité, la première mesure avait eu pour but de disposer de quelques grandes charges, et la seconde de débarrasser le nouveau gouvernement de censeurs influents et gênants, d'autant que les favoris du roi abusaient de l'autorité à eux abandonnée, au point que ceux qui n'étaient appuyés que de Sa Majesté étaient mal, dit Tavannes. Les obsèques de François Ier furent célébrées avec pompe à Paris ; Henri II y assistait secrètement d'une chambre louée rue Saint-Jacques, le corps, ou les corps, partant de la rue Notre-Dame-des-Champs, car on enterra en même temps le duc d'Orléans, mort seize mois auparavant, et le Dauphin dont la perte remontait à 1536, tous deux frères du roi : en voyant passer le cercueil de ces derniers, en cet instant où tout se doit pardonner, le monarque dit un de ces souvenirs amers et de ces mots cruels qui ne plaident jamais pour leur auteur. Au mois de juillet 1547, le 10, eut lieu dans le parc de Saint-Germain-en-Laye, de l'autorisation royale, le duel entre Jarnac et La Chateigneraie où ce dernier fut tué par une botte singulière[23] de son adversaire, qu'il avait accusé de coucher avec Mme de Jarnac sa belle-mère, de se faire entretenir par elle et d'en tirer ainsi assez d'argent pour fournir à son luxe. Fait curieux et qui peint l'époque, il était venu un infini peuple de Paris afin de voir le passe temps de cette lutte devenue célèbre par ce coup de revers resté accolé au nom de Jarnac : il est vrai que cette affaire avait depuis longtemps éveillé l'opinion publique, puisque François Ier, sollicité par le premier, avait refusé le combat. En le permettant, Henri il aggrava, car il eut des suites funestes, sa propre indiscrétion et celle de sa maîtresse, double indiscrétion d'où provenait la circulation du fâcheux propos qu'on eut dû mettre dans la case aux oublis[24]. Ce La Chateigneraie, lui aussi, menait grand train, et se trouvait ordinairement accompagné d'une centaine de gentilshommes faisant une piaffe à tous odieuse et intolérable avec une des-pence si excessive qu'il n'y avoit prince à la Cour qui la peust égaler : à laquelle il luy eust esté impossible, ajoute Vieilleville[25], de fournir de ses facultés, si le roy qui l'aymoit ne lui en eust donné le moyen, car elle montoit à plus de douze cents écus par jour. On le voit, il faut ranger cet adroit tireur[26], victime pourtant de ce fameux duel, parmi les favoris du nouveau monarque. Peu après son avènement et son sacre[27], Henri II se mit à voyager afin de voir une partie de ses peuples, il le pouvait d'autant plus que les procès du maréchal du Biez et de Vervins, relatifs à la reddition de Boulogne, et celui d'Oppède pour cruautés dans une expédition contre les Vaudois, venaient d'être terminés par la condamnation à mort des deux premiers[28] et l'acquittement du dernier. Le roi se rendit d'abord dans les villes du Piémont, en commençant par Jean-de-Maurienne où il fut reçu par l'évêque et les autorités, et de plus escorté par une compagnie de cent hommes déguisés en ours qui exécutèrent devant lui certains exercices et danses, afin de fêter sa venue, et les entremêlèrent de mousquetades[29] : très satisfait de leurs gambades, Henri leur fit distribuer deux mille écus. De là il gagna par le mont Cenis en Suisse, la ville de Turin, centre d'un grand commandement français exercé par le prince de Melphe[30] : il y fit des nobles, accorda double paie aux troupes, et envoya les soldats estropiés dans les abbayes de France où ils furent dorénavant entretenus leur vie durant : c'est l'institution que l'on appela en ce temps ung donné et depuis moines oblats[31]. En Italie Henri II apprit les révoltes survenues en Guyenne[32] et en Saintonge ; il envoya pour les réprimer le duc d'Aumale et le connétable de Montmorency, lesquels punirent sévèrement les mutins[33]. Entr'autres punitions on leur retira leurs cloches, fait que Rabelais rappelle en son Prologue de Pantagruel. Revenu bientôt de sa personne à Saint–Germain[34], il se prépara à faire dans Paris son entrée solennelle ; elle eut lieu le 16 juin 1549 et fut brillante. La riche escorte royale, les nombreux arcs-de-triomphe élevés par les habitants et ornés de guirlandes, avec des vers de Dorat et de Ronsard, une troupe de douze cents enfants en somptueux équipage, mille pompes et festins attirèrent l'attention. Henri II avait hâte que tout cela fût fini, à cause de l'entreprise qu'il méditait contre Boulogne : aussi ne tarda-t-il pas à se rendre à Villers-Cotterêts et à Compiègne escorté de ses troupes allemandes, puis à Abbeville, où il séjourna quatre jours, attendant son armée qui se formait à Neufchâtel, près la forêt d'Ardelot (ou Hardelot.) S'avançant ensuite le long de la côte jusqu'à Montreuil, et visitant ses frontières maritimes, il fit améliorer les fortifications d'Étaples et d'Ardelot commencées par son père : on dit que la vue des ravages occasionnés dans ces parages l'impressionna vivement. Il revint par Ardres, Thérouanne, Hesdin, Doulens, Corbie et Montdidier jusqu'à Compiègne, où il retrouva la reine qui était, vu sa grossesse, restée dans cette dernière ville : la cour se dirigea ensuite sur l'Isle-Adam et sur Saint-Germain-en-Laye. Vaudois et Albigeois étaient tout un pour les croyances religieuses[35] ; malgré la guerre faite aux derniers, les premiers, restés à. peu près intacts, réfugiés dans les montagnes sises entre le Dauphiné et le Piémont, y défrichaient les terres, dont ils avaient ainsi doublé la valeur. Le baron d'Oppède, à la fois premier président du Parlement d'Aix et lieutenant militaire de la Provence[36], voulant se venger d'une veuve, la comtesse de Cental, l'un des grands propriétaires de ces contrées, laquelle avait refusé de l'épouser, se résout à l'attaque des villages vaudois, et, accusant ces paysans de se vouloir organiser en cantons républicains, à l'instar des Suisses, agit sans ordre précis, détruit avec une horrible cruauté[37] les bourgs de Mérindol et de Cabrières, brûle une vingtaine d'autres villages[38], tue près de 4.000 Vaudois. Lui et le baron de la Garde, chef de nouvelles levées faites en Provence, s'étaient inspirés dans leur conduite des dispositions du cardinal de Tournon. La cour de France fut attristée de ce massacre[39] ; en dépit d'observations diverses, François Ier mourant recommanda d'en punir les auteurs. Le nouveau monarque les déféra au Parlement ; l'enquête ayant duré quatre ans, un seul, un magistrat, l'avocat général Guérin, fut condamné à être décapité ; d'Oppède fut acquitté, il mourut sept ans après, le sang lui sortant, dit-on, par tous les pores[40]. Les troubles qui surgirent dans la Guyenne et la Saintonge proviennent des contrebandiers : ceux-ci, d'accord avec les paysans, qui furent toujours très hostiles à la Gabelle, se souvinrent des luttes contre les employés de l'impôt ; après le massacre de huit de ces derniers, un grand nombre de contrebandiers fut arrêté et incarcéré. On voulu les délivrer ; il se forma une bande de 4.000 révoltés, laquelle brûla plusieurs châteaux, pilla des bourgs, martyrisa certains officiers des greniers à sel tombés entre ses mains. Cette bande grossit, devint presque une armée, car le nouveau règne, par son favoritisme, avait créé des mécontents. En Saintonge, un gentilhomme, Puymoreau se mit à la tête des rebelles, qui purent bientôt se voir, se compter au nombre de cinquante mille. Les prisons furent forcées, des troupes royales battues ; la sédition gagna Bordeaux. Là elle se porta à de grands excès ; le Parlement appela de Bayonne le lieutenant du gouverneur ; ce dernier, à peine arrivé, est bloqué au château Trompette, saisi, percé de coups, mutilé. Un président du Parlement, La Chassagne, paraît incliner vers la sédition afin de la compter ; les mutins le prennent pour chef. Le connétable vint bientôt à la tête d'une armée détournée par Henri II de sa destination pour l'Italie ; sa répression fut impitoyable, en désaccord en cela avec le duc d'Aumale, envoyé aussi vers ces provinces et qui avait agi avec douceur. Pour le moment le mal fut arrêté, mais la royauté ne fut pas plus aimée, là où l'on n'avait pas oublié la conduite magnanime de François Ier envers les Rochellois, qui eux aussi s'étaient insurgés contre l'autorité royale[41]. |
[1] La mort de François Ier et l'avènement de Henri II, par M. Castan, correspondant de l'Institut, 1879, p. 17.
[2] Sur la mort de François Ier, et sur ses causes, lisez une note, p. 221, du mariage de Jeanne d'Albret, par M. de Rüble, et le volume : La mort des derniers rois de France, par le Dr Corlieu, in-18, Paris, 1873, chez Germer-Baillière.
[3] Son fils, le duc d'Alençon, tint de lui sous ce rapport.
[4] Lorenzo Contarini le déclare même assez chaste, au moins comparativement à François Ier.
[5] Relation de Matteo Dandolo. — Pour être juste, nous devons déclarer que Varillas, en tête de son Histoire de Henri II, expose exactement ce qui concerne le portrait et les habitudes de ce monarque : on dirait que les Relations et lui ont puisé aux mêmes sources. — Lisez aussi dans Varillas ce qu'il dit des frères Coligny.
[6] Le roi Charles X aimait à y jouer.
[7] Il ne sera pas plus regretté comme mari, par Catherine de Médicis, que son père ne le fut par la sœur de Charles-Quint, la reine Éléonore. Reportez-vous à une citation curieuse, p. 23, de la Mort de François Ier, par M. Castan.
[8] C'est la fille de M. de Saint-Vallier qui figure dans le Roi s'amuse de Victor Hugo. Au sujet de ce seigneur, on sait qu'il fut condamné à mort pour avoir trempé dans la conspiration du connétable de Bourbon, puis gracié par François Ier déjà amoureux de sa fille, mais on ignore que, pris de remords, il avait confié son rôle de conspirateur en confession et que son confesseur le dénonça, au moins si l'on en croit l'historien de Thou. Pour moi, je suppose qu'un délateur de Saint-Vallier a pu assez facilement surgir (car il a dû toucher une récompense), pour ne pas en charger sans preuve certaine un prêtre dont le nom ou la fonction même ne sont pas cités, quoique Jacques-Auguste de Thou, si le fait est vrai, ait dû en être instruit.
[9] Elle fut traitée de même à la mort de Henri II, quoi qu'elle eût été parfois admise dans le cortège du roi, à côté de la reine. Voyez sur cette favorite et sur ses attributs, M. Ad. Lecoq : Diane de Poitiers et les Emaux de l'église Saint-Pierre de Chartres, 1873 ; une gravure y représente, d'après un émail, Diane en croupe de Henri II.
[10] Anne de Pisseleu, dénommée primitivement Mlle d'Heilly : elle gouverna François Ier durant vingt-deux ans.
[11] L'auteur d'un intéressant travail : Lettres inédites de Dianne de Poytiers, paru à Paris, chez Renouard, en 1866. M. Georges Guiffrey discute dans son introduction, la question de savoir si Diane était véritablement douée d'une grande beauté ; à mon avis, les portraits qu'il reproduit disent non et témoignent que la favorite de Henri II devait son influence (elle gouverna trop Henri II, dit Brantôme, au début de la vie de Henri II) à son habileté et à ses soins particuliers pour la reine et pour ses enfants. Quant aux vers latins du poète champenois Voulté, cités par cet auteur, ils sont entachés d'exagération. M. Guiffrey le déclare avec raison. Voulté (Vulteius pour son nom latinisé) publia en 4538, non seulement Hendecea Syllaborum libri IV, mais aussi Inscriptionum libri duo, deux ouvrages édités par le célèbre libraire parisien Simon de Colines.
[12] On a beaucoup parlé de leurs cosmétiques et surtout de l'or potable que buvait la duchesse de Valentinois, fraîche jusqu'à 70 ans, (Brantôme, les Dames, 5e Discours), mais je crois que le principal de leur art consistait à se farder et à se droguer le moins possible.
[13] Néanmoins Diane de Poitiers conserva son crédit tant que vécut Henri II, c'est-à-dire douze années encore. Il ne fallait pas plaisanter sur les 47 ans de la puissante maitresse, cela valait une entrée à la Bastille. Déjà Agnès Sorel avait joui du privilège de se conserver, grâce, dit-on, aux exercices auxquels elle se livrait, surtout à l'équitation, grâce à l'eau de puits, la seule qu'elle employa pour sa toilette.
[14] Les facultés de ce légat dans le royaume, notamment celle de faire passer la croix haute devant lui (à l'exclusion de l'évêque du diocèse où il se trouvait), furent vérifiées avec grand soin par le Parlement et publiées en latin suivant l'habitude. Voici le titre de cet opuscule imprimé en 1553 : Facultates reverendissim Domini D. Hieronimi De Capite Ferreri, Diaconi Cardinalis tituli, Sancti Georgii ad velum aureum, Legati ad Christianissimum Henricum Francorum Regem, per sanctissimum dominurn nostrum Papum Iulium tertium concessce. In-12. Paris. Chez Gallot du Pré, contre la première colonne du Palais Royal. Ce légat, dont le nom latinisé se trouve un peu défiguré par sa nouvelle forme, se nommait Capiferi.
[15] On sait ce que cette belle propriété coûta sous son règne, grâce à M. l'abbé Chevalier ; reportez-vous aux Comptes de la Chatellenie de Chenonceau, 6 avril 1864, chez Techener.
[16] M. de Vieilleville assista aux premières conférences tenues par Henri II. Reportez-vous à ses Mémoires, livre II, chap. X.
[17] On commençait par couper la langue aux condamnés, afin de les empêcher de haranguer la foule. Les premières églises protestantes furent constituées en 1535. Les premiers jours du protestantisme en France, par H. de Triqueti, Paris, 1839, p. 179, 489 et 233.
[18] Histoire de la liberté religieuse, par Dargaud, 1859, t. I, p. 65. — Histoire de la réformation française, par Puaux, t. I, p. 331.
[19] Mémoires de Vieilleville, II, 9.
[20] De 1537 à 1543 le gouverneur s'appelait Guillaume du Bellay. Martin du Bellay est l'historien qui devint roi d'Yvetot par son mariage. Jean du Bellay, ou, si on le préfère, le cardinal du Bellay, comme diplomate et poète latin, fut le protecteur de Rabelais, qui lui servit de médecin.
[21] L'amiral d'Annebaut, prenant les devants, offrit son état de maréchal qui fut aussitôt donné : François Ier lui avait légué cent mille livres et il les toucha.
[22] Le cardinal du Bellay fut du nombre ; il donna dans la capitale du monde chrétien des fêtes pour la naissance du duc d'Orléans, depuis Charles IX, et non du Dauphin comme on le dit généralement. Rabelais les décrit dans sa Sciomachie, reproduite à la fin de ses Œuvres, et qui commence ainsi : Au 3e jour de février 1549, entre trois et quatre heures du matin, nasquit au chasteau de Saint-Germain le duc d'Orléans, fils puiné du très chrestien roy de France, Henri de Valois, second de ce nom, et de très illustre Mme Catherine de Médicis, sa bonne espouse. Lisez Rabelais, par M. Mayrargues, in-18, Hachette, 1868, p. 225 et suivantes ; et reportez-vous pour le texte de la Sciomachie à la p. 523 du t. II de l'édition de Rabelais donnée chez Firmin-Didot, en 1853, par MM. Burgaud des Marets et Rathery.
[23] En outre, Jarnac se servit d'un certain brassard, tout d'une venue, qui ne pliait pas et maintenait le bras gauche (celui du bouclier) tendu et raide. Voyez Brantôme, Discours sur les duels ; au début, Brantôme dit avec raison que les témoins de son oncle de La Chateigneraie auraient dû discuter si l'emploi dudit brassard était licite.
[24] De Thou, t. I, p. 261, blâme le roi Henri II d'avoir autorisé ce duel, et fait observer que ce monarque, très frappé et fâché du résultat, périt à son tour dans une lutte armée. Lisez sur ce duel Roland ou la Chevalerie, par Delecluze, in-8°, 1845, p. 305 et suivantes ; cet auteur semble mettre le règne de François II immédiatement après celui de François Ier.
[25] Mémoires, II, 43. Le maréchal de Vieilleville fut soupçonné de pencher vers la religion nouvelle ; nous rappellerons ce fait ultérieurement au sujet de son gouvernement de Metz, à la fin de notre chap. V.
[26] M. de La Chateigneraie, dit Brantôme, fut de son temps l'un des plus adroits gentilshommes de France en toutes armes et façons ; et, pour la lutte, il n'y avoit aussy si bon lutteur breton, ou autre fust-il, qu'il ne portast par terre ; car, outre sa force, il avoit une grande adresse. Il estoit de moyenne taille, et de la belle, fort nerveux et peu charnu.
[27] En juillet 1547, Théodore de Bèze a composé une pièce de vers latins sur le couronnement de Henri II, comme il l'avait déjà fait sur son mariage : on la trouve dans ses Œuvres diverses.
[28] Le maréchal fut gracié, vu son âge (il comptait 80 ans). Montluc le défend, disant : Foseray gager mon âme que ce seigneur-là ne pensa jamais à faire acte meschant contre le roy. On lui bailla pour faire son procès un Cortel, le plus renommé mauvais juge qui fut jamais en France, celui qui disait : Qu'on me donne le plus juste lieutenant du roy, avant exercé un an ou deux, je trouverai matière à le faire mourir... Qui vid jamais ny ouy dire qu'on punist quelqu'un pour la lascheté d'un autre ? Commentaires, VI, édition du Panthéon littéraire, p. 296. Du Biez était le beau-père de Vervins, qui avait rendu Boulogne. La mémoire des deux condamnés fut réhabilitée sous Henri IV, sur la demande du fils de Vervins, petit-fils du maréchal.
[29] L'une d'elles, tirée inopinément, effraya les chevaux de l'escorte et occasionna des accidents.
[30] Caracciolo. Le duc de Ferrare vint l'y trouver.
[31] Mémoires de Vieilleville, III, 9.
[32] Le sieur de Monneins, lieutenant du roi à Bordeaux, était imprudemment sorti du château Trompette et avait été massacré.
[33] Lettre du connétable à Marillac, et de Diane de Poitiers au duc d'Aumale, 18 oct. 1548.
[34] Lors de son passage à Lyon, pendant son retour, se donna cette belle représentation de Diane chasseresse, qui plut tant à Diane de Poitiers, au nom de laquelle cette chasse se faisoit et où parut un lion privé conduit par la déesse. Consultez Brantôme au 3e discours de ses Dames galantes.
[35] Les descendants des Albigeois et des Huguenots, Paris, in-8°, 1860, chez Meyrueis, p. 16, 20 et 40.
[36] Cumul fort rare et contraire au principe de la séparation des pouvoirs judiciaire et armé.
[37] Reportez-vous à l'Histoire complète des Vaudois du Piémont, par M. Alexis Muston, in-18, Paris, 1857, chez Meyrueis, t. Ier, et à la Bibliographie jointe au IVe volume, laquelle date de 1851. M. Muston est l'auteur d'un poème intitulé Valdésie, qui reproduit, au point de vue épique, l'histoire des Vaudois. Depuis la publication de cet auteur et celle de divers autres ouvrages modernes, il n'est plus exact de dire avec d'Aubigné que les histoires des Vaudois ont été presque toutes falsifiées. Début du chap. VI du livre II de son Histoire universelle.
[38] Voyez Histoire de François Ier, par Gaillard, livre VII, chap. VII. Suivant cet historien, au défaut d'hérétiques, on égorgea des catholiques. Trois des villages brûlés avaient été abandonnés par les habitants.
[39] L'Hospital en parle dans une de ses Épitres adressée au chancelier Olivier.
[40] Ce genre de maladie finale (prêté aussi plus tard à Charles IX) doit être une invention dictée par l'esprit de vengeance. On peut en dire autant des morts terribles et singulières rapportées au chap. IX du livre II de l'Histoire universelle d'Agrippa d'Aubigné, y compris le chien noir du cardinal Crescence. De nos jours d'ailleurs est-ou exempt, de superstition ?
[41] Voyez Mémoires de Martin du Bellay, livre IX. François Ier avait prononcé à la Rochelle un discours fort paternel où se trouve ce passage : Tout Estat de monarchie et de république bien institué ne consiste qu'en deux points, c'est à sçavoir : au juste commandement des Princes et supérieurs et en la loyale obéissance des sujets : ou si l'un des deux faut (manque), c'est autant comme en la vie de l'homme la séparation du corps et de l'âme ; laquelle vie dure tant seulement autant que l'âme commande et le corps obéist.